LE GENOCIDE* DES JUIFS ET DES TSIGANES D EUROPE Objectif : remplir la fiche distribuée par l étude des documents suivants. SOMMAIRE : Partie 1 : Les Einsatzgruppen : les premiers massacres Partie 2 : La solution finale* à la question juive Partie 3 : Le meurtre des juifs et des tziganes en Europe Partie 4 : Le bilan humain du génocide
LES EINSATZGRUPPEN Beaucoup de juifs habitent l Europe de l Est. L invasion de l URSS (22 juin 1941) est, pour les Nazis, à la fois une guerre idéologique (vaincre le communisme, acquérir des terres pour les Allemands, affirmer la supériorité de la race germanique sur la race slave) et d anéantissement (éliminer les juifs et les tziganes). Quatre groupes d interventions mobiles, les Einsatzgruppen (ou commandos de la mort) sont alors formés en vue de liquider sur place : - les cadres du parti communiste ; - les Juifs. Les 3 000 hommes qui composent ces unités spéciales sont tous des volontaires. La plupart des victimes sont dévêtues, puis fusillées au bord de fosses. C'est dans ce contexte qu'à Babi Yar, dans les faubourgs de Kiev (Ukraine, en URSS), 33 771 Juifs sont massacrés en deux jours les 29 et 30 septembre 1941. Les Einsatzgruppen opèrent partout sur les territoires soviétiques conquis.
LA «SOLUTION FINALE*» A LA QUESTION JUIVE Si la volonté d exclure et de chasser les Juifs du Reich existe dès 1933, c est dans la seconde partie de l année 1941 que les principaux dirigeants du régime, Goering (maréchal du Reich et ministre de l Air), Himmler (chef de la SS et de la Police), Heydrich (directeur de l Office central de la sécurité du Reich) et Hitler lui-même, décident de procéder, sous le nom de «Solution finale», à la liquidation de tous les Juifs du continent européen. Les opérations de tueries menées par les Einsatzgruppen n étant pas jugées assez rapides et difficilement généralisables à toute l Europe, les nazis mettent sur pied à Chelmno, près de Lodz, un premier centre de mise à mort par camion à gaz. Le 20 janvier 1942, se tient la conférence de Wansee (dans la banlieue de Berlin) organisée par Heydrich à laquelle prennent part quinze hauts fonctionnaires du Parti nazi et de l administration allemande. La conférence porte sur la coordination de la déportation des Juifs d Europe de l ouest. Le compte rendu de cette conférence ne laisse aucun doute sur les intentions des nazis : 11 millions de juifs vivant en Europe doivent être exterminés.
LE MEURTRE DES JUIFS ET DES TZIGANES DE L'EUROPE ENTIERE Un processus de destruction se met en place dans les pays occupés par l Allemagne nazie. Dans chaque pays, les autorités d occupation ou leurs alliés commencent par obliger les juifs par porter l étoile jaune pour les distinguer physiquement du reste de la population, puis les Juifs sont rassemblés dans des ghettos* ou internés dans des camps de transit. Lorsqu intervient la décision d anéantir tous les Juifs, la méthode diffère selon les pays. En territoire soviétique occupé, les commandos de tuerie mobiles (les Einsatzgruppen), passent à l action à l endroit même où ils se trouvent, tandis qu ailleurs les victimes sont transportées vers les centres de mise à mort, parmi lesquels Auschwitz-Birkenau s impose comme le centre du génocide des Juifs. Mais d'autres centres de mise à mort (camps d'extermination) verront le jour à partir de 1942 : Belzec, Sobibor, Treblinka... De toute l Europe du Nord, du Sud, centrale, de l Ouest, les Juifs sont déportés de manière systématique à partir de l été 1942. Ces convois sont prioritaires et continuent à circuler jusqu à la fin de l année 1944 alors que la guerre est perdue pour les nazis. Le ministère allemand des transports, avec le soutien de la compagnie des chemins de fer allemands, organise ainsi en deux ans le transport de près de 3 millions de Juifs vers les centres de mise à mort. Près de 220 000 tziganes de toute l Europe (sur un million) sont également assassinés pendant la guerre.
Le processus d'extermination des juifs et des tziganes
Un rapport de l'einsatzgruppe n 3 Le2/10/1941à Zagare* 633 juifs, 1107 juives, 496 enfants juifs... 2236 Lorsqu'on a voulu mener des juifs à l'exécution, il y a eu une révolte qui a été réprimé directement et 150 juifs ont été fusillés sur le champs. Le4/10/1941à Kaunas* 315 juifs, 712 juives, 818 enfants juifs...1845 Le 29/10/1941 à Kaunas 2207 juifs, 2920 juives, 4273 enfants juifs...9400 Total des juifs exécutés pour le commando n 3 : du 7 juillet au 29 novembre 1941...699.804 * Zagare et Kaunas sont des villes situées en Lituanie. D'après R. Rürup, La guerre contre l'union Soviétique, 1941-1945, éd. Argon, 1991. L'action des Einsatzgruppen Témoignage de Dina Mironovna, survivante du massacre de Babi Yar près de Kiev. «Quand nous sommes arrivés, on nous a ordonné de remettre nos papiers et nos objets de valeur puis de nous déshabiller. J'ai vu des groupes d'hommes, de femmes, d'enfants et de vieilles personnes se déshabiller. On les menait au bord d'une fosse ouverte et des soldats les fusillaient. Puis, un autre groupe arrivait. J'ai vu cette horreur de mes propres yeux». Exécutions de civils par un Einsatzgruppe. Lieu inconnu.
Einsatzgruppe D en action : assassinat de juifs, URSS, 1942. Einsatzgruppe en action. Des Juifs sont exécutés dans une fosse qu ils ont eux-mêmes creusés.
AUSCHWITZ-BIRKENAU : camp d'extermination Témoignage de Shlomo Venezia, survivant d'auschwitz, recueilli le 3 septembre 2007 à propos de son livre «Sonderkommando : dans l'enfer des chambres à gaz». «Le train qui transportait les déportés comptait plus de 30 wagons. Dès notre arrivée, en fin d'après midi, 320 hommes et 113 femmes ont été sélectionnés pour le travail. Tous les autres, y compris les enfants, ont immédiatement été conduits vers l'un des 4 crématoires du camp et exterminés. J'ai été affecté au Sonderkommando*. Nous avons été conduits vers le bunker 2 devant lequel 300 à 400 personnes attendaient : hommes, femmes et enfants. Ils ont dû se déshabiller puis entrer dans le bâtiment. Ils ont très vite compris qu'il n'étaient pas là pour une douche et on les entendait s'agiter, crier. Un soldat est arrivé et a déversé une boîte de Zyklon B par une ouverture sur le toit du bunker. A l'ouverture de la chambre à gaz, c'était une vision d'horreur. Quand le Zyklon B était déversé, les gens mettaient 5, 10 ou 12 minutes à mourir. Nous, les membres du Sonderkommando, devions démêler les corps et les sortir de la chambre à gaz. Puis, les corps étaient emmenés vers le four crématoire. C'était un travail atroce». *Sonderkommando : prisonniers chargés d enlever les cadavres des chambres à gaz et de brûler les corps.
3- L'intérieur de la chambre à gaz. 1- L'arrivée dans le camp d'auschwitz 4- Four crématoire d'auschwitz 2- Sur le quai à l'arrivée à Auschwitz : un premier tri entre les prisonniers.
LE BILAN HUMAIN DE LA SHOAH, de populations juives Quelques repères : - Le camp d'auschwitz sera libéré par les Soviétiques le 27 janvier 1945. - Les autres camps d'extermination seront également libérés au cours de cette année 1945.
Quelques définitions ou explications : «Solution finale» : «la Solution finale à la question juive» (die Endlösung der Judenfrage) est l expression utilisée par les Nazis pour désigner leur projet de détruire la totalité des populations juives d Europe. Génocide : crime collectif intentionnel et planifié commis contre les membres d un groupe national, ethnique, racial ou religieux en raison de leur simple appartenance à ce groupe (définitions de l ONU en 1948 et 1985). Shoah : «catastrophe» en hébreu. C est le nom officiel donné en Israël à l extermination des Juifs par les nazis. Il est préféré en France au terme «holocauste», du fait notamment du rôle joué dans la mémoire collective par le film de Claude Lanzmann, tourné en 1985 et intitulé Shoah. Ghettos : quartiers dans lesquels les Allemands ont enfermé les Juifs à partir de 1940.