Fiche de visite élève (collège) FLORILEGE DE CERAMIQUES GALLO- ROMAINES EN ALSACE La civilisation gallo-romaine I er siècle av. J.-C. - V e siècle ap. J.-C. Jules César conquiert la «Gaule chevelue» (nommée ainsi en référence aux nombreuses forêts qui recouvraient la Gaule à cette époque) de 58 à 51 avant notre ère. Après une longue phase de pacification, la Gaule, intégrée à l Empire romain, est organisée par l empereur Auguste (27 av. J.-C. 14 ap. J.-C.), qui en bouleverse les structures politiques, administratives, sociales et religieuses. Selon les régions, les milieux sociaux et les époques, l assimilation de coutumes, techniques, modes de vie et de pensées d origine romaine est plus ou moins poussée. Cet apport se mêle à des héritages plus anciens et contribue à la création d une civilisation originale et dynamique : la civilisation gallo-romaine. 1
La céramique gallo romaine Définition La céramique désigne l ensemble des techniques de fabrication des objets en terre cuite, et les objets eux-mêmes. L apparition de la céramique date de l époque néolithique (5500-2000 avant J.-C.). A ton avis, pourquoi les hommes vivant au Néolithique ont-ils inventé la céramique Productions de Brumath (Brumath ; musée archéologique / F.S.) À quoi servaient les objets en terre cuite D autres matières pouvaient servir à la fabrication de vaisselle, sais-tu lesquelles Selon toi, pourquoi les archéologues retrouvent-ils plus souvent des objets en céramique - Eléments de construction : tuiles, briques. - Usage culinaire et de table : o pour conserver et entreposer les denrées o pour préparer les repas : mortiers, jattes, terrines, passoires, entonnoirs, faisselles o pour cuire les aliments : pots, marmites, plats à cuire o pour le service et la consommation de nourriture et de boisson : plats, assiettes, gobelets, cruches o pour conditionner les aliments et les transporter : amphores - Usages funéraires et religieux : réceptacles pour les restes incinérés, contenants pour des offrandes ou objets servant eux-mêmes d offrandes. - Autres usages : lampes, encriers, tirelires, pots de fleurs, jouets, vases à parfums 2
Quels différents types de céramiques retrouve-t-on à l époque gallo-romaine La céramique commune : La céramique commune était produite dans les ateliers régionaux et diffusée localement. Elle servait à tous les besoins domestiques (vaisselle, stockage ). La céramique fine : La céramique fine présente un aspect plus soigné (cuisson de meilleure qualité, revêtement et/ou décor rehaussant les parois des vases ). Elle comprend notamment la céramique dite «gallobelge» - qui regroupe deux techniques de fabrication : la Terra Nigra (pâte fine grise et aspect extérieur noir lustré), et la Terra Rubra (pâte claire, revêtement rouge clair ou orange) la céramique à revêtement argileux, la céramique métallescente Biberon en céramique commune sombre (Biesheim ; Biesheim, musée gallo-romain / A.L.) Coupe en Terra Rubra (Strasbourg, place de l Homme de fer ; Strasbourg, musée archéologique / C.F.) La céramique sigillée : Il s agit d une céramique de belle qualité, fine, recouverte d un revêtement rouge et souvent décorée. Le mot sigillée vient du latin sigillum, qui signifie sceau : le potier utilisait des poinçons pour orner et signer ses fabrications. Coupe en sigillée de la Gaule du Sud (Kembs ; Kembs, Dépôt CRAS / J.-P.G.) Le métier de potier : Où trouvait-on les ateliers de potier Les ateliers de potier pouvaient se situer dans plusieurs environnements : soit au sein même d agglomérations ou en périphérie de centres urbains, regroupés dans de véritables quartiers artisanaux ; soit à la campagne, isolés non loin d une villa (nom donné aux bâtisses construites et habitées par les paysans sur leurs terres) ou regroupés en de véritables centres de production. Les ateliers ne pouvaient pas être construits n importe où. A ton avis, quels éléments devaient se situer à proximité des ateliers pour faciliter le travail des potiers 3
- Les étapes de fabrication : 1. La collecte des matières premières : argile, bois, eau 2. La préparation de l argile : 1. Collecte des matières premières 2. Préparation de l argile 3. Façonnage des œuvres 4. Séchage 5. Cuisson 6. Défournement et tri 7. Stockage et distribution L argile est une roche sédimentaire à structure feuilletée ou fibreuse. Pétrie avec de l eau, elle donne une pâte plastique qui peut être facilement moulée ou mise en forme. L argile est épurée, laissée «pourrir» un certain temps, puis malaxée par piétinement sur le sol ou dans des fosses peu profondes. 3. Le façonnage des œuvres à la main ou au tour : Les Gaulois fabriquaient en général leurs poteries à la main, en superposant des boudins de terre (montage aux colombins). A l époque gallo-romaine, l usage du tour de potier se généralise rapidement. Ces tours rapides sont actionnés à la main ou à l aide d un bâton qui sert à faire tourner une plaque circulaire de bois (la girelle) : le bâton, inséré adroitement dans des encoches pratiquées sur la plaque entraîne son mouvement. Une fois modelées, et avant le séchage complet des poteries, celles-ci peuvent être décorées grâce à plusieurs techniques. Les décors en creux : Le potier prélève de la matière ou la griffe à l aide d un peigne ou de son ongle. Il peut aussi utiliser un poinçon (un petit outil pointu en métal, en bois ou en os), une roulette ou une molette servant à imprimer un décor géométrique dans la pâte. Les décors en relief : Le potier applique une pâte semi-liquide à base d argile sur l objet pour créer des décors figuratifs ou géométriques (technique de la barbotine). Il peut aussi appliquer des éléments de décor en argile modelée ou moulée sur l objet (décor d applique). Les décors par traitement de la surface : - Lisser à l aide de textile mouillé alors que l argile est encore humide. - Lustrer à l aide d outils durs quand l argile est presque sèche, pour donner un aspect brillant. - Engober en trempant l objet dans de l argile liquide : cela permet de rendre l objet plus étanche, de modifier sa couleur et sa brillance. - Sabler en projetant de l argile sur la surface externe de la poterie, ce qui lui donne un aspect granuleux. - Peindre la surface avec une peinture faite d éléments minéraux. Relie chaque image à la définition lui correspondant 4
4. Le séchage des vases 5. La cuisson après enfournement : Les fours, creusés dans le sol, se composent des éléments suivants 1 : 1. L Aire de service : le potier s y active pour préparer et alimenter le feu 2. L Alandier, couloir par lequel on charge la chambre de chauffe 3. La sole : sert d appui aux poteries et de séparation entre la chambre de chauffe et le laboratoire. Elle est perforée d orifices appelés carneaux, qui laissent circuler la chaleur. 4. Laboratoire où l on empile les poteries une fois séchées 5. Couverture de tessons. L enfournement des poteries se fait par le sommet du laboratoire. Une fois les poteries empilées, le laboratoire est couvert, souvent à l aide de tuiles ou de fragments de céramique. Le potier peut alors allumer le feu. La chaleur circule dans la chambre de chauffe et dans le laboratoire en passant par les carneaux percés dans la sole. La cuisson prend plus de 2 heures, et nécessite beaucoup de combustible. Le refroidissement du four prend lui aussi beaucoup de temps, parfois plusieurs jours. 6. Le défournement et le tri des ratés de cuisson : Une fois le four refroidi, le potier récupère les poteries cuites par le sommet du laboratoire, et les trie. 7. Le stockage et la distribution de la production A ton avis, pourquoi était-il nécessaire de trier les céramiques après la cuisson Parmi les propositions suivantes, entoure les réponses qui te paraissent pertinentes : o Pour mettre à l abri les céramiques décorées avec de la peinture faite à base de matériaux minéraux qui attiraient les animaux sauvages. o Pour éliminer les céramiques déformées par une mauvaise cuisson o Pour jeter les céramiques cassées suite à un mauvais empilement dans le laboratoire du four o Pour recycler les matériaux biodégradables 1 Source du dessin : Fabrice Charlier, Ista Christel Leyenberger, Inrap. 5
La cuisine gallo-romaine : A l époque gallo-romaine, les maisons modestes sont remplies de vaisselle en terre cuite, céramique commune produite dans les ateliers locaux. En Italie romaine : La vaisselle culinaire : La cuisine était une pièce consacrée à la préparation des repas, équipée d un plan de cuisson qui permettait de cuisiner debout. On y disposait des braises en plus ou moins grande quantité, selon la chaleur désirée. Les plats de cuisson y étaient placés sur des trépieds ou calés directement dans la cendre. Ce dispositif permettait de bouillir, mijoter, griller et même de «cuire au four» sous le clibanus, la cloche à braises, qui remplaçait le four à pain dont ne disposaient que les grandes propriétés. Un plan de cuisson romain de Pompéi (Italie). Dossiers d archéologie n 215, 1996. Ce plan de cuisson te semble-t-il différent de celui que tu as chez toi Pourquoi En Gaule romaine : Si les plus pauvres devaient utiliser quotidiennement une vaisselle en bois et en terre cuite modeste, les tables riches abondaient de vaisselle d argent et de verre. La base de l alimentation gallo-romaine était la céréale, préparée en pain ou en bouillie. A l origine, les Gaulois n étaient pas des mangeurs de bouillie, contrairement à leur conquérants romains ; ils avaient un régime plus riche en viandes et en laitages. Le plat de base devait se composer de légumineuses, de fèves, de lentilles parfois relevées d aromates, accompagnées de viande bouillie, rôtie ou mijotée. À ces ressources alimentaires anciennes s ajoutèrent à l époque gallo-romaine des mets et des plats d origine romaine. Le foyer a prédominé dans le mode de cuisson : on dressait au-dessus du foyer une potence où accrocher la crémaillère. On posait sur des grilles des marmites. Les céramiques retrouvées en Gaule permettaient les trois cuissons de base connues en Italie romaine : bouillir, mijoter et rôtir. Pour les habitants des villes, le nombre et l heure des repas étaient sans doute les mêmes qu à Rome : le repas du matin (ientaculum) était léger, comme celui de midi (prandium), alors que le repas du soir (cena) constituait le repas principal. 6
Lieux de production des principales denrées alimentaires consommées à l époque romaine Des goûts et des couleurs, céramiques gallo-romaines, Documents du Musée Romain d Avenches n 6. Les principales pièces de vaisselle culinaire gallo-romaine en céramique sont les suivantes : - Le pot à cuire : vase de forme haute, à embouchure étroite, à panse arrondie et à fond plat que l on rencontre dans toutes les régions, à pâte grise ou orangée, et dans différentes dimensions. Il est difficile de le distinguer du vase où l on stocke les denrées, qui présente sensiblement la même forme. Les traces de feu parfois visibles sur les parois peuvent alors être un critère de distinction. - La marmite, ou jatte, aux formes mi-hautes et assez ouvertes, toujours munie d un couvercle. Grâce à sa forme profonde et à ouverture large, et à son couvercle qui régulait l humidité en faisant retomber l eau d évaporation sur les mets, elle permettait la cuisson à l étouffée : on peut y voir l ancêtre de notre cocotte minute! - Le plat bas et large, à bords plus ou moins droits, se distingue difficilement de la vaisselle de table (écuelles, assiettes) et peut se rencontrer sous différentes dénominations. Il servait traditionnellement à la cuisson du poisson, à faire réduire les sauces ou encore à cuire des légumes et des fruits. En général, les aliments étaient d abord grillés ou bouillis dans une marmite avant d être placés dans ce plat où ils mijotaient dans une sauce, sur le feu, sous la cloche à braise ou au four. Dossier d archéologie n 215, 1996 7
A R T I C H A U D P C N A R I D O A O R A D I S X I S I E V R P U O G P R A E R O E S N E E I T H L T I O R A L C B E U T N G U E R V I O P E E L E N T I L L E S 12 aliments ou boissons gallo-romains se sont cachés dans cette grille, horizontalement, verticalement ou en diagonale. Sauras-tu les retrouver La vaisselle de table : Les Gallo-Romains mangeaient à même le récipient de cuisson ou dans des récipients intermédiaires. Ils n utilisaient ni couteau ni fourchette, et puisaient directement la nourriture avec les doigts ou à l aide de petites cuillères dans les récipients. Vaisselle de table : cruches, gobelets, calice, plats, assiettes, coupes et coupelles. Des goûts et des couleurs, céramiques gallo-romaines, Documents du Musée Romain d Avenches n 6 Pour manger : - Plateau (lanx) - Patina, Patella : le plat à four pouvait également servir de plat ou d assiette. - Ecuelle ou bol (catinus) : récipient de forme creuse bombée, où l on déposait les aliments après cuisson. Pour boire : - Pichet ou gobelet (vas vinarum) - Cruches (lagona ou urna) - Récipients individuels (poculum) : formes variées : gobelet, calice 8
A l époque gallo-romaine, la plupart des gens possédaient de la vaisselle faite de terre cuite, fabriquées à base d argile. Aujourd hui, de quelles matières peut être faite la vaisselle Quels ustensiles utilise-t-on, aujourd hui, pour procéder aux trois modes de cuisson de base de l époque romaine (bouillir, mijoter, rôtir) Compare la photo présentant la vaisselle de table gallo-romaine à la manière de dresser la table aujourd hui. Quels ustensiles manquent Que peux-tu en déduire sur la manière de manger à cette époque Crois-tu que dans plusieurs milliers d années, des hommes pourront retrouver notre vaisselle Explique ta réponse. Qu est ce que la vaisselle en céramique peut-elle nous apprendre sur les hommes et les modes de vie passés 1. 2. 3. 4. 9