Étude réalisée par L Institut Universitaire International Luxembourg avec le concours de l Université du Luxembourg

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Étude sur l employabilité des diplômés issus du Bachelor professionnel en Sciences Sociales et Educatives (BSSE) 2010 2011 Étude réalisée par L Institut Universitaire International Luxembourg avec le concours de l Université du Luxembourg Rapport final d étude - Septembre 2011 Projet soutenu par Le Fonds social européen investit dans votre avenir 1

Sommaire 1. Présentation du projet 4 2. Contexte historique 5 3. L offre de formation définie par l UL et les tendances actuelles 8 4. Le concept d Employabilité 12 5. La démarche «Employabilité UL» à l IUIL 14 6. Emploi dans le secteur 15 7. Analyse quantitative 17 8. Analyse qualitative 19 9. Plus qu une conclusion : des réflexions prospectives 26 10. Conclusion 30 11. Annexes 31 2

1. Présentation du projet L Université du Luxembourg (UL) et l Institut Universitaire International Luxembourg (IUIL) ont inscrit ce projet dans leurs plans de développement pluriannuel 2010-2013. Ce plan fait partie de leurs systèmes d indicateurs de performance en cours de conception et reflète à part entière la volonté politique «d accroître le pourcentage des diplômés de l enseignement supérieur et d impliquer davantage les milieux professionnels dans la définition des objectifs de formation, permettant ainsi d élargir et d étoffer l offre» de formation initiale et continue 1. De son côté, l IUIL a inscrit dans son contrat d établissement la mission de «contribuer à des recherches appliquées notamment en matière de formation à caractère universitaire pour développer la compétitivité des entreprises luxembourgeoises». A cet effet, l IUIL propose de mettre en place, en collaboration avec l Université du Luxembourg, des études quantitatives et qualitatives visant à répondre à cette demande et de formuler, à partir des résultats, les principales tendances susceptibles d alimenter des pistes de réflexion quant au renforcement de l employabilité des futurs diplômés. Ces enquêtes ont pour objectifs : de mesurer les bénéfices immédiats de ces formations au niveau du recrutement des «jeunes» diplômés et de sonder l impact de leur diplôme sur leur employabilité, cette fois telle que définie au sens large (par exemple le délai moyen pour trouver un emploi, le nombre de diplômés recrutés, etc.) ; de mesurer la valeur ajoutée de ces formations pour les diplômés et leurs entreprises respectives dans le travail quotidien et par rapport au potentiel de développement des diplômés de l UL à moyen et long termes ; de connaître l éventail de perspectives de carrière offertes par chacune de ces formations ; de sonder l indice de notoriété spécifique à chacune des formations au niveau national, Grande Région, européen voire mondial. Enfin, l IUIL propose de renforcer la dynamique de concertation relative à l employabilité de chacune de ces formations, par exemple dans le cadre de «comités de veille» existants, voire de créer ces espaces si la nécessité se faisait ressentir. 1 Source : Programme gouvernemental du 29/07/2009 annexé à la déclaration gouvernementale de M. le Premier Ministre, page 83. 2. Contexte historique 2.1 Les origines du Bachelor en Sciences Sociales et Éducatives (BSSE) Depuis la seconde guerre mondiale et ce jusque dans les années 1970, le travail d encadrement socio-pédagogique se voit essentiellement assuré par les religieux et religieuses des différentes congrégations. Ils sont assistés par des personnes laïques mais la plupart de ces personnes ne sont pas formées en sciences éducatives. Il s agit surtout de tâches éducatives dans des centres d accueil pour enfants et adolescents et de la prise en charge d enfants en bas âge et en âge de scolarité. Entre 1970 et 1980, le besoin en personnel éducatif diplômé augmente. Les nouveaux champs d action de l éducateur ne se limitent plus aux institutions pour personnes handicapées. La loi de 1973 portant sur la création de l Éducation Différenciée introduit l obligation scolaire des enfants présentant un handicap physique et/ou psychique. Cette loi constitue la base de la première profession socio-éducative au Luxembourg : «le moniteur de l éducation différenciée». La même loi définit également la nécessité de créer une formation supérieure de type Bac+2. A ses débuts, la formation vise avant tout à former des éducateurs aptes à travailler avec des personnes à besoins éducatifs spécifiques. Elle n offre à cette époque qu un éventail théorique restreint. Il faut attendre les années 1990 pour assister à une refonte complète des formations d éducateur et de moniteur d éducation différenciée (dans le cadre de la loi du 6 août 1990 portant sur l organisation des études éducatives et sociales). En effet, la durée de formation de l éducateur et du moniteur se voit prolongée de deux à trois ans de formation supérieure. Cela était devenu nécessaire vu la multitude des domaines dans lesquels l éducateur est actif. La loi de 1990 définit entre autre la nouvelle terminologie des titres professionnels des nouveaux diplômés : L éducateur devient l éducateur gradué (formation Bac+3, sanctionnée par un diplôme d études supérieures). Il s agissait d une formation «d éducateur spécialisé» prodiguée par l Institut d Etudes Educatives et Sociales (I.E.E.S.). Le moniteur d éducation différenciée devient l éducateur (formation Bac+1, sanctionnée par un diplôme de fin d études secondaires techniques) 2. Il est aussi appelé «l éducateur diplômé». L I.E.E.S., créé par la loi du 06 août 1990, a donc pour vocation de former des étudiants à ces deux diplômes précités 3. De nouvelles réglementations dans le secteur socio-éducatif ont influencé l emploi des éducateurs et éducateurs gradués formés par l I.E.E.S. La loi du 08 septembre 1998 impose une normalisation de l organisation des activités et un encadrement par un personnel diplômé. Puis, la loi du 19 juin 1998 sur l assurance dépendance subventionne les patients et non plus les centres d accueil directement. Enfin, la loi sur l éducation précoce offre une formation scolaire pour les enfants de 3 4 ans, assurés par des instituteurs préscolaires 4. Lors de la rentrée académique 2004/2005, l Université du Luxembourg instaure une formation universitaire Bac+3 intitulée «Bachelor en Sciences Sociales et Educatives (BSSE)» qui remplace l ancienne formation d Éducateur Gradué. Le BSSE offre des débouchés plus larges et donne également accès au concours pour le recrutement dans la carrière d éducateur gradué. Par conséquent, les détenteurs de ce grade pourront postuler pour des emplois qui requièrent une formation d éducateur gradué 5. Enfin, il faut également noter que les titulaires du BSSE sont admis au stage supervisé de 1500 heures menant au Diplôme d Etat d assistant social (finalité Bac+4) 6. 2 Source : le dépliant de l APEG : «L éducateur gradué et son champ de travail», 2004. (www.apeg.lu) et le portail santé au grand Duché de Luxembourg (http://www.sante.public.lu). 3 Source : Ministère de l Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, Analyse des besoins en formation du secteur socio-éducatif, rapport décembre 1998, Deloitte & Touche Consulting Group. 4 Source : le dépliant de l APEG : «L éducateur gradué et son champ de travail», 2004. (www.apeg.lu) et le portail santé au grand Duché de Luxembourg (http://www.sante.public.lu). 5 Note conjointe signée par les Ministres de l Enseignement Supérieur et de la Recherche, de l Education Nationale et de la Formation Professionnelle, et de la Santé. 6 Source : Les métiers de la pédagogie (édition 2009/2010), CEDIES (http://www.cedies.public.lu) consulté le 13.04.2011. 4 5

2.2 Contexte historique des acteurs-clés de la formation L IEES, précurseur dans les formations du secteur social L I.E.E.S., Institut d Etudes Educatives et Sociales, créé dans le cadre de la loi du 06 août 1990 portant sur l organisation des études éducatives et sociales, a conçu des programmes d enseignement pour les formations citées précédemment. Un travail de collaboration entre les chargés de cours recrutés et la direction de l I.E.E.S s est établi. Cependant des manquements sur le plan coopératif ont été rapportés, lors de l élaboration des formations ; peu de concertation avec les employeurs, avec le Ministère de l Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) et le Ministère de la Famille alors que parallèlement le nombre d étudiants augmentait, du fait notamment de la suppression du numerus clausus 7. Ainsi de nombreux points sont soulevés sur ces deux formations, notamment l éloignement trop important de la pratique, le manque de polyvalence et une inadaptation de la formation à la vie professionnelle. Depuis 2003, une nouvelle étape importante a été franchie. Les études d éducateur gradué ont été incorporées à l Université du Luxembourg et la section des études d éducateur a été progressivement intégrée à la nouvelle institution «lycée technique pour professions éducatives et sociales (LTPES)», créé par la loi du 10 août 2005 8. Le Processus de Bologne (1999) Le 19 juin 1999 les ministres de l éducation de 29 pays européens, dont le Luxembourg, ont signé la déclaration de Bologne dont l objectif est d harmoniser l architecture du système européen de l enseignement supérieur européen en vue de faire de l Union européenne un espace d enseignement supérieur compétitif. L objectif étant, entres autres, de finaliser la construction d un espace européen de l enseignement supérieur en 2010 ; d harmoniser les systèmes d enseignement supérieur et proposant les mêmes diplômes partout en Europe ; d augmenter la mobilité internationale des étudiants en facilitant le passage d une université à l autre, d un pays à l autre ; de favoriser la coopération entre institutions, pays et systèmes nationaux en matière d assurance de la qualité, etc. Les principes sont notamment fondés sur une architecture des études supérieures fondée sur trois grades : le Bachelor, le Master et le Doctorat et la mise en place d un système européen de crédits ECTS (European Credit Transfer System). Le Luxembourg a adhéré aux principes du Processus de Bologne en les inscrivant dans la loi du 12 août 2003 portant sur la création de l Université du Luxembourg. Les enseignements de l Université du Luxembourg sont organisés selon ces principes 9. Création de l Université du Luxembourg (2003) C est pour la rentrée universitaire 2003/2004 que la Chambre des députés adopte le projet de loi du 12 août 2003, portant création de l Université du Luxembourg, établissement public d enseignement supérieur et de recherche, qui jouit d une grande autonomie pédagogique, scientifique, administrative et financière. L Université du Luxembourg succède juridiquement à diverses institutions d enseignements supérieurs tels que le Centre universitaire de Luxembourg, l Institut supérieur de technologie, l Institut supérieur d études et de recherches pédagogiques et l Institut d Etudes Éducatives et Sociales (I.E.E.S). Les enseignements et la recherche sont organisés en facultés et en centres interdisciplinaires. Il existe trois facultés, réparties sur trois pôles (Limpertsberg, Walferdange et Kirchberg et prochainement Belval-Ouest). Dans le cadre du Processus de Bologne, l Université met en œuvre trois niveaux d études, conduisant chacun à un grade : le premier niveau est sanctionné par le grade du Bachelor, le deuxième par le master et le troisième par le doctorat. Pour le premier et le deuxième niveau, la formation peut être à caractère académique ou professionnel ; ainsi, le grade est alors celui de Bachelor, Master académique ou Master professionnel. En tant que Bachelor professionnel, le BSSE a pour but de former des personnes de terrain, employables tout de suite et capables de répondre aux besoins pratiques de l entreprise/ institution ou autre. Dans la perspective d un enseignement professionnel et dans la continuité des études, il sera désormais possible pour un diplômé du BSSE, de poursuivre ses études vers un Master professionnel intitulé «Master Management und Coaching im Bildungs-und Sozialwesen». Cette nouvelle formation sera mise en place à l Université du Luxembourg en septembre 2011. L Université a en outre, comme vocation de contribuer à la formation pédagogique initiale et continue des enseignants du système éducatif luxembourgeois. Elle assure également la liaison entre les activités d enseignement et de recherche en développant et valorisant une recherche à caractère fondamental, appliqué et technologique. Les activités de recherche sont mises en œuvre par le biais de projets ; l Université passe des accords avec des institutions, des organismes, des sociétés et des établissements et/ou centres de recherche nationaux ou internationaux, comme les Centres de Recherche Public (CRP) et le Max Planck Institute en Allemagne. 10 Voici un schéma récapitulatif des points développés précédemment : 1990 Loi du 6 août 1990 portant sur la réforme des formations d éducateurs 2003 2005 2011 Création de l IEES Nouvelles terminologies : les éducateurs deviennent des éducateurs Gradués (EG) et les moniteurs d éducations différenciées deviennent éducateurs «diplômés» (ED). Création de l Université du Luxembourg (UL) Le Luxembourg adhère aux principes de Bologne (1999) : Bachelor, Master et Doctorat sont inscrits dans la loi du 12 août 2003 portant création de l Université du Luxembourg Les études d EG font partie intégrante de l UL Les éducateurs font partie intégrante du LTPES (2005) Création du BSSE : Bachelor en Sciences Sociales et éducatives, qui remplace l EG. Création du Master Professionnel «Management und Coaching im Bildungs-und Sozialwesen» à l UL en septembre 2011. 7 Source : site internet du LTPES : www.ltpes.lu, consulté le 13.04.2011. 8 Source : idem point 6. 9 Source : le site internet du Ministère de la Culture, de l Enseignement Supérieur et de la Recherche. http://www.mcesr.public.lu/enssup/dossiers/bologne/index.html 10 Source : le site internet du Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg ; www.gouvernement.lu, consulté le 19.04.2011. 6 7

3. L offre de formation définie par l UL et les tendances actuelles Au vu du contexte historique et des évolutions dans l intitulé et le contenu des diplômes, une certaine confusion perdure entre le diplôme d Éducateur gradué et celui du BSSE. 3.1 Confusion entre le diplôme d Éducateur Gradué (EG) et le diplôme du Bachelor en Sciences Sociales et Éducatives (BSSE). Le BSSE élaboré par l UL remplace le diplôme d Éducateur Gradué et ce changement a perturbé les consciences, l IEES ayant clôturé sa formation d Educateur Gradué. Cependant, dans le langage courant et les pratiques quotidiennes, il est toujours question d Éducateur Gradué. L intégration de la formation dans les cursus de l université a impliqué son adaptation au processus de Bologne. En effet, le passage d un institut à part entière à une université a engendré des modifications des contenus de ladite formation. Ainsi la formation pratique qui était dispensée à l IEES, se voit dès lors enrichie par des aspects plus théoriques, voire académiques afin de répondre aux exigences de Bologne. Enfin, de nombreux emplois sont financés par des structures publiques dans lesquelles, la référence barémique est restée inchangée. Au niveau des intitulés on ne parlera pas de Bachelors SSE mais d éducateurs gradués. Le schéma ci-dessous illustre les origines de la confusion entre les deux diplômes. Ainsi, le BSSE est au carrefour de ces différentes logiques ce qui peut engendrer quelques confusions voire attentes différentes en termes de compétences acquises en cours de formation. Le titre remis a changé : on ne délivre plus de diplômes d éducateurs gradués mais bien des diplômes de Bachelors en Sciences Sociales et Educatives. Le contenu de la formation, de par son intégration au sein de l Université, a évolué. Mais le travail à réaliser c est-à-dire le métier, existe toujours et le niveau de rémunération reste fixé sur base du titre «Educateur Gradué» même si l assimilation barémique a été confirmée. Ainsi, lors des recrutements pour des postes d éducateurs gradués, les employeurs se réfèrent encore à la formation qui était dispensée à l IEES et non au BSSE, notamment en ce qui concerne les contenus de la formation, s éloignant de la pratique du terrain. De même, dans les interviews réalisées auprès des diplômés, certains ont évoqué leur doute quant à la réelle différence entre le diplôme d EG et celui du BSSE. Pour eux le travail de fond reste le même, souvent proche du travail d assistant social et pour pouvoir assurer ces postes de travail, les personnes concernées ont besoin de compétences pragmatiques. Enfin, s ajoute à ce qui précède l Educateur diplômé. L étude ANT & PINT 11 de 2001 mettait déjà en évidence, il y a une dizaine d années une certaine confusion entre les Educateurs Diplômés et les Educateurs Gradués expliquant qu au niveau des tâches confiées il existait des similitudes et que la distinction entre les deux parcours de formation n était pas assez marquée. Certes l écart entre l Educateur Diplômé et le BSSE s est accru mais dans les faits, il peut rester une forme d assimilation entre ces différents niveaux éducatifs dans l esprit de certains. 3.2 Analyse de l offre de formation du BSSE de l UL (septembre 2010) Présentation succincte Logique évolutive Évolution de la formation vers l UL, évolution «naturelle» des curricula L université insiste sur la dominance de l intervention sociale (pédagogie sociale/travail social) dotant les futurs diplômés d un bagage théorique et méthodologique de base qui ouvre sur un large éventail de possibilités de formation et de travail dans le domaine social. 12 La lecture des résultats d apprentissage repris ci-dessous conforte la volonté des décideurs de l Université du Luxembourg de positionner le BSSE au carrefour des possibilités de poursuite des études et d une formation directement préparatoire à une insertion professionnelle dans des métiers où l approche conceptuelle du travail social est fortement présente. Il est en effet question dans ces «learning outcomes» d analyse, de conception, de critique de respect de valeurs éthiques, etc. Logique de confusion Le diplôme du BSSE remplace le diplôme d Educateur Gradué Sources de confusion entre le diplôme d Educateur Gradué et le BSSE Logique barémique Grilles barémiques restent inchangées. Toujours des Éducateurs gradués et pas de BSSE. Résultats d apprentissage 13 Analyser des problèmes sociaux comme p. ex. la pauvreté et le chômage, la violence et la délinquance ou la discrimination de groupes. Expliquer les rapports entre individus, groupes et sociétés dans leur multidimensionnalité. Utiliser les méthodes de recherche sociale pour l étude de questions en rapport avec l intervention sociale. Discuter de manière critique la fonction sociétale de l intervention sociale (contradictions, tensions, enjeux). Concevoir et mettre en œuvre des programmes ou projets sociaux et éducatifs à différents niveaux. Appliquer des principes éthiques fondamentaux dans la conduite d interventions sociales et éducatives : dignité humaine, respect, participation, égalité des chances, etc. Dans le cadre de l offre de formation que propose l Université du Luxembourg, le Bachelor professionnel en Sciences Sociales et Educatives a pour vocation de former des généralistes 11 Etude sur les demandes en qualification du secteur socio-éducatif, Marc Ant et Manon Pint, Etudes et Formations, décembre 2001. 12 Site internet de l Université du Luxembourg : http://wwwfr.uni.lu/formations/flshase/bachelor_en_sciences_sociales_et_educatives_professionnel en date du 20/5/2011. 13 Source : idem point 12. 8 9

de l intervention sociale (pédagogie sociale/travail social). La formation offre des cours à la fois théoriques et pratiques, d où son appellation de Bachelor professionnel. Cette formation ouvre aussi les possibilités de poursuite des études. Ainsi les débouchés annoncés 14 sont les suivants. Le Bachelor en Sciences Sociales et Educatives offre trois types d orientations possibles : La poursuite d un Master dans le domaine des sciences sociales et éducatives (pédagogie sociale, travail social, management social etc.) à l Université du Luxembourg ou à l étranger ; La participation au Luxembourg à la 4 ème année de formation préparant au diplôme d État d assistant social ; Ce Bachelor permet aussi de travailler en tant que pédagogue social/travailleur social dans les secteurs public, associatif ou privé. Les perspectives d emploi du futur diplômé couvrent une vaste panoplie de champs de travail, de l éducation d enfants et adolescents à l accompagnement d adultes et de personnes âgées. Ses activités portent en particulier sur l inclusion sociale de personnes handicapées, la lutte contre la pauvreté, la précarité et l exclusion sociale, la prévention de la violence et maltraitance, la promotion de la santé, mais aussi le travail interculturel et l aide au développement. Ainsi, le cursus se doit de dépasser les frontières établies, dans un contexte où la résolution de problèmes touche à la fois les secteurs sociaux et les secteurs éducatifs ; pour cela, l interdisciplinarité fait partie intégrante de la formation. Voici un bref aperçu des modules de formation 15 : Continuité des études via le nouveau Master intitulé «Master Management und Coaching im Bildungs-und Sozialwesen». Dans la logique de poursuite d études, une nouvelle formation est mise en place à l Université du Luxembourg ; il s agit d un Master professionnel intitulé «Master Management und Coaching im Bildungs-und Sozialwesen». Ce master professionnel, qui accueillera ses premiers étudiants en automne 2011, s adresse à un public de spécialistes issus des secteurs éducatifs et sociaux. Son contenu tient compte des nouveaux enjeux de ces secteurs au Luxembourg. Les participants peuvent y approfondir leurs compétences professionnelles et personnelles afin de pouvoir ensuite assumer des missions diverses dans les domaines sociaux-éducatifs. Le cursus proposé permet à chacun de constituer son propre programme d études en fonction d enseignements choisis parmi ceux proposés. Les secteurs éducatifs et sociaux sont actuellement confrontés à des défis importants, d où le besoin impératif d un personnel qualifié. Le Master «Management und Coaching im Bildungsund Sozialwesen» formera des dirigeants et spécialistes des domaines sociaux-éducatifs par l acquisition de compétences clés, nécessaires pour répondre aux changements spécifiques que connaissent ces secteurs. Ce Master est une formation qui s adresse avant tout aux professionnels, puisqu elle offre la possibilité d être suivie en cours d emploi. Les candidats doivent être détenteurs d un diplôme universitaire de niveau Bachelor ou équivalent en sciences de l éducation, sciences sociales et éducatives ou autres (comme l est le BSSE). Il y est proposé un programme international, interdisciplinaire et orienté vers la pratique 16. Contextes et cadres Histoire de l intervention sociale Organisation et champs de travail Systèmes politiques, sociaux et juridiques Ethique et déontologie professionnelle Thèmes prioritaires Handicaps et non-discrimination Education de la petite enfance Pauvreté, précarité et exclusion sociale Violence, maltraitance et négligence Migration, interculturalité et diversité Disparités en santé et inégalités sociales Inégalités devant l école et échec scolaire Méthodes d intervention Entretien d aide et animation de groupes Pratiques de l intervention systémique Assessment social et case/care management Programmation d ations sociales et éducatives Travail en équipe et en réseau Profession et pratique Pratique professionnelle I et II (stages) Développement personnel et professionnel Science et recherche Introduction à la méthodologie du travail universitaire Epistémologie et recherche Techniques de l entretien et analyse de contenu Techniques de l observation Démarches de la recherche en intervention sociale Mémoire de bachelor Enfin, les stages se réalisent en deux temps ; tout d abord au 3 ème semestre de la formation, le premier stage offre à l étudiant un premier contact avec les professionnels du secteur, puis, au 6 ème semestre, l étudiant pourra acquérir une première expérience professionnelle durant 4 mois. 14 Source : idem point 13. 15 Source : Brochure du BSSE, téléchargeable en ligne sur le site internet : www.uni.lu, consulté le 19.04.2011. 16 Texte inspiré de la Brochure du Master en Management und Coaching im Bildungs-und Sozialwesen, téléchargeable en ligne sur le site internet : www.uni.lu, consulté le 10.05.2011. 10 11

4. Le concept d Employabilité 4.1 Historique Apparu durant la première partie du XX ème siècle, le concept d employabilité peut être compris de diverses façons. Afin d éviter toute incompréhension ou malentendu il est utile de clarifier les diverses facettes de ce concept et de préciser le sens dans lequel il est entendu et utilisé dans les travaux sur l employabilité des étudiants de l UL. Au cours du temps, le concept d employabilité a évolué. Avant la seconde guerre mondiale, il est utilisé de façon à la fois statique et dichotomique. Il permet d effectuer un clivage entre les personnes valides aptes à travailler et les personnes qui, pour des raisons médicales ne peuvent le faire. On est ou on n est pas employable. Avec le temps, cette approche strictement dichotomique va évoluer sous une forme d échelle graduée selon la distance existante avec le seuil minimum d employabilité. La seconde partie du XX ème siècle voit l introduction d une forme de valeur économique - prenant en compte le facteur travail comme force de production - dans le concept d employabilité. Le regard ne se concentre plus sur la personne mais aussi sur les tâches à réaliser et l amplitude des capacités des travailleurs à les réaliser avec une certaine efficacité. Les évolutions technologiques et des modes d organisation du travail donnant lieu à de nouvelles exigences, la notion d employabilité est naturellement liée aux questions d adéquation entre formations et emplois, de formation continue et de recyclage. Les crises économiques et de l emploi vont façonner le concept en lui ajoutant une dimension probabiliste. L employabilité devient une estimation des chances, une probabilité de trouver un emploi et d en extraire un revenu, de ne pas être au chômage et indemnisé à ce titre. De la même façon et compte tenu des contextes, l employabilité recouvre parallèlement la capacité à conserver son emploi et par extension à en retrouver un autre en cas de perte. L étape suivante dans l évolution du concept d employabilité se situe au moment où l on va se focaliser sur les capacités de l individu à valoriser ses compétences sur le marché du travail et à développer les réseaux pertinents permettant d accéder à l emploi. Le concept d employabilité va ainsi se «dynamiser». Il ne sera plus seulement question d un niveau de compétences permettant l accès ou le maintien à l emploi mais aussi des responsabilités de l individu quant à la façon dont il met ses aptitudes en valeur sur le marché du travail. En même temps que cette dynamisation, la mobilité professionnelle augmentant de plus en plus tant intra qu inter entreprises, l employabilité a intégré la notion de capacité à se mouvoir et progresser professionnellement. Eve Saint-Germes 17 résume cette évolution de la façon suivante : «Il y a une extension et une explicitation de l employabilité dichotomique initiale : d une aptitude «simple» à l emploi, on passe à une aptitude dynamique à l emploi, c est-à-dire une aptitude à être dans l emploi, à y rester, à s adapter et à rebondir le cas échéant. La partition entre les employables et les autres n est plus définitive et elle est reconsidérée de période en période, imposant une adaptation dynamique et proactive aux individus. Cela renvoie à une évolution de la conception de l emploi, non plus appréhendé simplement comme un état, mais bien plus comme un processus dynamique». 4.2 La mesure Enfin, étant donné le caractère dynamique des constituants du concept d employabilité, toute mesure ne prendra de sens qu en incluant une référence temporelle. La complexité de cette mesure démontre l importance dans ce genre d études de cumuler les approches quantitative et qualitative. Par ailleurs, la question de l utilisation de la mesure se pose. La dimension évaluative apparaît spontanément : évaluation des programmes d insertion et des politiques d emploi, niveau de responsabilisation des entreprises à l égard de l employabilité de leurs collaborateurs, pertinence de cursus d enseignement, etc. Mais derrière cette première dimension se trouve une seconde : les aspects décisionnels. Décisions des pouvoirs académiques de maintenir ou fermer des cursus de formation, décision des pouvoirs politiques qui vont s inspirer de ces mesures pour justifier ou orienter leurs politiques d emploi et d éducation. Mais aussi décisions des individus, qui responsabilisés quant à leur employabilité personnelle et informés de la «performance» de filières de formation vont intégrer ces éléments dans leur prise de décision en matière d orientation socioprofessionnelle et dans le choix de leur «alma mater». Le processus de Bologne positionne davantage les universités et l enseignement supérieur en tant que creusets du savoir, de la recherche et de l innovation, dans un rôle de levier de la croissance et du développement de la compétitivité. Dans ce contexte, appréhender l employabilité de ses «alumnis» et l adéquation des cursus universitaires aux besoins du marché de l emploi prend toute sa dimension. Il n appartient pas à ce travail de fournir les éléments permettant de prendre position quant à ce type d attentes à l égard des universités ni de prendre position par rapport à un adéquationisme à court terme entre formation universitaire et attentes des employeurs. Néanmoins, il faut signaler l existence de prise de position à l encontre de classements des universités fondés notamment sur une mesure de l employabilité de leurs diplômés. Nous avons rencontré des professeurs et chercheurs insistant sur le rôle préparatoire de l université aux apprentissages tout le long de la vie et sur la nécessité d avoir une vision à moyen terme de l employabilité des diplômés. La mission éducative de l Université est plus large que la seule «fabrication» de travailleurs correspondant aux attentes des employeurs à un moment donné. Les employeurs sont davantage dans des perspectives de court voire moyen termes quand ils expriment leurs attentes. L Université doit, tout en conservant une logique d adéquation emploi/ formation, se profiler aussi dans une logique de long terme et dans des perspectives d évolution de carrière. 4.3 Une définition En fin de compte, nous ferons nôtre la définition suivante de l employabilité du Department for Education and Employment (DfEE) 18 : «Employability is about being capable of getting and keeping fulfilling work. Employability is the capability to move self - sufficiently within the labor market to realize potential through sustainable employment. For the individual, employability depends on the knowledge, skills and attitudes they possess, the way they use those assets and present them to the employers and the context (e.g. personal circumstances and labour market environment) within which they seek work.» Et nous y adjoindrons la capacité pour les parties prenantes c est-à-dire les enseignants, les employeurs, les étudiants, les alumnis, etc. de la doter d une vision prospective. La mesure de l employabilité ne se trouve pas simplifiée par l intégration des différentes facettes du concept. Aussi, il y a lieu en effet de distinguer deux dimensions : l une factuelle, l autre probabiliste. La première se fondera sur les faits observables et aussi tangibles que possible : délai de (re)mise à l emploi, niveau de rémunération, de responsabilités, le rythme de mobilité et de progression professionnelle, etc. La seconde portera sur la probabilité d une personne à interagir et se mouvoir sur le marché du travail compte tenu de son éducation, de ses compétences techniques et sociales, de la conjoncture socioéconomique en ce incluses les particularités associées aux secteurs d activité ou d études concernés. 17 Source : Ève Saint-Germes, 2004. L Employabilité, une nouvelle dimension de la GRH? 18 Hillage, James & Pollard, Emma (1998). Employability. A Framework for Policy Analysis. London 12 13

5. La démarche «Employabilité UL» à l IUIL Ainsi qu exprimé précédemment, l Université du Luxembourg et l Institut Universitaire International Luxembourg (IUIL) coopèrent dans le contexte du développement institutionnel notamment afin respectivement «d accroître le pourcentage des diplômés de l enseignement supérieur et d impliquer davantage les milieux professionnels dans la définition des objectifs de formation, permettant ainsi d élargir et d étoffer l offre» de formation initiale et continue 19 et de «contribuer à des recherches appliquées notamment en matière de formation - à caractère universitaire - pour développer la compétitivité des entreprises luxembourgeoises 20». Cette coopération débouche sur la réalisation d études quantitatives et qualitatives visant à répondre à cette demande et de formuler, à partir des résultats, les principales tendances susceptibles d alimenter des pistes de réflexion quant au renforcement de l employabilité des futurs diplômés de l UL. Enfin, ce projet contribue au renforcement de la dynamique de concertation entre l UL, l IUIL et le monde du travail sur le thème de l employabilité de chacune de ces formations initiales ou continues. Le projet s articule autour des étapes suivantes : 1 Analyse préliminaire. Cette phase comprend une analyse des débouchés et voies d insertion professionnelle des diplômés, un examen de l offre de formations comparables, un regard sur le marché de l emploi concerné et de ses évolutions, le programme de formation proposé et ses évolution dans le temps et l origine des étudiants. 2 Réalisation d une étude quantitative. Il s agit d interroger au moyen d un questionnaire écrit les diplômés afin de recueillir des informations d ordre plus quantitatives concernant leur insertion professionnelle et leur évolution de carrière. 3 Réalisation d une étude qualitative. Les hypothèses/réflexions issues de l approche quantitative via l envoi de questionnaires, sont alimentées et complétées par des interviews d anciens étudiants, de maîtres de stage et/ou d employeurs. 4 Interprétation et exploitation des résultats. L ensemble des résultats fait l objet de workshops de restitution et d analyses prospectives. Les décisions finales, quant aux exploitations des résultats par des modifications opérationnelles et concrètes des formations étudiées, ne font pas partie de ces études et restent du strict ressort décisionnel de l Université du Luxembourg. Les personnes ayant réalisé les interviews ont cependant élaboré des recommandations et l IUIL en tiendra compte pour faire évoluer davantage son portfolio de formations continues pour les secteurs social et hospitalier. 6. Emploi dans le secteur 6.1 Évolution du secteur social au Luxembourg Les évolutions et l enrichissement du cadre législatif et des dispositifs sociaux et éducatifs depuis le dernier quart du 20 ème siècle, reflètent vraisemblablement l accroissement de la reconnaissance sociétale octroyée au secteur conjugué avec une augmentation des besoins issus des évolutions de la société : problèmes sociaux inhérents aux crises économiques, chocs pétroliers, crise sidérurgique, vieillissement des populations, nouvelles formes d organisation de la vie familiale, etc. Ces changements sociaux affectent le travail social et le mettent devant de nouveaux défis qui imposent de nouvelles orientations. Depuis sa professionnalisation au Luxembourg au début du 20 ème siècle, mais surtout au cours des quatre dernières décennies, le travail social est marqué par l expansion des champs d activité et des tâches professionnelles, de la multiplication des profils professionnels ainsi que par la croissance du secteur social en termes de nombres de personnes y employées 21. L étude Ant & Pint réalisée en 2001 mettait déjà en évidence le caractère dynamique du segment social du marché de l emploi. L analyse des chiffres des STATEC/IGSS démontre que ce dynamisme n a rien perdu de sa vigueur. Ainsi et de façon synthétique, on peut affirmer que la part de l emploi dans le secteur social dans l emploi total au Grand-Duché de Luxembourg évolue plus que positivement entre 2005 et 2009, passant de 3,9 % à 4,5 % (voir tableau 1 ci-dessous 22 ). 2005 2009 Progression 2005/2009 Secteur soins et social 12039 15739 23,51 % Emploi total 307800 352100 12,58 % Part secteurs soins et social dans l emploi total 3,91 % 4,47 % Tableau 1 : Part des emplois des secteurs des soins et social dans l emploi total et évolution de l emploi entre 2005 et 2009 (Source : STATEC/IGSS) De même, si la progression de l emploi intérieur a subi de plein fouet l impact de la crise économico-financière compte tenu aussi d une forte pression de la concurrence internationale et de la globalisation, les secteurs sociaux et des soins semblent moins touchés, comme le montre le tableau 2 ci-dessous 23 : 2005/2006 2006/2007 2007/2008 2008/2009 Progression emploi intérieur 3,51 % 4,23 % 4,50 % 0,94 % Progression emplois secteurs des soins et social 5,30 % 6,60 % 6,97 % 7,03 % Tableau 2 : Progression de l emploi année par année de l emploi intérieur et de l emploi dans les secteurs des soins et social (Source : STATEC/IGSS) 19 Source : Programme gouvernemental du 29/07/2009 annexé à la déclaration gouvernementale de M. le Premier Ministre, page 83 20 Document approuvé par le Gouvernement Grand-ducal le 20 mai 2011. 21 Source : ANT Marc, PINT Manon, Etude sur les demandes en qualification du secteur socio-éducatif, Etudes et Formation SA, Ministère de la culture, de l enseignement supérieur et de la recherche, Luxembourg, 2001, page 52. 22 Données citées par Etudes et Formation dans leur rapport intermédiaire du 28/3/2011. 23 Données citées par Etudes et Formation dans leur rapport intermédiaire du 28/3/2011. 14 15

L emploi dans le secteur social se répartit tel que repris dans le schéma ci-dessous 24. Isoler la part dévolue aux Bachelors en Sciences Sociales et Educatives n est pas aisé. Néanmoins, on peut formuler l hypothèse que la rubrique «autres activités d actions sociale sans logement» pourrait inclure les maisons relais et concerner les Bachelors en Sciences sociales et éducatives. 5000 4500 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 483 Activités paramédicales 631 Orphelinats et instituts pour enfants en difficulté Emplois selon le secteur d activité en 2010 1304 Instituts pour handicapés 4000 Maisons de retraite 134 Autres activités d action sociale avec hébergement 1982 Crèches et garderies d enfants 2648 Ateliers protégés 4890 Autres activités d action sociale sans hébergement 827 Organisations associatives n.c.a. 7. Analyse quantitative 7.1 La démarche Menée depuis plusieurs années par le service de l UL, une enquête quantitative est menée par questionnaire auprès des diplômés du BSSE 25. Ces questionnaires sont transmis par email aux étudiants. (cf. le questionnaire en annexe). Les questions portent sur plusieurs thématiques : la recherche d emploi : le temps écoulé pour obtenir du travail, le nombre de courriers, d interviews passées, les moyens d information pour identifier les endroits où postuler ; le premier emploi et ses caractéristiques : nature du contrat (temporaire ou indéterminé) ; la nature de la position i.e. titre, responsabilités d équipe ou non ; la durée du maintien dans ce premier emploi, les compétences considérées comme essentielles dans leurs champs d activités pour obtenir le job ; la mobilité professionnelle et les caractéristiques des emplois successifs plus, le cas échéant la poursuite d études ; la position actuelle considérant la nature du travail et la «clientèle» avec laquelle ils œuvrent, etc. Une question porte aussi sur la satisfaction des diplômés dans leur travail actuel. Les taux de réponse sont assez remarquables : près de 81 % de taux de réponse. Graphique 2 : Emploi selon les sous-classes des secteurs des soins et social en 2010 (Source : STATEC/IGSS) 6.2 Analyses des offres d emploi du secteur social Le nombre d offres d emplois relatives aux Educateurs, Educateurs diplômés, Educateurs gradués est important : environ 500 offres ont été répertoriées sur une demi-année (de juin 2010 à décembre 2010) dans le journal «Wort». Les recrutements se font principalement dans les crèches, les maisons-relais, les foyers de jour et les maisons de retraite. Ainsi à titre d exemple, le Règlement grand-ducal du 20 juillet 2005 concernant l agrément à accorder aux gestionnaires de maison relais pour enfants fixe les qualifications pour le personnel d encadrement. Une grille détermine aussi le nombre d agents à prévoir prenant en compte l âge et le nombre d enfants à encadrer. Ainsi, suivant une estimation rapide, selon le rapport annuel du Ministère de la Famille, le nombre de places subventionnées pour enfants scolarisés de 2 à 12 est passé de 7936 places en 2005 à 21.759 places en 2010. Cela correspond à une évolution de 80 postes à 218 sur 6 ans. Sur les postes analysés, il a été remarqué que le marché de l emploi est en forte demande mais les offres proposées restent assez précaires. Un tiers des contrats sont de type temporaire : CDD et la plupart du temps il s agit de contrats de remplacement (congé maternité, maladie, etc.). Plus de 60 % des postes proposés sont des temps partiels. Certaines maisons-relais offrent des emplois de 10 heures par semaine. De plus, les profils demandés sont assez généraux : comme avoir des connaissances en bureautique (MS Office), disposer du permis B, de capacités pédagogiques, mais aussi avoir des capacités de synthèse. La langue luxembourgeoise est souvent requise puis arrivent l allemand et le français. Les annonces sont majoritairement écrites en langue française, puis en luxembourgeois et en allemand. Le contenu des offres est différent selon les structures. S il s agit du service des Ressources Humaines centralisé d une organisation plus importante, elles sont identiques alors que dans les structures indépendantes elles seront différentes. 7.2 Recherche d emploi des BSSE Sur la période étudiée allant de 1999 à 2006, le délai moyen pour trouver un emploi est de 3,8 mois. Ce délai est plus court pour les femmes que pour les hommes. On constate que ce délai se réduit pour les années 2008 et 2009 (délai moyen de 0,96 mois) par rapport à l année 2007 (délai moyen 2,38 mois). Où cette différence trouve-t-elle son origine? Est-ce dans le nombre de diplômés (72 en 2007, 29 en 2008, 29 en 2009)? Est-ce dans la nature de la formation car 2007 était la dernière année où sont sortis des études des éducateurs gradués et que par la suite ce seront des Bachelors en Sciences éducatives et sociales? Ou bien encore dans des éléments conjoncturels du marché de l emploi tels que la multiplication des structures d accueil pour enfants? Enfin, le titre de «Bachelor», conforme à la réforme de Bologne, favorise la poursuite des études, une évolution particulière qui a été neutralisée dans le calcul. Pour trouver un emploi, les diplômés (Educateurs gradués et Bachelors) ont écrit en moyenne 18 courriers de motivation et ont participé à 3 interviews. Le pourcentage de BSSE employés après 6 mois est de 87,6 %. 24 Données citées par Etudes et Formation dans leur rapport intermédiaire du 28/3/2011. 25 Source : Evaluation des compétences et employabilité du BSSE au Luxembourg A Limbach, E Engelberg, G Mousel, 2010. 16 17

7.3 Répartition sectorielle des emplois La distribution des emplois par type de «clientèle» est reprise dans le graphique ci-dessous (Extrait de A Limbach-Reich, G Mousel, in Employability-survey of the very first alumni-bachelor in Social and Educational Sciences (BSSE) at Luxemburg University, 2010). 60,0 % 50,0 % 40,0 % 30,0 % 20,0 % 10,0 % 0,0 % 54,4 % 34,4 % Kleinkinder und Kinder 22,8 % 17,1 % Jugendliche 3,5 % 8,6 % Senioren 12,3 % 25,7 % Handicap 11,4 % Les Bachelors travaillent majoritairement dans les secteurs de l enfance (34,3 %) et du handicap (25,7 %). Viennent ensuite le secteur de la jeunesse 17,1 %, le secteur «transversal» 11,4 % et le secteur «senior» 8,6 %. Ce dernier secteur ainsi que le secteur «handicap» semblent progresser assez nettement au regard des distributions d emploi des éducateurs gradués. A l inverse, la proportion de diplômés du BSSE engagés dans le secteur de l enfance se réduit assez nettement par comparaison à la part d EG pour le même secteur. Selon l étude de l Université du Luxembourg, la moitié des Educateurs Gradués et des Bachelors en SSE déclarent avoir commencé leur emploi à des niveaux de postes en rapport avec leur niveau d étude. Cette estimation par les diplômés de l adéquation entre leur travail et leurs études atteint 83,2 % après le 2 ème et le 3 ème poste. Ces changements de postes n impliquent pas forcément un changement d employeur. Lors du workshop de restitution avec des représentants des employeurs, il a été nettement affirmé que les diplômés étaient en fait peu qualifiés pour occuper ces postes. Abordée dans les interviews qualitatives, cette mobilité semble ne durer qu un temps. Questionnés sur leur perception de leur employabilité en début (2 ème semestre) et en fin de formation (6 ème semestre), les étudiants et non les diplômés se déclarent optimistes quant à leurs chances d acquérir un emploi une fois diplômés. Les étudiants questionnés en fin de cursus scolaire s estiment davantage compétents et sont donc mieux préparés pour travailler. Il est utile de préciser que ces données recueillies et leur traitement statistique informent sur la liaison que font les étudiants entre les matières enseignées et leur perception de leur employabilité. Cela ne renseigne en définitive pas sur le fait de savoir à quel point ils sont effectivement prêts à exercer un travail socio-éducatif. A ce titre, il aurait été intéressant de pouvoir réaliser le même questionnement avec des diplômés au travail. L enquête qualitative, notamment auprès d employeurs complète cet aspect des choses par leur point de vue. 5,3 % übergreifend BAversusEG 1,8 % 2,9 % sonst EG BA 8. Analyse qualitative La société Études et Formation S.A. a contribué à mener une enquête qualitative auprès de diplômés et d employeurs du secteur, sur base de deux guides d entretiens élaborés conjointement par les chargés d études de la société, les responsables de projets à l IUIL, les chercheurs de l UL et la direction des études du BSSE. 8.1 Définition de l échantillonnage En septembre 2010, les différents secteurs d embauche du BSSE ont été répertoriés sur le site internet de l UL. Voici les secteurs annoncés : «Services de consultation et de placement ainsi que les structures d accueil pour enfants et adolescents ; Centres de rencontre interculturels, les centres de loisirs, les maisons de jeunes et les services d éducation permanente ; Services d orientation et d intervention en milieu scolaire ; Services de consultation, les structures de logement et les ateliers de travail pour personnes handicapées ; Services de ressources humaines et les services sociaux en entreprise ; Services et les structures d orientation, de placement, de formation et de réinsertion professionnelle de chômeurs ; Services d aide en matière de logement et de surendettement ; Services sociaux dans la santé publique, les hôpitaux et les centres de prévention de la toxicomanie ; Centres pénitentiaires et les services de probation ; Clubs seniors et les centres pour personnes âgées ; Organisations non gouvernementales d aide au développement et d action humanitaire» 26. Soit des secteurs très diversifiés dans la thématique sociale. Autant que possible il a été tenu compte de cette liste de débouchés professionnels pour constituer l échantillon de représentants des employeurs à interviewer. Voici la liste des institutions interviewées par domaine d activités : Secteur Public-cible Jeunesse, enfance Économie solidaire Personnes âgées Personnes handicapées Aides humanitaires/ Associations Sans-abris Immigration Institution interviewée Nouvelle Association, Maison des Jeunes SABA, Éducation différenciée, le Ministère de la Famille avec ses Maisons d Enfants de l Etat (MEE) qui sont aussi un centre d accueil avec hébergement jour et nuit, Nordstadjugend, Services socio-éducatifs (lycées). Proactif Help, Maisons de soins A.P.E.M.H. (Association des Parents d Enfants Mentalement Handicapés) + centre d accueil avec hébergement jour et nuit Caritas, Inter-Actions, Elisabeth, Foyer Abrisud, Fondation Alzheimer-Foyer. Cercle des ONG Au total, 29 interviews ont été réalisées ; 25 représentants d institutions/employeurs et 4 anciens diplômés. (NB : certains parmi les 25 personnes représentants des institutions/employeurs étaient peut-être des anciens diplômés). 26 Source : Rapport du projet Employabilité UL2010-2011, Études et Formation SA, consultation du site internet de l UL en septembre 2010. 18 19

8.2 Guides d entretiens (enquête qualitative réalisée par Études et Formation) Deux guides d entretien ont été élaborés : le premier à l intention des diplômés, le second à l attention des employeurs du secteur. Ces deux guides sont repris en annexe au présent rapport. Le guide destiné aux «étudiants», les diplômés, est structuré de la façon suivante : Le profil ; il s agit ici de se renseigner sur la personne interviewée ; son parcours universitaire, ses études supérieures, ses stages professionnels. L année d obtention du diplôme est aussi demandée. La situation actuelle de la personne est aussi un point de discussion ; situation de chômage, continuité des études, périodes de stages ou employé. Ses candidatures et ses emplois ; l objectif de cette rubrique est de connaitre l ensemble de son parcours professionnel depuis l obtention du BSSE. Il lui est demandé d indiquer le temps écoulé pour trouver un emploi, le nombre de candidatures envoyées, le nombre d entretiens réalisés ainsi que les méthodes utilisées pour sa recherche d emploi dans le secteur (internet, presse écrite, associations, contacts, candidatures spontanées, etc.). Sa première expérience professionnelle est un point de discussion : plusieurs questions lui sont posées quant à son employeur, son poste et le secteur dans lequel il travaille. Des questions complémentaires quant à son type de contrat et la convention collective dont l employeur relève, lui sont aussi posées. Ses expériences professionnelles suivantes, si elles existent, sont aussi évoquées : le nombre d emplois et les raisons du changement. Enfin, il lui est demandé de donner son avis quant aux qualités et compétences que recherche un employeur, à l aide des informations communiquées via le site internet de l UL, concernant la formation du BSSE. L interviewé est invité à communiquer ses attentes face au marché de l emploi et de relater les faits rencontrés. Évaluation du BSSE ; l interviewé est invité à donner ses impressions sur le BSSE ; ses attentes avant la formation et après la formation, la raison du choix de l UL (au lieu d une université étrangère) et la reconnaissance du diplôme sur le marché du travail. La question des compétences est également évoquée : l interviewé est invité à partager son avis quant aux informations communiquées par l UL dans sa brochure, sur ce point. Il lui est aussi demandé de s auto-évaluer face à d autres diplômés avec lesquels il a eu à faire. Le contenu du BSSE est abordé : les thématiques, les spécialisations et les propositions d amélioration possible. Le guide destiné aux «employeurs», reprend les thématiques suivantes : Le profil de l employeur et du personnel : il s agit ici d avoir une vue globale de l entreprise : son secteur d activité, le nombre d employés, l équipe socio-éducative et l ancienneté de ses collaborateurs. Le recrutement et les profils recherchés : l objectif est de savoir comment ils recrutent, quels profils et quelles compétences ils recherchent. La question de l évolution des postes «éducatifs» est abordée, ainsi que la politique de recrutement actuelle et à venir, par profils de compétences. Le développement de carrière est aussi un point de discussion ainsi que les conditions y afférentes. Enfin, et ce pour disposer de davantage d informations, il est demandé aux recruteurs le type de diplôme de leurs employés et leur nationalité, ceci pour dresser un panorama des profils recrutés. Évolution des métiers éducatifs et compétences : cette partie du guide donne la parole aux employeurs ; il est important de connaitre leur avis sur le marché du travail, relatif à l évolution des métiers du secteur socio-éducatif et avoir une idée de leur vision du futur du secteur. Évaluation du BSSE : l employeur est invité à donner ses impressions sur le BSSE ; sa connaissance ou non du diplôme, ses expériences avec des diplômés du BSSE (stagiaires ou employés) et leurs compétences face aux attentes de l entreprise, mais aussi il lui est demandé de donner son avis sur les contenus de la formation et sur les améliorations possibles du BSSE. Des questions sur la formation d insertion et/ou continue sont aussi posées aux interviewés, qu ils soient diplômés ou recruteurs. Ceci permettant de distinguer les éventuels manquements dans les contenus des cours universitaires et d y remédier, si possible. 8.3 Recrutement de profils recherchés à la croisée de logiques différentes Le recrutement des BSSE se trouve en interaction avec plusieurs logiques : historique, de financement, d activité mais aussi économique. Historiquement, d un point de vue pécuniaire, les Bachelors en SSE sont assimilés aux Educateurs gradués ce qui reste dans l esprit du passage de la formation de l IEES vers l Université. Les Bachelors sont recrutés «au barême» de l Educateur gradué. Il existe d ailleurs un règlement Grand-Ducal régissant cette assimilation. Ce point nous amène à signaler que très souvent, lors des recrutements il sera question d Educateurs gradués, d Educateurs diplômés ou d Educateurs «tout court». Il semble que l on puisse distinguer trois modes de financement : les postes statutaires ou réglementaires dont le nombre est fixé par les règlements et les lois installant les différentes structures. Le financement «à la chaise», c est-à-dire par nombre de personnes accueillies ou par le volume d activité tel qu expliqué précédemment dans le cas des maisons relais. Enfin, un financement «au projet» c est-à-dire l attribution des ressources humaines inhérentes au financement d un projet que ces ressources vont devoir gérer et/ou mettre en place. Les modes de financement influencent naturellement le volume et la nature des recrutements. Les remplacements donneront lieu à des CDD pouvant se transformer en CDI en cas de pérennisation du poste. Le secteur social voit, lui aussi, apparaître des logiques d optimisation économique dans son organisation. Cela impacte naturellement les stratégies de recrutement où pour des activités compatibles avec le niveau d Educateur diplômé, on privilégiera ce niveau de recrutement au coût moins élevé que celui du BSSE. Enfin, à côté des strictes logiques de financement et en considérant les évolutions des besoins sociaux et des réponses institutionnelles mises en places, la tendance actuelle serait vers une plus forte demande en postes dans le secteur social que dans les activités éducatives. L analyse faite supra des évolutions du marché de l emploi pour le secteur social trouve toute sa pertinence notamment en mettant en évidence l importance de la langue luxembourgeoise. Chiffrer la mobilité interne des Bachelors en SSE de façon précise est très difficile. Cette mobilité n est possible que dans les structures de dimension plus conséquente et ne semble pas être très importante. Néanmoins, les témoignages recueillis lors des entretiens laissent penser qu il existe, après une période d environ 5 ans, une tendance à plus de mobilité. 8.4 Un marché de l emploi difficile pour le recrutement Les employeurs semblent segmenter en deux parties le marché de l emploi du secteur social/ éducatif selon leur niveau de croissance. D un côté, le secteur des soins/santé semble avoir atteint son niveau de maturité en termes de volume d emplois ; de l autre le secteur de l accueil de l enfance, maison relais, etc. est toujours en forte croissance. Les données quantitatives relatives au marché du travail sont corroborées par les discussions avec des employeurs. Ils estiment que le marché de l emploi est difficile actuellement ; il serait 20 21