Discours de François Hollande à Quimper le 23 avril 2012



Documents pareils
Contact : Jérôme Sainte-Marie, Directeur du Département Opinion / 11

HOLLANDE UN AN APRES L ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE 2012

TÉMOIGNAGES de participantes et de participants dans des groupes d alphabétisation populaire

LAURENT FABIUS, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES

Réception de Montréal Secteur des valeurs mobilières. Discours d ouverture

Conseil Diocésain de Solidarité et de la Diaconie. 27 juin «Partager l essentiel» Le partage est un élément vital.

SIMULATION ELECTORALE

Baromètre d intention de vote pour l élection présidentielle

Ne tombez pas dans les pièges tendus par

À propos d exercice. fiche pédagogique 1/5. Le français dans le monde n 395. FDLM N 395 Fiche d autoformation FdlM

5 clés pour plus de confiance en soi

AVERTISSEMENT. Ce texte a été téléchargé depuis le site. Ce texte est protégé par les droits d auteur.

Un autre signe est de blâmer «une colère ouverte qui débute par le mot TU».

Assises de l Enseignement Catholique Intervention de Paul MALARTRE Paris Cité des Sciences de La Villette 8 juin 2007

Indications pédagogiques E2 / 42

MEILLEURS AMIS... PEUT-ÊTRE? Producent Gabriella Thinsz Sändningsdatum: 23/

Épreuve de Compréhension orale

LES FRANÇAIS ET LA QUESTION DE LA

EXAMEN MODULE. «U4 Le client au cœur de la stratégie des entreprises» Jeudi 5 septembre h30 11h30. Durée 2 heures

Poèmes. Même si tu perds, persévère. Par Maude-Lanui Baillargeon 2 e secondaire. Même si tu perds Tu n es pas un perdant pour autant Persévère

Intervention de Marisol TOURAINE. Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des. femmes. Maison de Santé Pluridisciplinaire

TABLE DES MATIERES MENTIONS LEGALES QUI SUIS-JE? INTRODUCTION LES INDICATEURS DE LA STRATEGIE REGLES D ENTREE EN POSITION

AVERTISSEMENT. Ce texte a été téléchargé depuis le site

Comment parier jute sur les sites de paris sportifs

Bagnolet, le 29 mai Aux secrétaires généraux des unions régionales. Aux secrétaires généraux des unions départementales

Merci de lire ce merveilleux magazine. Romane M. directrice du magazine.

CLUB 2/3 Division jeunesse d Oxfam-Québec 1259, rue Berri, bureau 510 Montréal (Québec) H2L 4C7

Rapport de fin de séjour Mobilité en formation :

Comment avoir une banque sans banque. Tome 2

Louise, elle est folle

GROUPE DE SPECIALISTES SUR UNE JUSTICE ADAPTEE AUX ENFANTS (CJ-S-CH) QUESTIONNAIRE POUR LES ENFANTS ET LES JEUNES SUR UNE JUSTICE ADAPTEE AUX ENFANTS

Organisation de dispositifs pour tous les apprenants : la question de l'évaluation inclusive

I. ENTRETIEN AVEC PAUL MBA-ABESSOLE,. PRÉSIDENT DU COMITÉ DIRECTEUR DU MORENA

Prise de rendez-vous pour une présentation

Discours d Anne Hidalgo, Maire de Paris

Mademoiselle J affabule et les chasseurs de rêves Ou l aventure intergalactique d un train de banlieue à l heure de pointe

Quelqu un qui t attend

«La Mutualité Française ouvre de nouveaux chantiers innovants.»

Guide animateur DVD 24 Vendre les valeurs mobilières

26 et 27 mai Discours de clôture de la Présidente du Conseil Général

Séance du mardi 17 juin 2014

Les intentions de vote pour les élections régionales en Midi-Pyrénées- Languedoc-Roussillon

Les Français et le libéralisme

Remise de l Ordre National du Mérite à M. David LASFARGUE (Résidence de France 7 novembre 2014)

Garth LARCEN, Directeur du Positive Vibe Cafe à Richmond (Etats Unis Virginie)

Copyright 2008 Patrick Marie.

Discours de Marylise LEBRANCHU. Echanges avec les étudiants du master collectivités locales de. l Université de Corse, à Corte en Haute-Corse

Camus l a joliment formulé : le seul. introduction

NOTRE PERE JESUS ME PARLE DE SON PERE. idees-cate

Paroisses réformées de la Prévôté - Tramelan. Album de baptême

M. Jean-Yves Le Drian, Ministre de la défense. Discours pour les vingt ans du lancement du satellite Hélios IA

Seul le prononcé fait foi. Monsieur le Président de la Mutualité française, cher Etienne CANIARD,

Patrick Fischer et les «boursicoteurs» de TTC

Comment faire parler les chiffres

Assemblée publique annuelle novembre 2011 Trois-Rivières, QC. allocutions de

Discours 1 er mai 2014 Fleurier et Yverdon

Honorables invités, Mesdames et Messieurs,

Thèmes et situations : Agenda et Emploi du temps. Fiche pédagogique

DISCOURS de Sylvia PINEL. VIème congrès de l Union des syndicats de l immobilier (UNIS)

Problèmes de rejet, de confiance, d intimité et de loyauté

LEARNING BY EAR. «Les personnes handicapées en Afrique» EPISODE 10 : «L histoire d Oluanda»

AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site

Questionnaire 6-12 ans

UN REVENU QUOI QU IL ARRIVE

«J aime la musique de la pluie qui goutte sur mon parapluie rouge.

LE GUIDE COMPLET PRETS A PARIER

Kerberos mis en scène

CAP TERTIAIRE/INDUSTRIEL

Retraite du Service public! Préfon-Retraite : la retraite complémentaire du service public

Que chaque instant de cette journée contribue à faire régner la joie dans ton coeur

LE DISCOURS RAPPORTÉ

CHARLES DAN Candidat du Bénin pour le poste de Directeur général du Bureau international du Travail (BIT)

Katja Ingman. Être pro en anglais. Sous la direction de Marie Berchoud. Groupe Eyrolles, 2009 ISBN :

La petite poule qui voulait voir la mer

Dans ce nouveau siècle, aussi inégalitaire que le précédent mais aussi riche

VAGINISME. Quelques pistes pour avancer?

COMMENT PARLER DES LIVRES QUE L ON N A PAS LUS?

Le lancement d un satellite

NOUVEAU TEST DE PLACEMENT. Niveau A1

C est la rentrée! n 4. Toujours plus d infos sur

UN AN EN FRANCE par Isabella Thinsz

PRODUCTION ORALE. Descripteur global. Monologue suivi : décrire l expérience. Monologue suivi : argumenter. Interaction orale générale

Learning by Ear Le savoir au quotidien Les SMS, comment ça marche?

Les Français et le libéralisme

«rend service» Xavier FONTANET

LES 15 MENSONGES DE FRANCOIS HOLLANDE

JE NE SUIS PAS PSYCHOTIQUE!

SECTION 5. Élaboration d un plan de sécurité. Sachez où aller et quoi faire si vous êtes victime de mauvais traitements. Un guide pour les aînés

LA CRISE GAGNE LES CÔTES FRANÇAISES

DOSSIER de présentation

SONDAGE EXCLUSIF Harris Interactive pour LCP-Assemblée nationale

Manque de reconnaissance. Manque de contrôle

Quand un franc-maçon dit «Non» à Denis Sassou Nguesso

Conseil Municipal des Enfants à Thionville. Livret de l électeur et du candidat

Le nouvel espace politique européen

Chez les réparateurs de zém

Baromètre de confiance dans l exécutif. Vague 21 Février 2014

Avenir de la Fonction publique «parcours professionnels, carrières, rémunérations»

Clément ALBRIEUX (69)

Omar veut décider comment utiliser l octroi de 5000 $ qu il vient de recevoir. But ultime

Transcription:

Discours de François Hollande à Quimper le 23 avril 2012 Mes chers amis, après ce premier tour, je voulais que mon premier déplacement soit ici en Bretagne, pour vous exprimer ma gratitude. Car si je suis sorti en tête du scrutin pour le premier tour de l élection présidentielle, j ai fait les comptes et mêmes les calculs, c est grâce à la Bretagne! Et nous avons donc rempli le premier objectif. C était d arriver premiers, nous y sommes! C était aussi de faire le meilleur résultat pour un candidat socialiste depuis François Mitterrand en 1988. Nous avons même j espère qu il ne m entend pas fait mieux que lui en 1981! En 1981, il avait fait 26 %. Nous avons fait plus de 28,5 %! En 1981 il était second. Nous sommes premiers! Et en 1981, il avait gagné l élection présidentielle. Alors, nous allons gagner l élection présidentielle! Quand j ai découvert les résultats, j étais dans ma bonne ville de Tulle et je regardais, comme vous, la télévision. Pour savoir, dans un scrutin, qui l a emporté, c est assez simple : vous regardez les visages. Ils ne trompent pas. Vous voyez ceux qui sont contents et qui ne le montrent pas c étaient les nôtres. Et vous voyez aussi ceux qui voudraient montrer leur tristesse et qui y arrivent c étaient les leurs! Le candidat sortant arrive toujours à se convaincre lui- même pas les autres, ça nous rassure, lui- même! Et hier, il essayait de faire passer ce qui était un échec comme un succès. Il était content. Il est comme ça! Il croit aussi que son quinquennat a été un succès. Plus de 73 % des Français ont pensé le contraire, mais lui, il continue à penser qu il doit aller de l avant! L autre jour, il évoquait sa campagne comme une vague. J ai pensé à vous, les Bretons! La vague, elle monte, elle monte! Elle monte tellement haut qu il va la prendre en pleine face! Mais le vent qui nous pousse doit aussi nous à amener à une grande lucidité. C est vrai que nous sommes sortis en tête. C est exact que la Gauche est à son plus haut niveau depuis très longtemps, 44 %. Mais faites vos comptes : 44 % ça ne fait pas 50 % et des poussières. Or je rappelle qu à une élection présidentielle, il faut faire la majorité. Donc, nous avons besoin de rassembler. Rassembler la Gauche, toute la Gauche. Et j ai apprécié que les candidats, au soir du premier tour, Jean- Luc Mélenchon et Eva Joly, disent immédiatement, sans rechigner, sans bargouiner : «Nous voulons la victoire de la Gauche, nous voulons écarter le candidat sortant, nous ne voulons rien compliquer, et nous voulons surtout que la France puisse de nouveau espérer dans son avenir». Donc, le rassemblement de la Gauche, il est là, il est fait. Et il y a beaucoup d électeurs qui ont pu se porter au premier tour sur des candidatures différentes de la mienne, et qui viendront sans aucune difficulté même s ils n approuvent pas tout mon projet me donner la force nécessaire pour être le prochain président. Mais il convient d aller chercher aussi d autres électeurs qui ne savent plus très bien où ils en sont, tant le quinquennat qui vient de s achever a chamboulé un certain nombre de certitudes, a créé tant de désillusions, tant de désespérance. Je pense notamment, ici même en Bretagne, à ces hommes et à ces femmes qui ne savent plus vers qui se tourner et sont allés vers les vents mauvais du vote extrême. Oui, nous pouvons les blâmer au sens où ils n ont pas fait le choix qui correspond à ce qu est l histoire de notre pays, la fierté qui doit être la nôtre d appartenir à une grande Nation. Et en même temps, nous devons les entendre, ce sont souvent des ouvriers qui

ne savent plus de quoi demain va être fait, ce sont des retraités qui n en peuvent plus, ce sont des agriculteurs qui craignent pour la survie même de leur exploitation, ce sont aussi des jeunes oui, des jeunes qui se disent : «Mais où est notre avenir?». Alors moi, je dois parler à tous en disant aux jeunes, aux moins jeunes, à ceux qui sont les plus loin du travail, à ceux qui travaillent beaucoup et qui n ont pas la récompense de leur effort. Je dois leur dire : «Vous êtes dans un grand pays, et nous allons nous relever tous ensemble, nous redresser». Nous n avons pas besoin de nous diviser. J entendais le candidat sortant disant qu il était un patriote. Mais heureusement! Il disait qu il aimait la France. Mais c est bien le moins quand on est président de la République! Il n y a pas deux France, l une qui serait en doute sur elle- même, et l autre qui serait en confiance par rapport à son avenir. Non, il n y a que des Françaises et des Français à égalité de droits et de devoirs. Et moi, je ne fais pas la distinction selon les couleurs, selon les origines, selon les parcours, selon les régions, selon les situations. Nous aimons notre pays. Je l entendais dire : «Je vais vous protéger». Mais est- ce qu il a protégé les Français par rapport au chômage? Est- ce qu il les a protégés par rapport au pouvoir d achat, par rapport à la mondialisation libérale, par rapport à la finance? Mais qui a- t- il protégé? On les connaît, ce sont les privilégiés, ce sont les forces de l argent! Voilà pourquoi dans cette campagne, je dois parler à tous. Et j en sais aussi beaucoup qui sont attachés à une conception élevée de la République, à l impartialité de l Etat qui consiste pour celui qui en est le responsable à ne pas placer ses propres amis partout, qui sont attachés aussi à l exemplarité c est- à- dire que quand on est en haut, on doit montrer à ceux qui sont dans des situations plus difficiles que les sacrifices sont partagés, y compris pour les rémunérations, pour les protocoles, pour les déplacements. Vous ne pouvez pas savoir la chance que j ai d être candidat. Je le plains, l autre! Moi je me déplace partout. Il y a quelques barrières, quelques protections, mais je peux aller vers vous et c est un grand bonheur! Lui, ça paraît plus difficile. Il paraît qu il y a des cordons de CRS. J ai beaucoup de respect pour les CRS, ce sont des fonctionnaires qui font bien leur travail. Et moi, si je deviens le prochain président, je voudrais continuer à faire ce que je fais, aller à votre rencontre, vous parler directement, vous entendre. Parce que vous m avez communiqué des messages sur l emploi, sur la santé, sur l école. Parce que vous voulez que les services publics, que ce que nous apportons de mieux à nos enfants ou aux personnes plus âgées je pense à l hôpital public -, oui, vous pensez vous aussi que ces équipements- là, que ces services publics sont une chance pour la République et pas une charge! Alors, je dois m adresser à ces électeurs qui ne sont ni de gauche ni de droite et qui se disent : «Quel sera l intérêt du pays, entre celui qui sera encore là pour quelques jours je les compte, lui aussi et celui qui peut, si vous en décidez, être le prochain président?». Il s agit de parler non pas simplement de notre idéal, de nos parcours politiques ; il s agit de parler de l intérêt de la France. C est ce qui va déterminer le choix de beaucoup, le destin de notre pays. Qu est- ce que nous voulons, qu est- ce que nous risquons? C est vrai que quand on change, il y a toujours un risque. Comme dit l adage «on sait ce qu on a et on ne sait pas ce qu on pourrait avoir». Mais là, on sait vraiment ce qu on a! Et donc le changement il doit venir, il arrive, vous l entendez, il vient! Treize jours avant le 6 mai. On me propose, c était hier, trois débats. Avant le premier tour, c était deux. Peut- être qu après le second tour ce sera quatre Ce sera trop tard! Je me suis

posé la question : mais pourquoi il veut autant de débats? En 2007, quand il y avait deux candidats, lui et Ségolène Royal, il n avait pas proposé trois débats! Il n y en avait eu qu un. En 2002, hélas entre Jacques Chirac et déjà Le Pen souvenez- vous de ce second tour terrible il n y avait pas eu de débat. En 1995, il y avait eu débat entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. En 1988 un débat avait suffi, entre François Mitterrand et Jacques Chirac.Et en 1981, comme en 1974, un grand débat entre François Mitterrand et Valéry Giscard d Estaing. A chaque fois, un grand débat qui mobilise des millions de téléspectateurs. Il aura lieu, ce débat! Et nous le mènerons comme il convient, sur le bilan du candidat sortant, sur les projets respectifs. Le sien est bien connu, c est le même que celui qu il a mené depuis cinq ans et qui a échoué en pire, même avec la TVA en plus, avec la remise en cause de la durée légale du travail, avec l atteinte de la protection sociale. On s en expliquera. Il viendra me chercher sur d autres thèmes je les connais déjà, il a répété cela depuis tant de semaines. Il mettra en cause ma position pour réduire la part du nucléaire dans la production d électricité. Je l assume! Il y aura une centrale qui fermera durant le prochain quinquennat, à Fessenheim. Lui a contesté ce choix. Il en a bien le droit. Il a même prétendu qu il s était rendu à Fukushima pour constater ce qu il fallait penser de cette centrale : il n y est jamais allé! Il est comme ça, il s invente même des voyages. Il parlera de l immigration. Ma position est connue sur la régularisation des sans- papiers, au cas par cas mais dans la dignité. Il laissera penser que nous voulons tout accorder. C est faux! Aujourd hui, il y a 30 000 régularisations chaque année. Il voudra réduire l immigration légale de moitié cette immigration légale qu il a finalement acceptée pendant dix ans comme ministre de l Intérieur puis comme président de la République. Il dira que nous voulons mettre l économie par- dessus tête. Mais c est déjà fait! Il dira que nous avons l intention de vider les caisses. Mais de quelles caisses parle- t- il? Il n y a plus rien dans la caisse! Il nous dira que nous allons mettre en cause la croissance elle n y est plus!, le chômage il a augmenté! N ayez peur de rien! Ne craignez rien! Le seul risque que le pays peut courir, c est de le garder! Et voilà qu il en arrive à la dernière peur : «la spéculation arrive, les marchés sont en train de s inquiéter». Ce matin, c est vrai, la bourse de Paris a perdu quelques points, inquiète non pas de notre résultat mais, hélas, de la montée du Front national. Parce que ce n'est pas bon signe pour un pays que d avoir cette présence d une extrême- droite. Ce n est pas, d ailleurs, propre à la France. C est dans toute l Europe que le populisme commence à gagner, ce qui m amène à faire de l élection présidentielle du 6 mai non pas simplement une élection nationale, mais une élection européenne. Tous les Européens nous regardent aujourd hui. Beaucoup m envoient des messages. Les progressistes, directement. Même les autres qui ne le sont pas et qui sont plutôt conservateurs nous attendent. Ils se disent : «Mais si la France réoriente la construction européenne, si elle remet la croissance, l activité économique, le développement durable, les grandes infrastructures écologiques et environnementales, alors l Europe se redressera et c en sera fini de cette austérité que l on impose partout et qui finit par désespérer les peuples et les conduire à voter pour l extrême- droite». Quand je vois le candidat sortant s en prendre à l Europe parce qu il s en prend, en plus, à l Europe! en laissant penser qu il faut fermer les frontières, alors que c est cette Europe- là qui nous permet de maîtriser et de contrôler l immigration à certaines conditions, quand je l entends dire qu il faudrait mettre du protectionnisme alors qu il a été le candidat du libre- échange, de la circulation sans limite des marchandises et même des produits financiers, alors oui, nous avons là un enjeu européen très important. Et je parle ici en Bretagne et Jean- Yves pourrait le confirmer, une région qui a toujours fait confiance à l Europe et qui veut une Europe de progrès, de solidarité, une Europe sociale, une Europe économique, une Europe écologique! Donc nous avons là un enjeu très important à relever ensemble.

Voilà, mes chers amis, l ampleur de ce que nous sommes en train de bâtir ensemble : une victoire. Une victoire qui veut rassembler et non pas diviser. Je veillerai tout au long de ces treize jours qui nous séparent du 6 mai à mobiliser les Français autour d une grande cause, une cause qui nous dépasse tous, qui est l avenir de notre pays, son redressement dans la justice et aussi la réussite de la jeunesse. Je veux que la France donne toutes ses chances, toutes les conditions pour que la génération qui vient vive mieux que nous! Il y aura un élan. Nous n allons pas pratiquer l ouverture, vous avez vu ce que c est devenu. Ils sont même revenus enfin, pas tous, on en a laissé qu on ne voulait pas. Mais nous ne pratiquerons pas ainsi. Nous n aurons pas besoin d aller chercher de l autre côté. Nous avons suffisamment de talents, et notamment ici en Bretagne, pour constituer des gouvernements. Mais en même temps, nous n avons pas besoin de maudire celles et ceux qui n auront pas voté pour nous. Ils seront les bienvenus, parce que nous avons besoin de tous. Et celui qui doit être le prochain président de la République doit être le président de tous les Français et pas seulement d une partie d entre eux. Il dit souvent : «François Hollande ne veut pas être vraiment le chef». Mais si, si! Il a mal compris. Le chef de l Etat, oui! Mais pas le chef du gouvernement, le chef de la majorité, le chef du parti cela, c était son temps. Et il va s achever! Le prochain président devra emmener le pays. Bien sûr, fixer la ligne d horizon, donner sa vision, mobiliser le pays. Et en même temps, respecter les autres pouvoirs : le pouvoir des régions, des collectivités locales, des partenaires sociaux, des entreprises, des syndicats, parce que nous en avons besoin, nous avons besoin de négociations. Il faut respecter les grandes organisations, les organisations non gouvernementales, tous ceux qui font bouger le pays. Nous aurons besoin de tous les concours pour réussir. Parce que ce ne sera pas facile, après. J en entends beaucoup qui me disent, dans mes déambulations, au- delà des encouragements, des appuis on me dit toujours la même chose, même encore aujourd hui, on me dit : «Courage! Courage!». Je n en manque pas. On me dit : «Tenez bon!», parce que vous vous inquiétez, vous vous dites «l autre est prêt à tout». C est possible. Vous me dites : «Il faut aller jusqu au bout!». Mais on va y aller jusqu au bout! On va y aller on y est presque jusqu au bout! Et puis d autres encore, et ils ont raison, «Ne nous décevez pas». Parce qu il ne faut rien promettre qu on ne soit capable de tenir. Parce que nous devons réussir après. Parce que moi je ne veux pas, si je suis votre prochain président, être dans la situation de celui qui va bientôt sortir et dire «pardon, je n ai pas fait comme il convenait». Il est toujours en train de dire : «Ah, si j avais commencé différemment». Possible qu il aurait fait mieux et encore, ce n est pas sûr. Mais on sait comment cela va finir, parce que nous allons en décider ainsi, nous peuple français. Moi je veux, si je suis votre prochain président, pouvoir dans cinq ans vous dire «voilà, je vous avais promis que la jeunesse serait au cœur de mes priorités, elle l a été. Je vous avais dit qu aucune décision ne serait prise si elle n est pas juste, eh bien aucune ne l aura été. Je vous avais dit qu on ferait la réforme fiscale, la réforme territoriale, la réforme bancaire, la réforme institutionnelle». Nous ferons tout cela. Et je pourrai vous en rendre compte tous les six mois, parce que je viendrai devant le pays, devant les journalistes pour lesquels j ai grand respect, rendre compte de ce que j aurai engagé pour le pays. Et le gouvernement le fera aussi devant le Parlement. Voilà le sens de ce que je veux faire avec vous. Vous êtes venus nombreux, dans des conditions qui n étaient pas faciles. Nous avons vaincu toutes les intempéries possibles, alors rien ne nous arrêtera maintenant! En venant en Bretagne, je voulais prendre le bon air, respirer une bonne fois, avoir le souffle nécessaire. Merci, merci à tous de m avoir permis de prononcer mes premiers mots après le résultat de dimanche. Eh bien je souhaite que vous soyez encore plus nombreux le 6 mai, ici même sur cette

place. Bernard me représentera. Je souhaite qu il y ait une grande fête, que nous puissions nous dire «voilà, nous avons bien travaillé pour le pays, nous sommes heureux en ce jour parce qu il y a un nouveau temps, une nouvelle espérance, un nouveau président et que nous avons maintenant à redresser le pays dans la justice». Merci de votre confiance, merci de votre soutien! Allez sereinement, tranquillement, fermement vers la victoire!