ETUDE SUR LES COMPETENCES ET FORMATIONS OPEN SOURCE EN FRANCE Identification des marges de progrès à réaliser pour faire coïncider l offre de formation française en matière de logiciel libre et les besoins en compétences des professionnels du secteur.
Synthèse Les besoins en compétences informatiques et télécoms des entreprises et des fournisseurs de solutions restent forts en France et les établissements d enseignement supérieur qui forment les informaticiens rencontrent des taux d embauche élevés à l issue des formations. Au sein de ces attentes de compétences informatiques, les 30 entretiens qualitatifs et l enquête réalisée auprès de 250 entreprises utilisatrices et fournisseurs de solutions informatiques démontrent le dynamisme et l intérêt croissant pour l utilisation de technologies Open Source. En effet, 79% des entreprises et 82% des fournisseurs utilisent déjà des technologies Open Source. Par ailleurs, les perspectives d utilisation future des technologies Open Source sont fortes en particulier sur les technologies liées aux infrastructures (Linux, Bases de données), mais aussi sur des technologies qui continuent leur expansion (environnement Web, e-commerce, travail collaboratif) et sur des technologies nouvelles entrantes sur des marchés à très forte croissance (Cloud Computing, mobilité, Big Data). Au-delà des technologies à proprement parler, les entreprises et les fournisseurs de solutions sont également sensibles à la capacité qu apportent ces modèles qui favorisent l innovation et le développement de nouveaux usages. Les établissements d enseignement supérieur ont déjà intégré une bonne partie de ces éléments et l Open Source tient une place importante dans la formation des informaticiens. Pour autant, des attentes restent fortes de la part du marché pour renforcer l expertise des informaticiens ou pour développer des compétences sur des marchés à fortes croissance. A l issue de l analyse des attentes et de l état des lieux actuel, nous avons pu émettre 7 préconisations : 1. Développer un module de formation à destination des entreprises sur les stratégies d innovation et le développement de nouveaux usages via le logiciel libre 2. Développer des modules de formation et de perfectionnement à destination des acteurs du secteur IT sur les technologies associées aux segments en forte croissance (e-commerce, mobilité, datacenter, Cloud Computing, Big Data ) : Linux, Apache, Java, Tomcat, NoSQL, Hadoop, Cloud OpenStack 3. Mettre en place un groupe de réflexion sur une stratégie de certification des compétences autour de technologies clés de l Open Source 4. Développer un module de formation / perfectionnement à destination des fournisseurs du secteur IT sur les méthodes spécifiques aux problématiques d intégration 5. Identifier les communautés Open Source les plus actives et inciter les étudiants à travailler au sein de ces communautés, en étant accompagnés par des professionnels 6. Développer des modules de formation sur des technologies de volume (infrastructures, développement web ) et des mécanismes de reconversion aux informaticiens spécialisés sur des technologies obsolètes 7. Renforcer les programmes de communication existants et développer de nouvelles approches permettant d attirer les étudiants vers des formations techniques
Objectifs de l'étude Les objectifs de l'étude sont les suivants : Évaluer l'offre de formation existante en France notamment dans l'enseignement supérieur. Faire un état des lieux des logiciels libres dans les entreprises et l administration françaises, que ce soit chez les prestataires ou dans les directions des systèmes d'information pour évaluer les besoins. Le tout selon les catégories de métiers : administration système, développement, gestion de projet et décisionnel...l état des lieux portera sur l identité des logiciels et leur taux de déploiement. Faire un bilan des compétences attendues par les entreprises en matière de logiciel libre sur l'ensemble des métiers sur 3 à 5 ans. Mettre en perspective les compétences attendues avec l offre de formation actuelle et son développement prévisionnel sur 3 à 5 ans. Méthodologie Pour la réalisation de cette étude, l a mandaté le cabinet IDC. La réalisation de cette étude s est déroulé en trois phases ; La phase 1 avait pour objectif d évaluer l offre de formation existante en France autour des technologies Open Source. Cette phase incluait une recherche documentaire sur les établissements d enseignements supérieurs incluant une formation en informatique ainsi qu une série de 15 entretiens qualitatifs (réalisés par téléphone ou en face à face) avec les responsables des formations ciblées et couvrant les différents types de formations en France : universités, écoles d ingénieurs spécialisées, écoles d ingénieurs généralistes, présents sur l ensemble du territoire français. La phase 2 avait pour objectif de réaliser un état des lieux de la place des logiciels libres dans les organisations utilisatrices de ressources informatiques, de son évolution (entreprises, organisations publiques et fournisseurs de solutions informatiques) ainsi que son poids dans le marché de l emploi des compétences informatiques. La phase 2 a reposé sur 15 entretiens qualitatifs d organisations utilisatrices et de fournisseurs de solutions informatiques abordant différents aspects du marché (2 entreprises sur l'embarqué, 5 entreprises utilisatrices pour le système d information de gestion, 2 ESN spécialisées en Open Source, 3 ESN généralistes, 3 éditeurs de logiciels). La phase 2 reposait également sur une enquête terrain réalisée auprès de 250 organisations (200 entreprises et organisations publiques utilisatrices ainsi que 50 fournisseurs de solutions informatiques) afin de permettre un traitement statistique de l utilisation de l Open Source en France. La phase 3 avait pour objectif de mettre en perspective les compétences attendues avec les besoins du marché et de réaliser une série de préconisations à destination de l ensemble des fournisseurs du marché afin de favoriser l emploi et le développement des compétences autour des technologies Open Source.
Glossaire Dans la présente synthèse et dans les documents associés : Le terme Utilisateurs se réfère à l ensemble des organisations (entreprises et organisations publiques) utilisatrices de technologies informatiques Le terme Fournisseurs se réfère à l ensemble des fournisseurs de solutions informatiques (services, logiciels, matériels) ESN: Entreprises de Services du Numérique. Cet acronyme remplace l ancien acronyme SSII (Société de Services en Ingénierie Informatique)
Évaluation du marché de l emploi informatique en France Le poids de l informatique au sein des entreprises, le rôle global du numérique dans la société et le développement associé de l industrie informatique et télécoms (services, logiciels, matériels) ont engendré une croissance quasi constante des besoins en compétences informatiques. La dernière évaluation réalisée par le Syntec Numérique BIPE faisait état en 2011 de 559 000 informaticiens en entreprises (hors fonctions publiques d état et particuliers employeurs). A titre de comparaison, les chiffres Eurostat pour l année 2011 faisaient état de 500 000 informaticiens en France en 2011. S il existe quelques différences d évaluations, le marché de l emploi informatique représente approximativement 2,1% de la population salariée en France (chiffres INSEE). Au-delà du nombre de salariés, il convient également de constater le dynamisme de ce marché de l emploi : Pour l ensemble des métiers, le taux de demande d emploi s est situé sur la période 2006 2010 entre 8.5% et 11%. Pour les métiers de l informatique, le taux de demande d emploi s est situé sur la même période entre 5.6% et 7.4%, soit en moyenne près de 3 points endessous. Concernant la population des ingénieurs informatique Bac + 5, ce taux de demande d emploi s est situé entre 3.6% et 4.5% soit un niveau proche du plein emploi A l exception de l année 2009, consécutive à la crise financière, et selon les dernières études IDC, le secteur informatique et télécoms n aura depuis 2007 que des années de croissance. Ces études confirment par ailleurs que cette croissance se poursuivra au moins jusque 2017, les prévisions ne portant pas au-delà. Par ailleurs, le secteur informatique et télécoms se caractérise par une dépendance importante à la disponibilité de compétences avec un poids des salaires chargés dans la valeur ajoutée des entreprises du secteur qui représente 79%, contre 67% en moyenne pour l ensemble des sociétés non financières (source INSEE 2009). La croissance du secteur informatique et télécoms impacte ainsi directement le marché de l emploi d informaticiens dans la mesure où ce secteur représente à lui seul 50% des emplois d informaticiens en France (voir figure 1). Enfin, la dernière étude réalisée par l APEC constate que 33% des recrutements de cadres dans le secteur des activités informatiques et télécoms concernent un débutant de moins d un an d expérience, soit 12 points de plus que dans l ensemble des secteurs d activités. Si on ajoute les statistiques concernant les cadres de 1 à 5 ans d expérience, l écart augmente à 18 points sur ces 2 tranches, signe d un besoin important de nouvelles compétences en comparaison des autres secteurs d activité.
Figure 1 : répartition des emplois des informaticiens par secteur d activité (source Syntec Numérique BIPE) Secteur "Autre" (reste de l'économie) 5% Secteur Banque/assurance 6% Secteur Services publics (hors fonction publique d'état) 3% Secteur Transport 1% Secteur Construction 1% Secteur Services de santé 0% Secteur Télécoms/Réseaux 7% Secteur Commerce/Distribut ion 8% Secteur logiciels et SSII 50% Secteur industrie 9% Secteur autres services 10%
Cartographie des compétences et enseignements sur l emploi issue de l enquête terrain L enquête terrain réalisée par IDC France portait sur 200 organisations utilisatrices de technologies informatiques, issues de l ensemble des secteurs d activités, et 50 fournisseurs du secteur informatique et télécoms. Ces 250 sociétés interrogées représentaient un total de 190 000 salariés. Nombre d informaticiens par entreprise Au sein des entreprises utilisatrices, les informaticiens disposant de compétences techniques représentent en moyenne 1.2% du nombre de salariés. Il convient, par ailleurs, de noter qu en moyenne et en complément des informaticiens internes, les entreprises font appel à 0.5 Equivalent Temps Plein (ETP) en plus auprès de prestataires externes. Le nombre de salariés informaticiens par entreprise utilisatrice en France est donc en moyenne 1,8% du nombre de salariés de l entreprise. Au sein des fournisseurs du secteur informatique et télécoms, le schéma est très différent dans la mesure où le métier de ces sociétés est précisément de proposer des prestations de services, des logiciels ou des matériels informatiques pour les entreprises utilisatrices. Au sein de ces fournisseurs, l enquête nous montre que 76.8% des salariés interviennent sur des prestations informatiques (développement et intégration, conseil IT, infrastructures et télécoms, support ). Qualification des profils par entreprise Cette différence de métiers entre les fournisseurs et les Utilisateurs se perçoit également de manière très directe sur la qualification des profils et sur les années d expérience (Figure 2), avec des informaticiens globalement plus qualifiés et plus jeunes au sein des fournisseurs du secteur IT : Au sein des Utilisateurs, 50% des salariés des équipes informatiques sont des techniciens disposant d un niveau d étude inférieur ou égal à Bac+2, 21% disposent d un Bac+3 et 29% disposent d un Bac+5 (université ou école d ingénieur). Ils sont, par ailleurs, majoritaires à disposer de plus de 10 ans d expérience. Au sein des fournisseurs, ils ne sont que 21% à disposer d un niveau d étude inférieur ou égal à Bac+2, 17% à disposer d un Bac+3 et ils sont en revanche 62% à disposer d un Bac+5. Ils sont à l inverse majoritaire à disposer de moins de 10 ans d expérience, Figure 2 : Répartition des informaticiens au sein de la société par nombre d années d expérience 34% Acteurs 27% 21% 11% Plus de 20 ans Entre 10 et 20 ans Entre 5 et 10 ans Entre 2 et 5 ans 7% Moins de 2 ans 3% 12% Utilisateurs 25% 24% 36% 40% 30% 20% 10% 0% 10% 20% 30% 40%
Enseignements issus des entretiens qualitatifs et de l enquête terrain sur l évaluation de l usage des technologies Open Source Utilisation de l Open Source L ensemble des acteurs interrogés s accordent de manière unanime sur l importance générale prise par les technologies Open Source, que ce soit pour une utilisation directe au sein du système d informations, pour une utilisation dans le cadre de solutions embarqués ou dans le cadre de ventes de solutions informatiques (prestations de services, logiciels ou matériel). On constate néanmoins des différences importantes selon le type d utilisateur et selon la technologie. En termes de typologie d utilisateur : 79% des entreprises utilisatrices interrogées déclarent utiliser au moins une technologie Open Source de manière intensive, régulière ou occasionnelle. Les 5 principaux domaines technologiques Open Source qui ressortent se situent dans une plage d utilisation comprise entre 22% et 33% des sociétés interrogées. Ces 5 domaines sont respectivement les suivants : o o o o o Serveurs Web : Apache, Tomcat, openldap Base de données : mysql, PostgreSQL, MariaDB, NoSQL LINUX : RedHat, Suse, Debian, Ubuntu Messageries : Thunderbird, Zimbra, Zarafa, OBM, Bluemind Langages orientés web: PHP, Java, Javascript, HTML5 Si l utilisation de l Open Source est réelle et importante, les Utilisateurs ont également précisé que les technologies Open Source n étaient pas encore utilisées dans de nombreux domaines ou environnement applicatifs. Ainsi : Dans l informatique de gestion, le manque de compétences des équipes, la recherche d automatisation ou la fiabilité insuffisante de certaines solutions Open Source ne permettent pas le déploiement massif de ces dernières Dans l informatique embarquée, le manque de solutions Open Source existantes, le modèle économique retenu, les besoins de certification à remplir, la provenance des sources ou encore les problématiques de propriété intellectuelle limitent l utilisation des technologies Open Source Du côté des fournisseurs, ils sont 82% à utiliser au moins une technologie Open Source de manière intensive, régulière ou occasionnelle. La différence peut paraître faible et surprendre. Elle mérite néanmoins d être nuancée car on se trouve face à un comportement directement lié à la stratégie des fournisseurs sur le marché qui se positionnent sur des choix technologies propriétaires ou à l inverse Open Source. En effet:
Les fournisseurs interrogés qui n utilisent pas les technologies Open Source sont majoritairement des fournisseurs qui développent ou travaillent sur des technologies propriétaires. Ces fournisseurs privilégient donc leur écosystème mais ils ont généralement mis en place une stratégie d interopérabilité avec les technologies Open Source. Les fournisseurs qui utilisent les technologies en font, quant à eux, souvent un usage plus large que les entreprises utilisatrices. Les 5 principaux domaines technologiques Open Source que l on retrouve pour les fournisseurs se situent ainsi dans une plage d utilisation comprise entre 33% et 62% d usage par les fournisseurs interrogés. Les 5 principaux domaines technologiques Open Source utilisés par les fournisseurs sont respectivement les suivants : o o o o o Evolution des usages Langages orientés web: PHP, Java, Javascript, HTML5 LINUX : RedHat, Suse, Debian, Ubuntu Serveurs Web : Apache, Tomcat, openldap Base de données : mysql, PostgreSQL, MariaDB, NoSQL Langages: C, C++, Python, Ruby On distingue trois catégories de technologies selon les durées d usage : Les technologies Open Source matures : ces technologies Open Source sont majoritairement liées aux infrastructures avec une utilisation depuis plus de 5 ans. On y trouve principalement Linux, les Bases de données, les environnements réseaux, la sécurité, certains environnements Web mais aussi les messageries. Les technologies Open Source en phase d expansion : ces technologies existent depuis de nombreuses années mais des développements récents ont permi une hausse significative des usages depuis moins de 5 ans. On trouve dans cette catégorie principalement des technologies autour du e-commerce, de la gestion de contenu ou encore des framework ou langages de développement Les technologies Open Source nouvelles entrantes : ces technologies ont connu un développement important depuis moins de 2 ans. Elles sont principalement liées à de nouvelles approches ou de nouveaux usages et on trouvera dans cette catégorie des technologies autour du Cloud Computing (OpenStack, OpenNebula, CloudStack, etc.), du Big Data (Hadoop) ou de l orchestration ou de la supervision (KVM, Puppet, etc.) Perspectives d utilisation future L ensemble des sociétés interrogées s accordent sur l importance de plus en plus forte que prendront les technologies Open Source dans les années à venir. Le solde d opinion (c est-à-dire la
différence entre la proportion de répondants ayant exprimé une opinion positive et la proportion de répondants ayant exprimé une opinion négative) est largement positif à +44 points. Les perspectives confirment l utilisation qui est déjà faite des technologies Open Source à savoir : Les technologies Open Source matures, essentiellement liées aux infrastructures, et en particulier Linux et les bases de données, continueront à se développer du fait de leur interopérabilité et constitueront des standards du marché. Les technologies Open Source en phase d expansion ou nouvelles entrantes connaîtront une hausse importante dans les années à venir et représentent un intérêt particulièrement fort pour le développement de nouveaux usages par les entreprises ou les fournisseurs : Cloud Computing, mobilité, travail collaboratif ou nouveaux environnements web sont en particulier plébiscité. Les Utilisateurs porteront également un intérêt réel aux technologies proches de l utilisateur final (messagerie, suite bureautique, GED ) quand les fournisseurs se concentreront sur des approches plus techniques. Facteurs d influence et critères de choix concernant les technologies Dans un contexte économique qui reste difficile, les entreprises et les fournisseurs portent un regard exigeant sur la capacité d une technologie à leur apporter les bénéfices attendus (fonctionnalités, robustesse, sécurité, rapidité ) pour le meilleur coût total d acquisition et de possession. Dans ce contexte, et au-delà de caractéristiques intrinsèques et souvent déjà connues pour les technologies Open Source (absence de coûts de licence, interopérabilité, indépendance technologique), il est intéressant de noter que de nouveaux critères de choix sont apparus, en particulier pour les entreprises dans lesquelles la technologie est au cœur du modèle économique (fournisseurs de solutions, acteurs de l embarqué). Les processus d innovation ouverte et continue, la disponibilité des ressources, mais aussi la pérennité et la capacité à maîtriser la technologie sur de longues périodes, la flexibilité, l adaptabilité ou encore l excellence technologique sont des critères qui ressortent de plus en plus de la part des entreprises interrogées et qui confirment ainsi les perspectives d utilisation autour des nouveaux usages et des infrastructures. A l inverse, certains freins ou inconvénients restent présents quant au choix des technologies Open Source. Parmi ceux-ci, l inadaptation de certaines technologies à un usage en entreprise est le principal frein tant pour les fournisseurs que pour les Utilisateurs le manque de maturité technologique et le manque de contrôle des solutions déployées ou utilisées ressortent ensuite pour les fournisseurs
le manque de compétences techniques en interne et le manque d ergonomie ressortent ensuite du côté des Utilisateurs Attentes vis-à-vis des compétences Open Source Le niveau actuel des compétences tant chez les fournisseurs que chez les Utilisateurs varie sensiblement selon l environnement technologique concerné. Ainsi : Concernant les logiciels d infrastructures, les solutions bureautiques ou les systèmes d exploitation, l ensemble des sociétés interrogées (fournisseurs et Utilisateurs) considère majoritairement que les compétences sont suffisantes ou très suffisantes Dans les environnements Web ou les solutions de communication, les entreprises interrogées se répartissent de manière sensiblement égales entre celles qui déclarent que leurs compétences sont suffisantes et celles qui estiment que leurs compétences ne sont pas suffisantes Enfin, les compétences sont majoritairement jugées insuffisantes par l ensemble des interrogés dans les progiciels de gestion et dans le décisionnel L acquisition de ces compétences au sein des Utilisateurs s est fait très majoritairement, pour 84% des entreprises, sur le tas. 32% des compétences ont été acquises par le biais de formations professionnelles, 14% par des universités ou écoles d ingénieurs généralistes et 7% par des universités ou écoles d ingénieurs avec une spécialisation Open Source. Bien que certains environnements soient considérés comme suffisamment couverts en termes de compétences, ils ressortent également comme les premières attentes des Utilisateurs et des fournisseurs en termes de formations, signe d une marge de progression encore importante et de besoins d expertise plus poussée sur ces sujets. Les principaux domaines technologiques dans lesquels existent des attentes de formations sont respectivement : Pour les Utilisateurs : les solutions bureautiques (près de 10% des Utilisateurs ont des besoins de formation sur le sujet), Linux (8.7%), Java (5%), Apache (3%), HTML5 (3%) ainsi que des solutions d administration et de supervision (3%). Suivent ensuite d autres environnements et langages de développement tels que PHP, mysql, Tomcat ou encore Javascript mais on voit également apparaître de nouvelles attentes autour des environnements de Cloud Computing ou Hadoop Pour les Fournisseurs : Linux (16%), Apache (12%), Java (10%) et NoSQL (10%) sont les principales technologies pour lesquelles les fournisseurs expriment des besoins de formations. Suivent ensuite les environnements Web (Javascript, Tomcat, MySQL), Cloud Computing, mais aussi décisionnel et Hadoop, portés par une demande importante du marché
Au-delà de ces compétences technologiques, d autres compétences sont également attendues de la part des entreprises afin de favoriser une meilleure maîtrise des environnements Open Source et en particulier : Des compétences approfondies sur les projets d intégration et les projets complexes Une meilleure maîtrise de la gestion des licences et de l impact de celles-ci dans le choix et l usage des technologies Des savoirs-faire plus poussés quant à la capacité à contribuer en interne, en externe ainsi que sur les modalités de travail avec les communautés.
Cartographie des offres de formations en informatique dans l enseignement supérieur Selon les statistiques du Ministère de l Education Nationale et de l INSEE, la France comptait 447 954 diplômés issus de l université en 2010 (BTS, DUT, DEUG, DEUST, Licence, Master, Doctorat) et la projection pour 2011 était de 453 861 diplômés. Parmi ces diplômés en 2011, 6.66% ont suivi une formation en informatique soit 30 268 diplômés universitaires. Selon la Conférence des Directeurs des Ecoles Françaises d Ingénieurs, la France comptait, en 2011, 231 écoles d ingénieurs. Au sein de ces écoles, 30 391 étudiants ont été diplômés en 2011 et ont reçu le titre d ingénieur. Parmi ces ingénieurs, près de 30% (8 877 ingénieurs) iront travailler dans le secteur des technologies de l information ou dans l industrie informatique, à des postes fonctionnels ou techniques. Par ailleurs, parmi ces diplômés d écoles d ingénieurs, 8 855 disposent de compétences techniques en informatique. En 2011, ce sont donc 39 123 nouveaux diplômés disposant de compétences informatiques qui sont arrivés sur le marché du travail (voir Figure 3). Figure 3 : répartition des diplômés disposant de compétences informatiques selon le diplôme Ingénieur informatique 8855 Doctorats / DRT / HDR 716 Bac +5 universitaire 4565 39 123 diplômés disposant de compétences informatiques sont arrivés sur le marché du travail en 2011 Bac +2 universitaire 17725 Bac +3 universitaire 7262
Enseignements issus des entretiens avec les établissements d enseignements supérieurs Dans le cadre de cette étude, 7 universités dispensant des formations informatiques et 8 écoles d ingénieurs (dont certaines écoles généralistes de rang 1) ont été interrogées. Les principaux environnements technologiques étudiés : Au sein de ces établissements, la totalité des étudiants est confrontée aux technologies Open Source, mais de manière plus ou moins intense selon la spécialisation de l établissement. Plus précisément : Infrastructures et réseaux : Linux, Apache et dans une moindre mesure MySQL sont très majoritairement présents dans le cadre des enseignements. Les technologies Microsoft sont également présentes en particulier sur les environnements de projets pour les étudiants avec des dual boot mais aucun enseignement n est dispensé dessus. Développement/Web : la quasi-totalité des développements se fait autour de C, C++, Java, Python et dans une moindre mesure sur Php ou Ruby on Rail. Eclipse est majoritairement utilisé pour Java, ainsi que Struts & Hibernate pour J2EE. Oracle pour les BDD, car cette base de données est très diffusée en entreprises, ou C# sont parfois enseignés. Embarqué / systèmes critiques : la présence du libre dans ces environnements est bien moindre compte tenu de la plus faible maturité des produits Open Source. On trouve ainsi des enseignements autour de Matlab, Esterel Technologies ou d autres outils spécifiques pour les électroniciens par exemple. Mobile : l explosion des besoins en mobilité a fait fortement augmenter les besoins autour de ces compétences et les établissements ont développé de nombreux modules sur ce sujet. Même si quelques formations effectuent des projets sur ios (iphone), Android est le système d exploitation majoritairement étudié. Peu d établissements en France sont aujourd hui présentés comme spécialisés autour du logiciel libre (5 aujourd hui sur la totalité des établissements d enseignements supérieurs en France, 6 en 2014) Le logiciel libre souffre encore auprès des étudiants d une image d environnement réservé aux «bidouilleurs». La désaffection générale en France pour les matières très techniques ainsi que la crainte des étudiants d être catalogué, poussent les établissements à ne pas promouvoir les approches trop techniques, de crainte de ne pas recruter suffisamment de candidats. Pour autant, s il n y a que 5 diplômes «étiquetés» logiciel libre, les établissements sont beaucoup plus nombreux que cela à en assurer la formation et dans certains cas la promotion active. Les critères de choix des établissements La majorité des établissements n a pas de stratégie ou de dogme quant aux logiciels propriétaires ou libres car ces établissements ont souvent en tête de former à des approches, des méthodologies de
conception et de développement informatique valables le plus longtemps possible et non à des technologies qui pourraient être moins durables. Pour autant, les technologies libres sont plus présentes en termes d infrastructures d enseignement pour les raisons suivantes : La maturité de certaines offres (Linux, Eclipse par exemple) donne des garanties très fortes en termes de pérennité, de sécurité, pour un coût total très compétitif. A ce titre, il faut noter que le coût reste un critère discriminant pour les établissements. L impact financier se trouve essentiellement en termes d administration de ces logiciels car les éditeurs ont des tarifs de licence «éducation» très attractifs et hormis quelques logiciels spécialisés, l acquisition est modeste. Les environnements libres correspondent de plus en plus à des standards du marché. Le choix du libre paraît souvent plus pertinent pour les établissements dans la mesure où cela permet de «regarder dans la boîte» en disposant du code source. Les logiciels libres permettent aux étudiants de poursuivre les travaux où et quand bon leur semble, sans devoir disposer de licences. Les environnements libres permettent aux établissements de s affranchir des principales difficultés liées aux licences et de laisser plus de liberté aux étudiants pour manipuler les outils. Des Linux Party sont ainsi souvent organisées en début d année par des associations d étudiants. Si de nombreux établissements disposent de matériel mis à disposition des étudiants (PC, portables, tablettes), ces derniers sont de plus en plus nombreux à ramener leur propre matériel. Les environnements libres permettent de simplifier la gestion des environnements multiples en proposant un terrain «neutre». Les modalités pédagogiques Parmi les enseignements, seuls certains domaines très spécifiques (électronique, temps réel, etc.) ne sont pas abordés via les technologies libres. La plupart des établissements estime que propriétaire et libre ne s opposent mais loue les bénéfices pédagogiques des logiciels libres. Dans la majeure partie des cas, la technologie pour réaliser les projets étudiants est laissée au libre choix de ces derniers. Les établissements demandent néanmoins que les projets développés fonctionnent dans l environnement de l université ou de l école, comme dans un environnement professionnel. Certains établissements poussent également les étudiants à poursuivre leur formation et leur projet via des travaux externes. Le fonctionnement des communautés du libre est en ce sens bien plus simple à gérer pour les formations.
Il n existe pas de formation type en informatique en France. Le positionnement des différents établissements analysés fait en effet apparaître des programmes très variés, tant sur la forme que sur le fond: Les écoles d ingénieurs, en particulier, ont vocation à former des étudiants disposant certes d une spécialisation mais aussi d une large culture générale scientifique. A ce titre, le poids des enseignements techniques est faible dans certaines formations quand les enseignements théoriques ou transverses sont renforcés, en particulier pour les plus grandes écoles d ingénieurs Les universités n hésitent pas pour leur part à développer des formations parfois bien plus spécialisées Des pré-requis indispensables sont communs à la quasi-totalité des formations, avec des intensités variées: infrastructures, réseaux, développement applicatif, environnement web. Quelques formations seulement ont mis en place des enseignements autour des modèles économiques de l industrie du logiciel, des intérêts comparés des approches propriétaires versus Open Source ou du droit des licences. Peu de partenariats ont réellement été formalisés. Pour autant les échanges sont très nombreux avec: Des entreprises, principalement des prestataires de services, qui viennent dispenser des cours pour certaines d entre elles et ont développé des échanges pour des contrats d apprentissage D autres universités ou écoles d ingénieurs, en France ou à l international, pour des échanges ou dans le cadre de projets internationaux Des fournisseurs de solutions matérielles ou logicielles pour le test et les développements sur de nouvelles plateformes à des conditions très préférentielles Les modalités pédagogiques autour de l Open Source La quasi totalité des étudiants est ainsi confrontée à l Open Source, à minima dans un objectif pédagogique. La majorité des établissements ne fait pas de distinction entre les enseignements Open Source et outils du marché. Pour autant, certaines formations ont développé des approches de gestion de projet Open Source, incluant par exemple les contenus suivants: Partenariat avec un acteur majeur de l Open Source Projets comportant des jalons avec des versions intermédiaires, intégrant leurs propres développements mais aussi ceux de la communauté, des contributeurs (dans la promo ou de l extérieur)
Utilisation des outils de gestion de projet Open Source: GitHub, blog, gestion des contributions Perspectives liées à l Open Source et débouchés des établissements L ensemble des établissements interrogés s accordent quant à la progression continue qu a connue l Open Source depuis plusieurs années. A ce titre, elles estiment: Que l Open Source a de plus en plus sa place sur le marché et pour les entreprises, en particulier dans le domaine des infrastructures mais aussi pour tout ce qui concerne les nouveaux projets, les nouveaux usages liés à la mobilité et l innovation Que les approches hybrides (c est-à-dire mélangeant logiciels propriétaires et Open Source) sont amenées à se renforcer encore plus Que des modèles économiques se sont développés autour de l Open Source mais que l écosystème doit continuer à se structurer Que dans certains domaines, les offres d Open Source ne sont pas encore suffisamment mures (systèmes critiques, embarqué par exemple) En termes de débouchés, l ensemble des formations interviewées présentent des taux d embauche très élevés dans les 6 mois suivant le diplôme, confirmant une situation de tension sur le marché des ressources informatiques. On note une localisation forte des embauches dans la région de l établissement ainsi qu une attractivité importante des entreprises qui pratiquent l apprentissage. Les principaux secteurs d activités dans lesquels travaillent les diplômés sont: Les ESN (SSII) et les éditeurs de logiciels pour les formations les plus techniques L industrie ou la banque-finance-assurance pour les formations les plus généralistes.
Préconisations A l issue des entretiens qualitatifs réalisés auprès des établissements d enseignements supérieurs, des entreprises utilisatrices ainsi que de la phase d enquête, et en se basant sur les principales marges de progrès identifiées, nous avons pu identifier 8 préconisations : Préconisation n 1 : Développer un module de formation à destination des entreprises sur les stratégies d innovation et le développement de nouveaux usages via le logiciel libre Objectif poursuivi : Favoriser les innovations numériques en entreprises à travers le logiciel libre Diagnostic effectué : Manque de préparation des directions de projet à gérer des technologies Open Source et en particulier à évaluer les possibilités liées aux licences Modalités pratiques : Un programme de formation axé sur l écosystème libre, le droit des licences et sur les meilleures pratiques liées à l innovation et le travail en communauté - 5 jours de formation Préconisation n 2 : Développer des modules de formation et de perfectionnement à destination des acteurs du secteur IT sur les technologies associées aux segments en forte croissance (e-commerce, mobilité, datacenter, Cloud Computing, Big Data ) : Linux, Apache, Java, Tomcat, NoSQL, Hadoop, Cloud OpenStack Objectif poursuivi : Accompagner la croissance des fournisseurs de solutions sur certains segments spécifiques à fort potentiel Diagnostic effectué : Peu de formations existent au sein des écoles ou universités sur de nouveaux outils Open Source très recherchés Modalités pratiques : Un programme de formation de 3 à 5 jours par module Préconisation n 3 : Mettre en place un groupe de réflexion sur une stratégie de certification des compétences autour de technologies clés de l Open Source Diagnostic effectué : Tous les étudiants et la majorité des informaticiens touchent à l Open Source durant leur formation et leur activité professionnelle mais les compétences techniques varient très fortement et les employeurs peinent à distinguer le niveau réel Objectif poursuivi : Favoriser la reconnaissance des compétences par la mise en place de certifications Modalités pratiques : Réunir les différentes parties prenantes pour valider l intérêt d une certification et définir les modalités de mise en œuvre et d attribution (doit-il s agir d une CQP, d une certification privée, etc.?)
Préconisation n 4 : Développer un module de formation / perfectionnement à destination des fournisseurs du secteur IT sur les méthodes spécifiques aux problématiques d intégration Diagnostic effectué : L hétérogénéité des environnements se renforce et le niveau de compétences des diplômés est insuffisant sur des projets d intégration Objectif poursuivi : Renforcer les compétences sur les problématiques d intégration Modalités pratiques : Un programme de formation axé sur la méthodologie de gestion de projets informatiques complexes, intégrant plusieurs sources et modèles - 5 jours de formation Préconisation n 5 : Identifier les communautés Open Source les plus actives et inciter les étudiants à travailler au sein de ces communautés, en étant accompagnés par des professionnels Diagnostic effectué : La participation aux communautés est un facteur de reconnaissance fort sur le marché. Pour autant, de nombreux développeurs ne les connaissent souvent pas et ne savent pas de quelle manière travailler avec elles Objectif poursuivi : Favoriser une meilleure connaissance des communautés, connaître le poids réel de chacune de ces communautés par pays, identifier les principaux contributeurs et les meilleurs pratiques Modalités pratiques : Identification des communautés et des contributeurs par pays. Mise à disposition des listes de communautés auprès des écoles et universités Mise en place de partenariat avec des experts de ESN/éditeurs pour du tutorat Préconisation n 6 : Développer des modules de formation et proposer des mécanismes de reconversion aux informaticiens spécialisés sur des technologies obsolètes à destination des fournisseurs IT vers des segments de volume (infrastructures, développement web ) Diagnostic effectué : Si les nouveaux diplômés ont tous touché à l Open Source, ce n est pas nécessairement le cas d informaticiens seniors qui ont travaillé plus souvent en environnement propriétaire Objectif poursuivi : Favoriser la reconversion d informaticiens seniors et permettre d apporter de nouvelles compétences sur des marchés en tension Modalités pratiques : Mise à disposition de modules de formations techniques de 5 jours incluant l assimilation des principes de travail avec les communautés Préconisation n 7 : Renforcer les programmes de communication existants et développer de nouvelles approches permettant d attirer les étudiants vers des formations techniques
Diagnostic effectué : L ensemble des formations scientifiques souffre d une relative désaffection de la part des étudiants qui préfèrent des formations plus fonctionnelles Objectif poursuivi : Inciter les étudiants à se diriger vers les formations scientifiques et techniques Modalités pratiques : Mettre en place des structures de collaboration entre les instances de représentation des professionnels mais également de l enseignement secondaire. Inciter les acteurs les plus visibles de l Open Source à communiquer sur le rôle essentiel des compétences techniques. ----------------------------------------------------------