Les erreurs classiques dans le diagnostic et la gestion d une pseudo polyarthrite rhizomélique

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Le dropéridol n est pas un traitement à considérer pour le traitement de la migraine à l urgence

Transcription:

Les erreurs classiques dans le diagnostic et la gestion d une pseudo polyarthrite rhizomélique Journée de formation médicale continue Jeudi 10 septembre 2015 Béatrice Bouvard

Conflits d intérêts de l orateur en rapport avec le thème de la conférence AUCUN

Quand évoquer une PPR? Chez un sujet de > 50 ans Association - arthromyalgies inflammatoires des ceintures scapulaires et/ou pelviennes bilatérales - enraidissement matinal prolongé > 45 minutes - syndrome inflammatoire biologique Évoluant depuis plusieurs semaines

La PPR est une maladie difficile à diagnostiquer car il n y a pas de marqueur diagnostique spécifique

1 ère erreur : erreur diagnostique La PPR est un diagnostic d exclusion Il faut s assurer par l interrogatoire, l examen clinique, les examens biologiques et les radiographies qu il ne s agit pas d un autre diagnostic maladie de Horton RIC : PR, SpA rhumatismes microcristallins (CCA) cancer infection (endocardite) maladies musculaires endocrinopathies

Signes cliniques à rechercher Signes cliniques en faveur d une maladie de Horton (signes visuels, céphalées, artères temporales ) Signes cliniques en faveur d un autre rhumatisme : PR, CCA (arthrites périphériques ) Signes cliniques en faveur d un cancer, d une infection, d une maladie musculaire (poids, température, souffle cardiaque, ADP, déficit musculaire )

Bilan biologique minimum CRP Hémogramme Bilan hépatique, créatininémie, calcémie, phosphatémie, électrophorèse des protéines Hémocultures, BU Facteurs rhumatoïdes, ACPA, Ac anti-nucléaires CPK, TSH Dans une PPR maladie seuls les marqueurs de l inflammation sont anormaux

Bilan radiologique minimum Radiographie thoracique de face Radiographie des 2 épaules Radiographie du bassin Dans une PPR maladie le bilan Rx est «normal»

Signaux d alerte au diagnostic troubles visuels céphalées manifestations systémiques prédominantes âge < 60 ans absence d atteintes des épaules arthrites périphériques CRP très élevée, anticorps +, autres anomalies bio Rx anormales Demander avis spécialisé

si 1) Tableau de PPR sans signal d alarme 2) Biologie normale hormis inflammation 3) Rx normales C est peut-être une PPR maladie Débuter corticothérapie

2 ème erreur : erreur thérapeutique 1/ la dose initiale de corticoïdes 15 à 20 mg de prednisone Disparition rapide de symptômes en 48-72 heures Si pas de signe de Horton ne pas mettre 0,5 ou 1 mg/kg

Si le patient n a pas répondu complètement (clinique et biologie) après 2 semaines Ne pas augmenter les corticoïdes (sinon on n y comprendra plus rien) Demander avis spécialisé

2 ème erreur : erreur thérapeutique 2/ la décroissance et l arrêt des corticoïdes Sevrage possible en 12 à 16 mois Exemple de décroissance 15 mg par jour 3 semaines puis 12,5 mg par jour 3 semaines puis 10 mg par jour 3 semaines puis diminuer de 1 mg par mois

Le patient a bien répondu initialement à la corticothérapie mais a de nouveau des douleurs à la décroissance Douleurs de PPR? - se reposer la question du diagnostic - éventuellement remonter les corticoïdes au pallier supérieur Douleurs de sevrage en corticoïdes? - douleurs plus diffuses - ne doivent pas faire remonter les corticoïdes (mettre HOC si besoin quand Gcs< 5mg/j)

Le sevrage en corticoïdes impossible Douleurs de PPR? - se reposer la question du diagnostic - éventuellement remonter les corticoïdes au pallier supérieur Douleurs de sevrage en corticoïdes? - douleurs plus diffuses - ne doivent pas faire remonter les corticoïdes (mettre HOC si besoin quand Gcs< 5mg/j)

Signaux alerte pendant le traitement Réponse incomplète à la corticothérapie à 2 semaines Cortico dépendance avec impossibilité de diminuer les corticoïdes Rechutes multiples : il peut exister 1 à 2 rechutes dans la PPR maladie avec nécessité de remonter au pallier supérieur en corticoïdes Sevrage impossible à 24 mois Demander avis spécialisé

3 ème erreur : j oublie la prévention de l ostéoporose Bilan indispensable car corticothérapie prolongée - mesure de densité osseuse - radiographies du rachis dorsal et lombaire - biologie Indication d un traitement par bisphosphonates

Démarche diagnostique Rechercher les critères positifs de PPR Rechercher l absence de critères d exclusion Corticothérapie modérée avec décroissance codifiée Évaluer la réponse Confirmer le diagnostic grâce au suivi eu long cours et au sevrage

La PPR est une maladie bénigne, très cortico sensible, qui doit guérir complètement avec une corticothérapie faible arrêtée en 12 à 16 mois avec parfois une à deux rechutes Le diagnostic de PPR n est pas un diagnostic réalisé rapidement, mais est confirmé au fur et à mesure Le diagnostic est finalement définitivement retenu une fois le patient sevré de sa corticothérapie

Les erreurs classiques dans le diagnostic et la gestion d une pseudo polyarthrite rhizomélique Journée de formation médicale continue Jeudi 10 septembre 2015 Béatrice Bouvard