LES NEISSERIACEAE. La taxonomie des Neisseriaceae est complexe et changeante. Seuls les genres qui ont une importance médicale seront étudiés.



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Transcription:

- Neisseriaceae,A. Decoster, FLM, p. 1 - LES NEISSERIACEAE La taxonomie des Neisseriaceae est complexe et changeante. Seuls les genres qui ont une importance médicale seront étudiés. Le genre Neisseria comprend : 2 espèces qui ne sont pathogènes que chez l'homme : Neisseria gonorrhoeae et Neisseria meningitidis, et des espèces commensales qu'il faut savoir distinguer des précédentes. Le genre Kingella comprend 2 espèces rarement isolées en bactériologie clinique : Kingella kingae et Kingella denitrificans. Le genre Moraxella comprend Moraxella lacunata, responsable de conjonctivites, et Moraxella catarrhalis, isolée chez l'homme et certains animaux et parfois responsables de conjonctivites. LES NEISSERIA Les Neisseria ont une morphologie caractéristique. Ce sont des diplocoques à Gram négatif, accolés par une face aplatie donnant aux éléments bactériens l'aspect de "grains de café". Ils sont immobiles, non sporulés, oxydase + et catalase + et sont des aérobies stricts. NEISSERIA GONORRHOEAE Communément appelé gonocoque, Neisseria gonorrhoeae est l'agent de la blennorragie qui est une affection vénérienne. CARACTÈRES BACTÉRIOLOGIQUES Morphologie Les gonocoques sont des diplocoques à Gram négatif dont chaque élément mesure de 0,6 à 0,8 µm. La disposition en grain de café est caractéristique. Dans les produits pathologiques, et en particulier dans le pus uréthral, on les trouve souvent en situation intracellulaire dans le cytoplasme des polynucléaires.

- Neisseriaceae,A. Decoster, FLM, p. 2 - Culture La culture est délicate : les gonocoques ne cultivent pas sur les milieux ordinaires mais exigent des milieux enrichis de substances organiques (sang, sérum, ascite) sur lesquels ils forment, en 18 à 24 heures, des colonies grisâtres à bords réguliers. Une atmosphère aérobie stricte et enrichie de 8 à 10 % de CO 2 est nécessaire. Le ph optimal est 7,5, la température optimale est 35-36 C. Les gonocoques sont très sensibles au froid et ne se multiplient pas en dessous de 30 C. Il existe un milieu spécial, rendu sélectif par l'adjonction d'antibiotiques, sur lequel ne se développent que les Neisseria pathogènes (gonocoque et méningocoque). Caractères biochimiques Neisseria gonorrhoeae possède une oxydase et une catalase comme toutes les Neisseria. Il acidifie les milieux contenant du glucose mais est sans action sur les milieux contenant les autres sucres étudiés (maltose, saccharose et fructose). Il ne possède pas de bétagalactosidase ni gammaglutamyltransférase et ne réduit pas les nitrates en nitrites. Antigènes Les gonocoques possèdent dans leur paroi des lipopolysaccharides antigéniques et toxiques (endotoxine). Les protéines de la membrane externe (P I, P II et P III) sont antigéniques. La protéine P I permet de distinguer de nombreux sérovars. Facteurs de virulence Le gonocoque ne produit pas d'exotoxine mais excrète une une protéase qui dégrade les IgA. Les formes virulentes possèdent des pili d'adhésion qui, avec la protéine P II, assurent la fixation des bactéries sur la muqueuse uro-génitale et qui augmentent la résistance des bactéries à la phagocytose. Le LPS produit des effets toxiques sur les cellules de la muqueuse. PATHOLOGIE Chez l'homme : uréthrite aiguë l'uréthrite aiguë est la forme la plus fréquente : l'incubation est de 3 à 5 jours, l'infection se manifestant ensuite sous la forme d'une uréthrite purulente avec rougeur du méat, suintement, brûlures lors des mictions il existe des formes frustres, des formes suraiguës et des complications (prostatite, épididymite, rétrécissement uréthral) Chez la femme : foyers multiples, discrétion des signes la maladie est beaucoup moins caractéristique ; l'infection est souvent méconnue car asymptomatique et peut être à l'origine de flambées évolutives très contagieuses,

- Neisseriaceae, A. Decoster, FLM p. 3 - sans traitement, les foyers infectieux se multiplient : uréthrite, salpingite, pelvipéritonite... avec risque de stérilité Dans les deux sexes : formes anorectales et extragénitales il est important de ne pas méconnaître les formes anorectales et pharyngées les formes généralisées, plus fréquentes chez la femme, se manifestent sous forme de septicémies, d'endocardites, d'arthrites, d'atteintes oculaires et cutanées. On observe même des méningites à gonocoque. Cas particuliers : la vulvo-vaginite de la petite fille l'ophtalmie purulente est devenue rare chez le nouveau-né mais s'observe encore parfois chez l'adulte. ÉPIDÉMIOLOGIE ET IMMUNITÉ La bactérie, très fragile, ne résiste que très peu dans le milieu extérieur et n'est pathogène que pour l'espèce humaine. Sa transmission est donc strictement interhumaine et presque toujours vénérienne. La transmission par le linge est probablement à l'origine de cas de vulvo-vaginite des petites filles. Une transmission manuportée peut être la cause d'une ophtalmie. La maladie atteint surtout les sujets jeunes. Les infections presque latentes (chez la femme notamment) et les formes frustres (dans les deux sexes) augmentent le risque de dissémination. Après une recrudescence due à la "libération" sexuelle, le nombre de cas diminue depuis 1987, la crainte du SIDA n'y étant sans doute pas étrangère. La prostitution ne constitue pas une cause importante de contagion, ce qui s'explique vraisemblablement par le professionnalisme ou la prudence des adeptes. La reconnaissance d'une infection gonococcique impose une enquête épidémiologique à la recherche des partenaires contaminants ou contaminés pour les traiter efficacement et éviter le risque de dissémination. L'infection suscite l'apparition d'anticorps (IgA sécrétoires et sériques et IgG) mais cliniquement l'immunité a peu d'effets protecteurs et les réinfections sont possibles. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE Le diagnostic biologique de la gonococcie repose sur l'examen bactériologique qui doit être complet et comporter : un examen direct après coloration de Gram, une culture sur milieux spéciaux avec isolement et identification du germe, une étude de la sensibilité aux antibiotiques.

- Neisseriaceae,A. Decoster, FLM, p. 4 - Les prélèvements Ils constituent un temps essentiel et doivent être pratiqués au laboratoire ou très près de celui-ci. Chez l'homme, on prélève une goutte du pus uréthral (la "goutte matinale"), éventuellement après massage prostatique ou "réactivation" à la bière. Chez la femme, les prélèvements doivent être multiples et guidés par l'examen clinique mais comporter obligatoirement un prélèvement dans l'endocol et un dans l'urèthre. Chez l'homosexuel, il faut faire des prélèvements anorectaux. Chez tous, il faut penser aux prélèvements amygdaliens ou pharyngés. Dans les formes cliniques généralisées : il faut avoir recours aux hémocultures, aux ponctions de liquide articulaire ou de liquide de vésicules cutanées ou aux prélèvements de pus oculaire. L'examen direct Chez l'homme, l'examen direct du pus uréthral et la culture sur milieu enrichi permettent un diagnostic généralement facile, Chez la femme, l'examen direct est souvent décevant, la culture est indispensable. La culture Les milieux enrichis doivent très rapidement être ensemencés et incubés à l'étuve dans une atmosphère enrichie en CO 2. Si un délai est inévitable, il faut utiliser un "milieu de transport" (milieu "TGV" aérobie, pour Transport de Germes Vivants). L'identification Elle repose sur la morphologie et les caractères enzymatiques et biochimiques : diplocoques à Gram négatif "en grains de café", catalase +, oxydase +, glucose +, maltose, saccharose, fructose. L'isolement sur mileu sélectif facilite l'identification. On peut également révéler les antigènes gonococciques par co-agglutination ou technique immunoenzymatique. Le diagnostic sérologique par fixation du complément (gonoréaction) est abandonné mais il convient d'effectuer un prélèvement sanguin pour sérologie syphilitique et HIV, voire hépatites B et C, car le malade a pu contracter plusieurs maladies en même temps. SENSIBILITÉ AUX ANTIBIOTIQUES Le gonocoque est généralement sensible aux antibiotiques mais apparaissent des souches productrices de bétalactamase et des souches résistantes aux cyclines ou aux fluoroquinolones. Le Céfixime est l antibiotique le plus utilisé en France, suivi des fluoroquinolones (Ofloxacine, Ciprofloxacine) et de la Spectinomycine. Le traitement peut être administré sous forme de "traitement minute" (uréthrites et cervicovaginites non compliquées) ou sous forme d'un traitement long classique : en cas de formes pharyngées ou rectales

- Neisseriaceae, A. Decoster, FLM p. 5 - associées, le traitement fait appel aux mêmes molécules, dispensées pendant 5 jours ; les gonococcémies seront traitées par la ceftriaxone pendant 15 jours ; les gonococcies de la femme enceinte seront traitées par la ceftriaxone ou un macrolide pendant 10 à 15 jours (PILLY 2010, 22 e éd.). PROPHYLAXIE Déclaration et surveillance sanitaire sont assez illusoires. Les mesures d'hygiène et éducatives sont plus réalistes. La prophylaxie "locale" est efficace (préservatifs, gelées gonocides). Le diagnostic et le traitement actif des cas cliniques est une mesure indispensable, il faut également tenter d'identifier, examiner et traiter le, la ou les partenaires sexuels réguliers ou occasionnels. On ne dispose pas encore d'un vaccin efficace. NEISSERIA MENINGITIDIS Isolé du LCR par Weichselbaum en 1897, Neisseria meningitidis est l'agent responsable de la méningite cérébrospinale ; on l'appelle aussi méningocoque. CARACTÈRES BACTÉRIOLOGIQUES Morphologie Les méningocoques sont des diplocoques à Gram négatif de 0,6 à 0,8 µm disposés en "grain de café" apparaissant parfois capsulés et en situation intraleucocytaire dans le liquide céphalo-rachidien purulent. Culture La culture est plus facile que celle du gonocoque. Les méningocoques se développent sur une gélose ordinaire mais il est préférable, en primo-culture au sortir de l'organisme, d'utiliser des milieux riches (la gélose au sang ou la gélose au sang cuit conviennent très bien) que l'on peut rendre sélectifs par adjonction d'antibiotiques. Ce sont des aérobies stricts qui se développent dans une atmosphère normale mais l'habitude prévaut des les mettre en culture sous atmosphère enrichie en CO 2. Vitalité, résistance Le méningocoque est une bactérie fragile, craignant le froid, les variations de ph, la dessication. Il ne survit que très peu de temps dans le milieu extérieur.

- Neisseriaceae,A. Decoster, FLM, p. 6 - Caractères biochimiques et enzymatiques Le méningocoque possède les caractères généraux des Neisseria (oxydase + et catalase +). Il utilise le glucose en acidifiant le milieu ainsi que le maltose (contrairement au gonocoque) mais pas le saccharose ni le lactose (ce dernier caractère le différencie de Neisseria lactamica, commensal souvent confondu avec Neisseria méningitidis) Caractères antigéniques Les polyosides capsulaires déterminent 12 sérogroupes : A, B, C, X, Y, Z, 29E, W135, H, I, K et L. 90% des infections sont dues aux 3 premiers groupes A, B et C. En Europe et en France, en particulier, le groupe B est le plus fréquemment rencontré mais le groupe C est en constante augmentation. A l'intérieur des groupes, il existe des sérotypes et des sous-types déterminés par des protéines de membrane externe (PME). Facteurs de virulence Le méningocoque ne produit pas d'exotoxines mais possède une endotoxine à structure lipopolysaccharidique. Les souches pathogènes possèdent des pili facilitant leur adhésion et produisnt des IgA protéases. PATHOLOGIE La méningite cérébrospinale donne lieu à un syndrome méningé typique avec hyperthermie et souvent purpura. Il existe des formes graves, encéphalitiques, des formes avec septicémie et des états septicémiques apparemment isolés. Chez le nourrisson, la symptomatologie est parfois trompeuse et le risque de complications et de séquelles est important. Une forme suraiguë, gravissime, appelée "purpura fulminans" de Henoch ou syndrome de Waterhouse- Frederichson, est caractérisée par une infection méningée et septicémique accompagnée de purpura hémorragique et de collapsus. La ponction lombaire ramène un liquide trouble ou purulent, riche en polynucléaires avec une protéinorachie élevée. Au tout début de l'infection, le liquide peut être encore clair. Le pronostic est généralement bon car les traitements antibiotiques sont efficaces. D'autres localisations sont possibles telles qu'arthrite ou atteinte pleuropulmonaire. ÉPIDÉMIOLOGIE Le méningocoque résiste très peu dans le milieu extérieur. C'est une bactérie strictement humaine dont la transmission est interhumaine directe par voie aérienne. En Europe et en France, le méningocoque est responsable de 20% des méningites bactériennes et représente l'étiologie principale des méningites de l'enfant et du nourrisson.. Le groupe B est le plus souvent en cause, suivi des groupes C et A. La méningite cérébrospinale s'observe surtout de façon sporadique ou sous forme de petites épidémies survenant dans certaines collectivités (écoles, internats,

- Neisseriaceae, A. Decoster, FLM p. 7 - unités militaires). Elle est plus fréquente en hiver et au printemps. En Afrique, la maladie a une évolution nettement épidémique et c'est le groupe A qui prédomine. IMMUNITÉ Le portage pharyngé sans maladie est très fréquent, les porteurs sains seraient immunisés. C'est dans les tranches d'âge où les taux d'anticorps circulants sont les plus faibles que la maladie est la plus fréquente (6 à 24 mois). L'immunisation naturelle se produirait par la colonisation du rhino-pharynx par des méningocoques ou par des commensales proches telle que Neisseria lactamica. PATHOGENIE Les méningocoques pénètrent par voie aérienne et se fixent sur la paroi du pharynx où ils adhérent grâce à leurs pili. Cette fixation est facilitée par l'iga protéase. Ils pénètrent ensuite dans les cellules épithéliales et de là disséminent dans l'organisme par voie sanguine. Les infections virales jouraient un rôle aggravant. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE Il est fondé sur la présence de la bactérie dans le LCR et dans le sang. L'examen direct Dans le LCR purulent, on peut voir, en situation intra ou extracellulaire, des diplocoques à Gram négatif; ils sont parfois très rares et l'examen direct peut être négatif. La culture et la PCR La culture est indispensable (même si le liquide est clair). On ensemence abondamment sur milieux riches (gélose au sang) et on incube à 37 C. Les co lonies apparaissent en 24 heures. Le génome du méningocoque peut être recherché dans le LCR ou le sérum par PCR. L'identification Elle est fondée sur les caractères biologiques (oxydase +, catalase +, glucose +, maltose +, sacccharose -, lactose, nitrates ) et sur les caractères antigéniques : agglutination sur lame d'une suspension de la souche par des antisérums anti méningocoques. On dispose de sérums anti A, anti B, anti C, et polyvalent. Certaines souches sont toutefois ingroupables ou polyagglutinables. La recherche d'antigènes solubles On peut mettre en évidence dans le LCR, le sérum ou les urines l'antigène du méningocoque à l'aide de réactifs au latex sensibilisés par un antisérum ou par contre-immuno-électrophorèse. La culture du méningocoque à partir d'autres prélèvements, pharyngés, broncho-pulmonaires, articulaires ou autres, nécessite des milieux sélectifs. L'identification doit être complète car la présence dans la gorge de Neisseria commensales est fréquente.

SENSIBILITÉ AUX ANTIBIOTIQUES - Neisseriaceae,A. Decoster, FLM, p. 8 - Le méningocoque est sensible aux antibiotiques mais de rares souches produisent une pénicillinase. On commence à isoler des souches de sensibilité diminuée aux bêtalactamines. Les C3G (cefotaxime, ceftriaxone) sont recommandées pour le traitement de première intention des méningites cérébrospinales (l amoxicilline ne peut être utilisée qu en cas de souche non productrice de pénicillinase). PROPHYLAXIE L infection doit être rapidement déclarée aux autorités sanitaires car les mesures prophylactiques autour d'1 cas doivent être très rapidement instituées. Elles concernent l'entourage (sujets "contacts") selon des modalités très précises (voir tableau) et comportent : une chimioprophylaxie par rifampicine ou, en cas de contre-indications (grossesse, affection hépatique, alcoolisme, porphyrie ou allergie à la rifampicine), par spiramycine une vaccination s'il s'agit de méningocoques de groupe A, C, Y ou W135. La désinfection des locaux est inutile de même que la recherche du germe parmi les sujets contacts. Le calendrier vaccinal intègre depuis 2010 l'instauration d'une vaccination systématique des nourrissons contre la méningite type C, liée au méningocoque C. Conformément aux recommandations émises par Haut Conseil de la santé publique (HCSP) en juin 2009, tous les nourrissons âgés de 12 à 24 mois devraient donc recevoir une dose de vaccin contre le méningocoque C. Le HCSP demande également que les enfants et jeunes adultes jusqu'à 24 ans soient vaccinés en rattrapage. Le vaccin est remboursé depuis janvier 2010.

- Neisseriaceae, A. Decoster, FLM p. 9 - PERSONNES CONCERNEES PAR LES MESURES DE PROPHYLAXIE Circulaire DGS du 23 octobre 2006 A noter : le sujet malade (le «cas index») doit avoir une prophylaxie dès la sortie de l hôpital. LES AUTRES NEISSERIA Outre le méningocoque et le gonocoque, il existe de nombreuses autres espèces dans le genre Neisseria ; ces espèces saprophytes font partie de la flore commensale et ne présentent qu'occasionnellement un pouvoir pathogène : Neisseria sicca, flava, flavescens, mucosa, lactamica (cette dernière est parfois confondue avec N. méningitidis). LES AUTRES NEISSERIACEAE LES MORAXELLA L'espèce type est Moraxella lacunata, réputée responsable de conjonctivites purulentes. Moraxella catarrhalis (ex Branhamella catarrhalis) est un commensal des voies aériennes parfois responsable d'infections respiratoires aiguës et d'otites chez l'enfant. Il possède presque constamment une bétalactamase. Ce sont des diplobacilles à Gram négatif, aérobies stricts.