Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins



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Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins Mémoire d Alcoa Canada Groupe Produits primaires, présenté dans le cadre de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec Montréal, le 8 octobre 2013

Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins Mémoire d Alcoa Canada Groupe Produits primaires, présenté dans le cadre de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec Table des matières Alcoa Canada Groupe Produits primaires, portrait et portée du mémoire 03 1. Électricité et aluminium au Québec : une relation symbiotique 06. Alcoa au Québec 06. Une contribution essentielle aux grandes infrastructures 06. Le Québec : une grande région productrice d aluminium 07. Transformation de l aluminium : une force du Québec 07 2. Réduction des GES et efficacité énergétique 09. Alcoa, précurseur de la réduction des GES au Québec 09. Un intérêt intrinsèque envers l efficacité énergétique 11 3. Le tarif L n est plus viable pour la production d aluminium au Québec 12. Une image fausse de la réalité nuit à la prise des bonnes décisions 12. Le tarif L, remis en perspective 13 4. Alcoa Canada Groupe Produits primaires, plus durement touchée 17. L électricité, le nerf de la guerre dans l industrie de l aluminium 17. Capacité de production 18. Le Québec peut et doit agir 19 5. La croisée des chemins recommandations 20. Il faut que le Québec et le secteur de l aluminium poursuivent ensemble leur développement 20 Conclusion 21 Annexe 1 : Les installations d Alcoa Canada Groupe Produits primaires au Québec 22 Annexe 2 : Centre d excellence du Groupe mondial Produits primaires 26 Annexe 3 : Alcoa Innovation 27 02 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

Alcoa Canada Groupe Produits primaires, portrait et portée du mémoire Alcoa Canada Groupe Produits primaires Au Québec, Alcoa Canada Groupe Produits primaires («Alcoa») regroupe les alumineries de Baie-Comeau, de Bécancour 1 et de Deschambault, ainsi que l Usine de Tige de Bécancour. Ces quatre usines possèdent une capacité annuelle de production de près d un million de tonnes métriques de lingots, de pièces coulées, de billettes et de tige d aluminium. Alcoa compte près de 3 000 employés et ses activités ont généré des retombées économiques de près de 1,5 milliard $ en 2012. L entreprise est également le plus important client d Hydro-Québec Distribution. Alcoa est partenaire fondateur d Alcoa Innovation, dont la mission consiste à soutenir les petites et moyennes entreprises québécoises actives dans la transformation de l aluminium. L entreprise participe à de nombreuses initiatives pour favoriser la transformation de l aluminium au Québec, notamment à la Grappe industrielle de l aluminium du Québec - GIAQ Le centre d excellence mondial du Groupe Produits primaires d Alcoa Inc. est établi au Québec, à l Aluminerie de Deschambault, d où l expertise québécoise rayonne dans toutes les exploitations de produits primaires d Alcoa Inc. Alcoa est aussi un partenaire important de la recherche au Québec, notamment par sa participation à la Chaire CRSNG en conception pour l aluminium de l Université de Sherbrooke et à la Chaire de recherche industrielle sur la modélisation avancée des cuves d électrolyse et l efficacité, de l Université Laval. L entreprise est également un précurseur en matière de réduction des émissions de GES, ayant conclu avec le gouvernement du Québec, en 2002, la première entente de réduction volontaire des émissions. Elle exerce aussi son leadership en efficacité énergétique, comme l illustre l appartenance de ses trois alumineries au réseau Écolectrique d Hydro-Québec, en qualité de membres Élite. Avec des gains totalisant 1 TWh, elles sont sur le point d atteindre le niveau «Distinction» de ce programme. Par l engagement de ses employés dans les milieux où ils vivent et travaillent, et par le rôle structurant que jouent les dons de la Fondation Alcoa dans la collectivité, Alcoa assume avec enthousiasme ses responsabilités d entreprise citoyenne. Son Fonds Alcoa pour les collectivités durables, doté de 25 millions $ en 25 ans, est une autre initiative d importance qui mise sur la qualité de vie à l intérieur des collectivités où elle est implantée. Le rôle de moteur socio-économique d Alcoa s exprime particulièrement à Baie-Comeau. Les employés de l aluminerie représentent 16 % de la population active et touchent 31 % des salaires versés dans la ville de Baie Comeau, où notre aluminerie représente à elle seule 59 % des secteurs de base 2. 1. L Aluminerie de Bécancour Inc. (ABI) est détenue à 74,95 % par Alcoa et à 25,05 % par Rio Tinto Alcan. 2. Sources : Secor, E&B Data et Institut de la statistique du Québec, 2007 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 03

Portée du mémoire Après avoir survolé brièvement certaines des activités et retombées économiques d Alcoa au Québec, nous soulignerons la relation symbiotique qui existe entre l industrie de l aluminium, les grands ouvrages hydroélectriques, la structure industrielle du Québec et la création de richesse nécessaire au maintien du niveau de vie des Québécois. Nous toucherons les volets des émissions de GES et de l efficacité énergétique, de grandes priorités pour nous, avant de traiter du vif du sujet : l incapacité du tarif grande puissance, le tarif L, d assurer le maintien de l industrie de l aluminium au Québec, et particulièrement des installations d Alcoa. Car pour nous, comme pour tous les industriels québécois, la question de l énergie ne peut être dissociée de celle de la compétitivité. Or, comme nous le verrons, en excluant la Chine, le tarif L se situe dans le quatrième quartile des prix offerts aux alumineries de par le monde 3. En clair, plus de 75 % d entre elles bénéficient d un approvisionnement en électricité à moindre coût. Une situation qu aggravera l augmentation déraisonnable demandée par Hydro-Québec cette année. En fait, le tarif L n a plus sa place dans l équation du maintien de l industrie de l aluminium au Québec. À ce prix pour l électricité, et dans le contexte actuel du marché de l aluminium, la modernisation de l Aluminerie de Baie-Comeau ne peut se faire, et la pérennité des alumineries de Deschambault et de Bécancour est en péril dès 2015. Cette réalité n est pas agréable à entendre. Elle peut même détonner, dans cette consultation, avec de nombreux projets qui n ont pas la rentabilité pour priorité ou qui ne s en soucient que de façon très marginale. Or la réalité se rappelle toujours à nous, et dans le cas des grands industriels, très directement. Une grande entreprise ne peut investir dans des installations qui ne sont pas rentables, surtout lorsque d autres choix plus avantageux lui sont offerts ailleurs dans le monde. Disons le clairement : toute politique énergétique qui n assurerait pas des prix réellement concurrentiels à nos alumineries, par l entremise de contrats dits «à partage de risque», pourrait sonner le glas pour plusieurs installations et porter un dur coup à l économie de nombreuses régions du Québec. Pour être réellement portée sur l avenir, la politique énergétique doit assurer le maintien, et l essor, de l infrastructure industrielle québécoise existante. 3. Seule la Chine pratique des prix plus élevés, mais cela dans le contexte de l économie planifiée qui la caractérise. De plus, puisque la Chine vise l équilibre entre sa production d aluminium primaire et sa demande interne, son impact est marginal sur les prix de l aluminium établis par le London Metal Exchange. 04 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

Notre mémoire a pour objectif d assurer que les décideurs prennent acte de la véritable situation concurrentielle du prix de l électricité au Québec et, qu ensemble, nous puissions travailler à assurer la pérennité des alumineries québécoises d Alcoa, de leurs retombées économiques et sociales, et à l amélioration constante de leur performance environnementale et énergétique. Avec les gigantesques surplus d électricité dont il dispose, le Québec a non seulement la capacité d offrir des tarifs plus compétitifs aux industriels, il a aussi tout intérêt à le faire, pour préserver le niveau de vie des Québécoises et des Québécois. Pour des considérations émanant de l ensemble du secteur de l aluminium, nous vous invitons à consulter le mémoire de L Association de l aluminium du Canada : Étude sur l empreinte économique des alumineries à contrats spéciaux, qui sera déposé dans le cadre de cette consultation. Pour prendre connaissance de la vision des industries grandes consommatrices d électricité québécoises, sur les différents objectifs poursuivis par la Commission sur les enjeux énergétiques, et pour une analyse détaillée de la situation tarifaire au Québec, nous vous invitons à consulter le mémoire de l Association québécoise des consommateurs industriels d électricité AQCIE : Les consommateurs industriels d électricité : Au cœur des stratégies énergétiques, économiques et environnementales du Québec. Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 05

1. Électricité et aluminium au Québec : une relation symbiotique Alcoa au Québec Alcoa Inc. est le véritable pionnier de l industrie de l aluminium au Canada et au Québec. Pourquoi? Simplement parce que ce sont les actifs canadiens de l Aluminum Company of America, Alcoa, qui ont servi à fonder l Aluminum Company of Canada, Alcan. Alcoa Inc. est revenue au Québec, en 1998, par l acquisition d Alumax, alors propriétaire de l Aluminerie de Deschambault. En 2000, Alcoa Inc. acquiert le troisième producteur mondial : Reynolds Metals Company. Au Canada, cette acquisition se traduit par le transfert de la propriété de l Aluminerie de Baie-Comeau, de 50 % de l Aluminerie de Bécancour, portant à 74,95 % la participation d Alcoa dans cette dernière, et de l Usine de Tige de Bécancour. En tant que société fondatrice de l industrie canadienne de l aluminium, et encore plus par ses activités qu elle mène au Québec depuis plus de 15 ans, Alcoa Inc. et Alcoa Canada Groupe Produits primaires participent à l essor économique du Québec et de ses régions. La poursuite de cette relation gagnante est dans l ordre naturel des choses, pour autant que la compétitivité de l entreprise et de ses installations soit assurée. Une contribution essentielle aux grandes infrastructures Les alumineries accompagnent depuis des décennies le développement de l hydroélectricité au Québec. Par exemple, la centrale hydroélectrique de Shipshaw, mise en service en 1943 par Alcan, était alors la plus puissante au monde, avec une puissance installée de 896 MW. Dans les années 1970 et 1980, le Québec procède à la construction d un ensemble de centrales hydroélectriques, dont les complexes Manicouagan-Outardes et La Grande, à la Baie-James, qui constituent toujours l épine dorsale de sa puissance hydroélectrique. La mise en service de ces grands barrages a créé un important surplus d électricité. Et c est ainsi, il y a plus de 20 ans, que les contrats d électricité «à partage de risque» ont généré la plus importante vague d investissements privés au Québec. Plus de 10 milliards $ ont été affectés à l expansion ou à la construction de nouvelles usines. Deux des trois alumineries ont alors été construites et l Aluminerie de Baie-Comeau a été modernisée. Les industries renforcées ou créées à ce moment sont toujours actives au Québec 4, où elles constituent des moteurs économiques régionaux irremplaçables. De par leur consommation d électricité importante, stable et qui nécessite peu d équipements de transport ou de transformation, les alumineries, jouent un rôle essentiel dans l amortissement des coûts de ces gigantesques ouvrages, tout comme dans la création de richesse dont profitent tous les Québécois. La structure industrielle du Québec est largement fondée sur la relation symbiotique qu elle a entretenue avec la disponibilité d électricité à prix concurrentiel. Laisser péricliter cette compétitivité, comme c est actuellement le cas, met à risque des pans entiers de l activité économique du Québec et les moteurs socio-économiques de régions entières. 4. À la seule exception de Norsk Hydro, usine de fabrication de magnésium primaire établie à Bécancour, qui a fermé ses portes en 2008, après 19 ans d activité, le prix du magnésium étant devenu insoutenable à la suite de mesures de dumping exercées par des entreprises chinoises. 06 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

Le Québec : une grande région productrice d aluminium Le Québec est le 4 e producteur mondial d aluminium. Cette industrie représente plus de 7 % de son PIB manufacturier et offre, directement et indirectement, des emplois à près de 30 000 Québécois, qui sont parmi les mieux rémunérés dans les secteurs de base. Le Québec, toujours parmi les grandes régions productrices 20 000 18 000 18 100 16 000 En milliers de tonnes 14 000 12 000 10 000 8 000 6 000 4 000 2 000 3 990 3 071 2 662 1 986 1 950 1 670 1 440 0 Chine Russie CCG* Québec États-Unis Australie Inde Brésil * CCG : Conseil de coopération du Golfe regroupant les EAU, l Arabie Saoudite, Bahreïn, Oman et le Qatar Source : United States Geological Survey, Janvier 2012 La transformation de l aluminium : une force du Québec S il est naturel de souhaiter qu un maximum de transformation des ressources se fasse sur le lieu de leur production, on comprendra rapidement que cet objectif doit être conforme à la réalité économique mondiale. Sinon, il ne se produirait et ne se transformerait d aluminium que dans les pays où l on extrait la bauxite! Or, la production de l aluminium de première fusion est déjà une transformation de l alumine, du carbone et de l électricité, pour en faire un métal polyvalent et recyclable à l infini. La richesse créée par la transformation de l électricité québécoise, que l on pourrait considérer ici comme une «ressource naturelle», en aluminium ne s arrête évidemment pas à la première fusion. En fait il se transforme au Québec l équivalent de 24 % de sa production d aluminium de première fusion. Et 24 %, c est énorme! Cela équivaut à la transformation de 1,5 % de toute la production mondiale d aluminium primaire, incluant la production de la Chine. Le Québec ne représente pas 1,5 % de l économie mondiale, mais bien 0,4 %. Nous transformons donc près de quatre fois plus d aluminium que ne le justifierait notre poids économique. Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 07

Comparons ces 24 % de transformation de l aluminium à ce qu il se fait dans d autres secteurs importants de l économie, ici et ailleurs. L Alberta et la Norvège transforment-elles 24 % du pétrole qu elles produisent? L Afrique du Sud transforme-t-elle 24 % de sa production de diamants? Le Québec utilise-t-il 24 % du bois d œuvre qu il produit? Poser la question c est y répondre. La transformation d une ressource ou d un produit dans un territoire ne peut répondre à la seule volonté d un gouvernement. Cette transformation s inscrit dans un écosystème économique qui détermine, pour une large part, les lieux de transformation d un produit en fonction de ses marchés de consommation. Considérée sous cet angle, la transformation de 24 % de l équivalent de la production québécoise d aluminium, le quatrième producteur en importance au monde, demeure énorme. Et cela sans compter le fait, comme nous l avons vu plus haut, que la ressource provenant du Québec, c est l électricité, pas l aluminium, qui représente déjà une transformation et une mise en valeur remarquables de nos kwh. Il existe donc au Québec une masse critique de production et de transformation d aluminium. La Grappe industrielle de l aluminium du Québec (GIAQ) veut contribuer à son accroissement. Nous souscrivons entièrement à cette mission et nous y contribuons activement, notamment par l entremise d Alcoa Innovation entièrement vouée à la transformation de l aluminium. La GIAQ a pour but de doubler la valeur et le volume de l aluminium transformé au Québec au cours des dix prochaines années. Compte tenu de la position fort enviable de laquelle nous partons, cet objectif est lui aussi énorme. Et Alcoa ne ménagera pas ses efforts pour qu il soit atteint. 08 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

2. Réduction des GES et efficacité énergétique À raison, la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec s intéresse, tout comme nous, à la réduction des gaz à effet de serre et à l efficacité énergétique. Nous présentons ici quelques faits saillants de notre performance à ces égards, et un survol des enjeux associés à la poursuite des améliorations atteintes. Réduction des GES Alcoa, précurseur de la réduction des GES au Québec En juin 2002, Alcoa Canada Groupe Produits primaires a été la première entreprise à signer une entente de réduction volontaire des GES avec le ministère du Développement durable, de l Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP). Tous les objectifs établis dans cette entente ont été atteints. Une seconde entente de réduction des GES pour l horizon 2012 a été conclue en décembre 2008, dont tous les objectifs ont aussi été atteints. À la fin 2012, nos émissions totales de GES avaient diminué de 32 %, en comparaison de l année de référence 2001. Nos alumineries sont réputées parmi les plus performantes d Alcoa Inc. dans le contrôle des effets anodiques, un incident qui peut survenir dans les cuves d électrolyse et qui génère d importantes quantités de GES. Moins d effets anodiques, moins de GES et nous en sommes les champions. Afin d améliorer encore plus la performance de notre Aluminerie de Baie-Comeau à l égard des émissions de GES, tout en réduisant ses coûts, nous sommes vivement intéressés à remplacer le mazout que nous y utilisons par du gaz naturel, dès que celui-ci sera rendu disponible sur le Côte-Nord, que ce soit par gazoduc, par bateau ou par camion. Par ailleurs, la décision prise en mai 2013 de fermer de façon hâtive l usine Söderberg de l Aluminerie de Baie- Comeau permettra aussi de réduire plus rapidement les émissions de GES de cette aluminerie, de 20 % par tonne d aluminium produite. Une bonne nouvelle qui en cache une très mauvaise Tous auront compris que cette réduction des GES est probablement le seul élément positif de cette fermeture. Sous tous les autres aspects : emplois, retombées économiques, dynamisme social, la fermeture d une usine n est jamais une bonne nouvelle. À plus forte raison lorsque celle-ci ajoute plus de 1,7 TWh d électricité aux surplus déjà titanesques qu Hydro-Québec doit gérer. Réduire les GES à tout prix? Bien qu elle n en soit pas un résultat direct, cette fermeture met cependant en lumière le risque qu il y a à adopter des mesures de réduction de GES disproportionnées à celles des juridictions avoisinantes, comme le suggère le document de consultation de la Commission. Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 09

De plus, à la page 56 de ce même document, l exemple industriel choisi pour illustrer l effort demandé pour atteindre une réduction de 25 % des GES est particulièrement injuste et mal informé. Les alumineries ont déjà amélioré leur performance de plus de 30 %. Suggérer une réduction additionnelle de plus des deux tiers de leurs émissions actuelles sous-entend la fermeture d une capacité de production équivalente. Est-ce bien ce que nous voulons au Québec? Le professeur titulaire de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineault, faisait ressortir deux points dans un texte publié dans La Presse du 20 septembre 4 : «aucune société humaine n a réduit du quart ses émissions de GES en cinq ans sans par ailleurs traverser une crise économique.»; et, «Celles [les émissions] de l industrie (28% des émissions, soit le deuxième secteur en importance après le transport) sont en déclin de 30% depuis 1990. Demander plus à l industrie (aluminium, manufactures...) serait un suicide économique.» La réglementation environnementale doit aussi soutenir la compétitivité D une part, il est essentiel que la réglementation reconnaisse les efforts consentis, afin de ne pas pénaliser les pionniers de la réduction des GES, comme Alcoa. D autre part, les améliorations les plus marquées ayant été réalisées, les gains additionnels requièrent des modifications en profondeur (modernisation, abandon de technologie et d installations désuètes, adoption de technologies de pointe). En raison de l impératif de la compétitivité, les mesures additionnelles ne pourront être assumées seulement par l industrie. Des mesures de soutien seront donc nécessaires pour atteindre ces réductions additionnelles, dont les coûts proportionnellement plus élevés ne sont pas rentables pour le participant. Le Québec est l une des deux premières juridictions nord-américaines ayant adopté un Système de plafonnement et d échange des droits d émission. Cette initiative ne doit pas pénaliser les industriels Québécois en comparaison de leurs concurrents nord-américains et mondiaux. C est pourquoi des mesures de soutien financier et technologiques doivent être disponibles si l on désire atteindre des cibles plus élevées que dans les autres marchés. L industrie ne peut assumer à elle seule les effets de cette réglementation. Le Québec ne peut agir, dans sa réglementation environnementale et dans sa tarification de l électricité, comme si la «valeur ajoutée» d une faible empreinte carbone était une réalité. Le cas de l aluminium est patent, puisque le London Metal Exchange, qui fixe les prix pour la production de toutes les alumineries du monde, ne reconnaît pas la notion d «aluminium vert». 5. La charte des valeurs énergétiques, La Presse, 20 septembre 2013, Pierre-Olivier Pineault. 10 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

Efficacité énergétique Un intérêt intrinsèque Les alumineries ont un intérêt tout naturel à optimiser leur consommation d électricité, car il s agit d un intrant essentiel dans leur produit. Ainsi, les kwh épargnés peuvent être valorisés sous forme d aluminium additionnel. Les alumineries d Alcoa ont déjà fait des efforts importants pour optimiser leur consommation d électricité, des efforts qu elles maintiennent et accroissent au quotidien, sous l encadrement de notre Politique sur l utilisation optimale de l énergie. Les résultats sont des plus probants, et ils ont été reconnus par le réseau Écolectrique d Hydro-Québec, qui regroupe les leaders de l efficacité énergétique des secteurs industriel, commercial et institutionnel. Ainsi, nos alumineries de Baie-Comeau, Bécancour et Deschambault sont déjà toutes trois membres Élite du réseau Écolectrique, et en voie d accéder à la nouvelle catégorie Distinction, avec des gains d efficacité totalisant 1 TWh. Se donner les moyens de ses ambitions Puisque les mesures d efficacité énergétique sont porteuses d économies et même d accroissement de la production dans le cas des alumineries les choix les plus rentables ont déjà été largement appliqués. Comme nous le soulignions au chapitre des réductions d émissions de GES, les gains additionnels d efficacité énergétique demandent souvent un soutien financier et technologique pour se réaliser. Actuellement, les entreprises titulaires de contrats à partage de risque sont exclues de certains programmes de soutien à l efficacité énergétique, ce qui constitue une anomalie. La future politique énergétique doit donc prévoir des moyens, là aussi, à la hauteur de ses ambitions. Elle doit aussi s assurer que les programmes soient disponibles à toutes les entreprises, sans égard à leurs conditions d approvisionnement en électricité. Optimiser la production d aluminium L accroissement de l ampérage permet de faire plus d aluminium à partir des mêmes cuves d électrolyse. Cette volonté de développer la technologie pour maximiser la production de nos installations n est pas propre au secteur de l aluminium, car elle représente un levier essentiel dans le maintien de la position concurrentielle de toute entreprise industrielle ou manufacturière. Puisque cette augmentation de la production ne s assortit pas en pareille circonstance d emplois et de retombées économiques substantielles, les alumineries de Deschambault et de Bécancour, paient une prime de 0,5 /kwh de plus que le tarif L sur la partie de leur consommation associée à ce gain technologique. Or, la tendance vers l augmentation de l ampérage est maintenant pratique courante dans l industrie de l aluminium. On comprendra aisément que si le tarif L n est plus dans la partie dans le secteur de l aluminium, il s en éloigne encore plus, une fois augmenté de 0,5 /kwh. Les ententes signées à cet effet en 2008 reflétaient un tout autre contexte. Le dépérissement du prix de l aluminium et la perte de compétitivité du tarif L ne permettent tout simplement plus de maintenir cette prime. Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 11

3. Le tarif L n est plus viable pour la production d aluminium au Québec Nous venons de faire rapidement le point sur les enjeux des émissions de GES et sur l efficacité énergétique, des éléments sur lesquels le document de consultation de la Commission place un fort accent. Ces enjeux ont certes leur importance, mais une politique énergétique doit aussi soutenir la croissance économique du Québec. Sous ce volet, le tarif industriel pose un problème incontournable dans le secteur de l aluminium. Rappelons que ce dernier assure des dizaines de milliers d emplois parmi les mieux payés au Québec. En fait, leur rémunération moyenne est nettement supérieure au revenu médian des foyers québécois qui, incidemment, est le troisième plus faible au Canada. Si le Québec peine aujourd hui à gérer ses surplus d électricité, imaginons un instant la situation que représenterait une diminution substantielle de la production d aluminium au Québec. La fermeture anticipée de l usine Söderberg à l Aluminerie de Baie-Comeau est venue ajouter plus de 1,7 TWh à ces surplus, les augmentant de près de 8 %. Une image fausse de la réalité nuit à la prise des bonnes décisions Les Québécois ont l impression que le tarif L est un cadeau aux entreprises industrielles, que les tarifs d électricité au Québec sont les plus faibles en Amérique du Nord et qu il suffirait d exporter plus d électricité pour devenir riches comme les Albertains. Or, tout cela est faux. Le tarif L subventionne la consommation résidentielle à hauteur d environ 250 millions $ par an. Le tarif industriel d Hydro-Québec n est pas le plus faible d Amérique du Nord, et pas même du Canada. L exportation offre un revenu moyen comparable, sinon inférieur, au tarif L. Contrairement au pétrole dont le prix est fixé à l échelle mondiale, le prix de l électricité varie à l échelle régionale. Exporter plus d électricité dans le Nord-Est américain ne contribuerait qu à inonder le marché et à diminuer les prix, particulièrement dans le contexte de l utilisation des gaz de schiste, qui sont venus changer complètement la donne dans notre panorama énergétique. La perception erronée que l on entretient de la réalité énergétique du Québec nuit à la capacité du gouvernement et d Hydro-Québec de prendre les décisions qui s imposent pour maximiser les retombées économiques générées par la production d électricité. 12 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

Le tarif L remis en perspective Il suffit de quelques données pour remettre le tarif L sous une juste perspective. Interfinancement Voyons d abord les coûts et les revenus réels que retire Hydro-Québec de son tarif résidentiel et de son tarif industriel. Tarifs au 1 er avril 2013 9 8,8 8 Tarif < Coût réel Le tarif résidentiel comble moins de 83 % de son coût, qui se trouve ainsi interfinancé par l industriel Tarif > Coût réel Le tarif industriel correspond à 115 % de son coût, il interfinance donc le résidentiel 7 7,2 6 DES COÛTS DE SERVICE BIEN DIFFÉRENTS! Cents/kWh 5 4 3 Résidentiel Raccordé au réseau de distribution Suréquipement pour la pointe Industriel Peu de frais de distribution Consommation stable (24/7) 4,1 4,7 2 1 0 Faible facteur d utilisation (chauffage) Millions d usagers, petite consommation Facteur d utilisation élevé 250 usagers, grande consommation Résidentiel Tarifs au 1 er avril 2013 Industriel Coût réel pour Hydro-Québec Tarif payé par le consommateur Sources : Hydro-Québec Distribution, dossier tarifaire 2013-2014 Il s agit là d une situation assez unique puisque, à l inverse, de plus en plus de juridictions subventionnent plutôt le tarif industriel au moyen du tarif résidentiel pour conserver et accroître les emplois, les investissements et la richesse que génère l industrie. C est particulièrement le cas aux États-Unis, où l on a décidé d agir pour accueillir de plus en plus d entreprises manufacturières, l un des éléments centraux au maintien de la classe moyenne. Plus d un million d emplois manufacturiers y ont été créés, notamment à l aide de tarifs d électricité plus avantageux. Puisqu il a été déterminé par la Régie de l énergie que les écarts potentiels associés aux contrats à partage de risque étaient assumés par les activités non réglementées d Hydro-Québec, et donc par son actionnaire unique le gouvernement du Québec, ces contrats n ont aucun effet d interfinancement entre les différentes catégories de clients. Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 13

Exportation Le Québec exporte actuellement à pleine capacité et les prix moyens sont, au mieux, équivalents au tarif L. Exporter plus demanderait de nouvelles interconnexions, dont les coûts de construction et d utilisation ne permettraient pas, à moyen terme, de retirer un coût unitaire supérieur du kwh. La loi de l offre et de la demande, particulièrement dans le contexte où des centrales au gaz naturel permettent de produire à faible coût de l électricité aux États-Unis, fait en sorte qu exporter plus ne pourrait pas faire augmenter le prix moyen. Mais comparer les revenus d exportation au tarif L ne suscite qu un faux débat. Le Québec dispose de suffisamment d électricité pour exporter à pleine capacité et pour alimenter son secteur industriel. Transformer le kwh ici, c est aussi plus payant Une fois livré à l usine, la vie économique du kwh ne fait que commencer. Celle du kwh exporté s arrête à la frontière. En effet, le kwh exporté n a aucune retombée locale, sous forme d emploi, d achat de biens et services locaux, ou même de recettes fiscales, autres que son prix de vente. En comparaison, le kwh utilisé par les industries grandes consommatrices d électricité s assortit de dépenses totales supérieures à 16 le kw/h, actuellement près de quatre fois plus que ce que l exportation peut offrir, sans même tenir compte des retombées fiscales de l activité de ces entreprises. Entrées de fonds pour le Québec L utilisation de l électricité, plus rentable que l exportation 18 Cents/kWh 16 14 12 10 8 8,7 Les industries grandes consommatrices d électricité investissent en moyenne au Québec 16,4 cents par kwh consommé, en masse salariale, en achat d électricité, en matières premières ainsi qu en biens et services liés à l exploitation courante. Cette estimation n inclut pas les impôts d entreprise ni les effets indirects résultant de l exploitation des usines. Elle n inclut pas non plus les dépenses réalisées au Québec dans le cadre des investissements pour le maintien des installations, qui se chiffraient à 2,7 G$ en 2011. 6 3,1 4 2 0 4,6 Le prix moyen offert actuellement sur les marchés d exportation est égal ou 4,6 inférieur au tarif grande puissance (L) Dépenses d exploitation au Québec des industries grandes consommatrices d électricité par kwh (2011) Exportation d électricité Prix moyen 2011 Énergie Masse salariale Dépenses en matières premières, biens et services au Québec Note : Résultat obtenu à l aide d un sondage auprès de 30 usines grandes consommatrices d électricité (GCE) représentant 52 % de la consommation totale des GCE 14 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

En tenant compte des dépenses et des retombées économiques et fiscales des grandes industries, dont les alumineries, le Québec dispose de toute la marge de manœuvre voulue pour leur offrir de l électricité à prix vraiment concurrentiel. Ce regain de compétitivité permettrait non seulement le maintien, mais l essor du secteur de l aluminium et de la richesse qu il crée pour l ensemble du Québec. Sans compter que dans plusieurs régions, les emplois actuellement offerts par les alumineries seraient très difficiles à remplacer. Si, par manque de compétitivité des tarifs d électricité, une entreprise vient à fermer, le Québec perd non seulement les sommes que cette entreprise investissait, mais il perd également toutes ses retombées indirectes et ses recettes fiscales, en plus de devoir offrir des mesures de soutien économique et de reclassement de la main-d œuvre. Le Québec a donc bien plus à perdre à ne pas consentir de contrats à partage de risque, qu à en accorder, lorsque ceux-ci permettent de maintenir une activité industrielle ou d en attirer de nouvelles. Un tarif nettement déclassé Même au Canada, le Québec n offre pas les tarifs industriels les plus compétitifs. Pour une charge de 50 MW, Winnipeg offre en 2013 des tarifs inférieurs de 20 % et St-John s de 15 % 5 à ceux d Hydro-Québec. À l échelle industrielle une différence de 20 % du prix de l électricité peut facilement orienter le choix pour l implantation d une nouvelle installation, ou pour l investissement dans une installation existante. Et il s agit là de tarifs affichés, les ententes de gré à gré peuvent être encore plus attrayantes, car, comme nous l avons vu, il existe aux États-Unis des programmes spécifiques à cet effet. Par exemple, deux alumineries d Alcoa Inc. installées dans les États de New York et de Washington paient leur électricité près de 45 % moins cher que le tarif L. 6. Hydro-Québec, Comparaison des prix de l électricité dans les grandes villes nord-américaines 2013, p. 51, consommation de 50 000 kwh (50 MW), facteur d utilisation de 65 %, les chiffres sont similaires pour un facteur de 85 %. Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 15

Perte de compétitivité du tarif L : Exemple du secteur de l aluminium Le tarif L situe le Québec dans le 4 e quartile de l industrie mondiale de l aluminium (excluant la Chine) Coût d électricité par aluminerie (USD /kwh 1 ) (2013 monde excluant la Chine 2 ) 9 Moyenne Alcoa en 2015 8 7 6 5 4 Moyenne Alcoa aujourd hui Tarif L après crédits haute-tension et transformation (4,25 /KWh) Tarif L après hausse proposée de 5 % pour 2014 (4,46 /KWh) 3 2 1 0 Croissance Maintien Désinvestissement Fermeture Q1 Q2 Q3 Q4 1. Basé sur un taux de change CAD:USD de 1,00 2. En raison de son économie planifiée, les prix de l énergie que pratique la Chine ne répondent pas aux mêmes impératifs. Leur inclusion fausserait donc la réalité du marché mondial. Source : CRU 2013, R-3854-2013 Comme l indique ce graphique, à l échelle mondiale, et en excluant le Chine, le tarif L se situe dans le quatrième quartile des prix offerts aux alumineries. Plus de 75 % d entre elles paient donc moins que le tarif L. Et l augmentation de 5 % demandée par Hydro-Québec, comme si de rien n était, lui fera perdre plusieurs positions additionnelles. Le recul additionnel que l augmentation de 5 % demandée par Hydro-Québec ferait subir au tarif L est incompatible avec la réalité du marché, où des propositions d investissement nettement plus attrayantes sont la norme, et non l exception. Le Québec ne peut maintenir sa place dans l industrie de l aluminium et donc le niveau d emploi et les retombées économiques qui en découlent sans qu il n y ait d investissements dans les installations existantes, pour en assurer la modernisation et l augmentation de la capacité de production, afin de se rapprocher des nouvelles références mondiales. Lorsque plus des trois quarts des alumineries de par le monde se voient offrir de meilleurs prix pour l électricité que le tarif L, la question se pose crûment sur la capacité du Québec d attirer ces investissements. 16 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

4. Alcoa Canada Groupe Produits primaires, plus durement touchée L électricité : le nerf de la guerre dans l industrie de l aluminium Seule l alumine représente pour Alcoa un coût d exploitation supérieur à celui de l énergie dans la production de l aluminium. Et l électricité compte pour plus de 93 % des sommes que nous allouons à l énergie. Le graphique suivant l illustre clairement. L électricité: le nerf de la guerre dans l industrie de l aluminium Coûts d exploitation Alcoa Canada Groupe Produits primaires Carbone 14 % Autres 19 % Main-d œuvre 19 % Alumine 29 % Énergie 20 % Électricité 350 M$ Gaz naturel 13 M$ Produits pétroliers 12 M$ Après la matière première, soit l alumine, l énergie représente le plus important coût d exploitation Tous les producteurs d aluminium au Québec ne sont pas affectés de la même façon par le manque de compétitivité du tarif L. L importance des centrales hydroélectriques exploitées par Rio Tinto Alcan, qui totalisent près de 2 000 MW de puissance installée, l aide à atteindre un coût moyen de l électricité plus viable. La copropriété, à hauteur de 40 %, de la centrale hydroélectrique McCormick, d une puissance installée de 350 MW, ne permet pas à Alcoa d atténuer suffisamment l effet négatif du tarif L. Il y a quelques années à peine, alors que le dollar canadien était bien loin de la parité avec la devise américaine et que la conjoncture mondiale de l aluminium était très différente, il était alors possible d envisager la conversion au tarif L des contrats à partage de risque. Bien que cela ne soit plus le cas, Alcoa doit néanmoins convertir ses contrats au tarif L d ici 2015. L Aluminerie Alouette est également dans cette situation, mais elle ne doit effectuer cette conversion que dans quelques années. Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 17

Or cette conversion représente pour Alcoa une hausse de 220 M$, ou 63 % de sa facture d électricité. Cette hausse marquerait pour Alcoa un point de non retour, compromettant ses perspectives de croissance au Québec et mettant à risque le maintien de plusieurs de ses exploitations. Alcoa est le premier producteur à faire face au Tarif L en 2015 100 % 90 % 80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0 % 5 % 5 % 87 % 87 % 8% 8% Aujourd hui 2015 Tarif L + prime de 5 /kwh Tarif L Tarif «à partage de risque» Auto-production (Centrale McCormick) Par sa faible production autonome d électricité et par la conversion hâtive de ses contrats à partage de risque, Alcoa Canada Groupe Produits primaires est plus durement affectée par le tarif L que les autres producteurs d aluminium au Québec. Capacité de production Les nouvelles alumineries de classe mondiale ont une production annuelle d environ un million de tonnes, sinon plus. Plus la production d une aluminerie est grande, plus ses frais fixes peuvent être répartis sur un chiffre d affaires important. Ceci améliore d autant sa position sur l échelle des coûts au sein de la société mère et invite les investissements additionnels. C est dans ce contexte que s insère le projet de modernisation de l Aluminerie de Baie-Comeau, qui verrait ainsi sa production portée à environ 460 000 tonnes par an. À titre de comparaison, l Aluminerie Alouette a déjà une production annuelle de 575 000 tonnes qu elle souhaite augmenter à près de 930 000 tonnes. Dans le secteur de l aluminium, le concept «Small is beautiful» ne s applique pas. Avec la faiblesse des prix de l aluminium, les sociétés mondiales d aluminium, comme Alcoa Inc., doivent faire des choix difficiles. Les ressources financières limitées ne peuvent être attribuées qu aux installations les plus prometteuses et la place qu elles occupent sur l échelle des coûts de production est une donnée incontournable. 18 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

Notamment lorsqu on les compare à de nouveaux mégaprojets, comme celui de la coentreprise Ma aden-alcoa 6, en Arabie saoudite, où Alcoa Inc. est largement engagée. C est dans ce nouveau contexte que se pose aujourd hui la question de la modernisation de l Aluminerie de Baie Comeau. En raison de la conjoncture mondiale de l aluminium, de l impossibilité de livrer concurrence aux autres alumineries avec un tarif L qui se situe en queue de peloton, de la conversion d ici 2015 des contrats à partage de risque au tarif L, la rentabilité du projet de modernisation de l Aluminerie de Baie-Comeau est sérieusement compromise. Le Québec peut et doit agir Avec les surplus d électricité que nous connaissons au Québec, il est difficile de comprendre qu un secteur industriel aussi important que celui de l aluminium soit soumis à de l incertitude, par la perte manifeste de compétitivité du tarif L, par la conversion des contrats à partage de risque vers ce tarif non concurrentiel et par l hésitation du gouvernement à consentir de nouveaux contrats à partage de risque. La perte de compétitivité du tarif L mine la vitalité économique et sociale de plusieurs régions du Québec. La nouvelle politique énergétique ne peut faire autrement que de lever cette lourde hypothèque. 7. Représentant un investissement de 10,8 milliards $ US, dont le quart contribué par Alcoa et le reste par la Saudi Arabian Mining Company - Ma aden, ce projet entièrement intégré comprend une mine de bauxite, une raffinerie d alumine, une aluminerie et un laminoir. Ces deux dernières installations devraient entrer en production cette année, devenant les installations à plus faible coût d Alcoa au monde. Pour en savoir plus Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 19

5. La croisée des chemins recommandations La demande mondiale demeure forte pour l aluminium, ce métal polyvalent et recyclable. En effet, Alcoa Inc. prévoyait qu elle augmenterait de 85 % entre 2010 et 2020. En seulement deux ans, de 2010 à 2012, elle s est déjà accrue de près de 17 % ce qui, en tenant compte du contexte de reprise économique encore incertaine, indique que cette prévision est en bonne voie de se réaliser. Mais au cours de la dernière décennie, la production d aluminium primaire s est métamorphosée à l échelle de la planète. La construction de grandes usines de calibre mondial, soutenues par des prix d approvisionnement en électricité très bas, est venue changer en profondeur les règles du jeu. Le Québec peut continuer à tirer son épingle de ce jeu, mais pour cela il doit s adapter aux nouvelles réalités du marché de l aluminium. Sinon, les alumineries se verront forcées d emprunter un autre chemin. Nous sommes à l heure des choix. Sans investissements dans la modernisation et dans l augmentation de la capacité des alumineries actives au Québec, elles sont condamnées à moyen ou long terme. La fin ne sera pas immédiate, pas pour toutes. Mais pour Alcoa, la conversion au tarif L des contrats à partage de risque en 2015 représente une échéance, au-delà de laquelle l avenir de ses alumineries, de milliers d emplois et de milliards de dollars en retombées économiques devient incertain. Il faut que le Québec et le secteur de l aluminium poursuivent ensemble leur développement Le tarif L est hors-jeu. Il ne soutient plus la comparaison dans le secteur de l aluminium. Le gouvernement doit en prendre acte dans sa nouvelle politique énergétique. Et surtout agir sans plus attendre. Le Québec a les ressources nécessaires pour éviter cette croisée des chemins, pour poursuivre dans la voie de la création de richesse et d avenir avec l aluminium. À terme, le marché se redressera, l innovation et la transformation de l aluminium apporteront de nouveaux débouchés au Québec, de nouveaux emplois. Mais il faut s y rendre, avec des alumineries à la pointe de leur capacité. Tel est le rôle des contrats à partage de risque qui, en tenant compte du prix de l aluminium et de la valeur du dollar canadien dans la fixation du prix de l électricité, permettent aux alumineries de franchir les périodes difficiles, d investir dans leur avenir, et, au fournisseur d électricité comme au gouvernement du Québec, de profiter de l amélioration de la conjoncture. 20 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

À cet effet, nous recommandons : 1) De consentir au secteur de l aluminium une tarification d électricité «à partage de risque» compétitive, se situant dans les deux premiers quartiles de l industrie mondiale 7, afin de permettre au Québec et à son secteur de l aluminium de poursuivre ensemble leur développement. 2) D assurer un contexte d affaire prévisible, un critère essentiel à l investissement, notamment par :. la signature de contrats d approvisionnement en électricité à long terme avec la grande entreprise;. la protection de l indépendance de la Régie de l énergie;. la clarification des orientations gouvernementales en matière de réduction des GES et d efficacité énergétique, tout en assurant que ces orientations ne compromettent pas la compétitivité des industries québécoises face à leurs concurrents; et,. l accès des industries grandes consommatrices d électricité aux programmes de soutien technique et financier, en matière de réduction des GES et d efficacité énergétique, dont le Plan global en efficacité énergétique (PGEÉ) d Hydro-Québec. 3) Favoriser la compétitivité des entreprises créatrices de richesse, en soutenant l accès au gaz naturel dans les régions non-desservies, comme la Côte-Nord du Québec. Conclusion Alcoa Canada Groupe Produits primaires ne demande qu à poursuivre et à accroître son rôle de moteur socioéconomique dans les régions du Québec où ses installations sont établies. Plus largement, nous souhaitons contribuer au développement durable du Québec, à la création de richesse et à la qualité de vie des Québécois. Pour cela, la disponibilité d électricité à prix réellement concurrentiel est un élément incontournable. 8. Excluant la Chine, tel qu illustré dans le graphique de la page 16 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 21

Annexe 1 Les installations d Alcoa Canada Groupe Produits primaires au Québec Aluminerie de Baie-Comeau Année de démarrage : 1957 Coût de la construction : 1,65 milliard $ Production : lingots-t, plaques, billettes et tige Capacité de production : 385 000 tm/an (295 000 tm/an après fermeture de l usine Söderberg) Installations portuaires : propriété de l usine Certifications : ISO 9001:2000; ISO 14001:2004; et ISO 17025 Retombées économiques pour le Québec : près de 602 millions $ investis en salaires, taxes et achats de produits et services, dont 270 millions $ dans la région de Baie-Comeau. Située sur un cap surplombant le majestueux fleuve Saint-Laurent, l Aluminerie de Baie-Comeau possède une capacité annuelle de production de 400 000 tonnes métriques d aluminium. Elle comporte deux parties : l usine Söderberg (542 cuves), que la modernisation vise à remplacer et qui cessera son activité en août-septembre 2013, et l usine précuite (480 cuves). Tour à tour propriété de la Canadian British Aluminum Company, de la Reynolds Metals Company et d Alcoa (depuis 2000), l usine a été bâtie puis agrandie à quatre reprises de 1957 à 1991, sans compter la modernisation des cuves Söderberg au début des années 1980. L usine est le plus gros employeur de Baie-Comeau et son personnel est très engagé socialement. Elle appuie de nombreux organismes, dont la Réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka. L usine a été reconnue dans le cadre du Plan d action Saint-Laurent pour ses travaux d assainissement des eaux industrielles. Elle a également reçu le Mérite québécois de la sécurité civile en reconnaissance de sa contribution pour l établissement d un programme de formation en sécurité civile des intervenants dans la MRC de Manicouagan. L Aluminerie de Baie-Comeau est membre élite du réseau Écolectrique d Hydro-Québec. 22 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins

Aluminerie de Bécancour Année de démarrage : 1986 Coût de la construction : 1,65 milliard $ Production : lingots-t, plaques, billettes Capacité de production : 413 000 tm/an Installations portuaires : Bécancour Certifications : ISO 9001:2000 et ISO 14001:2004 Retombées économiques pour le Québec : 445 millions $ investis en salaires, taxes et achats de produits et services, dont 180 millions $ dans la région de Bécancour. Située au bord du fleuve Saint-Laurent, dans le parc industriel de Bécancour, l Aluminerie de Bécancour Inc. (ABI) produit annuellement plus de 400 000 tonnes métriques d aluminium sous forme de plaques de laminage, de lingots-t (purs et alliés) et de billettes. Elle est détenue à 74,95 % par Alcoa, qui en assure l exploitation, et à 25,05 % par Rio Tinto Alcan. Au cours des dernières années, l Aluminerie a reçu diverses distinctions dont un prix Énergia de l Association québécoise pour la maîtrise de l énergie. L Aluminerie appuie plusieurs organismes, notamment, Opération Enfant Soleil, Centraide, Opération Nez Rouge et le Centre de la Biodiversité du Québec. L Aluminerie de Bécancour a été la première entreprise québécoise à atteindre le niveau Élite du réseau Écolectrique d Hydro-Québec. Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins 23

Aluminerie de Deschambault En 1989, le groupe Alumax s est lancé le défi de construire l Aluminerie de Deschambault dans un milieu dont la fragilité et la valeur rendaient la performance environnementale prioritaire. Démarrée en 1992, l usine a atteint dès 1993 sa pleine capacité de production annuelle de 215 000 tonnes métriques. Sa performance technique est depuis lors une référence mondiale et, grâce à l amélioration continue des équipements, des procédés et des méthodes de travail, la production de l Aluminerie dépasse aujourd hui les 260 000 tm. Année de démarrage : 1992 Coût de la construction : 1 milliard $ Production : lingots-t Capacité de production : 260 000 tm/an Installations portuaires : Trois-Rivières Certifications : ISO 9001:2000 et ISO 14001:2004 Retombées économiques pour le Québec : près de 374 millions $ investis en salaires, taxes et achats de produits et services, dont 120 millions $ dans le comté de Portneuf. Son style de gestion avant-gardiste place les gens à la base de ses résultats actuels et de sa croissance future. Elle a notamment remporté le Prix HélèneVandale, du Comité sectoriel de main-d œuvre de la métallurgie du Québec, pour souligner son engagement envers l accessibilité des femmes à des carrières et métiers non traditionnels. La performance environnementale de l Aluminerie de Deschambault constitue une référence mondiale sous les volets de la gestion de l eau, avec son système de «rejet zéro» d eau de procédé, ainsi que de la captation et du traitement des fluorures. Les efforts tout aussi importants qu accorde l Aluminerie à l économie d énergie ont été récompensés de plusieurs distinctions, notamment décernées par le Programme d économie d énergie dans l industrie canadienne et par l Association québécoise pour la maîtrise de l énergie. L Aluminerie de Deschambault est membre élite du réseau Écolectrique d Hydro-Québec. 24 Le Québec et son secteur de l aluminium : à la croisée des chemins