La lecture à voix haute
Il est important de " lire à haute voix ", d abord en classe. l expression recouvre deux formes distinctes de lecture à voix haute : - la lecture de l adulte - la lecture de l'élève. La première constitue un outil pédagogique précieux pour aborder la compréhension des textes. La seconde est une compétence qui s apprend et se développe. Ces deux lectures doivent alterner et se compléter au cours de la scolarité, non seulement de la maternelle à l'école élémentaire mais aussi au collège et au lycée.
La lecture à haute voix est " d'abord " celle de l adulte. D'abord, parce qu'elle est utilisée dès la petite enfance par les parents, dès la première classe de l'école maternelle, qu elle se continue au cycle 3, mais aussi dans l enseignement secondaire... L adulte donc lit, lit bien, lit souvent et il a préparé sa lecture. Evidence!
Lire à haute voix, c'est ainsi faire entendre en public l'œuvre d'un auteur. C'est l'art de prendre la parole en public pour interpréter un roman, une nouvelle, un poème, une correspondance... À l instar du musicien soliste, le lecteur choisit «des morceaux de littérature» qu'il travaille comme une étude sonore. Sa lecture vivante donne voix à toutes les nuances de sens et de rythme du texte pour offrir au public l'interprétation littéraire la plus juste possible. La lecture à haute voix des textes suggère un univers, une atmosphère, des sentiments, des personnages que le lecteur public doit intégrer avant de prendre la parole. De son côté, l'auditeur est en situation d'écouter ces textes en créant ses propres images.
Pourquoi l adulte doit-il lire à voix haute.. Pour «accrocher» les enfants, même les plus réticents, pour les prendre au «doux» piège du texte au travers de sa voix, pour faire partager aux enfants un moment de plaisir qu il a éprouvé : découvrir, rêver, vibrer, pour partager les émotions qu il a ressenties et qui sont nées de cette lecture : avoir peur, rire pour entraîner à l'écoute ( qui n est pas facile) et à l'attention ( qui l est encore moins), pour identifier les spécificités de l'écoute et celles de la lecture «visuelle», pour donner aux enfants une culture et le goût pour la culture qui leur seront nécessaire au cours de leur scolarité, pour proposer une représentation de la tâche de lecture : aborder le livre, entrer dans l'écrit, etc.,
Pourquoi l adulte doit-il lire à voix haute.. pour peu à peu passer de l'écoute à la découverte de l écrit, sa pérennité, à ses formulations spécifiques qui est sont celles du code écrit, pour envisager la production d'écrit, celle qui gardera trace de «ce que j écris, de ce que je sais, de ce que je suis», pour aiguiser les qualités d observation tant auditives que visuelles et observer les différences entre l'oral et l'écrit, pour proposer un moment de langue que la lecture silencieuse ne permet pas (prononciation, voire déchiffrage) et une imprégnation de la langue (structures, tournures); pour enseigner à comprendre c'est-à-dire à construire le sens d un texte, pour apprendre à mémoriser, reconstituer, retrouver l'ordre chronologique des événements, ou découvrir un ordre différent. Pour enfin pouvoir, à son tour, raconter une histoire
La lecture à haute voix de l adulte est donc a) une lecture seconde : elle ne peut se mettre en place qu'après une lecture silencieuse, analytique et intime (première) qui lui permet de COMPRENDRE c'est-à-dire de s'approprier le sens du texte. b) une lecture partage QUI FAIT COMPRENDRE le texte à d'autres : la qualité de lecture suppose que celui qui écoute entende et comprenne ce qui est écrit dans le texte, par l'auteur de ce texte grâce à la voix et à la lecture "juste" du lecteur. c) une lecture partage QUI INTERPRÈTE un texte pour que d'autres partagent les émotions du lecteur. Au-delà d'une lecture claire, l'interprétation du texte suppose que le lecteur choisisse de mettre en évidence certains aspects du texte. Sa lecture dramatise, varie les débits, accentue certains termes qui, même s'ils sont écrits, n'étaient pas forcément ceux que l'auteur voulait voir mis en évidence.
Remarques sur la lecture de l adulte: Lors de sa préparation, l adulte doit repérer et s interroger sur les «nœuds de résistance» que peut présenter le texte (et/ou les images). C est lui qui juge alors s il y a nécessité de faire une pause (ou des pauses) à un endroit donné. * La pause «de compréhension» aura pour but de faire émerger différentes hypothèses sur le sens, les confronter au texte, afin de permettre à l ensemble de l auditoire de pouvoir être «armé» pour la suite du récit. * La pause «interprétative» aura pour but de faire émerger différentes interprétations possibles du texte. Celles-ci sont confrontées là aussi au texte. On ne cherchera pas à dégager «la bonne interprétation» mais plutôt les interprétations qui ne sont pas en contradiction avec le texte. * La pause «narrative» est ménagée par l adulte à un moment clé du récit. Elle permet d en rassembler les différents éléments (activité de résumé). Ceux-ci sont consignés par écrit (collectif ou individuel). La lecture sera reprise à un autre moment (rupture temporelle).
C. Comment lire en classe ou ailleurs? On regroupera les enfants de façon à ce que leur attention soit concentrée sur le livre, dans un espace confortable et pensé pour l écoute. «Ne pas déranger, lecture du maître». les albums : le principe général est simple: il faut présenter systématiquement les images en même temps que la lecture du texte. Parfois l adulte choisit volontairement de ne pas montrer une ou des images. Dans ce cas, il est nécessaire de prévenir les élèves au départ (surtout s ils sont petits). Lecture intégrale : Tout lire: première de couverture, page de garde, page de faux titre si elle existe, page de titre. A la fin du texte, tourner les pages jusqu à la fin (parfois les pages de garde sont différentes de celles du début et terminent réellement le récit), puis la 4ème de couverture. Au besoin faire le lien entre 4ème et 1ère. Ce n est qu à ce moment que la lecture est terminée. les romans : il faudra a minima ménager des pauses narratives. Rien n oblige à lire l ensemble des chapitres. On procédera alors à des résumés. On pourra également faire une lecture interrompue et offrir le livre aux élèves afin qu ils découvrent la fin.
les contes : en fonction de l objectif visé, on ne lira que le texte ou on fera le lien avec les images les poèmes : On s en doute, il s agit d une lecture intégrale du poème les bandes dessinées : la lecture à haute voix de BD est impossible en grand groupe Conseils de «base». Prendre son temps, poser la voix, s entraîner à utiliser des tons de voix différents ; Cela repose donc sur une voix audible, le débit, l'articulation, le respect des mots écrits, des pauses, des accentuations, des connexions du texte, etc. Ne pas tomber non plus dans l excès d articulation, dans l excès d interprétation, dans la caricature des personnages. La lecture doit laisser à l auditoire une impression de «naturel» et permettre le travail du lecteur/auditeur. Ne pas dire le texte «par cœur», même si on en connaît des passages. Il est indispensable d être en lecture ( attitude hautement pédagogique) de texte et non en diction du texte qui relève de la pratique théâtrale.