La paix, le jour d'après par Claude Julien

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2 La paix, le jour d'après par Claude Julien

3 Couverture : Dani Karavan, sculptevir israélien. Ce dessin a été réalisé pour le logo et l'affiche de la Rencontre internationale de Grenade, en décembre 1993.

4 La Cour des Lions

5 UNESCO 1994

6 Sommaire 7 «La paix, le jour d'après», par Claude Julien Annexes Discours prononcés lors de la séance inaugurale de la Rencontre internationale «La paix, le jour d'après», Grenade (Espagne), 8-10 décembre 1993, par: 43 M. Federico Mayor, Directeur général de l'unesco 49 M. Yasser Arafat, Président du Comité exécutif de l'organisation pour la Libération de la Palestine 53 M. Shimon Pères, Ministre des Affaires étrangères d'israël 61 Liste des participants

7 Une vue générale de l'alhambra

8 La paix, le jour d'après par Claude Julien Grenade 8-10 décembre 1993 Organisation des Nations Unies pour l'education, la Science et la Culture

9 Dans le patio des Myrthes

10 A l'initiative de l'unesco, des intellectuels et artistes israéliens, palestiniens, arabes, mais aussi européens et américains, se sont réunis à Grenade (Espagne) du 8 au 10 décembre 1993 afin d'examiner les moyens qui permettraient de contribuer à l'instauration d'un climat de paix au Proche-Orient. M. Federico Mayor, Directeur général de l'unesco, avait lancé les invitations dès le mois de juillet. Entre-temps, les négociations engagées à Oslo par le gouvernement israélien et l'organisation de Libération de la Palestine (OLP) avaient abouti à l'accord officialisé à Washington le 13 septembre. Cette «Déclaration de principes» sur l'autogouvernement de la bande de Gaza et de Jéricho constitue le premier document de paix entre l'etat d'israël et le Mouvement national palestinien. L'accord est approuvé par le Conseil de la Ligue arabe, les pays du Maghreb, l'egypte, la Jordanie et l'arabie Saoudite, mais condamné par l'iran, la Libye, l'irak et la Syrie. Le 23 septembre, la Knesset le ratine par 61 voix contre 50 et 8 abstentions. Le texte prévoit que le retrait des troupes israéliennes de Gaza et de Jéricho commencera dans un délai de trois mois, soit à partir du 13 décembre. La rencontre internationale de Grenade, dont la date a été fixée depuis plusieurs mois, se déroule donc dans un climat de grande incertitude, quelques jours à peine avant cette échéance qui, finalement, ne pourra être tenue. La plupart des intellectuels et artistes présents à Grenade s'inquiétaient d'un tel retard, nécessairement propice à la multiplication de sérieux incidents dans les territoires occupés. Comme on le verra dans les pages suivantes, ils demandèrent avec insistance aux autorités israéliennes et palestiniennes de tout faire pour contrôler leurs «extrémistes» respectifs. Mais pouvaient-ils prévoir que les violences redoutées atteindraient le degré d'horreur de la tuerie d'hébron le 25 février 1994? Déjà fort difficiles, et beaucoup trop longues, les négociations seraient-elles interrompues? Pour l'unesco, dont l'action au service de la paix s'inscrit nécessairement dans la longue durée, la rencontre de

11 'S Grenade, dont l'organisation fut décidée bien avant l'accord du ^ 13 septembre, conserve tout son sens et revêt même une impors tance accrue, à la mesure de périls que nul n'avait sous-estimés. La ^ mise en marche de la première phase de l'application de l'accord.g du 13 septembre 1993, qui a débuté le 4 mai 1994, avec cinq mois *- de retard par rapport à la date initialement fixée au 13 décembre '-' 1993, conforte l'action à long terme de l'organisation, pour la promotion d'une «culture de paix». 10

12 1. Symboles et promesses Le 13 septembre 1993, la «poignée de main historique» échangée à Washington entre MM. Itzhak Rabin et Yasser Arafat portait en elle la promesse, tant attendue, d'un avenir de paix. Moins de trois mois plus tard, c'est vin passé d'une exceptionnelle richesse qui resurgit au moment où, dans le patio des Myrthes, à l'alhambra de Grenade, vivant symbole d'un rêve perdu, s'échange une autre poignée de main entre MM. Shimon Pères et Yasser Arafat, en présence de M. Federico Mayor, Directeur général de l'unesco, et de quelques dizaines d'intellectuels et d'artistes venus d'israël, de Palestine, de plusieurs pays du Proche-Orient arabe, de Russie, d'europe occidentale, d'amérique. Malgré l'extrême discrétion qui l'entoura, le dialogue Peres- Arafat à Grenade semble avoir été bien décevant, comme le seront plusieurs rencontres ultérieures entre MM. Rabin et Arafat. Et pourtant tout semble redevenir possible dans cette ville «dont les murs, les jardins et les fontaines, dit M. Federico Mayor, sont imprégnés du souvenir d'al-andaluz, lieu privilégié dans lequel pendant des siècles ont vécu et se sont respectées des communautés que tout semblait devoir opposer». Cette ville, reprend à son tour M. Yasser Arafat, «constitue pour nous le symbole de la coexistence entre les enfants d'abraham, les fils des trois religions révélées». Et M. Shimon Pères enchaîne : «Aujourd'hui, à Grenade, nous regardons ce passé avec nostalgie ; le temps est venu de nous lancer dans une nouvelle aventure, vers la paix et la prospérité, un voyage vers une ère nouvelle». La beauté d'un lieu aussi chargé de sens ne saurait faire oublier les énormes difficultés auxquelles se heurtent les négociateurs chargés de préciser concrètement les termes de l'accord. Le ministre israélien des affaires étrangères ne les sous-estime pas, et il affirme avec force sa détermination : «Nous avons décidé de faire la paix avec le peuple palestinien, avec l'olp, et je puis vous assurer que [...] rien ne nous empêchera de le faire». Rien... A ces mots, les applaudissements interrompent le discours de M. Shimon Pères. Mais les politiques ont bien pris la mesure des obs- il

13 "g tacles : obstacles pratiques, sur le terrain ; obstacles aussi dans ^ l'esprit public, au sein de chacune des deux communautés. Pen- dant si longtemps, tant de passions exacerbées... ^ Alors, pour mener à bien une tâche aussi ardue, les politiques jf se tournent vers les femmes et les hommes de culture. «Je», m'adresse à vous pour vous demander de nous aider, lance M. Yas- ^ ser Arafat, et nous, Palestiniens, nous engageons à vous soutenir dans votre action visant à établir la paix dans l'esprit des hommes». «Vous avez à recréer, dit pour sa part M. Shimon Pères, ce qui a été perdu par la pensée...» Un rejaillissement serait-il concevable? Pour le ministre israélien des affaires étrangères, le passé n'est jamais définitivement enfoui : «Saturée de l'histoire des chrétiens, des musulmans et de juifs, Grenade est une ville qui respire l'histoire du monde moderne». Précisément, et surtout dans ce monde «moderne», plus que jamais façonné par la diffusion des idées et des images, rien ne vaut, rien ne dure sans un profond assentiment des peuples, sans une adhésion de l'esprit public. Dans toute tentative de réconciliation, «les aspects culturels sont aussi fondamentaux que les aspects politiques», dit avec raison M. Federico Mayor, d'où cette conférence qu'il va personnellement animer de bout en bout. Il la présente comme une démarche «d'accompagnement intellectuel», un accompagnement sans lequel les accords conclus entre responsables politiques atteindraient difficilement les populations concernées. Pour «surmonter la tragédie du ressentiment et de la méfiance», et en parfaite conformité avec l'acte constitutif de l'unesco, il rappelle que «l'essentiel réside dans l'enracinement de l'idée de paix, dans le déploiement de la solidarité morale et intellectuelle des individus et des peuples». Le Directeur général cite Aimé Césaire : «L'homme se distingue par cette aptitude particulière : contrarier le destin et le transformer en histoire». «Au commencement était le Verbe, c'est-à-dire la pensée», a dit M. Yasser Arafat. Le Verbe, qu'invoque aussi M. Shimon Pères : «C'est aux poètes, aux écrivains, aux artistes, aux penseurs qu'il revient d'imaginer un nouvel horizon». Belles paroles, qui feraient sourire tout intellectuel, sceptique par vocation, si elles n'avaient été précédées de cet engagement quelque peu solennel : «Nous ne voulons pas diriger un autre peuple, nous ne voulons pas diriger le peuple palestinien». Alors - simple habileté rhétorique, ou claire conscience des sanglantes erreurs commises dans le monde entier par tant de 12 gouvernants? - le ministre israélien ajoute : «La vie est une chose

14 trop précieuse pour qu'on la confie aux hommes politiques, c'est un homme politique qui vous le dis». Voici donc la balle dans le camp des intellectuels et artistes réunis à Grenade. Mais ils s'interrogent : que représentent-ils? Sont-ils assurés d'une quelconque légitimité? Se sentent-ils capables de donner quelque substance à un fol espoir de paix? 13

15 2. Le poids des absents 3 Dès les premiers échanges de vues, un trouble, une ambiguïté vont peser sur les artistes et intellectuels réunis à Grenade : pourquoi eux? et pourquoi d'autres sont-ils absents? Un universitaire palestinien, M. Azmy Bishara (Université de Bir-Zeit), fait un indispensable rappel : «Des intellectuels israéliens et palestiniens se sont réunis [...] bien avant que l'etat d'israël ne reconnaisse l'olp, et ils continueront de se rencontrer, sans pour autant signer d'accord politique, même si les hommes politiques, eux, signent des accords. Nous avons commencé le dialogue bien avant les politiques, et nous le continuerons. Mais notre démarche n'a pas le même sens que la leur. Notre action ne s'inscrit pas dans le processus de paix qui a commencé par l'accord du 13 septembre, [d'autant que] personnellement je pourrais critiquer ce qui s'est passé le 13 septembre». Résidant à Ramallah, en Cisjordanie occupée, Mme Souad Amiri considère que la réconciliation politique voulue par les dirigeants est «plus facile» à réaliser que la réconciliation culturelle, qui concerne l'ensemble des populations. Elle ajoute qu'«un grand nombre de Palestiniens s'opposent à l'accord» du 13 septembre «parce qu'ils ont le sentiment que cet accord n'incorpore pas la réconciliation historique, qu'il leur donne moins qu'ils ne méritent, moins que leur droit historique ne le justifie». Elle tient elle aussi à rappeler que depuis longtemps des Israéliens et des Palestiniens - intellectuels progressistes, écrivains, artistes, éducateurs et enseignants - «ont travaillé ensemble dans le domaine de la culture et des arts, mais sur la base de positions politiques très claires». Elle évoque les ouvrages publiés en commun par des sociologues ou des historiens israéliens et palestiniens, les universitaires israéliens qui sont allés enseigner à l'université de Bir-Zeit, pendant que des professeurs palestiniens allaient enseigner dans les universités de Tel-Aviv. Elle veut «rendre hommage» à ces «pionniers» qui, du fait de leur expérience déjà ancienne, sont 14 sans aucun doute les mieux placés «pour maintenant entre-

16 prendre en commun des projets concrets» destinés à favoriser une culture de paix. Mais le dialogue, relativement «élitiste», engagé depuis déjà longtemps entre intellectuels serait-il transposable dans le domaine de la «culture populaire»? Peut-être faudra-t-il «attendre des siècles pour que les Israéliens et les Palestiniens aient ensemble une culture populaire. J'ai l'impression que cela ne pourra se produire qu'entre les Arabes et les Juifs originaires de pays arabes...» M. Lotfi El-Kholi (Le Caire) n'accepte pas la «distinction mécanique» que M. Azmy Bishara a introduite «entre les hommes politiques», qui signent des accords, et «les hommes de culture», qui se situent sur un tout autre terrain, «surtout lorsqu'il s'agit d'un conflit entre deux nationalismes nés à peu près au même moment de l'histoire, chacun de ces nationalismes cherchant à annihiler l'autre». Il n'ignore pas les contacts noués dans le passé mais, estime-t-il, «sans la décision politique du 13 septembre, il n'aurait pas été possible de tenir notre réunion d'aujourd'hui, avec cette diversité d'intellectuels et de penseurs». En tout cas, «même après Camp David, je n'aurais personnellement jamais imaginé qu'un jour je pourrais m'asseoir autour de la même table avec des intellectuels israéliens [...]. J'aurais pensé que cela constituait une trahison à l'égard de mon pays. Grâce à la voie nouvelle qui a été ouverte par les Israéliens et les Palestiniens, il est devenu possible, pour nous Arabes, de débattre avec des Israéliens». Pour sa part, un grand intellectuel israélien, M. Zvi Yavetz, professeur d'histoire ancienne à l'université de Tel-Aviv, n'a pas jugé opportun de se rendre à Grenade pour participer à un tel débat. Du côté arabe, si M. Lotfi El-Kholi a accepté l'invitation de l'unesco, tous les Palestiniens conviés à Grenade n'ont pas répondu à l'appel, précisément parce qu'ils rejettent l'accord du 13 septembre. «Nous ne pouvons pas parler uniquement pour les personnes ici présentes, remarque de son côté M. Mohamed Sid- Ahmed (Le Caire), nous pensons aussi à ceux [...] qui n'ont pas voulu venir». Parmi ces derniers, un grand intellectuel palestinien vivant aux Etats-Unis, M. Edward Saïd, auteur d'ouvrages universellement respectés, qui a vigoureusement critiqué le contenu de l'accord du 13 septembre, et le poète Mahmoud Darwish, dont l'immense talent semblera hanter les débats. Son nom, en tout cas, dès le premier instant s'impose à l'attention de tous. Dans son discours d'ouverture, M. Federico Mayor cite en effet ce poème : 15

17 3. Culture et politique Chacun savait que, à Grenade, la rencontre ne serait pas facile entre personnalités pourtant résolues à dialoguer, et cette difficulté est mise en lumière par l'évocation des absents, de ceux qui ont refusé non pas nécessairement le principe du dialogue, mais le moment choisi car, sous aucun prétexte, ils ne voudraient laisser croire qu'ils cautionnnent ainsi l'accord signé entre MM. Rabin et Arafat. Pour autant, nombre de présents tiennent à marquer leurs réserves à l'égard d'un texte qui, même s'ils voient en lui un germe d'espoir, laisse encore, à leurs yeux, trop de points en suspens. Même si l'accord du 13 septembre et la rencontre, à Grenade, entre MM. Shimon Pères et Yasser Arafat, marquent des étapes «importantes», «nous ne nous sommes pas réunis pour en être les complices», dit M. Mohamed Sid-Ahmed, «nous sommes ici pour un exercice intellectuel totalement indépendant, portant sur les problèmes critiques, les problèmes réels», et notre rencontre doit «déboucher sur un travail concret et pratique qui ne peut se réaliser dans aucune autre enceinte». Allant plus loin, M. Sari Nasir, professeur à l'université d'amman (Jordanie), rappelle les propos tenus le matin même par M. Shimon Pères. Comparant le revenu annuel moyen par tête au Proche-Orient (environ dollars) à celui que connaissent les Etats-Unis ou l'europe, le ministre israélien avait évoqué son projet de marché commun du Proche-Orient. Nous pouvons, avait-il dit, «construire une infrastructure reposant sur une économie de marché ; nous devons «économiciser» nos politiques, et non pas politiser nos économies». M. Sari Nasir regrette que le ministre israélien ait pu parler d'«améliorer le niveau de vie des peuples», aborder la «dimension matérielle» du problème, sans parler du «problème de base, celui de la terre». Nous devons d'abord «parler de la fin de l'occupation», après quoi nous pourrons «véritablement parler de la paix». Ainsi s'engage un débat de fond sur le véritable sens de l'inti- 18 tulé de la rencontre : «La paix, le jour d'après». Le jour d'après

18 quoi? Est-ce le jour d'après l'accord du 13 septembre, demande M. Azmy Bishara, ou bien, «et c'est ainsi que nous, intellectuels, l'entendons, le jour d'après la [signature du futur traité de] paix?» Pour sa part, M. Daoud Kuttab (Jerusalem-Est) ne voudrait pas brûler les étapes et il exprime une crainte : la paix n'est pas encore conclue, et déjà affluent les offres d'aide aux Palestiniens. Peut-être certains en surestiment-ils l'importance? Bien que nul n'ait cité les chiffres, il convient de rappeler que, en octobre 1993, une trentaine de gouvernements ont promis une aide d'environ 2,4 milliards de dollars pour les cinq années à venir, et en décembre une aide d'urgence de 570 millions de dollars a été prévue pour Mais, dit M. Daoud Kuttab, jusqu'à la signature du traité de paix les Palestiniens ne disposent d'aucune souveraineté, et nul ne sait en quoi consisterait leur future souveraineté. Or ils doivent pouvoir «se développer en toute indépendance, définir eux-mêmes leurs propres besoins, les domaines prioritaires [de leur propre développement]. Nous devons faire preuve de prudence, nous assurer que, avec l'aide internationale offerte aux Palestiniens, l'occupation israélienne ne se transforme pas en un nouveau type de colonisation». Et, utilisant un mot qui prête à de multiples interprétations (voir chapitre 5), il ajoute : «Nous avons besoin d'espace pour développer notre propre identité». Comment Israéliens et Palestiniens définissent-ils, en ce qui les concerne, leur «identité»? L'attention se focalise d'abord sur le sens de la formule «la paix, le jour d'après». De quel jour s'agit-il? «A ce jour», remarque M. Lotfi El-Kholi, «ce qui a changé, c'est "la volonté des dirigeants politiques des deux parties" qui désormais parlent de réconciliation. Mais, "sur le terrain, en Palestine et en Israël, rien n'a changé"». Président de l'union des écrivains palestiniens, M. Almutawakel Said Nazal se lance avec vigueur sur ce terrain : «Rien n'a changé, il n'y a pas de paix dans les territoires occupés, pas de paix du tout. La paix n'est pas allée au-delà de la poignée de main du 13 septembre. De telle sorte que, si notre dialogue avec nos collègues israéliens reste à ce niveau, il ne débouchera sur rien. Je suggère donc que nous discutions des mécanismes capables de convaincre Israël de se retirer de la Cisjordanie, de Jérusalem et de Gaza. C'est uniquement ainsi que nous, intellectuels, pourrons jouer notre rôle, en donnant un élan au processus de paix. Nous devons demander que soit appliquée à la IV e Convention de Genève sur les droits de l'homme, car ces droits 19

19 sont quotidiennement violés dans les territoires occupés». ^ Le poète Yehuda Amichai réagit sans tarder : «Je ne crois pas», dit-il, «que la dernière remarque ait apporté quoi que ce ^ soit, sinon une nouvelle haine qui vient s'ajouter à la haine déjà >f existante. En tant que poète, je suis peut-être plus terre-à-terre que, les hommes politiques [...]. Alors, occupons-nous d'abord des pro- ^ blêmes économiques [...] et ainsi nous éliminerons bon nombre de ces griefs qui ont engendré la haine». Il propose aussi de créer des «groupes de travail» rassemblant des intellectuels israéliens et palestiniens, qui pourraient ensemble lancer une revue. Comment mener à bien une action culturelle en feignant d'ignorer les violences ou le contexte politique et social? Pour un observateur extérieur, sans doute le débat sur ce point paraîtrait-il témoigner d'une certaine confusion, alors que, aux yeux de tous ceux qui participent à la rencontre, les diverses positions sont parfaitement claires. En désaccord avec la «Déclaration de principes» du 13 septembre, des personnalités palestiniennes fort connues ont sans ambages refusé de se rendre à Grenade. Mais ce geste ne signifie pas que tous les Arabes présents soient, tant s'en faut, disposés à cautionner sans réserve l'accord du 13 septembre, dont les modalités d'application restent d'ailleurs à définir. Certains voient en lui une chance d'aboutir à un véritable accord de paix, en tout cas une opportunité à ne pas négliger. D'autres ne cachent pas leur scepticisme et saisissent l'occasion pour faire entendre des revendications qui vont bien au-delà du texte du 13 septembre. De toute évidence, il est impossible de dresser une cloison étanche entre «culture» et «politique». M. Elias Sanbar, qui dirige à Paris l'excellente revue Etudes palestiniennes, souhaite donc avec raison que soit clarifié «l'objet même de cette réunion», afin de dissiper tout «malentendu». Nous ne sommes pas là, dit-il, pour nous substituer aux négociateurs, mais «les choses se compliquent dans la mesure où la majorité d'entre nous [Palestiniens] sommes aussi des négociateurs», hommes de culture impliqués dans les pourparlers politiques «depuis l'ouverture de la conférence de Madrid». Pour nous, précise-t-il, il n'exsite «pas de frontière entre les politiques et les intellectuels». La question posée n'est donc pas : «quel est le rôle des intellectuels?», mais : «la culture a-t-elle un rôle à jouer [...] dans la phase actuelle, à ce stade d'un processus de paix vulnérable, alors que la situation sur le terrain reste très compliquée?». Tout en reconnaisssant l'«importance» de l'entretien, le matin même, entre MM. Pères et Arafat, il estime que la rencontre des 20 intellectuels se situe sur un tout autre terrain et qu'elle possède

20 une «finalité» spécifique. Il ne pense pas que cette conférence puisse avoir pour objet d'«élaborer des projets culturels concrets» qui, comme le souhaite l'unesco, contribueraient à susciter un climat de paix, et il se demande plutôt si elle pourrait «éventuellement lancer un appel d'appui» aux négociations entre responsables politiques. En raison des divergences d'appréciation sur l'accord du 13 septembre et sur les négociations qui lui font suite, l'idée d'un tel appel ne sera finalement pas retenue. Non sans difficulté, mais finalement avec l'accord de tous, lui sera substituée une déclaration du Directeur général de l'unesco (voir chapitre 7). Grande reste la confusion sur le sens réel de la rencontre de Grenade. Mme Leila Shahid, déléguée générale de Palestine en France et observateur permanent auprès de l'unesco, souhaite mettre en lumière d'«importants éléments de divergence» qui se sont fait jour. La plupart de ces divergences tiennent au calendrier, au fait même que la réunion de Grenade prend place alors que se poursuivent d'incertaines négociations, et les dissonances expriment bien évidemment des sensibilités politiques nettement contrastées. «J'ai entendu mes frères palestiniens, notamment ceux qui viennent des territoires occupés, dire que cette conférence devrait s'intituler "La Paix, le jour d'avant", et non "La Paix, le jour d'après"», dit Mme Leila Shahid. Observant à cet égard leurs différences de réaction, elle pense que Palestiniens et Israéliens, lorsqu'ils aspirent à la paix, n'éprouvent peut-être pas «le même sens de l'urgence». Pour passer du «jour d'avant» ou «jour d'après», pour que chacun accepte pleinement l'identité culturelle de l'autre, sans doute importe-t-il, dit-elle, de «décoloniser les esprits». Comment atteindre cet objectif ambitieux et nécessaire alors que Palestiniens et Israéliens vivent deux expériences aussi dissemblables? «Nous, Palestiniens, ne pouvons pas, en toute bonne foi, nous préparer à la paix alors que nous subissons chaque jour l'occupation», dit M. Sari Nasir, de l'université de Jordanie. «Comment l'occupant peut-il comprendre ce que subit l'occupé?» II conteste avec vivacité les propos d'un intellectuel israélien qui refusait toute comparaison entre la situation en Palestine occupée et celle qui règne en Afrique du Sud. «Permettezmoi, lui dit-il, de partager un instant avec vous ce que j'ai dû subir». Et il raconte : «Je suis deux fois un réfugié». D'abord en 1948 il est expulsé de son village près de Jérusalem, et il va s'installer dans la partie arabe de la Ville Sainte, qu'il doit quitter en Professeur à Amman, il rend de fréquentes visites à sa 21

21 -g famille à Jérusalem. «Et je sais que ce jour-là je devrai subir telle- ^" ment d'humiliation parce que, dès que j'arrive au pont, je suis déjà nu [...]. On fouillait même dans mes cheveux, et on jetait mes ^ habits tout autour de moi, puis on m'envoyait dans la salle N 13 g~ où, pendant des heures, j'attendais...» Vexations, nouveaux H contrôles... «Notre terre a été confisquée, nos enfants sont muti- 3 lés, tués. Voilà...» Enfin, M. Sari Nasir déclare : «L'essentiel, c'est de mettre fin à l'occupation. Si nos amis Israéliens veulent nous aider, qu'ils nous aident à mettre fin à cette occupation. C'est là chose essentielle. La paix n'est pas un problème maintenant. Le problème, c'est l'occupation. Il faudrait nous aider à mettre un terme à l'occupation qui nous déshumanise. Nous sommes traités comme des sous-hommes. Nous luttons pour notre dignité, et je vous prie de nous aider dans notre lutte». Président de Y Institut palestinien du cinéma, M. Daoud Kuttab intervient dans le même sens. Il ne suffit pas, dit-il, de «mettre ensemble» Israéliens et Palestiniens, de les faire dialoguer, de les voir se serrer la main, etc., «et tout ira bien...». Non, il faut «d'abord mettre un terme à l'occupation militaire et politique, ou nous garantir la liberté de développer à notre guise notre société et notre économie [...] H ne suffit pas que les Palestiniens et les Israéliens se comprennent, il est indispensable que chacun vive dans les limites d'un Etat indépendant». «Nous sommes d'accord pour penser que l'occupation doit prendre fin», dit M. Dani Karavan, sculpteur, qui, à la demande de M. Federico Mayor, a dessiné le logo symbolisant la rencontre de Grenade. Un pas important a été franchi et, rappelant la législation israélienne, il se tourne vers la représentante de la Palestine à Paris : «Hier, je n'aurais pas pu vous parler, Leila Shahid, car on m'aurait emprisonné. Quand d'autres ont pris le risque de parler avec nous, ils ont été tués. Mais aujourd'hui nous pouvons nous parler...» Alors : déjà le jour d'après? ou encore le jour d'avant la paix? Si le débat ne portait sur un drame aussi long, aussi sanglant, sans doute serait-il loisible d'ironiser sur cette propension des intellectuels à s'égarer dans des querelles de mots, à embrouiller comme à plaisir les idées qu'ils voudraient rendre claires. Ce serait oublier que les femmes et les hommes qui se sont exprimés à Grenade n'avaient certes rien d'intellectuels perdus dans des songes, d'esprits désincarnés. Chacun d'eux portait dans sa personne et dans sa famille les cicatrices d'une impitoyable confrontation exa- 22 cerbée par d'incessants appels au rejet de l'autre. Avec l'accord

22 discrètement préparé à Oslo et solennellement rendu public à Washington, un pas décisif a été franchi, qui marque, selon la formule de M. Marc Kravetz, «la levée des obstacles les plus irrationnels, la défaite de la pensée fanatique, [...] la fin d'une double négation». Convoquée trois mois avant l'accord scellé le 13 septembre, la rencontre de Grenade s'est tenue trois mois après cette condamnation du rejet mutuel, de l'interdit que peu d'esprits libres avaient osé enfreindre ; elle s'est tenue avant que ne soient précisées les conditions concrètes du retrait des forces israéliennes et les compétences d'un autogouvernement à Gaza et à Jéricho, première étape sur une route semée d'embûches et jalonnée de violences ; elle n'avait d'autre but - peut-être trop modeste, peut-être très présomptueux - que d'élaborer sans plus tarder quelques fondements culturels d'une réconciliation durable qui, chacun à Grenade le souhaitait, serait consacrée un jour, plus tard, après... 23

23 4. Fragilités à Les négociateurs auraient-ils dû, auraient-ils pu, à Oslo, s'engager plus loin? Nécessairement diverses, les réponses à cette question commandaient, à Grenade, le contenu et le ton de chacune des interventions - mélange d'une satisfaction que certains pouvaient nuancer sans pour autant la dissimuler, et d'une inquiétude d'autant plus vive que les perspectives de la négociation en cours leur paraissaient plus aléatoires, voire périlleuses. Ainsi, parfois à leur issu, certains intervenants israéliens et arabes laissaient-ils percer la crainte que tel ou tel de leurs propos ne fût mal interprété et utilisé par l'«autre partie». La diplomatie, qui prépare la paix, n'est-elle pas toujours la poursuite de la guerre par d'autres moyens?... Un point en tout cas semble avoir fait l'unanimité : quelle que soit l'appréciation portée sur l'accord du 13 septembre, celui-ci reste extrêmement fragile. «Des Palestiniens et des Israéliens, représentatifs ou se pensant tels, ont pris l'immense risque de vaincre leurs oppositions respectives et de signer un accord, et nous savons que cet accord est menacé, déclare Jean Daniel. Notre devoir d'intellectuels n'est-il pas de nous demander comment juguler ces menaces, comment alerter nos opinions respectives pour que ces menaces soient dissuadées?...» Et il apporte cette précision : «Nous ne sommes pas là pour juger cet accord, mais pour l'amplifier, le protéger, le faire appliquer». Accord fragile, dit aussi M. Lotfi El-Kholi, car s'il a le mérite de «créer une occasion de paix», il faut aussi bien voir qu'il s'«accompagne d'une certaine anxiété». Cette anxiété tient au fait que, après un demi-siècle de dure confrontation, chacune des deux parties, sans parvenir à éliminer l'autre, «a atteint son point limite». De telle sorte que «cet accord israélo-palestinien est en fait, des deux côtés, une paix de héros fatigués». Pour aller plus loin, estime-t-il, il est indispensable que Israéliens et Arabes fassent leur «autocritique», que les uns et les autres reconnaissent avoir «commis des crimes», faute de quoi «nous ne pourrions parve- 24 nir à un terrain d'entente en vue de réaliser une paix réelle».

24 Tâche immense, car lorsque M. Shimon Pères brosse la fresque du Proche-Orient de demain, il esquisse «de vastes projets dont la mise en œuvre demanderait des dizaines d'années». Mais, en attendant, aujourd'hui, «dans les faits, les Israéliens continuent d'occuper des terres arabes et on reporte à plus tard l'entrée de Yasser Arafat à Gaza et à Jéricho». M. Omar Massalha explique que «ce colloque n'a pas pour objectif d'évaluer l'accord» du 13 septembre, cette tâche incombant d'abord aux hommes politiques. Mais il ne sera que partiellement suivi. Ainsi, M. Raja Shehadeh, avocat à Ramallah, pense que la «Déclaration de principes» du 13 septembre «a pour but de consolider pendant la période intérimaire les avantages obtenus [par Israël] au cours de la première période d'occupation» : contrôle de la terre, des ressources, de l'eau... «Et on nous demande d'oublier tout cela pour nous lancer dans une phase de réconciliation et de paix. Je suis favorable à la réconciliation, mais il m'est difficile de me lancer dans des fantaisies en oubliant les réalités». Divers intervenants insistent sur «les mouvements d'opposition très forts» qui, du côté arabe comme du côté israélien, s'efforcent de mobiliser l'opinion pour faire échouer les négociations de paix. Nul ne sous-estime cette menace. Mais M. Azmy Bishara, de l'université de Bir-Zeit, considère que l'accord du 13 septembre est «solide, plus solide que ne l'était l'accord de Camp David» entre Israël et l'egypte d'anouar El Sdate, et que «les adversaires de l'accord israélo-palestinien sont beaucoup plus faibles que ne l'étaient les adversaires de Camp David. Si une menace pèse sur l'accord, elle est contenue dans l'accord luimême [...]. Je ne crois pas que le conflit du Proche-Orient soit uniquement un problème de relations inter-ethniques» comme il en existe tant de par le monde, car «il comporte aussi un aspect néocolonialiste». Le professeur Ernest Gellner, de l'université de Cambridge, tente de faire admettre que «le conflit entre Israël et les pays arabes, pour tragique qu'il soit, n'est pas un cas unique», si fréquentes sont dans le monde actuel les situations où «il est difficile pour certains groupes culturels de coexister sur le même territoire». Le problème des rapports entre peuples juif et palestinien «s'inscrit aussi dans un débat mondial, et toute réflexion sérieuse sur ce problème particulier devrait d'abord examiner l'aspect universel de ces conflits ethniques ou nationalistes». Mais nombre d'intervenants, avec M. Mohamed Sid-Ahmed, insistent sur le caractère «spécifique» du conflit au Proche- 25

25 g Orient ; il y a, dit-il, «le problème juif et le problème arabe», par- ^ tie intégrante de «la lutte anti-colonialiste des Arabes», et puis «il s y a le problème stratégique du pétrole». On ne peut donc pas ^ dire, estime-t-il, qu'en l'occurrence le concept de paix soit clair.jf pour tout le monde : «La paix, c'est ce qu'israël obtient en «t contrepartie de la restitution des territoires occupés». Mais la ^ paix se réduit-elle à un tel échange? «Une paix telle que la définit Israël» peut-elle être vraiment «la paix de l'avenir»? Sans faire explicitement allusion au projet de «grand marché» du Proche- Orient, M. Sid-Ahmed ajoute que la paix ne se réduit pas à un accord tel que pourraient en conclure «vendeurs et acheteurs», elle «ne doit pas éliminer les revendications historiques» des Arabes, et ces revendications, qui mettent en question tous les «problèmes d'identité», ne peuvent être satisfaites «au niveau du marché». Comme d'autres intervenants, il insiste sur l'«asymétrie» de négociations entre, d'un côté, Israël, c'est-à-dire un véritable Etat et, de l'autre côté, une simple «entité qui, en fonction de son comportement à l'égard de cet Etat, deviendra ou ne deviendra pas un Etat». Jusqu'à présent, la Palestine était «un symbole anti-israélien» ; une «définition unilatérale de la paix» ferait de la Palestine «un instrument permettant à Israël d'effectuer une ouverture en direction du monde arabe». Manière de prendre leur distance à l'égard des perspectives économiques esquissées par M. Shimon Pères, d'autres participants s'interrogent sur les chances de survie des cultures soumises aux contraintes du «marché». «II semble», a dit M. Ernest Gellner (Cambridge), «que le processus de paix soit fragile». Aussi, enchaîne M. Eliezer Palmor, délégué permanent d'israël auprès de l'unesco, «je souhaite qu'au terme de cette réunion nous puissions, nous Israéliens, prendre l'engagement de lutter contre nos propres intégristes, qui s'opposent à la paix, et je souhaite que nos amis intellectuels palestiniens prennent également l'engagement de lutter contre les intégristes ou extrémistes qui se trouvent dans leurs rangs, et je crois que toute la communauté intellectuelle [mondiale] devrait s'engager à appuyer cet effort». M. Emile Habiby, qui vit à Haïfa, s'inquiète lui aussi des «forces dangereuses qui continueront d'œuvrer contre ce processus de paix». La «tâche essentielle» consiste à soutenir ceux qui ont déclenclé le mouvement vers la paix, ceux qui, «des deux côtés, se dressent contre la haine et, pour cette raison, sont considérés comme des traîtres». A 72 ans, entouré d'un grand respect, 26 l'écrivain s'exprime sur un ton à la fois chaleureux et bougon

26 pour évoquer «la majorité silencieuse qui a besoin que certains élèvent la voix en son nom» afin de ne pas laisser le champ libre à «ceux qui sont en mesure de crier plus fort que tous les autres». Il s'adresse aux Israéliens : «Vous ne pouvez pas reculer devant vos extrémistes. Vous et nous devons faire face à nos propres extrémistes, leur résister. Pourquoi ne proposerions-nous pas qu'une délégation internationale d'écrivains et d'artistes se rende à Jéricho pour y accueillir Yasser Arafat lorsqu'il entrera dans la ville, afin d'encourager les dirigeants palestiniens, car Yasser Arafat et ses collègues ont besoin de notre aide, beaucoup plus que Rabin et Pères n'ent ont besoin». Evoquant «la grande tragédie de », M. Emile Habiby exprime l'amertume des Palestiniens : «Nous avons été abandonnés, laissés seuls [...], et pendant tout ce temps-là le peuple palestinien a été menacé sur son propre territoire, s'est senti aliéné sur son propre territoire». «J'ai toujours pensé que mes enfants et mes petits-enfants ne pourraient vivre en toute sécurité sur leur propre terre que le jour où Israël aurait pleinement reconnu les Palestiniens. Mais Israël ne nous a pas reconnus, et pas davantage l'occident et certains régimes arabes». Et puis, «résultat d'une longue lutte», quelque chose vient de changer et «nous envisageons avec confiance l'entrée dans une ère nouvelle» qui comportera cet élément essentiel : «Pour la première fois, Israël peut assurer son existence dans le monde arabe». «Dans les territoires occupés», poursuit M. Emile Habiby, «règne une telle misère qu'on ne peut aller plus bas, et je crois que la majorité des Palestiniens considère que tout changement ne pourra se traduire que par une amélioration de nos conditions de vie. Certes, on peut être sceptique à l'égard de l'accord du 13 septembre, mais ce n'est pas le problème actuellement. La question qui se pose aujourd'hui est la suivante : sommes-nous prêts à défendre cet accord, si fragile soit-il? L'occupation de ces territoires par Israël doit prendre fin. Nous pensons que cet accord constitue la voie à suivre pour mettre un terme à l'occupation des territoires, à cette domination israélienne dans le secteur arabe de Palestine [...]. Il faut libérer les prisonniers palestiniens, il faut arrêter de tuer des Palestiniens [...]. Nous voulons interrompre la violence des extrémistes palestiniens et israéliens ; ce n'est certes pas facile mais c'est uniquement ainsi que nous pourrons convaincre l'opinion publique d'avoir confiance dans l'accord du 13 septembre. Je pense que les dirigeants de nos deux peuples ont véritablement besoin de notre soutien actif. Situation unique dans l'histoire : en tant qu'humaniste, en tant qu'écrivain, pour la pre- 27

27 28 mière fois dans ma vie je dois appuyer nos dirigeants politiques». Professeur à New York University, M. Talat S. Halman n'approuve pas sans réserve l'accord israélo-palestinien : «Ce n'est pas une paix parfaite, mais c'est mieux que toutes les autres solutions envisageables», et lui aussi voit bien les risques : «Quoi que nous fassions, le terrorisme se poursuivra, il y aura des assassinats, des meurtres, mais nous devons conserver notre foi dans l'esprit de paix [...]. Nous avons toujours tendance à nous définir en fonction de l'autre, nous devrions maintenant essayer de comprendre l'autre». De multiples interrogations sur l'«identité» de chacun des deux peuples occupent ainsi une part importante des débats. Qui suis-je? Qui est l'autre? Quelles relations les deux groupes peuvent-ils établir entre eux?

28 5. Identités et dialogue La fièvre identitaire nourrit d'innombrables conflits sur le pourtour de la Méditerranée et en bien d'autres secteurs du monde. Sur ce thème, M. André Azoulay, conseiller du roi du Maroc, apporte un témoignage personnel qu'il élève au niveau d'une réflexion générale. «Je suis un juif qui n'a jamais caché que je ne pouvais pas être un juif à part entière tant que les Palestiniens seraient privés des attributs les plus élémentaires de leur personnalité, de leur identité, depuis l'etat palestinien jusqu'à leur simple existence en tant qu'individus». Un tel discours est «possible», et il inspire le «respect». «C'est ce qu'a dit Lotfi El-Kholi avec beaucoup de force. Nous, juifs et arabes, sommes prêts à entendre ce discours responsable [...]. Nos deux peuples n'inscrivent pas leur réflexion et leur action dans la seule perspective de la confrontation». D'ailleurs, «cinquante années de confrontation et de haine n'ont réussi ni à diaboliser le juif pour l'arabe, ni à démoniser l'arabe pour le juif». Aussi devons-nous désormais «faire notre propre éducation pour que notre expression ne soit plus la même, nous ne pouvons plus parler [...] avec les mêmes mots [...]. Depuis des années, nous constatons, ce qui est l'évidence la plus élémentaire, qu'israël n'a d'avenir que dans le monde arabe, dans sa réinsertion en tant qu'etat de la région». M. Azoulay écarte les considérations sur le caractère «plus ou moins levantin, plus ou moins européen» de la population israélienne. Ce qui compte, dit-il, c'est, «pour les uns et les autres, notre aptitude à apprendre à nos enfants qu'ils ont un avenir commun dans le même espace, dans la même région». Dans la mesure où cette perspective est acceptée, il importe finalement assez peu que divers intervenants perçoivent dans les rapports israélo-arabes un exceptionnalisme qui n'est pourtant pas vérifié dans les faits. L'un d'eux déclare par exemple : «Contrairement à d'autres conflits, celui-ci concerne essentiellement un problème d'identité, de reconnaissance du droit à l'identité, de respect mutuel de l'identité de l'autre», et donc de sa «culture». Le cas, hélas! n'est pas unique, et une meilleure 29

29 'g compréhension des multiples conflits identitaires qui déchirent ^ l'humanité contribuerait sans doute à clarifier l'analyse. Mais, après tout, la conviction que chaque situation est exceptionnelle, ^ sans équivalent plus ou moins comparable, n'est-elle pas à la sf source de toute crispation identitaire? H Mme Leila Shahid, qui représente l'olp à Paris, trouve une 3 raison d'optimisme dans le fait que «le monde arabe accepte de plus en plus la multitude de ses propres identités», et j'espère, ajoute-t-elle, que «les Israéliens feront de même». Le drame, ditelle, est que l'on peut vivre à proximité immédiate l'un de l'autre et s'ignorer mutuellement. Consultant à l'unesco, M. Ehsan Naraghi introduit une dimension utile en montrant comment, au fil du temps et des grands chocs politiques, peut changer la perception de l'identité de l'autre. Il rappelle que, dès 1948, dans les divers pays du Proche-Orient, «toute l'élite intellectuelle progressiste», très critique à l'égard de «régimes arabes considérés comme moyenâgeux», a accueilli avec sympathie la création de l'etat d'israël, alors que les milieux religieux se montraient hostiles à son égard. Tout a changé, ajoute-t-il, avec l'expédition fraco-anglo-israélienne de 1956 qui a créé «une grande déception dans ces milieux intellectuels, mais certainement pas dans les milieux religieux». Cette évolution des esprits revêtit un éclat particulier en Iran où les intellectuels considéraient la nationalisation du canal de Suez par Gamal Abdel Nasser comme un «prolongement» historique de la nationalisation du pétrole iranien par le Dr. Mossadegh. Ainsi, poursuit M. Ehsan Naraghi, en quelques années à peine, la perception de l'etat d'israël par les milieux intellectuels a changé, et cette mutation s'est ensuite amplifiée en raison de «la collaboration d'israël avec le régime du chah et avec ses services de sécurité», la Savak. Dans les mêmes milieux, c'est la Guerre de Six jours qui, amplifiant l'évolution déjà amorcée, provoque «la grande rupture», alors que se poursuit l'étroite coopération entre Israël et le régime du Shah. La politique suivie par les gouvernements a «contribué à noircir l'image d'israël a été considérée comme une annexe américaine». Par un mouvement de même nature, avec la guerre Iran-Irak et la guerre du Golfe «les milieux radicaux en Iran sont devenus très critiques à l'égard de l'olp, bien que l'olp ait précédemment apporté une grande contribution à la cause de la révolution iranienne». Ce rapide rappel historique présenté par M. Naraghi met en lumière les deux aspects de la tâche qui attend les intellectuels : 30 déjà difficile en lui-même, le dialogue entre deux cultures est, de

30 surcroît, rendu encore plus épineux par les politiques des gouvernements. Au moment d'opérer des choix qui peuvent se révéler désastreux, les gouvernements se soucient rarement de consulter les hommes de culture, mais ils ne manquent pas de se tourner vers eux, et de solliciter leur concours, lorsque, changeant de cap, ils optent pour l'ouverture et le dialogue. Tout en se poursuivant sur le même terrain, l'échange de vues prend soudain une autre tonalité lorsque intervient un poète. Existerait-il des «identités» chimiquement pures? Allons donc... «Géographiquement parlant», fait remarquer Adonis, «Israël appartient à une région du monde dont la culture repose essentiellement sur la diversité, sur le métissage depuis l'époque de Babylone et des Cananéens». Et il pose une question : «Est-ce que le régime israélien sera en mesure de donner au judaïsme une dimension culturelle dépassant à son tour sa spécificité religieuse, de telle sorte que Israël, tout en restant lui-même, puisse véritablement s'insérer dans le tissu socio-culturel de la région? [...]. Sans une telle ouverture, sans une telle fusion, sans un tel métissage, la paix entre deux identités closes resterait extrinsèque, superficielle [...]. Dans la mémoire juive et arabe, le refoulé historique resterait omniprésent. Le noyau de cette mémoire est incarné dans des a-priori religieux qui contiennent une vision ne reconnaissant l'autre qu'en tant qu'étranger, ou dans la mesure où il se démet de son altérité. Ainsi, chez les Israéliens et les Palestiniens, il y a dans tout cela de quoi rendre ambiguë l'identité de soi et de l'autre. Pas de dialogue et de paix entre identités closes ou ambiguës. Le moi n'acquiert sa singularité que dans le face à face avec l'autre, reconnu dans son altérité, dans sa différence. Annuler l'autre, c'est s'annuler soi-même. La paix que nous devons chercher, c'est celle qui, sur le plan culturel, exige une réinvention des idées et des concepts, chez les Palestiniens et chez les Israéliens. Même dans la création littéraire, fonder le futur monde palestino-israélien ou arabo-juif implique forcément la présence de l'autre à la fois dans sa vision et dans sa texture, non pas en tant qu'étranger à accepter mais en tant que l'une des dimensions constituantes du moi. Dans cette perspective, l'identité cesse d'être une donnée pour devenir une recherche, un questionnement, une création perpétuelle». C'est en effet au nom d'une bien superficielle définition de l'«identité» que se multiplient affrontements, massacres, tueries. Une identité qui se percevrait comme définie une fois pour toutes ne pourrait que se figer sur elle-même, se crisper, se scléroser pour finalement mourir. A l'intérieur même de chaque pays, de chaque 31

31 ensemble territorial et humain se réclamant d'une même culture, ^ se manifestent en fait des «identités» fort différentes, vouées à ^ s'affronter. Pourquoi, alors que tous les individus qui appar- ^ tiennent à cette culture se réclament du même héritage? Parce.s- que chacun garde la faculté d'apprécier différemment les multi- -â. pies composantes de cet héritage historique, et que ces compo- ^ santés ne sont jamais homogènes, toujours contradictoires, conflictuelles, et chaque individu les sélectionne librement, puise dans ce patrimoine les éléments dans lesquels il reconnaît au moins une part de lui-même, et il les projette différemment dans l'avenir. Parce que libre, aucun être humain n'est rigidement conditionné, façonné une fois pour toutes par une «identité» héritée. L'identité est moins dictée par le passé que par la vision d'avenir que chacun porte en lui, par le projet qu'il veut partager avec d'autres. Ainsi tout être humain se trouve-t-il en profond désaccord avec d'autres qui se réclament pourtant de la même culture, alors qu'il se découvre de profondes affinités et une fraternelle complicité avec des êtres humains héritiers d'une toute autre culture. M.José Vidal-Beneyto, secrétaire général de l'agence européenne de la culture, s'attache donc à préciser le sens du mot «identité». «Si nous pensons que l'identité collective, communautaire, nationale, constitue un tout, un ensemble compact, homogène, stable et permanent, alors nous donnons au mot une définition qui nous pousse nécessairement à la xénophobie, à l'expulsion de ce qui n'est pas notre pensée stricte. Nous devons donc repenser le concept d'«identité», il nous faut l'ouvrir». Ayant rappelé que toute identité «est composée d'éléments hétérogènes et souvent même antagoniques et qu'il s'agit de les faire vivre ensemble», il ajoute : «Notre seule tâche est d'essayer de voir comment nous pouvons aider les Palestiniens et les Israéliens à faire des expériences communes, à vivre ensemble». Plus tard dans le débat, M.José Vidal-Beneyto revient à la charge en introduisant dans la réflexion un élément qui est au cœur de toute tension entre «communautés» culturelles. «Sans mémoire, dit-il, il n'y a pas d'identité», mais à la «mémoire fermée» il oppose la «mémoire ouverte», qu'il définit comme «la mémoire qui débouche sur un projet. Il n'y a pas de mémoire sans projet. Toute mémoire se concrétise dans un projet». Nous avons besoin de «mémoires ouvertes à l'espoir». Dans la même veine, M. Azmy Bishara, tient à établir une claire distinction entre le rôle des politiques et le rôle des intellec- 32 tuels. «Nous n'avons pas à négocier un accord politique, dit-il,

32 mais la communauté intellectuelle doit débattre d'un compromis historique». Et il insiste bien : «Débattre, et non négocier». «Ce que je souhaite obtenir avec le peuple israélien, ce n'est pas seulement un règlement politique, car l'histoire pourrait être exclue d'un tel règlement, mais un compromis historique qui, lui, naturellement, ne saurait exclure l'histoire». La distinction que M. Azmy Bishara introduit ainsi prend son sens le plus concret lorsqu'il précise qu'un règlement politique peut à la rigueur, aux yeux des responsables politiques, «inverser les rôles» de l'opprimé et de l'oppresseur. Pour des hommes politiques, ajoute-t-il, il importe peu «de savoir qui échange une poignée de main et qui hésite à accomplir ce geste, ou de savoir qui a, et qui n'a pas, du sang sur les mains». Ce qui compte d'abord à leurs yeux, c'est d'aboutir à un règlement, à un accord. Il en va tout autrement si l'on dépasse le terrain strictement politique pour accéder au domaine de la culture. «Du point de vue historique, je ne peux pas faire vin compromis et pardonner si je ne suis pas reconnu comme la victime». Il n'y a pas grand sens, dit-il, à se prononcer pour ou contre l'accord du 13 septembre, car cet accord «est une réalité». L'important est de «ne pas inverser les rôles», et le fait est que «notre peuple [les Palestiniens] se perçoit lui-même comme la victime». L'histoire, la victime, le coupable, la culture... «Une mentalité culturelle, poursuit M. Bishara, n'est pas quelque chose de figé, d'historique [...], et quand nous parlons de dialogue culturel nous ne l'envisageons pas d'un œil figé, comme si nous-mêmes étions figés, parlant à un Autre également figé». Tout dialogue doit faire bouger la perception de soi et de l'autre. «Ici, dans ce dialogue, nous ne sommes pas et ne pouvons pas être seuls avec les Israéliens. Des Européens nous ont demandé s'ils pouvaient et devaient aider au dialogue, et j'ai dit, oui, vous pouvez et devez aider, vous Européens, parce que le dialogue ne peut pas être uniquement israélo-arabe». Le nationalisme israélien et le nationalisme arabe «ont été formés à l'école de l'europe, et nous ne pouvons comprendre ni le nationalisme arabe, ni l'islam moderne, ni même le fondamentalisme sans comprendre la modernité. Les Israéliens aspirent à une normalisation rapide, avec des projets culturels communs, et nous, nous aspirons à une fin rapide de l'occupation israélienne. Nous ne pouvons pas maintenant normaliser les relations comme si la paix était conclue, comme s'il existait déjà un Etat palestinien». L'histoire étabit-elle que les victimes seraient d'un seul côté? «L'histoire est là, dit M. Shlomo Ben-Ami, conseiller au ministère 33

33 -g israélien des affaires étrangères, et chaque historien l'interprétera." " à sa manière. Mais ni vous Palestiniens, ni nous Israéliens, ne déteg nons le monopole du martyre. Des atrocités ont été commises des ^ deux côtés». ^ Impossible de se débarrasser d'une histoire aussi H, encombrante. Non seulement chacun l'interprète à sa manière, 3 mais encore, remarque M. Mohamed Sid-Ahmed, «chacun définit subjectivement son identité et son patrimoine culturel», d'où un «conflit de perceptions» en vertu duquel «l'autre est un agresseur [...]. L'histoire est le domaine privilégié de revendications mutuellement exclusives. Quelqu'un a suggéré que nous devrions oublier l'histoire. Mais ce n'est pas possible. L'histoire doit être démythifiée, rendue banale, afin que nous puissions aller au-delà de l'histoire». Mais l'histoire colle à la peau... Citant M. Emile Habiby, qui a parlé d'un «nouvel avenir», M. Yehuda Amichai fait remarquer combien il est difficile de souhaiter un avenir différent et simultanément de «revenir sans cesse en arrière, de faire ressusciter le passé ; il faut complètement se projeter vers l'avenir» tout en sachant que sans doute «plusieurs générations» seront nécessaires pour édifier la paix, et il lance l'idée d'une «action affirmative», plus ou moins inspirée de ce qui se fait aux Etats-Unis pour contribuer à la promotion des Noirs. Miser sur le temps... Et il lit ce poème qu'il a écrit voilà une vingtaine d'années : «Pas même par l'armistice, Pas même par la vision de l'agneau et du loup, Mais plutôt par le cœur, Comme après un grand enthousiasme Parler de grande lassitude. Je sais, je sais comment tuer C'est comme cela que j'ai grandi. Mon petit-fils joue avec un révolver-jouet II sait à peine ouvrir les yeux et dire maman [...] Et le cri des orphelins est lancé De génération en génération Comme dans une course de relais. Que la paix soit comme une fleur sauvage Qui soudain éclôt dans le champ Qu'elle soit cette fleur : la paix sauvage». 34

34 6. Matériaux pour la paix Contribuer à l'édification de la paix «grâce à la compréhension entre intellectuels, entre écrivains, entre artistes» : c'est en ces termes que M. Federico Mayor, Directeur général de l'unesco, définissait l'objet même de la rencontre de Grenade. Il formulait l'espoir que les participants proposeraient à cette fin des «projets concrets» - échanges d'étudiants, publications conjointes, etc. aptes à favoriser, par le dialogue, le passage «d'une culture de guerre à une culture de paix». Si les séances de travail ont fait une large place au débat d'idées, elles ont aussi vu germer quantité de propositions. La plupart d'entre elles paraissaient recueillir l'assentiment général, notamment celles qui concernent la jeunesse, mais certaines, sans doute parce que les plus ambitieuses, furent évidemment considérées comme «naïves»... Sauf erreur ou omission, voici les idées qui furent lancées : - Un comité international devrait être constitué sous l'égide de l'unesco pour recevoir et ordonner les projets à mettre en œuvre, et organiser leur financement. - Mme Leila Shadid préconise des traductions d'ouvrages pour favoriser «l'acceptation de la culture de l'autre». - Mme Hélène Ahrweiler, recteur de l'université de l'europe, à Paris : a) créer «une chaîne de télévision israélo-arabe, à la manière de la chaîne franco-allemande ARTE», dont le siège pourrait être établi à Jérusalem, «patrie des trois religions révélées qui ont marqués nos civilisations» ; b) construction à Jéricho d'un musée montrant comment les deux peuples, israélien et palestinien, «ont œuvré ensemble» ; c) sous un titre qui pourrait être «Nous, Toi et Moi», publication d'un «choix de textes d'appréciation d'un peuple par l'autre». Elle déclare que l'université de l'europe est à la disposition des universités palestiennes, arabes, israéliennes, pour la constitution de réseaux culturels. - M. Félix Martï, directeur du centre UNESCO de Catalogne : a) établissement de moyens de communication au service de chacune des cultures, concertation entre les chaînes de télévision, 35

35 -g programmes communs de formation de journalistes spécialisés ; J" b) dans le domaine de l'enseignement, collaboration entre uni- versités et centres de recherche de l'aire méditerranéenne, pro- ^ grammes d'apprentissage des langues des pays concernés, élabora- "^ tion en commun de manuels scolaires et de matériaux S, didactiques ; c) pour le dialogue entre les trois grandes religions, ^ organisation de séminaires sur leurs apports respectifs, sur l'étude des tensions entre tradition et modernité, ou entre cosmovision religieuse et caractère séculier des sociétés ; d) protection du patrimoine artistique des pays de la région, traduction et édition des grands textes représentatifs de chaque culture, expériences pilotes de tourisme culturel ; e) analyse des relations économiques dans la zone méditerranéenne et réflexion sur les modèles souhaitables de coopération ; f) dialogues sur les nouvelles perceptions de la sécurité et du maintien de la paix ; g) développement des réseaux UNESCO, par exemple les Clubs UNESCO de jeunes. - M. Eli Barnavi, professeur à l'université de Tel-Aviv, souhaite «multiplier les petites choses qui aident à percer l'opacité de l'autre» ; il souhaite, «à titre gracieux, tout à fait amical, assurer un enseignement à l'université palestinienne de Bir-Zeit ; j'aimerais que par exemple Salim Tamari [de l'université de Bir-Zeit] viennen enseigner à Tel-Aviv. Je suis membre du Sénat de mon université et me fais fort d'arracher son accord». M. José Vidal-Beneyto fait trois propositions «immédiatement opérationnelles» : a) lancement à Grenade d'une école d'été sur la paix, le recteur de l'université Complutense de Madrid lui ayant donné son accord pour la financer ; b) dans le cadre de l'agence européenne pour la culture, dont il est secrétaire général, et avec l'ong Eurocréation, organisation de partenariats déjeunes israéliens et palestiniens, par exemple dans le domaine du tourisme culturel ; c) avec l'université de l'europe, dont Mme Ahrweiler est recteur, et le Collège des Hautes Etudes Européennes, dont M. Vidal Beneyto est directeur, lancer des doctorats communs ouverts aux étudiants israéliens et palestiniens de 3 e cycle. - M. Daoud Kuttab souhaite la création d'un fond de soutien à la réalisation de programmes de télévision, et il signale que l'université de Bir-Zeit a élaboré dans cet esprit un projet de films historiques. M. André Azoulay demande si l'unesco pourrait aider à la création d'un forum permanent qui déboucherait sur la publication de «livres blancs» sur les problèmes communs aux deux peuples. 36 M. Henry Méchoulan souhaite lui aussi que le travail entrepris à

36 Grenade se poursuive et que, à cette fin, M. Federico Mayor organise des équipes qui s'attacheraient à penser l'avenir. Il suggère qu'une Cité des sciences et des techniques soit édifiée, par contributions internationales, sur le plateau du Golan, une fois celui-ci rendu à la souveraineté syrienne, ou éventuellement en un autre lieu ; il rappelle que le coût d'un tel projet serait inférieur au prix d'un seul avion de combat. - Mme Elise Boulding, de l'université du Colorado, demande si l'unesco parrainerait une histoire commune des rapports israélo-palestiniens, et elle préconise la mise sur pied d'équipes locales formées au dialogue pacifique et qui fonctionneraient «au niveau de la famille et du voisinage», ainsi que l'ouverture de «zones de paix» ou des volontaires, avec l'aide des ONG, s'occuperaient des problèmes locaux les plus concrets. -M. Félix Fernandez-Shaw, ambassadeur d'espagne auprès de l'unesco, plaide en faveur de livres d'histoire communs aux pays du Proche-Orient, et appelle de ses vœux d'autres rencontres comme celle de Grenade. - M. Giorgio Shakhnazarov, de la Fondation Internationale pour les Etudes socio-économiques et politiques (Fondation Gorbatchev), insiste surtout en faveur d'activités réalisées en commun par les Israéliens et les Palestiniens, notamment dans les domaines de la presse, de la télévision, des manuels scolaires. - M. Kamal Boullata, de Rabat, annonce que, comme artiste peintre, il a examiné avec M. Dani Karavan, sculpteur juif, la possibilité de travailler ensemble pour édifier à Jérusalem un monument qui serait dédié à tous ceux -juifs, chrétiens, musulmans - victimes des combats pour Jérusalem. - M. Mohamed Sid-Ahmed (Le Caire) souhaite que l'unesco organise un séminaire international sur les problèmes posés par la pénurie d'eau au Proche-Orient. -M. Juan Montabes Pereira, de l'université Euro-arabe de Grenade, annonce officiellement que, avec l'aide financière de la Commission de Bruxelles, il lance dès l'été 1994, dans les domaines de réduction, de la science et de la culture, une série d'activités liées au processus de paix en Palestine, dont un cours de formation déjeunes gestionnaires palestiniens. Il souhaite bien entendu la participation de représentants israéliens. Quantité d'autres suggestions ont été présentées, souvent avec l'appui de plusieurs des participants : - lancement d'une revue israélo-palestienne ; - organisation de concerts et d'expositions avec des artistes des deux peuples ; 37

37 g - création, à Jéricho par exemple, d'une bibliothèque et d'un ^ musée rassemblant des œuvres qui témoigneraient d'une ^ commune volonté de «constituer l'héritage de l'avenir» ; ^ -institution d'un «office israélo-palestinien de la jeunesse» qui x" organiserait par exemple des camps de vacances pour enfants S. israéliens et palestiniens, et toutes activités propres à rapprocher ^ les jeunes générations. Plusieurs participants ont souhaité l'installation à Paris d'un «comité de pilotage», regroupant des bénévoles, pour solliciter dans le monde entier des financements publics et surtout privés, définir les projets prioritaires, veiller à leur préparation, en assurer le suivi et le contrôle budgétaire, recueillir d'autres suggestions, etc.

38 7. Une solidarité intellectuelle et morale Déclaration finale de M. Federico Mayor Au moment de clore les travaux, M. Federico Mayor, Directeur général de VUNESCO, a rendu publique la déclaration suivante : En juillet 1993, l'unesco a invité un certain nombre d'intellectuels israéliens, palestiniens, arabes, américains et européens, à participer à un débat sur leur rôle dans la formulation d'un projet d'avenir commun et la promotion de la paix et de la réconciliation au Moyen-Orient. Cette invitation a pris une signification particulière à la lumière de la Déclaration de principe sur des arrangements intérimaires d'autonomie signée entre Israël et l'olp le 13 septembre Lors de la Rencontre internationale «La paix, le jour d'après», organisée par l'unesco à Grenade (Espagne), du 8 au 10 décembre 1993, d'éminents universitaires et intellectuels ont échangé des vues au cours d'un débat ouvert, riche et significatif. Lors de la séance inaugurale, M. Yasser Arafat, président du Comité exécutif de l'olp et M. Shimon Pères, Ministre israélien des Affaires étrangères, ont réaffirmé leur volonté de rendre le processus de paix irréversible. Aux termes de l'acte constitutif de l'unesco, «les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix». La coopération dans les domaines de l'éducation, de la culture, de la science et de la communication est nécessaire pour passer d'une culture de guerre à une culture de paix, et promouvoir un état d'esprit fondé sur la solidarité intellectuelle et morale des individus et des peuples, ainsi que sur la justice, la démocratie et le respect des droits de l'homme. L'avenir commun doit être construit grâce à une multitude d'initiatives conjointes, émanant de tous les secteurs des sociétés israélienne et palestinienne, dans les domaines de l'éducation, de la littérature, des arts, du théâtre, du cinéma, des sciences, des médias et du sport. Les participants à la rencontre de Grenade sont convenus à 39

39 40 l'unanimité que l'unesco avait un rôle important à jouer en appuyant le dialogue et les échanges culturels dans la région. Ils ont souligné que c'était la volonté de construire un avenir commun, et non le recours à la force et à la violence, qui permettrait à toutes les parties de satisfaire leurs aspirations à la sécurité, la dignité et la justice. Au terme de cette Rencontre de Grenade, je lance un appel pressant à tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, en particulier à ceux qui vivent au Moyen-Orient, pour qu'ils œuvrent - individuellement ou collectivement - à l'édification d'une paix fondée sur la justice, la liberté et le progrès, sur cette terre de grandes civilisations. J'appelle les autorités israéliennes et palestiniennes et celles des autres pays concernés, ainsi que toutes les instances internationales, à soutenir par tous les moyens nécessaires les initiatives de paix au Moyen-Orient.

40 Annexes Discours prononcés lors de la séance inaugurale de la Rencontre internationale «La paix, le jour d'après» Grenade (Espagne), 8-10 décembre 1993

41 MM. Y. Arafat, F. Mayor et S. Pères lors de la séance inaugurale de la Rencontre

42 M. Federico Mayor «Je rêve de lys blancs D'une rue pleine de chansons et d'une maison illuminée Je veux un coeur tendre, non charger un fusil Je veux un jour ensoleillé Non un moment fou de victoire intolérante Je veux un enfant adressant son sourire à la lumière du jour Non un engin dans la machinerie de guerre Je suis venu pour vivre le lever du soleil Non son déclin II m'a quitté, car il cherche des lys blancs Un oiseau accueillant le matin Sur un rameau d'olivier Car il ne comprend les choses Que comme il les sent, hume II comprend - m'a-t-il dit - que la patrie C'est de boire le café de sa mère Et rentrer, en paix, avec le soir» Que la paix de ces vers de Mahmoud Darwish nous accompagne, ici et là-bas. Cette réunion est aussi symbolisée par le dessin que vous voyez derrière moi. Il a été réalisé par Dani Karavan, qui est parmi nous et à qui je voudrais exprimer toute ma gratitude. Monsieur le Président, Monsieur le Président de l'olp, Messieurs les Ministres, Excellences, Mesdames, Messieurs, Bienvenue à Grenade, dont tous les murs, les jardins, les fontaines chantent le souvenir d'al-andalus - lieu privilégié où pendant quelques siècles se sont côtoyées, parlées et respectées des communautés que tout opposait. 43

43 ' L'UNESCO est heureuse que le colloque qui nous réunit ici ^ ait pu être organisé en Espagne, pays dont le passé de tolérance, s que je viens de rappeler, n'est pas sans prolongements actuels. U C'est - souvenons-nous - à Madrid, le 30 octobre 1991, que s'est a" ouverte la Conférence de paix israélo-arabe. Que les autorités *- espagnoles reçoivent par ma voix l'expression de notre gratitude ^ pour l'efficacité enthousiaste avec laquelle elles ont diligente l'organisation de cette réunion, étape de ce que j'appellerai l'«accompagnement intellectuel» du processus de réconciliation, aussi fondamental que l'aspect politique, et qui nous incombe. Au-delà de toutes les transformations géopolitiques, idéologiques et stratégiques qui marquent la fin mouvementée de ce siècle, ce qui frappe l'imagination, c'est la volonté de réconciliation exprimée par deux parties engagées depuis si longtemps dans des conflits si absolus, aux racines si profondes que beaucoup avaient abandonné tout espoir. Fin de la guerre froide ; démantèlement du système de l'apartheid en Afrique du Sud; dialogue israélo-palestinien : celui qui aurait annoncé en 1980 l'une ou l'autre de ces évolutions serait immédiatement devenu la risée du monde entier. Aujourd'hui encore, nombreuses s'élèvent les voix sceptiques quant aux chances de la paix au Moyen-Orient. Oui, cette paix paraît impossible, tant la haine est violente et ancienne. Mais qui eût imaginé, voici seulement cinquante ans, une réconciliation franco-allemande? A cet égard, l'attitude qui rassemble Israéliens et Palestiniens revêt une signification éthique considérable et une exemplarité universelle. Mesdames, Messieurs, Honneur, donc, aux artisans de cette réconciliation, qui ont eu en septembre dernier à Washington le geste historique que l'on sait. Ils ont fait acte de courage, de raison et de vision en surmontant la tragédie du ressentiment et de la méfiance. A l'amertume de l'expérience, ils ont préféré la douceur de l'innocence à venir, si hypothétique soit-elle. En cela, et en acceptant les risques de ce pari, ils ont véritablement témoigné du plus haut de l'être humain, tant il est vrai - pour citer Aimé Césaire - que «l'homme se distingue par cette attitude particulière : contrarier le destin et le transformer en histoire». L'UNESCO a d'ailleurs rendu hommage à MM. Yasser Arafat, Shimon Pères et Itzhak Rabin en leur décernant en 1993 le Prix 44 Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix - ce même prix

44 qui avait distingué, en 1992, MM. Nelson Mandela et Frederik De Klerk, artisans de la transition, en Afrique du Sud, de l'apartheid à la démocratie. Par la force de leur exemple, ces hommes sont un appel vivant à la conscience de tous les dirigeants, de tous les responsables des destinées d'une nation. Ils savent, comme rarement, que les peuples oublient vite les héros de la guerre et gardent dans leur coeur les héros de la paix. Or, c'est bien de contrarier le destin qu'il s'agit. Car le destin est - on n'ose pas dire «était» - conflictuel. Il y a quarante ans, la création de l'etat d'israël a marqué une fin et un commencement. Effet parmi d'autres, où l'histoire saura faire le tri, cet événement a suscité dans toute la communauté intellectuelle du monde arabe une paralysie de la pensée analytique et critique, la question palestinienne faisant office d'abcès de fixation. En étant focalisée sur les rapports israélo-palestiniens, la créativité de ces intellectuels se privait d'un énorme potentiel. De l'autre côté, la longue tradition humaniste et universaliste de l'intelligentsia juive a été ébranlée par le choc affectif de l'événement. Les Juifs du monde entier avaient pour Israël un attachement qui leur masquait tout le reste. Le pays de leur foi, de leur enracinement originel, de leur volonté de survie était auréolé d'une lumière d'où ne pouvait s'échapper aucune iniquité. Or, manifestement, le visage des enfants palestiniens disait le contraire. La création de l'etat d'israël marquait la fin d'une tragédie, pas de la tragédie. La fin de la tragédie du peuple juif était aussi le début de la tragédie du peuple palestinien. Les victimes de la plus inhumaine absurdité de l'histoire moderne étaient contraintes d'apparaître au regard de cette même histoire comme les responsables d'un autre drame national et humain. L'expérience de l'humanité est malheureusement riche en exemples de ce type d'actions et de réactions, et l'ambiguïté en est la marque. Le bien des uns y est souvent le mal des autres. Mais l'homme peut opposer aux déterminismes de l'histoire sa raison, qui en est, elle aussi, un agent actif. Et quand la raison prévaut, c'est tout le cours des événements qui est transformé; c'est un acquis de plus pour la civilisation de l'homme. L'idée de la paix, qui éclaircit miraculeusement le ciel du Moyen-Orient où sont nées quelques-unes des plus grandes civilisations humaines, est fragile - nous le constatons chaque jour. Il nous incombe, à tous, de joindre nos efforts à ceux des peuples de cette région pour la consolider. A cette fin, la coopération politique, le développement économique, la réduction des dépenses 45

45 S militaires sont assurément nécessaires. Cependant, j'affirme que ^ l'essentiel réside dans l'enracinement de l'idée de la paix et dans s le déploiement de la solidarité morale et intellectuelle des indivi- ^ dus et des peuples. La dimension éthique, culturelle et humaine If de la paix précède les autres. Sans elle, aucun accord politique ou «- économique n'est viable. Avec elle, la culture de la paix prend ses ^ assises dans tous les domaines de la vie des sociétés; avec elle, les capacités nationales peuvent être constituées et renforcées; avec elle, les savoirs et les savoir-faire sont mobilisés, et les potentiels de chacun mis en valeur pour le progrès commun, rendant l'aide extérieure superflue. C'est en tout cas ma conviction. C'est sur cette base aussi que l'unesco agit. Comment cette Organisation, que Nehru a un jour qualifiée de «conscience du système des Nations Unies», aurait-elle pu se désintéresser du conflit entre Arabes et Israéliens, de l'affrontement dramatique de deux légitimités d'égale valeur - le droit à la souveraineté et à la sécurité aussi bien des Israéliens que des Palestiniens? Voici bientôt 50 ans, l'unesco a placé au coeur de sa mission la lutte contre le racisme, l'antisémitisme, les préjugés et les stéréotypes, ainsi que la défense des droits de l'homme et de la paix, avec le souci de prévenir tout retour de l'idéologie monstrueuse dont le peuple juif avait été la victime. Plus tard, toujours en conformité avec sa vocation, elle a entrepris des activités de nature à aider, cette fois-ci, le peuple palestinien, dépourvu de souveraineté et contraint à l'exil, dans plusieurs pays de la région. Pendant des années, l'affrontement israélo-arabe - avec ses multiples répercussions dans la caisse de résonance qu'est la communauté internationale - a provoqué nombre de déchirements au sein de l'unesco. Ces déchirements appartiennent aujourd'hui à l'histoire de l'organisation. En revanche, les valeurs qu'énonce son Acte constitutif - notamment l'édification de la paix dans l'esprit des hommes et le renforcement de cette solidarité intellectuelle et morale que j'ai déjà évoquée - rayonnent d'une actualité et d'une pertinence accrues. Peu d'initiatives correspondraient mieux que cette rencontre de Grenade à la vocation essentielle de l'unesco. Elle rassemble en effet une fraction non négligeable de ce que la région compte en matière de «levain intellectuel» au sens le plus large. Et qui niera l'importance d'un tel levain dans l'éclosion de la culture de la paix? Des deux côtés, la communauté intellectuelle souffre, 46 depuis trop longtemps. Des deux côtés, les blessures psychiques

46 sont encore plus profondes que les plaies matérielles : ce qui est en cause, c'est rien moins que la justice et l'injustice. Il s'agit donc de mobiliser, des deux côtés, les forces de l'intelligence, de l'ouverture et de la raison. Mesdames, Messieurs, A la différence du passé, l'avenir n'est pas écrit; il peut être modifié. C'est d'ailleurs notre seul patrimoine commun encore intact. C'est la mémoire de l'avenir, plus que la mémoire du passé qui peut favoriser la détente, l'entente, le bon voisinage, la solidarité, la conciliation, la réconciliation. Quelle que soit la durée du conflit, il arrive toujours une aube où les adversaires se donnent la main. Il faut oeuvrer pour que cette aube arrive le plus tôt possible, afin d'éviter d'immenses souffrances, afin d'éviter que des hommes ne meurent pour des causes qui méritent d'être vécues. Certes, la mémoire de ceux qui ont souffert dans leur chair et dans leur dignité tout au long des années d'affrontement doit être respectée. La morale l'exige, tout autant que la raison pratique, car aucun avenir commun ne sera possible sur la base d'une mémoire bafouée. L'oubli est impossible, mais la détermination d'entamer une nouvelle page de l'histoire peut faire en sorte que la mémoire du futur prévale sur celle du passé. Il faut voir au-delà de la réalité contemporaine. Il faut voir au-delà ce qui est encore invisible. «Seuls ceux qui sont capables de voir l'invisible peuvent l'impossible». La myopie en politique a déjà causé trop de tort. Il faut maintenant «voir» autrement. J'en appelle à tous les intellectuels qui ont bien voulu, à mon invitation, se réunir en cette incomparable cité de Grenade pour qu'ils s'efforcent de considérer le passé comme on regarde dans le rétroviseur d'une voiture -juste ce qu'il faut de temps pour poursuivre sa route en toute sécurité! Pour poursuivre notre route en évitant les écueils, il faudra de l'imagination et du courage, une vision commune et un partage plus équitable. Ce sont là les conditions indispensables pour édifier cette culture de la paix pour laquelle nous devons ensemble livrer bataille. Voilà la seule Federico Mayor Directeur général de l'organisation des Nations Unies pour l'education, la Science et la Culture (UNESCO) 47

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48 M. Yasser Arafat Monsieur le Directeur général de 1 UNESCO et cher ami, Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs, Permettez-moi tout d abord de vous exprimer ma joie de participer à cette rencontre d intellectuels qui a pour but de contribuer à l édification de la paix, une paix fondée sur la justice et le respect de l autre et non sur l équilibre des forces militaires et économiques. Le fait que cette rencontre se tienne à Grenade revêt à nos yeux une importance particulière car cette ville est le symbole d une histoire culturelle commune, d une coexistence fraternelle entre les fils d Abraham, entre les fils des trois religions monothéistes. C est grâce à cette coexistence pacifique et à leur coopération que s est construite cette grande civilisation dont nous pouvons, ensemble, contempler aujourd hui quelques monuments. Oui, par la paix et la culture de la paix, nous pouvons reconstruire ce qu a détruit la guerre. Ici, à Grenade, au moyen de votre réunion, devant vous et avec vous, nous devons réfléchir et coopérer à l édification d un nouveau Moyen-Orient, où il n y aura ni occupation, ni injustice, ni oppression, ni privation ; un nouveau Moyen-Orient où régneront la fraternité et l amitié reposant sur une paix juste et globale dans notre région: une paix pour tous nos enfants, qui sont les enfants de la foi d Abraham, les enfants des trois religions monothéistes - le judaïsme, le christianisme et l islam - sur la terre des trois religions, la terre sainte. 49

49 '8 Monsieur le Directeur général et cher ami, ^ Monsieur Solana, Ministre espagnol des affaires étrangères, s Monsieur Shimon Pérès, ^ Monsieur le Président de la Conférence générale de l'unesco.>f Madame la Présidente du Conseil exécutif de l'unesco, ^ Mesdames et Messieurs les intellectuels, les créateurs, ^ les scientifiques et les artistes, Au début était le Verbe... c'est-à-dire l'idée. Oui, la mission de l'unesco, en tant qu'idée, a précédé sa fondation. Partie d'une idée, l'unesco est devenue une organisation mondiale qui compte aujourd'hui plus de 180 Etats membres. Elle éclaire de sa lumière non seulement les régions du monde, mais aussi la conscience et le coeur de chaque être humain et l'humanité tout entière. Après la réélection de M. Mayor pour un second mandat, cette rencontre apporte un nouvel élément, une nouvelle modalité à l'action de l'unesco sur le terrain qui vise à nous aider dans notre quête de la paix. Sans le Directeur général de l'unesco, cette rencontre triparti te n'aurait pu avoir lieu : car elle est intimement liée à la mission de cette organisation internationale qui oeuvre pour la coopération et la compréhension mutuelle et pour la paix entre les peuples par la culture et l'éducation, par l'épanouissement de la personnalité et le développement de l'individu de l'enfance à l'âge mûr. Il était donc naturel que l'unesco prenne l'initiative de tenir cette réunion et vous demande de contribuer par votre réflexion, par votre rôle moral et humain, par vos apports créateurs, à la formulation d'une paix réelle et juste, fondée sur le respect des droits des peuples et des droits de l'homme, des valeurs démocratiques et des valeurs de coopération et de solidarité, au moyen de l'éducation dispensée dans les écoles et les universités et de la culture générale pour tous. Une paix qui permette à chacun, parmi nos peuples, de vivre dans la liberté et la dignité... une paix qui permette à nos peuples, à nos enfants et aux générations futures de vivre à l'abri de la violence et de l'oppression. Alors nous pourrons vivre ensemble dans la paix, la sécurité et la tranquillité sur cette terre de paix, la terre sainte. Une paix réelle et juste de cette nature créera dans le monde des conditions propices à la stabilité et à la prospérité et contribuera qualitativement et quantitativement à la propagation de la culture de la paix 50 qui est la grande mission de l'unesco.

50 Je tiens à vous assurer que, pour notre part, nous veillerons sur ce processus de paix que nous avons engagé à Madrid et poursuivi jusqu'à ce que porte ses fruits l'accord auquel nous sommes parvenus à Oslo et que nous avons signé à la Maison blanche, à Washington. Nous souhaitons que notre coopération avec les Israéliens se poursuive afin que nous puissions donner pleinement effet au contenu de cet accord en usant de tous les moyens dont nous disposons... et avec la bonne volonté qui nous permettra d'aplanir les problèmes auxquels nous nous heurtons et aussi ceux auquels se heurtent les Israéliens, pour édifier ensemble une paix réelle, une paix durable, une paix complète et globale sur la terre de la paix et au Moyen-Orient. Les Palestiniens et les Israéliens ne sont pas les seuls à vouloir cette paix; l'europe, l'amérique, l'asie et l'afrique y aspirent aussi... le monde entier y aspire. Tous les peuples et tous les Etats du monde veulent la paix et la stabilité au Moyen-Orient. De cette tribune, je m'adresse à vous, les intellectuels, pour que vous nous aidiez à instaurer la paix de la justice et non celle que le fort impose au faible... à instaurer une paix juste et globale au Moyen-orient... cette région vitale qui nous unit à tant de pays d'europe, d'asie et d'afrique, ainsi qu'aux Amériques qui constituent un prolongement de la péninsule ibérique, car c'est de ses rivages que partirent Christophe Colomb et ses caravelles. Je le répète : aidez-nous à instaurer cette paix excluant la violence et l'injustice, une paix juste et globale pour tous. 51

51 g Monsieur le Président, "58 Nous, les Palestiniens, sommes résolus à soutenir vos efforts pour ^ construire les défenses de la paix dans l'esprit des hommes. Car.>f c'est l'esprit humain qui est la vraie richesse et la vraie source de la t. révolution. De toutes les richesses de cette planète, il est la plus 3 précieuse. Monsieur le Président, L'accord ou le protocole de coopération entre l'unesco et la Palestine que nous allons signer aujourd'hui est la meilleure preuve de cet engagement commun pour la paix et pour l'humanité tout entière, au moyen de la culture, de la science et de l'éducation. Puisse votre rencontre contribuer à la construction du grand édifice de la paix pour les peuples de la région et du monde. Merci. Yasser Arafat Président du Comité exécutif de l'organisation 52 de libération de la Palestine

52 M. Shimon Pères Monsieur le Président, Monsieur le Président de l'olp, Monsieur le Ministre des affaires étrangères de l'espagne, Monsieur le Gouverneur de l'andalousie, Mesdames et Messieurs, Permettez-moi tout d'abord de remercier le Directeur général de l'unesco, Federico Mayor, d'avoir pris l'initiative de nous réunir ici pour que l'ancien affrontement politique se mue en un véritable dialogue. Nous avons décidé de faire la paix avec le peuple palestinien, avec l'olp, et je vous affirme que cette entreprise sera un succès historique. Plus rien ne nous arrêtera. Au cours de l'entretien que nous avons eu ce matin avec le président Arafat, nous sommes tombés pleinement d'accord pour tout mettre en oeuvre afin que cessent les violences, les massacres, les effusions de sang et les souffrances, et que s'ouvre un nouvel avenir pour notre peuple, nos enfants ainsi que pour la région tout entière. Là encore, notre résolution est inébranlable. Toute perte de vie humaine est une tragédie mutile. En notre qualité de dirigeants, il nous appartient de ne pas perdre de temps, de sauver des vies, d'oeuvrer à un avenir nouveau; pour cela, nous avons besoin de votre aide, de votre compréhension, de votre contribution. Un proverbe arabe dit A salaam Kabal el Kelaam («la paix précède les mots») mais, cette fois, la paix a besoin de mots : il faut changer non seulement les frontières et les relations mais aussi les esprits et les mentalités. Ce n'est donc pas un hasard si l'unesco a rassemblé ici à Grenade des hommes de lettres, et non des hommes de guerre afin de reconstruire par la plume ce qui a été détruit par l'épée. Grenade est tout imprégnée de l'histoire des chrétiens, des musulmans et des juifs mais elle vit aussi au rythme des temps modernes. Sur son sol, les adeptes de ces trois religions parlant l'espagnol, l'arabe et l'hébreu ont connu les carnages et la ferveur poétique, 53

53 -g la fraternité et la haine ; ensemble, ils ont surmonté les obstacles et ^ contemplé les étoiles. ^ A l'époque de leur apogée, les juifs de Grenade étaient à la U fois des hommes de religion et de science. Parmi les grandes.g figures de cette période, on trouve des personnalités aux intérêts ^ et aux talents multiples : des médecins qui étaient aussi des poètes, "-i des philosophes qui dirigeaient des armées, des astronomes qui écrivaient des traités de grammaire. Le plus éminent des notables juifs de Grenade était Shmuel Hanagid. Voici ce qu'en a dit Yitzhak Navon : «Poète extrêmement fécond et spécialiste du droit hébraïque, il remplissait en même temps les fonctions qui correspondraient de nos jours à celles de premier ministre, de ministre des finances, de ministre des affaires étrangères, de ministre de la défense et de chef des armées. Année après année, il menait ses troupes au combat et relatait ensuite ses hauts faits dans un journal de guerre, en vers hébreux d'un grand raffinement». J'aimerais citer un de ses poèmes : «Au début, la guerre ressemble à une jeune fille que chaque homme souhaite courtiser Mais à la fin elle ressemble à une vieille femme Tous ceux qui la rencontrent se sentent affligés et blessés». Rare alliance dans les annales de l'art de commander que ces colonnes de soldats, ces strophes de vers qui défilent devant mes yeux! J'ajouterai que Shmuel Hanagid composait des vers non seulement en hébreu mais aussi en arabe. Il traduisit en hébreu certains des plus beaux poèmes arabes de son temps. Cela n'a rien de surprenant: le peuple arabe n'aime-t-il pas le Cantique des Cantiques au moins autant que le peuple juif? Nizar Kabbani, un poète arabe que j'aime beaucoup, a très bien décrit cet état d'esprit dans un de ses récents poèmes. Permettez-moi de le citer : «Depuis plus de quinze siècles, les Arabes sont soumis à l'impérialisme de la poésie Ils ne lui ont jamais résisté, ils n'ont jamais levé la main contre lui Ils ne s'en sont jamais plaint auprès du Conseil de sécurité Ni auprès de la Cour internationale de justice». Imaginons tous ces poètes passés, et tous ceux qui sont encore! Nous sommes venus chercher - Palestiniens comme Israéliens - une réconciliation historique dans une ville de Grenade réconciliée avec son passé, afin de mettre un terme au diktat des armes et de revenir au règne de la poésie. Nul ne peut réécrire l'histoire de nos pères mais tous ensemble nous pouvons faire l'histoire pour nos enfants. 54 Les négociations que nous poursuivons actuellement avec

54 l'olp et les Etats arabes visent non seulement à résoudre les conflits qui sont l'héritage du passé, mais aussi à construire une région qui rendra de nouveaux conflits injustifiables et impossibles. C'est pourquoi nous sommes prêts à faire des concessions à nos adversaires, pour ne pas avoir à transiger avec nous-mêmes. La paix, à nos yeux, n'est pas seulement une question de sagesse politique : c'est un impératif moral. Les objectifs que nous souhaitons atteindre en ce qui concerne Israël sont les suivants. Nous ne voulons pas dominer un autre peuple. Nous ne voulons pas gouverner le peuple palestinien. Imposer notre pouvoir par la force est contraire à notre histoire et à notre code éthique. Nous voulons pouvoir considérer le peuple palestinien comme un voisin, non comme un ennemi. Nous sommes convaincus que plus la situation de notre voisin s'améliorera, mieux cela vaudra pour nous tous. Et nous voulons oeuvrer dans ce sens sans que cela compromette la sécurité de notre peuple ni l'avenir de nos enfants. Les juifs sont un petit peuple mû par une grande foi - une foi dont le fardeau n'est pas toujours facile à porter. Voici plus de quatre mille ans que notre peuple chemine à travers l'histoire ou butte à des vents contraires, des haines inexplicables qui le menacent dans sa chair et son âme et visent à l'annihiler et à détruire sa descendance. Nous avons appris à nous défendre. La légitime défense n'est pas une fin en soi, c'est simplement la condition indispensable à notre survie. Rien, dans notre histoire ni dans le mandat dont nous sommes investis par notre peuple, ne nous autorise à négliger la sécurité : pourtant, nous sommes convaincus que la paix contribuera à une plus grande sécurité - pour nous comme pour le peuple palestinien. Nous avons conscience d'entrer dans une ère nouvelle, une ère dans laquelle la richesse et le pouvoir découlent non pas de la terre mais de l'intelligence. Nos enfants, qu'ils soient musulmans, chrétiens ou juifs, voient tous les jours à la télévision les enfants d'autres nations - en Europe, en Asie, en Amérique - vivre en toute liberté, franchir les frontières, changer d'air, jouir à la fois de la liberté d'expression et de la possibilité de s'épanouir. Nous voulons que nos enfants eux aussi aient cette possibilité. Il ne m'est pas difficile d'imaginer quels sont, du côté arabe, les aspirations des Palestiniens : ils veulent prendre en mains leur propre destin - ce qui est tout à fait compréhensible - vivre comme ils l'entendent, en parlant leur langue et en suivant les préceptes de leur foi. 55

55 1? Ils voient bien que les menaces qui s'amoncellent à l'horizon ^ du Moyen-Orient émanent non pas d'israël - Israël n'est plus un s danger pour eux - mais du fanatisme revêtu du manteau de la reli- C 1 gion. Le fondamentalisme n'est pas un phénomène religieux mais jf un mouvement de protestation séculier empruntant une forme * religieuse. C'est une protestation contre la pauvreté, la répression et la corruption. Dans les pays du Moyen-Orient, le revenu annuel par habitant est de dollars en moyenne, alors qu'il est de dollars en Europe et aux Etats-Unis. En d'autres termes, les ressources disponibles pour un enfant arabe, pour le soigner, l'éduquer, lui assurer de bonnes conditions de vie, représentent le vingtième de celles que les pays d'europe, l'amérique et, depuis quelques années, nombre de pays d'asie consacrent à leurs enfants. Violence et pauvreté étant étroitement liées, comment réduire ou éliminer ces phénomènes si on ne lutte pas sur les deux fronts à la fois? Les Etats arabes sont soucieux de maintenir leurs liens régionaux et leurs alliances traditionnelles, fondés sur la proximité géographique, afin de préserver leur propre culture et de ne pas avoir à dépendre de l'appui économique ou politique d'autres puissances. Ce qui me pousse à affirmer que les objectifs d'israël et ceux des Arabes ne sont pas nécessairement contradictoires. En fait, aucun des deux camps ne sera en mesure de les atteindre sans une action commune et concertée. C'est pourquoi nous nous employons ici avec chacune des parties à panser les plaies du passé. Nous avons réussi à régler nos différends avec l'egypte et c'est ce que nous commençons à faire avec l'olp. Je suis convaincu que nous y parviendrons. Nous avons suffisamment ressassé le passé. Nous n'avons plus d'autre choix que d'aller de l'avant. En ce qui concerne les Jordaniens, des progrès ont été accomplis. Certes, des divergences demeurent, mais elles ont trait davantage au rythme des pourparlers qu'à leur orientation. Avec les Syriens, nous sommes d'accord sur un objectif central : parvenir à la paix, mais nous cherchons encore les moyens qui nous permettront de l'atteindre. Et ce qui vaut pour la Syrie vaut également pour le Liban. Mais il ne suffit pas de guérir les maux dont nous souffrons depuis si longtemps : encore devons-nous en traiter les causes profondes, assainir réellement les plaies, afin qu'ils ne puissent resurgir. Pour cela, il faut faire du Moyen-Orient une région dans 56 laquelle chaque peuple puisse vivre conformément à ses traditions

56 et à son mode de vie ; il faut édifier un Moyen-Orient au sein duquel tous les pays pourront oeuvrer ensemble à une vie meilleure, un Moyen-Orient qui permettra à chaque jeune d'entrer de plain-pied dans le XXIe siècle en ayant le sentiment d'appartenir au groupe des nations avancées, et non pas de celles qui restent à la traîne. Pour en arriver là, il faudra que cesse le gaspillage des ressources consacrées, de part et d'autre, à des politiques aberrantes. La course aux armements et le déploiement d'armées démesurées sont des gaspillages : nous devons réduire progressivement ces dépenses au niveau régional et réaffecter les ressources ainsi dégagées à la création d'écoles et d'hôpitaux. Le maintien de régimes archaïques, souvent dictatoriaux, est aussi un véritable gaspillage. La dictature est un régime tellement coûteux que seuls les pays riches en ont les moyens. Dans les pays défavorisés, ce sont les pauvres qui financent l'hypertrophie des services secrets, les mesquineries de la censure, le culte de la personnalité et ses manifestations grotesques, les défilés et les parades organisés à grands frais, l'étouffement de toute initiative, le règne de la peur. En tout état de cause, à une époque où la disparition du rideau de fer de la politique laisse le champ libre à la télévision électronique, les jours des dictatures sont comptés. Abordons maintenant les aspects constructifs. L'économie de la région a tout à gagner à jouer la carte de la coopération régionale. Forts de l'avantage que représente la proximité géographique, nous pouvons construire une infrastructure qui permette d'exploiter les possibilités offertes par l'économie de marché. Au lieu de politiser l'économie, mettons nos politiques à l'heure de l'économie. Nous devons édifier une région qui soit fondée sur la rationalité. Les aqueducs, les gazoducs et les oléoducs doivent emprunter les itinéraires les plus courts ; au lieu de les isoler par peur et pour des raisons stratégiques, établissons entre les réseaux ferroviaires, les réseaux routiers, les aéroports, les installations portuaires, des liaisons qui répondent aux nécessités économiques. Nous devons déclarer la guerre au désert. L'explosion démographique, en contribuant à l'épuisement des sols et à la pollution des eaux, provoque la désertification qui entraîne dans son sillage la pauvreté ; la pauvreté engendre à son tour la haine et la haine prend les armes et part en guerre. Pour lutter contre le désert, il faut gérer l'eau scientifiquement. Les ressources existantes doivent être exploitées de façon 57

57 S rentable et rationnelle. L'eau peut être recyclée, ce qui permet de ^ doubler le volume consommable ; elle peut aussi être obtenue par s dessalement. ^ L'eau est un élément naturel qui n'a rien à voir avec la poli-.sf tique. Les pluies ne passent pas la douane, les fleuves se jouent des <l frontières politiques. Il en va de même dans le domaine scienti- ^ fique : les biotechniques peuvent modifier la couleur des fleurs, le goût des tomates, le rendement des arbres fruitiers. Elles peuvent épaissir la laine sur le dos des moutons et multiplier le nombre des poissons dans les mares. La science partagée et appliquée peut engendrer une véritable révolution dans notre vie à tous. Notre but devrait donc être, pour dire les choses plus poétiquement, de faire reculer le désert, d'ôter le sel de la mer et de supprimer la violence dans le coeur des hommes. Il devrait aussi être de développer le tourisme. Créons un Moyen-Orient où les gens se sentent non plus des otages, mais des hôtes. Le Moyen-Orient peut devenir un paradis pour les touristes : nos ancêtres y bâtirent des lieux saints et des pyramides. Quant à la nature, elle nous a gâtés en nous donnant l'azur des cieux et la caresse du soleil. Le tourisme peut générer des centaines de milliers d'emplois, aider à apaiser les différends, à faire qu'à la méfiance succède l'hospitalité. Après la seconde guerre mondiale, l'europe a su évoluer politiquement. Au cours des dix dernières années, l'asie a connu de profondes transformations économiques. Ces deux exemples prouvent que tout pays, quelles que soient sa situation géographique et la religion ou la couleur de ses habitants, peut améliorer le niveau de vie de sa population, à condition d'investir dans l'éducation, la science, la technique, l'infrastructure et la planification et de réduire le budget de la défense, de la guerre et de la censure. La paix est une chose trop précieuse et trop difficile à obtenir pour qu'on la confie aux hommes politiques, c'est un homme politique qui vous le dit! A cet égard, notre réunion ici-même met l'accent sur la source véritable du pouvoir de demain : notre esprit, notre âme, notre espoir. Ce dialogue entre nous humanise les accords politiques, fonde la compréhension et ouvre la voie à la réconciliation des coeurs et des esprits. Les êtres humains sont enclins au souvenir plutôt qu'à la réflexion. Songeant à ce qui était, nous craignons ce qui sera. C'est à vous - poètes, écrivains, artistes, penseurs - d'imaginer un nouvel horizon. Il est temps de réfléchir, d'espérer, de changer, d'oser, 58 d'aller de l'avant.

58 Ici, à Grenade, nous contemplons le passé avec nostalgie, mais l'heure est venue d'envisager un autre voyage, un voyage qui nous conduira à la paix et à la prospérité, qui nous permettra d'acquérir un autre état d'esprit et d'accéder à une ère nouvelle. Ce voyage, nous devons l'entreprendre pour nos enfants qui n'ont encore connu ni la faute, ni l'erreur et qui ont le droit de goûter l'espoir et le bonheur. Je vous remercie. Shimon Pères Ministre des affaires étrangères d'israël 59

59 Liste des participants Adonis. Poète, France Mme Ahrweiler, Hélène. Présidente, Université de l'europe, France Mme Alia, Josette. Journaliste, «Le Nouvel Observateur», France M. Amichai, Yehuda. Poète, Israël M. Amir, Eli. The Jewish Agency for Israël, Bureau du Directeur général, Israël Mme Amiri, Souad. Architecte, Ramallah, Cisjordanie M. Arafat, Yasser. Président du Comité exécutif de l'olp, Tunisie M. Armin, Mohammad M. Écrivain, Union des écrivains palestiniens, Jérusalem-est, via Israël M. Azoulay, André. Conseiller de Sa Majesté le Roi du Maroc M. Barnavi, Eli. Professeur, Université de Tel Aviv, Israël M. Barnea, Nahum. Journaliste, «Yediot Aronot», Israël M. Ben Jelloun, Tahar. Écrivain, France M. Ben-Ami, Schlomo. Chef, Morris Curiel Center for International Studies, Israël Mme Berdugo, Behira. Conseillère de Shimon Pères pour les Relations Publiques, Israël M. Bishara, Azmy. Professeur, Université Bir-Zeit, Jérusalem-est, via Israël Mme Boulding, Elise. Professeur de Sociologie, University of Colorado, Etats-Unis M. Boullata, Kamal. Peintre, Maroc M. Daniel, Jean. Directeur, «Le Nouvel Observateur», France M. El-Kholi, Lotfi. Écrivain, «AlAhram», Egypte M. Fernandez-Shaw, Félix. Ambassadeur, Délégué permanent d'espagne auprès de l'unesco, France Mme Freistadt, Becki. Conseillère de Shimon Pères pour la Culture et les Arts, Israël M. Gellner, Ernest. University of Cambridge, Royaume-Uni M. Habiby, Emile. Écrivain, Arabesque Publishing House, Israël M. Halman, Talat S. Professeur, New York University, Etats-Unis Mme Hareven, Shulamith. Écrivain, Israël Mme Inayatullah, Attiya. Présidente du Conseil exécutif de l'unesco, Pakistan 61

60 g Mme Izquierdo, Maria. Députée, Parlement Européen, Espagne ^ M.Julien, Claude. Journaliste, ancien Directeur du «Monde ^ Diplomatique», France '^ M. Karavan, Dani. Sculpteur, France If M. Kravetz, bistre. Journaliste, éditorialiste, «Libération», France t. M. Kuttab, Daoud. Président, Jérusalem Film Institute, Jérusalem-est, via -> Israël M. Langellier, Jean-Pierre. Journaliste, Chef du département étranger, «Le Monde», France M. Livaneli, Zùlfù. Compositeur et cinéaste, Turquie M. Martï, Félix. Directeur, Centre UNESCO de Catalunya, Espagne M. Massalha, Omar. Directeur de l'unité pour l'assistance au Peuple Palestinien, UNESCO, France M. Mayor, Zaragoza Federico. Directeur général de l'unesco, France M. Méchoulan, Henry. Directeur de recherches, CNRS, France M. Montabes Pereira, Juan. Université Euro-Arabe de Grenade, Espagne M. Mezghani, Ali. Professeur, Faculté de Droit (Tunis II), Tunisie M. Naraghi, Ehsan. Consultant, UNESCO, France M. Nasir, Sari. Université de Jordanie, Département de Sociologie, Jordanie M. Nazal, Almutawakel Said. Président, Union des écrivains palestiniens, Jérusalem-est, via Israël M. Palmor, Eliezer. Ambassadeur, Délégué permanent d'israël auprès de l'unesco, France M. Pères, Shimon. Ministre des affaires étrangères d'israël M. Sanbar, Elias. Directeur, «Revue d'études palestiniennes», France M. Sayyad, Ahmed Saleh. Président de la Conférence générale et Ambassadeur, Délégué permanent du Yemen auprès de l'unesco, France M. Sela, Michael. The Weizmann Institute of Science, Israël Mme Shahid, Leila. Observateur permanent de la Palestine auprès de l'unesco, France M. Shakhnazarov, Giorgi. Fondation Gorbatchev, Russie M. Shehadeh, Raja. Avocat Ramallah, Cisjordanie M. Sid-Ahmed, Mohamed, Journaliste, «AlAhram», Egypte M. Solana Madariaga, Javier. Ministre des affaires étrangères d'espagne 62 M. Schwartz, Fernando. Editorialiste, «ElPais», Espagne

61 M. Tamari, Salim. Sociologue, Université Bir-Zeit, Ramallah, dsjordanie M. Vidal-Beneyto, José. Secrétaire général, Agence Européenne de la Culture, France 63

62 Réalisation AMPrincipe / Carrasco UNESCO Juin 1994

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