Finlande Helsinki. Danemark Copenhague. Royaume-Uni Londres. Pologne Varsovie. Macédoine Skopje. Serbie et Montenegro Belgrade



Documents pareils
PROGRAMME ERASMUS+ Toute mobilité Erasmus+, financée ou non par la bourse, doit faire l objet de justification sur la base des documents suivants

DISPOSITIF D INTERVENTION REGIONALE AIDE À LA MOBILITE ETUDIANTE A L'ETRANGER Année universitaire 2015/2016

Bourses de mobilité des étudiants et membres du personnel de l UMONS Année académique

Mobilité de l enseignement supérieur

Nom. les. autres États. n de l aviation. Organisation. ATConf/6-WP/49 14/2/12. Point 2 : 2.2. Examen de. des accords bilatéraux. consultées.

Le coût du rachat de trimestres pour carrière à l étranger multiplié par 4 au plus tard le 1 er janvier 2011

Programme «Lecteurs Formateurs»

Prix du gaz et de l électricité dans l Union européenne en 2011

Kit Demande de Bourse Etude Erasmus

La recherche d assurance maladie à l étranger Procédure à l usage des CPAS

Les concepts et définitions utilisés dans l enquête «Chaînes d activité mondiales»

OBSERVATION ET STATISTIQUES

Principaux partenaires commerciaux de l UE, (Part dans le total des échanges de biens extra-ue, sur la base de la valeur commerciale)

L IMMIGRATION AU SEIN DE L UE

Facilitez vos démarches, Étudiants étrangers. renseignez-vous avant de vous déplacer DÉMARCHES ADMINISTRATIVES.

Wallonie-Bruxelles International

La stabilité des prix : pourquoi est-elle importante pour vous? Brochure d information destinée aux élèves

Taux de risque de pauvreté ou d exclusion sociale le plus élevé en Bulgarie, le plus faible en République tchèque

Premières estimations pour 2014 Le revenu agricole réel par actif en baisse de 1,7% dans l UE28

Prendre sa retraite en France Droits, conditions et formalités de résidence. Natasha Lavy-Upsdale Service des Relations avec les Pays-hôtes

CONTRAT DE MOBILITE POUR LES MOBILITES D ETUDES DU PROGRAMME ERASMUS+ dans les pays participant au programme (mobilités européennes)

Thème 1: l environnement pédagogique et scolaire dans le primaire et le secondaire

Saint-Marin Allemagne. Monaco. Saint-Siège Andorre. Norvège. Slovaquie Autriche. Pays-Bas. Slovénie Belgique. Pologne. Suède Bulgarie.

Quel est le temps de travail des enseignants?

Étude de marché. Critères de qualification Travaux de génie civil et construction de bâtiments industriels au CERN

Livre blanc Compta Le SEPA : Comment bien préparer sa migration?

Actifs des fonds de pension et des fonds de réserve publics

Projets Eurêka. i s. E u r ê k a. f r a n ç a. i a t. S e c r é t a r. Innovation européenne Ouverture aux marchés Impact économique

Nouvelles modalités pour contrer l utilisation abusive des cartes de débit en dehors de l'europe

Préparez-vous au virement SEPA

Mobilem auto & moto. Roulez!

Flotte Automobile (-3,5t)

Prix de l énergie dans l Union européenne en 2010

EGALITÉ ENTRE LES FEMMES

Préparez-vous au virement

Âge effectif de sortie du marché du travail

Je suis sous procédure Dublin qu est-ce que cela signifie?

PNEUS HIVER EN EUROPE

Vous avez eu ou élevé des enfants Vos droits

Bénéficiaires du droit d asile dans l UE, par nationalités, Irak 5% Afghanistan

FORMALITES DOUANIERES

NOTE DE SYNTHÈSE DU REM (INFORM)

REGARDS SUR L ÉDUCATION 2013 : POINTS SAILLANTS POUR LE CANADA

Pension AOW pour les assurés hors des Pays-Bas

Qui sont les enseignants?

Opérations bancaires avec l étranger *

Vous avez du talent, nous protégeons votre indépendance. Demande de pension d invalidité Notice explicative

SOUSCRIPTION DU CONTRAT : TERRITORIALITE

Les prestations servies dans la zone UE-EEE-Suisse entre 2004 et 2013

Le commerce de détail en Europe : la diversité des tissus commerciaux

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

TAXE D APPRENTISSAGE

Quelle part de leur richesse nationale les pays consacrent-ils à l éducation?

Le logement en Europe

Qui sommes-nous? Motivation Factory propose des solutions web

GUIDE DU CANDIDAT. de l Union Européenne, de l Espace Économique Européen ou de la Confédération Suisse

Aide pour une complémentaire santé

REJOIGNEZ LES MEILLEURS COIFFEURS D'EUROPE SANS PLUS TARDER

La coordination des soins de santé en Europe

Activités et résultats 2011

REGARDS SUR L ÉDUCATION RAPPORT INTERMÉDIAIRE MISE À JOUR DES INDICATEURS RELATIFS A L EMPLOI ET AU NIVEAU DE FORMATION

Guide de préparation au virement SEPA pour les PME

PARTIR EN MOBILITE A L ETRANGER

Notes explicatives concernant le formulaire d opposition

Le BTS dans la réforme LMD

B o u r s e d e m o b i l i t é B E E p o u r l e s d é p a r t s e n

Qu est-ce que l OSCE?

Vente de prestations de services et TVA intracommunautaire

COMMENT PAYEZ-VOUS? COMMENT VOUDRIEZ-VOUS PAYER?

CONTRAT DE MOBILITE POUR LES MOBILITES D ETUDES DU PROGRAMME ERASMUS+

les étudiants d assas au service des professionnels

Les Règles Contraignantes d Entreprise francophones (RCEF) Foire aux questions (FAQ) Version pour les entreprises décembre 2014

Agricultural Policies in OECD Countries: Monitoring and Evaluation Les politiques agricoles des pays de l OCDE: Suivi et évaluation 2005.

Le creusement des inégalités touche plus particulièrement les jeunes et les pauvres

LA SOCIETE DE PARTICIPATIONS FINANCIERES «LA SOPARFI»

Frais et systèmes nationaux d'aides financières aux étudiants dans l'enseignement supérieur en Europe

GUIDE RETRAITE COMPLÉMENTAIRE AGIRC ET ARRCO LE LIVRET DU RETRAITÉ. n o 2. Le livret du retraité

LES RELATIONS INTERNATIONALES. du Conseil national de l Ordre des médecins

La fiscalité européenne de l épargne. Ce qui va changer pour vous

SOGECASH NET. vos opérations bancaires en ligne

Offres VTX Mobile pour clients professionnels

Focus sur les structures de l enseignement supérieur en Europe 2004/2005 Évolutions nationales dans le cadre du Processus de Bologne

Couverture maladie universelle complémentaire

Conditions tarifaires des principaux services financiers et bancaires au 1 er février intermédiaire en opérations de banque de Socram Banque

La BRI. Au service de la stabilité monétaire et financière

Financement du sport, crise économique et politique sportive

LUNDI DE LA SORBONNE : Lundi 6 février Conjuguer un diplôme à l international, quelle valeur ajoutée pour l insertion professionnelle?

Heureusement ce n est pas une banque! Guide utilisateur. Guide utilisateur v3.3 page nobanco. All Rights Reserved.

Transmission des taux de conversion, pour le 2 e trimestre 2015, des monnaies en application du règlement CEE n 574/72.

Les comptes nationaux et le SEC 2010

PROGRAMME EIFFEL VADE-MECUM 2015

à la Consommation dans le monde à fin 2012

LES ASSURANCES DE PERSONNES. Données clés 2011

ACCORD RELATIF AU TRANSIT DES SERVICES AÉRIENS INTERNATIONAUX SIGNÉ À CHICAGO LE 7 DÉCEMBRE 1944

Retraité d un régime français d assurance vieillesse

Transcription:

lesnotes n 5 - mai 26 d E d u F r a n c e L enseignement supérieur français vu depuis l Europe: une étude conjointe du ministère des Affaires étrangères et de l Agence EduFrance L e ministère des Affaires étrangères a confié à EduFrance «l élaboration d une stratégie de promotion de l enseignement supérieur en Europe». EduFrance a constitué un groupe de travail, associant ses deux ministères de tutelle (ministère de l Education nationale, de l Enseignement supérieur et de la Recherche et ministère des Affaires étrangères), les établissements d enseignement supérieur (CPU, CDEFI, CGE) et l Agence Socrates-Leonardo, qui s est réuni régulièrement à partir du mois de décembre 25. Ses recommandations viennent d être transmises au ministère des Affaires étrangères sous la forme d un rapport. partie 1 Etapes d une réflexion Pour alimenter la réflexion de ce groupe, EduFrance a mené plusieurs études, dont une appuyée sur une enquête lancée par le MAE auprès des postes diplomatiques européens*, afin de mieux cerner l image de l enseignement supérieur français, les attentes des étudiants étrangers, les forces et faiblesses de la France en matière d attractivité académique. La présente note est une brève synthèse de ces études et présente plus en profondeur les résultats de cette enquête. * Ont répondu à l enquête les postes diplomatiques de l Union européenne, ceux des futurs adhérents de 27 (Bulgarie et Roumanie) et ceux de Norvège et de Suisse. Finlande Helsinki Danemark Copenhague Royaume-Uni Londres Pologne Varsovie Macédoine Skopje Serbie et Montenegro Belgrade Grèce Athènes Thessalonique Les Espaces EduFrance en Europe Turquie Ankara Istanbul Russie Ekaterinbourg Moscou Nijni-Novgorod Novossibirsk Saint-Petersbourg Samara Lituanie Vilnius Ukraine Kiev Géorgie Tbilissi Bulgarie Sofia Albanie Tirana Cette réflexion sur l Europe ouvre pour EduFrance un nouveau domaine. Jusqu en 25, l Europe (hors Russie) n était pas une zone prioritaire de l Agence. Le réseau EduFrance s est donc essentiellement développé dans les zones qui avaient été désignées comme prioritaires par ses tutelles: l Asie et l Amérique du Sud. Il existe cependant un nombre restreint d Espaces EduFrance en Europe, ouverts sur demande spécifique des ambassades. www.edufrance.net les notes d EduFrance n 5 - mai 26-1

Figures 2, 3 et 4: nombre des inscriptions d étudiants étrangers en France (source: DEP) 7 35 7 6 3 6 5 25 5 4 2 4 3 15 3 2 1 2 1 5 1 1998/1999 2/21 22/23 24/25 1998/1999 1999/2 2/21 21/22 22/23 23/24 24/25 1998/1999 1999/2 2/21 21/22 22/23 23/24 24/25 Allemagne Italie Espagne Royaume-Uni Grèce Portugal Suède Irlande Danemark Pays-Bas Autriche Finlande Une situation moins favorable qu en apparence Concernant le rayonnement de l enseignement supérieur français en Europe, certains facteurs semblaient nourrir un diagnostic optimiste, n appelant aucune réaction spécifique. Les coopérations universitaires entre les établissements français et leurs homologues européens sont très nombreuses, la France est bien placée dans les programmes européens Erasmus Mundus et sa position est excellente pour les échanges inférieurs ou égaux à un an de type «Erasmus». Elle est le 3 deuxième pays d accueil derrière l Espagne (24 75 étudiants Erasmus accueillis en 23-24 en Espagne, 2 275 en France), et le premier pays «exportateur» 2 (en 23-24, 2 981 départs de la France, 2 681 de l Allemagne, 2 34 de l Espagne). En outre, les inscriptions en France d étudiants étrangers en provenance 1 des pays de l «Europe des 1+2» (les dix pays de l Europe orientale membres depuis 24, et ceux dont l adhésion est prévue pour 27 : Roumanie et Bulgarie) sont nettement en hausse. Mais d autres données, présentées au groupe de travail, nuancent nettement ce tableau. Tout d abord, s agissant des étudiants européens issus de l Europe des 15, la tendance est au tassement des séjours de longue durée (inscriptions hors Erasmus), voire à leur diminution (surtout pour le Royaume-Uni, la Grèce, le Portugal, la Suède, le Danemark) (figures 2, 3 et 4), alors même que la Grande- Figure 5 : inscriptions d étudiants grecs à l étranger en 23 (source : DEP/DAAD/BC) en France en Allemagne au Royaume-Uni 6 5 4 3 2 1 Bretagne se distingue comme le grand pôle d attraction de ces mêmes étudiants (figure 5 : cas de la Grèce). Elle est orientée à la hausse pour les pays de l «Europe des 1+2», mais l écart se creuse nettement avec l Allemagne, dont les taux de croissance, dans cette zone, sont bien plus importants (notamment pour des pays comme la Bulgarie, la Pologne et la Roumanie) (figure 6). Figure 6: taux de croissance (1998-24) des inscriptions d étudiants étrangers en France et en Allemagne (source : DEP/DAAD) France Allemagne Bulgarie Pologne Roumanie 2 - mai 26 - n 5 les notes d EduFrance www.edufrance.net

partie 2 La contribution des postes diplomatiques : quelques points remarquables Les contributions des postes diplomatiques, transmises à EduFrance, constituent une riche matière à réflexion, qu il est impossible de présenter dans son intégralité. Quelques points remarquables seront d abord extraits. Excellence et réputation de la France La France jouit, globalement, d une bonne image quant à la qualité de ses formations. C est évidemment un point essentiel, puisque la réputation des établissements et l excellence supposée des formations sont les facteurs d attractivité les plus souvent cités par les postes. Certains estiment cependant que la qualité de nos formations n est pas assez connue: le Danemark juge l image des Grandes écoles meilleure que celle des universités, et évoque la performance médiocre des universités françaises dans les classements internationaux. De même, les étudiants britanniques sont désormais habitués à consulter les classements internationaux qui ne donnent pas aux formations françaises une image d excellence. Comme le note le poste de Londres, «on peut déplorer l existence et mettre en doute la validité des classements internationaux, mais ils servent désormais de référence aux étudiants et aux employeurs de la communauté internationale». La Norvège tempère le critère de l excellence et de la qualité supposée des formations en soulignant que les étudiants choisissent d abord un pays de destination. Les statistiques données par la Direction de l Evaluation et de la Prospective (DEP) du ministère de l Education nationale montrent que les étudiants étrangers européens inscrits en France choisissent en majorité les filières de lettres et 1% 9% 8% 7% 6% 5% 4% 3% 2% 1% % Répartition par disciplines des étudiants étrangers inscrits en Allemagne (source : DAAD) Pays en développement Pays en transition Pays industrialisés Total sciences humaines. Dans certains pays comme la Grèce, le choix des destinations se fait en fonction des images académiques des pays : les juristes et les littéraires choisissent la France, les ingénieurs l Allemagne, les financiers la Grande- Bretagne. De fait, la France souffre d un déficit d image en matière scientifique signalé par plusieurs pays. Son image reste essentiellement littéraire et culturelle. Dans les pays de l Europe centrale et orientale, les étudiants intéressés par la France sont majoritairement des filles: le poste de Prague signale ainsi que 85% des visiteurs du dernier salon de promotion des études en France étaient des jeunes filles. Il convient cependant de combattre l idée selon laquelle la France accueillerait beaucoup moins d étudiants européens en sciences Allemands Sciences sociales, psychologie, sciences de l'éducation Economie et droit Médecine Mathématiques et sciences naturelles Langues et civilisations Sciences de l'ingénieur Dans ce tableau, la colonne des «pays industrialisés» comprend, à 88%, les pays de l Europe de l Ouest. Elle représente donc, globalement, le profil des étudiants de l Europe des 15 inscrits en Allemagne. 54% le sont en lettres et sciences humaines (langues, civilisations, sciences sociales, psychologie, sciences de l éducation). La colonne des «pays en transition» comprend, à 88%, les pays de l Europe de l Est. Elle représente, globalement, le profil des étudiants de l Europe des 1+2 inscrits en Allemagne. 45% le sont en lettres et sciences humaines. La part des lettres et sciences humaines dans les inscriptions d étudiants européens n est donc pas très différente, en Allemagne, de ce qu elle est en France (pour l année 24-25, près de 5% des étudiants de l Union européenne inscrits en France l étaient en lettres et sciences humaines). que son voisin allemand. Les chiffres donnés par le DAAD stipulent, sans équivoque possible, que les étudiants en provenance des pays développés s inscrivent en Allemagne surtout dans les disciplines des lettres et sciences humaines (voir encadré ci-dessus). Le coût des études: avantage ou inconvénient? Les étudiants étrangers européens trouvent en France des frais d inscription peu élevés. De ce point de vue, la France est plus attractive que la Grande-Bretagne, où les étudiants européens jouissent certes d un tarif préférentiel, mais nettement plus élevé que celui des établissements français. La question du coût des études devient tout spécialement importante quand il s agit des étudiants des pays de www.edufrance.net les notes d EduFrance n 5 - mai 26-3

l Europe des 1+2, dont les moyens sont généralement plus limités. Pologne, Slovaquie et Bulgarie mentionnent explicitement le coût des études comme un facteur d attractivité déterminant. La Suisse, l Espagne, le Luxembourg, citent aussi le coût des inscriptions comme un atout de l offre française. Par un paradoxe apparent, ce qui semble un atout peut se transformer en obstacle : les postes du Royaume-Uni et de l Irlande signalent que le faible coût des inscriptions conduit les étudiants, habitués à payer cher, à douter de l excellence de nos établissements (le même effet contre-productif est signalé dans certains pays d Asie, et notamment en Chine). Sans aller jusque là, le poste de Tallin souligne que la gratuité des études «n est plus un facteur déterminant». Il en va de même à Chypre où les familles sont habituées à payer cher (souvent des formations proposées par des établissements britanniques). Une grande faiblesse française : l accueil et le logement Il est désormais de notoriété publique que l accueil et le logement constituent une des grandes faiblesses de l attractivité de notre enseignement supérieur. Ce point, déjà mentionné dans la Note d EduFrance n 3 («Enquête sur les services des relations internationales», mars 26, p. 5), réapparaît au premier plan dans les réponses des postes diplomatiques. Dans l Europe des 15, la critique semble venir essentiellement des pays du Nord (Allemagne, Luxembourg, Grande-Bretagne, Norvège, Irlande, etc.). Dans ces derniers, les étudiants jouissent d une qualité de vie sur les campus qu ils se plaignent ensuite de ne pas retrouver en France. Il est vrai que dans les pays du Nord de l Europe, les étudiants sont particulièrement choyés, voire, comme l écrit un poste (La Haye), «gâtés et assistés». Ainsi, au Danemark, les étudiants reçoivent de l Etat un salaire de formation. Pour cette population particulièrement exigeante, l offre française doit se mettre au niveau si elle veut être attractive. Mais la critique trouve aussi des échos en Europe centrale et orientale, notamment en Hongrie, République tchèque, Lettonie, Slovaquie et Bulgarie. Bref, de l avis général, la France doit faire des progrès en matière d accueil et de logement étudiants. Il n est d ailleurs pas seulement question de qualité : la Norvège signale que, confronté à l impossibilité de louer un logement s il n a pas de garant en France, l étudiant étranger est parfois amené à réorienter son projet vers une autre destination. Le Luxembourg fait la même remarque, en ajoutant le paiement de la taxe d habitation à la liste des tracasseries administratives. Tout anglais contre francophonie Les statistiques font de la Grande- Bretagne le grand pôle d attraction des étudiants de l Europe des 15. Les pays nordiques sont spécialement sensibles aux formations en anglais, puisque les postes de Norvège, Finlande, Suède et Danemark signalent tous l attrait des pays anglophones comme un obstacle à l action de la France. Suède et Danemark dispensent déjà de nombreuses formations en anglais. Il en va de même pour les Pays-Bas, qui ont fait le choix du «tout anglais», et affichent l objectif de proposer l ensemble des Masters dans cette langue. Dans l Europe des 15, la situation du français est contrastée: il décline en Grande-Bretagne, est menacé en Irlande (alors même qu il y occupe la place de première langue étrangère enseignée). Cependant, l hégémonie de la langue anglaise trouve sa limite quand elle finit par entamer la mobilité des étudiants: c est le cas pour la Grande-Bretagne, mais aussi pour la Suède, qui a connu une diminution des départs d étudiants en séjour linguistique. Le gouvernement suédois a donc décidé de revaloriser les langues étrangères au niveau secondaire et supérieur, ce qui constitue une opportunité pour la langue française. Le français se porte mieux dans l Europe des 1+2, où certains postes diplomatiques font état d une francophonie dynamique (notamment en Bulgarie ou en Roumanie). La Slovaquie note un regain d intérêt pour la langue française, dû à l adhésion du pays à l UE (le français étant langue de travail européenne). Mais c est loin d être le cas dans tous les pays : en Pologne, l apprentissage du français ne concerne qu une minorité. En Hongrie, le français est loin derrière l anglais et l allemand. La Roumanie elle-même souligne que seule une politique volontariste de développement de filières bilingues pourra maintenir la francophonie dans un pays traditionnellement francophile. Certains pays signalent cependant qu un meilleur accompagnement serait nécessaire pour donner aux étudiants étrangers le niveau requis en français. Pour Chypre, il faut même abaisser les critères de sélection linguistiques, qui seraient, en l état, des «exigences déraisonnables». Les programmes d aides à la mobilité Le gouvernement français alloue des bourses par l intermédiaire des postes diplomatiques (les «BGF»: Bourses du Gouvernement Français). Ces bourses sont, en Europe, majoritairement dirigées sur les pays de l Europe centrale et orientale (les pays de l Europe des 1+2 concentrent 85% des BGF en Europe). En Europe des 15, zone non privilégiée de ce point de vue, les postes diplomatiques développent des programmes en partenariat avec le monde de l entreprise et les fondations. Le poste de Londres signale cependant que le DAAD allemand offre 1 bourses pour les étudiants britanniques, ce qui est bien au-delà de nos capacités. Le DAAD est encore mentionné comme un important pourvoyeur de bourses par la Lituanie, qui indique le chiffre de 15 bourses par an, pour un pays à la taille pourtant modeste. D autres postes (comme la Grèce) souhaiteraient donner davantage de bourses d études pour attirer les étudiants vers la France. On relèvera qu aux Pays-Bas, les bourses françaises semblent ne pas attirer les meilleurs étudiants, qui trouvent des offres financièrement www.edufrance.net les notes d EduFrance n 5 - mai 26-4

plus intéressantes ailleurs. En outre, l offre française ne séduit que peu les étudiants en 3 e cycle dans un pays où 9% des doctorants reçoivent un salaire compris entre 19 et 26 euros Il est à noter que certains postes soulignent l importance pour les étudiants (notamment ceux de l Europe des 1+2) de l apport financier des emplois à temps partiel (ce point est mentionné par la Slovaquie, la Lituanie, la Pologne). En Bulgarie, un des facteurs d attractivité de l offre allemande serait, selon le poste diplomatique, la plus grande souplesse de la législation concernant le travail étudiant. Visibilité de l offre française Le manque de visibilité de l offre française, qui résulte d un système institutionnel jugé complexe, est aggravé, selon certains postes, par la complexité des procédures administratives. Le Luxembourg note que les candidats sont désorientés par la multitude des modalités d inscriptions (inscription centralisée, inscription directe auprès de la faculté, préinscription spéciale pour les ressortissants de l UE, présélection dans certaines filières...) et les délais variables selon les établissements (février, mars, avril ou juillet). Un «vrai labyrinthe», estime ainsi le rédacteur luxembourgeois. Le poste de Slovaquie relève de même que les sites Internet des universités manquent de lisibilité, sont trop peu uniformisés, et que les intitulés des projets de formations les rendent souvent peu compréhensibles depuis l étranger. Doubles diplômes et délocalisations Pour créer des partenariats plus étroits et favoriser des échanges de plus longue durée entre les établissements, les postes diplomatiques évoquent fréquemment la création de nouveaux doubles diplômes et cursus intégrés. Cette piste d action est largement ouverte dans certains pays, et notamment en Allemagne, grâce à l Université franco-allemande (12 cursus intégrés). partie Les délocalisations sont aussi évoquées comme une voie d action possible, voire comme un «substitut à la mobilité étudiante». Le poste de Varsovie souligne que la délocalisation peut comporter un triple avantage : elle est moins onéreuse pour l étudiant que le séjour à l étranger, plus économique pour le poste que l allocation de bourses, et appréciée par les autorités locales qui craignent l exode des cerveaux. Reste que sur le «marché» des délocalisations, la France est, notamment en Grèce, largement en retrait par rapport à la Grande-Bretagne. La présence française en Grèce ne peut cependant se concevoir que sous des formes compatibles avec la législation nationale. 3 Esquisse d une synthèse régionale Il est difficile, sinon impossible, de présenter l «image standard» de l enseignement supérieur français en Europe. Chaque pays a ses caractéristiques propres qu il convient de respecter. Néanmoins, on peut risquer, malgré ces réserves, une esquisse de synthèse qui distingue cependant les pays de l Europe des 15 et ceux de l Europe des 1+2. Glossaire Europe Europe des 15 Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Danemark, Royaume-Uni, Irlande, Grèce, Espagne, Portugal, Autriche, Finlande et Suède Europe des 1 + 2 Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie + Roumanie et Bulgarie Europe des 15 Avec les pays de l Europe des 15, de très nombreux accords de coopération universitaires existent déjà. Les accords Erasmus sont nombreux et fonctionnent en notre faveur. L introduction progressive du système ECTS favorisera sans doute la mobilité par la validation des crédits obtenus à l étranger. L'organisation de l'enseignement supérieur français est structurée selon une architecture européenne commune (LMD) qui prend en référence les années d'études validées après le baccalauréat: Bac + 3 années = Licence (18 ECTS), Bac + 5 années = Master (3 ECTS) et Bac + 8 années = Doctorat. focus! Crédits ECTS: (European Credit System Transfer), système européen de transfert de «crédits» académiques capitalisables et transférables en Europe. Les crédits sont attribués à chaque cours et sont une évaluation de la quantité de travail qu'il représente par rapport au volume global de réussite d'une année universitaire: 6 ECTS pour une année, 18 ECTS pour le niveau Licence, 3 ECTS pour le niveau Master. Le développement des doubles diplômes et des cursus intégrés est une piste couramment évoquée par les postes pour développer l attractivité académique de la France. Cette piste d action demeure pour l instant entravée en Grande-Bretagne par la grande différence des coûts d inscription. Même si un pays comme la Suède semble vouloir ne pas céder au «tout anglais», la place du français est menacée (en Grande- Bretagne, mais aussi en Irlande). Les formations françaises sont concurrencées par les formations anglophones, auxquelles sont particulièrement sensibles les étudiants des pays nordiques, mais aussi, plus généralement, ceux de tous les grands pays de l Europe des 15. Les postes soulignent que, dans ce contexte, il convient de mieux valoriser les filières anglophones en France et de faire en sorte que l accès aux formations en français soit plus facile (notamment par des cours de langue appropriés). 5 - mai 26 - n 5 les notes d EduFrance www.edufrance.net

La plupart des postes signalent cependant qu ils ne disposent pas ou plus du nombre de bourses qui leur semble souhaitable. Il est vrai que certains pays, en particulier les riches pays nordiques (Suède et Danemark) aident de façon substantielle leurs étudiants à réaliser un séjour d études à l étranger. Ce n est pas le cas pour tous. Dans les pays de l Europe des 15, la France jouit encore d une image attractive grâce à sa culture et à la qualité de vie supposée. Mais la majorité des postes pointent des insuffisances dans la qualité de l accueil et du logement des étudiants étrangers. Cette situation dessert l image de la France, tout particulièrement auprès des étudiants européens dont les campus d origine sont mieux dotés, plus confortables, plus animés que les campus français. Enfin, plusieurs postes signalent que l offre de formation française est peu lisible depuis l étranger et qu en général, le parcours administratif de l étudiant candidat est trop complexe. La simplification des procédures est souhaitée. Europe des 1+2 Dans les pays de l Europe de l Est, la France jouit d une bonne image, d un réel intérêt pour sa culture, de la présence d une francophonie encore vivace. En outre, la faiblesse du coût des inscriptions est un avantage. Cet avantage sera cependant sans doute réduit dans les pays qui, par leur accession à l Union européenne, profiteront de droits moins élevés en Grande-Bretagne. La concurrence de l Allemagne est très vive. Ce pays bénéficie (comme la France) de coûts d études attractifs, et de moyens importants (notamment pour les bourses). S agissant des boursiers du gouvernement français, l accent a été précisément mis sur les pays de l Europe de l Est, mais dans des proportions beaucoup plus modestes. Pour des étudiants dont les moyens sont souvent plus limités que ceux des pays de l Europe des 15, l accès au marché du travail est aussi un facteur d attractivité. Certains postes soulignent l attrait des filières délocalisées et des cursus intégrés. En général, le développement des partenariats est souhaité. Comme pour les étudiants de l Europe des 15, la qualité de l accueil est un facteur d attractivité important, et la France doit sans doute faire des progrès en ce domaine. Elle doit aussi s efforcer de rendre son offre de formation plus lisible (intitulé de diplômes, sites Internet, organisation institutionnelle). La défense de la francophonie reste une priorité dans ces pays, où elle a malheureusement tendance à s effriter (notamment en Roumanie). Par ailleurs, les postes signalent les initiatives de pays comme la Pologne qui ambitionnent de devenir des pôles d attraction pour les étudiants. Le gouvernement polonais vient de lancer une campagne de promotion «Study in Poland» dont il faudra observer les effets. Enfin, s agissant de pays avec lesquels nos échanges sont déséquilibrés, il convient de réfléchir aux modalités de leur rééquilibrage, notamment par la mise en place de nouveaux partenariats. G lossaire BC BGF CDEFI CGE CPU DAAD DEP ECTS MAE UE Vincent Stanek, chargé d études, en collaboration avec Etienne Cazin, responsable géographique de la zone Europe British Council Bourses du Gouvernement Français Conférence des Directeurs d Ecoles et Formations d Ingénieur Conférence des Grandes Ecoles Conférence des Présidents d Université Deutscher Akademischer Austausch Dienst Direction de l Evaluation et de la Prospective du ministère de l Education nationale, de l Enseignement supérieur et de la Recherche European Credit System Transfer Ministère des Affaires étrangères Union Européenne Directeur de la publication : Thierry Audric Responsable de la rédaction : Claude Torrecilla (claude.torrecilla@edufrance.fr) Cette note a été rédigée par Vincent Stanek, chargé d études à l Agence EduFrance, en collaboration avec Etienne Cazin, responsable géographique de la zone Europe pour EduFrance Contacts : vincent.stanek@edufrance.fr et etienne.cazin@edufrance.fr Réalisation, impression : Agence Algoma Diffusion : Agence Huitième Jour Agence EduFrance - Groupement d intérêt public approuvé par avis publié au JO du 2/1/22 79, avenue Denfert-Rochereau - 7514 Paris Tél. : 1 53 63 35 lesnotes n 5 - mai 26 d E d u F r a n c e 6 - mai 26 - n 5 les notes d EduFrance www.edufrance.net