Septembre 2007 Les landes du plateau de Montselgues Suivi de végétation 2007 Communes de Malarce-sur-la-Thines et Montselgues département de l Ardèche LIFE05NAT/F/000135
LIFE Nature «Préservation des landes, tourbières et chauves-souris du plateau de Montselgues et des vallées de la Borne et de la Thines» Suivi de végétation 2007 Le plateau de Montselgues est reconnu, comme site d Importance européenne pour ses pelouses, landes, tourbières et forêts et a été intégré au réseau Natura 2000 (FR8201660). Pour mettre en œuvre les actions définies dans le document d objectifs de 2002, un financement européen (programme LIFE) a été obtenu fin 2005 pour 4 années (50% du budget de 465 000 euros). Différents partenaires se sont associés autour de ce programme : des collectivités locales (le Conseil Général de l Ardèche, la communauté de communes des Cévennes Vivaroises et le Parc Naturel des Monts d Ardèche), des co-financeurs (l Agence de l eau, le Conseil Régional et l État), et des organismes techniques (la Chambre d Agriculture de l Ardèche et le CREN). Ce programme de préservation des landes, tourbières et chauves-souris du plateau de Montselgues et de la vallée de la Borne et de la Thines s échelonnera d octobre 2005 à mai 2010 et a pour objectif général de mettre en place une bonne gestion des habitats et des espèces d intérêts européen. Ce programme a pour objectif : - la conservation des landes du plateau de Montselgues - la restauration et la gestion des tourbières du plateau de Montselgues - la préservation des colonies de chauves-souris. 1 Présentation des actions sur les landes 1.1 Habitats Les landes sub-atlantiques à Callune et Genêt (photo 1) et les formations montagnardes à Genêt purgatif (photo 2) sont menacées par des pratiques agro-pastorales mal adaptées (abandon, pratiques trop extensives, brûlages répétés, ). Les 2 types de landes représentent 40% des habitats présents sur le site du plateau de Montselgues soit 1620 ha. Ces habitats patrimoniaux ont fait l objet d actions de restauration pour pérenniser une mosaïque favorable à la biodiversité. Photo 1 : Lande à Callune et Genêt Photo 2 : Lande à Genêt purgatif 2
1.2 Objectifs Les objectifs du programme LIFE sur les landes sont : - de maintenir une activité pastorale favorable à le gestion conservatoire des habitats de landes - de mettre au point, techniquement et expérimentalement, les interventions nécessaires à l ouverture et au maintien d une mosaïque de landes, favorables à la faune et la flore. 1.3 L expérimentation Une expérimentation à la fois sur les travaux et sur les pratiques agro pastorales est mise en place sur 10 unités pastorales soit environ 100 hectares (tableau 1) choisies afin d établir à terme un référentiel de bonnes pratiques agro-pastorales. Elles sont situées sur les communes de Montselgues et de Malarce sur la Thines. N PAC Exploitants* 1 Surface(ha) Type de milieu Espèces utilisatrices Période d'utilisation 1 DF 2,82 Lcg+Lgp Ovins Printemps/fin automne 2 DF 0,97 Lgp Ovins Printemps/fin automne 5 DF 2,17 Lgp Ovins Printemps 16 DF 3,46 Lgp Equins Fin été/début automne 23 VR 11,1 Lgp+Lgb Ovins Début printemps/automne 14 MP 2,65 Lgp+Lcg Ovins Printemps/automne 20 MP 2,86 Lgp Ovins Début printemps/automne inc MP 0,9 Lcg+Lgp sous résineux Ovins Fin automne/hiver 18 PA 32,48 Lgp+Lgb Bovins Fin printemps/été* 2 17 PA 47,85 Lgp +Lgb Bovins+ Ovins Eté* 2 Tableau 1 : Interventions de restaurations et intervenants Lgp : Landes à Genêt purgatif Lcg : Landes à Callune et Genêt Lgb : Landes à Genêt à balai * 1 initiales des exploitants * 2 en cours, planning de pâturage à vérifier Afin de rendre compte de la pertinence des interventions menées sur les landes, des suivis ont été mis en place jusqu en 2009 (figure 1) : - le suivi agropastoral sous la responsabilité de la Chambre d agriculture pour évaluer l impact du pâturage, - le suivi photographique à la charge de la communauté de communes des Cévennes vivaroises (CCCV) pour évaluer visuellement l évolution de l habitat, - le suivi de végétation élaboré par le Conservatoire Rhône-Alpes des espaces naturels (CREN), permet de mesurer l évolution de la structure et de la composition de la végétation en réponse aux divers types de restauration et pâturage, - le suivi de l entomofaune réalisé par la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (FRAPNA) permet de compléter les connaissances faunistiques du site (Lépidoptères rhopalocères et orthoptères) pour évaluer l impact des différents modes de gestion (prévu en 2007 2008 et en projet pour 2009). 3
Figure 1 : Les différentes étapes des actions landes (données : E. Bonfante) 2 Travaux de restauration 2.1 Types de travaux Les principales techniques de rajeunissement des landes sont : - le broyage soit mécanique, soit manuel, selon les contraintes de terrain (pente, pierrosité) - le brûlage dirigé - l élagage manuel et le bucheronnage Les travaux ont été réalisés par les élèves d une Maison Familiale et rurale, des entreprises, le Service Départemental d Incendie et de Secours d Ardèche et les éleveurs. L entretien est effectué par pâturage par trois types de brouteurs (bovin, ovin, équin), pour maintenir l ouverture des landes. 2.2 Retours d expériences de gestion Face aux faibles retours-d expériences et résultats de gestion, collectés sur d autres sites comportant les même types d habitats, le programme d expérimentation sur les landes de Montselgues est novateur. Cependant, les gestionnaires opèrent généralement de la même manière en fonction des contraintes de terrains : - Le gyrobroyage semble largement dominé et utilisé sur les zones à fort taux d embroussaillement, en privilégiant le layonnage pour être plus progressif et donc moins perturbant pour le milieu. - Le brûlage, quant à lui est utilisé d avantage sur les terrains escarpés où le travail mécanisable n est pas possible ou sous forme de tâches sur les zones les plus denses. - Le pâturage est également largement privilégié à la fauche. 4
5
2.3 Travaux réalisés Une cartographie des travaux réalisés a été effectuée au cours du printemps 2007. Résultats de la restauration : - le broyage mécanique en plein de 41 ha, - le broyage mécanique en layons de 5700 ml (9,5 ha restaurés sur PA17), - le broyage manuel en layons de 2200 ml (2 ha restaurés), Broyage mécanique en plein VR23 - le brûlage dirigé de 0.92 ha, - l élagage manuel et le bucheronnage de 0,8 ha. Sans oublier la pose de clôture pour augmenter la pression de pâturage avec 980 ml. Layonnage mécanique - PA17 Elagage et bucheronnage manuels MPinc Layonnage manuel DF5 Le croisement des cartes de végétation (réalisée en 2006) et des travaux réalisés (en 2007) a permis de déterminer par quels types d habitats et de restauration les placettes de suivi de végétation sont concernées. En majorité, les travaux ont suivi le cahier des charges, cependant, les surfaces ont été quelque peu modifiées, pouvant réduire les zones dites «témoins». Au niveau des résultats attendus, quelques points négatifs ressortent : - dans le cas du brûlage, les conditions météorologiques ont conduit à une mauvaise combustion de la biomasse végétale - la largeur des layons manuels n est pas toujours suffisante - la hauteur de coupe du broyage en plein s avère parfois trop importante. 6
7
3 Le suivi de végétation 3.1 Méthodologie Les placettes de suivis sont matérialisées par une borne géomètre, au point d intersection des 2 transects orthogonaux (coordonnées GPS) et par des fers à bétons et par des repères naturels signalés par de la peinture rouge et de la rubalise, aux extrémités des transects. Le suivi de végétation est réalisé sur chaque placette selon la méthode de Blondel & Cuvillier. Pour une placette, les espèces floristiques sont relevées tous les 30 cm le long des 2 transects de 30 m, à l aide d une perche graduée sur 6 strates de hauteur (figure 2) : 0-5 cm (strate 1), 5-25 cm (strate 2), 25-50 cm (strate 3), 50 cm-1 m (strate 4), 1-2 m (strate 5) et plus de 2 m (strate 6). Des photographies sont prises à chaque extrémité des transects pour suivre l évolution de la végétation et aider à la localisation des placettes pour les années suivantes. Strate 6 2 m Borne géomètre Strate 5 30 cm 1 m Strate 4 Strate 3 Strate 2 Strate 1 50 cm 25 cm 5 cm 0 cm Transect 30 m Repères naturels Cailloux marqués à la peinture rouge Perche graduée Figure 2 : Le dispositif de relevé de végétation Placette de relevés Ces relevés sont réalisés sur les placettes mises en place en 2006, dont certaines ont été repositionnées en 2007 sur les zones concernées par les travaux. En 2007, des relevés ont été réalisés sur 26 placettes de 9 des 10 unités expérimentales* concernées par l expérimentation, dont 5 relocalisées, 2 nouvelles et 1 supprimée. * parcelle (PAC 2 de Danièle Faure) dont les caractéristiques sont semblables à celles d autres parcelles (habitats, topographie, travaux de restauration, mode de pâturage ) 8
3.2 Résultats et analyses L analyse des résultats porte sur les relevés de végétation de 2006 et de 2007 de 26 placettes réparties sur des landes à Genêt purgatif et sur des landes à Callune et Genêt. Le relevé 2007, intervient à la suite des opérations de restauration (figure 3). 26 placettes de suivis Pas de travaux Landes à Callune et Genêt 43% 29% Lande à Callune et Genêt 27% Elagage et bucheronna ge Lande à Genêt purgatif 73% pas de travaux Landes à Genêt purgatif 32% 16% 5% Layonage manuel Brûlage en plein 14% 14% Elagage et layonage mécanique ponctuels Broyage mécanique en plein Layonage mécanique 11% 36% Broyage mécanique en plein Figure 3 : Distribution des placettes par types d habitats et de restauration Une analyse graphique pour chaque placette a été effectuée afin de rendre compte des évolutions entre 2006 et 2007. Pour cela, 5 catégories ont été prédéfinies (figure 4) : - espèces herbacées typiques - autres espèces herbacées et mousses - espèces ligneuses typiques - autres espèces ligneuses - sol nu, litière, roche Contribution des classes d'espèces par strates en 2006 et 2007 sur la placette 5 de PA18 Ces classes sont choisies pour mettre en valeur l évolution par strate (S) des espèces caractéristiques des habitats patrimoniaux de landes et des ligneux après travaux. Régression des ligneux typiques, strates 2 et 3 Augmentation de l herbacée typiques, strates 1 à 3 et de la litière (broyat), strates 1 et 2 Pourcentage de contacts(en %) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Espèces ligneuses typiques Autres espèces ligneuses Espèces herbacées typiques Autres espèces herbacées et mousses Sol nu, litière, roche 200620072006200720062007200620072006200720062007 S1 S2 S3 S4 S5 S6 Strates (S) en 2006 et 2007 Figure 4 : Exemple de graphique de la contribution des classes d espèces par strates en 2006 et 2007 9
Pour évaluer l impact des travaux, divers paramètres ont été comparés entre 2006 et 2007 : - la présence (typicité) et la proportion des espèces typiques de ces habitats de landes (espèces indicatrices des cahiers d habitats), - le nombre d espèces végétales présentes ou richesse spécifique (diversité) - l équitabilité, c est à dire la répartition des espèces entre elles, - le recouvrement en espèces cibles (Genêt purgatif ou ligneux de la lande). On obtient globalement pour chaque indice, le tableau suivant : Types d'habitats Types de restauration Nombre de Typicité placettes Proportion des Diversité Equitabilité espèces typiques Recouvrement en espèces cibles Layonnage manuel 3 = = =/- = - Brûlage 1 = - - + +++ - - - LGP Broyage mécanique 7 en plein - - - + - - - Layonnage 2 mécanique = + + - = Pas de travaux 6 =/- + = - + Elagage et bucheronnage 2 - - + + - - - Broyage mécanique 1 LCG en plein - - = ++ - - - Elagage et layonnage 1 mécanique ponctuels = = - = - - Pas de travaux 3 - = = = - LGP : Lande à Genêt purgatif Effet négatif = : stable LCG : Lande à Callune et Genêt Effet positif Tableau 2 : Récapitulatif des valeurs des indices écologiques Le layonnage mécanique a été favorable à l habitat en favorisant sa diversité et sa typicité. Le brûlage, quant à lui a eu un effet positif sur la diversité et sur le nombre d espèces typiques contactées et non pas sur leurs proportions. Il a contribué à rééquilibrer l abondance des différentes espèces en diminuant la dominance du Genêt purgatif. Mais ce résultat reste à nuancer, puisqu il n est obtenu qu à partir d une seule placette et que le brûlage n a été que partiel et n a donc par conséquent montré aucune perturbation éventuellement liée à ce type de gestion. Le broyage mécanique en plein représente le mode de gestion qui a eu un impact négatif sur la diversité et sur la typicité, mais permet de faire régresser considérablement le Genêt et d équilibrer le peuplement sur les zones de landes fermées. Cependant ces résultats peuvent évoluer positivement dans les années à venir, puisque la repousse de l herbacée à été ralentie par l épaisseur de la litière. Pour le layonnage manuel, aucune évolution notable n est à noter. Les travaux n ont pas eu de conséquence sur la typicité de l habitat, ni sur la régression du Genêt à ce jour. 10
3.2.1 Effet du type de restauration sur les espèces de la lande Les analyses statistiques ont permis d appuyer les résultats précédents. La démarche consiste à repartir les placettes selon un critère défini, ici, le type de restauration. Pour cela, on teste la proportion des espèces typiques des landes qui est l indice le plus représentatif de l impact des travaux de restauration sur ces habitats de landes. Impact des travaux sur la typicité de l habitat : Différence entre 2006 et 2007 des regroupements de placettes concernées par un type de restauration. Une différence significative est à noter pour certains types de restauration, en ce qui concerne la proportion des espèces typiques de la lande : Le layonnage mécanique a une incidence positive Le brûlage et le broyage mécanique en plein pour les 2 types de landes ont une incidence négative. Impact des travaux sur la typicité de l habitat : Différence entre les regroupements de placettes concernées par un type de restauration et les placettes témoins. Il existe une différence significative par rapport aux placettes témoins (sans interventions de restauration) pour certains types de restauration : Le broyage mécanique en plein pour les landes à Callune et Genêt a un impact négatif sur la contribution des espèces typiques comparé aux zones sans travaux. Le brûlage pour les landes à Genêt purgatif a un impact négatif également. Ces résultats confirme l analyse graphique précédemment effectuée qui précisait que le brûlage et le broyage mécanique en plein avait une influence négative sur la proportion des espèces typiques, même si le brûlage semble favoriser la diversité. L ensemble des travaux a permis la réduction des espèces dominantes et concurrentielles par effet de couvert comme le Genêt. Cependant le développement de l herbacée est limité lorsque l épaisseur de la litière issue des rémanents est importante. Le ramassage et l évacuation des résidus possible sur les zones à faibles contraintes de terrain, aurait peut-être été plus adéquate, mais aurait nécessité des coûts supplémentaires non négligeables. Le pas de temps court entre les travaux et le relevé, rend l évaluation de l impact des travaux difficile, étant donné que ces derniers peuvent avoir un impact qu à moyen terme. Les résultats des travaux montrent que globalement l ensemble des travaux ont eu un impact positif sur la végétation ou bien évolueront probablement de manière positive, puisque la repousse de l herbacée a été ralentie par l épaisseur du broyat. Cependant les véritables résultats des travaux de restauration ne pourront être évalués que dans les années futures, pour déterminer si les travaux ont permis de rendre les ressources accessibles aux animaux pour permettre un bon entretien des landes. L ensemble de ces actions doit être suivi par un pâturage adapté (période, chargement) pour entretenir ces landes et contenir la repousse du Genêt notamment. La difficulté à venir, sera de croiser les résultats des différents suivis mis en place (suivi phytosociologique, suivi agro-pastoral, suivi de l entomofaune). 11
Programme européen Life Nature N LIFE05NAT/F/000135 sur le site Natura 2000 FR78201660. Rédaction : Caroline MOUCHENE, étudiante du MASTER 2 AGIRE de l Université de Caen Encadrement : Benoît PASCAULT, chargé d études Coordination : Laurence JULLIAN, chargée de missions Réalisé en partenariat avec : dans le cadre des Espaces Naturels Sensibles avec le soutien financier de : Réalisé par : CREN Rhône-Alpes antenne Ardèche-Drôme Domaine Olivier de Serres 07170 MIRABEL tél. 04.75.36.30.59 réseau des conservatoires d espaces naturels de Rhône-Alpes 12