CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS INSTITUT NATIONAL DES TECHNIQUES DE LA DOCUMENTATION



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Transcription:

CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS INSTITUT NATIONAL DES TECHNIQUES DE LA DOCUMENTATION MEMOIRE pour obtenir le Titre professionnel "Chef de projet en ingénierie documentaire" INTD niveau I présenté et soutenu par Aude Wouaquet le 25 octobre 2006 Le logiciel libre est-il la solution pour informatiser un petit centre de documentation? Enquête et cas du centre de documentation du CITEPA Jury Mme Claire Scopsi M. Mark Tuddenham Cycle supérieur Promotion XXXVI

A Xavier 2

Remerciements Je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui m ont aidé lors de l élaboration de ce mémoire : Les employés du CITEPA et tout particulièrement Mark Tuddenham qui a été un responsable de stage très présent et attentif. Les documentalistes qui ont bien voulu répondre à mes questions et m ont ainsi aidé à faire aboutir ma réflexion. bien des points. Claire Scopsi qui a été là pour répondre à mes questions et m a éclairée sur Les personnes de mon entourage qui ont su m encourager et me faire oublier le stress et la fatigue quand ils se faisaient sentir. Mes camarades de la promotion 36 et plus particulièrement ceux du groupe 3 avec lesquels j ai effectué de nombreux travaux et qui sont parfois devenus des amis. 3

Résumé Le logiciel libre est de plus en plus utilisé, que ce soit par les particuliers ou bien au sein même des entreprises. Le propos de ce mémoire est de tester la validité des logiciels de gestion documentaire actuels dans le cadre de l informatisation d un centre de documentation. Il est tout d abord fait un rappel de ce qu est un logiciel libre, comment on peut le définir mais aussi comment il est fait, quels sont ses avantages et ses défauts. Cette analyse est suivie d une étude de cas sur l informatisation de petits centres de documentation, respectivement ceux de l APPA, l ASPA, l AMDRA et l association Pignon sur Rue, soit avec un logiciel libre, soit avec un logiciel propriétaire. Cette étude a été menée à l aide de questionnaires soumis aux professionnelles de l information en charge de ces structures. Un stage de fin d étude au centre de documentation du Centre Interprofessionnel Technique d Etudes de la Pollution Atmosphérique (CITEPA) a été l occasion d analyser sur le terrain les besoins, les attentes de ce type de petites structures en terme de fonctionnalités et la possibilité d y implanter un logiciel libre. Mots-clés : informatisation, logiciel libre, logiciel open source, gestion de bibliothèque, gestion de documents, association, centre de documentation. WOUAQUET, Aude. Le logiciel libre est-il la solution pour l informatisation d un petit centre de documentation? Enquête et cas du centre de documentation du CITEPA. Mémoire de Diplôme Supérieur, INTD/CNAM, 2006, 99p. 4

Table des matières REMERCIEMENTS... 3 RESUME... 4 TABLE DES MATIERES... 5 LISTE DES TABLEAUX... 7 INTRODUCTION... 8 PREMIERE PARTIE QU EST-CE QUE LE LOGICIEL LIBRE?... 10 1.1 DEFINITIONS... 10 1.1.1 Le logiciel... 10 1.1.2 Logiciel propriétaire... 10 1.1.3 Logiciel libre... 11 1.1.4 Les licences... 14 1.1.5 Le libre face aux brevets logiciels... 17 1.2 POUR QUI EST FAIT LE LIBRE : AVANTAGES ET INCONVENIENTS... 18 1.2.1 Comment fait-on du libre?... 18 1.2.2 Les avantages... 19 1.2.3 Les inconvénients... 21 1.3 PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE... 22 DEUXIEME PARTIE CHOIX D UN LOGICIEL POUR INFORMATISER UN PETIT CENTRE DE DOCUMENTATION... 24 2.1 POURQUOI INSTALLER UN LOGICIEL LIBRE DANS UN PETIT CENTRE DE DOCUMENTATION?... 24 2.1.1 Définition d un petit centre de documentation... 24 2.1.2 Typologie des utilisateurs... 24 2.2 STRATEGIE DE CHOIX D UN LOGICIEL... 26 2.2.1 Les SIGB libres étudiés... 26 2.2.2 Les SIGB propriétaires étudiés... 33 2.3 ETUDE PARADIGMATIQUE... 37 2.4 ANALYSE COMPARATIVE... 49 2.5 VERS UN PASSAGE AU LIBRE?... 51 5

TROISIEME PARTIE LA REINFORMATISATION DU CENTRE DE DOCUMENTATION DU CITEPA... 53 3.1 PRESENTATION DE LA STRUCTURE... 53 3.2 ETAT DES LIEUX DU CENTRE DE DOCUMENTATION AVANT LE DEMARRAGE DU PROJET... 54 3.2.1 Type de documents... 54 3.2.2 Bilan du centre de documentation avant intervention... 57 3.3 REORGANISATION DU CENTRE DE DOCUMENTATION DU CITEPA... 59 3.3.1 Le plan de classement... 59 3.3.2 Gestion, organisation et traitement du Fonds... 61 3.4 LE CHOIX DU LOGICIEL DE GESTION DOCUMENTAIRE... 61 3.4.1 Evaluation des SIGB propriétaires et prise de décision... 63 3.4.2 Le centre de documentation du CITEPA et le logiciel libre... 67 CONCLUSION... 68 BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE ET THEMATIQUE... 70 ANNEXES... 78 ANNEXE 1 RETRANSCRIPTION DU QUESTIONNAIRE... 79 ANNEXE 2 PLAN DE CLASSEMENT DE L IFE (INSTITUT FRANÇAIS DE L ENERGIE)... 83 ANNEXE 3 PLAN DE CLASSEMENT DU CITEPA... 85 ANNEXE 4 CAHIER DES CHARGES POUR LE CHOIX D UN LOGICIEL DE GESTION DOCUMENTAIRE... 88 6

Liste des tableaux TABLEAU 1 : ANALYSE DE LOGICIELS DOCUMENTAIRES LIBRES... 28 TABLEAU 2 : CHOIX DE SIGB LIBRE... 31 TABLEAU 3 : PRESENTATION DE SIGB PROPRIETAIRES... 34 TABLEAU 4 : ETUDE PARADIGMATIQUE DE CHOIX DE LOGICIEL... 37 TABLEAU 5 : PRESENTATION D'UN PETIT CENTRE DE DOCUMENTATION... 50 TABLEAU 6 : LES UTILISATRICES DU PROPRIETAIRE PARLENT DU LIBRE... 51 TABLEAU 7 : COMPARATIF DE LOGICIELS PROPRIETAIRES... 64 7

Introduction Ce mémoire aborde la possibilité pour un petit centre de documentation de s équiper avec un logiciel de gestion documentaire libre. Depuis les années 1980 on entend de plus en plus parler de ce type de logiciel, qui s il est né dans le domaine de la recherche informatique, remporte à présent un franc succès auprès d un public qui y trouve son compte. Il n est pas évident de définir ce qu est le logiciel libre, ni de véritablement le différencier de l Open Source. La distinction est d autant plus délicate qu à l heure actuelle la plupart des gens pensent que Open Source veut dire «logiciel libre» alors qu il s agit de deux courants différents militant en faveur de la libération des codes sources des logiciels. Si on s en tient à l étude du logiciel libre seul, on remarque également qu il y a différentes variantes et que libre ne veut pas forcément dire gratuit. Il faut également savoir que depuis quelques années des licences sont également attachées à ce type de programme et qu ils ne sont pas élaborés dans l anarchie la plus totale. Un certain nombre de mises au point sont donc nécessaires. Si le logiciel libre a beaucoup évolué depuis ses débuts, le logiciel libre de gestion documentaire en est encore à ses prémices. Les offres disponibles sur le marché sont peu nombreuses, certains projets avortent d eux-mêmes faute de contributeurs et surtout il faut que les mentalités évoluent et se fassent à ce type de système. Jusqu à présent les documentalistes employaient pour gérer leur fonds documentaire des logiciels de type propriétaire, avec tout ce que cela implique : aide à l installation, documentation de qualité, assistance téléphonique (développement des hotlines). Des sociétés importantes se partagent le marché et font figure de leaders avec une réelle volonté de satisfaire le client. Dans certains cas, un simple fichier Excel suffisait aussi pour recenser la documentation d une structure. Néanmoins, toute une population de documentalistes ne pouvait avoir accès à ce type de système, d une part pour une question de budget, d autre part, il faut également prendre en compte le fait que ce genre de logiciel gère un grand nombre de fonctionnalités qui peuvent paraître superflues en fonction du volume et de la nature du fonds documentaire géré. Le logiciel libre, qui pratique le «sur-mesure», pouvait donc paraître séduisant et permettre à ces petites structures de s équiper gratuitement ou tout du moins à moindres frais. Certaines se sont déjà lancées dans l expérience comme en témoigne la présence de références sur les sites Internet qui servent de plate-forme à ce type de logiciel. Le propos de cette étude est d étudier la faisabilité de ce type de projet et de déterminer si le logiciel libre est la solution pour équiper un petit centre de documentation. Dans un premier temps, toute une réflexion est menée sur le logiciel libre, ce qu il est et ce qu il n est pas, en quoi il se différencie du logiciel propriétaire, quelles sont les licences qui lui sont 8

attachées (car il faut savoir que les logiciels libres sont aussi protégés par des licences qui leur sont propres). Afin d en savoir un peu plus, une présentation de la manière dont on peut s y prendre pour faire du libre est faite, avec une évocation des communautés qui sont attachées à ce type de logiciel et contribuent à son élaboration. Les avantages et les inconvénients du logiciel libre sont également comparés. Dans une deuxième partie est traitée la question du choix d un logiciel de gestion documentaire pour équiper un petit centre de documentation, avec une définition de ce qu est un petit centre de documentation dans le cadre de cette étude. Quatre logiciels sont présentés et analysés, deux libres, Koha et PMB et deux propriétaires, Alexandrie et CinDoc. Afin d étayer ce propos et de donner un peu plus de valeur à cette étude, un comparatif de l emploi de ces logiciels dans quatre structures documentaires est fait. Il s agit de quatre associations, qui sont l APPA et l ASPA (spécialisées dans l étude de la pollution atmosphérique), l AMDRA (Musique et Danse en Rhône-Alpes) et Pignon sur Rue (spécialisée dans la promotion du vélo comme mode de déplacement). Ce comparatif permet d en savoir un peu plus sur les attentes des documentalistes de ces structures et d évaluer si un logiciel libre aurait été approprié. Enfin, une dernière partie concerne la présentation du stage qui s est déroulé au CITEPA et les étapes qui ont marqué sa réorganisation ainsi que sa réinformatisation. Ce stage a été l occasion d observer directement sur le terrain les différentes étapes du processus de réinformatisation d une structure documentaire ainsi que les décisions qui ont été prises au sujet du nouveau système documentaire. 9

Première partie Qu est-ce que le logiciel libre? 1.1 Définitions 1.1.1 Le logiciel Avant de définir ce qu est le logiciel libre, il faut faire un rappel de ce qu est un logiciel. Un logiciel (ou application, ou programme) est un ensemble de codes et d instructions destinés à être lus par un ordinateur 1. La définition d Arlette Boulogne 2 : «Ensemble de programmes, procédés et règles, et éventuellement de la documentation permettant le fonctionnement d un ensemble de traitements de l information. NB : le logiciel existe indépendamment des supports utilisés pour le transporter» introduit la notion de documentation attachée à ce logiciel. Dans un logiciel, on distingue le code source, c'est-à-dire l ensemble des instructions servant à fabriquer le logiciel et le code binaire qui représente le logiciel «fabriqué et utilisable par l ordinateur». Ce code source est rédigé en langage mathématique. Afin d en faciliter la lecture, le code source est souvent agrémenté de commentaires. Une définition nettement plus complète, d'erwan Esnault (consultant en nouvelles technologies), est disponible en ligne 3 : Le code source est la représentation dans un langage humainement compréhensible du fonctionnement d'une œuvre. Le langage est choisi initialement par l'auteur. Ce langage peut-être également standardisé, normalisé ou tout au moins reconnu et utilisé de la même manière par un ensemble de personnes. Le code source peut être complété de commentaires et de documentation en langage naturel. Le but du code source est d'être utilisé par un dispositif de transformation en langage compréhensible (processeur, compilateur, interpréteur) par une machine numérique (un ordinateur) qui donnera le code machine. L'utilisation de ce code sur la machine donnera l'œuvre. Le fait que ce code source soit disponible ou non va déterminer la nature du logiciel, libre ou propriétaire. 1.1.2 Logiciel propriétaire Lorsqu on achète un logiciel, la plupart du temps le code source reste la propriété de l éditeur du logiciel et est tenu secret : on dit alors que le logiciel est propriétaire. La 1 [4] B. Chevalier, p. 2. 2 [1] A. Boulogne, p.150. 3 [39] http://www.linux-france.org/prj/jargonf/c/code_source.html 10

majorité des utilisateurs s en tiennent là et acquièrent donc par l intermédiaire de cet achat de logiciel une licence qui leur permet de se voir transmettre certains droits par l éditeur sur l utilisation du logiciel. Ces droits se limitent à l utilisation et ne peuvent en aucun cas entraîner de modification ou de diffusion de ce logiciel. Du point de vue légal, si une personne veut installer ce type de logiciel sur plusieurs ordinateurs, elle devra acquérir autant de licences d exploitation du logiciel qu il y a de postes informatiques. 1.1.3 Logiciel libre Au début des années 1980, on commence à entendre parler d un autre type de logiciel : le logiciel libre, c'est-à-dire un logiciel dont le code source est rendu accessible. Progressivement ce logiciel libre s est vu attacher une licence permettant de modifier l application et éventuellement de la remettre en circulation une fois modifiée. Ce type de logiciel se développait déjà dans les années 1970 dans le milieu de la recherche informatique, la libération du code source permettant de faire avancer plus vite les recherches. Mais c est l introduction de plus en plus courantes de licences d exploitation qui limitait les possibilités d évolutions qui a conduit Richard Stallman (informaticien du MIT 4 travaillant sur le système d exploitation UNIX 5 ) à créer en 1984 la FSF 6 pour promouvoir un projet de système d exploitation libre : GNU 7, qui signifie «GNU is not UNIX». Cette association promeut également l utilisation du logiciel libre notamment par un site Internet qui existe en version française 8. Dans un premier temps ce sont de petits programmes qui ont été créés par l intermédiaire du libre, l aboutissement espéré étant un système d exploitation entièrement libre permettant d être totalement indépendant. La solution est venue d un étudiant Finlandais de 21 ans, Linus Torvalds, qui en créant un système d exploitation baptisé LINUX (ou plus justement GNU/LINUX) en 1991 à partir d un petit système d exploitation déjà existant appelé MINIX, vint apporter la dernière pierre à l édifice. Ce type de logiciels a connu un succès grandissant dans le milieu informatique, les particuliers n y étant pas vraiment sensibilisés au départ. La création de la FSF a été un moyen de diffuser de l information sur ce type de logiciel et les perspectives qu il offre. On sait aujourd hui que les systèmes propriétaires sont encore très largement majoritaires : près de 86,5 % pour Windows, 3,5% pour LINUX et 3,8 % pour MacOS (chiffres de septembre 2006 9 ), en revanche la majorité des serveurs Internet (70%) fonctionnent sous LINUX / Apache. 4 Massachussets Institute of Technologies 5 Unix est un système d exploitation ouvert, d usage souvent professionnel. Créé en 1969, il a donné naissance à GNU/Linux, BSD et Mac OS. 6 Free Software Foundation 7 [29] http://www.gnu.org/home.fr.html 8 [30] http://www.fsffrance.org 9 [40] http://www.w3schools.com/browsers/browsers_stats.asp 11

Il est assez délicat de définir ce qu est un logiciel libre, d autant plus qu il y a deux courants distincts qui revendiquent ce droit, les partisans de l appellation «logiciel libre» et ceux de l «Open Source». La première définition complète de l'expression Logiciel Libre apparaît dans le GNU's Bulletin, vol. 1 no. 6, publié en janvier 1989. Elle reprend les principaux concepts défendus par Richard Stallman. Le logiciel libre est définit en quatre points qui sont appelés les «quatre libertés», celles-ci sont disponibles sur le site Internet GNU : La liberté d'exécuter le programme, pour tous les usages. Imposer des restrictions concernant l'utilisation d'un Logiciel Libre, par exemple dans le temps («période d'essai de 30 jours», «cette licence expire le 1er janvier 2004»), géographiquement («ce logiciel ne peut être utilisé dans les pays suivant : X, Y, Z») ou dans ses domaines d'application («autorisation accordée pour l'utilisation dans les programmes de recherche et pour une utilisation non-commerciale») a pour conséquence de rendre ce programme non-libre. La liberté d'étudier le fonctionnement du programme, et de l'adapter à vos besoins. Soumettre la compréhension d'un programme à des restrictions légales ou pratiques, telles que l'obligation d'acheter des licences, de signer un accord de non-divulgation (NDA, Non-Disclosure-Agreement en anglais) ou - pour un langage de programmation ayant différentes représentations possibles - rendre inaccessible la façon la plus simple de comprendre et d'éditer un programme («le code source») en font un programme propriétaire (non-libre). Sans la liberté de modifier le programme, les gens restent à la merci d'un vendeur unique. La liberté de redistribuer des copies, donc d'aider votre voisin. Le coût de la copie et de la distribution des logiciels est dérisoire. Si vous n'avez pas le droit de donner un programme à une personne en ayant besoin, cela en fait un programme non-libre. Vous pouvez cependant choisir de le faire moyennant rémunération. La liberté d'améliorer le programme et de diffuser vos améliorations, pour le bien de toute la communauté. Selon le domaine, tout le monde n'a pas le même niveau de programmation. Certaines personnes ne savent pas du tout programmer. Cette liberté permet à ceux qui n'ont pas le temps ou les compétences pour résoudre un problème d'accéder indirectement à la liberté de modification d'un logiciel. Cela peut se faire en échange d'une rémunération. Ces libertés ont été édictées par Richard Stallman qui s est servi de ce support pour créer la licence GPL sur laquelle nous reviendrons. Il y a donc d une part le logiciel libre (free software, terme qui peut prêter à confusion à cause de la notion de gratuité qu il induit alors que le libre n est pas forcément gratuit 10 par exemple des supports CD peuvent être vendus par LINUX même si le logiciel en lui-même est gratuit) mais également l Open Source. 10 [23] Y. Rastetter, p. 16. 12

La notion d «Open Source» est apparue en 1998, au sein de la société RED HAT et de militants de l Open Source Initiative 11 une autre société américaine faisant autorité dans le domaine du logiciel libre et celle-ci renvoie directement au fait que le code source est disponible : cette notion a été vite reprise par des éditeurs propriétaires qui se permettent d employer ce terme pour des applications commercialisées alors qu elles étaient issues d une partie de logiciel libre. L'Open Source Initiative retient dix critères pour qu'une licence soit «open source» : 1 - la licence doit prévoir la libre redistribution du programme qui fait partie d une distribution d un programme agrégé; la licence ne peut prévoir de paiement de royalties pour pareille redistribution. 2 - la licence doit prévoir l accès au code source ; 3 - la licence doit garantir la liberté de pouvoir modifier et distribuer les travaux dérivés sous les mêmes conditions que la licence du logiciel initial ; 4 - la licence doit garantir la paternité de l'auteur et peut prévoir que les modifications du logiciel ne pourront être distribuées que sous la forme de «patchs» garantissant ainsi l intégrité du code source de l auteur; la licence doit expressément permettre la distribution des logiciels dérivés; la licence peut requérir que ces logiciels dérivés portent des noms et des numéros de versions distincts de ceux du logiciel original ; 5 - la licence ne peut pas permettre de discrimination entre personnes, groupes ou entre certains secteurs d'activités; 6 - la licence ne peut restreindre l usage du logiciel pour certains champs d activités; 7 - les droits transmis avec le logiciel doivent être retransmis à toute personne à qui le logiciel est redistribué; cette redistribution ne peut se faire sous une licence additionnelle plus restrictive ; 8 - les droits transmis avec le logiciel «open source» ne dépendent pas du fait que ce logiciel soit redistribué avec d autres logiciels : le caractère «open source» du logiciel en question doit être conservé ; la licence ne peut donc être spécifique à un produit, à un package ou à un réseau de distribution ; 9 - les logiciels distribués avec celui soumis à la licence ne doivent pas nécessairement être «open source» ; en d autres termes, l «open source» permet d éviter la «contamination»; 10 - les termes de la licence doivent respecter le principe de neutralité technologique. On peut retenir d après ces critères que l approche de l OSI est plus pragmatique que celle de la FSF, qualifiée d éthique. Une documentation très complète sur le logiciel libre et l Open Source est disponible en ligne sur le portail du libre de Wikipédia 12. La libre copie étant un thème récurrent, ce type de logiciel peut être subdivisé en plusieurs catégories : il y a les logiciels du domaine public, les freewares, les sharewares, les cripplewares et les logiciels semi libres. 11 [31] http://www.opensource.org/ 12 [42] http://fr.wikipedia.org/wiki/portail:logiciels_libres 13

Le logiciel du domaine public 13 est celui qui offre la plus grande marge de manœuvre pour l utilisateur car l auteur offre le code source mais également cède tous ses droits, ainsi l utilisateur qui modifie l œuvre initiale pourra se voir gratifier du droit d auteur sur ce qu il aura produit. Avec le freeware 14, l auteur laisse son programme en libre utilisation mais ne donne pas le code source et se réserve le droit de commercialiser d éventuelles solutions ultérieures. Le shareware 15 est une sorte de freeware dont l usage gratuit est à durée limitée. Les crippleware 16 ou trialsoftware sont des shareware dont l auteur bloque l usage au-delà de la période d essai si l utilisateur n a pas payé. En ce qui concerne les logiciels semi libres, ceux-ci sont utilisables gratuitement si l utilisateur ne l emploie pas dans un but lucratif (dans le cas d étudiants, ou de bibliothèques par exemple). Il n est donc pas évident de s y retrouver dans toutes ces catégories et l utilisateur doit être bien attentif à la nature du logiciel qu il utilise. Le libre et l Open Source ayant été définis, il convient à présent de faire le point sur les licences qui sont attachées à ces programmes libres. 1.1.4 Les licences On a vu précédemment que ce sont les trop nombreuses restrictions imposées par les licences des logiciels propriétaires qui ont conduit à la création d associations de promotion du logiciel libre mais il faut savoir que les logiciels libres sont également soumis à des licences, c est d ailleurs obligatoire pour tout logiciel quelle que soit sa nature: l auteur ou l éditeur doit ainsi préciser les conditions d utilisation du logiciel, et les droits induits par l acceptation de la licence. Il n est pas question ici de parler de l ensemble de ces licences qui sont très nombreuses, à ce propos Juliette Doury Bonnet 17 cite dans sa publication la juriste Mélanie Clément-Fontaine qui évoque un domaine «flou» car certaines de ces licences ne sont spécifiques qu à un seul produit, je ne vais donc évoquer que les trois principales licences spécifiques au logiciel libre. Tout d abord, un rappel de ce qu est une licence : «Une licence est un contrat entre l auteur ou l éditeur d un logiciel et l utilisateur, définissant les droits, les obligations et les limites de la responsabilité des parties. On écrit License en américain 18.» La première licence libre créée est la GNU GPL 19 (General Public licence) à l initiative de la FSF en 1989. Elle reprend dans ses principes les 4 libertés énoncées précédemment. Elle a 13 [4] B.Chevalier, p. 17. 14 [4] B.Chevalier, p. 16. 15 [5] M. Gharsallah, p.1. 16 [39] http://www.linux-france.org/prj/jargonf/c/crippleware.html 17 [22] J. Doury-Bonnet, p.1. 18 [4] B. Chevalier, p. 122. 19 [3] Perline, T. Noisette, p. 11. 14

été créée dans le but d éviter que des éditeurs propriétaires ne récupèrent des contributions libres et pour éviter de se retrouver avec un code qui alterne les parties libres et non-libres. Cette licence est soumise au «copyleft 20» (ou «gauche d auteur», en réaction au «copyright» ou droit d auteur), c'est-à-dire que n importe quel logiciel intégrant du code source soumis à la GPL devient automatiquement GPL ; cette licence peut poser des problèmes car un logiciel peut ainsi se trouver soumis à deux licences différentes et d autre part des éditeurs de logiciel propriétaires peuvent se l approprier, en revanche elle interdit à quiconque de rendre son logiciel propriétaire après avoir utilisé du libre. En 1992, la GPL a évolué en GPL v2 : Richard Stallman engagea un juriste afin de donner à cette licence plus de poids juridique et de crédibilité. Celle-ci s inspire des dispositions légales nord-américaines. A l heure actuelle, la GPL v3 est en cours d élaboration : les quatre libertés fondamentales énoncées plus haut sont maintenues, ainsi que la notion de copyleft. Il est prévu que cette version soit plus internationale et n ait pas comme source principale la législation nordaméricaine ; Celle-ci devrait également tenir compte de la question de la gestion numérique des droits (DRM) et des brevets logiciels. De plus elle devrait rendre la licence GPL compatible avec d autres licences libres en réduisant les restrictions. En 1991 est apparue une nouvelle licence, toujours à l initiative de la FSF : la LGPL, connue d abord sous le nom de Library GPL licence publique générale de bibliothèque (on entend par là bibliothèque informatique). Pour précision voici une définition de ce qu est une bibliothèque au sens informatique du terme : Ensemble de fonction et/ou de procédures, ayant de préférence un point commun, dont les spécifications sont publiées et qui peuvent ainsi être utilisées par divers programmes. Les fichiers contenant les bibliothèques ont souvent l'extension LIB, de l'anglais library 21. La LGPL est ensuite devenue Lesser GPL, c est à dire licence publique moins générale. Cette licence permettait l intégration de modules non libres, le copyleft y était donc moins sévère néanmoins la FSF ne la recommandait que dans des cas bien spécifiques : en février 1999, Richard Stallman a publié un article dans lequel il recommandait d utiliser la GPL au lieu de la LGPL 22, et la LGPL a été requalifiée en licence GPL amoindrie. Cette licence permet aujourd hui aux entreprises qui ont choisi de travailler sous LINUX de pouvoir commercialiser des produits informatiques par exemple, ceci est bien la preuve que libre ne veut pas dire gratuit! Enfin la BSD (Berkeley Software Licence) existe depuis 1989, cette licence a été créée par l Université américaine de Berkeley pour permettre la diffusion des travaux de ses 20 [7] N. Bouillon, L.Nussbaum, T. Petazzoni, p. 5. 21 [39] http://www.linux-france.org/prj/jargonf/b/bibliothegrque.html 22 [29] http://www.gnu.org/licenses/why-not-lgpl.fr.html 15

chercheurs. Contrairement aux licences précédemment citées, elle n inclut pas de clause de copyleft et permet d inclure du code sous licence BSD dans un programme propriétaire. Celle-ci comportant à l origine une clause publicitaire c'est-à-dire que les utilisateurs devaient mentionner la phrase suivante dans leur programme : All advertising materials mentioning features or use of this software must display the following acknowledgement:this product includes software developed by the University of California, Berkeley and its contributors. Une version modifiée appelée Modified BSD a été instaurée qui reprend les caractéristiques de l originale sans la clause publicitaire. Il n a pas été jugé très pertinent de répertorier dans cette étude toutes les licences de logiciels libres, compatibles ou non avec la GPL, néanmoins pour information on peut les retrouver en ligne sur le site Internet de la FSF. A signaler tout de même qu en France, nous avons à notre disposition la licence CECILL. En effet, ces licences reposant essentiellement sur le droit américain, cela posait quelques problèmes de conformité avec le droit européen 23. En France, les logiciels sont protégés par le droit d auteur et les GPL et autres pouvaient prendre effet mais deux points posaient problème : notamment concernant l absence totale de responsabilité des auteurs ainsi que l absence de délimitation des droits cédés (l article L131-3 du Code de la propriété intellectuelle impose une délimitation précise des droits cédés) 24. Donc en 2004 le CEA, le CNRS et l INRIA ont créé la licence CECILL. Depuis, de nouvelles versions sont apparues avec notamment CECILL v2, puis CECILL-B et CECILL-C. CECILL reprend les principes de base de la GNU GPL : si quelqu un distribue un logiciel réalisé à partir d un logiciel sous CECILL, il doit le distribuer sous CECILL. En définitive, cette licence permet de : Donner des précisions sur la responsabilité de l auteur. Donner des précisions sur l étendue du droit cédé : et ceci est valable pour le monde entier. afin de lui permettre de vivre, elle précise que si du code GPL est ajouté à un logiciel sous CECILL, celui-ci basculera vers la licence GPL. CECILL-B comme la BSD donne une plus grande liberté au licencié qui peut modifier le logiciel et le diffuser ensuite avec la licence de son choix (sous réserve d avoir publié sur une page web publique une citation de l usage du logiciel). CECILL-C concerne le cas des bibliothèques (informatiques, voir définition précédente) et plus précisément des composants logiciels : les utilisateurs doivent rediffuser à la communauté les modifications qui ont été réalisées sur un logiciel sous licence CECILL-C. 23 [12] G. Giraudon, p.6. 16

Mais la licence CECILL ne résout pas tout car comme vu précédemment un module de logiciel CECILL agrégé à un module GNU GPL devient GNU GPL 25, ce qui revient à annuler la solution au problème de conformité avec le droit Français et Européen. Après avoir fait le point sur les principales licences libres, il convient de revenir sur un problème d actualité, les brevets logiciels. 1.1.5 Le libre face aux brevets logiciels On a vu qu il était obligatoire pour utiliser un logiciel d acquérir une licence (payante ou gratuite selon la nature du logiciel) mais en matière de règles, la brevetabilité des logiciels soulève bien des débats. C est la thématique d actualité et il convient de s y attarder car celle-ci concerne aussi bien les logiciels libres que propriétaires. Le brevet logiciel est cité comme une menace par les tenants du libre mais les éditeurs du propriétaire n y sont pas forcément favorables. Afin de nous éclairer un peu sur le sujet, citons une définition du brevet sur Wikipédia : «Un brevet est un titre de propriété industrielle qui confère à son titulaire un droit exclusif d'exploitation sur l'invention brevetée, durant une durée limitée (généralement 20 ans, voire 25 dans le cas de certains produits pharmaceutiques) et sur un territoire déterminé (en général un pays unique, et dans certains cas un groupe de pays, par exemple dans le cas du brevet eurasien). En contrepartie, l'invention doit être divulguée au public ; en pratique, les demandes de brevet sont automatiquement publiées 18 mois après la date de priorité, c'est-à-dire le premier dépôt, sauf cas particuliers (notamment aux États-Unis, bien que le Patent and Trademark Office essaye de respecter ce délai depuis le 29 novembre 2000)». Le problème qui se pose avec cette application du droit au logiciel est qu il s agit de breveter la mise en œuvre d une idée et pas l idée elle-même. Ce qui serait un véritable frein pour la création logicielle. Cette pratique (breveter des logiciels) est courante actuellement aux Etats-Unis 26 et au Japon et les débats font rage en Europe entre partisans et opposants à ce phénomène qui concerne également les éditeurs de propriétaire car si pour l instant les procédures judiciaires ne sont pas légion, la stricte application du droit des brevets entraînerait l incapacité d évoluer de bon nombre de solutions logicielles et les petites entreprises peu fortunées ne pourraient résister aux Majors détentrices de brevets en cas de conflit judiciaire. Richard Stallman, pour ne citer que lui, est bien entendu farouchement opposé à ce projet. A la mi-octobre 2006 devrait avoir lieu un débat sur la question au Parlement Européen, dont il n est pas sûr qu émerge une solution face à cette menace. Après avoir défini ce qu est le logiciel libre, présenté certaines des licences qui lui sont attachées, il convient de faire le point sur la faisabilité du libre, c'est-à-dire comment on fait 24 [18] S. Thébault, p. 8. 25 [13] F. Macrez, R. Rivière, p.10. 26 [10] J. Zimmerman, p.17. 17

du libre, quels sont ses avantages et ses inconvénients pour enfin aboutir à la définition de la problématique de cette étude. 1.2 Pour qui est fait le libre : avantages et inconvénients 1.2.1 Comment fait-on du libre? Eric Raymond 27 fait une très bonne description de l élaboration d une solution libre (à noter qu il emploie le terme «Open Source») dans son désormais célèbre «La cathédrale et le bazar». La cathédrale désigne précisément une architecture logicielle rigoureuse que l on retrouve chez le logiciel propriétaire avec une équipe de développeurs centrés sur un projet en particulier, qui mettent plusieurs mois avant de lancer une application pour être sûrs d avoir une version optimum et font des mises à jour à raison d une ou deux fois par an afin de corriger les éventuels bugs. A ce modèle s oppose «Le bazar», où la solution logicielle est élaborée par une multitude de contributeurs (eux-mêmes amenés parfois à travailler sur des projets différents). Ce modèle pourrait sembler anarchique et voué à l échec mais comme le décrit Eric Raymond, ce bazar est en fait une sorte de regroupement d une foule de petites cathédrales (de petites équipes qui se consacrent à un aspect particulier du logiciel). Mais comment faire du libre? On sait que ce qui propre au logiciel libre est la disponibilité du code source, donc souvent et c est même recommandé, on part d une application déjà existante pour la perfectionner et rares sont les projets libres qui partent de zéro (ce qui est le cas avec Koha et PMB): la référence dans ce domaine, Linus Thorvalds a développé ce qui est devenu Linux à partir de Minix 28, un petit système d exploitation ressemblant à UNIX. Le projet peut démarrer d une seule personne comme ce fut le cas pour Richard Stallman et Linus Thorvalds 29 et il est important que quelqu un garde les rênes du projet, que le projet soit piloté par une personne afin d éviter qu il ne sombre dans l anarchie et soit voué à la cessation : en ce qui concerne Linux, Linus Thorvalds joue encore un rôle majeur même si une armée de bêta-testeurs et de contributeurs s est greffée au projet. Il est intéressant de voir également qui contribue à ce genre de projets : les contributeurs peuvent être de simples particuliers même si une majorité font partie de la sphère informatique. La notion de «partage» est évoquée par Daniel Pascot 30. Les contributeurs peuvent contribuer de façon non lucrative ou bien être rémunérés 31 comme c est le cas pour les chercheurs en informatique dans les Universités. Mais ils ont tous un point commun, déterminant pour que ce système fonctionne selon Eric Raymond, ils sont passionnés. Les 27 [2] E. Raymond, http://www.linux-france.org/article/these/cathedrale-bazar/cathedralebazar_monoblock.html 28 [41] http://membres.lycos.fr/bubbledog/minix/minix.htm 29 [4] B. Chevalier, p. 25. 30 [11] D. Pascot, p.20. 18

contributeurs sont également souvent des utilisateurs du logiciel sur lequel ils travaillent (ce qui est une motivation supplémentaire). Le fait qu ils soient nombreux n est pas un handicap, au contraire selon la «Loi de Linus 32», plus le nombre de contributeurs est grand, plus les chances de construire un outil performant sont assurées : «Etant donné un ensemble de bêta-testeurs et de co-développeurs suffisamment grand, chaque problème sera rapidement isolé, et sa solution semblera évidente à quelqu un». Toute personne un tant soit peu motivée et ayant les compétences requises peut donc participer en tant que développeur, et si ses compétences sont un peu plus limitées il peut devenir bêta-testeur c'est-à-dire tester les versions bêta des solutions et détecter les incohérences et éventuels bugs. Il est à noter que le petit monde du logiciel libre accueille très volontiers les rédacteurs ou traducteurs de documentation. Le propre du logiciel libre est de mettre très rapidement à disposition la solution et ensuite de faire des mises à jour très régulières (Linus Thorvalds avoue avoir fait parfois plusieurs mises à jour du noyau de Linux en une seule journée, ce que l on ne voit jamais ailleurs et ne se fait pas avec le logiciel propriétaire). Les contributeurs sont généralement rassemblés en «communautés» 33. On retient de la communauté de contributeurs que c est un rassemblement de contributeurs autour d un même projet. En général, une personne est à l instigation du projet mais d autres personnes (cela peut aller de quelques dizaines à plusieurs milliers) peuvent apporter leur contribution en signant leurs apports mais celles-ci ne leurs sont pas appropriées. Ces contributions sont apportées par l intermédiaire d une forge 34. Une forge est une plate-forme de développement coopératif propre à un logiciel. Les échanges se font via Internet. Il est à noter que l on peut faire partie d une communauté d utilisateurs sans forcément apporter de contributions pour pouvoir utiliser le logiciel. Internet est un mode de communication qui a été essentiel dans le développement des logiciels libres, ainsi la participation à des listes de diffusion est encouragée sur le site de la FSF ou par exemple lorsqu on télécharge un logiciel libre en ligne. Le logiciel libre présente donc un certain nombre d avantages. 1.2.2 Les avantages Les avantages du logiciel libre sont multiples et concernent aussi bien le logiciel que l utilisateur lui-même. La plupart de ces avantages sont repris dans l étude de Ludivine Berizzi et Carole Zweifel 35. On notera tout d abord la pérennité des formats de fichier : un des arguments en faveur du logiciel libre est que dans le cas du logiciel propriétaire lorsque 31 [14] A. Caracco, p 1. 32 [6] JC. Héritier, p. 27. 33 [5] M. Ghersallah, p.3. 34 [12] G. Giraudon, p.5. 35 [17] L. Berizzi, C. Zweifel, p. 7. 19

la société éditrice du logiciel cesse ses activités ou tout simplement décide d interrompre la commercialisation de l un de ses produits, les utilisateurs se retrouvent avec un produit qu ils ne peuvent faire évoluer. Le logiciel libre mettant à disposition son code source, il suffit avec un peu d expérience d apporter toutes les évolutions que l on désire. Un projet de logiciel libre serait amené à ne jamais vraiment disparaître car la disponibilité du code source permettrait de le réactiver à tout moment 36. La qualité du code serait également meilleure, du fait que de nombreux contributeurs y participent, soient de divers horizons et eux-mêmes des utilisateurs de ce logiciel, ils seraient donc plus soigneux. On reconnaît également à certains systèmes moins de plantages, une étude 37 rapporte que Linux contiendrait 0,17 bugs pour 1000 lignes de code contre 20 à 30 bugs pour un logiciel propriétaire. En ce qui concerne le coût des licences, la plupart du temps les logiciels libres sont téléchargeables gratuitement via Internet (donc aussi très facilement accessibles) et on peut les installer alors sur autant de postes qu on le souhaite (ce qui est bien pratique en entreprise car cela évite des coûts supplémentaires en cas d augmentation du parc informatique). En ce qui concerne la sécurité, la disponibilité immédiate du code source permet d intervenir rapidement en cas d identification d un «trou» de sécurité. Cet accès au code source permet également de vérifier que le produit est viable et des mises à jour fréquentes le rende plus performant face aux éventuelles attaques. Ces attaques sont aussi plus rares dans le monde du logiciel libre du fait que ces instruments sont utilisés par relativement peu de monde à la base et donc moins intéressants en terme de cible pour les programmateurs de virus. C est également un fait que ces logiciels sot souvent très différents les uns des autres (personnalisés) et il est difficile voire impossible de programmer un virus capable de s attaquer à des systèmes si différents. Les fonctions indésirables sont également limitées, le logiciel libre étant du «sur-mesure». En cas de problème, on peut compter sur la communauté des utilisateurs pour obtenir de l aide, et ces communautés peuvent parfois être très vastes, voire être étalées sur plusieurs continents 38. Ces avantages font que le logiciel libre équipe de plus en plus de structures et mêmes des Administrations comme c est le cas au Brésil, en Norvège (où le logiciel libre a été imposé dans l ensemble du secteur public 39 ) ou en France où l Administration Centrale a décidé d équiper 400 000 ordinateurs avec des solutions libres à la suite du succès de la migration des postes de la Gendarmerie Nationale sous Open Office. 36 [24] D. Woods, G. Guliani, p. 15. 37 [4] B. Chevalier, p.50. 38 [38] N. Morin, p.12. 39 [13] F. Macrez, R. Rivière, p. 3. 20

Mais il ne faut pas perdre de vue le fait que le logiciel libre n est pas exactement utilisable par tout le monde et dans toutes les situations et cette présentation idyllique d un logiciel gratuit, très performant et facilement accessible ne doit masquer le fait que le logiciel libre a également quelques failles. 1.2.3 Les inconvénients En effet, le logiciel libre, s il est de plus en plus performant repose tout de même sur un pari et on peut lui reprocher un certain nombre de choses. En ce qui concerne les entreprises qui ont recours à ce type de logiciel, l absence de garantie est non négligeable (et c est là toute la valeur ajoutée du logiciel propriétaire). Il nécessite également d avoir des compétences en terme de programmation et de développement : par exemple et dans le cas de cette étude, le ou la documentaliste qui utilise un logiciel libre devra se débrouiller avec le logiciel ou avec l aide de la communauté d utilisateurs du même logiciel, sans pouvoir compter sur un dépannage ou une hotline ce qui est propre au logiciel propriétaire, l idéal étant qu elle puisse se faire aider par un responsable informatique. Ceci implique donc une notion de coût en temps passé 40 à résoudre les questions inhérentes à ce type de logiciel (suivi des mises à jour qui sont très fréquentes, adaptation du logiciel à ses besoins ou participation au développement du logiciel selon ses capacités). L installation peut parfois être laborieuse et la documentation pas assez précise pour aider et ce type de logiciel demande du temps 41 et de réelles compétences informatiques (pour être administré, pour résoudre les éventuels bugs, et apporter des évolutions au logiciel selon ses besoins 42 ). Pour remédier à ces problèmes des SSLL ont vu le jour et des prestations de maintenance (payantes) sont parfois proposées même si le logiciel est à la base gratuit (ce qui est le cas pour PMB qui en même temps un logiciel de gestion documentaire mais également une société de services). Un détail qui peut également rebuter : l absence de documentation ou sa très mauvaise qualité mais de réels efforts sont en train d être faits et les contributions à la rédaction ou à la traduction sont appréciées afin de remédier à ce problème. En ce qui concerne les logiciels de gestion documentaire libres, on peut dans le cadre de cette étude leur reprocher d être plus des logiciels de gestion de bibliothèque 43 que de centre de documentation mais cela est sans doute appelé à évoluer. Après avoir fait un état des lieux des avantages et des inconvénients du logiciel libre, revenons sur le sujet de cette étude qui débutera par une définition de la problématique de ce mémoire. 40 [21] E.L. Morgan, p. 2. 41 [16] E. Barthe, p.1. 42 [21] E.L. Morgan, p.4. 43 [19] C. Rogel, p.77. 21

1.3 Problématique et méthodologie Au vu de ce qui a été présenté dans la première partie du mémoire, la problématique définie est la suivante : le logiciel libre est-il la solution pour informatiser un petit centre de documentation? Il faut tout d abord préciser ce que l on entend par «petit centre de documentation». Un petit centre de documentation est en général une structure qui n a pas les moyens de faire appel à un éditeur de logiciel classique pour informatiser. Il existe aussi d autres motivations telles que la volonté de ne pas être «enchaîné» à un éditeur. Sur le papier, la solution libre est très séduisante : peu ou pas de frais, liberté mais est-ce vraiment applicable? J ai donc voulu savoir comment avaient procédé des personnes qui avaient relevé le défi, au moyen d un questionnaire. Deux grandes tendances ont émergé : les utilisateurs de Koha et ceux de PMB (avec ou sans assistance). J ai également souhaité faire la comparaison avec des structures qui avaient fait appel à des éditeurs de logiciel propriétaires afin de voir si ces structures auraient pu passer au libre, et si elles y avaient songé, quelles étaient leurs motivations. Le questionnaire porte sur leur positionnement par rapport à la philosophie du libre mais également sur des questions beaucoup plus techniques ainsi que sur leur rapport aux communautés d utilisateurs. Le choix des structures s est fait en deux temps : tout d abord il se trouve que deux associations proches du CITEPA sont équipées des logiciels Alexandrie 44 et CinDoc, il m a semblé tout naturel de me tourner vers elles d autant plus qu elles gèrent un fonds documentaire semblable à celui du CITEPA (en terme de volume et thématiques d étude). En ce qui concerne les structures qui ont choisi de passer au libre, je suis passée par la liste de diffusion de l ADBS 45 : un certain nombre de personnes m ont répondu et j ai pu vérifier alors que le libre est d actualité en ce qui concerne l informatisation des centres de documentation : certaines des structures contactées sont déjà passées au libre, d autres pas encore mais ont développé une réflexion avancée à ce sujet. Il est à noter que les logiciels qui ont été évoqués par les personnes m ayant répondu sont Koha et PMB, avec une majorité de contacts au sujet de ce dernier. A ces structures j ai fait parvenir un questionnaire unique sauf une petite partie concernant les logiciels libres qui a été rajoutée pour ceux restés en propriétaire : elle les interroge sur leur vision des logiciels libres et les raisons qui ont fait qu elles ne se sont pas tournées vers ce genre d application. A l inverse, les structures passées au libre ont été interrogées sur leurs motivations. 44 [34] http://www.gbconcept.com/ 45 Association des professionnels de l Information et de la Documentation 22

Pour commencer l analyse, intéressons nous à ces structures et à leurs besoins. 23

Deuxième partie Choix d un logiciel pour informatiser un petit centre de documentation 2.1 Pourquoi installer un logiciel libre dans un petit centre de documentation? 2.1.1 Définition d un petit centre de documentation J ai choisi de restreindre cette étude aux petits centres de documentation, c'est-à-dire ceux dont le fonds documentaire n est pas très important (à partir de 1000 ouvrages) et qui n ont pas beaucoup de personnel ni de moyens financiers : c est souvent le cas pour les associations comme le CITEPA (bien que dans ce cas précis un effort financier ait pu être fait). Ces petits centres de documentation ne peuvent prétendre acquérir un logiciel propriétaire trop perfectionné en partie à cause des coûts que cela induit mais également du fait que ces logiciels sont souvent trop perfectionnés pour l usage qui pourrait en être fait dans ce type de structure. Quatre structures ont été contactées et ont acceptées de prendre part à cette étude, les centres de documentation de l APPA, de l ASPA, de l AMDRA et de l association Pignon Sur Rue. 2.1.2 Typologie des utilisateurs Dans un premier temps je vais procéder à une rapide présentation des structures étudiées en précisant leur domaine de compétences. - Le centre de documentation de l APPA : L APPA (Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique) est une association scientifique et technique, créée il y a plus de quarante ans afin de promouvoir la connaissance et la prévention des phénomènes de pollution atmosphérique et de leurs effets sur la santé et l environnement. Elle fonctionne en réseau (le siège est à Paris et il y a également dix-sept comités régionaux). Les employés de l APPA sont spécialisés dans diverses thématiques comme la physique, la chimie, l épidémiologie, la toxicologie. Ce qui permet à l APPA de se positionner comme un lieu d échanges autour des problématiques de prévention des pollutions atmosphériques. Cette association publie un mensuel, la revue «Pollution Atmosphérique». - Le centre de documentation de l ASPA : L ASPA (Association pour la surveillance et l étude de la Pollution Atmosphérique en Alsace) est une association dont l objectif principal est l amélioration de la qualité de l air. Elle 24

regroupe des représentants de l Etat, des industriels, des collectivités locales et territoriales ainsi que des mouvements associatifs (environnement, consommateurs, milieu de la santé) et des personnes qualifiées. Ses missions sont de : Mesurer et évaluer la qualité de l air dans les grandes agglomérations de la plaine d Alsace et de l Est du Massif Vosgien (en tenant compte des normes en vigueur). Diffuser cette information à la population et aux instances qui la représentent afin de mener des politiques de protection de la santé des personnes et de l environnement. Organiser ou participer à des journées d études sur les phénomènes de pollution atmosphérique au niveau local ou régional. Organiser des formations afin de sensibiliser aux problématiques de la qualité de l air. La réinformatisation de leur centre de documentation a été l occasion pour eux d accroître le volume de leur fonds documentaire. - Le centre de documentation de l association «Pignon sur Rue» : Cette association a été fondée en mars 2004, elle a le statut Loi 1901. Elle regroupe trois associations : «Le Recycleur» (qui dispose notamment d un atelier de récupération de pièces détachées et de réparation des vélos), «La Ville à Vélo» (qui fait la promotion du vélo comme mode de déplacement dans l agglomération Lyonnaise) et «Vélos et Chemins de traverse» (qui se charge entre autres du développement d itinéraires de petites ou grandes distances pour les déplacements non motorisés). Pignon sur Rue a pour vocation principale de faire la promotion du vélo comme mode de déplacement. Six personnes sont salariées. La principale mission du centre de documentation est d informer sur le vélo comme mode de déplacement, aussi bien au niveau pratique, technique et législatif (avec les aménagements et les normes) que touristique (mise à disposition d itinéraires à vélo en France et à l étranger). Des ouvrages de réflexion sont également disponibles sur la question des transports et de l environnement, sur la mobilité urbaine ainsi que sur les alternatives à l épuisement des réserves de combustibles d origine fossile. Le but de cette association est de diffuser de l information auprès d un public déjà acquis à sa cause mais également de sensibiliser les cyclistes hésitants et les non cyclistes. Si l association est très jeune, le centre de documentation l est plus encore, il a ouvert il y a à peine un an. C est à cette occasion qu il a fallut choisir un logiciel de gestion documentaire et que PMB a été retenu. - Le centre de documentation de l AMDRA : 25