De la biodiversité à la gestion des prairies des haras



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Le magazine en ligne de l actualité technique et scientifique équine De la biodiversité à la gestion des prairies des haras Par : Daniel Leconte, Le Pin au Haras Dans les haras, la conduite des prairies demeure traditionnelle : fertilisation modeste, absence d entretien, récolte tardive des foins, absence de fauche des refus... et les éleveurs manquent de références pour caractériser leurs prairies, non seulement en termes de productivité, mais aussi pour apprécier leur état et leurs potentialités. Devant cette diversité de végétations et de situations, il convient de se poser les bonnes questions pour proposer un diagnostic approprié. Les méthodes d inventaire botanique et de diagnostic prairial, proposées depuis le début des années 1990 (Leconte, 1991 a), sont vulgarisées entre autres par le GNIS, (Leconte et al, 1993). L. Marnay, Ifce Les herbages des haras : Une problématique connue Les herbages pâturés uniquement par les chevaux présentent des caractéristiques maintes fois décrites ; avec des zones surpâturées et des zones de refus (Loiseau et Martin Rosset, 1989 - Gillet, 2005 Fleurance et al 2000), et ce quel que soit le chargement (Leconte, 2011). Bien que le cheval affectionne l herbe haute (Edouard et al, 2008), il recherche en priorité une herbe riche (Fleurance et al, 2000 Edouard et al, 2010) composée de graminées et de légumineuses (Fleurance, 2009), ce qui le conduit à pâturer une herbe jeune et rase à feuilles courtes (Leconte, 1985) en revenant fréquemment sur les mêmes zones. Ce comportement spécifique nuit à la végétation prairiale qui se dégrade rapidement dans de nombreux haras. La flore des zones surpâturées est envahie par des plantes à rosette (pâquerette, pissenlit, plantain majeur) et le pâturin annuel ; alors que les zones refusées sont colonisées par des espèces à grand développement (houlque, dactyle, plantes diverses). 1

La fauche et l enlèvement des refus, que certains préfèrent au broyage (Doligez, 2003), rétablit alors provisoirement l équilibre de la prairie. D autres moyens sont proposés comme le pâturage mixte associant des bovins aux chevaux (Lafon, 2004 Déols, 2005 Blin, 2007). Le mélange des espèces animales nécessite cependant quelques précautions ; les poulinières suitées pourraient être associées aux vaches allaitantes (Bourgeois, 2005), mais les jeunes chevaux conviennent mieux avec les bovins d élevage, ce qui évite les courses-poursuites après les veaux. L équilibre entre les espèces peut aller au minimum de 20% de bovins à 50% (Guerber-Cahuzac, 2003). Cependant avec des chevaux de grande valeur le pâturage alterné des bovins après les équins évite tout risque de confrontation et de contamination. Certains redoutent les effets négatifs du parasitisme disséminé par les bovins, avec un parasitisme accru des poulains en pâturage tournant (Hamet et al, 2000). De nombreux auteurs précisent néanmoins que les strongles en cause diffèrent selon le type d animal bloquant ainsi les cycles d infestation (Lafon, 2004 Smith Thomas, 2010). Composition botanique des prairies, une biodiversité parfois surprenante Les études de la végétation des prairies équines proviennent souvent de couverts particuliers issus de prairies humides ou de couverts de montagne. Dans l ouest de la France les prairies normandes se caractérisent par une présence relative de 55% de poacées (graminées), dominées par les ray-grass anglais, agrostides, houlque laineuse et pâturin commun, de 12% de fabacées et de 33% de plantes diverses (Leconte D., Trillaud Geyl C., 2012). (Présence relative P%) Prairies normandes Haras du Pays du Merlerault Nord-Est type Pâtures Fauche moyenne Haras national Haras privé Haras privé Plaine 61 Haras privé année 2002 à 2010 2002 à 2010 2002 à 2010 2010 2008 2004 2014 NB parcelles 341 65 406 11 20 20 11 Ray-grass anglais 9,8 7,3 9,4 8,4 7,5 9,0 3,0 Agrostides 9,5 8,1 9,2 9,2 8,4 6,8 14,3 Houlque laineuse 8,0 6,5 7,7 7,3 9,0 2,0 4,6 Pâturin commun 8,7 7,5 8,5 10,1 10,4 4,7 14,0 Poacées des sols humides 6,8 7,4 6,9 14,8 15,6 1,9 5,5 Poacées des sols séchants 5,8 7,0 6,0 3,0 2,5 11,1 14,6 Autres Poacées 6,2 9,0 6,6 5,8 2,6 7,1 15,5 Aromatiques et Divers NA 15,9 22,0 16,9 20,6 17,1 28,8 17,5 Toxiques et indésirables 17,1 13,8 16,5 10,9 20,4 19,6 3,6 Total des Poacées 54,8 52,6 54,5 58,5 55,8 42,6 71,5 Total des Fabacées 12,2 11,5 12,1 10,0 6,7 9,0 7,4 Total Plantes Diverses 33,0 35,8 33,5 31,5 37,5 48,5 21,1 Tableau 1 / Composition botanique des prairies des haras comparée aux normes régionales 2

Comparées aux autres prairies normandes les herbages destinés aux chevaux présentent des caractéristiques très variables en fonction des modes de conduite. Les prairies du Pays du Merlerault, dans l Orne, sont proches des références régionales, avec un peu plus de poacées et un peu moins de fabacées (légumineuses) au haras national du Pin et nettement moins de fabacées et plus de diverses (renoncules) dans les prairies exposées au nord d un haras privé. Pour une même conduite, similaire d années en années, la composition botanique évolue peu. Ainsi les prairies du haras national du Pin, peu fertilisées, utilisées en pâturage mixte bovinschevaux et dont les refus sont fauchés une fois par an ont peu évolué depuis 1981 (Goudchaud, 1981 Bourcier, 1995 - Quitard, 2004). En revanche les prairies des haras du nord-est de la France (Moussu et al, 2004) généralement conduites en pâturage libre sont très dégradées avec en moyenne plus de 48% de plantes diverses (dont 20% de toxiques et indésirables), 9% de fabacées et 43% de poacées plutôt adaptées aux zones séchantes. Lors de telles déprises les indésirables augmentent (Carrère 2007). Dans certaines de ces prairies le sous-chargement conduit, en l absence de fauche des refus, à une déprise sur la presque totalité des parcelles, avec la colonisation par des espèces inconnues en prairies exploitées normalement (ache faux cresson, alliaire officinale, benoîte commune, cornouiller sanguin, clématite des haies, gouet maculé, gaillet gratteron, géranium herbe à robert, lierre grimpant, marjolaine origan, mercuriale annuelle, orme champêtre, orpin reprise, véronique des ruisseaux). Ces prairies nécessiteraient, suite à un diagnostic approfondi (Leconte et al, 1998), une remise en état drastique ou une rénovation complète. Cependant, de nombreuses espèces toxiques ou indésirables peuvent être maîtrisées par des traitements herbicides ciblés et régresser à moins de 4% (Haras de plaine), tout en conservant une bonne diversité botanique au sein des espèces aromatiques et autres diverses. Le mécanisme des refus modifie considérablement le faciès de la végétation. Bien que les mêmes espèces (18 sur 23 au Pin au Haras) se retrouvent dans les zones surpâturées et les refus, leur abondance diverge rapidement (Manteaux, 1996). D une part les zones surpâturées de prairies du haras du Pin (tableau 2) sont colonisées par des espèces compétitrices tolérant le pâturage (Louault et al, 2005) et des espèces conservatrices de petite taille, supportant mal la compétition (trèfle blanc, agrostide commune, crételle). (Abondance : B%) Zone D autre part les zones de refus sont colonisées par des espèces conservatrices de grande taille qui étouffent les compagnes (houlque laineuse, vulpin des prés, dactyle et fétuque élevée chez les poacées, lotier des marais et gesse des prés chez les fabacées, et enfin les joncs, carex, stellaire graminée, achillée millefeuille, renoncule rampante, chardon des champs et ortie dioïque pour les diverses). La flore de telles prairies s est donc dégradée, aussi bien dans les zones surpâturées avec la régression de l abondance des poacées et l accroissement non maîtrisé du trèfle blanc (B% = 38%), que dans les zones de refus où l abondance des diverses dépasse 21% de la biomasse. juin-04 Surpaturée Refusée Agrostis tenuis 11,6 2,7 Crételle commune 2,6 0,8 Dactyle agloméré 0,0 2,5 Fétuque élevée 0,8 1,7 Houlque laineuse 11,4 25,0 Vulpin des prés 5,4 8,9 Gesse des prés 0,0 2,4 Lotier des marais 0,1 4,1 Trèfle blanc 35,2 6,0 Achillée millefeuille 0,8 2,4 Carex sp 1,0 2,6 Chardon d. champs 0,1 1,8 Jonc sp 6,4 9,6 Ortie dioïque 0,0 0,8 Renonc. rampante 0,2 1,9 Stellaire graminée 0,0 2,5 Total des Poacées 53,6 63,5 Total des Fabacées 37,8 14,9 Total Plantes Diverses 8,5 21,6 Tableau 2 / Espèces différentielles des zones refusées et surpâturées 3

Les zones surpâturées s épuisent au profit des zones de refus qui s enrichissent en éléments minéraux ; phosphore et potasse en particulier (Laissus, 1980 Manteaux 1996 Micol 1995 - Carrère, 2007). Par ailleurs le pâturage hivernal dégrade complètement la flore prairiale avec l apparition d espèces supportant le piétinement (Tableau 3) et de sol nu sans végétation. Dans ces conditions un sursemis s impose, non seulement sur le pourtour des paddocks, mais sur la parcelle entière dès que la proportion de sol nu dépasse 10% de la surface. Avril 2004 Pâturage en cours de saison Moyenne de 8 parcelles" Pâturage durant tout l hiver Régression Accroisement Agrostis stolonifère 9,2 11,6 Agrostis tenuis 1,8 0,8 Crételle commune 1,9 0,0 Dactyle agloméré 0,4 0,0 Fléole des prés 5,2 1,6 Flouve odorante 0,6 0,0 Houlque laineuse 14,1 0,0 Paturin annuel 0,1 3,7 Paturin commun 15,2 0,1 Ray-grass anglais 6,6 0,7 Vulpin des prés 14,5 1,6 Vulpin genouillé 0,0 0,8 Trèfle blanc 9,6 1,9 Trèfle violet 1,1 0,0 Capselle bourse à P 0,1 0,7 Carex sp 2,1 0,4 Céraiste commun 0,7 0,1 Chardon d. champs 0,8 1,6 Chénopode blanc 0,0 0,3 Jonc sp 1,8 0,0 Laiteron rude 0,0 0,4 Matricaire discoïde 0,0 1,0 Mouron blanc, oisx 0,0 0,4 Mousse sp 0,0 0,1 Paquerette vivace 0,4 0,0 Pissenlit officinal 0,8 1,3 Plantain majeur 0,0 12,3 Renoncule acre 1,4 0,0 Renonc. rampante 3,5 1,6 Renouée des oiseaux 0,0 2,4 Rumex sp 0,7 1,3 Sol nu 0,0 53,4 Tableau 3 / Incidence du pâturage hivernal sur l abondance des espèces (parcelle hébergeant un lot important de juments) Faire le point sur les pratiques avec le diagnostic rapide de la végétation Dans un premier temps un diagnostic rapide à l aide d une grille de six critères permet (Trillaud Geyl et al, 2012), lorsqu il est pratiqué sur les pâtures à la fin du printemps, de préciser si la conduite est satisfaisante ou non (tableau 4). Cette appréciation visuelle permet de détecter les anomalies évidentes de conduite lorsque le total des notes observées est inférieur à 12 sur 18, 4

et de proposer des améliorations sur les critères notés moins de 2 comme : le choix d un meilleur stade d exploitation (hauteur et qualité du couvert), la résorption des refus par un pâturage mixte (bovins-chevaux) ou une fauche de nettoyage, la maîtrise des espèces gênantes (indésirables ou toxiques) par une fauche aux stades critiques, une éradication manuelle ou l emploi de désherbants totaux par humectation, ou sélectifs en localisé ou en plein, la reconstitution d un gazon dense en pratiquant un sursemis s il y a trop de sol nu, et en épandant une fertilisation équilibrée. Critère Note : 3 2 1 0 Note observée sol nu abs ts les 2-5 ml ts les 1-2 ml >10%... Propreté <1 indésirable/ are 1 à 4 /are 5 à 10 /are > 10/are... Hauteur cheville mi-jambe genou > genou... Qualité feuillu peu épié épié 50% floraison... Refus* inexistants moins de 25% 25 à 50% plus de 50%... Entretien régulier occasionnel rare abs... Total... / 18 Tableau 4 / Grille de notation visuelle de l état de la végétation au pâturage *exprimés en % de la surface de la parcelle Le diagnostic approfondi - un préalable primordial Le diagnostic prairial approfondi entre dans une démarche plus complète prenant en compte différents aspects et s appuyant sur la brochure éditée par le GNIS «Améliorer la prairie, diagnostic et décision» (Leconte et al, 1993). Il convient d abord de préciser les objectifs de l éleveur, puis d observer l état de la prairie, ensuite récapituler l historique de la parcelle, son état de dégradation, et souligner ses caractéristiques. Enfin il s agit de réaliser une analyse floristique afin de prendre des décisions ciblées en préservant si possible la végétation en place dont la flore diversifiée est adaptée aux conditions pédoclimatiques. Proposer une démarche progressive Le pronostic permet alors de préconiser une série de propositions pragmatiques telles que : La levée des contraintes : assainissement, drainage éventuel, amendements. L ajustement du chargement, (nombre d animaux à l hectare) au potentiel pédoclimatique, suivant la saison. La maîtrise de la fertilité du sol pour optimiser la production prairiale en rectifiant les carences du sol et/ou de la végétation, et en apportant si besoin en cours de saison une fertilisation azotée modérée. La gestion de l hétérogénéité spatiale : pâturage mixte et fauche des refus par broyage lors d une faible biomasse ou par fauche et enlèvement de la végétation en présence de trop grandes quantités de fourrage (sinon la végétation étouffée sous une forte litière, devient clairsemée favorisant ainsi le salissement par des adventices). 5

Le rétablissement de l homogénéité des parcelles par des apports de fumier composté et de fertilisants minéraux uniquement sur les zones surpâturées qui ont été épuisées au fil des ans. Le hersage de la prairie pour niveler le sol dégradé par le piétinement, étaler les taupinières et arracher la végétation morte. Mais ce hersage ne détruit pas les mousses si le faible chargement et l excès d humidité du sol ne sont pas améliorés (Leconte, 2007). Ce hersage peut être réalisé en fin de saison pour limiter la contamination parasitaire, ou au printemps après un pâturage hivernal et sur les parcelles à faucher. Contrairement à une idée largement répandue cette intervention est sans effet bénéfique sur la minéralisation de la matière organique et n a pas d effet starter. La destruction des plantes diverses indésirables, si possible mécaniquement ou par des traitements herbicides ciblés utilisés localement là où il y a besoin. L amélioration douce du tapis végétal en conservant la prairie en place ou en sursemant la prairie présentant une proportion de sol nu (piétinement, désherbage sélectif, dégâts climatiques...) supérieure à 10%. Le ressemis complet des prairies trop dégradées envahies par plus de 20% de plantes diverses toxiques ou indésirables, et l implantation d espèces adaptées au milieu et au mode de conduite (piétinement, souplesse d utilisation...). Exclure l introduction des ray-grass italien et hybride qui polluent les prairies de longue durée par des remontaisons constantes, éviter les dactyles difficiles à exploiter en pâturage au printemps, et préférer le ray-grass anglais diploïde, les fétuques, la fléole, le pâturin des prés. Comment résorber les refus? Un enrichissement du sol a été mis en évidence dans les zones refusées ainsi qu un épuisement des zones surpâturées, surtout en potasse (tableau 5). Une prairie pâturée exporte peu (Leconte, 1986); de l ordre de 7 kg de phosphore et de potasse par tonne de matière sèche produite. En revanche les zones surpâturées par les chevaux ne bénéficient pas des restitutions par les crottins, et exportent au moins 30 kg de potasse ; un peu plus que des parcelles fauchées car l herbe y est jeune et riche en minéraux. Ces zones surpâturées et appauvries produisent de moins en moins et la flore s y dégrade (pâquerettes, agrostides, pissenlit ). Pour homogénéiser la pousse sur l ensemble de la prairie, il est donc nécessaire de rééquilibrer ces zones par des apports annuels d une vingtaine de tonnes de fumier composté, ou par une fumure minérale riche en potasse (35P et 150K pour une production de 5 tonnes de matière sèche). De même on apportera une fumure azotée modérée (Morhain et al 2007), qui favorise les poacées, (30 unités par épandage) uniquement sur les zones surpâturées pour que dès la mise à l herbe la hauteur du couvert soit homogène sur toute la parcelle. Le pâturage mixte bovins-chevaux permettra aussi de limiter le développement de nouvelles zones de refus, tout en limitant les recours aux broyages mécaniques. ph P 205 K 20 Mg 0 Ca 0 Zone de refus 6,28 0,57 0,37 0,26 4,08 Zone surpâturée 6,48 0,30 0,10 0,20 4,08 Tableau 5 / Teneur en minéraux du sol des zones de refus et surpâturées (Laissus, 1980) 6

Préserver la flore des herbages La maîtrise des deux adventices indésirables que sont les rumex et les chardons des champs est délicate. Si les rumex sont peu nombreux un arrachage manuel est envisageable, dans le cas contraire le recours au désherbage sélectif ponctuel (sarclage chimique) ou en plein devient indispensable avec la pulvérisation d une spécialité commerciale spécifique. Pour les chardons des champs les fauches ciblées, en fin de printemps juste avant la non traités, les rumex peuvent envahir les parcelles floraison et si besoin sur les repousses de fin d été, évitent la formation des graines et leur propagation mais ne les détruisent pas ; il en est de même des fauches répétées à chaque cycle. Seul le traitement chimique en vient à bout après quelques années. Les herbicides disponibles sont peu ou pas sélectifs, ces derniers ne doivent alors être utilisés qu en localisé sur les plaques de chardons afin de préserver la biodiversité de la prairie. L. Marnay, Ifce Quand faut-il refaire sa prairie? En présence d une végétation clairsemée, avec plus de 10% de sol nu, un sursemis de ray-grass anglais est souhaitable pour éviter la colonisation du sol dépourvu de végétation par des adventices. Mais cette technique aléatoire a plus de chances de réussir sur le pourtour des paddocks et en l absence d agrostides ; poacée stolonifère ayant un fort pouvoir antigerminatif (Leconte et al, 1984). Lors d une dégradation importante de la végétation et le développement d espèces toxiques ou indésirables, résistantes aux herbicides sélectifs, représentant plus de 20% en présence relative, la rénovation complète devient nécessaire. Choix des espèces à introduire Contrairement aux ray-grass italien et hybride, les ray-grass anglais sont très bien adaptés au pâturage, et résistent bien au piétinement, en particulier les diploïdes qui ont un tallage important. En conditions océaniques humides le ray-grass anglais est donc la base ; on y associe quelques poacées comme la fétuque des prés (très appréciée des chevaux et bovins) et la fléole dont le foin fibreux est recherché par les équins. On peut y adjoindre des espèces secondaires comme la fétuque rouge demi-traçante (Mosimann et al 2004) et le pâturin des prés, espèces qui colonisent les espaces vides. Le trèfle blanc est très appétant et devient vite envahissant et ingérable dans les zones surpâturées : son introduction est à proscrire. Dans les zones séchantes le dactyle assure une production estivale, mais sa maîtrise difficile au printemps incite l éleveur à le réserver pour la fauche. Pour le pâturage on peut alors se replier 7

sur la fétuque élevée à feuilles souples associée à deux ray-grass anglais (un diploïde et un tétraploïde plus résistant à la sécheresse) et aux espèces secondaires précédentes. Espèces Prairie saine à humide Prairie séchante Ray-grass anglais diploïde demi-tardif à tardif 15 5 Ray-grass anglais tétraploïde demi-tardif à tardif 5 Fétuque élevée à feuilles souples 15 Fétuque des prés 10 Fléole des prés 5 Fétuque rouge demi-traçante 5 Pâturin des prés 5 5 Dose totale de semis en kg/ha 35 35 Tableau 6 / Mélanges prairiaux destinés aux chevaux (kg/ha) Mise en place et entretien de la nouvelle prairie Le choix d espèces dont la levée est délicate (fétuques, pâturin, et fléole) impose, suite au labour, une préparation soignée du lit de semence suivie d un roulage énergique. Sur les sols non labourables la rénovation sans labour (Leconte et al, 1998) nécessite l emploi d un «Rotadairon» (houe rotative à axe horizontal muni d une grille, dont le rotour tourne en sens inverse de l avancement, ce qui permet d enfouir les cailloux et le mat racinaire). Les semis de fin d été début d automne sont plus faciles à réussir que les semis de printemps, et le salissement par les adventices est moindre. Les semis de printemps doivent être réalisés au moins deux mois avant les déficits hydriques habituels. Un apport de 200 à 300 kg de triple 15 à l hectare est souvent utile pour doper l implantation. Si le jeune semis est envahi par des adventices qui compromettent l installation du couvert semé, un désherbage peut-être envisagé, mais en général une fauche de nettoyage suffit quatre à six semaines après le semis. Les repousses peuvent être pâturées un mois après, c est-à-dire 60 à 70 jours après un semis de printemps. Les semis d automne ne sont souvent pâturés qu au printemps suivant, lorsque la portance du sol le permet ; c est-à-dire lorsqu en marchant dans la prairie le talon enfoncé brutalement pénètre difficilement (ce qui correspond à un indice de pénétrométrie de 5-6, Granval et al, 2001). La fertilisation de la nouvelle prairie doit tenir compte du mode d exploitation et des besoins des herbivores. Conclusion Quel que soit le type d animal il faut toujours assurer l équilibre entre la production fourragère et les besoins des herbivores en adaptant le chargement tout au long de la saison. Les chevaux créent une hétérogénéité spaciale qu il faut en permanence corriger par une fertilisation localisée sur les zones surpâturées, associée si possible à un pâturage mixte, et en broyant les refus minimes ou en récoltant en foin les refus conséquents. La composition botanique des prairies permanentes ou temporaires peut ainsi être préservée pour assurer leur longévité. La diversité botanique des prairies assure un bon équilibre alimentaire et minéral des chevaux, mais cette diversité doit être maîtrisée pour limiter le développement d espèces indésirables ou toxiques. 8

Si tel n est pas le cas il convient d apprécier l opportunité d une rénovation. Le cheminement proposé permet, après avoir pris en compte les souhaits de l éleveur, de déterminer les points prioritaires à améliorer en fonction de la rapidité du résultat escompté. Une prairie médiocre peut avec le temps parvenir à un niveau de productivité satisfaisant, en complétant éventuellement l amélioration douce par un sursemis ; ces techniques préservent la biodiversité végétale en place. Les méthodes de rénovation complète, lourdes et coûteuses, doivent être utilisées à bon escient pour assurer la réussite de l implantation et garantir la pérennité de la prairie. Références Blin F., 2007. Copâturage : quelle vache choisir? La revue technique du cheval, n 8, 12-13 BourgeoisS., 2005. Bovins et chevaux font bon ménage au pâturage. Réussir bovins viande, n 116, 56-58 Bourcier J.F., 1995. Inventaires botaniques des prairies du Haras du Pin. Synthèse des observations conduites par le Domaine Expérimental Fourrager du Vieux Pin Boutruche M., 2005. Désherbage d entretien des prairies installées. Guide de l herbe, Prairiales Normandie, fiche 29, Carrère P., 2007. Fonctionnement de l écosystème prairial pâturé. 33 journée d étude, Les Haras nationaux, 215-230 Déols F., 2005. Copâturage :fais-moi une place. Les cahiers du cheval arabe, n 16, 52-53 Doligez E., 2003. Cinq règles pour bien conduire les prairies à chevaux. Tech Agri n 31, février-mars 2003, 21-23 Edouard N., Fleurance G., Duncan P., Baumont R., Dumont B., 2010. Déterminants de l utilisation de la ressource pâturée par le cheval. Inra Prod. Anim. 22 (5), 363-374 Edouard N., Fleurance G., Duncan P., Dumont B., Baumont R., 2010. Effet de la hauteur de l herbe pâturée sur l ingestion et les choix alimentaires des chevaux. 34 journée d étude, Les Haras nationaux, 51-61 Fleurance G., Duncan P., Menard C., 2000. Utilisation hétérogène d une prairie par des chevaux : relation avec les caractéristiques de la végétation et l état d infestation parasitaire de la pâture. 26 journée d étude, Les Haras nationaux, 153-165 Fleurance G., 2009. Utilisation de la ressource pâturée par des chevaux conduits à différents niveaux de chargement et performances zootechniques. Equ idée été 2009, n 67, 42-43 Guerber-cahuzac A., 2003. Gestion des pâtures, refuser les refus. L éperon n 226,59-61 GilletE., 2005. Des herbivores pas comme les autres. Cheval magazinen 402, 60-63 Goudchaud, 1981. Aperçu phytosociologique sur les herbages à chevaux du Domaine du Haras National du Pin au Haras. Mémoire de fin d études Granval P., Leconte D., Bouché M-B., 2001. Adapter la technique de semis des prairies pour maintenir de fortes biomasses de lombrics dans des sols normands hydromorphes. Fourrages 165, 73-88. Hamet N., Doligez E., Cazier C., Chansard F., Nizet C., Collobert C., 2000. Définition de messages techniques cohérents concernant le pâturage des chevaux et la prévention du parasitisme : I Relation entre la gestion des zones pâturées et la contamination de l herbe et des animaux. 26 journée d étude, Les Haras nationaux, 45-53 9

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