Dossier : Le «phénomène» d achat de fans et de follower : qui, où et pourquoi? Regnier Thomas
QUI? Mais qui sont ces pourvoyeurs de popularité jamais en manque de solutions concernant ce sujet? Un jeune étudiant en manque d amour? Des professionnels d un domaine d activité bien précis qui se sont ratés? Où tout simplement une personne qui a envie de faire parler de lui? Ce sont en tout cas des personnes qui ont une véritable idée derrière la tête avec un objectif bien précis. De la personne qui souhaite augmenter sa courbe de popularité à l entreprise qui souhaite faire le buzz, tous les moyens sont bons et les outils nombreux. Mais aujourd hui en plus de ces cas rencontrés, une nouvelle forme d achat se met en place à savoir l achat pour une cause. Ce fut par exemple récemment le cas suite à l affaire du bijoutier de Nice. En réaction à un événement tragique début septembre 2013, une page Facebook a été crée en soutien au bijoutier et a vu ses statistiques s envoler. C est en tout plus de 1.2 millions de «j aime» qui ont été collectés en l espace de seulement trois jours (1.6 millions aujourd hui). 1- Capture de la photo de couverture de la page Facebook "soutien au bijoutier de Nice" Tout de suite, la France s est réjouit de cet élan de solidarité de la part de ses concitoyens mais très rapidement une question s est posée. Qui a crée cette page et dans quel but mais également qui sont ces millions de français qui ont cliqué sur «j aime». Il est impossible de pouvoir répondre à la première question sachant que tous les paramètres de confidentialité ont été mis en place au maximum pour n apercevoir aucune information. Pour la seconde question il est également impossible d y répondre. Manœuvre politique, acte isolé ou simple ami de la famille, nous n aurons jamais de réponse (le créateur de la page n a souhaité répondre à aucune interview). La réponse à la dernière question quant à elle s éclaircie de plus en plus. Si dans un premier temps des analystes affirmaient que plus de 80% des «j aime» provenaient de minor countries(petits pays éloignés de la France), de nouvelles statistiques affirment qu au moins 60% des «j aime» provenaient d internautes francophones. Véritable élan de solidarité à la française ou achat de «j aime» très personnalisé, nous n aurons peut être jamais la réponse. Toujours est- il qu aujourd hui, il n est pas possible de consulter la liste des personnes ayant «liké» la page. Seuls nos propres amis sont 2
proposés à la consultation parmi les «j aime» et aucune publication d utilisateurs ne peut d ailleurs être rédigée. 2- Capture de la page Facebook "soutien au bijoutier de Nice" POURQUOI? Cela nous amène donc à se demander pourquoi un tel phénomène se met- il aujourd hui en place? De potentiels clients préféreront «liker» une page Facebook d une entreprise ou d une promotion d un produit qui possède des milliers de fans, plutôt qu une page avec uniquement une dizaine de fans. Cela va de soi et c est également notre réaction à nous tous. En effet, cela est tout simplement un gage de solidité pour donner confiance au client potentiel. Cela permet de donner à la marque ou au produit un critère de pertinence et pour l entreprise une sorte de campagne de e- marketing réalisée en accélérée. C est aussi le cas pour Twitter. Un utilisateur lambda qui se dit professionnel de l information- communication paraîtra tout simplement plus connu et se sentira plus important s il possède 250 000 suiveurs, qu un véritable professionnel de l information- communication qui n aura que 870 followers. Aujourd hui c est donc la popularité qui peut s acheter. Cependant, pour se rassurer, il n est pas encore possible (et heureusement) de payer pour obtenir une forme d influence et surtout de pertinence. 3
OÙ? Aujourd hui le web est rempli de sites qui proposent des achats de «j aime», de «followers», «de vues» sur Youtube ou bien «d abonnés» sur Instagram. Comme si vous étiez au marché, vous pouvez choisir des achats à l unité ou par pack. Le prix varie tout simplement selon le nombre de «j aime» ou de «suiveurs» achetés. «Plus vous en achèterez moins le prix final sera fort et plus votre popularité sera élevé», voilà ce que pourrez être le slogan de toutes ces sociétés. Il est même aujourd hui possible d acheter des fans au profil très précis ou bien des fans qui commentent une de vos publications. Mais bien évidemment cela aura un coût, et pas des moindres. Voici des extraits de ce que peuvent proposer ces «entreprises» (easi- services, Boostic, Likeplus ) : - Booster votre réseau social - Augmentez votre notoriété sur les réseaux sociaux - Soyez la personne à suivre - Gagner en popularité - Trouver de nouveaux clients Ces sites internet proposent même des devis en ligne pour avoir un avis sur l impact qu un achat pourrait avoir sur votre réseau social. Ces sites proposent en moyenne la réalisation de ses actions sous 4 jours et pour montrer leur bonne foi s engagent à rembourser le client si la livraison des «fans» n est pas mise en place dans un délai de 15 jours. Toutes ces informations, sont intéressantes, mais combien cela va me coûter réellement? Si l on prend par exemple le site easi- services (http://www.easi- services.fr/), l un des trois principaux sites d achats, voici par exemple les tarifs pour : - Des «j aime» pour ma page Facebook 3- Capture du site : http://www.easi- services.fr/ 4
- Des «followers» pour mon compte Twitter 4- Capture du site : http://www.easi- services.fr/ - Des«vues» sur ma vidéo YouTube 5- Capture du site : http://www.easi- services.fr/ - Des«abonnés» sur mon compte Instagram 6- Capture du site : http://www.easi- services.fr/ 5
Un grand nombre de sites comme celui- ci proposent donc des services pour un ensemble de réseaux sociaux.cependant certains sont spécialisés uniquement sur un réseau social particulier. C est par exemple le cas pour Facebook (http://www.fanbusiness.net/) ou pour Twitter (http://www.autofollow.fr/). Nous sommes donc aujourd hui entrés dans une véritable guerre des prix et la concurrence est féroce pour accueillir le plus rapidement possible le plus grand nombre de nouveaux clients. Dernière nouveauté en date, la possibilité d obtenir gratuitement, de 10 à 20 «fans», «followers» ou «vues» pour tester les véritables capacités du site. Alors vraiment convaincu? QU EN EST- IL DU MARCHE ACTUEL? Mais que pensent justement «Facebook» et «Twitter» de ces activités? Ces derniers sont bien évidemment contre ce type de pratique. Tout d abord, ces sites se disent contre la philosophie du marchandage de création de faux profils. Ensuite, certains réseaux sociaux, comme Facebook par exemple, développent et commercialisent leurs propres applications et outils payants permettant d accroitre la visibilité avec la publicité et la mise en avant de statuts sur des profils similaires. Concernant les sites Web permettant l achat de «like» ou de «followers», leur nombre grandit sans cesse et s ouvre de plus en plus vers l ensemble des réseaux sociaux. Cependant, pendant que de nouveaux sites naissent, d autres doivent fermer. C est par exemple le cas d un des plus connus, à savoir «LikeUb», qui était le numéro un en vente de «like». Suite aux nombreuses menaces écrites de Facebook et ne souhaitant pas aller devant la justice, «LikeUb» s est vu dans l obligation de fermer son site le 27 décembre 2012. 7- Capture du site : LikeUb 6
Aujourd hui, ses créateurs n ont pas encore fait savoir s ils avaient créé un nouveau site mais sont cependant interdits par la société Facebook d utiliser à des fins personnelles et professionnelles le réseau social à vie. D autres sociétés essayent quant à elles de faire le buzz pour se faire connaitre. C est par exemple le cas de Boostic (www.boostic.fr) qui vend des «followers» ou des «j aime» à des particuliers ou à des entreprises françaises. Pour se faire, elle a publié via son compte Twitter des photographies d une publicité de leur marque qui aurait été diffusé dans les couloirs du métro parisien. Cependant la RATP a tout de suite démenti en affirmant qu aucune publicité de cette marque n a été éditée au sein de son réseau. Mais trop tard, le buzz à été mis en place par la marque et le site s est fait connaître par le plus grand nombre. CONCLUSION Il parait aujourd hui impossible de comptabiliser le nombre de sites proposant l achat de «comptes suiveurs» ou de «like». Cependant aujourd hui les dirigeants des réseaux sociaux que nous connaissons souhaitent réagir face à ce phénomène en intentant des actions en justice. En effet, ces sites vont à l encontre des choix faits par ces sociétés, à savoir la promotion de leurs propres outils de publicité. Il est possible aujourd hui d affirmer que l on peut acheter très facilement des fans, cependant, il faut bien se rendre compte qu ils n interagiront jamais avec vous. Maintenant, toutes ces explications n ont pas de preuves scientifiques et chacun de son côté peut se faire son propre avis sur cette pratique. Vaut- il mieux posséder 200 000 suiveurs dont très peu répondront à vos questions ou 1 000 vrais suiveurs qui essayeront de discuter avec vous suite à la publication de vos articles? Chacun y répondra comme il le souhaite. 7