En partenariat avec le Ferland Frères inc. Cas produit par la Société des comptables en management accrédités du Canada (SCMC Canada) Cas adapté Examen de synthèse CMA juillet 1985, question 6 Reproduit avec la permission de CMA Canada Ferland Frères Inc. (FF) est un grossiste de petite taille dans l'industrie des aliments naturels. FF a comme tant d'autres souffert de la récente récession: ses marchés ont diminué et les frais de financement ont augmenté. En outre, la crise économique semble également avoir tiré de leur léthargie les géants de l'industrie qui sont entrés dans la danse. Même si FF a été une des premières entreprises à mettre en marché certains aliments naturels, les compétiteurs n ont pas tardé à se multiplier. FF est une entreprise solidement établie jouissant d'une excellente réputation auprès de sa clientèle, laquelle est constituée de détaillants indépendants et affiliés de moyenne ou petite taille. Au cours des années, les géants ont lentement grugé la part de marché de l entreprise. FF a fait des efforts désespérés pour attirer de nouveaux clients, mais elle n'est pas de taille à lutter contre le pouvoir d'achat des grandes sociétés. Les états financiers comparatifs de FF figurent à l'annexe I. M. Robert et Richard Ferland, seuls actionnaires, pensent que leur personnel constitué d'acheteurs et de représentants chevronnés, comptant en moyenne dix années de service dans la société, représente leur atout majeur et la clé de l'avenir. Ils ont donc indiqué au directeur gé néral de réduire au maximum tous les autres coûts d exploitation de manière à éviter toute diminution du personnel. Le nombre d'employés n'a pas diminué au cours des quatre dernières années, soit depuis le début de la récession. Pourtant, l entreprise savait très bien que les coûts de personnel de l'industrie représente 10 % des ventes, et aurait donc pu réduire ses effectifs tout en maintenant le niveau nécessaire de service à la clientèle. Le directeur général pense que même s'il y a un rapport direct entre le volume des ventes et les coûts relatifs au personnel, l'entreprise pourra, en refusant d'effectuer des coupures au niveau du personnel, réagir plus rapidement lorsque l'économie se rétablira.
La situation actuelle est critique Les frères Ferland, maintenant retirés des affaires, se sont toujours souciés du coté "humain" de leur entreprise et pensent que se montrer loyaux vis-à-vis de leur personnel, pendant cette période difficile, est un geste de gratitude pour leurs services passés. De plus, ils considèrent que c est en fait un investissement dans l'avenir et que ça continuera à soutenir le moral des troupes et à accroître la productivité à long terme. Cependant, le directeur général exploite à perte la société depuis plusieurs années. Chaque année, il se dit que le pire est passé et que la situation se rétablira. FF risque maintenant la faillite et son entrepôt est sur le point d'être saisi par la banque comme garantie pour un billet en souffrance. De plus, les actionnaires se trouvent dans une situation précaire, car ils ont garanti personnellement toutes les dettes. S'ils étaient forcés d'honorer leurs garanties, ils seraient tous deux complètement ruinés. Des solutions de rechange existent On leur accorde toutefois une semaine pour mettre sur pied un plan de refinancement répondant aux besoins de la banque, d'obtenir une garantie supérieure ou de recevoir le remboursement total du billet et de la marge de crédit. Ils ont déjà songé à la possibilité de s'adresser à d'autres institutions financières ou à des organismes gouvernementaux pour obtenir le soutien nécessaire, mais ils ont rejeté ces solutions. Quoi qu'il en soit, le directeur envisage trois options finales: 1. Un oncle des deux propriétaires a offert d'acheter la moitié des actions pour 1 $ et de fournir la garantie nécessaire sous forme de garantie personnelle (pour satisfaire les banques) à condition que les deux frères prennent les mesures nécessaires pour que l'entreprise atteigne au moins le seuil de rentabilité au cours des deux prochains exercices. 2. Une société d'investissement privée s'est portée volontaire pour prêter les 600 000 $ requis contre des garanties personnelles; ce prêt de deux ans portera intérêt à un taux annuel de 30 % payable annuellement. Dans deux ans, les frères pourront revenir à un mode de financement conventionnel si l'entreprise a retrouvé sa rentabilité. Sinon, ils devront de nouveau s'adresser à des créanciers privés. Le taux d'intérêt de cette option est de 15 % plus élevé que le taux exigé par les banques. 3. Brunel-Bernard Inc. (BB), le concurrent régional le plus important de FF, a soumis de manière officieuse une offre initiale de prise de contrôle. Elle se porterait acquéreur des actions détenues par les frères Ferland à condition que ces derniers soient engagés sous contrat avec BB et présentent des garanties financières assurant que les clients de FF ne se désisteront pas. Pour répondre aux exigences de la première option, les deux frères devront se départir de certains membres du personnel. Cette tâche ne sera pas aisée car la plupart des employés actuels sont devenus leurs amis au fil des ans. Par ailleurs, réduire trop le personnel pourrait bien ne pas permettre à FF d'atteindre le seuil de rentabilité puisqu'elle doit conserver assez de représentants 2
pour desservir sa clientèle actuelle. C'est là un inconvénient majeur aux yeux des deux frères étant donné que leur oncle, un homme d'affaires avisé, peut être tenté de fermer si l'entreprise n'atteint pas le seuil de rentabilité. Les deux frères conviennent donc de ne considérer qu'en dernier lieu toute solution les obligeant à congédier des membres de leur personnel. Quant à la deuxième solution, les deux frères pensent que même si elle leur permet de rester en affaires deux années de plus, ils se trouveront dans une situation encore plus désastreuse au bout de cette période parce qu'ils devront payer le double des intérêts normaux dans les années à venir. Ils se préoccupent également du niveau de participation que les nouveaux créanciers pourraient demander et des pressions qu'ils pourraient exercer sur la garantie du prêt. L'offre de BB n'est pas du tout attrayante pour eux. Les entreprises ont depuis toujours été de farouches ennemis. Le style de gestion de BB mettant l'accent sur "les ventes avant tout" et basé sur une pression de tous les instants et une attitude très dure vis-à-vis du personnel a considérablement terni l'image de l'industrie, s'il faut en croire les frères Ferland. Il ne fait aucun doute pour eux qu'après la prise de contrôle, un grand nombre de leurs représentants seront remplacés par des représentants de BB. Par ailleurs, les frères obtiendraient chacun 200 000 $ lors de la prise de contrôle, en plus de toucher un salaire régulier comme employés. L'avenir s'annonce prometteur pour les survivants Ironiquement, des indices importants sur le marché permettent de penser que le pire est en fait passé et que la reprise économique est imminente. En effet, une analyse de marché qui vient de paraître dans le dernier numéro de la revue d'affaires la plus réputée dans cette industrie confirme ces prévisions. L'annexe II résume les prévisions pour le marché. Il faut prendre une décision Le directeur général, un ami intime des actionnaires, a effectué plusieurs analyses afin d'identifier les volumes permettant d'atteindre le seuil de rentabilité et les exigences en matière de mouvements de trésorerie. Cependant, il déclare qu'il n'a pu arriver à aucune conclusion parce que «personne ne sait ce qui va arriver demain. Il ne sert à rien de jouer avec les chiffres, ce serait peut-être prendre ses désirs pour des réalités.» Il a déjà formulé ses recommandations sur ce qu'il juge être la solution la plus pertinente vu les circonstances. Cependant, les actionnaires pensent qu'il ne perçoit peut-être pas l'ampleur de leurs difficultés financières. S'ils n'ont pas besoin des revenus de l'entreprise pour vivre, comme on l'a déjà mentionné, ils peuvent se trouver personnellement en sérieuse difficulté financière étant donné les garanties personnelles qu'ils ont fournies et qu'ils devront fournir s'ils optent pour l'une ou l'autre solution de rechange. 3
Les frères ont remis à plus tard une décision en attendant que votre cabinet d'experts-conseils leur présente un rapport traitant des différentes solutions de rechange. Travail à faire: À titre de conseiller externe, présentez, en utilisant la méthode de l'étude de cas, des recommandations à l'intention des deux frères sur les mesures à prendre pour assurer la survie de l'entreprise et sa rentabilité à long terme. 4
Annexe 1 États financiers préliminaires de Ferland frères inc. ÉTATS DES RÉSULTATS COMPARATIFS (en milliers de dollars) 2003 2002 2001 2000 Ventes 1 700 $ 2 000 $ 2 400 $ 2 600 $ Coût des produits vendus 1 400 1 640 1 945 2 080 Marge sur ventes 300 360 455 520 Dépenses: Salaires 280 280 280 270 Primes - - - 55 Créances irrécouvrables 100 100 20 10 Autres coûts d'exploitation 155 140 165 155 Intérêts 90 60 40 30 Bénéfice net avant impôts (325 )$ (220 )$ (50 )$ 0 $ BILANS COMPARATIFS (en milliers de dollars) ACTIF Actif à court terme: Comptes clients 600 $ 405 $ 470 $ 500 $ Stock 300 700 750 800 Total de l'actif à court terme 900 1 105 1 220 1 300 Immobilisations (net) 200 200 250 300 Total de l'actif 1 100 $ 1 305 $ 1 470 $ 1 600 $ PASSIF ET AVOIR DES ACTIONNAIRES Passif à court terme: Emprunt bancaire 745 $ 675 $ 620 $ 500 $ Comptes fournisseurs 500 400 350 500 Total du passif à court terme 1 245 1 075 970 1 000 Dette à long terme 150 200 250 300 Total du passif 1 395 1 275 1 220 1 300 Avoir des actionnaires (295 ) 30 250 300 Total du passif et de l'avoir des actionnaires 1 100 $ 1 305 $ 1 470 $ 1 600 $ 5
Annexe 2 Résumé de l'analyse de marché trimestrielle pour l'ensemble de l'industrie des aliments naturels VOLUME DES VENTES: La tendance triennale d'une diminution de 10 à 20 % du chiffre d affaires semble être rompue. Au niveau national, les grossistes peuvent s'attendre à ce que l'année prochaine le volume des ventes demeure au niveau de 2003 ou augmente d'au plus 5 % dans les régions les plus durement touchées. L'année suivante, le chiffre d affaires devrait augmenter de 5 à 15 %, pour atteindre ensuite 12 % par année au cours des trois années subséquentes. Au delà de ces cinq années, on prévoit que les ventes augmenteront suivant la courbe de l'inflation. Ce phénomène s explique par la transformation graduelle des habitudes alimentaires de la population : les consommateurs ont de plus en plus à cœur leur santé et tentent de manger plus sainement. MARGES: On prévoit que les marges seront meilleures à partir du début de l'année qui vient. La moyenne nationale pour l'année devrait grimper d'environ 0,5 %. Certaines régions ne connaîtront aucune amélioration et les régions les plus durement touchées par la récession enregistreront une augmentation de 0,25 % à 1,5 %. L'augmentation annuelle devrait ensuite être de 1 % pendant cinq ans. On prévoit que dans cinq ans les marges dépasseront les niveaux atteints en 2000 dans toutes les régions. COÛTS: On prévoit que les coûts d'exploitation pour les grossistes d aliments naturels demeureront aux niveaux de 2003 pendant un an. Puis, ils connaîtront une inflation de 5 % au niveau des frais généraux. Les créances irrécouvrables qui n'existaient pas auparavant, mais qui représentent maintenant jusqu'à 3 % des ventes, devraient avoir atteint leur sommet cette année, la clientèle ayant commencé à se stabiliser. Cependant, c'est davantage une question de gestion que de marché. Ces créances peuvent diminuer ou se maintenir quand l'économie se rétablira. SENSIBILITÉ: Sans doute, le pire est-il passé. Toutefois, le rétablissement prévu pourrait être encore retardé d'un an. 6