La gestion des effluents viti-vinicoles : approche globale

Documents pareils
Dispositifs de traitement des effluents phytosanitaires reconnus par le ministère en charge de l écologie

Comment concevoir son lit biologique

Guide d entretien. de votre assainissement non collectif

PROPOSITION TECHNIQUE ET FINANCIERE

Concevoir et organiser son aire de remplissage, de lavage et de stockage des effluents

RESOLUTION OIV-VITI GUIDE D APPLICATION DU SYSTÈME HACCP (HAZARD ANALYSIS AND CRITICAL CONTROL POINTS) A LA VITICULTURE DE L OIV

Le bac à graisses PRETRAITEMENT. Schéma de principe. Volume du bac à graisses. Pose

MISE EN DÉCHARGE. Une entreprise de Bayer et LANXESS

Exemple du SATESE MAGE 42

LES EAUX USÉES. L évacuation des eaux usées. Les eaux vannes (EV) : eaux provenant des cuvettes de WC.

L évidence écologique Une station d assainissement où il fait bon se

CONCASSAGE, CRIBLAGE DE MATERIAUX : ENREGISTREMENT ICPE, ARRETE DE PRESCRIPTIONS GENERALES ICPE L essentiel

Les rôles de l oxygène en phase post fermentaire

Mon installation d assainissement non collectif PRÉSERVER LA RESSOURCE EN EAU ET RESPECTER LES MILIEUX AQUATIQUES. Guide.

Retours d expérience du SATESE 37

CM2E Colloque Martinique Energie Environnement. Production d électricité renouvelable : La méthanisation comme agent de régulation

SV/PM/11325 (novembre 2013) Concevoir une aire de lavage : une réflexion au préalable indispensable

1.2. REALISATION DES OPERATIONS DE PRELEVEMENTS ET D ANALYSES

VILLE DE SAINT-MAUR-DES-FOSSÉS MISE EN CONFORMITÉ DE L ASSAINISSEMENT INTÉRIEUR D UNE PROPRIÉTÉ

EDUCATION A L ENVIRONNEMENT QUALITE DE L EAU

La Vinification en Alsace

SIGMA C est le résultat qui compte

Quantification et Gestion des Effluents Non Domestiques (END) sur la commune de POLIGNY.

Rapport annuel de monitoring automatisé de la qualité de l eau

CREATION DE FORAGE, PUITS, SONDAGE OU OUVRAGE SOUTERRAIN

STOCKAGE DES BOUES DE STATIONS D EPURATION URBAINES Bassin Artois Picardie

Le Plan Départemental de l Eau

LES AUTRES THÈMES BIOMÉTHANISATION

Systèmes de stockage simples à installer et économiques

INDUSTRIELS EN DEMARCHE ISO MANUEL D ACCOMPAGNEMENT

La technologie écologique rend la vie plus harmonieuse

Autorisation et Convention

Les Services d'assainissement Collectif (AC)

CENTRALES HYDRAULIQUES

Réglementation et dimensionnement des séparateurs à hydrocarbures

L eau c est la vie! À l origine était l eau... La planète bleue. Les propriétés de l eau. L homme et l eau. ... et l eau invita la vie.

Notice explicative du formulaire CERFA n 12571*01 relatif au bordereau de suivi des déchets dangereux

EXTRAIT DU REGISTRE DES ARRETES DU PRESIDENT DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE LYON

Assainissement des campings janvier 2011

CARNET D'ENTRETIEN D'UNE INSTALLATION D'ASSAINISSEMENT AUTONOME

Peut-on tout jeter dans le "toutà-l égout"

Qu'est-ce que la biométhanisation?

Traitement de l eau par flux dynamique

Réduction de la pollution d un moteur diesel

Les piscines à usage collectif Règles sanitaires. à usage collectif

LE POINT DE VUE DE FNE

Les techniques alternatives dans la gestion des eaux pluviales. Jean Yves VIAU Directeur Opérationnel

Table des matières... i. Liste des figures...fehler! Textmarke nicht definiert. Liste des tableaux...fehler! Textmarke nicht definiert.

Le 10 ème programme ( ) de l Agence de l eau Seine-Normandie

Concevoir son aire de remplissage / lavage de pulvérisateurs et son système de traitement des effluents phytosanitaires

L enfouissement des déchets ultimes

Sommaire Page 3 : Chapitre 1er - Dispositions générales

L assainissement des eaux usées en agglomération parisienne : principes et procédés SCIENCES ET TECHNIQUES / COLLÈGE ET LYCÉE LIVRET PÉDAGOGIQUE

Programme Formations Vivelys

FICHE DE SECURITE FUMESAAT 500 SC

Commune de la Tène Viabilisation de la zone du casino

Schéma général d assainissement du Grand Lyon

FICHE DE DONNEE SECURITE

SELLE Masse d'eau AR51

ENGAGEMENTS ISO ET GESTION DES DECHETS. L exemple de l agence 13/84. Service Hygiène et Sécurité Agence 13/84

RETOURS D'EXPERIENCES sur les filières d'assainissement non collectif

Démarrage d une station de traitement biologique par nitrification/dénitrification Sans apport initial de boue activée

Ecoval : Solution économique et écologique pour le traitement de déchets

DOSSIER L ARRETE DU 12 SEPTEMBRE 2006 PRESENTATION ANALYSE MISE EN APPLICATION CONSEQUENCES

Le compost. Un petit écosystème au jardin

p. 4-5 p. 6-7 p. 8-9 p

Résumé des modifications intervenues : simplification et clarification des actions descriptives

EXEMPLES D'ACTIONS EN MATIÈRE DE GESTION DE L'EAU EN ENTREPRISE

Sommaire INTRODUCTION / Le contexte général de la commune / L état des réseaux / Le diagnostic des ouvrages d épuration...

GUIDE D ENTRETIEN DE VOTRE SPA A L OXYGENE ACTIF

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

Vulcano Pièges Fourmis

L'assainissement individuel : est-ce une solution archaïque et chère?

Une espèce exotique envahissante: Le Roseau commun. ou Phragmites australis

Sdage, état d avancement de la révision et prochaine consultation

Maximum Yield Technology. Maximum Yield Technolog technologie à rendement maximal

16- Grand lac Shaw Portrait 2006

Visite à l ICV. En 2009, la création du GIE ICV-VVS permet de franchir un cap en regroupant toutes les ressources disponibles aux filiales ICV et VVS.

L échelle du ph est logarithmique, c està-dire

L injection de biométhane dans le réseau de gaz naturel

Comptes rendus d Activités Techniques et Financières du Service de l Eau Potable Année 2004

Se protéger contre la contamination par les micro-organismes. Gazole, gazole non routier et fioul domestique Cuves de stockage et réservoirs

Hygiène alimentaire en restauration collective

Protection de la ressource et Métiers de l Automobile. Intervention du 12 octobre 2009

Les rencontres de l Agence de l eau Clermont Ferrand 10 janvier TECHNIQUES D EPURATION Dispositifs agréés Abdel LAKEL, CSTB

5. Matériaux en contact avec l eau

Municipalité de la paroisse de Saint-Lazare

LES ORIENTATIONS DU 10 ème PROGRAMME D INTERVENTION DE L AGENCE DE L EAU RMC

Evaluation de cépages résistants ou tolérants aux principales maladies cryptogamiques de la vigne

La consommation énergétique des usines de dépollution est un poste de dépense important et l un des plus émetteurs de gaz à effet de serre.

Puissant et écologique à la fois

GUIDE UTILISATEUR. Microstation dʼépuration à culture fixée. Gamme SIMBIOSE. SB 4 - SB 5 - SB 6 - SB 8 - SB 13 23/01/2015

Insecticide SCIMITAR MC CS

NOP: Organic System Plan (OSP) / EOS: Description de l Unité Information et documents requis

GESTION ET ASSAINISSEMENT DES EAUX PLUVIALES Q-BIC PLUS CONNECT TO BETTER Q-BIC PLUS 1. #LesRèglesOntChangé CONNECT TO BETTER CONNECT TO BETTER

pour un pacte écologique local : questions aux futurs élus locaux

Abschlusskonferenz OUI Biomasse / Conférence de clôture OUI Biomasse

Chapitre 1 : Qu est ce que l air qui nous entoure?

Comment valoriser sa toiture plate en milieu urbain

EPLEFPA "LES SARDIERES" 79 AVENUE DE JASSERON BOURG EN BRESSE Tel :

Transcription:

Station Régionale ITV Midi-Pyrénées La gestion des effluents viti-vinicoles : approche globale Station Régionale ITV Midi-Pyrénées Viticulture durable et environnement - Décembre 2007-10

La gestion des effluents vitivinicoles : approche globale Joël Rochard et coll. - Institut Français de la Vigne et du Vin (ENTAV/ITV France) - Epernay INTRODUCTION Le secteur vitivinicole comme toute activité humaine peutêtre à l origine d impacts environnementaux. Ainsi, la législation environnementale qui concernait initialement la gestion des effluents de cave, s applique maintenant à l ensemble des itinéraires techniques de la filière. Homologation des produits de protection de la vigne, pollution par les pesticides des milieux aquatiques, gestion des déchets sont autant de thèmes qui concernent directement la viticulture. Ces impératifs s intègrent dans le concept de vitiviniculture durable tel que défini par l Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV / CST 2004) : «Approche globale à l échelle des systèmes de production et de transformation des raisins, associant à la fois la pérennité économique des structures et des territoires, l obtention de produits de qualité, la prise en compte des exigences d une viticulture de précision, des risques liés à l environnement, à la sécurité des produits et la santé des consommateurs et la valorisation des aspects patrimoniaux, historiques, culturels, écologiques et paysagers». La gestion des effluents vitivinicoles constitue l une des priorités dans l approche environnementale des exploitations et des caves. S il est souvent nécéssaire de mettre en œuvre un dispositif de traitement, une démarche en amont s impose préalablement afin de réduire le volume de rejet et de limiter à la source la charge polluante organique et toxique. REGLEMENTATION Effluents de cave Par décret en date du 29 décembre 1993, les activités liées à la préparation et au conditionnement de vins ont été intégrées dans la nomenclature sous la rubrique 2251. Conformément à ce décret, les établissements vinicoles (centres de pressurage, centres de vinification ou d embouteillage) dont la capacité de production est comprise entre 500 hl et 20 000 hl sont soumis au régime de la simple déclaration. Les établissements vinicoles dont la capacité de production est supérieure à 20 000 hl sont soumis au régime de l autorisation préfectorale d exploitation. Effluents de pulvérisation L arrêté du 12 septembre 2006 relatif à la mise sur le marché et à l utilisation des produits antiparasitaires à usage agricole réglemente les conditions de mise en œuvre des traitements, depuis la préparation des bouillies jusqu à la gestion des effluents phytosanitaires. La stratégie à adopter sur les bases de cette réglementation est décrite dans le tableau cidessous. GESTION DES EAUX DE LAVAGE DES PULVERISATEURS Rinçage à la parcelle L objectif est de minimiser la quantité de résidus de pulvérisation ramenée à l exploitation. Elle consiste à diluer (une à deux Station Régionale ITV Midi-Pyrénées Viticulture durable et environnement - Décembre 2007-11

Appréciation globale Stratégie n 1 Intégralement à la parcelle par les bonnes pratiques Faisabilité technique, économique et pratique Dilution au 1/100 : nécessité de pratiquer un rinçage séquentiel pour limiter le volume d eau claire requis, et le temps de mise en oeuvre de la démarche. Temps de mise en oeuvre pour les appareils à débit limité (viticulture notamment) Cette stratégie impose le strict respect des bonnes pratiques Stratégie n 2 A l exploitation par dispositifs spécifiques Gestion spécifique des effluents. Démarchage pouvant être simple. Gestion collective possible (Cuma...) Equipement nécessaire. Intégrer le coût total (consommables, énergie, gestion des déchets générés...). Démarches préalables nécessaires : - limitation des effluents - choix d un dispositif reconnu - dimensionnement du dispositif et emplacement adaptés impératifs L intérêt de ces dispositifs doit être apprécié selon le contexte spécifique de l exploitation Stratégie n 3 Traitement en centre spécialisé Simplicité pour l exploitant. Procédure complète et validée. Démarche préalable : limiter les effluents Stockage des effluents Démarche facile. Coût variable, à vérifier localement. Tableau 1 : Gestion des effluents phytosanitaires : Analyse technique de stratégies possibles (Source : Nota nationale ITV France - Ecopulvi - CIETAP) fois) le fond de cuve à partir d une réserve d eau claire puis à pulvériser cette dilution sur la culture. Différents dispositifs de rinçage ont été étudiés par ITV France (S. Codis). Transfert par gravité Les appareils disposent d une simple cuve de rinçage qui se déverse par gravité dans la cuve de bouillie. Le transfert s opère via une simple vanne 1/4 de tour. Transfert par le circuit de pulvérisation Les appareils comportent généralement une vanne 3 voies qui permet de choisir entre le transfert vers la cuve de bouillie (position pulvérisation) ou vers la cuve d eau claire (position rinçage). En aval de l aire de lavage, la gestion des eaux de lavage des pulvérisateurs peut-être envisagée par des procédés de dégradation biologique ou photocatalytique. Une autre alternative consiste à concentrer les pesticides par des procédés physico-chimiques avec une gestion des concentrâts par incinération contrôlée. Les principaux procédés développés sont présentés dans le tableau 2. Figure 2 : Rinçage à la parcelle, écoulement par gravité (Source : S. Codis ITV France) 12 - Viticulture durable et environnement - Décembre 2007 Station Régionale ITV Midi-Pyrénées

TRAITEMENT DES EFFLUENTS DE CAVE Problématique La filière viticole, comme tout autre secteur, se doit de limiter l impact environnemental de son activité. Les rejets issus des pressoirs et des caves sont susceptibles de perturber l équilibre biologique des rivières en particulier pendant la période des vendanges. En effet, les éléments organiques issus des activités vinicoles génèrent, dans un milieu aquatique, le développement de microorganismes qui puisent l oxygène dissous au détriment de la faune piscicole. Figure 3 : Conception d un BIOBED Systèmes «rustiques» Procédé Société Principe Comment le mettre en oeuvre? (suivre la notice technique) Phytobac Bayer (toutes cultures) Systèmes «technologiques» Dégradation biologiques sur substrat Placer l effluent dans une zone étanche couverte, remplie d un mélange de terre (70% en volume) et de paille (30%). Recharger annuellement en paille et retourner le substrat régulièrement. Epandage du substrat autorisé (10 m 3 /ha) après 5 mois de maturation sans aucun apport. Dimensionnement : * hauteur maximum de 60 cm * volume du bac à adapter au volume des effluents à traiter : 1,5 à 3 volumes de substrat par volume annuel d effluent Limites du système : éviter la saturation du bac en liquide et préférer les apports réguliers d effluents dans le Phytobac à partir d une cuve tampon en fonction de l humidité du substrat. Coûts d invertissement : matériaux Coûts de fonctionnement : maintenance, épandage Procédé Société Principe Comment mettre en oeuvre? (suivre la notice technique) BF Bulles Alpha-O (Viticulture) Coagulation-floculationfiltration sur charbons actifs Stockage des effluents. Mise en oeuvre autonome (si achat) ou par prestation : ajout de coagulants-floculants dans la cuve - passage du surnageant sur charbons actifs. Fonctionnement à partir d effluents dilués. Déchets finaux (cartouches de charbons usagés + boues de floculation) à gérer en déchet dangereux (D.I.S.) Coûts d investissement : ~ 15000 Coûts de fonctionnement : consommables (45 /m 3 ) + D.I.S. Si prestation : ~ 150 /m 3 comprenant la prise en charge des déchets Station Régionale ITV Midi-Pyrénées Viticulture durable et environnement - Décembre 2007-13

Sentinel ALBA Env t (post récolte fruits et légumes) Phytopur Paetzold (viti, arbo) Phytocat Résolution (viti, maraîchage, ZNA) Phytomax Agro-environnement (viti, arbo) STBR2 Aderbio (viti, arbo) Coagulation-floculationfiltration sur charbons actifs Coagulation-floculation puis osmose inverse Oxydation avancée par photocatalyse Oxydation avancée par photocatalyse Dégradation biologique en milieu liquide par bioaugmentation Stockage des effluents. Traitement par volume unitaire (batch) de 1 m 3. Mise en oeuvre autonome (achat) : * ajouts de packs de coagulants-floculants * passage du surnageant sur charbons actifs Fonctionnement à partir d effluents dilués Déchets finaux (cartouches de charbons usagés, boues) à gérer en déchet dangereux (D.I.S.) Coûts d investissement : ~ 25000 Couts de fonctionnement : consommables + D.I.S. Stockage des effluents. Mise en oeuvre principalement par prestation de service (dispositif mobile) Prestation complète (gestion des déchets en déchets dangereux...) Coût de la prestation : forfait de 450 (déplacement - préparation de cuve) puis 84 /m 3 Stockage des effluents Traitement par volume unitaire (batch) de 500 litres Mise en oeuvre autonome (achat) : * préparation du batch (15 mn) * fonctionnement en bouche pendant 15 jours Coûts d investissements : ~ 17000 Coûts de fonctionnement : 300 pour visite annuelle de maintenance + 80 /m 3 (consommables, reprise des déchets en D.I.S.) + énergie Stockage des effluents. Traitement par volume unitaire (batch) de 1m 3 Mise en oeuvre autonome (achat) : * prétraitement par coagulation-floculation * fonctionnement en bouche pendant 30 jours Déchets finaux (boues du prétraitement...) à gérer en déchet dangereux (D.I.S.) Coûts d investissement : ~ 15000 Coûts de fonctionnement : consommables, maintenance, traitement D.I.S., énergie Stockage des effluents. Traitement en continu. Mise en oeuvre autonome (achat) mais automatisée. Ensemencement dans cuve tampon, pompage vers un digesteur, puis décanteur et filtre biologique. Ensemencement manuel périodique + vérification hebdomadaire de l approvisionnement enconsommable dans le digesteur. Devenir des boues (épandange ou D.I.S.) fonction d analyses EcoTox. Coûts d investissement : ~ 10000 pour débit traité de 30 L/jour Coûts de fonctionnement : 60 /m 3 (culture biologique) + énergie Vitimax Agro-environnement (viticulture) Dégradation biologique sur boues activées Coagulation, floculation et épuration dans la station de traitement des effluents de cave (hors période de pointe vinicole : vendanges, vinifications). Coût : pas d investissements supplémentaires par rapport au traitement des effluents de cave (mis à part stockage + gestion des boues issues du pré-traitement (coagulation-floculation) en D.I.S. Coûts : données constructeurs au 15/01/2007 - Dans certains cas, il existe plusieurs modèles. Tableau 2 : Description des dispositifs de traitement des effluents de pulvérisation Source : Note nationale ITV France - Ecopulvi - CIETAP 14 - Viticulture durable et environnement - Décembre 2007 Station Régionale ITV Midi-Pyrénées

ph MES DCO Volume généré 4,1 à 6, parfois 10 à 13 en période de détartrage 1000 à 2000 mg/l 3000 à 20000 mg d O2/l Volume généré : de 30 à 250 litres par hectolitre de vin élaboré, dont 40 à 60 % pendant les vendanges Tableau 3 : Caractéristiques moyennes des effluents vinicoles La pollution contenue dans le effluents de cave provient soit des composants même du raisin, du moût ou du vin (pellicules, rafles, terre, sucres, acides, bourbes, alcools, polyphénols, levures, bactéries), soit des produits de détartrage et de nettoyage, soit encore des produits intervenants dans la vinification (média filtrant, colle par exemple). La variabilité en terme de volume et de charge polluante est une des caractéristiques des effluents vinicoles. Le type de vin, les caractéristiques des équipements, la sensibilisation du personnel sont les principaux facteurs de variabilité des effluents. La composition moyenne des effluents vinicoles est précisée dans le tableau ci-dessous : La matière organique contenue dans les eaux usées, lorsqu elle est rejetée en grande quantité dans une rivière, un étang ou un lac, engendre la multiplication de micro-organismes qui assurent sa dégradation. Pour réaliser cette épuration naturelle, les microorganismes puisent l oxygène dissous dans l eau, au détriment de la faune et de la flore du milieu naturel. Par ailleurs, les matières en suspension présentes dans les rejets troublent les eaux et limitent le passage de la lumière solaire indispensable à la photosynthèse, ce qui réduit l oxygénation du milieu. Lorsque les effluents vinicoles sont rejetés dans une station d épuration qui n a pas été adaptée pour traiter le surcroît de pollution qu ils apportent, l impact sur l environnement est également sensible. L afflux de matière organique déséquilibre le système biologique de la station, souvent pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois. Dans ces conditions, les eaux rejetées par la station sont imparfaitement épurées et sont susceptibles d altérer le cours d eau en aval. Adaptation de l élaboration La première étape de la mise en place d une installation de traitement des effluents vinicoles repose sur l étude des volumes d eau consommés et de la charge polluante rejetée. La connaissance de ces données permet en premier lieu de dimensionner l installation de traitement, et également de cerner d éventuels points faibles susceptibles de porter préjudice au bon fonctionnement du système ou d augmenter sensiblement les coûts d investissement et/ou de fonctionnement. Le concept de «technologie propre» développé dans le secteur industriel doit être mis en œuvre au sein des caves. Les principaux aspects associés à la réduction de la charge polluante sont les suivants : - Valorisation des sous produits de la vinification ( bourbes, lies, tartre) - Récupération et gestion des média filtrant et des solutions de détartrage. Concernant la gestion optimale de l eau, plusieurs mesures doivent être envisagées : - Adaptation de la conception des chais et de l organisation interne ; Figure 4 : Flux d eau et de matière dans la cave Station Régionale ITV Midi-Pyrénées Viticulture durable et environnement - Décembre 2007-15

- Optimisation des opérations liées à l hygiène - Amélioration de la nettoyabilité des supports (sols, cuves, matériels) Suppression des systèmes de refroidissement des moûts en circuit ouvert. Dispositifs de traitement Le traitement des effluents de cave repose sur des procédés rustiques (évaporation, épandage) ou des dispositifs biologiques aérobie ou anaérobie. Depuis quelques années des procédés basés sur des lits plantés s intègrent dans les techniques utilisées par les caves. Ces différents procédés peuvent être envisagés individuellement, collectivement ou en liaison avec les dispositifs communaux. Coût, taille de l exploitation ou de la cave, place disponible, technicité, intégration paysagère, contexte local sont autant de facteurs qui déterminent la stratégie à adapter pour gérer les effluents vitivinicoles. Les caractéristiques des principaux systèmes utilisés dans les caves sont précisées ci-après: Evaporation Ce procédé repose sur l évaporation de l eau contenue dans les effluents et la valorisation par épandage des résidus d évaporation (boues ou matières sèches). Deux techniques peuvent être mises en œuvre. La technique de l évaporation naturelle peut être utilisée dans les régions où le déficit hydrique annuel est important. L effluent à évaporer est stocké, après dégrillage, dans des bassins étanches de faible profondeur (de l ordre de la hauteur de l évaporation annuelle nette du lieu soit environ 400 mm dans les zones Méditerranéennes) et dont la surface totale est calculée en fonction du volume de rejet annuel. L évaporation peut être optimisée par une pulvérisation séquentielle de l effluent sur des panneaux alvéolés, type nid d abeille, à surface spécifique élevée. L effluent ruisselle le long des alvéoles et forme un film sur la maille, ce qui augmente le potentiel d évaporation proportionellement à la surface du bassin. Epandage Le traitement des effluents par épandage sur terres agricoles repose sur les capacités épuratoires du système sol micro-organismes plantes : il assure la filtration des matières en suspension, la fixation puis la dégradation des matières organiques et l utilisation par les plantes des éléments minéraux libérés. Pour être efficace vis à vis de la protection de l environnement, l épandage doit être raisonné et bien géré. Il est en effet indispensable d ajuster le volume d effluents aux caractéristiques physico-chimiques du sol et aux capacités d exportation d éléments minéraux par les cultures. Une étude préalable à l épandage doit donc être effectuée, visant à caractériser les effluents de l établissement considéré, à sélectionner des parcelles susceptibles de recevoir des épandages (pente inférieure à 7%, distances par rapport aux habitations, cours d eau et captages, etc...) et à étudier les sols et le contexte agricoles (cultures mises en place, rotations, rendements moyens, travail du sol). Stockage aéré Cette technique est une variante des procédés biologiques (boues activées, lagunage). Elle est souvent utilisée dans les caves pour lesquelles le caractère saisonnier est particulièrement marqué. Sa mise en œuvre repose sur un système par batch. Les opérations suivantes sont réalisées dans une même cuve : - Stockage après dégrillage de l ensemble des effluents de la vendange - Aération et brassage séquentiels - Décantation des boues formées. Le temps nécessaire au traitement varie en fonction des objectifs de rejet fixés, selon que le rejet est effectué dans un réseau d assainissement (environ 15 jours) ou dans le milieu naturel (30 à 40 jours), et avec le type d installation (une ou plusieurs cuves de stockage et l activité de la cave). Traitements intensifs L objectif de ces traitements est de maîtriser et stabiliser le ratio matière organique/masse de micro-organismes (charge massique). Certaines caves utilisent une variante du stockage aéré basée sur la conduite d un réacteur aérobie par cycles en mode séquentiel discontinu (S. B. R.). D autres mettent en œuvre des systèmes continus de type boues activées dotés d adaptations à la variabilité des effluents (double étage, bassin tampon, etc.). Traitement par lit planté Cette technique également appelée «constructed wetland» s inspire du fonctionnement des écosystèmes de milieu humide (marais). Son mode de 16 - Viticulture durable et environnement - Décembre 2007 Station Régionale ITV Midi-Pyrénées

Figure 5 : schéma de principe du stockage aéré fonctionnement peut être rattaché à un traitement biologique à culture fixée sur support fin (gravier, sable). Les processus épuratoires sont assurés par les micro-organismes présents dans les massifs filtrants, les plantes évitant le colmatage grâce au mouvement de la végétation de surface. De nombreuses variantes sont proposées par les constructeurs. Les roseaux (phragmites) sont les plus souvent utilisés mais dans certains cas, il est envisagé une association de végétaux, différenciés selon les étages. Concernant la conception, différents systèmes sont proposés pour l étanchéité des bassins (géomembrane, lit d argile) et le mode de répartition des eaux (continue ou par bâchée). Ces systèmes, qui se sont développés depuis quelques années dans le secteur des eaux domestiques (boues et effluents) sont parfois utilisés pour les effluents de cave. Leur simplicité d utilisation, associée à la valorisation paysagère du dispositif contribue à susciter un intérêt croissant au sein de la filière viticole. Traitement associé aux effluents urbains Ce dispositif consiste à raccorder les exploitations viticoles au réseau d assainissement de la commune, dont la station d épuration a été raisonnablement surdimensionnée par rapport à la population urbaine sédentaire. En période de vendange, ils sont stockés dans des bassins étanches de grande capacité, en amont de la station, afin de ne pas surcharger le bassin d aération, la tolérance de la flore bactérienne étant relativement limitée vis à vis d une période de pointe. Parallèlement, les pompes de déstockage sont mises en service et alimentent le bassin d aération à sa capacité maximale de traitement, le débit journalier d injection étant déterminé par des mesures de DCO et de DBO5. Une fois les vendanges terminées, les effluents stockés sont progressivement pompés vers la station, le déstockage pouvant s étaler sur 6 à 10 mois. En dehors des périodes d activité vinicole, les effluents domestiques sont dirigés directement vers la station. Traitement anaérobie Ce traitement biologique est basé sur la transformation anaérobie de la matière organique en méthane et dioxyde de carbone par des micro-organismes spécifiques. Cette technique impose l optimisation des conditions de milieu (ph, température, charge organique). Compte tenu de la petite taille des installations, le méthane est rarement valorisé. Par ailleurs, la mise en œuvre d un deuxième étage aérobie s avère généralement nécessaire pour atteindre le niveau d épuration réglementaire. CONCLUSION La réglementation environnementale évolue selon l identification, la quantification et la perception des impacts des activités industrielles et agricoles. Si, dans un premier temps, les textes ont majoritairement concernés les effets ponctuels, visibles liés aux rejets des caves, la législation actuelle vise une approche plus globale à l échelle des territoires. Ainsi, l utilisation des produits de protection des plantes, depuis leur homologation jusqu à leur mise en œuvre est particulièrement concernée par cette évolution réglementaire. Il en résulte parfois des restrictions, voire des interdictions d utilisation de certaines molécules, aboutissant à des alternatives culturales plus coûteuse, voire des impasses techniques (maladie du bois, désinfection des sols). Parallèlement à la réglementation, l environnement devient un Station Régionale ITV Midi-Pyrénées Viticulture durable et environnement - Décembre 2007-17

enjeu médiatique qui s intègre dans l image de la filière et progressivement des exploitations viticoles. Ainsi, les contraintes environnementales, en liaison notamment avec les rejets d effluents doivent être pris en compte dans la conception, l organisation et les itinéraires techniques des exploitations et des caves. En complément selon les situations, il peut être nécessaire d associer des dispositifs de traitements rustiques ou technologiques, individuel ou collectif en cohérence avec les réglementations locales. 18 - Viticulture durable et environnement - Décembre 2007 Station Régionale ITV Midi-Pyrénées