ETUDE DES CHIROPTERES DE L ETANG DU FOLLET



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AD MISSIONS LUSTRAT Philippe 33 rue de la garenne 77760 VILLIERS SOUS GREZ Tel 06 60 84 63 45 E-mail : lustrat.philippe@wanadoo.fr ETUDE DES CHIROPTERES DE L ETANG DU FOLLET Octobre 2006 1

TABLE DES MATIERES Avant-propos : Biologie des chiroptères 3 1.) Inventaire des arbres à cavités 5 2.) Méthode d étude 5 3.) Résultats 6 4.) Analyse 14 5) Expertise chiroptologique 15 6.) Méthode 15 7.) Résultats 16 8.) Analyse 20 9.) Mesures de gestion 35 10.) Conclusion 40 11.) Bibliographie 41 Annexe 1 : Méthode de calcul de l IIC 43 Annexe 2 : Pose de nichoirs 49 2

Avant-propos : Biologie des chiroptères Introduction : Après les rongeurs, l ordre des Chiroptères possède la plus grande richesse spécifique de l ensemble des mammifères, regroupant 900 espèces sur 4000. Ce trait est encore plus prononcé en France, où les chauves-souris sont représentées par plus d une trentaine d espèces, pour un total d environ 90 espèces de mammifères. Les gîtes Les chauves-souris utilisent plusieurs gîtes différents occupés à tour de rôle, en fonction des cycles métaboliques de l'espèce. Les préférences en matière de température et d'humidité varient suivant l'espèce, l'âge et le sexe des individus, mais tous ont besoin de tranquillité. Ainsi, en été, les femelles en gestation ou allaitantes s'établiront toujours en milieu chaud (combles ou greniers), alors qu'en hiver, elles choisiront un micromilieu où la température est constante. Certaines espèces vivent été comme hiver dans les arbres. La disparition des gîtes (arbres creux, carrières souterraines) constitue une des causes les plus importantes de raréfaction des chauves-souris. Certaines espèces de chauves-souris vivent sous le même toit que l'homme, et parfois même s'y reproduisent en colonie. La reproduction L'accouplement a lieu en automne, mais les femelles n'entrent en oestrus que le printemps suivant, et les naissances ont lieu en été. Chez beaucoup d'espèces, les femelles se regroupent en colonies de mise à bas. A cette époque les mâles vivent plus ou moins isolés. La plupart des espèces ne mettent bas qu'un jeune par an, hormis les Pipistrelles et les Sérotine qui peuvent avoir deux petits. En cas de mauvais temps persistant empêchant les adultes de chasser, les jeunes peuvent mourir de faim ou de froid. Les petits sont allaités jusqu'à la fin de leur croissance. Ce n'est qu'après 4 à 6 semaines qu'ils commencent à voler. Dès que l'élevage des jeunes est terminé, les femelles retrouvent les mâles pour la reproduction. L hivernage L'hiver, les chauves-souris ne peuvent plus trouver d'insectes pour se nourrir. Elles entrent alors en hibernation, et passent la mauvaise saison dans un gîte choisi avec soin. 3

La plupart du temps, il s'agit de lieux frais, à l'abri du gel, sans grandes variations de températures, avec une forte humidité relative et peu de courants d'air : grottes, souterrains, caves, arbres creux, voire bâtiments. Chaque réveil provoque une consommation d'énergie. Si les réserves énergétiques d'un individu sont trop faibles, celui-ci meurt, faute de ressources suffisantes permettant le réveil. C'est pourquoi il ne faut jamais déranger une chauve-souris en hiver! Les menaces Dans nos régions, il n'existe pas de prédateur spécialisé des chauves-souris. Cependant, les rapaces diurnes ou nocturnes, les fouines, martres ou les chats peuvent occasionnellement se nourrir de chauves-souris. C'est l'homme qui exerce l'influence la plus forte sur le nombre et la répartition de nos chauves-souris : modification des milieux, insecticides, traitements des charpentes, destructions directes, etc... Certaines chauves-souris peuvent vivre extrêmement longtemps : le baguage a permis de trouver un Grand Rhinolophe de 30 ans, une Barbastelle de 23 ans et récemment, un Murin de Brandt de 41 ans! Les migrations Plusieurs espèces de chiroptères effectuent de véritables migrations, et donc volent sur de longues distances. La Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii) par exemple peut parcourir en migration des distances régulières de 1000 km. Pour un mammifère d'une dizaine de grammes, il s'agit là d'un record. Grâce à des données des campagnes de baguage effectuées dans presque tous les pays d'europe du Nord, on a pu déterminer ses flux migratoires. Elle se déplace chaque année à l'automne et au printemps en suivant des axes qui coupent le continent européen, dans le sens sud-ouest, nord-est. Une partie importante des populations qui se reproduisent dans l'est de l'europe hiberne, en effet, en Suisse, en Hollande, en France ou même en Espagne. Les Pays-Bas et l'allemagne ont organisé d'importantes campagnes de baguage. Le record de distance parcourue approche les 2000 km. La biologie complexe et très spécifique des chiroptères nécessite des expertises très poussées aux différentes époques de l année, réalisées par des spécialistes utilisant des méthodes très sophistiquées (matériel d enregistrement et d analyse des ultrasons, ballons captifs pour enregistrements en altitude, etc..). Il est indispensable de réaliser des prospections de terrain à différentes époques de l année afin de couvrir le cycle biologique complet des chiroptères. 4

1) Inventaire des arbres à cavités 2) Méthode de recherche Les prospections ont été faites en hiver, pendant le mois de janvier pour la partie réserve du Follet et bois de Saint-Leu, et début avril pour le parc du château, afin de ne pas être gêné par les feuilles. Nous avons utilisé un GPS afin de localiser précisément les arbres. La totalité de la réserve du Follet a été prospectée, mais étant donné la faible superficie de ce site, et le fait que nous n ayons trouvé aucun arbre à cavité dans le périmètre du site même, nous avons élargi nos recherches au petit bois humide situé au sud-ouest du site, ainsi qu à la totalité du bois de Saint-Leu. Par la suite, ayant obtenu l autorisation de prospecter le parc du château, nous avons aussi recherché les arbres à cavité dans ce secteur. Une superficie de 12,2 hectares a été prospectée pour la réserve et le bois, et de 15 ha pour le parc, soit au total 27,2 ha. La carte suivante délimite les zones prospectées (A : réserve, B : bois de Saint- Leu, C : parc du château) : 5

3) Résultats 3.1) Résultats pour la réserve Aucun arbre à cavité n a été localisé dans la réserve. Il faut préciser qu il y a peu d arbres sur la réserve, et qu ils sont assez jeunes. 3.2) Résultats pour le bois de Saint-Leu Les résultats sont faibles : seulement 5 arbres à cavités ont été localisés : 2 arbres ont été trouvés dans le petit bois humide au sudouest de l étang, et 3 arbres dans le bois de Saint-Leu. La carte suivante localise les arbres à cavités : 6

Le tableau suivant décrit chaque arbre à cavité : Arbre n Situation Essence Nombre et type de trous 1 Hors site Chêne 1 trou de pic dans un jeune arbre. 2 Hors site Peuplier Plusieurs cavités et décollement d écorces sur un groupe d arbres morts. 3 Bois de Saint-Leu Indéterminée Fissure verticale. 4 5 Bois de Saint-Leu Chêne Ecorce décollée sur un jeune arbre mort. Bois de Saint-Leu Chêne Trou de pic. Arbre n 1, chêne, trous de pics 7

Arbre n 2, peuplier, écorce décollée Arbre n 3, fissures 8

Arbre n 4, chêne, écorce décollée Arbre n 5, chêne, trous de pics 9

3.3) Résultats pour le parc du château Le parc du château abrite beaucoup d arbres âgés, et la plupart d entre eux, ont des cavités dus soit aux pics, soit à des branches cassées ; Si l on prend en compte, les possibilités de gîtes supplémentaires qu offre les ponts, les dépendances et les grandes combles du château pour l été, ainsi que les souterrains et caves pour l hiver, il est évident que ce parc doit abriter des gîtes à chiroptères. De plus, la présence de la rivière, de nombreux plans d eau, de clairières, vergers et prairies constitue des terrains de chasse extrêmement recherchée par les chiroptères. La carte suivante localise les arbres à cavités : 10

Le tableau suivant décrit chaque arbre à cavité : Arbre n Essence Nombre et type de trous 1 Châtaignier Trous de pics + fissures 2 Platane Branches cassées 3 Châtaignier Ecorce décollée + Trous de pics 4 Chêne Trous de pics 5 Arbre fruitier Trous de pics 6 Arbre fruitier Trous de pics + Branches cassées 7 Non déterminé Branches cassées 8 Non déterminé Branches cassées 9 Platane Branches cassées 10 Châtaignier Trous de pics 11 Non déterminé Trous de pics 12 Non déterminé Trous de pics 13 Non déterminé Trous de pics 14 Châtaignier Branches cassées 15 Châtaignier Branches cassées 16 Chêne Branches cassées 17 Hêtre Fissures 18 Charme Fissures 19 Chêne Trous de pics 20 Non déterminé Trous de pics 21 Chêne Ecorce décollée 22 Hêtre Fissures 23 Platane Branches cassées 24 Chêne Branches cassées 25 Chêne Trous de pics + Branches cassées 26 Chêne Branches cassées 27 Chêne Branches cassées 11

28 Hêtre Trous de pics 29 Hêtre Trous de pics 30 Chêne Trous de pics 31 Chêne Trous de pics 32 Chêne Trous de pics 33 Châtaignier Branches cassées 34 Châtaignier Branches cassées 35à 45 Allée châtaigniers Branches cassées + Trous de pics 46 à 56 Allée châtaigniers Branches cassées + Trous de pics 57 à 67 Allée châtaigniers Branches cassées + Trous de pics Quelques photos des arbres à cavités : Arbre n 1, châtaignier, trous de pics + fissures 12

Arbre n 16, chêne, branches cassées Arbre n 23, platane, branches cassées 13

Arbre n 32, chêne, trous de pics 4) Analyse des résultats Le nombre d arbres à cavités varie de façon très importante entre les 2 sites. Le parc du château possède une densité d arbres gîtes 2 fois plus importante! En examinant ces premiers résultats, il s avère fortement probable qu il existe des connections importantes entre ces 2 sites, les chauvessouris qui chassent sur l étang devant probablement gîter dans le parc du château. Site Densité d arbres gîtes à l hectare Réserve + Bois de Saint-Leu 2,3 Parc du château 4,5 14

Nous proposons donc, en accord avec les propriétaires du château, d étendre notre inventaire au parc du château. La gestion du site et de ses environs, essentiellement le bois de Saint- Leu devra tenir compte de la pauvreté en arbres gîtes et laisser vieillir les arbres, afin que les cavités soient de plus en plus nombreuses. Pour cela, il faudrait établir une concertation avec les gestionnaires du bois de Saint-Leu. 5) Expertise chiroptologique La présente expertise a pour but d inventorier le peuplement chiroptologique de l étang du Follet, à Cesson en Seine et Marne, de préciser le statut des différentes espèces et de proposer des mesures de protection et de gestion. 6) Méthodes d étude A) Captures aux filets Nous utilisons 2 dispositifs de capture simultanément (2 dispositifs de 9 m de longueur) ; les filets sont installés sur deux hauteurs de 2 m chacune ; la surface de capture est donc d environ 72 m2. Les filets sont tendus 1 h avant la tombée de la nuit, jusqu aux environs d 1 h du matin, soit en moyenne pendant 4 heures à chaque séance. Les chiroptères étant protégés par la Loi, une autorisation de capture du Ministère de l Environnement a été obtenue afin de pouvoir capturer les chauves-souris à l aide de filets. B) Utilisation du détecteur d ultrasons Les chauves-souris sont étudiées en activité sur leurs terrains de chasse grâce à un «détecteur d ultrasons». Cet appareil transcrit les ultrasons émis par les chauves-souris en chasse, en cris audibles pour notre oreille. Un détecteur de type S-25 (Ultra Sound Advice), est utilisé couplé avec l analyseur d ultrasons PUSP (Portable Ultrasound Signal Processor, Ultra Sound Advice). Le détecteur est réglé en position division de fréquence afin de pouvoir entendre l ensemble de la bande fréquentielle utilisée par les chiroptères. Les signaux captés sont numérisés et enregistrés en expansion de temps (10 X) sur un magnétophone numérique. Un phare portatif est parfois utilisé pour éclairer de façon fugace certains individus afin de noter des critères visuels d identification. 15

L identification de la plupart des espèces de chiroptères est possible de façon fiable à condition d analyser les sons enregistrés. Pour identifier les espèces, une analyse discriminante multi variée est faite. L analyse des ultrasons est effectuée grâce au PUSP, en effectuant pour chaque signal une transformée de Fourrier rapide (FFT), ou sur ordinateur à l aide de différents programmes d analyse. Cette technique de pointe permet de prospecter tous les milieux afin de localiser les chauves-souris en chasse, et de les identifier sans les déranger. Une cartographie de toutes les espèces est effectuée car toutes les localisations sont notées sur carte à l échelle 1/25 000. Un GPS est utilisé afin d obtenir des localisations précises. 7) Résultats Captures aux filets 3 nuits ont été consacrées aux captures aux filets, jumelées avec des animations. Date Nombre Espèces capturées 20 mai 2006 0 Aucune 17 juin 2006 0 Aucune 29 juillet 2006 3 Pipistrelle commune Le site n est pas propice aux captures de chiroptères. En effet, il n y pas d endroits où les chauves-souris sont canalisées dans leurs déplacements, pour favoriser leur capture, telles des rivières ou allées forestières. Dans ces conditions, nous avons posé nos filets au bord de l étang, ce qui rend les captures plus aléatoires. Un seul site a permit de capturer des chiroptères : 3 Pipistrelles communes. 16

Localisation des sites de capture 17

Utilisation du détecteur d'ultrasons L ensemble de la zone a été prospecté au détecteur d ultrasons. La carte n 3 présente tous les contacts avec des chiroptères. Les espèces sont notées en légende sauf pour la Pipistrelle commune, représentée par un sigle rouge. La carte indique chaque localisation de chiroptères mais non le nombre de contacts. 8 espèces de chiroptères ont été identifiées sur le site : - Noctule commune - Noctule de Leisler - Sérotine commune - Barbastelle - Murin de daubenton - Murin d Alcathoe - Pipistrelle commune - Pipistrelle de Kuhl 18

Localisations des contacts avec des chiroptères au détecteur d ultrasons 19

8) Analyse des données Utilisation des milieux : Parmi les milieux potentiellement intéressants pour les chiroptères, leur utilisation varie selon les espèces : Espèces Etang Boisements Champs et Prairies Noctule commune x x Noctule de Leisler Sérotine commune Barbastelle Murin de daubenton Murin d Alcathoe x Passage Pipistrelle commune x x Pipistrelle de kuhl x x x x Hormis la Sérotine commune notée seulement en déplacement, toutes les autres espèces chassent sur l étang. Les milieux environnants sont nettement moins utilisés : les boisements ne sont utilisés que par la Pipistrelle commune, tandis que les milieux ouverts (champs et prairies) ne sont utilisés que par la Noctule commune. Statut reproducteur : On ne peut déterminer le statut reproducteur des chauves-souris qu à certaines époques de l année, et la capture est indispensable pour déterminer ce statut. Les 3 Pipistrelles que nous avons capturées étant des mâles, nous ne pouvons rien apprendre sur leurs statuts reproducteurs. 20

Estimation de l abondance des différentes espèces : 8 espèces ont été identifiées au détecteur d ultrasons, avec un nombre de localisations nettement différent selon les espèces. Si les effectifs des chiroptères ne peuvent être déterminés sans des méthodes lourdes de travail sur le terrain, on peut tout de même comparer la densité des espèces entre elles, en comparant le pourcentage de localisations. La Pipistrelle commune est l espèce la plus abondante, puisqu elle représente pratiquement la moitié des localisations. La Noctule commune vient ensuite avec 22 % des localisations, suivie du Murin de Daubenton (14 %) et de la Noctule de Leisler (10 %). Ce sont les espèces les plus fréquemment rencontrées près des milieux humides en Ile de France. Les autres espèces sont beaucoup plus rares : la Barbastelle représente 5 % des localisations (2 contacts) alors que les 3 autres espèces n ont été localisées qu une seule fois : Pipsitrelle de Kuhl, Murin d Alcathoe et Sérotine commune (observée seulement en passage). Espèces Nombre de localisations Pourcentage de localisations Pipistrelle commune 18 43 % Noctule commune 9 22 % Murin de Daubenton 6 14 % Noctule de Leisler 4 10 % Barbastelle 2 05 % Sérotine commune 1 02 % Murin d Alcathoe 1 02 % Pipistrelle de Kuhl 1 02 % 21

Evolution population Quelques recherches effectuées en août 2000 (Lustrat, 2000) avaient déjà permit d identifier 5 espèces de chiroptères (Noctule commune, Noctule de Leisler, Murin de Daubenton, Barbastelle et Pipistrelle commune). Ces espèces sont toujours présentes sur le site, mais nous avons aussi découvert de nouvelles espèces, puisque désormais, 8 espèces ont été localisées sur le site. L augmentation du nombre d espèces présentes est due au plus grand nombre de nuits de prospections. Indice d intérêt chiroptologique En déterminant le pourcentage de contacts pour chaque espèce, nous pouvons calculer un Indice d intérêt chiroptologique qui permettra de connaître l intérêt de ce site au niveau départemental et régional, en utilisant la méthode développée par Lustrat (2005), et présentée en annexe. L IIC sera ainsi le suivant (pour la méthode de calcul, se référer aux travaux cités ci-dessus) : Pipistrelle commune : (43X 2) X 0 = 00 Noctule commune : (22 X 1) = 22 Noctule de Leisler : (10 X 1) = 10 Sérotine commune : (2 X 1) = 02 Barbastelle : (5 X 4) X 2 X 2 = 80 Murin de Daubenton : (14 X 4) = 56 Murin d alcathoe : (2 X 4) X 2 = 16 Pipistrelle de Kuhl : (2 X 2) X 2 = 08 IIC = 194 L indice d intérêt chiroptologique du site est donc de 194. 22

Sites Départe ment Superfi cie Milieux Nombre d espèces IIC Montauger 91 5 ha Milieux humides 6 112,5 Sorques 77 128 ha Milieux humides 9 130,8 Fontenay 91 86 ha Milieux humides 7 131,8 Hautil 95 400 ha Forêt 6 20,3 Malmaison 92 200 ha Forêt 9 40,3 Port Royal 78 720 ha Forêt 7 56,1 Sénart 91 3050 ha Forêt 7 57,9 Grands Avaux 91 182 ha Forêt 9 130,0 Fontainebleau 77 17000 ha Forêt 11 286,0 Bellejame 91 22 ha Forêt 4 10,0 Etang du Follet 77 12,2 ha Milieux humides 8 194 L étang du Follet présente un Indice d intérêt chiroptologique très élevé, puis qu il arrive juste derrière la forêt de Fontainebleau. Il dépasse largement les autres milieux humides étudiés, malgré sa petite taille. 23

Statut des différentes espèces au niveau départemental, régional et national : L étang du Follet présente un intérêt régional par la présence de plusieurs espèces très rares (Pipistrelle de Kuhl) et exceptionnelles (Barbastelle, Murin d Alcathoe). Espèces Noctule commune Nyctalus noctula Noctule de Leisler Nyctalus leisleri Sérotine commune Eptesicus serotinus Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus Murin de Daubenton Myotis daubentoni Barbastelle Barbastella barbastella Murin d Alcathoe Myotis alcathoe Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii Statut en Seine et Marne Commune Commune Relativement rare Statut en Ile de France Assez Commune Assez Commune Relativement rare Statut en France Commune Commune Commune Commune Commune Commune Relativement rare Relativement rare Commun Exceptionnelle Exceptionnelle Rare Exceptionnel Exceptionnel Exceptionnel Très rare Très rare Rare 24

Valeur patrimoniale des espèces présentes Espèces Noctule commune Nyctalus noctula Noctule de Leisler Nyctalus leisleri Sérotine commune Eptesicus serotinus Murin de daubenton Myotis daubentoni Murin d Alcathoe Myotis alcathoe Barbastelle Barbastella barbastella Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhli Directive Convention Convention de Liste rouge Habitat de Berne Bonn française annexe 4 annexe 2 annexe 2 vulnérable annexe 4 annexe 2 annexe 2 Vulnérable annexe 4 annexe 2 annexe 2 A surveiller annexe 4 annexe 2 annexe 2 A surveiller Annexe 4 Annexe 4 annexe 2 Annexe 2 annexe 2 annexe 2 annexe 2 Vulnérable annexe 4 annexe 4 annexe 3 annexe 2 A surveiller annexe 4 annexe 2 annexe 2 A surveiller La présence de la Barbastelle représente un intérêt particulier puisqu elle est inscrite à l annexe 2 de la directive européenne «Habitat». L étang du Follet doit donc faire l objet de mesures de gestion à la hauteur de l intérêt de cette espèce. La Directive Européenne "Habitats, Faune, Flore", plus communément appelée Directive Habitats, s'applique aux pays de l'union Européenne depuis le 5 juin 1994. Elle a pour objet d'assurer le maintien de la diversité biologique par la conservation des habitats naturels, ainsi que de la faune et de la flore sauvages. La Directive Habitats prévoit la mise sur pied d'un réseau de zones protégées baptisé Réseau Natura 2000. L'annexe 2 est une liste d'espèces animales et végétales dont la conservation nécessite la désignation de zones spéciales de conservation. 25

Depuis l arrêt du baguage des chiroptères en 1964, la Barbastelle n avait plus été identifiée en Seine et Marne que 3 fois, toujours en hiver, dans 2 sites différents : près de Provins (Lustrat 1997) et près de Villecerf (Boireau et al. 1999, Lustrat 2000). Dans le reste de l Ile de France, la Barbastelle n a été identifiée que dans la forêt de Rambouillet dans les Yvelines par J-F Julien et par L. Tillon, à chaque fois en action de chasse (identification des signaux ultrasonores). La Barbastelle reste une des espèces de chiroptères les plus rares de la région Ile de France. 26

FICHES ESPECES La Noctule commune Nyctalus noctula Schreber,1774 Habitat : La Noctule commune gîte été comme hiver dans les trous d'arbres. C'est une espèce forestière qui chasse surtout dans les clairières, sur les lisières et près des milieux humides. C'est une espèce migratrice. La longueur maximum de déplacement est de 1600 km. Gîtes d'hiver : Arbres creux, plus rarement joints de dilatation dans les bâtiments, fentes de rochers. Gîtes d'été : Arbres creux. Régime alimentaire : Ses proies préférées sont des Trichoptères, Diptères, Lépidoptères et Coléoptères. Statut des populations : Présente dans toute l'europe (où elle est abondante dans la plupart des régions où subsistent des massifs forestiers, répartition peu homogène en France où les sites où elle se reproduit sont rares. En Ile de France, la Noctule commune est présente partout où des prospections sérieuses sont menées. Menaces : La disparition des arbres à cavités et le morcellement des massifs forestiers constituent des facteurs limitants. Protection : Gestion forestière pour maintenir les gîtes (laisser vieillir les arbres, créer des îlots de vieillissement), ainsi qu'en faveur des territoires de chasse (maintenir les clairières, lisières arborées, éviter l'emploi de pesticides dans les prairies et pâtures). 27

La Noctule de Leisler Nyctalus leisleri Kuhl, 1817 Habitat : La Noctule de Leisler est une espèce migratrice, le maximum de déplacement noté étant de 1245 km. Gîtes d'hiver : Arbres creux. Gîtes d'été : Arbres creux, joints de dilatation des bâtiments, linteaux de grange, fissures dans les constructions humaines. Régime alimentaire : Diptères, Coléoptères, Trichoptères et Lépidoptères. Statut des populations : Considérée comme vulnérable et rare en Europe (hormis en Irlande), répartie de façon irrégulière. En France, répartition peu homogène, due probablement à l'absence de prospection à l'aide de détecteur d'ultrasons. En Ile de France, des méthodes d'études adaptées (détecteur d'ultrasons) permettent d'augmenter régulièrement le nombre de localisations de cette espèce. Menaces : La disparition des arbres à cavités et le morcellement des massifs forestiers constituent des facteurs limitants. Protection : Gestion forestière pour maintenir les gîtes (laisser vieillir les arbres, créer des îlots de vieillissement), ainsi qu'en faveur des territoires de chasse (maintenir les clairières, lisières arborées, éviter l'emploi de pesticides dans les prairies et pâtures). 28

La Sérotine commune Eptesicus serotinus Schreber, 1774 Habitat : Elle chasse en forêt, dans les parcs, dans les milieux humides et en pleine ville (surtout autour des lampadaires) où elle se nourrit de petits Diptères, et d'hémiptères. C'est une espèce sédentaire, dont le plus déplacement noté est de 330 km. Gîtes d'hiver : Elle hiberne dans les bâtiments (greniers, caves), ou, très rarement en milieu souterrain. Gîtes d'été : La Sérotine commune est une espèce anthropophile qui gîte l'été dans les toitures, bien qu'elle puisse utiliser les cavités dans les arbres. On la trouve aussi dans les joints de dilatation et dans les disjointements de construction. Régime alimentaire : Coléoptères, lépidoptères, diptères, hyménoptères, trichoptères. Statut des populations : La Sérotine commune est commune en France et en Europe. Les populations de Sérotine commune semblent stables en Europe. En Ile de France, elle n'a pas une répartition homogène et n'est nulle part abondante. Menaces Les dérangements dans les gîtes, et la disparition de ceux-ci sont des causes de régression de cette espèce. La disparition des territoires de chasse a une influence sur le maintien des populations. Protection Maintenir les gîtes, garder les accès, ne pas effectuer de traitement de charpente avec des produits toxiques, gérer la cohabitation avec les habitants. 29

La Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus Schreber, 1774 Habitat : La Pipistrelle commune chasse dans une grande variété de milieux : forêts, milieux humides, villes, où elle se nourrit de petits insectes. Gîtes d'hiver : Habitations, constructions humaines, tunnel, églises (derrière les tableaux). Elles peuvent hiberner en grands nombres. Gîtes d'été : Habitations (combles, faux plafonds dans les pavillons, joints de dilations, rebord de fenêtre pour les bâtiments), cavités dans les arbres. La Pipistrelle commune peut gîter au milieu des champs (Lustrat, 2001c). Régime alimentaire Micro lépidoptères, diptères. Statut des populations : Cette espèce est largement répandue et commune dans toute l'europe. En Ile de France, c'est l'espèce la plus commune, elle pose d ailleurs des problèmes dans les habitations où des colonies s installent et gênent les habitants. Menaces : Destruction, disparition ou dérangement dans les sites reproduction ou d hibernation. Protection: Les populations sont affectées par les traitements des charpentes et la fermeture des toitures servant de gîtes. Il est nécessaire de sensibiliser les habitant sa la présence de chiroptères sous leurs toits. Il faut maintenir des arbres et des haies surtout en milieu d agriculture intensive. En milieu urbain, il faut maintenir une végétation arborée. 30

Le Murin de Daubenton Myotis daubentoni Kuhl, 1817 Habitat : Le Murin de Daubenton chasse essentiellement sur les plans d'eau (étangs, rivières, fleuves), mais aussi dans les forêts. Gîtes d'hiver ; Cavités souterraines. Gîtes d'été : Arbres creux, fissures sous les ponts. Régime alimentaire : Diptères, Lépidoptères, Hyménoptères, Coléoptères. Statut des populations : Le Murin de Daubenton est une des chauves-souris les plus communes d'europe. Il semblerait que les populations aient augmentées dans plusieurs endroits. En Ile de France, l'espèce n'est pas commune, et sa répartition non homogène. Les densités sont localement abondantes, mais l'absence de cette espèce en plusieurs sites potentiellement favorable est problématique. Menaces : Les dérangements dans les gîtes d'hibernation et la disparition des gîtes (de reproduction et d'hivernage) sont des causes de régression des effectifs. Protection : Gestion en faveur des gîtes : maintenir des arbres creux, ne pas reboucher les fissures sous les ponts (voire en créer lors de la création ou restauration de ponts), protéger les cavités servant l'hibernation. Gestion en faveur des territoires de chasse : maintenir les milieux humides, contrôler l'eutrophisation, garder les haies et lisières arborées, planter des alignements d'arbres le long des berges des cours d'eau. 31

La Barbastelle d'europe Barbastella barbastellus Schreber, 1774 Habitat : La Barbastelle préfère les habitats forestiers. Elle chasse sur les lisières forestières, les plans d'eau et dans les grands parcs. Elle peut effectuer de longs déplacements d'une longueur maximum de 290 km. Gîtes d'hiver : Arbres creux, linteaux de porte, tunnels désaffectés, carrières souterraines et grottes seulement par grands froids. Gîtes d'été : Arbres creux, linteaux de portes de grange, espace entre poutre. Régime alimentaire : Microlépidoptères, trichoptères, diptères. Statut des populations : La Barbastelle semble être une des espèces les plus rares d'europe. Très sensible au dérangement, les populations de Barbastelle régressent en de nombreux sites. En France, elle semble aussi assez rare, mais sa situation demanderait ^être affinée. En Ile de France, elle est très rare. Menaces : La régression des populations des petits insectes dont se nourrit la Barbastelle, associé à la disparition de ses gîtes de reproduction et d'hibernation entraîne une régression des effectifs. Protection : La protection des sites utilisés (arbres creux et milieux souterrains) et la création de nouveaux gîtes sont des mesures de protection à mettre en œuvre pour enrayer cette régression. Il faut éviter les coupes de grande superficie, et mettre en œuvre des mesures de gestion sylvicole adaptées, en particulier, le maintien d'îlots de parcelles agrées de feuillus (+ 100 ans) traitées en taillis sous futaie, ou en futaie irrégulière. 32

Le Murin d Alcathoe Myotis alcathoe Helversen & Heller 2001 Habitat : Ses territoires de chasse sont constitués de milieux boisés et de milieux humides. Il chasse à faible hauteur (1,5 mètre à 6 mètres de hauteur). Gîtes d'hiver : Cavités souterraines. Gîtes d'été : Arbres creux, combles, fissures extérieures, disjointement sous les ponts. Régime alimentaire : Diptères, Arachnides et Lépidoptères. Statut des populations : Les populations sont méconnues dans la plupart des régions. Menaces : La disparition des gîtes d'estivage et d'hivernage (arbres creux, milieux souterrains) constitue une menace pour cette espèce. Le traitement des charpentes par des produits toxiques constitue une cause de régression. Protection : La protection des sites de reproduction et d'hibernation est indispensable. Il est indispensable de laisser vieillir des arbres. 33

La Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii Kuhl,1817 Habitat : Commune en milieu urbain, et près des plans d eau, elle chasse autour des lampadaires, et des milieux ouverts Gîtes d'hiver : Caves, constructions humaines. Gîtes d'été : En été, elle gîte dans les habitations (combles, faux plafonds pour les pavillons, joints de dilation, rebords de fenêtre pour els habitations) Régime alimentaire : Diptères, Micro-lépidoptères, Trichoptères et Hémiptères. Statut des populations : Commune dans le sud de l'europe. En France, elle semble absente du nord-est. L'Ile de France constitue la limite nord est de la répartition française de cette espèce. Menaces : Destruction, disparition ou dérangement dans site de reproduction. Les populations sont affectées par les traitements des charpentes et la fermeture des toitures servant de gîtes. Protection: Maintenir les arbres âgés, les haies surtout en milieu d agriculture intensive Maintenir la végétation arborée en milieu urbain 34

9.) Mesures de gestion Gestion de l étang Les chiroptères ont besoin des milieux humides pour boire et pour se nourrir. En effet, ce sont les milieux les plus utilisés comme territoire de chasse, que ce soit en diversité d'espèces ou en nombre d'individus (Lustrat, (2001a, 2001b). Toutes les espèces identifiées lors de cette étude chassent sur l étang, hormis la Sérotine commune, notée seulement en déplacement. La gestion des abords est importante pour les chiroptères. Les abords pourraient être répartis ainsi : - 1/3 reste boisé - 1/3 est transformé en milieu ouvert (prairie) - 1/3 en milieu hétérogène et semi-ouvert (buissons). La répartition spatiale de ces abords ne présente pas d impératifs. Le maintien d une partie des rives herbeuses ou buissonnantes doit être recherché. Les branches ou arbres surplombant l'eau créent des abris où les insectes vont se nourrir, ce qui attire aussi les chauves-souris. Il faut éviter l'eutrophisation des milieux humides car elle abaisse la diversité entomologique. La création de zones tampon entre les zones agricoles et les milieux humides peut être intéressante. Les roselières, en particulier, filtrent l'eau et réduisent l'eutrophisation. Création et gestion des prairies Les prairies sont composées d'une grande variété floristique qui induit d'importantes populations d'insectes d'espèces variées. Cette grande variété entomologique favorise la présence de plusieurs espèces de chauves-souris. La création de prairies à proximité du plan d eau présenterait un intérêt certain pour les chiroptères. La fauche de ces prairies devrait être effectuée en ne fauchant certaines zones que tous les 2 ans. Afin de laisser toutes les espèces effectuer leurs métamorphoses, les dates de fauche devraient être les plus tardives possibles. Ces fauches devraient être réalisées à 10-15 cm du sol, de façon à ne pas détruire les pontes d'insectes et les larves qui vivent près du sol. 35

Gestion des pâtures Les pâtures entretenues par du bétail présentent un grand intérêt pour les chiroptères qui se nourrissent des insectes attirés par ces animaux. Il est préférable de mettre en place des haies pour délimiter ces pâtures, plutôt que des barbelés car cela créé des milieux de chasse intéressants. De plus, ces haies constituent des chemins que suivent les chiroptères pour se déplacer. Les points d'eau pour le bétail peuvent aussi servir aux chauves-souris s'ils ne sont pas trop souillés par les excréments du bétail. Il peut être intéressant de mettre en place des bouquets d'arbres dans les pâtures, car ils feront de l'ombre aux animaux, et fourniront des sites de chasse supplémentaires aux chauves-souris. Les insecticides devront être utilisés avec parcimonie car ils détruisent de nombreux insectes qui servent de nourriture aux chiroptères, en particulier les coprophages proies préférées de certaines espèces. Gestion des milieux boisés Les forêts présentant une grande hétérogénéité de structure et d'essence, sont les plus favorables aux chiroptères car les milieux de chasse sont très variés, ce qui permet l'utilisation par une grande variété d'espèces (Lustrat 2001a). Le nombre d espèces en action de chasse varie selon les milieux (Lustrat, 2001b). Les milieux les plus riches en nombre d espèces sont les milieux de rupture : lisière de forêt avec un fleuve (90 % des espèces viennent y chasser), et lisière de forêt avec la ville (80 % des espèces y ont été contactées). Viennent ensuite les régénérations de résineux et les lisières de ceux-ci avec les futaies de résineux (60 % des espèces de chiroptères utilisent ces milieux). Les milieux les moins utilisés sont les futaies de hêtres, les vieilles futaies, les lisières de forêt avec les champs, les prairies et les friches. Ces milieux ne sont utilisés que par une seule espèce. Le nombre de chauves-souris en action de chasse varie aussi selon les différents milieux (Lustrat, 2001). Le milieu que les chauves-souris utilisent le plus pour chasser est, de loin, la lisière entre la forêt et un milieu humide : 5,6 contacts aux 100 m, soit 2 fois plus que le milieu utilisé en second : les lisières entre les futaies de résineux et les régénérations de résineux (2,4 contacts aux 100 m). Les régénérations de résineux et les lisières de forêt avec la ville viennent ensuite avec respectivement, 1,6 contacts et 1,2 contacts aux 100 m. Les milieux les moins utilisés sont les vieilles futaies (0,08 contacts aux 100 m), les lisières de forêt avec une friche, avec (0,07 contacts aux 100 m). Viennent 36

ensuite les futaies de résineux et de hêtres, les lisières de forêt avec les champs, les prairies et les friches, les landes à bruyères. Si les parcelles de feuillus sont les plus fréquentées, la présence de résineux présente un intérêt pour certaines espèces, qui chasse sur le sol nu sous ces arbres. Les coupes de régénération par rotation sont moins perturbatrices que les coupes rases qui suppriment toute la végétation d'une parcelle. Cette gestion par bouquet, crée des petites clairières, qui sont autant de territoires de chasse, alors que les arbres plus âgés encore sur pied peuvent servir de gîte. Les gîtes arboricoles De nombreuses espèces de chiroptères utilisent les cavités dans les arbres au cours du cycle annuel. Il existe plusieurs types de cavités dont les principales sont : - les anciennes cavités de pics, - les fissures - les cassures du tronc - le pourrissement dû à la cassure d'une branche à son embranchement - les écorces décollées De nombreuses essences différentes abritent des gîtes, mais les feuillus sont les plus fréquents et plus particulièrement les chênes. Les arbres d'un diamètre supérieur à 45 cm sont le plus souvent utilisés. Les gîtes occupés sont le plus souvent dans des arbres situés en lisière forestière, bien que des arbres situés au cœur de parcelle soient aussi utilisés. Par contre, il est indispensable que le trou d'envol soit dégagé de tout obstacle. Le maintien des arbres âgés ou à cavités en nombre suffisant. Il est en effet indispensable de préserver les arbres gîtes connus ou potentiellement favorables. Les chiroptères changeant souvent de gîtes, il faut qu'ils puissent disposer de plusieurs gîtes dans un périmètre restreint pour les petites espèces, tel le Murin de Beichstein. Pour les grandes espèces (Noctule commune, Noctule de Leisler) ce réseau de gîtes arboricoles doit s'étendre sur plusieurs centaines ou milliers d'hectares. 37

Pose de gîtes artificiels Dans l'attente du vieillissement des peuplements forestiers, et étant donné le faible nombre d arbres gîtes localisés, il serait intéressant d installer des gîtes artificiels pour pallier à l'absence de cavités arboricoles. Ces nichoirs peuvent être construits en bois (non traité) ou en béton de bois (meilleure isolation et résistance aux destructions par les pics ou les écureuils). Il est conseillé d'installer les gîtes par groupe de 3 ou 4 dans un périmètre restreint, et de les exposer au sud. Il est nécessaire d'effectuer un suivi des nichoirs afin de les déplacer si besoin est. Il est à noter que les nichoirs constituent, outre une mesure de protection particulièrement utile, une méthode intéressante d'étude, car certaines espèces difficiles à trouver en forêt par d autres méthodes d'études, les utilisent. Cependant, il faut limiter les dérangements lors des contrôles. Nous présentons en annexe une fiche technique pour cette action. 38

Tableau récapitulant les actions de gestion en faveur des chiroptères Objectif Gestion des gîtes naturels Moyens Laisser vieillir les arbres, afin que les cavités soient de plus en plus nombreuses, non seulement dans la réserve, mais aussi dans le bois de saint-leu. Gestion de l étang Gérer les abords de l étang de la façon suivante : - 1/3 reste boisé - 1/3 est transformé en milieu ouvert (prairie) - 1/3 en milieu hétérogène et semi-ouvert (buissons). Maintenir une partie des rives herbeuses ou buissonnantes. Gestion des prairies Gestion des pâtures Gestion des boisements Création de gîtes Créer une zone tampon entre les zones agricoles et les milieux humide. Les roselières, en particulier, filtrent l'eau et réduisent l'eutrophisation. Faucher les prairies en ne fauchant certaines zones que tous les 2 ans. Afin de laisser toutes les espèces effectuer leurs métamorphoses, les dates de fauche devraient être les plus tardives possibles. Ces fauches devraient être réalisées à 10-15 cm du sol, de façon à ne pas détruire les pontes d'insectes et les larves qui vivent près du sol. Mettre en place des haies pour délimiter les pâtures, plutôt que des barbelés car cela créé des milieux de chasse intéressants. Mettre en place des bouquets d'arbres dans les pâtures, car ils fourniront des sites de chasse supplémentaires aux chauves-souris. Gérer les boisements par bouquets, en créant des petites clairières, qui sont autant de territoires de chasse, alors que les arbres plus âgés encore sur pied peuvent servir de gîte. Installer les gîtes artificiels aux chiroptères. 10) Conclusion 39

L étang du Follet présente un intérêt chiroptologique particulièrement intéressant par la présence de 8 espèces de chiroptères. Cependant, cet étang n est utilisé que pour la chasse et s abreuver. Plusieurs sont rares ou exceptionnelles dans la région, et une espèce est inscrite à l annexe 2 de la directive européenne «Habitat». L indice d intérêt chiroptologique du site est aussi un des plus élevés de la région. Si les chiroptères trouvent la nourriture dont ils ont besoin sur le site de l étang du Follet, ils n y trouvent pas de gîte. Il apparaît que le parc du château présente une forte densité d arbres gîtes et il est probable qu il abrite des colonies de chauves-souris. Dans l attente que les arbres vieillissent et proposent des cavités, la pose de gîtes artificiels est certainement la mesure la plus urgente à mettre en œuvre. Le parc du château étant probablement l endroit où la majorité des chiroptères gîtent, il serait intéressant d établir des contacts avec les propriétaires de ce site afin d envisager ensemble des mesures de gestion. 11) Bibliographie 40

Lustrat P. (1995) Les chauves-souris de la forêt de Fontainebleau. Service départemental O.N.F. & Conseil Général de Seine et Marne. Rapport d étude non publié, NATURE RECHERCHE (55 pp.). Lustrat P. (1997) Statut de la Barbastelle en Ile de France. Bull. S.F.E.P.M. n 34 :27-28. Lustrat P. (1997) Biais dus aux techniques d étude des chiroptères en activité de chasse en milieu forestier. ARVICOLA t. IX, n 1 : 7-10. Lustrat, P. (1998) Les animaux sauvages de la forêt de Fontainebleau. Les Editions du Puits Fleuri. 253 pages. Lustrat P. (2000) Nouvelle observation de Barbastelle en Seine et Marne. L envol des chiros n 1 : 2. Lustrat, P. (2001a) Milieux exploités par les chauves-souris en activité de chasse. Rapport Nature Recherche, : 11 pages. Lustrat, P. (2001b) Les territoires de chasse des chiroptères de la forêt de Fontainebleau. Le Rhinolophe 15 : 167-173. Lustrat P. (2003) Etude des chauves-souris du domaine de Montauger (91) Rapport Nature Recherche- Conseil Général de l Essonne. 65 pages. Lustrat P. (2004) Etude des chiroptères des marais de Fontenay et de Fontenay-aval (ex-darblay et ex-delestrange). Rapport Nature Recherche- Conseil Général de l Essonne. 45 pages. Lustrat P. (2004) Etude des chiroptères de la forêt départementale des Grands Avaux. Rapport Nature Recherche- Conseil Général de l Essonne. 44 pages. Lustrat P. (2005) Proposition de méthodologie de calcul d'un Indice d'intérêt des milieux de chasse pour les chiroptères. Rapport Nature Recherche. 6 pages Lustrat P. (2006) Etude des chiroptères de l étang du Follet. Localisation des arbres à cavités favorables aux chauves-souris. Rapport d étude AD Missions. 9 pages. Meschede et Keller (2000) Ökologie und Schutz von Fledermâusen in Wälden unter besonder Berücksichtigung wandernder Arte, Schriftenreihe fûr landschaftspflege und Naturschutz. Bonn. Pénicaud, P. (2000) Chauves-souris arboricoles en Bretagne : typologie de 60 arbres gîtes et éléments de l'écologie des espèces observées. Le Rhinolophe 14, 37-68. Roue S. (1994) Situation des chiroptères en France : Ethologie, biologie des espèces, niches écologiques, habitat, statut. In «Gestion et protection des chauves-souris : de la connaissance aux aménagements». Les Pratiques du Génie écologique. Metz. 23.06.94 : 17-18. Stebbings, R. E. (1988) - Conservation of European bats. London : Christopher Helm. 246 p Thomas & West (1989) Sampling methods for bats. Gen. Tech. Rep. PNW- GTR-243. Portland, OR : U.S. Department of Agriculture, Forest Service, Pacific Northwest Research Station. 20 p. 41

Zbinden K. (1995) - Bat echolocation, electronics and field research : a fruitful symbiosis? Le Rhinolophe 11 : 41-52. Zingg P.E. (1990) - Akustische artidentifikation von fledermäusen (Mammalia : Chiroptera) in der Scweiz. Revue suisse Zool. 97 (2) : 263-294. Zing & Maurizio (1991) - Die Fledermäuse (Mammalia :Chiroptera) des Val Bregaglia. Jber. Natf. Ges. Graubünden 106 : 43-88. Annexe 1 : Méthode de calcul de l IIC 42

Proposition de méthodologie de calcul d'un Indice d'intérêt des milieux de chasse pour les chiroptères Lustrat P. (2005) Proposition de méthodologie de calcul d'un Indice d'intérêt des milieux de chasse pour les chiroptères. Rapport Nature Recherche. 6 pages P. Lustrat 1) Introduction Le gestionnaire de milieux naturels a parfois besoin de comparer plusieurs sites afin de choisir ceux qui bénéficieront en priorité de mesures de protection, ou celui qui sera le moins perturbé par certains travaux (construction de routes ou d'autoroutes, de voies ferrées, d'éoliennes, etc ). Dans le cas des chiroptères, les inventaires apportent des éléments importants, mais il est difficile de hiérarchiser les sites sur la base seule des espèces rencontrées, à cause des biais dû aux méthodes d'étude, ainsi qu'aux différences de statut des différentes espèces. Nous avons tenté de calculer un indice permettant de noter les milieux en fonction de leurs richesses chiroptologiques. 2) Méthode d'inventaire des chiroptères L identification de la plupart des espèces de chiroptères est possible de façon fiable à condition d analyser les sons enregistrés (Zbinden, 1995). Pour cela, nous avons employé un détecteur de type S-25 (fabricant : Ultra Sound Advice), que nous avons utilisé avec l analyseur d ultrasons PUSP (Portable Ultrasound Signal Processor). Les signaux sont enregistrés sur magnétophone à cassettes Sony type walkman professional WM-D6C. Les cassettes utilisées sont de type SA 60 - IEC II de marque TDK. Pour identifier les espèces, nous avons procédé à une analyse discriminante multivariée telle que celle utilisée par Zingg (1990) en utilisant les variables suivantes : durée du signal, fréquence de début, du milieu, au maximum d amplitude et de fin du signal, durée des intervalles entre les signaux, bande fréquentielle et rapport de la bande fréquentielle sur la durée du signal, en effectuant la moyenne des signaux enregistrés pour chaque chauve-souris (10 signaux en moyenne). Les chauves-souris ont été enregistrées le long de transect, parcourant l ensemble de la zone à étudier. Nous avons ensuite déterminé le pourcentage de contacts pour chaque espèce. 43

3) Pondération en fonction du biais méthodologique Toutes les espèces n'émettent pas des ultrasons avec la même intensité, de plus la hauteur de vol, et donc la distance de localisation varie aussi beaucoup. Ces différences induisent un biais dans le nombre de contacts. Nous avons donc calculé un indice pondéré par la méthode (IPM) en fonction des possibilités de détection des différentes espèces. Indice pondéré pour les espèces Espèces Noctule (toutes espèces) Sérotines (toutes espèces) Molosse Pipistrelles (toutes espèces) Minioptère de Schreber Oreillard (toutes espèces) Myotis (toutes espèces) Barbastelle Rhinolophes (toutes espèces) Distance moyenne de détection Indice pondéré par la méthode (IPM) Plus de 30 m 1 Entre 20 et 30 m 2 Moins de 20 m 4 4) Pondération en fonction du statut Toutes les espèces n'ont pas le même statut et nous avons déterminé un indice pondéré en fonction du statut (IPS) : Statut Indice pondéré en fonction du statut (IPS) Annexe II directive Habitat 2 Statut régional : Menacé ou Très rare 2 En raison de son répartition et de sa colonisation de tous les milieux, la Pipistrelle commune est affecté d un IPS de : 0. 5) Calcul de l'indice d'intérêt chiroptologique (IIC) L indice d intérêt chiroptologique (IIC) se calcule de la façon suivante : 44

IIC= (% de contacts X IPM) X IPS 6) Exemples : Pourcentage de fréquence de contacts N C N L SE G R M U M U N A Montauger 36, 8,2 1 16, 36, 1 7 4 7 Fontenay 45, 15, 3,4 13, 0,9 21, 6,7 8 1 4 8 Sorques 19, 16, 8,1 4 1,6 1,6 41, 6,5 0,9 5 3 5 Fontainebleau 5 11 10 9 3,5 7 1 3,5 43 6 1 Hautil 2,8 0,7 0,7 1,4 93, 0,7 7 Port Royal 5,5 1,1 1,1 2,2 2,2 86, 1,1 8 Sénart 11, 3 1,6 11, 3 4,8 1,6 56, 5 12, 9 Grands Avaux 13 5 9 2 5 1 53 11 1 Malmaison 7,7 1,2 0,3 2,3 1,2 3,1 75 8,9 0,3 M U D A M U m- b M U B E PI S O PI C O PI K/ N P ku h O R Sites Département Milieux Nombre d espèces IIC 45

Montauger 91 Milieux humides 6 112,5 Sorques 77 Milieux humides 9 130,8 Fontenay 91 Milieux humides 7 131,8 Hautil 95 Forêt 6 20,3 Malmaison 92 Forêt 9 40,3 Port Royal 78 Forêt 7 56,1 Sénart 91 Forêt 7 57,9 Grands Avaux 91 Forêt 9 130,0 Fontainebleau 77 Forêt 11 286,0 7) Applications : En analysant plus finement les différents critères des forêts de la région parisienne, on peut essayer de comprendre pourquoi certaines sont plus riches que d autres. A) On peut par exemple comparer les forêts selon leurs distances de Paris. On s aperçoit que plus les forêts sont éloignées de Paris, plus leur IIC augmente, hormis pour la forêt de l Hautil. Distance de Paris Sites Distance de Paris IIC Malmaison 13 km 40,3 Sénart 24 km 57,9 Port Royal 24 km 56,1 Hautil 30 km 20,3 Grands Avaux 40 km 130,0 Fontainebleau 55 km 286,0 B) On peut aussi comparer les forêts selon leurs superficies. 46

Ce critère ne semble pas influencer l IIC, hormis pour les forêts de grande superficie comme la forêt de Sénart ou de Fontainebleau, mais la forêt des Grands Avaux, malgré une petite taille présente un IIC très élevé. Surface des forêts Sites Surface IIC Grands Avaux 182 ha 130,0 Malmaison 201 ha 40,3 Hautil 400 ha 20,3 Port Royal 720 ha 56,1 Sénart 3 050 ha 57,9 Fontainebleau 17 000 ha 286,0 C) Si l on utilise ces 2 critères, on s aperçoit que la proximité de Paris a un effet négatif sur les IIC : En effet, une forêt telle Malmaison (200 ha) n a un IIC que de 40,3, alors qu une autre petite forêt, les Grands Avaux (182 ha) a un IIC de 130. La différence se trouve dans la distance de la forêt par rapport à Paris : Malmaison se trouve à moins de 30 km de Paris, alors que les Grands Avaux sont à plus de 30 km de la capitale. Les forêts de grande taille sont soumis aux mêmes contraintes : la forêt de Sénart (3050 ha) qui se trouve à moins de 30 km de paris a un IIC de 57,9, alors que la forêt de Fontainebleau (17 000 ha) a un IIC de 286 et se trouve à plus de 30 km de Paris. 7) Conclusion Le calcul d'un indice d'intérêt chiroptologique est un outil indispensable pour le gestionnaire de milieux naturels. Cela lui permet de hiérarchiser les sites afin de protéger les plus intéressants. Cela permet aussi de comprendre pourquoi certains sites sont plus intéressants et d appliquer des règles de gestion plus pertinentes. En comparant plusieurs sites dans une région, il est possible de déterminer un indice d intérêt chiroptologique par milieu (par exemple, forêts, milieux 47