63((&+ 5RPDQR3URGL Président de la Commission européenne 'LVFRXUV GH ELHQYHQXH DX[ QRXYHDX[ VWDJLDLUHV Palais des Congrès %UX[HOOHVOHRFWREUH
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, L'arrivée d'un nouveau groupe de stagiaires à cette époque de l'année est véritablement un second printemps pour la Commission, car les stagiaires apportent avec eux l'énergie de la jeunesse et la promesse d'idées nouvelles. C'est donc un grand plaisir pour moi de vous saluer et de vous accueillir aujourd'hui. Cet automne est exceptionnel. Pas seulement parce que Bruxelles nous gratifie d'un véritable été indien. À ce propos, ne croyez pas ce qu'on raconte: le soleil brille toujours à Bruxelles. Nous avons juste quelques nuages de temps à autre... Cet automne s'inscrit dans une année particulièrement riche en événements. Une année qui marquera l'histoire. Le passage à l'euro a eu lieu sans problèmes, contrairement aux prévisions des plus pessimistes, et la monnaie unique fait désormais partie de notre vie quotidienne. La parité euro-dollar est pratiquement acquise, et l'euro occupe une place de plus en plus importante. Ainsi par exemple, la banque centrale chinoise a converti une partie de ses réserves en euros. Ceci annonce un nouveau monde multipolaire. Lors du Sommet UE-Asie qui s'est tenu récemment à Copenhague, le Premier ministre chinois, M. Zhu Rongji, nous a annoncé que la capacité de production de la Chine permettrait de couvrir les besoins du monde entier, et que si le taux de croissance de l'économie chinoise se maintenait, il faudrait créer 300 millions d'emplois supplémentaires. Tels sont les défis auxquels l'europe est confrontée, devant lesquels même notre plus grand État membre semble minuscule. Cette année a également été marquée par l'ouverture de la Convention européenne et du débat sur l'avenir de l'europe. De plus, le Conseil européen de Copenhague doit prendre une décision capitale pour notre prochain élargissement - le plus important que nous ayons jamais connu. Cet élargissement est la plus grande initiative d'unification jamais entreprise sur notre continent. Il effacera de nombreuses séquelles du passé, nous ouvrira de nouveaux horizons et posera de nouveaux défis. Je ne saurais trop insister sur l'importance de la Convention et de l'élargissement pour tous les Européens. La Convention a pour mission de définir l'union européenne de demain. Elle se penchera notamment sur les questions suivantes: - que devons-nous faire ensemble au sein de l'ue? - quelles politiques devons-nous mener et qui doit s'en charger? - quelle structure institutionnelle nous aidera à prendre des décisions dans une Union européenne qui comptera 25 membres ou plus? La Convention doit donc s'interroger sur notre intérêt commun, et essayer de déterminer comment l'union peut se doter des institutions, des politiques et des compétences qui lui permettront de le définir et de le servir. Vous comprendrez que pour fonctionner, notre système communautaire devra toujours s'appuyer sur un intermédiaire comme la Commission, capable de jouer un rôle de médiateur. Avec les autres institutions, la Commission occupe une place prépondérante dans le développement de notre démocratie supranationale et la sauvegarde de notre unité. Vous constaterez pendant ce stage combien l'administration européenne est impliquée dans le processus d'intégration européenne et dans la réalisation d'un grand projet politique. 2
Votre travail en tant que stagiaires vous donnera de nombreux aperçus du rôle joué par la Commission, pour le respect des traités et la défense de l'intérêt commun. Les questions sur lesquelles la Convention est amenée à se pencher sont primordiales pour tous les citoyens de l'ue, aujourd'hui et demain. Elles auront également une incidence sur les pays voisins: la Russie, l'ukraine, les Balkans et les pays de la région méditerranéenne. Les Balkans occupent une position particulière dans notre stratégie d'élargissement et notre politique à l'égard des pays voisins. Ils sont le lien entre deux pôles, une charnière entre l'europe et l'asie, sur le plan géographique, culturel et religieux. L'Union européenne est un atout pour la paix et la prospérité, non seulement en Europe mais également à l'extérieur. Si nous sommes suffisamment forts - et pour cela, nous devons parler d'une seule voix sur les grands thèmes qui nous concernent tous - nous pourrons jouer un rôle également au-delà des frontières de l'europe. Et pour être forts, nous devons être plus unis. Pour être forts, nous devons nous doter d'une politique étrangère et de sécurité commune suffisamment solide, qui nous aidera à assumer nos responsabilités pour le maintien de la paix et le développement dans le monde. Pour être forts, nous devons également nous exprimer d'une même voix sur un grand nombre de sujets: les droits de l'homme, la pauvreté, l'environnement, le commerce, l'énergie -- pour n'en citer que quelques uns. Tous les domaines de la politique qui influencent nos relations avec le reste du monde. L'un de nos objectifs politiques prioritaires est de renforcer la politique étrangère commune. Mais si l'union européenne s'est fixée un certain nombre d'objectifs, elle compte également des réalisations majeures à son actif, notamment sur le plan économique : l'union douanière, le Marché unique, la monnaie unique. Pour être forts, nous devons également pouvoir compter sur une monnaie forte sur laquelle s'appuiera notre prospérité économique. En effet, c'est notre prospérité qui nous permettra de défendre un modèle de société équilibré. Nous disposons désormais d'une monnaie unique. Nous devons maintenant nous efforcer de mieux coordonner nos politiques économiques. La semaine dernière, vous avez probablement pris connaissance de nos propositions au sujet du Pacte de stabilité et de croissance. Comme vous le savez, la prudence budgétaire est essentielle pour l'uem: pour maintenir la stabilité des prix et une croissance forte à long terme, les pays européens doivent contrôler leur budget. Le Pacte de stabilité et de croissance traduit l'engagement de l'union à assainir ses finances publiques. L'un des principaux éléments du pacte prévoit que les budgets des pays de la zone euro doivent être proches de l'équilibre ou excédentaires à moyen terme. Huit des douze pays concernés ont déjà rempli cette obligation. En revanche, quatre autres ne l'ont pas encore fait. Après quatre ans d'appartenance à l'uem, l'allemagne, la France, l'italie et le Portugal continuent d'accuser d'importants déficits. Cette situation est due principalement au fait que ces pays n'ont pas mis la forte croissance qu'ils ont connue ces dernières années à profit pour assainir leurs finances publiques. 3
En juin dernier, ces pays se sont engagés à réduire leur déficit dans les deux prochaines années pour les ramener à une situation proche de l'équilibre pour 2004 au plus tard. À l'époque, cela paraissait faisable, parce que, comme tout le monde, nous espérions une forte reprise de l'économie au second semestre 2002 et une nette accélération de la croissance les années suivantes. Malheureusement, tant en Europe qu'aux USA, la reprise de la croissance se fait toujours attendre. La Commission se trouvait face à un dilemme. Devions-nous forcer les États membres à respecter leur engagement malgré l'évolution de la situation économique et risquer d'aggraver la récession? Ce qui, je tiens à le souligner, aurait constitué un risque pour l'ensemble de la zone euro, étant donné que les trois grands États membres représentent les trois quarts de l'économie de cette zone euro. Ou devions-nous faire preuve de réalisme et accepter une dilution de l'effort d'ajustement exigé de ces pays et risquer de porter ainsi préjudice à la crédibilité du pacte de stabilité et de croissance? La Commission a fait une proposition pour sortir de ce dilemme. Nous avons proposé d'accorder un délai plus long aux pays toujours déficitaires pour parvenir à l'équilibre budgétaire. Mais nous leur avons demandé de réaliser un ajustement structurel minimum chaque année et de s'engager à mener une politique encore plus restrictive lorsque la croissance le permettrait. Je pense que cette proposition est compatible avec nos deux objectifs: soutenir l'activité économique en cette conjoncture difficile et renforcer la crédibilité du pacte en évitant la répétition des erreurs commises dans le passé en période de forte croissance. Ces propositions seront inscrites dans les principes communs que la Commission proposera sous peu en vue de renforcer le processus de coordination des politiques économiques comme l'a demandé le Conseil européen de Barcelone. En tant que stagiaires, vous travaillerez dans tous les services de la Commission. Collectivement, vous couvrirez tout l'éventail des travaux et politiques de la Commission. Vous pourrez également mesurer les défis et les avantages qu'implique le fait de travailler dans un environnement multiculturel et multilingue. Nous travaillons en onze langues, et ce nombre pourrait doubler après l'élargissement. Cela complique notre travail, mais cela élargit notre horizon. Je suis sûr que, comme chacun d'entre nous, vous trouverez que partager nos idées et comparer nos approches avec des collègues d'autres cultures constitue une expérience enrichissante. Pour nombre d'entre vous, il ne s'agit pas d'une première expérience dans un autre environnement culturel. Vous avez déjà étudié à l'étranger, par exemple dans le cadre du programme Erasmus. Erasmus est un succès extraordinaire. Depuis son lancement en 1987, un million d'étudiants en ont profité. Dans deux semaines, nous célébrerons la semaine Erasmus. Trente étudiants Erasmus, anciens et actuels, viendront à Bruxelles à cette occasion. Erasmus a beaucoup fait pour la promotion de la mobilité des étudiants et la coopération entre les universités. Il a contribué également à façonner une identité européenne commune. 4
Nous voulons poursuivre dans cette voie. C est la raison pour laquelle nous avons décidé d'ouvrir totalement le programme, une sorte de mondialisation "peoplefriendly". Erasmus World ouvrira nos universités au monde. Qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie accueillir dans nos universités des étudiants de troisième cycle et des lecteurs du monde entier. En même temps, cela signifie ouvrir nos universités à des étudiants et à des chercheurs venant de partout, à leurs idées, à leur énergie, à leur contribution. Avec le système de mastères européens, cela nous aidera à atteindre notre objectif qui est de faire de l'europe un pôle d'innovation et d'influence intellectuelle et scientifique. C'est bon pour les étudiants et les chercheurs et c'est bon pour l'europe. Exactement de la même façon que les stages à la Commission sont bons pour les stagiaires et pour nous. Un grand nombre d'entre vous viennent de pays européens qui ne sont pas membres de l'union européenne. Et certains d'entre vous viennent d'encore plus loin. Cet échange d'idées entre cultures est inestimable. Mais c'est plus que cela. Dans le monde dans lequel nous vivons, c'est indispensable. La plus grande menace à laquelle nous devons faire face vient peut-être de l'intolérance des autres cultures. Bien sûr, il y a d'autres menaces - pour l'environnement par exemple. Et cela met en danger notre existence même sur cette planète. De plus, le fossé Nord-Sud, les écarts de revenus, les disparités sur le plan des conditions de vie, de la santé et des soins de santé, des perspectives de vie décente, menacent nos relations avec les habitants des autres continents. Nous devons nous attaquer à tous ces problèmes. Mais nous devons également combattre l'intolérance. Non seulement dans nos relations avec les pays voisins, mais également dans nos propres cités. C'est la raison pour laquelle j'ai toujours insisté sur la nécessité d'un dialogue entre les cultures et entre les peuples. C'est le message que j'ai adressé à la rencontre interreligieuse à laquelle j'ai participé en décembre dernier, après les événements atroces du 11 septembre. C'était également mon message à la conférence sur le dialogue interculturel organisée en mars. Et au colloque organisé récemment sur les cultures, les religions et les conflits à Beyrouth. C'est l'idée qui est à la base de la fondation euro-méditerranéenne pour le dialogue entre les cultures que nous envisageons de créer. J'ai constitué un groupe consultatif à haut niveau qui examinera comment cette fondation peut donner un élan à ce dialogue culturel euro-méditerranéen et définir des orientations pratiques pour une nouvelle approche de la coopération culturelle. Comme vous le voyez, des actions sont entreprises pour concrétiser cette idée. En votre qualité de stagiaires de toute l'europe et d'autres pays encore, vous renforcez et rafraîchissez notre diversité. Vous apprendrez à notre contact et au contact des autres. Et vous nous enrichirez de vos idées. Ainsi, Mesdames et Messieurs, l'automne et l'hiver que vous allez passer à la Commission vous ouvrent de grandes perspectives. Vous arrivez à un moment crucial. Je ne doute pas que vous en tirerez le meilleur parti. Je vous souhaite plein succès dans vos stages. Je vous remercie. 5