A L I M E N T A T I O N
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- Christian Labelle
- il y a 8 ans
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1 Dossier : Raisonner l alimentation des chèvres laitières, les principes de base L M E O Favoriser au maximum l ingestion des fourrages grossiers 1- La part des fourrages doit représenter les 2/3 de la ration totale La chèvre est un ruminant Comme tout ruminant elle possède plusieurs estomacs, la caillette et trois «pré estomacs» ; le rumen ou panse, le bonnet et le feuillet. Le rumen est le lieu central du mécanisme de digestion du ruminant C est une «cuve de fermentation» peuplée de milliards de bactéries et de protozoaires travaillant en milieu voisin de la neutralité (ph entre 6 et 7). La fermentation produit : du méthane (CH4) et du dioxyde de carbone (C02) qui sont éructés ; de l ammoniac (H3) issu de la dégradation d une partie des protéines et qui est utilisé par les microbes pour se multiplier, ce qui donnera de nouvelles protéines pour la chèvre. des acides gras volatiles (GV) qui sont la principale source d énergie des ruminants. Le rumen s acidifie avec les fermentions, alors que le ph doit rester proche de 6,5 pour maintenir les populations microbiennes actives. La maîtrise de l acidité se fait par la production de salive et l absorption des GV à travers les parois du rumen. La salivation est favorisée par la rumination. La salive qui se retrouve mélangée avec les constituants de la ration dans le rumen permet de limiter l acidité par la production de bicarbonate. Les aliments nourrissent les microbes qui nourrissent...la chèvre D
2 Pour un bon fonctionnement du rumen, on cherchera donc à : ssurer une bonne salivation donc une bonne rumination des animaux en distribuant des fourrages non broyés plusieurs fois par jour. Proposer des fourrages accessibles à toutes les chèvres et à tout moment. pporter des fourrages riches en cellulose pour favoriser une dégradation lente des aliments : un minimum de 20% de cellulose dans la ration journalière est conseillé. Eviter des excès d aliment très rapidement dégradables : la quantités de concentré par chèvre sera limitée à 300 g 400 g par repas. La quantité journalière ne dépassera pas 800 g à 1,2 kg. Distribuer, si possible les fourrages (ou le foin repoussé) avant la distribution des concentrés. Faire des transitions alimentaires de telle manière que les microbes de la panse puissent s habituer. S assurer que la part des fourrages représentent toujours plus des 2/3 de la ration totale en matière sèche. Pour des rations exceptionnellement riches en concentrés et déshydratés, chaque chèvre doit ingérer 600g de fourrage grossier par jour (foin ou paille). 2- Une chèvre peut consommer 1,5 à 3,5 kg de matière sèche par jour La capacité d'ingestion est la quantité totale d'aliment (fourrages et concentrés) que la chèvre peut manger par jour. Elle se calcule en : kg de matière sèche (MS) / jour. en UEL : Unité d'encombrement Laitière. La capacité d ingestion de la chèvre varie selon : L'animal et ses caractéristiques : poids, format, stade physiologique, niveau de production... Les caractéristiques des aliments (fourrages et concentrés) : espèce fourragère, mode de conservation des fourrages, stade de végétation... Les conditions de distribution : bâtiment, refus, distribution, point d'eau... L'animal : Les caractéristiques principales de la chèvre ayant une incidence sur la capacité d'ingestion sont : Le poids de l animal : 10 kg en plus (ou en moins) entraîne une augmentation (ou une diminution) de 100 à 170g de MS ingérée par jour. Le niveau de production laitière : 1 litre de lait en plus entraîne 0,3 à 0,4 kg de MS ingérée en plus par jour. Le stade physiologique : la capacité d'ingestion est réduite en fin de gestation du fait de la place occupée par le fœtus. Une chèvre de 70 kg aura une capacité d'ingestion de 1,8 kg de MS en fin de gestation et de 3,2 kg à 6-7 semaines après mise-bas. Un exemple : Une chèvre de 70 kg produisant 3 kg de lait par jour peut ingérer 2,9 kg de MS par jour ce qui correspond à : - Près de 3 kg brut de fourrages g brut de concentré (céréales, protéagineux). 2
3 Les caractéristiques des fourrages et des concentrés : Le stade de végétation des fourrages : plus un fourrage est jeune, plus il sera facilement digestible, il restera moins longtemps dans la panse et sera consommé en plus grande quantité ; son encombrement sera faible. L'espèce fourragère : Certaines espèces sont plus appétentes que d'autres et donc plus facilement ingérées par la chèvre (légumineuses > mélange > graminées). Le mode de conservation :un fourrage vert (pâturage, affouragement en vert) est plus digeste qu'un fourrage séché. L'apport de concentré : l doit être complémentaire au fourrage et faciliter sa digestion. Un apport important de concentrés en proportion de l apport de fourrages réduira les quantités de fourrages ingérées : c'est l'effet de substitution, la ration manque de fibrosité, il y a alors un risque d'acidose. L effet de substitution est faible lorsque l on distribue moins de 500 g de concentrés, il est important lorsque l on en distribue plus de 1 kg. Essai Pradel 2012 : Passer de 800g à 1,3 kg de concentrés entraîne une baisse d ingestion de foin de 0,4 kg Les conditions de distribution : Le nombre de distribution : multiplier le nombre de distribution du fourrage permet d augmenter les quantités ingérées notamment pour des fourrages de qualité médiocre. Passer de 1 distribution de 2 kg d'un bon foin à 4 distributions de 0,5kg chacune améliore de 5 à 10 % la quantité ingérée. Dans le cas d'un foin de qualité médiocre, l'ingestion sera supérieure de 15 à 20 % avec une distribution fragmentée. Les refus à l'auge. ls sont variables selon la qualité du foin et les quantités distribuées par repas : plus les quantités sont importantes, plus la chèvre peut trier et consommer les parties les plus tendres donc acidogènes. Un taux de refus de foin de luzerne de 10 à 15 % semble être un bon compromis entre le tri des chèvres et la consommation des parties fibreuses.. 3
4 3- Connaître les besoins nutritifs d une chèvre On distingue : Les besoins d entretien pour assurer les fonctions de base. Les besoins de production pour la croissance, la production de lait, la constitution des réserves. Les besoins de gestation pour la croissance du foetus Les besoins d entretien sont réguliers. ces besoins se rajoutent selon le stade physiologique des besoins de production ou de gestation Comme tout animal, la chèvre a des besoins en énergie, en protéines, en minéraux, en vitamines et en eau. L énergie est nécessaire à l animal pour faire fonctionner l organisme, se déplacer, se développer et produire du lait. Les besoins en énergie sont exprimés en kilocalories. Par simplification, on utilise une valeur étalon : l UF UF = Unité Fourragère = valeur en énergie nette d un kg brut d orge = 1700 kcal Les besoins UF d entretien pour une chèvre de 60kg sont de 0,79 UFL/j. Les besoins de gestation d une chèvre de 60kg poids format (poids au pic de lactation) sont de 0,5 UF. Ces besoins s ajoutent aux besoins d entretien. La production d 1 kg de lait à 35g de B et 31 g de P nécessite 0,40 UFL. Les protéines servent à renouveler les cellules, produire du tissu musculaire et produire du lait. Les besoins en protéines s expriment en gramme de PD (protéines digestibles dans l intestin). l entretien, il faut prévoir 50g de PD pour une chèvre de 60kg.. Pour la gestation, il faut prévoir 35g de PD au 4ème mois et 75g de PD au 5ème mois. 45g de PD sont nécessaires à la production de 1kg de lait standard Les minéraux sont indispensables. Le phosphore (P) et le calcium (Ca) sont les principaux minéraux dont les besoins sont calculés dans une ration. L évaluation des autres minéraux (magnésium, sodium, soufre, chlore, potassium...) peut parfois être nécessaire en cas de risque de carence ou d excès. Les vitamines, nécessaires en très petites quantités sont aussi essentielles, notamment les vitamines et E que l alimentation doit apporter, tandis que la vitamine D est produite par la chèvre au contact du rayonnement solaire. L eau doit être propre et apportée à volonté. On estime qu une chèvre a besoin en moyenne de 3 à 3,5 litres d eau par kg de matière sèche ingérée. 4
5 4- Connaître les aliments utilisables et leur valeur Le classement des aliments se fait le plus souvent selon leur richesse en énergie et en protéines. La valeur en énergie Elle est exprimée en UFL par kg de matière sèche apportées par un aliment. Elle dépend surtout de la dégradabilité de cet aliment : plus il est dégradable par les micro-organismes de la panse ou par les sucs gastriques dans la caillette, plus il fournit d énergie au ruminant. Cette dégradabilité dépend de la proportion de parois, principalement la cellulose et la lignine. On distingue donc : Plus de parois cellulaires = moins de dégradation = moins d énergie Végétal plus âgé = plus de parois = moins d énergie Les fourrages qui contiennent de 18% à 40 % de cellulose brute : herbe < ensilage < foin précoce < foin tardif < pailles. l existe des fourrages déshydratés (luzerne...) mais ils ne permettent pas à eux seuls d assurer une bonne rumination. Plus les fourrages seront encombrants, moins l animal pourra en ingérer. Les concentrés qui contiennent moins de 15% de cellulose brute (et souvent moins de 5%) : céréales (orge, blé, maïs, sorgho...), graines protéagineuses (pois, féverole, lupin, soja...), tourteaux (de soja, de colza, de tournesol, de sésame...). Les parois ont un rôle déterminant dans l alimentation des ruminants : leur dégradation par les microorganismes dans le rumen est plus lente et étale la production d acides issus des fermentations, et d autre part les fibres de consistance et de longueur suffisante provoquent la rumination et donc la salivation. Les concentrés apportent donc beaucoup d énergie, dans peu de volume, rapidement dégradés. ls sont donc peu encombrants, d où leur nom de concentrés. Certains aliments concentrés sont composés de ces différentes matières premières, souvent sous forme de granulés. On les distingue surtout par leur % de protéines (de 14 à 40%) qui varie suivant la proportion des ingrédients du granulé. La valeur en protéines Elle est exprimée en grammes de protéines par kg de matière sèche. Elle dépend souvent de l âge d un végétal. Plus de parois = moins de protéines Une différence nette existe aussi suivant les espèces végétales : les légumineuses sont plus riches en protéines que les graminées, ainsi que certaines crucifères Parmi les concentrés on retrouve cette différence entre légumineuses protéagineuses (pois, féverole, lupin, soja...) plus riches en protéines et les graminées (blé, orge, seigle, triticale, avoine, maïs, sorgho...) peu riches. Les tourteaux (résidus après l extraction de l huile des graines) sont riches en protéines, à des niveaux différents : très riche pour le soja, le sésame, un peu moins pour le colza et surtout pour le tournesol. Choisir les aliments les plus adaptés aux besoins des animaux, consistera donc à trouver le bon compromis entre un aliment plus ou moins riche en cellulose, plus ou moins riche en énergie et en protéines. 5
6 Valeurs en cellulose, énergie et protéines des principaux aliments LME Cellulose (%) Energie : UFL/kg de MS Protéines (%) Maïs grain 2, Blé 2, Pois ourteau de soja 6,8 1,21 51 ourteau de colza 14 0,96 38 Pulpe de betterave 19, Ensilage de maïs Herbe jeune Luzerne déshydratée Herbe épiée Foin de prairie naturelle précoce Foin de prairie naturelle tardif Foin de luzerne de 2 ème coupe Paille d orge En conclusion, la capacité d'ingestion d une chèvre est variable et limitée, pour produire un niveau suffisant de lait et couvrir les besoins de la chèvre, on cherchera à optimiser la capacité d ingestion tout en favorisant la rumination. Pour aller plus loin : «L alimentation pratique des chèvres laitières», 216 pages avril 2011, nstitut de l Elevage ; pages 89 à 104 et pages 125 à 137. POUR E SVOR PLUS Contactez la Ferme Caprine du Pradel ou votre relais départemental POLE D' EXPERMEO E DE PROGRES CPR SEGE : CHMBRE D GRCULURE, 4 VEUE DE L EUROPE UE, BP 114, PRVS CEDEX EL : / FX : SE EXPERMEL : DOME DU PRDEL, MRBEL EL : / FX : L M E O D
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