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Transcription:

RAUVILLE-LA-PLACE Rauville-la-Place appartient à l'arrondissement de Cherbourg, au Canton de Bricquebec, et appartenait à la communauté de communes du Val d Ouve jusqu à fin 2016. Désormais, la commune de Rauville-la-Place appartient à la Communauté d Agglomération du Cotentin (CAC). Les habitants de Rauville-la-Place se nomment les Rauvillais(es). Rauville-la-Place compte 386 habitants (recensement 2015) sur une superficie de 11.88 km² soit 32 hab. / km². (84,2 pour la Manche, 111 pour la Normandie et 116 pour la France). Les formes anciennes du nom de Rauville-la-Place sont : Rodulfi villa (v.1080), la Rouvilla (?), sancti Laurentie de Radulfi villa (1226), Raouville (1262), Rauvillela-Place (1583) Le toponyme serait issu de l anthroponyme germanique Radulf adjoint de l ancien français ville, à l origine «domaine rural». François de Beaurepaire (Historien et chercheur, passionné par la toponymie, qui a écrit un ouvrage de référence «les noms des communes et anciennes de la Manche») donne pour origine le domaine la ville- de Radulfus dont est dérivé le prénom Raoul. Le determinatif la Place, connu dès le XVIe siècle, correspond à la lande de Rauville où se tenait la Foire ès morts. Les armes de la commune de Rauville-la-Place se blasonnent ainsi : écartelé : au premier et au quatrième d'argent aux trois merlettes de sable, au deuxième et au troisième d'argent à la quintefeuille de gueules La commune de Rauville-la-Place s inscrit dans le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin, créé en 1991. Comme les 144 communes s inscrivant dans ce projet de territoire, elle s est engagée dans la préservation et la valorisation du patrimoine naturel et culturel remarquable. Les landes et marais représentent une grande place du territoire de la commune : de nos jours, les marais sont toujours marqués par le rythme saisonnier de l eau. Lorsque les pluies sont abondantes, les prairies se transforment en vaste plan d eau, on dit que les marais sont «blancs». Dès le printemps, les prairies émergent des zones inondées. La vie végétale renaît. Vaches et chevaux sont mis à pâturer sur les prairies. L été, vient la fauche du foin. En fin de saison, débute l entretien des canaux et des fossés. Dès les premières pluies de l automne, les bêtes retrouvent le haut pays. Ce rythme saisonnier détermine les activités et les pratiques des différents usagers. Les marais restent le reflet des activités humaines qui y cohabitent : l agriculture, la pêche, la chasse, l observation de la nature, le tourisme Quant à sa lande, elle a servi de décors à «l Ensorcelée» de Barbey d Aureville, qui trouvait à Rauville «un pauvre bout de lande pour rêver» et où il aimait se promener avec son ami Mgr Anger-Billards. Aujourd hui, y est aménagé un circuit de moto-cross qui accueille chaque année différents championnats organisés par le Moto Club du Val d Ouve. Un peu d Histoire A savoir Parmi les seigneurs de Rauville-la-Place, on trouve Raoul de Clamorgan (décédé après 1080) qui, selon la tradition, aurait été un compagnon de Guillaume le Conquérant lors de la conquête de l Angleterre en 1066. Son nom viendrait des comtés de Glamorganshire, région aujourd hui appelée Pays de Galles. Les Clamorgan, d origine saxonne, furent parmi les premiers seigneurs anglais à se rallier au duc Guillaume en 1066 et a en recevoir des apanages dont Rauville puis Saint-Pierre-Eglise. Lors d un duel, il tua pour «réparation morale» le chevalier Roger de Cartot. L église paroissiale de Rauville-la-Place fut donnée en 1107 à la collégiale de Néhou par Richard de Reviers, fondateur ; elle devint propriété de l abbaye de Montebourg en 1152, lorsque Guillaume de Vernon, seigneur de Néhou, y réunit la collégiale. La paroisse eut une léproserie, fondée en 1126 par le duc-roi Henri 1 er, sous le vocable de saint jacques, et dotée de deux foires, les 9 août et 5 novembre. La chapelle était à la desserte du curé qui en avait les oblations (offrandes). Quand la lèpre disparaît, la chapelle est devenue d usage public et lieu de pèlerinage, et mise sous le vocable de Notre-Dame de la Délivrande au XVIIe siècle elle est toujours très fréquentée. Outre cette chapelle, il eut à Rauville-la-Place, une chapelle Sainte-Anastasie (sans revenus) et une chapelle Saint-Pierre-de-Garnetot, qui avait des revenus et était à la présentation du seigneur de Garnetot. Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 1/14

Lessay, Gavray, Brix, Saint-Hilaire-du-Harcouët, La Pernelle, Le Vicel, Valcanville, etc. sont des communes associées, ou l étaient, à d importantes foires ; celles de La Pernelle, Le Vicel et Valcanville n existent plus. Parmi toutes ces foires, la «Foire ès morts» de Rauville-la-Place, établie au Moyen-âge, a réussi à se maintenir. Son nom est lié à la période à laquelle elle a lieu, premier samedi suivant la Toussaint ; en cette année 2018, elle aura lieu le samedi 3 novembre. A l origine, c était une foire à chevaux, la dernière de l année dans la Manche. De nos jours, point d animaux exposés, elle est devenue la foire aux légumes d hiver, notamment des oignons et citrouilles. Elle ne dure que l espace d une matinée, et se termine en tout début d après midi après la dégustation de l agneau grillé. A la Révolution, de nombreux prêtres réfractaires sont massacrés. Tout prêtre rentré en France, après émigration, devait être mis à mort dans les vingt-quatre heures. Tout prêtre sujet à la déportation sera mis à mort, s il est saisi sur le territoire de la République C est ainsi qu entre autre, sept prêtres du diocèse de Coutances furent enveloppés dans le massacre de la prison des carmes (installée dans l ancien monastère des Carmes à Paris) qui s est déroulé du 2 au 7 septembre 1792 : Jacques-Joseph le Jardinier-des-Landes, curé de la Feuillie ; Bon-Michel Pontus 1 (de Rauville-la-Place), curé de Sainte-Geneviève ; le Père Le Franc, supérieur du séminaire de Coutances ; les abbés Julien et Pierre le Laisant, de Valognes ; Louis le Danois, dit Potier, de Vindefontaine ; l abbé Regnet, de Cherbourg. 1 Notons que les Pontus originaires de Tamerville, se fixent vers 1650 à Saint-Geneviève, d où ils essaimeront dans tout le Cotentin au cours du XVIIIe siècle. Ils se caractérisent par un grand nombre de vocations sacerdotales. Le 26 novembre 1943, le Spitfire du lieutenant Arthur Haggie Beane, pilote de la Royale Naval Volunteer Reserve au 165th Fighter Squadron de la RAF, est abattu dans d un combat aérien pendant une mission d escorte de bombardiers sur Cherbourg. L avion et les restes du pilote ne furent retrouvés qu en 1992. Des recherches permirent d identifier l aviateur britannique. Le lieutenant Arthur Haggie Beane fut inhumé le 4 février 1993 au cimetière britannique de Saint-Charles-de-Percy. Une stèle en sa mémoire a été installée au sud de la ville. Le modèle réduit qui coiffe le monument a été réalisé à partir d une pièce du Spitfire. Après le débarquement à Utah-Beach le 6 juin 1944, l objectif principal des Américains dans le Cotentin est de capturer la ville de Cherbourg et son port en eau profonde ; si les ports artificiels d Arromanches et de Saint- Laurent-sur-Mer sont parfaitement opérationnels le 15 juin, le déchargement du matériel nécessaire à l effort de guerre est considéré comme insuffisant à long terme par le haut commandement allié. Il faut absolument capturer un port en eau profonde qui permettra d accueillir des navires de transport de fort tonnage. Ainsi, Cherbourg apparait comme l objectif numéro un dans le Cotentin. Mais les Allemands sont conscients du problème allié et ils comprennent depuis le début l importance stratégique de cette ville et de son port. Les renforcements de la défense de Cherbourg se poursuivent. Avant d attaquer Cherbourg, les Américains décident de rejoindre l autre extrémité du Cotentin afin de couper les renforts allemands entre le nord et le sud du Cotentin (la coupure du Cotentin). Depuis le 14 juin, Montebourg résiste efficacement aux assauts américains, mais les hésitations de l OKW (organe de commandement suprême des forces armées allemandes) et de Hitler sur la stratégie à adopter dans le Cotentin font perdre un temps précieux. Le 15 juin, le Major-General Joseph Lawton Collins, jugeant que l effort principal du VII Corps doit porter sur la coupure du Cotentin, lance une offensive vers l ouest avec comme objectif la Douve. La 82nd US Airborne Division attaque vers Saint-Sauveur-le-Vicomte, avec le 60th Infantry Regiment sur son aile droite. Le 325th Glider Infantry Regiment, commandé par le Colonel Harry Lewis, s établit sur les hauteurs de Rauville-la-Place, tandis que le 507th Parachute Infantry Regiment progresse parallèlement de l autre coté de la route de Pont-l Abbé. À minuit les parachutistes sont à Rauville, le 505th PIR a relevé le 507th et s installe au sud de Reigneville. Les Américains sont en bonne position pour franchir la Douve, et s emparer de Saint-Sauveur-le-Vicomte dès le lendemain Au cours de l été 1969, M. Raymond Desprez découvrit, à demi envasé sous l eau dans une rigole longeant la Douve, près du gué de Kartot qui prolongeait jadis en direction de l abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, un tronc d arbre noirâtre. L existence d un important élément de bois à cet endroit était connu depuis fort longtemps. Les chasseurs qui traversaient le gué fréquemment, «mettaient le pied sur l extrémité d un vieux morceau de bois informe pour éviter de s enliser». Quand M. Desprez dégagea ce morceau de bois, il se rendit compte qu il s agissait d une barque rudimentaire, une pirogue taillée dans un tronc de chêne, longue de 3,75 m et large de 0,70 m avec deux banquettes réservées. Le laboratoire du CNRS de Caen estime que la pirogue aurait été en usage vers le milieu du Ve siècle. La mesure d âge effectuée sur un échantillon au radio-carbone a permis de retenir 1500 BP+/- 100 ans, c'est-à-dire que l arbre dans lequel a été taillée l embarcation aurait été abattu vers 420 après Jésus-Christ. La pirogue au moment de sa découverte (Photo P. Lebrruyer) La Direction régionale des antiquités historiques prévenue, intervint pour qu elle soit conservée et mise en bonne place dans les collections du musée de Normandie. Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 2/14

Déjà en 1857, lors du curage de l Ouve afin de la maintenir navigable, une sorte de pirogue creusée dans un tronc d arbre fut découverte et transférée à Carentan. Mais on n entendit plus parler de cette pirogue. En effet, peu de musées acceptaient d accueillir ces barques monoxyles dont le problème de conservation se posait et très rarement résolu. Ce type d embarcation semble bien adaptée aux marais, au tissu de petites rivières qui formaient le marais. Elle était sans doute utilisée pour la chasse et la pêche. La communauté de communes de la Vallée de l Ouve s est créée le 31 décembre 1996 entre les communes de Biniville, Catteville, Crosville-sur-Douve, Hautteville-Bocage, La Bonneville, Orglandes, Rauville-la-Place et Saint-Sauveur-le-Vicomte. Adhèrent plus tard : Sainte-Colombe, le 1 er janvier 1999 ; Besneville, Néhou, Neuville-en-Beaumont, Golleville et Reigneville-Bocage, le 1 er janvier 2002 ; Saint-Jacques-de-Néhou et Taillepied, le 1 er janvier 2014. La CC de la Vallée de l Ouve s étendait ainsi sur une superficie de 150,85 km², pour une population de 5 736 habitants (recensement 2011). Elle cesse d exister le 1 er janvier 2017 après son absorption par la communauté d agglomération du Cotentin. La Communauté d Agglomération Le Cotentin. Dans le cadre de la Réforme Territoriale, une nouvelle intercommunalité du Grand Cotentin «Le Cotentin», la CAC est née depuis le 1 er janvier 2017, regroupant l ensemble des EPCI de la Presqu île (Val de Saire, canton de Saint-Pierre-Eglise, la Saire, Cœur du Cotentin, Vallée de l Ouve, Douve Divette, Les Pieux, Côte des Isles, région de Montebourg), les communes nouvelles (Cherbourg-en-Cotentin et La Hague), soit 150 communes représentant 181 897 habitants. Certaines intercommunalités se sont transformées en commune nouvelle offrant semble t-il des perspectives intéressantes aux communes qui se regroupent ainsi et de disposer d une influence plus importante au sein de cette énorme intercommunalité. Ce n est pas le cas de celle de la Vallée de l Ouve. Ainsi la commune de Rauville-la-Place se présente individuellement à cette nouvelle intercommunalité, ne représentant que 0.21% de la population total de cette dernière. Le Conseil communautaire de la CAC étant composé de 221 délégués, dont 59 pour Cherbourg-en-Cotentin. Les personnes ou familles liées à la commune et leur histoire Richard de Reviers (av.1050-1107), baron anglo-normand, seigneur de Reviers, de Vernon (Eure) et de Néhou, donna en 1107 l église Saint Laurent de Rauville-la-Place à la collégiale de Néhou qu il venait de fonder sur les terres de Néhou qu Henri 1 er lui avait donné, terres prises par le duc Guillaume en 1047 au Vicomte Néel de Saint-Sauveur, exilé. (Cf. à la découverte de Néhou). Son fils Guillaune de Vernon, qui conserva l'essentiel des biens continentaux (dont le château de Vernon et celui de Néhou), marié à Lucie de Saint-Floxel, la transféra à l abbaye de Montebourg en 1152. Il a peut-être accompagné Guillaume le Conquérant dans sa conquête de l Angleterre. Il est cité dans le Domesday Book (1086) en tant que détenteur d'un seul manoir : Mosterton (comté de Dorset). Il s'attache au service d Henri 1 er Beauclerc, le plus jeune fils de Guillaume le Conquérant, et quand ce dernier devient roi en 1100, à la mort accidentelle de son frère Guillaume II d Angleterre (dit Guillaume le Roux), il est largement récompensé par de vastes domaines dans le Devon, le Dorset, le Hampshire et l île de Wight. Ses domaines seront connus comme les fiefs de Plymton (Devon), Christchurch (Dorset) et Carisbrooke (île de Wight). Lors de l'invasion de 1101, menée par son frère aîné, le duc Robert Courteheuse, il est l'un des principaux alliés du roi contre son frère. Richard de Reviers meurt en 1107 dans l abbaye de Montebourg dont il était devenu le patron depuis qu Henri 1 er Beauclerc lui en avait donné la garde. Il est inhumé dans l'église abbatiale, où son sarcophage se trouve toujours aujourd'hui. Il porte l'inscription tronquée: RICE DE REVIERS FV[NDATOR]. Son tombeau / abbaye de Montebourg Achille Alexandre Anger-Billards (1826-1906), né au Havre, fut chapelain de la chapelle Notre-Dame-dela-Délivrance construite aux XVIe et XVIIIe siècles au lieu-dit le Mont de Rauville. Son ami Jules Barbey d Aurevilly (1808-1869) venait régulièrement lui rendre visite dans cette chapelle. Ordonné prêtre en 1851, il fut également prélat du diocèse de Coutances, «chorévêque d'antioche», prélat de Carthage, vicaire général de Césarée, chanoine de Smyrne, d'éphèse, de Jérusalem, directeur du Séminaire de Vire, professeur de rhétorique et de philosophie au collège Sainte-Marie de Caen. Ses problèmes de santé le contraignent à une activité réduite, il fut quelques temps le précepteur de Robert de Flers (1872-1927), marquis de la Motte-Ango, comte de Flers, dramaturge et librettiste. Puis, affecté au ministère paroissial, il devint chapelain de Notre-Dame-de-la-Délivrance, et le demeurera pendant trente trois ans. Comme journaliste et polémiste, il mène des campagnes virulentes contre les anticléricaux. D ailleurs, il attira les foudres de l empereur Napoléon III qui tenta en vain d arrêter une publication qui ne lui plaisait pas. Jacques Debout (1872-1939), pseudonyme de René Roblot, est né dans un milieu mêlant bourgeoisie de robe, agriculteurs et institutrice publique à Rauville-la-Place. Il devient un ecclésiastique, poète, orateur, journaliste et auteur de théâtre. Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 3/14

Mgr Anger-Billards, chapelain de Notre-Dame de la Délivrance fut sans doute à l origine de sa vocation religieuse et de son admiration pour l écrivain Jules Barbey d Aurevilly. Abbé démocrate, Jacques Debout s'engage dans le mouvement naissant des Cercles d'études sociales et des Instituts populaires, fonde la revue L'Espérance et apporte sa contribution en 1896 au congrès de la Démocratie chrétienne ; il côtoie Marc Sangnier (1873-1950), journaliste et homme politique ayant créé le Sillon (organe d un vaste mouvement d éducation populaire). Il publie «Les Nouvelles semailles, Marc Sangnier et le Sillon». Ses talents oratoires l'amènent à tenir de très nombreuses «réunions contradictoires» d'abord dans des cafés de quartier populaire, puis dans toute la France ; cette expérience, l'écrivain Jacques Debout la publiera dans Le Monde des Vivants, dans Fantoches rouges et bonshommes gris. Aumônier militaire pendant la guerre de 1914-1918, il remporte le Grand prix de poésie de l'académie française avec «Les Morts fécondes». Il crée le 5 juin 1919, avec le journaliste Jean Morienval et Antoine Charrier, la revue Les Cahiers catholiques, qu'il dirigera jusqu'à sa mort, dont le but est "de faire aimer toujours plus le catholicisme" en intéressant les lecteurs à des thèmes aussi variés que les mouvements d'idées et d'art, la vie des saints, ou l'action sociale. Puis en 1922, il fonde les Journées d'art religieux (conférences, expositions, concerts, représentations théâtrales, rencontres,...). Il est auteur de nombreux ouvrages à grand retentissement, il meurt à Paris le 2 février 1939. Le maître verrier Paul Bony concevra en hommage à sa mémoire un vitrail placé au-dessus de la cuve baptismale de l'église paroissiale de Rauville-la-Place. Arthur Beane (1917-1943), pilote de la Royal Air Force, alors qu il escortait une escadrille de bombardiers sur Cherbourg, le 26 novembre 1943, son Spitfire a été touché et tomba dans un champ de Marcel Leptit, non loin d ailleurs du Fock Wulf 190 allemand qui avait participé au combat et lui aussi abattu. Pendant la bataille, les enfants de l école s étaient cachés sous les tables. L avion et les restes du pilote ne furent retrouvés qu en 1992. Des pièces relativement bien conservées de l avion, ainsi que les effets personnels du pilote tels qu'une carte de France imprimée sur de la soie, son uniforme ainsi que des papiers. Des recherches permirent d identifier l aviateur britannique, une identification qui a été compliquée du fait qu il y avait plusieurs noms différents inscrits sur l ensemble des pièces retrouvées, il s agissait bien d Arthur Haggie Beane. Le lieutenant Arthur Haggie Beane fut inhumé le 4 février 1993 au cimetière britannique de Saint-Charles-de-Percy. Une stèle en sa mémoire a été installée au sud de la ville. Le modèle réduit qui coiffe le monument a été réalisé à partir d une pièce du Spitfire. La stèle, rue de Tourville (D326) Rappelons que son frère, Peter, a également été tué pendant la guerre. Leur père, Sir Francis Beane, était un banquier très connu. Louis Gosselin (1915-2011), né à Rauville-la-Place, fut nommé vicaire à Cherbourg, à la basilique Sainte- Trinité, lors de la Seconde Guerre mondiale. Très rapidement, il vient en aide aux juifs qui devaient quitter ce que l armée allemande appelait «le mur de l Atlantique», le port de Cherbourg occupant une situation stratégique pour les allemands. Tout Juif découvert dans cette zone risquait les peines les plus graves et il en était de même pour ceux qui les hébergeaient. Il vient aussi en aide aux réfractaires du Service du travail obligatoire tout cela à l insu de l archiprêtre «connu pour ses sympathies pétainistes». Il secourt notamment la famille Zucker (fourreur cherbourgeois) et délivre de faux certificats de baptême catholiques à la famille Margolis. Hélas, les parents Zucker et leurs deux filles, sont arrêtés à Emondeville, où ils se cachaient. Transférés à Drancy, ils seront déportés à Auschwitz et gazés dès leur arrivée le 25 novembre 1943. Devenu aumônier de l Hôpital maritime de Cherbourg, il y dissimule six juifs qui y resteront jusqu à la Libération. Au lendemain du Débarquement, il célèbre sa première messe en tant curé de Sainte- Mère-Eglise, dans la grange d une ferme, au milieu de parachutistes mourants. Proche de l abbé-pierre, il parcourt le Cotentin sur sa mobylette, au service de cinq paroisses qu il dessert. En 1971, il obtient le titre de «Juste parmi les nations» Pierre Leberruyer (1929-2015), né à Saint-Sauveur-le-Vicomte, est décédé à l âge de 86 ans à Rauville-la-Place où il demeurait. Il était un journaliste et écrivain avec qui j ai eu le plaisir de converser un peu. Cet homme de culture qui fut membre du Comité économique et social de Basse- Normandie nourrissait deux passions : Barbey d'aurevilly et Tocqueville. A 15 ans, il sauve deux valises de manuscrits, lettres, livres et vêtements de Jules Barbey d Aurevilly dans les ruines du musée, au lendemain des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, il découvre et se passionne pour les manuscrits de l auteur des Diaboliques. Dix ans plus tard, il ouvre le musée Barbey avec ce qui avait été récupéré. Il en devient le conservateur jusqu'en 1959. En 1886, il accueille la visite privée de Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 4/14

François Mitterrand et Robert Badinter. Aurévilien, il publie, parmi ses nombreux livres, un bel ouvrage sur les Demeures et paysages dans l œuvre de Jules Barbey d Aureville. Pierre Leberruyer, était journaliste à La Presse de la Manche et travailla pour les pages agricoles. C est alors qu Alexis de Tocqueville (1805-1859), philosophe politique, historien, écrivain, député de Valognes, débarqua dans sa vie, à la faveur d une rencontre avec le vicomte René de Tocqueville (1899-1989), alors syndicaliste agricole, un notable de l agriculture dans le Cotentin. Il lui consacre plusieurs écrits. Il est élu, le 1 er avril 1981, membre titulaire de la Société nationale académique de Cherbourg, parfois appelée «Académie de Cherbourg» (la plus ancienne société savante de la Manche), devant laquelle il présente plusieurs communications. Il est le grand-père de Jeanne Plante, chanteuse, compositrice et musicienne de la Manche. En 1972, il est nommé chevalier dans l'ordre des Arts et lettres. Son dernier livre paru en 2008, porta sur un autre «grand» du Cotentin, Jean-François Millet. Le patrimoine (public et privé), lieux et monuments à découvrir, événements Eglise Saint-Laurent (XIIIe-XVIIIe) L église paroissiale de Rauville-la-Place a été fondée par Richard de Reviers qui la donna en 1107 à la collégiale de Néhou. En 1152, elle devient la propriété de l abbaye de Montebourg, qui à ce titre était chargée de l entretien du chœur et nommait le curé, tandis que le patronage honoraire revenait aux du Hecquet, seigneurs de Hautteville et de Rauville. L église comprend la nef avec ses bas-côtés, précédée d un narthex (portique interne à l entrée de l église : avant-nef, vestibule) construit en 1546, un chœur et deux chapelles formant la croix du transept. La nef était primitivement unique. Les bas-côtés ont été ajoutés en 1689, puis reconstruits en 1874. A la fin du XVIIe siècle, l accroissement de la population étant, la nef est agrandie en ajoutant des collatéraux. C est alors que les arcades en plein cintre ont été ouvertes. Elle s ouvre à l ouest par un portail roman, remplacé en partie en 1576, avec chapiteaux à tête humaine décorés de feuillages stylisés. Quatre statues y sont placées, statues qui furent murées jusqu en 1977 représentant saint Claude, patron des boiteux, avec deux suppliants, sainte Marguerite avec à ses pieds un dragon, invoquée pour l heureuse délivrance des femmes en couches, sainte Geneviève (XIIIe) tenant un livre et une palme, et saint Claude évêque thaumaturge avec deux priants à ses pieds (XIIIe). La perque et le grand christ (sculpté en 1698 à Caen) ont aujourd hui disparu. La chapelle nord abrite un retable en pierre calcaire datant de 1638. Son mobilier est remarquable : une éducation de la vierge et une pieta (XVe-XVIe), les statues en bois polychrome de saint Dominique et de sainte Catherine de Sienne (XVIIe), un lutrin à l aigle (XVIIIe) et une toile représentant la nativité (XVIIIe). Le chœur a été édifié au XIIIe. Ses six fenêtres sont de style gothique à arc brisé très allongé (à lancettes), avec chapiteaux ornés de rangs de feuillages. Les statues des deux patrons se trouvent de chaque côté du maître-autel : saint Laurent et saint Jean-Baptiste. Les murs du chœur sont soutenus par d énormes contreforts construits en 1785. Le clocher, octogonal, sur base quadrangulaire, au dessus du croisillon sud a été édifié à la fin du XVIIe siècle. Il est coiffé d une coupole en ardoise. En 1835, l Etat utilisa la tour pour établir le télégraphe Chappe, et ce jusqu en 1854. Puis, le dôme fut rétabli et la tour restaurée par l architecte Jean-François Halley (1816-1862), le maître d œuvre de l abbaye de Saint- Sauveur, qui était le fils d une Rauvillaise. Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 5/14

La chapelle nord, nommée chapelle Saint-Gilles, appartenait aux seigneurs de Cartot et elle était accolée à la chapelle Sant-Yves des châtelains de Garnetot, qui avaient une autre chapelle dans l enclos de leur manoir, la chapelle Saint-Pierre. Sous le clocher sont conservées les statues en bois de Saint Sébastien et de Sainte Barbe. La plupart des statues et objets sont classés aux Monuments historiques. Notamment quatre groupes sculptés (XIVe et XVe), la statue de Saint Clair (XVIIIe), la statue de Sainte Barbe (XVIIIe), la statue d'un évêque (XIIIe ou XIVe), un calice avec sa patène (XVIIe) et un ciboire (XIXe). St évêque thaumaturge Ste Marguerite avec un dragon Dans le bas-côté nord, la cuve baptismale en pierre calcaire porte la date de 1573. Le petit orgue placé dans le bascôté sud a été construit en 1955, par Beuchet-Debierre, entreprise nantaise spécialisée dans la facture d orgues, à partir des restes d'un instrument détruit durant la guerre en 1944. Fonts baptismaux Orgue L église en 1900 Un vitrail en hommage à Jacques Debout (1872-1939), abbé né à Rauville, journaliste et auteur de théâtre, placé au-dessus des fonts baptismaux, a été réalisé par Paul Bony (1912-1982), maître-verrier parisien. Jadis, la paroisse de Rauville-la-Place avait plusieurs sanctuaires : cette église ; la chapelle Ste-Anastasie au hameau devenue chapelle St-Clair ; la chapelle St-Pierre de Garnetot ; la chapelle de la Cour ; la chapelle de Kartot ; et la chapelle de la Délivrance. Curieusement, la situation de ces six sanctuaires forme un vaste bouclier, la chapelle de la Délivrance formant la pointe! Chapelle Notre-Dame de la Délivrance (XVIe-XVIIIe) La chapelle du Mont de la place fut construite vers 1550-1560, sous le vocable de Notre-Dame de la Délivrance. Elle remplaçait la chapelle délabrée, nommée St Jacques des Lépreux, qui remontait au XIIe siècle. C était le sanctuaire d une léproserie édifiée sur le Mont (ancien manoir des Carreaux?), à laquelle Guillaume de Vernon, baron de Néhou aumôna une partie du produit de la foire ès Monts qui se tenait primitivement à Ste Colombe, et ensuite sur le mont, et de plus le revenu de la foire Saint-Laurent. Quand la lèpre cessa les revenus de la maladrerie furent destinés à la nourriture et à l entretien d une douzaine de pauvres logés d abord au presbytère, mais comme la nécessité de maintenir un hospice n était pas reconnue, les recettes furent simplement distribuées à jour fixes aux pauvres de la paroisse. Depuis sa reconstruction, il se faisait beaucoup de vœux, pèlerinages et dévotions notait-on au XVIIe siècle. Des paroisses venaient en procession invoquer la Vierge, la supplier de leur accorder de bonnes révoltes et de les préserver des fléaux. L affluence était si grande qu il avait été nécessaire d édifier une chaire extérieure au chevet du sanctuaire. Au lendemain de la Guerre d indépendance des Etats-Unis, Louis XVI, roi de France et de Navarre, entreprend d améliorer la marine française pour donner au royaume les moyens de se défendre en cas de nouveau conflit avec l Angleterre. En 1779, il choisit d établir à Cherbourg une base navale et décide notamment de construire une digue de 4 km de long entre l île Pelée et la pointe de Querqueville. En 1780, un camp militaire de 2 183 tentes occupe le Mont de la Place La chapelle fut à cette occasion convertie en magasin tandis que la nef de l église de l abbaye de Saint-Sauveur était réquisitionnée pour recevoir des fourrages et le logis abbatial pour servir de quartier général au général d Harcourt, gouverneur de la province. Pendant la Révolution le Rauvillois Louis Jeanne acheta la chapelle et cacha la statue de la Vierge à l Enfant, dans un tonneau selon les uns, sous du foin selon les autres. Dès le concordat de 1801, les pèlerinages reprirent. Une chaire pour prêcher à l extérieur Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 6/14

La chapelle fut presque reconstruite de 1821 à 1823. Seuls les pignons est et ouest et arcade centrale furent conservés. Le clocheton de pierre situé au-dessus du portail fut remplacé par le clocher en bois. L aménagement de la sacristie en 1831 a nécessité le déplacement de la chaire extérieure qui était adossée au pignon du clocher. En 1858, furent ajoutés deux contreforts pour soutenir l arcade du chœur. Dans le chœur, l autel est surmonté de la statue de la Vierge tenant l Enfant, Notre Dame de la Délivrance, qui aurait été placée en 1599. En pierre polychrome, elle est surtout remarquable par l attitude de l enfant Jésus, paraissant jouer avec sa mère qui lui répond par un doux sourire maternel. A l intérieur, un Ecce Homo en pierre (XVIe) et deux stalles (XVIIIe) provenant de l église paroissiale. Mgr Anger-Billards (1826-1906), en fut le chapelain pendant trente trois ans. Du fait de ses goûts belliqueux, Notre-Dame de la Délivrance devint à partir de 1889, «la Vierge guerrière et libératrice»! Son ami Jules Barbey d Aurevilly venait souvent lui rendre visite. Il l appelait «l abbé de son cœur» ou bien encore «incomparable abbé». Le chemin de croix offert par Mademoiselle de la Conté (manoir du Mont-de-la-Place) a été installé en 1912. Endommagée en 1944 elle fut restaurée en 1954 Chapelle Saint-Clair (XVIe-XVIIIe-XXe) Une première chapelle construite en 1619 aurait été dédiée à Saint-Clair, originaire de Kent (comté d Angleterre), qui, selon la tradition populaire normande, débarqua à Nacqueville et vécut dans le Cotentin. Il connut le martyr dans la vallée de l Epte à Saint-Clair, où il s était fixé à la fin du IXe siècle. Il fut assassiné par une femme qui l accusait et dont il refusait les avances. A proximité se tenait le 18 juillet, le jour Saint Clair une assemblée ou louerie de domestiques et de bateliers, «la plus importante du pays». Tombée en ruine faute d entretien, puis frappée d alignement, ses vestiges furent mis en adjudication par la commune en 1885. Mais devant la protestation des habitants du village et le vœu de reconstruire la chapelle de leurs deniers sans participation de la commune et de rétablir l assemblée, la municipalité repoussa une proposition d achat et accepta le projet de reconstruction à condition que l édifice soit propriété communale. La nouvelle chapelle fut reconstruite en 1889. Ce millésime est gravé au-dessus du portail dans un blason portant en chef la palme du marthyr avec une croix, et en pointe l inscription «Saint Clair priez pour nous». A l intérieur sont conservés deux belles statues en pierre polychrome : Sainte Marguerite (XVE) et Sainte Barbe (XVIe). Un pèlerinage a lieu chaque au mois de juillet dans cette petite chapelle. Un moment de prière et de recueillement suivi par une cinquantaine de pèlerins qui se rendent au pied de la statuette de sa fontaine miraculeuse «Fais que par l eau de la fontaine, ceux qui sont en toi confiants, aient une guérison certaine, rends-les à Dieu reconnaissants». Ici, l eau de source est censée soigner les maladies de peaux, là les rhumatismes, ailleurs les maladies des yeux, les zonas, les brûlures, les maux de gorge voire même les crises épileptiques, les dépressions nerveuses, la fièvre aphteuse des bovins ou encore la stérilité! Les gens du village continuent de perpétuer ces anciens rituels et en ramènent encore fréquemment des bouteilles de cette eau. Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 7/14

Manoir de la Cour (XVIIe) Le Manoir de la Cour se situe au nord de la commune à la limite de Sainte- Colombe, auprès du hameau Saint- Clair, de sa fontaine et de sa chapelle guérisseuse. Il fut le siège le la principale seigneurie de Rauville, fief appartenant primitivement aux barons de Néhou. Au XIIIe siècle, la propriété passe de la famille des Reviers-Vernon à la famille de Clamorgan puis aux du Fou (Jeanne du Fou fut la mère du célèbre mémorialiste Gilles de Gouberville). Par mariage, elle entre au début du XVIIe siècle en possession de la famille du Hecquet, à qui elle appartiendra jusqu à la fin du XIXe siècle : Jeanne du Fou vendit Rauville aux de Saint-Germain. Jean de Saint-Germain vendit Rauville à son beau-frère, Raoul de Villers marié avec Charlotte de Saint-Germain. Ils eurent deux filles dont Françoise mariée avec Raoul du Hecquet, écuyer, seigneur de Burcy, puis de Hautteville, puis de Rauville à la mort de son beau-père en 1605. Henry-François du Hecquet de Rauville, fils de René-Hervé du Hecquet (1671-1750) et de Marie-Anne Closet, devint le dernier marquis de Rauville après le décès de son frère Charles-Gabriel. Au début de la révolution, il fait abandon de ses privilèges féodaux et transforme sa seigneurie en commune dont il devient le premier maire élu par le peuple. Mais, le départ de son fils René pour l armée des émigrés (armée de Condé), transforma sa vie en tragédie. Lui et son épouse sont arrêtés et incarcérés à l hôtel de Beaumont, tandis que leurs quatre filles demandèrent asile à des amis à Valognes. La chute de Robespierre leur évita la guillotine. Pendant ce temps, les habitants de la commune se partagèrent le domaine et de tous les biens s y trouvant. De retour, après trois mois d emprisonnement, en novembre 1794, ils trouvèrent leur manoir saccagé. Ils se retirèrent dans un petit hôtel à saint-sauveur-le-vicomte où ils moururent. La succession d Henry du Hecquet de Rauville, après son décès en mars 1808, fut partagée entre tous ses enfants, mais la rente versée à leur mère absorba une partie de leur modeste héritage. En février 1890, le domaine de la Cour de Rauville appartenant aux du Hecquet fut expropriée, livrée au feu des enchères et passa définitivement entre des mains étrangères. Deux ensembles en L entourent la cour. Le logis seigneurial, au sud de la cour, et au nord, les bâtiments agricoles avec pressoirs, étables, remises, fenil, charreterie et vestiges d un ancien porche. La façade du logis donnant sur la cour conserve des éléments datant de la seconde moitié du XVe siècle : ouvertures à larges chanfreins et une tour rectangulaire située dans l angle jonction des deux ailes. Subsiste également un vestige de l ancien portail d entrée doté d un beau décor végétal et d une inscription en caractères gothiques. L ensemble du logis a été largement reconstruit dans la première moitié du XVIIe siècle, sans doute par Raoul du Hecquet, propriétaire du fief à partir de 1605. L inversion de la façade principale lui a permis de se détourner des communs agricoles, privilégiant ainsi la vue sur les jardins, qui se trouvaient antérieurement sur l arrière du logis. Cette façade sud, percée de baies surmontées de frontons triangulaires en calcaire d Yvetot-Bocage, offre une belle ordonnance, caractéristique des édifices civils de cette période dans le Cotentin. La chapelle, petit édifice indépendant situé au sud du logis, non loin de la mare, a été bénie en 1675. Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 8/14

Dans son rapport de visite en novembre 2013, Julien Deshayes, animateur du Pays de l art et d histoire du Clos du Cotentin note «Sur la cheminée de la nouvelle salle haute du XVIIe siècle a été peint un paysage représentant la rivière d Ouve et les ruines du château de Néhou. La présence de cette représentation semble pouvoir se justifier par des circonstances historiques précises. La famille du Hecquet s est en effet trouvée, dans le premier tiers du XVIIe siècle, en conflit avec une autre famille noble de Rauville pour le droit de patronage de l église paroissiale. Parmi les arguments invoqués pour la défense de leurs intérêts, les du Hecquet insistèrent tout particulièrement sur le fait qu ils se considéraient comme les successeurs et représentants légitimes du patron fondateur de l église, Richard de Reviers (+ 1107), et sur les liens de dépendance vassalique qui unissaient la Cour de Rauville à l ancienne baronnie de Néhou.» La Cour de Rauville appartient aujourd hui à madame Monique Tardif, qui l a entièrement restauré. Elle a aménagé plusieurs chambres d hôtes. Manoir de Garnetot (XVe-XVIIe) Le manoir de Garnetot se situe à moins d un kilomètre au sud du village de l église. A cet endroit, un château s élevait au XIVe siècle, fortifié de 1327 à 1347 par Edouard III d'angleterre. Il était occupé par la garnison anglaise de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Jean de Vienne (v.1341-1396) reprit la forteresse en 1374. Ce Jean de Vienne était surnommé le «Du Guesclin» de la Mer car il était le premier marin français à avoir conçu et mis en œuvre une véritable stratégie navale. Sa construction s échelonne du XVe au XVIIe siècle. Il est caractéristique du Cotentin et a conservé un aspect défensif avec cinq tours et des douves. L'ensemble comprend un bâtiment principal dont toutes les ouvertures ont été percées au XVIe siècle. Au sud, une tour d'escalier flanquée d'une échauguette a perdu son couronnement. Au nord, deux tours plus modestes se dressent de part et d'autre du pont. Sur la façade principale, une porte du XVIIe siècle avec un fronton interrompu par un blason, donne accès au manoir. A l'est de ce bâtiment se dresse un pavillon carré. Sur ce pavillon s'appuie perpendiculairement, au nord, un bâtiment orné d'une tour d'escalier en façade. Au XVIIe siècle, sur la façade arrière à l'ouest, un pavillon fut ajouté, se rattachant au bâtiment principal par une tour à moitié engagée, et d'une aile en saillie du XVe siècle, sous laquelle un passage voûté donne accès au pavillon. Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 9/14

Les façades, toitures et le porche d entrée sont inscrits aux monuments historiques par arrêté du 5 décembre 1979. Les Tilly possédèrent le manoir, puis les Pouilly par alliance. Au XVe siècle, la seigneurie de Garnetot, détenue par la famille La Ferrière, fut acquise par les frères Le Bas, puis par Etienne de Faoucq (1622-1703), entre 1654 et 1666. Ce dernier fut le dernier seigneur de Garnetot qui vécut dans ce manoir (ou château selon les écrits). Son fils Guy décéda en 1735 et son petit-fils en 1734. C est donc Marie Louise Sophie de Faoucq (1732-1799) qui hérita à 2 ans de Garnetot quand son père décéda. Mariée à l âge de 15 ans avec Antoine-Adrien- Charles de Gramont (1726-1762), maréchal de camp des armées du Roi, menin du Dauphin, chevalier de Saint-Louis, habitant Versailles, elle devint, avec notamment la marquise de Pompadour, la compagnie restreinte emmenée par le roi à Choisy, pour y voir et entendre Mademoiselle Clairon (Claire-Josèphe Léris, actrice) sur la scène du théâtre que sa majesté avait fait construire. A la Révolution, elle émigra à Lausanne puis en Basse-Saxe où elle mourut. En 1808, son fils aîné, Antoine Louis (1755-1836), duc de Gramont (Antoine VIII), hérita de la moitié de Garnetot, et les enfants de son second fils, Antoine François (guillotiné en 1795), comte d Aster, de l autre moitié. La veuve d Antoine François, la comtesse Gramont d Aster (Gabrielle de Boisgelin) racheta la part de son beau-frère. Garnetot échut ensuite à Marie Joséphine Bécherel, épouse Tavernier, puis de succession en succession à Madeleine Tavernier (1886-?) qui passa Garnetot dans la famille de Tricornot de Rose en épousant, en novembre 1906, (Jean Baptiste Marie) Charles de Tricornot de Rose (1876-1916), colonel de cavalerie, chef d escadron, "Père de l'aviation de chasse en France". Leur descendant, le comte Carlo de Rose l entretint du mieux qu il pouvait. Aujourd hui il appartient à Patrick Boudou (02 33 01 32 60) Château du Mont-de-la-Place (XVIe-XIXe) Ce château se situe sur le «Mont» au bord de la route de Picauville, lieu qui s appelait autrefois les «carreaux». D ailleurs, à quelques pas du château, un autre château, un château d eauréservoir, qui a fait l objet d une déclaration de travaux en 2017, est identifié comme situé au lieu-dit les Carreaux. Initialement, existait à la place du manoir du Mont-de-la-Place, un manoir nommé «Manoir des Carreaux», la demeure de la famille Folliot des Carreaux. Jean Folliot de Fierville, avocat au Parlement était seigneur des Carreaux, tout comme son fils, Jean Folliot de Fierville (décédé en 1649), conseiller au Parlement, substitut du procureur du Roi en l élection de Valognes. Alors qu il appartenait à Jean-François Folliot, fils de ce dernier, «un incendie détruisit le château de la famille» en 1677. Son fils Jean-Jacques Folliot, fut le dernier à porter le titre de sieur des Carreaux. C est lui qui fit construire l hôtel de la Grimonnière, rue de Wéléat à Valognes, entre 1720 et 1722. Né le 9 octobre 1670 au manoir des carreaux (Château du Mont) à Rauville-la-Place, il est décédé le 2 mai 1743 à Valognes et y est inhumé en l église des Cordeliers. Les générations suivantes ne portèrent plus le titre de seigneur des Carreaux. Parmi les fils de Jean-Jacques, Jean-Thomas Folliot (1699-1756), écuyer et capitaine général des canonniers gardes-côtes de Portbail Carteret, était seigneur de Fierville-les-Mines (le Bas-Manoir) et est inhumé dans le chœur de l église. Château d eau des Carreaux Manoir du Mont-de-la-Place Il faut attendre presque deux siècles après la destruction du manoir des Carreaux pour que soit édifié, en 1871, ce château du Mont-de-la- Place par les demoiselles Ferrand de Conté. Cet édifice a des proportions gracieuses avec de belles vues sur la vallée de l Ouve. En face, un bâtiment avec une vieille tour assez curieuse qui a été conservée et consolidée de l ancienne habitation seigneuriale. Cette habitation n était qu une modeste Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 10/14

gentilhommière où les demoiselles Ferrand de la Conté habitèrent un certain temps menaçait de ruine, d où la construction du nouveau «château» à quelques pas de l autre. Elle aurait été un ancien prieuré des templiers? Rauville-la-Place faisant effectivement partie de la liste des lieux du Grand-Prieuré de France. Les demoiselles Ferrand de la Conté, Elia et Clotilde, étaient les héritières de leurs grandes tantes Flavie le Provost de Saint-Jean (1780-1849) et Florence le Provost de Saint-Jean (1785-1862), elles-mêmes filles de Michel-François-Gabriel le Provost de Saint-Jean et de Marie Adelaïde Regnouf de Brains. Les parents de cette dernière achetèrent la terre des Carreaux à la famille Folliot vers 1745. Elia et Clothilde décédées célibataires, léguèrent leur château à leur nièce Marguerite Ferrand de la Conté, épouse de Robert vicomte d Aigneaux (1853-1938), dont leur fille, Geneviève marguerite Marie Antoinette d Aigneaux (née en 1901) hérita à son tour du château. Cette dernière fit entrer la propriété dans la famille d Huart en ce mariant (avril 1923) avec Joseph Clément d Huart (né en 1896) La Pierre Butée (néolithique) Ce menhir, d 1 m 75 de hauteur, serait appelé ainsi parce qu adossé à l extrémité pentue de la Lande du Mont de Rauville-la-Place, personne n eut songé à mettre en culture. Depuis cet endroit, on y admire l un des plus séduisant paysage de la vallée de l Ouve. D ailleurs, ce paysage est souvent évoqué dans les œuvres de Jules Barbey d Aurevilly, notamment dans «l Ensorcelée». Les menhirs constituent l une des formes caractéristiques du mégalithisme au Néolithique jusqu à la fin du Chalcolithique (âge du cuivre). Jusqu à récemment, les menhirs sont associés à la culture campaniforme (culture qui se développa en Europe ainsi qu'en Afrique du Nord approximativement au cours du III ème millénaire avant notre ère) qui occupait l Europe à la fin du Néolithique et au début de l âge du bronze, entre 4500 et 2500 ans avant notre ère peut-être même jusqu à 6000 ou 7000 ans avant notre ère (en Bretagne par exemple). Quasiment rien n'est connu de l'organisation sociale et des croyances des populations ayant érigé les menhirs. Il est tout de même probable que certains usages impliquent des rites de fertilité et des cycles saisonniers. On associe souvent les menhirs aux Celtes, erreur puisque les menhirs existaient plusieurs milliers d années avant l arrivée des Celtes en Europe. Leur fonction demeure aussi mystérieuse ; il a été suggéré qu ils avaient pu être utilisés par les druides pour des sacrifices humains, avoir servi de bornes territoriales ou comme éléments d un système idéologique complexe, ou bien encore comme calendriers primitifs. La plus forte concentration de menhirs en France se situe en Bretagne. En tout cas, cette Pierre Butée était le but des promenades de Barbey d Aurevilly avec Mgr Anger-Billards chapelain de la chapelle Notre-Dame-de-la-Délivrance. Laiterie coopérative de l Ouve (XXe) En 1930, Louis Laniepce, qui devint maire de Rauville de cette même année, fonda, avec une vingtaine d agriculteurs, la laiterie «la Valdouvienne», construite sur un terrain à proximité de l Ouve. La coopérative spécialisée dans la fabrication beurrière connaît rapidement un réel essor. Le nombre de sociétaires passe bientôt à 250. 480 en 1969. En 1944, l usine reçu quelques éclaboussures lors du bombardement du pont de l Ouve situé à proximité. Elle fut tout de même fermée le 6 juin et ne reprendra son activité que 16 aout 1944 avec des moyens de fortune (1 seul camion pour le ramassage de lait) En 1948, la fabrication de la caséine (fromage) est abandonnée. En 1961, la coopérative rejoint l Union des Coopératives Laitières de la Manche (UCALMA) et ainsi bénéficier des nouvelles techniques. Le beurre surfin qui avait pour marque «le véritable Saint-Sauveur» de qualité gastronomique se dégustait en région parisienne, du Nord jusqu au de la France, notamment dans les casinos de Nice et de Monte-carlo. L'Ucalma, créée en 1960, avait son siège à Sottevast et regroupait les coopératives du Val de Saire (Ocqueville), de la Pointe de Saire (Quettehou), de Tribehou, de Montebourg, de la Vallée de l Ouve, puis de Gréville- Hague, Saint-Martin-le-Gréard et Benoistville, dont leur production est transférée à Sottevast. Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 11/14

Son activité s exerce dans la fabrication de beure, crème fraîche, produits frais, traitement du lait écrémé et l alimentation du bétail. En 1976, l Ucalma, fragilisée par la sécheresse conjuguée à l'achat d'une cave d'affinage en Auvergne et la fermeture d'un abattoir, gros client de sa filière «veaux», est reprise par les Maîtres laitiers du Cotentin, une grosse coopérative agricole qui pèse 1.3 milliard et compte 2 600 salariés. La Foire «ès morts» Cette foire, établie au Moyen-âge, a réussit à se maintenir de nos jours, mais elle n a plus le rayonnement d antan. Ancienne foire à chevaux (quelques), la dernière de l année dans le département, elle est devenue ou restée la foire aux oignons et aux citrouilles, qui se vendent pas sacs de 10 ou 20 kg. On trouve aussi des échalotes, légumes d hiver et légumes à planter, de quoi occuper le jardin d'automne! Son nom est lié à la période à laquelle elle a lieu aux environs de la Toussaint et donc de la fête des morts. Il y aurait aussi une autre raison : autrefois, on vendait ses animaux à cette dernière foire pour en racheter d autres au printemps quand les réserves en fourrage étaient limitées. Bien sûr, à cette époque les cours étaient au plus bas, gelés «morts» disait-on. Elle demeure une petite foire traditionnelle où de nombreux promeneurs viennent pour s approvisionner auprès des maraîchers locaux, pour faire quelques achats auprès des déballeurs et bien sûr déguster sous la tente l agneau rôti en plein air on y vient également pour rencontrer des connaissances. Les cours d eau & ponts & moulins à eau o La Douve, prend sa source à Tollevast puis serpente les collines du Cotentin par Sottevast, l Etang-Bertrand et Magneville, pour border ensuite Néhou, Saint-sauveur-le-Vicomte et Rauville-la- Place (limite administrative ouest et sud-ouest de rauville), Varenguebec (limite administrative sud de Rauville). Une fois dans le pays du Bauptois, elle parcourt le marais jusqu à la mer en se dirigeant vers l est et en affleurant les murs de Carentan. Long de 78.6 km, c est un fleuve navigable, notamment par les gabarres à fond plat. La Douve sort de son lit chaque hiver lorsque les inondations du marais font d elle une petite mer La Douve en bas de la Lande intérieure éphémère, comme Jules Barbey d Aurevilly l a si bien écrit, par exemple : «Plein-Marais et Les Saules, séparés par les vastes marécages que la Douve traverse, en se tordant comme une longue anguille bleue, pour aller languissamment se perdre sous les ponts de Saint-Lô dans la Vire, et trop éloignés l un de l autre sur la rivière qui passait entre eux, ne pouvaient s apercevoir dans le lointain reculé de leurs horizons souvent brumeux, même les jours où le temps était le plus clair.» (J. Barbey d Aurevilly, Ce qui ne meurt pas, édition Lemerre, 1884, 1 vol. in-i2, p. 5 et suiv. Nouvelle édition, 1887, p. 3 et suiv.) Pont / D15 au lieu-dit Cafre o Le Ruisseau de Joffré (ou de Coffrey) est un affluent de la Douve (rive gauche). Il prend sa source du côté du château de la Cour de Reigneville-Bocage, puis s oriente vers le sud en longeant Rauvillela-Place et Crosville-sur-Douve (limite administrative entre ces deux communes), pour se jeter dans la Douve, sur sa rive gauche. o Le ruisseau Saint-Clair qui prend sa source à l ouest de la chapelle Saint-Clair grossit le ruisseau de Joffré. Lavoirs, Fontaines, Sources, Etangs Longtemps, la lessive s est faite au bord de la rivière sur une pierre inclinée ou une simple planche et sans abri. A la fin du XVIIIe siècle, un besoin d hygiène croissant se fait tenir à cause de la pollution et des épidémies. On construit alors des lavoirs, soit alimentés par un ruisseau, soit par une source (fontaine), en général couvert où les lavandières lavaient le linge. Certains étaient équipés de cheminées pour produire la cendre nécessaire au blanchiment. Le bord du lavoir comportait en général une pierre inclinée. Les femmes, à genoux, jetaient le Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 12/14

linge dans l'eau, le tordaient en le pliant plusieurs fois, et le battaient avec un battoir en bois afin de l'essorer le plus possible. En général, une solide barre de bois horizontale permettait de stocker le linge essoré avant le retour en brouette vers le lieu de séchage. Témoins des grands et petits moments de nos villages, les lavoirs évoquent le souvenir d une époque révolue et rappellent le dur labeur de nos mères et grand-mères. Le lavoir est un lieu éminemment social dans chaque village. C est l endroit où les femmes se retrouvaient une fois par semaine et où elles échangeaient les dernières nouvelles du du village, voire de la région Ils font partie du patrimoine culturel de nos hameaux, ils méritent d'être conservés. Sur le site «Lavoirs de France», aucun lavoir n est repertorié à Rauville-la-Place. Croix de chemin & calvaires, oratoires Les croix de chemin et calvaires se sont développés depuis le Moyen-âge et sont destinés à christianiser un lieu. De formes, de tailles et de matières variées (tout d abord en bois, puis en granite, aujourd'hui en fonte, fer forgé ou en ciment), ils agrémentent aussi bien les bourgs et les hameaux que les routes de campagne et symbolisent l acte de foi de la communauté. Elles se multiplient à partir de 1095, date à laquelle le droit d asile est étendu aux croix de chemins qui ont alors un double rôle de guide (croix de carrefour implantées à la croisée des chemins guidant le voyageur) et de protection et de mémoire (croix mémoriales). Elles servaient également de limite administrative, par exemple pour délimiter les zones habitables d un bourg devant payer certaines taxes Dans les champs, ces monuments rappellent la prière. En travaillant dans les champs, les paysans pouvaient venir se recueillir auprès d'un saint patron et de s'adonner à une prière sans pour autant se rendre à l'église. Néanmoins l'oratoire constitue davantage qu'un lieu de culte ; c'est aussi un lieu de remerciement et d'offrande avec l'espoir en retour de la protection du saint auquel il est dévoué C'est une manière de confier au Seigneur le travail des champs et la future Calvaire de la Chesnaie récolte. Communes limitrophes & Plans Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 13/14

Randonner à Rauville-la-Place L Office de Tourisme de Saint-Sauveur-le-Vicomte, propose, parmi sa douzaine de circuits balisés, un circuit au départ du Mont de Rauville-la- Place, le circuit n 3, long de 9 km. Ou tout autre circuit à la discrétion de nos guides Sources Divers sites internet, notamment : Wikimanche ; Wikipédia ; Généanet ; DDay Overlord ; 1944 la bataille de Normandie - la mémoire ; Notes historiques et archéologiques (le50enlignebis) ; Histoire du diocèse de Coutances et Avranches depuis les temps ; Pays d Art et d Histoire du Clos du Cotentin ; Ouest-France ; Manche-Libre ; La Presse de la Manche ; Anonymes, Justes et persécutée durant la période Nazie dans les communes de France (AJPN) ; Monumentum ; Le petit-manchot ; Office de Tourisme de St-Sauveur-le-Vicomte ; Lavoirs de France Ouvrages : 601 communes et lieux de vie de la Manche de René Gautier (2014) ; les fiches et synthèses de Julien Deshayes (Pays d art et d histoire du Clos du Cotentin); Le Canton de Saint-Sauveur-le-Vicomte dans l histoire de Jacques Lechevalier, Remerciements à : Les Randonneurs de la Côte-des-Isles (Max Gallet / août 2018) 14/14