LA CONSTRUCTION DES PUITS EN AFRIQUE TROPICALE



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Transcription:

LA CONSTRUCTION DES PUITS EN AFRIQUE TROPICALE

BURGÉAP EAU-SOL-ENVIRONNEMENT LA CONSTRUCTION DES PUITS EN AFRIQUE TROPICALE Collection Techniques rurales en Afrique MINISTÈRE DE LA COOPÉRATION ET DU DÉVELOPPEMENT

La première édition du présent ouvrage a été publiée en 1974 sous le titre : «La Construction des puits en Afrique tropicale et l'investissement humain» Le titre de la 2e édition de 1980 : «La Construction des puits en Afrique tropicale» a été conservée pour cette 3e édition. Tous droits d'adaptation, de traduction et de reproduction par tous procédés, y compris la photographie et le microfilm, réservés pour tous pays. Ministère de la Coopération et du Développement 1992 3 édition mise à jour ISSN 0336-3058 ISBN 2-11-086742-6

AVANT-PROPOS Cette troisième édition d'un manuel sur la construction des puits est l'illustration de l'intérêt que suscite ce type d'ouvrage. Certes, depuis la première édition en 1974, des dizaines de milliers de forages ont été réalisés et équipés de pompes manuelles pour l'alimentation en eau des villages d'afrique tropicale, alors que les puits creusés dans la même période ne se comptent que par milliers. L'accent mis désormais sur la santé et l'eau potable ne peut que renforcer l'attrait du forage pour la prochaine décennie. Et pourtant, si le puits reste d'actualité, c'est bien d'abord qu'il répond encore, aujourd'hui, à une demande de la part des collectivités pour deux raisons principales : a) dans de nombreux cas, le puits est le seul type d'ouvrage capable de garantir l'indispensable sécurité d'approvisionnement en eau. Même là où l'usage des pompes est banalisé et leur entretien devenu une opération de routine, les réseaux d'importation et de commercialisation des pièces détachées sont encore très vulnérables, sous la dépendance de l'économie des Etats; b) le puits de grand diamètre permet un puisage collectif discontinu mais intensif, beaucoup mieux adapté au rythme des besoins villageois, et surtout à l'abreuvement des troupeaux. En second lieu, le puits répond également aux préoccupations des financiers: - l'investissement qu'il représente est souvent infèrieur, par m 3 /jour fourni à celui d'un forage : compte tenu des contraintes d'horaires auxquelles sont soumis les usagers et notamment les femmes, et du faible débit instantané des pompes manuelles, celles-ci ne sont très généralement exploitées qu'à un débit moyen de l'ordre de 3m 3 /jour, alors qu'il est fréquent de voir le puisage sur puits atteindre 10m 3 /jour. En zone pastorale, le puisage traditionnel permet d'atteindre des débits de 20m 3 /jour et plus, justifiant le creusement de contrepuits (puits-forage) pour l'exploitation du forage; - le grand nombre d'actions post-programmes et d'opérations de réhabilitation montre bien que la maintenance des pompes manuelles n'est pas encore partout maîtrisée; c'est en particulier le cas lorsque la qualité de service assurée par ces pompes est jugée insuffisante par les usagers. 7

Le puits moderne constitue donc encore un ouvrage essentiel pour l'équipement des villages et des zones pastorales, notamment au Sahel. Cette réédition, comme les précédentes, a pour but de mettre un manuel pratique à la disposition des hommes de terrain et des services publics chargés de l'exécution des programmes de puits. Certaines parties de l'ouvrage ont été complétées ou revues, en fonction notamment de l'expérience acquise dans la mécanisation des techniques de fonçage. L'objectif recherché est de remédier à la lenteur d'exécution si pénalisante pour ce type d'ouvrage. L'emploi des moyens mécanisés est encore très réduit, du fait de l'importance limitée des programmes et de la disparition des entreprises spécialisées dans ce secteur d'activité. La tendance actuelle est de recourir à des matériels standard de travaux publics, afin de réduire les coûts et les risques d'investissement. Mais l'évidence, d'aujourd'hui comme d'hier, est que la desserte en eau des populations rurales restera pour longtemps encore assurée en majeure partie par les puits traditionnels. Seul le puits individuel, lorsqu'il peut être réalisé à proximité de chaque foyer et qu'il ne tarit pas, libère totalement les villageois des contraintes de portage et d'attente au point d'eau. C'est pourquoi, la recherche de techniques appropriées, susceptibles d'améliorer la qualité des puits traditionnels, n'a cessé d'être une préoccupation de nombreux organismes d'aide au développement. Force est pourtant de constater, comme dans l'avant-propos de la première édition, que la plupart des terrains (sables et altérites) imposent le recours à des techniques éprouvées à une main-d'œuvre spécialisée. Il nous semble qu'aujourd'hui, ce soit dans la promotion de professionnels, d'artisans, de coopératives ou de petites entreprises spécialisées que réside l'avenir. Ces opérateurs locaux, proches des collectivités, doivent à terme être en mesure de prendre la relève des grands programmes d'hydraulique. Car si la pompe solaire va, dans bien des cas, permettre prochainement au forage de concurrencer le puits collectif moderne, une vaste demande subsistera pour des points d'eau individuels. C'est à ces opérateurs de demain, à leurs écoles de formation que doivent être les projets en cours, qu'est destiné le présent ouvrage : mettre des professionnels à la disposition des collectivités rurales, telle reste son ambition. BURGÉAP 1991 8

AVANT-PROPOS DE LA tre ÉDITION La participation de la population des villages aux tâches de développement a fait naître de grands espoirs dans les années qui ont suivi la création de certains Etats d'afrique. Cet «investissement humain» - suivant un terme qu'il nous faut bien employer, puisqu'il est consacré par l'usage - a pour principal but de pallier l'insuffisance des investissements financiers, mais il contribue également à un objectif non moins important : la formation des populations rurales à des techniques nouvelles dont la mise en œuvre doit leur profiter directement. Si l'on peut admettre, lorsqu'on considère comme primordial le second de ces objectifs, que le prix de revient ne soit pas moindre, avec «l'investissement humain», qu'en employant des procédés plus rationalisés, il reste indispensable, sous peine de voir les intéressés s'en détourner, que la qualité des réalisations soit équivalente, et qu'elles rendent le même service dans les deux cas. Or, afin d'adapter les opérations à l'emploi d'une main-d'œuvre non spécialisée, on est fréquemment tenté de simplifier les techniques et cela peut compromettre les résultats. Née en Haute-Volta(*) en 1963, l'expérience dite des «puits en investissement humain» reposait sur l'idée qu'il était possible de créer dans les villages un type d'ouvrage intermédiaire entre le puits traditionnel, simple trou d'accès à la nappe, sans cesse menacé d'éboulement, et le puits en béton armé comportant une colonne de captage autonome, qui avait été progressivement mis au point par les Services de l'hydraulique, mais dont un très petit nombre avait été construit dans ce pays. Le «puits en investissement humain», ouvrage simplifié, sans colonne de captage, était à l'origine entièrement construit par la population, qui bénéficiait d'un encadrement et d'une «animation» dispensés par une société d'aide au développement, mais non du support d'un service technique spécialisé. Or, après avoir construit un grand nombre de ces ouvrages, on s'aperçut petit à petit que ce type de puits n'était pas adapté à pénétrer profondément dans l'aquifère, alors que les formations exploitées réclamaient une grande (*) Aujourd'hui Burkina Faso. 9