LES BAROTRAUMATISMES. Cours N2/N3 mai 2003 Jean Marie Gorel Moniteur CMAS **

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1 LES BAROTRAUMATISMES.

2 LE PLACAGE DU MASQUE. MÉCANISME. Lors de la descente, le volume d'air contenu dans le masque diminue. La jupe se déforme et le masque se comporte comme une ventouse, attirant les yeux en dehors de leurs orbites (comme le loup de Tex Avery!). SYMPTÔMES. - douleurs oculaires, s'intensifiant avec la descente. Elles poussent le plongeur à remonter, ce qui diminue la gravité de cet accident. - taches rouges dans le blanc des yeux (sang). - hématome autour de l'orbite "œil au beurre noir". - troubles visuels dans les formes graves. TRAITEMENT. Si les troubles visuels ou les douleurs persistent après la remontée, il faut consulter un médecin ophtalmologiste. PRÉVENTION. Souffler de l'air dans le masque par le nez au cours de la descente pour compenser la diminution du volume d'air : c'est "l'équilibrage du masque".

3 LES ACCIDENTS DES SINUS. Les sinus sont des cavités osseuses situées dans les os de la face. Ils sont creux, remplis d'air et communiquent avec les fosses nasales par un orifice étroit. Ils sont recouverts par une muqueuse. MÉCANISME. L'orifice des sinus peut être obstrué partiellement ou totalement à l'occasion d'un rhume ou d'une sinusite. L'équilibre entre la pression de l'air dans les sinus et l'air extérieur se fera mal: la muqueuse du sinus va se déchirer en provoquant des douleurs et un saignement. SYMPTÔMES. - douleurs violentes au niveau de la face, du nez ou au-dessus des yeux (correspondant à la localisation des sinus). - saignement de nez ou présence de sang dans le masque constatée après la remontée. TRAITEMENT. Généralement bénin, cet accident ne nécessite pas de traitement particulier. Si le saignement nasal persiste, il faut pencher la tête en avant (et non pas en arrière) puis comprimer la narine qui saigne avec le pouce du même côté.

4 LES ACCIDENTS DES SINUS.

5 LES ACCIDENTS DES SINUS. (suite) Les sinus sont des cavités osseuses situées dans les os de la face. Ils sont creux, remplis d'air et communiquent avec les fosses nasales par un orifice étroit. Ils sont recouverts par une muqueuse. MÉCANISME. L'orifice des sinus peut être obstrué partiellement ou totalement à l'occasion d'un rhume ou d'une sinusite. L'équilibre entre la pression de l'air dans les sinus et l'air extérieur se fera mal. La muqueuse du sinus va se déchirer en provoquant des douleurs et un saignement. SYMPTÔMES. - douleurs violentes au niveau de la face, du nez ou au-dessus des yeux (correspondant à la localisation des sinus.) - saignement de nez ou présence de sang dans le masque constatée après la remontée.

6 LES ACCIDENTS DES SINUS. (suite) PRÉVENTION. Normalement, l'équilibrage des sinus se fait de façon spontanée, (cf : mécanisme) et il ne peut se provoquer, contrairement à celui du masque ou des oreilles par exemple. Cependant, quelques mesures simples peuvent aider à prévenir cet accident : - si une douleur apparaît à la descente, il faut remonter de quelques mètres et tenter de redescendre doucement. En cas de récidive, la plongée doit être interrompue. - quand la douleur apparaît à la remontée, il faut au contraire redescendre de quelques mètres et remonter plus lentement. - Il ne faut pas plonger lorsqu'on est enrhumé, cela gêne la circulation de l'air et donc l'équilibrage des sinus.

7 LES ACCIDENTS DES SINUS. (suite) TRAITEMENT. Généralement bénin, cet accident ne nécessite pas de traitement particulier. Si le saignement nasal persiste, il faut pencher la tête en avant (et non pas en arrière) puis comprimer la narine qui saigne avec le pouce du même côté. Si cette mesure est insuffisante pour stopper l'hémorragie ou que la douleur au niveau des sinus se répète au cours des plongées, il faut consulter un médecin O.R.L

8 BAROTRAUMATISME DE L OREILLE. C'est l'un des accidents les plus fréquents en plongée. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE L'oreille joue un rôle dans l'audition et l'équilibre. Elle est divisée en 3 parties. Pavillon P Légende Pavillon P O.E. : Oreille externe. O.M : Oreille moyenne. O.I. : Oreille interne O.E. O.M. O.I.

9 BAROTRAUMATISME DE L OREILLE. (suite) Ces trois parties sont : L oreille externe (OE) qui comprend : - Le pavillon (P) : C'est un "entonnoir" qui sert à diriger les sons vers le conduit auditif externe. Le conduit auditif externe (CAE) : Il dirige les sons vers le tympan. C'est à ce niveau que l'on rencontre les bouchons de cérumen ("cire d'oreille"), qui doivent être régulièrement retirés sous peine de gêner l'équilibrage de l'oreille au cours de la plongée. L oreille moyenne (OM) qui comprend : C'est une cavité osseuse située entre l'oreille externe et interne qui comprend : -le tympan(t) qui sépare l oreille du conduit auditif externe. C'est une membrane qui vibre sous l'effet des sons, comme celle d'un microphone. - La chaîne des osselets (CO): ce sont trois petits os articulés entre eux, qui ont pour rôle de transmettre les vibrations du tympan jusqu'à l'oreille interne. - la trompe d'eustache (TE) : c'est un conduit qui relie l'oreille moyenne à la partie arrière de la gorge. EN PLONGÉE, ELLE SERT À ÉQUILIBRER LES OREILLES. L oreille interne (OI) : Elle est en continuité avec l'oreille moyenne qui contient la cochlée (K) (prononcer "koklé") qui transforme les vibrations transmises par la chaîne des osselets en signaux électriques, acheminés ensuite au cerveau. Elle joue également un rôle capital dans l'équilibre.

10 L oreille. Pavillon

11 BAROTRAUMATISME DE L OREILLE. (suite) MÉCANISME À LA DESCENTE La pression de l'eau s'exerce sur le tympan et, de plus, le volume gazeux contenu dans l'oreille moyenne diminue. Le tympan se déforme vers l'intérieur, ce qui entraîne une douleur de plus en plus importante.

12 BAROTRAUMATISME DE L OREILLE. (suite) La manœuvre de Valsalva permet de faire pénétrer de l'air depuis les voies aériennes dans l'oreille moyenne par la trompe d'eustache. Ainsi, le tympan peut reprendre sa position initiale. Si cette manœuvre n'est pas réalisée ou bien si elle est impossible. la douleur augmente et le tympan peut se rompre. MÉCANISME À LA REMONTÉE. + L'air contenu dans l'oreille moyenne se dilate et s'évacue vers les voies aériennes par l'intermédiaire de la trompe d Eustache. Il ne faut jamais faire de manœuvre de Valsalva à la remontée car la quantité d'air contenue dans l'oreille moyenne augmenterait. Le tympan se déformerait vers l'extérieur et pourrait se rompre.

13 BAROTRAUMATISME DE L OREILLE. (suite) SYMPTÔMES. - douleur au niveau de l'oreille, qui augmente si la descente est poursuivie. - perte de connaissance suivie d'une noyade si la douleur est très intense. - rupture du tympan entraînant une douleur aiguë puis des vertiges dus à la pénétration de l'eau dans l'oreille moyenne. Ces vertiges peuvent provoquer l'impossibilité de reconnaître le haut du bas et empêcher le plongeur de remonter à la surface. - des sifflements d'oreille. -la surdité. TRAITEMENT. - consulter un médecin O.R.L - ne pas mettre de gouttes dans l'oreille sans avis O.R.L. car il faut avoir la certitude qu'il n'y ait pas de rupture du tympan (risque de provoquer des dégâts en cas de pénétration de liquide dans l'oreille moyenne).

14 BAROTRAUMATISME DE L OREILLE. (suite) PRÉVENTION. - Ne jamais forcer sur une oreille qui "ne passe pas", on le payera toujours à la sortie provoquant : douleurs importantes avec surdité éventuelle, interdiction de plonger pendant plusieurs semaines. - Effectuer les manœuvres d'équilibrage avant d'avoir mal, surtout dans les 10 premiers mètres, où les variations de pression sont les plus importantes. - Ne jamais faire de manœuvre de Valsalva, ni essayer de se moucher pendant la remontée. - Ne pas obstruer les conduits auditifs externes avec du coton, ou autre : l'équilibrage des oreilles pourrait être gêné. - Faire évacuer régulièrement les bouchons de cérumen (cire d'oreille) par un O.R.L. - Ne jamais plonger enrhumé : l'inflammation de la muqueuse du nez et de la gorge peut gêner le passage de l'air à travers la trompe d'eustache et donc empêcher l'équilibrage des oreilles. - Ne pas utiliser de gouttes nasales vasoconstrictrices avant la plongée. En effet, si elles permettent généralement de "faire passer les oreilles", en améliorant la perméabilité des trompes d'eustache, leur durée d'action est limitée dans le temps (variable, autour de 30 minutes). Si l'oreille "passe à la descente", elle risque de ne plus le faire à la remontée.

15 BAROTRAUMATISME DE L OREILLE. (suite) Oreille et Pression. (rappel)

16 LES DIFFÉRENTES MÉTHODES D'ÉQUILIBRAGE DES OREILLES. Nez Bouche Glotte Action Résultat Exécution Sécurité Valsalva Pincé Fermée Ouverte Souffler par le nez Surpression dans l'oreille moyenne d'origine pulmonaire Facile Moyenne Frenzel Pincé Libre Fermée Coup de piston lingual (langue plaquée au palais en prononçant : KE Surpression d'origine rhinopharyngée Assez difficile Bonne Toynbee Pincé Fermée Fermée Déglutir Dépression Facile Bonne (1) B.T.V. (2) Libre Libre Libre Posture d'ouverture (maxillaire inférieur) Equipression Difficile Parfaite (1)Manœuvre utile en cas de surpression de l'oreille moyenne lors de la remontée (oreille qui ne passe pas). (surtout pas de VALSALVA) (2) Béance Tubaire Volontaire.

17 LES ACCIDENTS DENTAIRES. Lors du traitement d'une carie, le dentiste enlève la zone atteinte et bouche le trou avec un amalgame. Si cet amalgame est poreux ou qu'une petite poche d'air persiste au milieu de celui-ci, le volume de celle-ci variera en fonction de la pression ambiante: - à la descente, le volume d'air diminue, ce qui produit une douleur par traction sur la pulpe de la dent. - à la remontée, la poche d'air se dilate, ce qui provoque une douleur, et plus rarement, l'éclatement de la dent. SYMPTÔMES. - douleur dentaire, plus ou moins importante. - en cas de douleur intense, éventuellement syncope et noyade (rarement), éclatement de la dent. PRÉVENTION. - lors de la pose d'un amalgame, prévenir le dentiste que l'on est plongeur - aller consulter son dentiste si on a mal aux dents lors de la plongée. En effet, une carie peut être découverte à cette occasion, car une dent atteinte est plus sensible aux variations de pression et au froid.

18 INTESTIN ET ESTOMAC. MÉCANISME. L'estomac et l'intestin contiennent toujours de l'air. Cette quantité peut être augmentée lorsque l'on avale de l'air, (par exemple lorsque l'on respire sur un détendeur) ou que l'on consomme des boissons gazeuses (estomac), ou des féculents (augmentation de la fermentation et donc de la production de gaz au niveau du gros intestin).a la remontée, ces gaz se dilatent et doivent donc s'évacuer par les voies naturelles... SYMPTÔMES. - douleurs au niveau de l'estomac, mais lorsque l'on remonte à la vitesse préconisée, l'air s'évacue facilement (rots +++). - douleurs intestinales de type colique. TRAITEMENT. Évacuer l'air par les voies naturelles!... PRÉVENTION. - ne pas consommer de boissons gazeuses avant la plongée (même si le "Coca" reste la boisson de base lors des stages de plongée, si si! ) - éviter la consommation de féculents avant une plongée. - En cas de douleurs, redescendre légèrement et remonter lentement.

19 LA SURPRESSION PULMONAIRE. C'est le plus grave des accidents barotraumatiques.! MÉCANISME. Pendant la remontée, le volume d'air intra-pulmonaire augmente et le plongeur doit absolument expirer son air pour éviter une distension des poumons. Si l'air est bloqué à la remontée, les poumons se distendent, puis se rompent. De plus, des bulles d'air pénètrent dans la circulation sanguine pulmonaire et vont atteindre le cerveau : c'est le phénomène d aéro-embolisme.

20 LA SURPRESSION PULMONAIRE. (suite) SYMPTÔMES. Ils surviennent dès la sortie de l'eau, contrairement à ceux de l'accident de décompression qui sont retardés (voir plus bas). On peut les diviser en deux catégories : signes liés à l'atteinte des poumons : - gêne respiratoire, - crachats sanglants, - sensation de crépitation neigeuse lorsque l'on palpe le thorax : c'est l'emphysème sous-cutané. - douleur au niveau du thorax. signe inconstant, signes liés à la pénétration d'air dans les régions cérébrales : (communs avec ceux que l'on peut retrouver dans l'accident de décompression) - paralysies diverses- perte d'un sens ; vue, audition... - perte de la parole, - mort.

21 LA SURPRESSION PULMONAIRE. (suite) TRAITEMENT. Si l'accidenté est conscient, il faut lui laisser prendre la position dans laquelle il se sent le mieux pour respirer, et ne pas le forcer à s'allonger. S'il est inconscient, le mettre en position latérale de sécurité. Dans tous les cas : - administrer de l'oxygène. - l'administration d'aspirine est discutée. - alerter les secours : téléphoner au 15 (SAMU) ou au 18 (POMPIERS) - couvrir et surveiller l'accidenté. - il sera évacué par les secours médicalisés, de préférence vers un centre équipé d'un caisson hyperbare.

22 LA SURPRESSION PULMONAIRE. (fin) PRÉVENTION. - toujours expirer l'air à la remontée, surtout entre 10 mètres et la surface, zone ou les variations de pression sont maximales. - ne jamais donner d'air à un apnéiste, car il est habitué à retenir sa respiration en permanence. Si on a l'impression qu'il est en difficulté, il vaut mieux le surveiller jusqu'à son retour en surface ou l'accompagner Une surpression pulmonaire mortelle peut se produire entre 5 et 0 mètres, profondeur de beaucoup de fosses de piscine!!!

23 Tableau récapitulatif général Quand Symptômes Conduite à tenir Prévention des Barotraumatismes. Oreilles (moyenne + interne) Descente +Remontée -Douleurs +/- fortes -Surdité - Vertige - Nausées -Syncope Stopper la descente ou la remontée : ne pas forcer et réessayer doucement Valsalva (à la descente uniquement) + ne pas plonger si on est enrhumé sinus Descente +Remontée -Douleurs au front et/ou à la base des dents (rage de dent) - Saignement de nez Stopper la descente ou la remontée : ne pas forcer et réessayer doucement ne pas plonger si on est enrhumé surpression pulmonaire estomac / intestins dents placage du masque Remontée Remontée Remontée Descente - Mal aigu à la poitrine - Crachat de sang - Difficulté à respirer - Prévenir les secours - Mettre sous oxygène - Faire boire de l eau (+aspirine) Souffler pour évacuer l air -Douleurs abdominales -Envie d évacuer sans pouvoir Stopper la remontée : ne pas forcer et réessayer doucement, progressivemen t Éviter des aliments / boissons provoquant des gaz avant de plonger Douleurs aux dents Stopper la remontée : ne pas forcer et réessayer doucement, progressivement Se faire contrôler les dents par un dentiste (insister sur les plombages) - Trouble de la vision - Hémorragies oculaires ou nasales Souffler par le nez Souffler par le nez

24 LES BAROTRAUMATISMES. FIN Merci de m avoir prêté attention. Bonnes plongées.!

25 Loi de Henry. NOTION DE TENSION. Pour différencier la pression exercée par le gaz libre à la pression du gaz dissous, nous appelons Tension la pression de gaz dissous.