Apériodique n 1/4 5 juin 1 États-Unis : séniorité, précarité? Les personnes de soixante-cinq et plus représenteront un quart de la population américaine d ici dix. Cette évolution risque de bouleverser leur situation économique et sociale et de les faire basculer un peu plus vers la précarité. Si l approche de l âge la retraite inquiète tant, c est avant tout parce que la séniorité est synonyme de baisse des revenus. Une trition budgétaire difficile s impose alors afin d éviter paupérisation financière et spirale d endettement. Les défaillances du système de retraite se retrouvent sous les projecteurs, avec la nécessité pour une grande partie des seniors de poursuivre leur activité bien audel de l âge légal d accès la retraite taux plein. Une situation qui se traduit par une dégradation des termes de l embauche : des rémunérations plus faibles et une généralisation des emplois temps plein. Pour ceux qui s y refusent, c est un pas de plus vers la précarité qui les attend avec, comme sursis, le soutien d un programme d assistance publique. D le domaine de la santé, le tableau n accroche guère le regard. Avec une couverture santé majoritairement publique, les seniors bénéficient d un minimum de soins, mais au prix d une facture élevée et pour une qualité jugée parfois contestable. Des revenus faibles La précarité englobe les différents points de vulnérabilité économique et sociale des individus. Si le niveau de revenu apparaît comme le moyen le plus simple d appréhender la précarité et le risque de pauvreté, il est davantage utilisé comme seuil d alerte. La première cause de précarité des seniors est bien évidemment très fortement liée leurs revenus et l allocation qu ils en font. US : distribution des revenus par classe d'âge 5 1 5 11 19 1 1 1 moins de $ $ 4 999$ 14 5 $ 4 999$ moins de 5 $ 49 999$ En observant la distribution des revenus par tranche et classe d âge, on constate que les seniors sont majoritairement représentés parmi les bas revenus, alors qu ils deviennent progressivement minoritaires d les fourchettes de rémunérations élevées. Ainsi, 7 des seniors ont des revenus inférieurs 5 K USD (ce qui correspond au revenu médian des ménages américains, tout âge confondu), contre seulement 45 des moins de soixante-cinq. 19 14 5 $ 74 999$ 1 6 9 75 $ 1 $ et plus 99 999$ et plus Revenu médian des ménages 5 9 Tous les ménages 4 1 46 6 49 777 Moins de 48 77 5 87 55 81 et plus 47 6 6 1 54
Le revenu médian des seniors est 1,7 fois plus faible que celui des moins de soixante-cinq. Ce constat fait craindre une fragilité économique plus prononcée de cette partie de la population. Le basculement budgétaire au moment de la retraite Cette forte différence d les revenus médi des ménages survient juste après la liquidation des droits la retraite taux plein (soixante-cinq aux États-Unis). Comme la principale source de revenus des seniors provient des pensions de retraite, on peut, juste titre, en déduire que l accès la retraite est un passeport direct vers l austérité budgétaire pour la grande majorité des seniors. US : distribution des revenus des seniors Une paupérisation subie par le plus grand nombre Le coefficient de Gini, qui mesure le degré d inégalité d la distribution des revenus, nous enseigne que les seniors partagent une distribution des revenus beaucoup moins inégalitaire que celle existant parmi les autres classes d âge. US : coefficient de Gini par classe d'âge 7 6 5 4 1 41 7 4 6 66 48 49 45 années 7 années 8 années 9 années total 18 - et plus Source : OCDE, Crédit Agricole S.A., 6,7 9, 9, 11,4 4 6 8 1 Salaires Sécurité sociale Pensions publiques Pensions privées Revenus des actifs Assistance sociale Source : SSA, Crédit Agricole S.A. Ainsi, le taux de remplacement qui représente la part du revenu perçu au moment de la liquidation, par rapport ce qu il représentait avant le départ la retraite, est relativement bas aux États-Unis (9) comparativement la France (49). US : taux de remplacement pour les revenus moyens Le revenu médian des seniors est uniformément faible pour tous. Un très faible pourcentage seulement atteint le cinquième quintile des revenus les plus élevés. conduisant des dépenses calibrées La baisse des revenus contraint les sexagénaires limiter leurs dépenses au strict nécessaire. $ US : dépenses annuelles moyennes par classe d'âge 7 6 5 4 1 75 5 5 1 5 9 49 57 81 1 moins de 5 5-4 5-45-54 5 11 Source : Census Bureau, BLS, Crédit Agricole S.A. 55-64 et plus Les dépenses sont donc concentrées sur le logement (4), le trport (17) et la nourriture (16). Source : OCDE, Crédit Agricole S.A. Les dix points d écart entre les deux pays s expliquent par un système de retraite moins généreux outre-atlantique. N 1/4 5 juin 1
US : répartition des dépenses des seniors 17 7 16,8 Mds $ / an 4 Source : Census Bureau, Crédit Agricole SA nourriture logement autre trports santé loisirs 1 9 8 7 6 5 4 1 US : taux d'emploi des seniors 5 11 5-54 55-64 -69 Etats-Unis Source : OCDE, Crédit Agricole SA 5-54 55-64 France -69 Les sirènes de l endettement Un taux de remplacement des revenus très faible fait craindre une rupture du niveau de vie, difficile accepter, favorisant le développement de l endettement. Si la dette médiane des seniors (6 K USD) est trois fois moins importante que la dette médiane globale (7 K USD), elle a néanmoins plus que doublé en dix. milliers $ 1 1 8 6 4 5,971 4,4 US : évolution de la dette médiane des ménages 11 86, 6,5 4,4 1,7 Sur la crête de la précarité Le taux d emploi des soixante-cinq-soixanteneuf en augmentation Le taux d emploi des plus de soixante-cinq est passé de 4 en 1 quasiment aujourd hui. Cette tendance marquée souligne leur vulnérabilité face aux impératifs financiers. En effet, la prolongation d une activité salariée au-del de l âge de liquidation taux plein, permet une surcote des droits pension ultérieurs jusqu soixante-dix. Il n est donc pas rare d observer des seniors en activité au-del de l âge de la retraite, ce qui est extrêmement rare en France où le taux d emploi des soixante-cinq-soixante-neuf dépasse peine les 5. 7 45, 18 86,5 dette totale médiane moins de 5 5-45 - 54 55-64 et plus Source : Census Bureau, Crédit Agricole SA 7 6 Avec des emplois plein temps Les modalités d emplois des seniors évoluent partir de, avec un recul des statuts mitemps au profit des emplois plein temps, qui deviennent majoritaires. 58 56 54 5 5 48 46 4 4 US : distribution de l'emploi senior par type de contrat 77 8 87 9 97 7 emploi temps plein emploi temps partiel Source : BLS, Crédit Agricole SA Et moins rémunérés que leurs cadets Le revenu médian des soixante-cinq est en moyenne inférieur celui de la classe d âge précédente (des cinquante-cinq-soixante-quatre ). Il y a donc une nette détérioration des termes de l embauche partir de l âge de la retraite. $ 1 9 8 7 6 5 4 US : revenu hebdomadaire médian 4 6 8 1 1 16-4 5-4 5-45-54 55-64 et plus Source : BLS, Crédit Agricole S.A. N 1/4 5 juin 1
Les seniors sont, d la réalité, contraints de travailler davantage et d des conditions de rémunération qui leur sont moins favorables. Le marché de l emploi des seniors est discriminant et pousse la négociation salariale en faveur de l employeur, au détriment d une précarité s cesse plus forte. Un taux de pauvreté améliorer En considérant le seuil des 5 des revenus médi comme niveau de pauvreté, les États- Unis, affichent un taux de pauvreté des seniors relativement modeste en 11 (7,8), même s il concerne,6 millions de personnes. US : seniors sous le seuil de pauvreté 7 6 5 4 1 4 6 8 1 seniors 18-64 jeunes Source : Census, Crédit Agricole S.A. Le recours l assistance alimentaire Si la plupart des programmes d aide alimentaire bénéficient aux plus jeunes, les seniors apparaissent dorénavant comme une nouvelle cible toujours plus importante. Ainsi, le nombre de seniors participants au programme «Supplemental Nutrition Assistance Program» (SNAP) frôle dorénavant les 4 millions d individus. millions 5 45 4 5 5 1 5 US : bénéficiaires de l'aide alimentaire 8 8 8 1 1 1 1 11 1 9 9 1 11 1 1 1 1 1 16 17 18 4 19 moins de 18 18-59 6 et plus Source : USDA, Crédit Agricole S.A. Protection santé limitée La prédominance de la couverture publique En matière de couverture santé, les seniors américains ne sont pas dépourvus de protection. Bien au contraire : le taux de couverture santé est bien plus élevé chez les seniors que sur les autres segments de la population. L assurance santé des seniors se caractérise par une prépondérance d une couverture publique nettement plus forte que partout ailleurs. US : distribution de la couverture de santé 1 1 8 6 4 84 79 98 69 59 58 1 16 Total privée non couvert publique moins de 4 5-64 et plus Le taux de personnes non couvertes est d ailleurs beaucoup plus faible pour les seniors () que pour le reste de la population active (1). Une couverture santé deux vitesses À l occasion des enquêtes annuelles sur les dépenses de santé, on observe une vision bipartite de la satisfaction des usagers face leur couverture santé. Parmi les très satisfaits, la couverture santé privée apparaît comme étant majoritaire, alors qu au sein des insatisfaits, la couverture publique occupe une place dominante. US : perception de l'assurance santé par les et plus 9 81 79 8 7 7 61 6 54 5 4 1 18 9 9 9 1 46 1 Excellent très bon bon satisfaisant mauvais privée publique non assurés N 1/4 5 juin 1 4
Ainsi, la couverture publique est jugée plutôt insatisfaisante. Néanmoins, bien souvent, elle reste le seul moyen de pouvoir accéder aux soins, même si ces derniers sont de qualité discutable. Perception évidemment très fortement pondérée par un coût des dépenses de santé excessif d le budget des seniors. $ 1 1 8 6 4 moins de 5 US : dépenses moyennes et médianes par personne 5-17 médiane Source : MEPS, Crédit Agricole S.A. 18-45 - 64 moyenne et plus Couverture et accès aux soins sont deux choses différentes Selon les statistiques, seuls 9 des seniors déclarent ne pas arriver se soigner et 8 avoir des problèmes d assurance. Ce résultat rassure car, contrairement aux idées reçues, se sont plutôt les classes d âge intermédiaires qui affirment, 59, avoir des difficultés se soigner. Néanmoins, une grande majorité des seniors () déclarent ne pas se soigner ou retarder leurs soins médicaux pour d autres raisons qui regroupent, la fois, l accessibilité physique aux soins (trports pour se rendre d un lieu de soins), mais aussi leurs connaissances des démarches effectuer pour être pris en charge 8 6 4 9 5 7 8 difficultés n'arrivent pas problèmes autres se soigner se soigner d'assurance 18-45 - 64 et plus Conclusion US : personnes non soignées ou retardant leurs soins médicaux 59 51 9 8 Source : Medical Expenditure Panel Survey, Crédit Agricole SA La question de la précarité des seniors est cruciale, car elle reflète la capacité de notre société mieux prendre en charge la vulnérabilité économique et sociale de nos concitoyens. Le niveau de revenus et/ou de pensions retraites est souvent déterminant. Mais, on le voit, le soutien des pouvoirs publics pour prémunir les seniors d une plus grande précarité reste décisif. S couverture de santé publique, une très grande proportion des seniors américains n aurait pas les moyens financiers de se soigner. Medicare, qui représente du mode de financement des dépenses de santé des seniors, joue alors un rôle salutaire pour tous ceux qui ne bénéficient pas d une assurance privée suffisante. Le système est considéré insuffisant, prohibitif et de qualité moyenne. Alors qu en sera-t-il lorsqu il devra absorber l arrivée massive des enfants du baby-boom l âge de la retraite? Crédit Agricole S.A. Études Économiques Groupe 1 place des États-Unis 917 Montrouge Cedex Directeur de la Publication : Isabelle Job-Bazille Secrétariat de rédaction : Fabienne Pesty Contact: publication.eco@credit-agricole-sa.fr Consultez les Études Économiques et abonnez-vous gratuitement nos publications sur : Internet : http://etudes-economiques.credit-agricole.com ipad : application Etudes ECO disponible sur l App store Cette publication reflète l opinion de Crédit Agricole S.A. la date de sa publication, sauf mention contraire (contributeurs extérieurs). Cette opinion est susceptible d être modifiée tout moment s notification. Elle est réalisée titre purement informatif. Ni l information contenue, ni les analyses qui y sont exprimées ne constituent en aucune façon une offre de vente ou une sollicitation commerciale et ne sauraient engager la responsabilité du Crédit Agricole S.A. ou de l une de ses filiales ou d une Caisse Régionale. Crédit Agricole S.A. ne garantit ni l exactitude, ni l exhaustivité de ces opinions comme des sources d informations partir desquelles elles ont été obtenues, bien que ces sources d informations soient réputées fiables. Ni Crédit Agricole S.A., ni une de ses filiales ou une Caisse Régionale, ne sauraient donc engager sa responsabilité au titre de la divulgation ou de l utilisation des informations contenues d cette publication. N 1/4 5 juin 1 5