LA POLICE DES BAIGNADES



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Transcription:

La police des baignades exercée par le maire résulte, d une part, de son pouvoir de police administrative et, d autre part, de la police spéciale des baignades et des activités nautiques. A ce titre, il doit adopter les mesures nécessaires à la sécurité des baigneurs et doit pourvoir d urgence à toutes les mesures d assistance et de secours. Il exerce ses prérogatives sur l ensemble des lieux de baignade de sa commune, qu ils soient gratuits ou payants, et que ces baignades se pratiquent dans les rivières, lacs, étangs et plans d eaux ou encore en bordure de mer. La responsabilité de la commune sera susceptible d être engagée si son maire n a pas pris les mesures suffisantes en matière de prévention et d organisation du sauvetage. Ce qui peut arriver... Un baigneur se noie au mois de juin sur une plage faisant l'objet d'une fréquentation régulière et importante mais ne bénéficiant d'aucune surveillance. Le maire, en fixant le début de la période de surveillance au 1er juillet, a commis une faute engageant la responsabilité de la commune (CAA Bordeaux, 2e ch., 19 mai 1993 n 91BX00503). Quelle est la réglementation? L'article L.2212-2 du Code général des collectivités territoriales (CGCT) confie au maire le soin d'assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique. Dans le cadre de ses pouvoirs de police, il doit notamment pourvoir d'urgence à toutes les mesures d'assistance et de secours. Ainsi, en cas d'accident sur les lieux de baignade aménagés, ou habituellement fréquentés par des baigneurs, le maire doit prévoir les moyens nécessaires pour prévenir les secours. L'article L.2212-3 du CGCT dispose que la police municipale des communes riveraines de la mer s'exerce sur le rivage de la mer jusqu'à la limite des eaux. Au-delà, le pouvoir de police est confié au Préfet maritime. L'article L.2213-23 du CGCT complète cet article L.2212-3 et institue une police spéciale des baignades et des activités nautiques dévolue au maire. L'article L.1332-2 du Code de la santé publique (CSP) définit les eaux de baignade comme toute partie des eaux de surface dans laquelle la commune s'attend à ce qu'un grand nombre de personnes se baignent et dans laquelle l'autorité compétente n'a pas interdit la baignade de façon permanente. Ne sont pas considérés comme eaux de baignade :

les bassins de natation et de cure ; les eaux captives qui sont soumises à un traitement ou sont utilisées à des fins thérapeutiques ; les eaux captives artificielles séparées des eaux de surface et des eaux souterraines. L'article D.1332-15 du CSP apporte les définitions suivantes : les eaux de baignade : il s'agit d'une zone où l'eau est de qualité homogène ; un grand nombre de baigneurs correspond à une fréquentation estimée élevée, compte tenu notamment des tendances passées ou des infrastructures et des services mis à disposition ou de toute autre mesure prise pour encourager la baignade. La commune est tenue d'engager, chaque année, la procédure de recensement des eaux de baignade situées sur son territoire, au plus tard le 1er juillet. L'article L.322-7 du Code du sport pose le principe d'une surveillance constante par du personnel qualifié, pendant les heures d'ouverture au public, de toute baignade et piscine d'accès payant ainsi que des baignades ouvertes gratuitement au public, aménagées et autorisées (article D.322-12 du Code du sport). L'étendue de la police des baignades Le maire exerce ses pouvoirs de police sur : les baignades en eaux douces, les baignades en mer dans la limite définie à l'article L.2213-23 du CGCT. Les baignades en eaux douces : les baignades aménagées, c'est-à-dire bénéficiant d'aménagements réalisés en vue de favoriser la pratique de la baignade (article D.1332-39 du CSP). Une réglementation stricte en matière d'hygiène, de sécurité et de surveillance doit être respectée (cf. fiche La sécurité dans les piscines municipales). les baignades non aménagées dans les cours d'eau, lacs, étangs et plans d'eau naturels et artificiels : ces lieux de baignades sont d'accès libre et ne font l'objet d'aucun aménagement particulier. Le maire est tenu d'y assurer la sécurité dès lors qu'ils sont sujets à une fréquentation régulière et importante de baigneurs. Les baignades en mer : le maire exerce ses pouvoirs de police jusqu'à une limite fixée à 300 mètres à compter de la limite des eaux. La police spéciale prévue à l'article L.2213-23 du CGCT couvre les baignades ainsi que les activités nautiques pratiquées à partir du rivage avec des engins de plages et des engins non immatriculés. Il doit ainsi concilier l'exercice de ces activités nautiques avec la sécurité des baigneurs et la tranquillité du voisinage. La gestion des baignades en cas de pollution

Conformément à l'article L.1332-4 du CSP, le maire, ou le responsable de l'eau de baignade, peut, sur avis motivé, décider de la fermeture préventive et temporaire du site de baignade en cas de danger susceptible d'affecter la santé des baigneurs, sous réserve d'informer le public des causes et de la durée de la fermeture. Quelles sont les principales obligations? Dans le cadre de ses pouvoirs de police spéciale issue de l'article L.2213-23 du CGCT, le maire a l'obligation de : Délimiter les zones surveillées : le maire doit délimiter une ou plusieurs zones surveillées dans les parties du littoral présentant une garantie suffisante pour la sécurité des baignades et des activités nautiques pratiquées avec des engins de plage et des engins non immatriculés. Déterminer des périodes de surveillance : le maire doit également déterminer les périodes de surveillance des zones ainsi délimitées. Mettre en place une publicité appropriée : il doit en outre informer le public des conditions dans lesquelles peuvent s'exercer les baignades et les activités nautiques. Cette publicité doit être affichée en mairie et sur les lieux où ces activités se pratiquent. L'absence de signalisation sur la plage est ainsi constitutive d'une carence du maire dans l'exercice de ses pouvoirs et de nature à engager la responsabilité de sa commune (CAA Nantes, 3e ch., 25 février 2009 n 08NT00234). En dehors des zones aménagées et des périodes définies, les baignades et activités nautiques sont pratiquées aux risques et périls des intéressés. Toutefois, le maire peut être tenu d'exercer ses pouvoirs de police générale sur ces zones non surveillées dès lors qu'elles présentent des dangers particuliers et font l'objet d'une forte fréquentation (CE, 10 mai 1989, n 69049 ; CAA Marseille, 5e, ch., 20 mars 2003, n 03MA02291). Les obligations qui s'imposent au maire dans le cadre de ses pouvoirs de police générale : Que ce soit pour les baignades en mer ou en eaux douces, le maire d'une commune riveraine de cours d'eau doit : assurer la sécurité des baigneurs, prendre des mesures appropriées d'assistance et de secours. La sécurité des baigneurs : le maire est tenu de mettre en place une signalisation des dangers ou une interdiction générale des baignades. A ce titre, il peut procéder aux opérations suivantes : procéder à la suppression des dangers lorsque cette opération est techniquement réalisable ; retirer les objets dangereux dans les zones réservées à la baignade mais aussi dans la partie proche du rivage où les baigneurs sont susceptibles de reprendre pied ; mettre en place une signalisation appropriée lorsqu'il n'est pas possible de supprimer un danger ; signaler les dangers autres que ceux contre lesquels les baigneurs doivent, par leur prudence, se prémunir ; s'assurer que les équipements tels que plongeoirs ou pontons sont conformes et bénéficient d'une signalisation suffisante sur leurs caractéristiques (profondeur de l'eau à leur emplacement par exemple).

La non suppression des dangers ou encore l'absence de signalisation adaptée sont de nature à engager la responsabilité de la commune. Exemples : Un enfant s'est noyé en perdant subitement pied dans un plan d'eau aménagé par la commune. Un simple panneau «baignade non surveillé» était insuffisant pour informer des dangers que présentait ce plan d'eau. En n'interdisant pas la baignade et en n'informant pas les baigneurs du danger, le maire a commis une faute engageant la responsabilité de la commune (CE, 9 mai 1980, n 07213, Lebon, tables, p. 876). Une enfant qui se baignait à une dizaine de mètres du rivage, dans une zone surveillée et réservée uniquement aux baigneurs de la plage, a eu le pied transpercé par une tige métallique sortant d'un bloc de béton. Le maire n'avait pas, avant l'accident, pris des mesures propres à détecter et supprimer des obstacles de cette nature à la sécurité des baigneurs à une distance si proche du rivage. La carence du maire est constitutive d'une faute engageant la responsabilité de sa commune (CAA Lyon, 4e ch. 8 juillet 1993, n 92LY01260). Un baigneur a été grièvement blessé en entrant dans la mer pour se baigner, renversé par une vague. La commune a commis une faute en ne signalant pas les dangers particuliers de la plage où s'est produit l'accident. En effet, à l'endroit de cette plage, dont la fréquentation est régulière et importante, la mer présentait de forts rouleaux sur le bord de l'eau. La responsabilité de la commune a ainsi été engagée (CE, 25 juin 2008, n 295849). L'interdiction pure et simple de la baignade : si le danger le justifie, le maire peut interdire la baignade. Cette restriction à la liberté de la baignade doit être justifiée par des circonstances propres ne permettant pas d'assurer la sécurité des baigneurs. Ainsi, la configuration étroite d'un lac et sa superficie d'une part, la pollution des eaux et son état d'envasement d'autre part, constituent une menace telle pour la santé des baigneurs éventuels qu'ils justifient l'interdiction générale de la baignade (CE, 28 novembre 1980, n 04551, Lebon, p. 449). Dès lors que la baignade est interdite, le maire doit veiller à mettre en place de la signalisation appropriée sur le site concerné. Les mesures d'assistance et de secours : Lorsque le lieu de baignade fait l'objet d'un aménagement et d'une surveillance, la commune doit : recruter des maîtres nageurs en nombre suffisant. Leur nombre, fixé par arrêté municipal, est fonction du nombre de bassins, de l'affluence, de l'existence ou non d'équipements particuliers ; organiser les secours en cas d'accident avec la mise en place d'un système d'alerte ; installer un poste de secours à un emplacement matérialisé et visible. Lorsque le lieu de baignade n'est pas surveillé, mais fréquenté de façon régulière ou importante pendant une partie de l'année, le maire doit :

prendre les mesures nécessaires destinées à assurer l'information, la sécurité et le sauvetage des baigneurs en cas d'accident (CAA Nantes, 2e ch., 23 mars 2004 n 00NT01827), prendre des dispositions pour permettre une intervention rapide des secours : installation d'un poste téléphonique ou de tout moyen d'alerte pour une intervention d'un centre de secours, mise à disposition de bouées (CE, 13 mai 1983, n 30538). Des contraintes existent donc pour les lieux où le public se baigne à ses risques et périls. Sur ces zones non aménagées et cependant fréquentées, la prévention des accidents par des moyens convenables doit être mise en place dans le cas où existe un danger excédant ceux contre lesquels les intéressés doivent personnellement, par leur prudence, se prémunir (CE, 5 mars 1971, n 76239, Lebon, p. 185). Quelles sont vos responsabilités? La responsabilité de votre commune peut être engagée si vous avez commis une faute en négligeant de prendre les mesures utiles (prévention, réglementation, surveillance, sauvetage, ) pour assurer la sécurité des baigneurs, l'assistance et le secours des victimes. Exemples de sinistres pour lesquels la responsabilité de la commune a été engagée : signalisation insuffisante d'une baignade aménagée non surveillée : le panneau informant de l'interdiction d'utiliser un plongeoir en raison du niveau des eaux n'était pas à proximité immédiate de l'équipement et était illisible (CAA Bordeaux, 2e ch., 30 octobre 2001, n 98BX00453) signalisation insuffisante d'une baignade aménagée surveillée : le danger potentiel lié la variation de la profondeur de l'eau (marée basse) ne faisait l'objet d'aucune signalisation sur la plage (CAA Nantes, 2e ch., 25 février 2009 n 08NT00234). signalisation insuffisante d'une zone réservée aux sports nautiques : le seul panneau d'interdiction de baignade était apposé à une entrée de la plage située à environ 80 mètres de l'entrée principale (CAA Bordeaux, 5e ch., 23 février 2007, n 03BX00837). Cependant, la responsabilité de votre commune n'est pas engagée lorsque l'accident d'un baigneur est survenu dans une rivière en dehors de la baignade aménagée en un endroit où les dangers n'excèdent pas ceux pouvant être rencontrés habituellement (CE, 26 février 1969, n 73811, Lebon, tables, p. 951 ; CE, 11 juin 1969, n 73435, Lebon, tables, p. 951 ; CAA Bordeaux, 2e ch., 11 mars 2003, n 01BX01007). Par ailleurs, la responsabilité de votre commune peut être exonérée, partiellement ou totalement, lorsque l'accident est dû en partie à la faute de la victime. Exemples : les baigneurs utilisant en tant que plongeoir un équipement non spécialement prévu à cet effet sont tenus de faire preuve de prudence et de s'assurer au préalable de la possibilité de plonger sans danger. L'absence de toute précaution du baigneur est constitutive d'une imprudence de nature à exonérer la responsabilité de la commune (CAA nancy, 3e ch., 10 JANVIER 2004, N 99NC02386 ; CAA Marseille, 6e ch., 26 mars 2007, n 03MA01848) ou de limiter cette responsabilité à la moitié des conséquences dommageables (CAA Bordeaux, 2e ch., 30 octobre 2001, n 98BX00453). un baigneur a été blessé par un scooter des mers alors qu'il pratiquait de la plongée en apnée dans une zone réservée aux activités nautiques. La victime, qui connaissait les lieux pour y pratiquer habituellement la planche à voile et la pêche, ainsi que l'interdiction de s'y baigner a commis une grave imprudence exonératoire de responsabilité (CAA Bordeaux 23 février 2007 n 03BX00837).

Votre responsabilité pénale peut être recherchée : en cas de manquement à une obligation de sécurité et prudence imposée par la loi ou les règlements : article 222-9 du Code pénal (atteintes involontaires à l'intégrité de la personne) et 221-6 du Code pénal (atteintes involontaires à la vie) ; pour mise en danger délibérée d'autrui : article 223-1 du Code pénal. Infos prévention Informations réservées aux sociétaires Groupama et visiteurs identifiés