l eau que nous buvons



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U N E n v i r o n n e m e n t e n s a n t é D e s C a n a d i e n s e n s a n t é l eau que nous buvons L e s n o r m e s e t r e c o m m a n d at i o n s e n m at i è r e d e q u a l i t é d e l e a u p o ta b l e U n e c o m pa r a i s o n i n t e r n at i o n a l e

N o v e m b r e 2 0 0 6 l eau que nous buvons L e s n o r m e s e t r e c o m m a n d at i o n s e n m at i è r e d e q u a l i t é d e l e a u p o ta b l e U n e c o m pa r a i s o n i n t e r n at i o n a l e R a p p o r t D E L A S É R I E U N E N V I R O N N E M E N T E N S A N T É D E S C A N A D I E N S E N S A N T É U n r a p p o r t p r é p a r é p o u r l a F o n d a t i o n D a v i d S u z u k i p a r D a v i d R. B o y d Boursier de la Fondation Trudeau, Institut pour les ressources, l environnement et la durabilité, Université de la Colombie-Britannique Professeur auxiliaire, École de gestion des ressources et de l environnement, Université Simon Fraser Premier agrégé, Projet POLIS sur la gouvernance écologique, Université de Victoria

L eau que nous buvons : Les normes et recommandations en matière de qualité de l eau potable Une comparaison internationale 2006 Fondation David Suzuki ISBN 1-897375-02-6 Catalogage avant publication disponible auprès de la Bibliothèque nationale du Canada. Remerciements De nombreuses personnes ont apporté une aide précieuse à la préparation du présent rapport. Citons notamment le Dr Ray Copes, Claire Garvey, le Dr David Suzuki, Rick Findlay et Matt Retallack. L auteur souhaite également remercier le personnel de la Fondation David Suzuki, tout particulièrement Ann Rowan, Lindsay Coulter, David Hocking, Dominic Ali, Jason Curran et Jim Fulton. Fondation David Suzuki 2211 West 4th Avenue, Suite 219 Vancouver, BC, Canada V6K 4S2 Site Web : www.davidsuzuki.org Téléphone : (604) 732-4228 Télécopieur : (604) 732-0752 conception graphique et production : Alaris Design references photographiques : Rich Frishman/Frish Photo (David Suzuki) ; Getty Images

T H E W A T E R W E D R I N K TA B L E D E S M AT I È R E S Avant-propos du Dr David Suzuki v Introduction 1 L approche à barrières multiples 3 Les questions de compétence 5 La différence entre les normes et les recommandations 7 Comparaison internationale des normes et recommandations pour l eau potable 9 Les contaminants microbiologiques 10 Effets sur la santé 10 Comparaison des réglementations 11 Les contaminants chimiques 13 Effets sur la santé 13 Comparaison des réglementations 14 Les contaminants radiologiques 18 Effets sur la santé 18 Comparaison des réglementations 18 Analyse comparative 19 Autres préoccupations quant au rôle du gouvernement fédéral dans la gestion de l eau potable 21 Conclusion et recommandations 23 Glossaire 30 Notes 32

La qualité de l eau et la qualité de la vie en son nombre infini de formes sont des composantes critiques de la santé globale et continue de la planète qui est la nôtre, non pas seulement ici en Amazonie, mais partout... Le plus dur dans tout grand projet est de commencer. Nous avons commencé. C est parti. Nous avons une passion. Nous voulons faire une différence. Sir Peter Blake (1948-2001), dernière mention dans son journal de bord avant son meurtre par des pirates sur l Amazone

Ava n t- p r o p o s d u D r D av i d S u z u k i Au Canada, le débat sur l avenir des soins de santé fait la une de l actualité plus souvent qu à son tour. Mais pendant que l on se bat pour maintenir et améliorer l un des meilleurs systèmes de soins de santé du monde, on néglige de nouvelles mesures préventives d importance qui peuvent faire éviter la maladie et la mort. Nous devrions nous préoccuper de garder les bien portants en bonne santé plutôt que de nous attacher à traiter la maladie une fois celle-ci déclarée. Empêcher les polluants et les toxines de contaminer notre air, notre eau et nos aliments aurait un énorme effet sur la santé publique au Canada. Les experts en santé conviennent généralement que les pathogènes microbiologiques y compris les bactéries, les virus et les protozoaires représentent le plus gros risque associé à l eau potable. Ces pathogènes peuvent causer des éclosions de maladies gastrointestinales responsables de graves problèmes de santé. L exposition aux contaminants chimiques et radiologiques dans l eau potable peut aussi contribuer à tout un éventail de problèmes médicaux, dont le cancer, les troubles gastro-intestinaux et les problèmes de reproduction. Même un très faible niveau de contamination des aliments, de l eau potable et de l air extérieur par un vaste éventail de polluants présentant divers degrés de toxicité produit un stress d ordre chimique auquel presque tout le monde est vulnérable. Dans le troisième d une série de rapports sur la salubrité de l environnement au Canada, la Fondation David Suzuki examine les recommandations canadiennes en matière de qualité de l eau et les compare au cadre correspondant en vigueur aux États- Unis, au sein de l Union européenne et en Australie, ainsi qu aux recommandations de l Organisation mondiale de la santé. Il est en notre pouvoir d améliorer notre santé et la santé de nos enfants; il suffit de respirer de l air pur, de boire de l eau salubre et de manger des aliments sans polluants nocifs. Pour garantir la salubrité de l environnement et la santé des citoyens, il faut que v

vi U N E N V I R O N N E M E N T E N S A N T É, D E S C A N A D I E N S E N S A N T É le gouvernement adopte des systèmes, des lois, des politiques et des engagements adéquats. Les particuliers peuvent également jouer un rôle en prenant les mesures décrites dans le Défi environnemental. Notre fondation s est donnée pour mission de mener le Canada à la durabilité en une génération. Vivre dans les limites de la Terre est difficile, mais essentiel. Un environnement sain y compris de l air pur, de l eau salubre et des aliments sains est l une des pierres angulaires d un avenir durable et prospère. David Suzuki Président, Fondation David Suzuki

T H E W A T E R W E D R I N K Introduction L eau potable est essentielle à la vie; pourtant l eau potable peut aussi être source d exposition à des pathogènes et des contaminants chimiques, physiques et radiologiques. Pour les pathogènes d origine hydrique, y compris les bactéries, les virus et les protozoaires, l eau potable est l une des principales sources de l exposition des personnes. Les experts en santé publique conviennent généralement que les pathogènes microbiologiques représentent le plus gros risque associé à l eau potable. 1 Ces pathogènes peuvent causer l apparition de maladies responsables de graves problèmes de santé pour une forte proportion de la population touchée. Par contraste, les problèmes de santé liés aux contaminants chimiques et radiologiques se manifestent en principe après une longue période d exposition. De plus, pour la plupart des contaminants chimiques, l exposition par les aliments et l air est généralement plus importante que l exposition par l eau potable. Toutefois, l arsenic et le fluorure sont deux exemples de produits chimiques couramment présents dans l eau potable qui posent un risque non négligeable à la santé publique (quoique le fluorure apporte aussi des bienfaits sur le plan de la santé dentaire). 2 L approvisionnement en eau salubre de la majorité de la population mondiale est l une des remarquables réalisations de santé publique de l histoire récente. Dans le cadre du présent rapport, le terme «eau potable salubre» fait référence à un «niveau de risque si faible qu un individu raisonnable et bien informé n a aucune raison de s en inquiéter ni de changer son comportement pour éviter un risque négligeable, mais non nul.» 3 En général, dans les pays riches industrialisés, dont le Canada, les États-Unis, l Australie et l Europe de l ouest, l eau potable traitée par les municipalités est propre à la consommation. Par contraste, une grande partie de la population des pays en développement est confrontée à de sérieux problèmes de santé faute d accès à de l eau adéquatement traitée. On estime que près de deux millions d habitants des pays pauvres meurent tous les ans suite à des maladies diarrhéiques dues à l eau insalubre, à une mauvaise hygiène et à des installations

U N E N V I R O N N E M E N T E N S A N T É, D E S C A N A D I E N S E N S A N T É sanitaires inadéquates. 4 Même dans les pays riches industrialisés, on aurait tort de tenir l eau potable pour acquise, malgré l abondance de lois, politiques, programmes et investissements destinés à protéger le public des risques éventuels posés par l eau potable. Les pays riches, dont le Japon, la Suède, le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et l Australie, ont connu de nombreuses éclosions de maladies d origine hydrique ces dernières décennies. 5 Au Canada, un certain nombre d incidents de contamination de l eau ont fait grand bruit ces dernières années : Walkerton (Ontario), où sept personnes ont trouvé la mort, 65 personnes ont été hospitalisées et des milliers d autres sont tombées malades; North Battleford (Saskatchewan), où des milliers de personnes ont été malades; et, La communauté autochtone de Kashechewan en Ontario, où toute la population a été évacuée. Ces événements qui ont attiré l attention ne représentent que la partie visible de l iceberg. Selon une étude récente, il y a eu 288 éclosions de maladies d origine hydrique au Canada entre 1974 et 2001. 6 Le gouvernement canadien estime que l eau potable contaminée cause tous les ans quelque 90 morts et 90 000 cas de maladie. 7 Ces estimations sont extrapolées des chiffres américains (900 morts et 900 000 cas de maladie) publiés par les U.S. Centers for Disease Control and Prevention. 8 Les experts en santé indépendants suggèrent que le nombre de Canadiens souffrant de troubles gastro-intestinaux causés par l eau potable contaminée est en fait beaucoup plus élevé. 9 Vu le grand nombre de cas non signalés, le nombre réel de cas est probablement supérieur de 10 à 1 000 fois au nombre de cas confirmés. 10 Aux É.-U., la pire éclosion de maladie hydrique de l histoire récente a eu lieu à Milwaukee, au Wisconsin, en 1993. La crise de santé publique causée par le protozoaire Cryptosporidium a provoqué plus de 50 décès, 4 400 hospitalisations et 400 000 cas de maladie. Selon les experts, la contamination de l eau potable pourrait causer tous les ans aux É.-U. 1 200 décès, 560 000 cas de maladie allant de modérée à grave et 7,1 millions de cas de maladie allant de légère à modérée. 11 Le plus connu des incidents de contamination de l eau potable en Australie s est produit en 1998 à Sydney, quand on a découvert un nombre élevé de Cryptosporidium et de Giardia dans l eau traitée et émis des avis d ébullition de l eau à trois millions d habitants. 12 Une enquête publique subséquente a déterminé que les avis d ébullition de l eau étaient justifiés, bien que la surveillance n ait pas permis de relever une hausse importante des troubles gastro-intestinaux liés à l eau contaminée. 13

T H E W A T E R W E D R I N K L approche à barrières multiples Comme le souligne le gouvernement australien : «Toutes les éclosions de maladies d origine hydrique sont évitables. Les pathogènes ne peuvent causer la mort et la maladie chez les humains qu en cas d échec de la protection des sources d eau, de l élimination des pathogènes par la désinfection ou la filtration, ou de l intégrité des réseaux de distribution.» 14 D autres facteurs font augmenter le risque de maladie d origine hydrique, notamment : les pathogènes nouvellement découverts qui résistent à la désinfection; les changements apportés par les humains aux écosystèmes aquatiques, y compris l eutrophisation, la modification des réseaux trophiques, l introduction d espèces nuisibles et non indigènes, et la création d aires de reproduction pour les vecteurs de maladie; l accroissement de la densité de la production agricole à proximité des zones d habitation; et la détérioration de l infrastructure hydraulique en milieu urbain. 15 Il n y a pas de remède miracle pour assurer la qualité de l eau. Les experts conviennent généralement qu une approche à barrières multiples s impose une approche couvrant la totalité des menaces à la qualité de l eau, de la source jusqu au robinet. Les éléments clés d une approche globale comprennent la protection des sources d eau (pour tenir l eau brute aussi propre que possible), le traitement adéquat (y compris la désinfection et des procédés supplémentaires destinés à éliminer ou à inactiver les contaminants), le bon entretien du réseau de distribution, de solides normes en matière de qualité de l eau, l inspection régulière, l analyse, le contrôle, la formation et l accréditation des opérateurs, les avis au public, la présentation de rapports au public et la participation de ce dernier, la planification des mesures d urgence, la recherche, un financement suffisant et une stricte application. 16 Le Tableau 1 décrit les composantes de l approche globale en matière de gestion de la qualité de l eau potable de l Australie.

U N E N V I R O N N E M E N T E N S A N T É, D E S C A N A D I E N S E N S A N T É T A B L E A U 1 Cadre de gestion de la qualité de l eau potable de l Australie 1. Engagement envers la gestion de la qualité de l eau potable 1.1 Politique relative à la qualité de l eau potable 1.2 Exigences réglementaires et conditions formelles 1.3 Mobilisation des parties intéressées 2. Analyse du réseau de distribution d eau 2.1 Évaluation des données sur la qualité de l eau 2.2 Détermination des dangers et évaluation du risque 3. Mesures préventives pour la gestion de la qualité de l eau potable 3.1 Mesures préventives et barrières multiples 3.2 Points de contrôle critiques 4. Procédures opérationnelles et contrôle de procédé 4.1 Procédures opérationnelles 4.2 Surveillance opérationnelle 4.3 Mesures correctives 4.4 Capacité et entretien de l équipement 4.5 Matériaux et produits chimiques 5. Vérification de la qualité de l eau potable 5.1 Surveillance de la qualité de l eau potable 5.2 Satisfaction des consommateurs 5.3 Évaluation des résultats à court terme 5.4 Mesures correctives 6. Gestion des incidents et des urgences 6.1 Communication 6.2 Protocoles d intervention en cas d incident et d urgence 7. Sensibilisation et formation des employés 7.1 Sensibilisation et participation des employés 7.2 Formation des employés 8. Participation et sensibilisation de la collectivité 8.1 Consultation de la collectivité 8.2 Communication 9. Recherche et développement 9.1 Études approfondies et surveillance de la recherche 9.2 Validation des procédés 9.3 Conception de l équipement 10. Documentation et rapport 10.1 Gestion de la documentation et des dossiers 10.2 Rapport 11. Évaluation et vérification 11.1 Évaluation des résultats à long terme 11.2 Vérification de la gestion de la qualité de l eau potable 12. Examen et amélioration continue 12.1 Examen mené par la haute direction 12.2 Plan d amélioration de la gestion de la qualité de l eau potable source : Australian National Health and Medical Research Council. 2004. Recommandations australiennes pour l eau potable.

Les questions de compétence Au Canada, tous les paliers de gouvernement partagent généralement la responsabilité de l approvisionnement en eau salubre. Toutefois la plupart des aspects de la gestion de l eau potable relèvent de la compétence des provinces. Aux É.-U., en Australie et dans bien des pays européens, les échelons inférieurs de gouvernement détiennent aussi une large part de la responsabilité de l approvisionnement en eau potable salubre. On a récemment publié d importants rapports formulant des recommandations pour améliorer les politiques et pratiques relatives à l eau potable au niveau des gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux au Canada. 17 Même si chacun des éléments d une approche à barrières multiples est important, le présent rapport s intéresse à la performance du gouvernement fédéral canadien par rapport aux gouvernements des É.-U., de l Australie et des pays européens. Le gouvernement fédéral joue un rôle crucial dans l établissement des Recommandations pour la qualité de l eau potable au Canada, qui recommandent les techniques de traitement et la concentration maximale admissible (CMA) de divers contaminants dans l eau potable après le traitement. Bien qu un comité fédéral-provincial-territorial élabore ces recommandations, il appartient au gouvernement fédéral d assurer la protection de la santé des Canadiens, comme c est le cas par le biais de normes pour les aliments, les drogues et l eau embouteillée en vertu de la Loi sur les aliments et drogues. Les Recommandations pour la qualité de l eau potable au Canada portaient à l origine le nom de normes, mais on les a consciemment rebaptisées dans les années 70 pour souligner le fait qu elles n ont pas de fondement législatif et ne constituent pas des normes nationales exécutoires en vertu de la loi. 18 À cause de l attention portée au gouvernement fédéral, le présent rapport examine les normes ou recommandations concernant divers types de techniques de traitement, de même que les normes ou recommandations établissant la CMA de divers contaminants dans l eau potable après le traitement. Il devrait être manifeste, de par la description de l approche à barrières multiples plus haut, que les normes pour les techniques de traitement et les

U N E N V I R O N N E M E N T E N S A N T É, D E S C A N A D I E N S E N S A N T É CMA jouent un rôle important dans la gestion globale de l eau potable, mais qu elles ne peuvent pas à elles seules assurer la salubrité de l eau potable. En fait, elles ne sont pas les seules normes et recommandations importantes. Les lois et réglementations provinciales et les permis d opérateur réglementent aussi des exigences juridiquement contraignantes pour la formation et l accréditation des opérateurs, la présentation de rapports au public et d autres aspects de la gestion de l eau. Le gouvernement fédéral a également la responsabilité d assurer la disponibilité de l eau salubre dans les territoires qui relèvent de sa compétence (p. ex. les bases militaires, les parcs nationaux et les réserves autochtones), à bord des transporteurs communs (p. ex. les avions et les navires) et dans les installations fédérales. De plus, le gouvernement fédéral est chargé d assurer la sécurité des produits et matériaux qui entrent en contact avec l eau potable, des réseaux de distribution jusqu aux dispositifs de traitement à usage domestique. En 2005, la commissaire à l environnement et au développement durable a relevé un certain nombre de faiblesses dans les efforts du gouvernement fédéral pour s acquitter de ses responsabilités, notamment : Des échecs d envergure quand il s agit de fournir de l eau salubre aux Autochtones qui habitent les réserves; Une grande variabilité de la conformité aux Recommandations pour la qualité de l eau potable dans les installations fédérales; et, L absence d inspections de l eau à bord des avions. 19 La Fondation David Suzuki appuie les recommandations formulées par la commissaire pour remédier complètement aux problèmes et y ajoute dans les présentes quelques brèves recommandations.

La différence entre les normes et les recommandations D un point de vue juridique, on attend généralement des normes qu elles fournissent un niveau de protection de la santé humaine supérieur à celui des recommandations, puisque les normes sont juridiquement contraignantes et exécutoires. La violation des normes devrait entraîner la prise de diverses actions visant à assurer la prochaine conformité. Les recommandations, au contraire, représentent des objectifs facultatifs que les fournisseurs d eau potable peuvent viser, mais ne pas atteindre. Les recommandations n amènent pas nécessairement de mesures correctives en cas de violation. À cause de cette distinction subtile mais cruciale, l Organisation mondiale de la santé déclare qu il devrait y avoir dans tous les pays des normes nationales juridiquement contraignantes pour la qualité de l eau potable. 20 De même, M. le Juge Dennis O Connor, dans son analyse approfondie des causes du désastre de Walkerton, a conclu que les normes en matière de qualité de l eau potable «devraient avoir force exécutoire.» 21 Il a ajouté que «des normes de qualité de l eau à la fois prudentes et applicables sont une base importante pour une approche à barrières multiples à l égard de la salubrité de l eau.» 22 De nombreux travaux de recherche démontrent qu en matière de protection de l environnement les démarches purement volontaires sont généralement inefficaces. 23 Reste que les normes ne sont pas forcément efficaces si elles sont mal élaborées ou non appliquées. Les É.-U. et l Europe protègent leurs citoyens par des normes nationales pour la qualité de l eau potable, tandis que le Canada et l Australie ont recours à des recommandations nationales plus faibles dont l application laisse souvent à désirer au niveau des provinces ou des états. Malgré certaines différences dans les démarches employées par les pays européens, tous doivent respecter les normes minimales prévues par la Directive sur l eau potable du Conseil de l UE. 24 Il convient également de noter que les Recommandations pour la qualité de l eau potable au Canada sont juridiquement contraignantes dans certaines provinces parce qu elles sont incorporées aux règlements provinciaux. Elles sont en outre juridiquement contraignantes dans certaines municipalités parce qu elles ont été incorporées aux licences d exploitation

U N E N V I R O N N E M E N T E N S A N T É, D E S C A N A D I E N S E N S A N T É pour les installations de traitement de l eau. De telles démarches tempèrent certaines inquiétudes liées à la relative faiblesse du recours aux recommandations nationales et améliorent leur souplesse et leur efficacité. Elles donnent néanmoins lieu à des inquiétudes quant à l uniformité, la transparence et l application. Enfin, il convient de noter que la commissaire à l environnement et au développement durable a critiqué la lenteur de la mise à jour des Recommandations pour la qualité de l eau potable au Canada pour refléter l état actuel de la science et protéger la santé des Canadiens. En 2005, la commissaire a qualifié d inacceptable l arriéré de recommandations désuètes en ce qui concerne les paramètres physiques ou chimiques et critiqué les réductions du budget destiné à la mise à jour des recommandations. 25

Comparaison internationale des normes et recommandations pour l eau potable Le rapport compare les Recommandations pour la qualité de l eau potable au Canada au cadre correspondant en vigueur aux États-Unis (É.-U.), au sein de l Union européenne (UE) et en Australie. Les recommandations de l Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de qualité de l eau potable servent aussi à l analyse comparative. Les É.-U. comme l UE usent de normes obligatoires juridiquement contraignantes pour assurer la qualité de l eau potable. Les échelons inférieurs de gouvernement aux É.-U. et en Europe doivent respecter les normes nationales, ou dans le cas de l UE, supranationales. Par contraste, il est impératif de comprendre que les Recommandations canadiennes pour la qualité de l eau potable sont facultatives c est-à-dire non juridiquement contraignantes, sauf si elles sont incorporées aux lois et règlementations provinciales ou territoriales ou aux licences d exploitation à l usage des fournisseurs d eau potable. Bien que toutes les provinces et tous les territoires aient des règlements sur l eau potable, il semble que ceux-ci varient fortement pour ce qui est du niveau de protection juridique qu ils apportent aux consommateurs d eau. 26 Ainsi le Canada a des recommandations nationales facultatives pour 83 contaminants (contaminants radiologiques non compris). Les règlements contraignants pour les contaminants en question vont de zéro à 83 selon la province ou le territoire. 27 Tout comme le Canada, l Australie a établi des recommandations facultatives plutôt que des normes. Quant à l Organisation mondiale de la santé, elle n a pas de pouvoir législatif, aussi a-t-elle établi des directives dans le but d aider les pays à élaborer des normes uniformes et adéquates. Le rapport compare les normes et recommandations pour les méthodes de traitement de l eau et les CMA pour les contaminants microbiologiques, physiques, chimiques et radiologiques présents dans l eau potable. Les contaminants microbiologiques, chimiques (y compris les sous-produits de désinfection) et radiologiques peuvent avoir un grand nombre d effets néfastes sur la santé humaine. La plupart des territoires de compétence établissent aussi des recommandations pour les caractéristiques physiques de l eau, dont la turbidité, la couleur, la dureté, les matières dissoutes totales, le ph, la température, le goût, l odeur et

10 U N E N V I R O N N E M E N T E N S A N T É, D E S C A N A D I E N S E N S A N T É l oxygène dissous. La turbidité, discutée plus en détail ci-après, est importante parce qu elle peut avoir des répercussions non négligeables sur la santé publique et constituer un substitut pour les pathogènes difficiles à détecter. Le rapport n a pas comparé les autres recommandations pour les caractéristiques physiques de l eau car elles ne sont pas directement liées à la santé publique. Ces recommandations concernent principalement les considérations esthétiques, bien qu elles puissent aussi influer sur des questions comme la corrosion des tuyaux (et donc nécessiter des programmes de protection contre la corrosion). Les contaminants microbiologiques a ) E f f e t s s u r l a s a n t é Comme on l a vu plus tôt, les experts en questions sanitaires, médicales et scientifiques s entendent pour dire que le plus gros risque lié à la consommation d eau dans les pays industrialisés vient des pathogènes d origine hydrique. 28 Ces derniers sont plus dangereux que les contaminants chimiques à cause du risque de problèmes de santé immédiats et graves, du fait que les sujets infectés peuvent transmettre la maladie à d autres personnes non exposées au pathogène et du fait aussi qu un seul micro-organisme peut faire du mal, tandis qu il faut être exposé à de nombreuses molécules d un produit chimique pour en ressentir les effets néfastes. 29 Les trois principales catégories de pathogènes d origine hydrique sont les bactéries, les virus et les protozoaires. Ces pathogènes causent l éclosion de maladies pouvant toucher une forte proportion de la population d une collectivité et causer la mort dans certains cas. Les personnes les plus vulnérables ou les plus susceptibles de tomber gravement malades sont les nourrissons, les jeunes enfants, les personnes au système immunitaire affaibli et les personnes âgées. Les problèmes de santé dus aux pathogènes d origine hydrique vont de la gastroentérite bénigne (maux de ventre) à la diarrhée grave et à la mort. Les maladies d origine hydrique comme le choléra et la fièvre typhoïde sont extrêmement rares dans les pays industrialisés. Les gouvernements et les organismes chargés de fournir l eau potable doivent faire face aux pathogènes d origine hydrique tant actuels qu émergents. Les pathogènes bactériens hydriques actuels sont à l origine de maladies gastro-intestinales chez les humains. Les bactéries (p. ex. E. coli O157:H7, Salmonella, Shigella et Campylobacter jejuni), les virus entériques (p. ex. l hépatite A) et les protozoaires (p. ex. Giardia, Cryptosporidium, Toxoplasma gondii) ont tous causé des éclosions de maladies hydriques au Canada. Les scientifiques ont identifié des centaines de nouveaux pathogènes ces dernières années. 30 Les pathogènes hydriques faisant leur apparition comprennent, mais sans s y limiter, les norovirus, Legionella, complexe Mycobacterium avium, Aeromonas hydrophila et Helicobacter pylori. La turbidité n est pas un risque direct à la santé publique, mais plutôt un risque indirect. Elle est causée par la présence de fine particules en suspension dans l eau, comme l argile, le limon, les particules colloïdales, le plancton et d autres organismes microscopiques. La consommation d eau très turbide peut constituer un risque sanitaire si les particules en suspension abritent des micro-organismes susceptibles de causer des maladies chez les humains ou si les particules ont adsorbé des composés organiques ou inorganiques toxiques.

L e a u q u e n o u s b u v o n s 11 Une forte turbidité peut empêcher la détection des bactéries et des virus en les adsorbant dans les particules, ce qui a pour effet de les abriter. Une forte turbidité peut également protéger les micro-organismes contre l action des désinfectants. Diverses approches de gestion et de traitement peuvent servir à réduire la turbidité, dont la gestion des bassins hydrographiques, le stockage, la coagulation et la filtration. Une préoccupation récente liée à la gestion de l eau potable concerne les cyanobactéries, un type de bactéries vivant naturellement dans les plans d eau douce. Les cyanobactéries posent un risque sanitaire quand elles prolifèrent et forment ce qu on appelle des fleurs d eau, parce qu elles produisent des toxines qui, en cas d ingestion par le biais de l eau, peuvent endommager le foie, les reins, le système nerveux et l appareil gastro-intestinal. L exposition à l eau contaminée par les cyanobactéries peut en outre irriter les yeux et causer une éruption cutanée lors de bains ou douches. Les fleurs d eau sont dues à des facteurs comme les températures élevées, l ensoleillement direct, la forte teneur en éléments nutritifs de l eau et le faible débit. Ces facteurs de risque sont exacerbés par bon nombre des pratiques agricoles actuelles ainsi que par l urbanisation et le changement climatique. Les cyanobactéries menacent donc de plus en plus l eau potable. b ) C o m p a r a i s o n d e s r é g l e m e n t a t i o n s L efficacité du traitement de l eau potable dépend d une multitude de facteurs, dont : Les procédés de traitement employés; La concentration des contaminants dans l eau brute; Divers facteurs physiques et chimiques (température, turbidité, ph, etc.); et, Les compétences de la personne qui exploite le système. Le traitement vise à faire tomber les concentrations de pathogènes jusqu à un niveau trop bas pour causer une infection, tout en maintenant les qualités esthétiques de l eau. Les éléments du traitement de l eau les plus couramment utilisés au Canada et aux É.-U. sont la coagulation, la floculation, la filtration sur milieu granulaire et la désinfection. Le désinfectant le plus courant est le chlore, bien que d autres désinfectants, comme l ozone et le rayonnement ultraviolet, soient en train de gagner en popularité. Le rayonnement ultraviolet et l ozonisation sont moins employés au Canada et aux É.-U. qu en Europe, mais sont de plus en plus prisés en raison de leur efficacité supérieure (comparativement au chlore) quant à la réduction des risques liés aux protozoaires et aux virus. En général, il importe de s axer sur les résultats plutôt que sur les procédés. Par exemple, à cause de la petite taille des virus, la filtration conventionnelle est d une efficacité limitée. Il faut utiliser en plus une forme plus poussée de filtration (p. ex. la filtration sur membrane) ou une autre méthode de désinfection comme le rayonnement ultraviolet ou l ozonisation pour minimiser les risques sanitaires posé par les virus et les protozoaires, parce qu un grand nombre d entre eux résistent à la chloration. C est également le cas du Cryptosporidium, qui doit être inactivé par le rayonnement ultraviolet ou l ozonisation, ou encore éliminé par coagulation, floculation et filtration. Il est également impératif de comprendre que les technologies de traitement ne sont efficaces qu aux mains d opérateurs formés et expérimentés. 31 On s accorde généralement sur le fait qu il est important de maintenir une concentration résiduelle de désinfectant dans le réseau de distribution pour empêcher que la

12 U N E N V I R O N N E M E N T E N S A N T É, D E S C A N A D I E N S E N S A N T É r e c o m m a n d a t i o n s c a n a d i e n n e s p o u r l a t u r b i d i t é d e l e a u p o ta b l e La turbidité de l eau traitée par filtration avec procédé chimique doit être inférieure ou égale à 0,3 utn dans au moins 95 pour cent des mesures prises ou au moins 95 pour cent du temps au cours d un mois civil, et ne doit jamais dépasser 1 utn La turbidité de l eau traitée par filtration lente sur sable ou sur terre de diatomées doit être inférieure ou égale à 1 utn dans au moins 95 pour cent des mesures prises ou au moins 95 pour cent du temps au cours d un mois civil, et ne doit jamais dépasser 3 utn La turbidité de l eau traitée par filtration sur membrane doit être inférieure ou égale à 0,1 utn dans au moins 99 pour cent des mesures prises ou au moins 99 pour cent du temps au cours d un mois civil, et ne doit jamais dépasser 0,3 utn. Si la filtration sur membrane est la seule technologie de traitement employée, le procédé de filtration doit être suivi d une forme d inactivation des virus. contamination ne se reproduise, mais cette croyance n est pas universelle. 32 Le chlore et les chloramines peuvent fournir une concentration résiduelle de désinfectant, alors qu un des désavantages de la désinfection par l ozone et les UV est qu elle ne le peut pas. Pour des raisons techniques, aucun des pays étudiés n avait établi de CMA pour la plupart des pathogènes bactériens et viraux et les protozoaires d origine hydrique. Bien qu il ne soit peut être pas possible d établir de CMA pour les protozoaires et les virus, certains endroits ont élaboré des normes fondées sur les résultats pour l efficacité du traitement. Ainsi les normes appliquées par l Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis imposent la filtration (ou une autre forme de traitement tout aussi efficace comme le rayonnement ultraviolet ou l ozonisation) dans tous les réseaux publics de distribution d eau utilisant une source d eau de surface ou une source d eau souterraine sous l influence directe d eaux de surface. La filtration (ou un autre traitement tout aussi efficace) doit éliminer ou inactiver 99,9 pour cent de Giardia, 99,99 pour cent des virus et 99 pour cent de Cryptosporidium (ce dernier suite à une modification de 1996 à la Safe Drinking Water Act (loi américaine sur l eau potable salubre)). 33 Bien que les Recommandations pour la qualité de l eau potable au Canada reconnaissent que les contaminants microbiologiques posent le plus gros risque à la santé publique et préconisent la filtration, il n existe aucune norme fondée sur les résultats pour régler le problème. Seules cinq provinces exigent la filtration de l eau de surface la Nouvelle-Écosse, le Québec, l Ontario, la Saskatchewan et l Alberta. Certaines collectivités des provinces et territoires où la filtration n est pas obligatoire filtrent volontairement l eau, mais ces collectivités sont l exception et non la règle. La filtration est recommandée, mais non obligatoire aux termes de la loi, au sein de l UE et en Australie. Tous les pays étudiés ont établi des normes ou des recommandations pour les organismes coliformes et la turbidité. Tous les pays étudiés ont la même CMA pour Escherichia coli (E. Coli) et les coliformes fécaux. Dans tous les pays comparés dans le cadre du rapport, la CMA pour E. coli et pour les coliformes fécaux dans tous les réseaux d eau potable est d aucun micro-organisme détectable par 100 ml. La recommandation canadienne pour les coliformes totaux est elle aussi de zéro si l on prélève un seul échantillon par mois; toutefois 10 pour cent d échantillons multiples peuvent contenir des coliformes totaux tant qu il y a moins de 10 organismes par 100 ml. Les É.-U., l Australie et l Europe ont des limites légèrement plus strictes que le Canada pour les coliformes totaux, puisque la limite maximale y est de 5 pour cent d échantillons multiples contenant des coliformes. 34 Aux É.-U., les normes de l EPA stipulent que la turbidité ne doit jamais dépasser 1 unité de turbidité néphélémétrique (utn) et ne doit pas dépasser 0,3 utn dans 95 pour cent des prélèvements quotidiens au cours d un mois quelconque. Les recommandations australiennes et européennes suggèrent aussi que la turbidité ne devrait jamais dépasser 1 utn. La recommandation canadienne pour la turbidité a été renforcée en 2004, mais est subordonnée au type de filtration. La recommandation générale est que tout réseau d eau utilisant une source d eau de surface ou une source d eau souterraine sous l influence directe d eaux de surface devrait filtrer l eau pour faire tomber la turbidité au plus bas niveau possible, avec comme cible moins de 0,1 utn en tout temps. L encadré ci-contre précise les cibles pour les systèmes de distribution d eau qui ne sont pas en mesure d atteindre la cible de 0,1 utn.

L e a u q u e n o u s b u v o n s 13 Les recommandations canadiennes reconnaissent expressément que certains distributeurs d eau potable ne seront pas en mesure d atteindre ces cibles et recommandent fortement les traitements supplémentaires comme autre moyen d assurer la salubrité de l eau potable. Reste que les recommandations relatives à la turbidité sont inférieures à l approche plus directe consistant à établir des normes fondées sur les résultats pour les bactéries, les virus et les protozoaires. Pour les toxines cyanobactériennes, l Australie et le Canada sont les seuls à avoir établi des recommandations liées à la CMA. La recommandation australienne pour les toxines cyanobactériennes (0,0013 mg/l) est légèrement plus stricte que la recommandation canadienne (0,0015 mg/l), mais la différence semble être négligeable. L EPA a mis les toxines cyanobactériennes sur sa liste des contaminants, une mesure qui mène souvent à l établissement d une norme pour l eau potable. Dans l ensemble, les É.-U. ont les plus rigoureuses normes de protection contre les contaminants microbiologiques en raison des normes de traitement fondées sur les résultats exigeant un haut niveau d efficacité quant aux bactéries, virus et protozoaires. Le Canada a les recommandations les plus faibles et n a aucune prescription juridique en matière d efficacité du traitement de l eau. Les contaminants chimiques a ) E f f e t s s u r l a s a n t é Les problèmes de santé associés à l exposition aux produits chimiques comprennent non seulement le cancer, mais aussi les troubles neurologiques, les dommages aux organes internes, les maladies gastro-intestinales, les problèmes de reproduction, les troubles du développement et la perturbation du système endocrinien ou hormonal. Certains produits chimiques se forment naturellement, mais la plupart d entre eux arrivent dans l eau potable pour cause d activités humaines qui vont de l agriculture à l industrie. Les deux principales sources de contamination chimique de l eau potable sont l agriculture industrialisée (pesticides et engrais) et l utilisation très répandue des hydrocarbures et des solvants. La bonne nouvelle est que, pour de nombreux produits chimiques, l eau potable représente une faible proportion de l exposition globale (on entend par là que les aliments et l air sont de plus importantes sources d exposition). Il y a également des problèmes de santé associés aux sous-produits de désinfection. Les sous-produits de désinfection les plus communs les trihalométhanes et les acides acétiques chlorés sont le résultat de réactions entre le chlore et des matières organiques présentes dans l eau. D autres types de désinfectants donnent lieu à des sous-produits différents. Ainsi, la désinfection par ozone peut produire du formaldéhyde et d autres aldéhydes. Bien que les sous-produits de désinfection comme les trihalométhanes et le formaldéhyde soient liés à divers types de cancer, la plupart des experts conviennent que ces risques de cancer sont plus faibles que les risques posés par les micro-organismes pathogènes dans l eau non désinfectée. Autrement dit, malgré le risque sanitaire que pose la désinfection, les avantages l emportent sur les inconvénients. La désinfection est une étape critique d une démarche globale de la source jusqu au robinet. Il est toutefois essentiel de noter que cer- 13

14 U N E N V I R O N N E M E N T E N S A N T É, D E S C A N A D I E N S E N S A N T É taines méthodes de désinfection (p. ex. la désinfection par rayonnement ultraviolet et la limitation des matières organiques dans la source d eau) réduisent ou éliminent le risque posé par les sous-produits de désinfection. Les nouvelles normes et recommandations en matière de traitement et de sous-produits de désinfection devraient refléter la disponibilité de ces solutions de rechange. En théorie, les concentrations d un produit chimique inférieures à la CMA ne posent pas de gros risque sanitaire. Malheureusement, cette théorie ne tient pas la route. En réalité, pour certaines substances, dont les substances cancérogènes et les perturbateurs du système endocrinien, l exposition à des concentrations même infimes peut nuire à la santé. Il n existe aucun seuil en deçà duquel on n observe aucun effet sur la santé. Le pesticide atrazine, largement présent dans l approvisionnement en eau au Canada, cause des malformations sexuelles et des problèmes de reproduction chez les grenouilles à des concentrations mesurées en quelques parties par milliard des concentrations qui ont été relevées dans l eau potable. 35 Les scientifiques ne savent pas encore si l atrazine touche la santé des humains qui y sont exposés à des concentrations semblables. Pourtant, l UE interdit dorénavant toutes les utilisations de l atrazine à cause de préoccupations relatives à ses effets sanitaires et environnementaux, tandis que l atrazine est toujours l un des pesticides les plus utilisés au Canada. Selon un récent rapport, «des centaines d études dans la littérature évaluée par les pairs démontrent que des problèmes de santé dus à l exposition à de faibles doses ont lieu dans la population et sont causés par une contamination inévitable par les PCB, le DDT, la dioxine, le mercure, le plomb, les polluants atmosphériques toxiques et d autres produits chimiques.» 36 Le vieux dicton «C est la dose qui fait le poison» est toujours pertinent, mais doit maintenant être modifié pour tenir compte du fait que d autres facteurs, y compris la durée de l exposition, la vulnérabilité génétique de certaines personnes, la bioaccumulation et les interactions avec d autres produits chimiques, déterminent aussi le niveau de toxicité. L un des grands défis liés aux milliers de contaminants chimiques potentiels de l eau potable est la détermination des substances d intérêt prioritaire aux fins d évaluation et de réduction des risques. On n en sait malheureusement pas suffisamment sur l exposition des humains à bon nombre de ces substances ou sur leurs effets potentiels sur la santé humaine. Il y a en particulier une grosse pénurie de données dans le domaine des effets sur la santé autres que le cancer (p. ex. neurotoxicité, troubles de la reproduction, effets toxiques sur le développement). Au sujet des pesticides, des herbicides, des produits pétroliers et des solvants, un éminent expert a conclu : «On en sait très peu sur les véritables effets sanitaires de la pollution de l eau potable due à ce groupe de composés.» 37 De telles lacunes sur le plan des connaissances rendent l évaluation des risques difficile et soulignent l importance d une approche prudente et préventive. Enfin, il faut combler les lacunes sur le plan des connaissances par des programmes de recherche et la surveillance biologique de la population canadienne. b ) C o m p a r a i s o n d e s r é g l e m e n t a t i o n s Aux fins du rapport, on a comparé la CMA établie par le Canada pour les contaminants chimiques à celles établies par d autres territoires de compétence ainsi qu aux recommandations

L E A U Q U E N O U S B U V O N S 15 de l Organisation mondiale de la santé. Sur les 67 contaminants pour lesquels le Canada a établi une CMA (voir le Tableau 2), la CMA canadienne est plus faible que celle d au moins un autre territoire de compétence ou de l Organisation mondiale de la santé dans le cas de 53 contaminants. Autrement dit, il semble que plus des trois quarts des Recommandations pour la qualité de l eau potable au Canada relatives aux contaminants chimiques fournissent une protection moindre que les normes ou recommandations en vigueur dans d autres pays industrialisés. Dans certains cas, la différence peut sembler relativement petite, comme c est le cas pour le 1,2-dichloroéthane, pour lequel la recommandation canadienne de 0,005 mg/l n est que légèrement supérieure à la norme européenne de 0,003 mg/l. Pourtant, même dans ce cas, il importe de réaliser que le Centre international de recherche sur le cancer considère le 1,2-dichloroéthane comme un agent cancérogène possible chez les humains, ce qui indique un risque accru à un niveau d exposition quelconque. Dans d autres cas, l écart entre la recommandation canadienne pour une qualité de l eau potable acceptable et la norme ou recommandation appliquée ailleurs est considérable. Les normes européennes sont de 50 à 1 000 fois plus strictes que les recommandations canadiennes. L UE n établit pas de recommandation précise pour chaque pesticide mais utilise une recommandation générale de 0,0001 mg/l, bien en dessous de presque toutes les recommandations canadiennes pour les concentrations acceptables de pesticides dans l eau potable. De plus, l UE limite à 0,0005 mg/l la quantité totale de pesticides pouvant être présente dans l eau potable. Cette approche reconnait que l exposition cumulative à différents pesticides, même si aucun ne dépasse individuellement le niveau préoccupant, peut avoir des effets néfastes sur la santé. Le Canada n a mis aucune limite comparable en place, ce qui signifie que les Canadiens peuvent être exposés à des mélanges de pesticides dans l eau potable à des niveaux qui, en Europe, seraient contraires à la loi. Le Canada établissait auparavant une recommandation pour le total maximum acceptable de pesticides dans l eau potable, mais ne le fait plus. 38 En théorie, tant le Canada que l UE appuie le principe de précaution, ce qui signifie que «en cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l environnement.» 39 La plupart des lois canadiennes actuelles sur l environnement incorporent le principe de précaution et la Cour suprême du Canada l a soutenu. 40 Il semble y avoir un lien entre les pesticides dans l eau potable et les problèmes de santé, quoique les preuves ne soient pas irréfutables. En appliquant le principe de précaution, nous devrions faire tout en notre pouvoir pour minimiser l exposition aux pesticides dont on pense qu ils nuisent à la santé. Comme M. le Juge O Connor l a recommandé dans son rapport sur le désastre de Walkerton, «L établissement des normes devrait reposer sur une démarche préventive, en particulier à l égard des contaminants dont on ne connait pas les répercussions sur la santé humaine.» 41 En pratique, quand il s agit de protéger les citoyens des effets néfastes des pesticides dans l eau potable, les normes plus prudentes de l UE prouvent que celle-ci applique le principe de précaution plus vigoureusement que le Canada.

16 U N E N V I R O N N E M E N T E N S A N T É, D E S C A N A D I E N S E N S A N T É T A B L E A U 2 Comparaison internationale des normes et recommandations pour les produits chimiques dans l eau potable (concentration maximale admissible) 43 Toutes les recommandations et normes sont exprimées en mg/l. Produit chimique oms ue AustraliE é.-u. Canada 2,4-D 0,03 0,0001 0,0001 0,07 0,1 Acide nitrilotriacétique 0,2-0,2-0,4 Aldicarbe 0,01 0,0001 0,001-0,009 Aldrine/Dieldrine 0,00003 0,00003 0,00001-0,0007 Antimoine 0,02 0,005 0,003 0,006 0,006 Arsenic 0,01 0,01 0,007 0,01 0,01 Atrazine 0,002 0,0001 0,0001 0,003 0,005 Azinphos-méthyl - 0,0001 0,002-0,02 Barium 0,7-0,7 2 1 Bendiocarbe - 0,0001 - - 0,04 Benzène 0,01 0,001 0,001 0,005 0,005 Benzopyrène 0,00001 0,0007 0,0002 0,00001 0,00001 Boron 0,5 1 4-5 Bromate 0,01 0,01 0,02 0,01 0,01 Bromoxynil - 0,0001 0,03-0,005 Cadmium 0,003 0,005 0,002 0,005 0,005 Carbaryl - 0,0001 0,005-0,09 Carbofurane 0,007 0,0001 0,005 0,04 0,09 Chloramines-total - - 3 4 3 Chlorpyrifos 0,03 0,0001 0,01-0,09 Chlorure de vinyle 0,0003 0,0005 0,0003 0,002 0,002 Chromium 0,05 0,05 0,05 0,1 0,05 Cyanazine 0,0006 0,0001 - - 0,01 Cyanide 0,07 0,05 0,08 0,2 0,2 Diazinon - 0,0001 0,001-0,02 Dicamba - 0,0001 0,1-0,12 1,2-Dichlorobenzène 1 0,0001 1,5 0,6 0,2 1,4-Dichlorobenzène 0,3 0,0001 0,04 0,075 0,005 1,2-Dichloroéthane 0,03 0,003 0,003 0,005 0,005 1,1-Dichloroéthylène 0,03-0,03 0,007 16 0,014 Dichlorométhane 0,02-0,004 0,005 0,05 2,4-Dichlorophénol - 0,0001 0,2-0,9 Diclofop-méthyl - 0,0001 0,005-0,009 Diméthoate 0,006 0,0001 0,05-0,02 Dinoseb - 0,0001-0,007 0,01 Diquat - 0,0001 0,0005 0,02 0,07 Diuron - 0,0001 0,03-0,15 Éthylbenzène 0,3-0,3 0,7 -

L E A U Q U E N O U S B U V O N S 17 Produit chimique oms ue AustraliE é.-u. Canada Fluorure 1,5 1,5 1,5 4,0 1,5 Glyphosate - 0,0001 0,01 0,7 0,28 Malathion - 0,0001 - - 0,19 Mercure 0,001 0,001 0,001 0,002 0,001 Méthoxychlore 0,02 0,0001 0,0002 0,04 0,9 Métolachlore 0,01 0,0001 0,002-0,05 Métribuzine - 0,0001 0,001-0,08 Monochlorobenzène - - - - 0,08 Nitrate 11 11 11 10 10 Paraquat - 0,0001 0,001-0,01 Parathion - 0,0001 0,01-0,05 Pentachlorophénol 0,009 0,0001-0,001 0,06 Phorate - 0,0001 - - 0,002 Piclorame - 0,0001 0,3 0,5 0,19 Plomb 0,01 0,01 0,01 0,015 0,01 Sélénium 0,01-0,01 0,05 0,01 Simazine 0,002 0,0001 0,0005 0,004 0,01 Terbufos - 0,0001 0,0005-0,001 Tétrachloroéthylène 0,04 0,01 0,05 0,005 0,03 2,3,4,6-tétrachlorophénol - 0,0001 - - 0,1 Tétrachlorure de carbone 0,004 0,0001 0,003 0,005 0,005 2,4,6-trichlorophénol 0,2 0,0001 - - 0,005 Toluène 0,7-0,8 1,0 - Toxines cyanobactériennes - - 0,0013-0,0015 Trichloroéthylène 0,07 0,01-0,005 0,005 Trifluraline 0,02 0,0001 0,0001-0,045 Trihalométhanes - 0,1 0,25 0,08 0,1 Uranium 0,015-0,02 0,03 0,02 Xylènes-total 0,5-0,6 10 - nota : Un tiret (-) indique qu aucune norme ou recommandation n a été établie pour le paramètre en question. sources : Recommandations pour la qualité de l eau potable au Canada (2006). 44 Normes nationales sur l eau potable de l EPA des États-Unis. 45 Directive relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine du Conseil de l Union européenne 46 Le Canada n est pas seulement à la traine de l Europe pour ce qui est de l élaboration de CMA plus prudentes pour les contaminants chimiques. C est ainsi que pour le pesticide 2,4-D, la recommandation canadienne est 1 000 fois plus élevée que celle de l Australie. Autrement dit, les Canadiens peuvent être exposés à jusqu à 1 000 fois la concentration de 2,4-D dans leur eau potable sans que cela n inquiète les autorités. Pour le glyphosate, le pesticide le plus utilisé en Ontario, la recommandation australienne est 28 fois plus stricte que la recommandation canadienne correspondante. 42