De l industrie au tertiaire



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Transcription:

Avant-propos De l industrie au tertiaire A u cours des dernières décennies, la société tertiaire a pris le pas sur l économie industrielle, à mesure que certaines évolutions structurelles transformaient le paysage économique et social. Lors des grandes vagues de restructurations industrielles des années 70 et 80, les groupes et les grandes entreprises se sont recentrés sur leur cœur de métier, pour accroître leur productivité. Diverses fonctions, assurées auparavant au sein même de l industrie, ont alors été externalisées et déléguées à des prestataires de services aux entreprises. Qu il s agisse d activités comptables, juridiques, ou informatiques qui exigeaient une spécialisation de plus en plus pointue ; ou de fonctions à faible valeur ajoutée comme le nettoyage ou la surveillance ; ou encore de certaines fonctions commerciales, concédées à des intermédiaires. L urbanisation intense a provoqué, par ailleurs, l essor de nouvelles activités tertiaires. Transports urbains, gestion des déchets et de l eau, services sociaux divers ont été autant de services engendrés par la vie urbaine. Enfin, l élévation du niveau de vie et le développement de la société de loisirs ont favorisé les créations d emplois dans les services aux particuliers, comme dans l hôtellerie-restauration, dans les activités culturelles ou sportives, ou encore la santé et l éducation. Dans la période récente, alors que l industrie continuait de réduire ses effectifs, le développement de l emploi tertiaire n a cessé de s amplifier, sous l impulsion des services marchands, que ce soit dans les services aux particuliers, les services aux entreprises ou les activités immobilières. Les services aux entreprises, bénéficiant pleinement des changements intervenus dans la gestion de l entreprise, ont connu en outre un gonflement de leurs effectifs dû à un recours croissant au travail intérimaire, depuis la fin des années 80. Les services aux particuliers ont également créé de nombreux emplois, même si les différentes activités n ont pas évolué de manière homogène : alors que l hôtellerie et la restauration se développaient surtout en milieu urbain, beaucoup de cafés fermaient leurs portes dans les petites communes. Aujourd hui, la frontière entre l industrie et le tertiaire - désormais premier secteur économique - est devenue de plus en plus floue, et l informatisation croissante a beaucoup contribué à cette évolution. Les firmes industrielles consomment toujours plus d immatériel ou, très souvent, en proposent avec leurs propres produits. Les livraisons d équipements s accompagnent de diverses prestations de services, sous forme d ingénierie et de conseil en amont, ou de maintenance en aval. Des constructeurs d automobiles deviennent le banquier de leurs clients ou disposent d une filiale de transport. A contrario, les entreprises du tertiaire utilisent toujours davantage de biens matériels. Leurs activités deviennent davantage consommatrices d équipements, à l image de ce qui se passe dans l industrie : immobilier, matériels de transport et de manutention, équipements informatiques. L économie et la société alsaciennes ont pleinement participé à ces évolutions, qui ont remodelé le profil du tissu économique de la région. Cet ouvrage est le fruit d un travail collectif réalisé dans le cadre d un large partenariat. Il propose une analyse complète des services marchands et permet de comprendre les dynamiques à l œuvre au cours de la dernière décennie, afin de préparer les défis qui s annoncent. Que toutes celles et tous ceux qui y ont contribué, à des titres divers, soient ici vivement remerciés. Vincent Le Calonnec Directeur de l Insee-Alsace

Le secteur tertiaire alsacien crée les deux tiers de la valeur ajoutée régionale Karin DEMÉSY - Insee Le secteur tertiaire, au sens large, occupe aujourd hui la première place dans l économie nationale. Les entreprises de ce secteur, administrations et éducation-santé-action sociale comprises, créent un peu plus de 70 % de la richesse de la France en 2001. En Alsace, où le caractère industriel de la région reste marqué, le poids du tertiaire est moins important que dans bon nombre de régions françaises. Avec 65 % de la valeur ajoutée régionale produite dans ce secteur, l Alsace arrive au 14 e rang des vingt-deux régions. Elle se place bien loin derrière l Île-de-France, où plus de 80 % de la valeur ajoutée revient au secteur tertiaire. Elle se situe au même niveau que l Auvergne et la Bourgogne. Forte progression du tertiaire alsacien dans les années 90 Au début des années 90, l Alsace n arrivait qu en 17 e position des régions, avec 61 % de la valeur ajoutée régionale produite par les activités tertiaires. C est la région où la valeur ajoutée du tertiaire a progressé le plus rapidement au cours de la décennie. Elle a été multipliée par un peu plus de 1,5. Le développement des services administrés, qui regroupent les administrations et l éducation-santé-action sociale, a largement contribué à cette hausse. L installation de diverses institutions communautaires européennes à Strasbourg explique pour partie cette évolution. Comme dans le Nord-Pas-de-Calais et en Haute-Normandie, autres régions où le tertiaire non concurrentiel était peu développé, la valeur ajoutée a augmenté de plus de 60 % dans ce secteur. L essor des services aux entreprises a également participé à la croissance du tertiaire dans la région, comme en Aquitaine ou dans le Nord-Pas-de-Calais, par exemple, avec une progression qui dépasse également 60 %, et qui est largement supérieure à la moyenne de la France de province (+ 54 %). Une place de choix pour les services rendus aux entreprises En 2001, les services administrés représentent 28 % de la valeur ajoutée produite par le secteur tertiaire en métropole, mais près d un tiers dans les régions de province L Alsace au 14 e rang pour le poids du tertiaire Région Poids du tertiaire dans la valeur ajoutée régionale en 2001 (en %) (32 %). Le poids de cet ensemble est plus faible en Alsace (30 %), comme en Pays-de-Loire, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d Azur, où il se situe à 28-30 %. Dans certaines régions économiquement moins actives, ce poids est très élevé : entre 35 et 38 % en Limousin, en Champagne-Ardenne, en Lorraine. Autre ensemble important du secteur tertiaire, les services aux entreprises, qui sont à l origine de 22 % de la valeur ajoutée tertiaire en métropole. Ces activités sont très concentrées en Île-de-France, où cette part atteint 30 %. Elles tiennent Indice de spécificité par rapport à la France métropolitaine Corse 83,7 1,16 Île-de-France 82,2 1,14 Provence-Alpes-Côte d Azur 78,5 1,09 Languedoc-Roussillon 76,6 1,06 Midi-Pyrénées 71,9 1,00 Aquitaine 71,5 0,99 Limousin 70,4 0,97 Bretagne 69,0 0,96 Poitou-Charentes 67,8 0,94 Rhône-Alpes 67,5 0,93 Nord - Pas-de-Calais 67,4 0,93 Lorraine 67,2 0,93 Bourgogne 67,0 0,93 Alsace 65,40,90 Auvergne 65,2 0,90 Basse-Normandie 64,9 0,90 Pays de la Loire 64,4 0,89 Centre 64,2 0,89 Picardie 62,9 0,87 Haute-Normandie 61,7 0,85 Franche-Comté 60,6 0,84 Champagne-Ardenne 59,6 0,83 France métropolitaine 72,2 1,00 France de province 68,2 0,94 Source : Insee, comptes régionaux 8

Croissance de la valeur ajoutée du tertiaire en 1990-2001 : l Alsace en tête Évolution de la valeur ajoutée du tertiaire en 1990-2001 (en %) 57 et plus de 45 à 52 de 52 à 57 moins de 45 également une place de choix en Alsace, ou en Rhône-Alpes, où elles produisent un peu plus du cinquième de la richesse régionale, soit sensiblement plus que la moyenne provinciale (17%). Cette situation est largement liée au dynamisme économique régional et à l importance du secteur industriel. Les régions plus touristiques se caractérisent davantage par l importance des services aux particuliers qui incluent l hôtellerie-restauration. Les activités de services aux particuliers dégagent 8à10%delavaleur ajouté régionale dans cinq régions, en particulier en Île-de-France, en Corse, Provence-Alpes-Côte d Azur et en Bretagne, pour une moyenne de 7 % pour la province et 8 % pour la métropole. En Alsace, elles sont à l origine de 6,4 % de la valeur ajoutée régionale. Le tertiaire, créateur d emploi des années 90 Toutes ces caractéristiques se retrouvent en termes d emploi. Aujourd hui, le secteur tertiaire représente environ 72 % des emplois en France. En Alsace, il regroupe 461 000 personnes en 1999, soit les deux tiers des emplois régionaux. Au cours des années 1990, ce Source : Insee, comptes régionaux IGN - Insee sont les activités du secteur tertiaire qui ont alimenté la totalité de la croissance de l emploi. Dans la région, elles ont créé près de 68 000 postes. Cette croissance, de 17 %, est supérieure à celle enregistrée en France métropolitaine, où elle frôle les 13 %. Le tertiaire administré a apporté l essentiel de cette croissance dans la région, où il s est développé davantage que sur l ensemble du pays. En Alsace, 25 000 emplois ont été créés dans l éducation-santé-social (+26 %) et 11 000 dans les administrations (+20 %). Aujourd hui, le tertiaire administré offre plus d emplois dans la région que l industrie : il regroupe près de 190 000 personnes et représente 28 % de l emploi régional en 1999. L ensemble éducation-santé-action sociale en constitue la plus grande partie, avec près de 122 500 personnes, soit 18 % des emplois alsaciens. Essor des services aux entreprises L expansion des activités de services aux entreprises et de services aux particuliers, spécialement vive en Alsace, a également contribué à la croissance de l emploi tertiaire. Entre 1990 et 1999, près de 18 000 emplois ont été créés dans les services aux entreprises (+31 %), qui ont notamment bénéficié du développement de l emploi intérimaire. Désormais, 76 600 personnes travaillent dans ce secteur : c est près de la moitié de l emploi industriel, alors qu il en représentait à peine un tiers dix ans auparavant. Sur la dernière décennie, le gain est de 10 000 emplois dans les services aux particuliers (+28 %). Le commerce, qui concentre 96 000 emplois, et les transports ont aussi participé à la création de nouveaux emplois dans la région, avec des gains supérieurs à ceux enregistrés en moyenne nationale. Seuls les activités financières et l immobilier ont réduit leurs effectifs, comme dans l ensemble du pays. L essentiel des emplois tertiaires dans les grands centres Les activités tertaires sont surtout concentrées en milieu urbain. Néanmoins, si les services destinés aux entreprises sont le plus souvent localisés dans les grandes villes et leur périphérie, en particulier dans l agglomération strabourgeoise, les Forte croissance de l emploi des services au cours des années 90 Alsace Emplois Évolution 1990-1999 France métropolitaine Évolution 1990-1999 1990 1999 Valeur absolue % % Ensemble 635 819 687 767 51 948 8,2 3,3 Agriculture, sylviculture, pêche 18 780 15 050-3 730-19,9-26,2 Industrie 182 853 168 462-14 391-7,9-11,8 Construction 40 913 43 088 2 175 5,3-15,0 Tertiaire 393 273 461 167 67 894 17,3 12,8 dont Commerce 90 609 96 316 5 707 6,3 0,8 Transports 26 299 28 527 2 228 8,5 7,1 Activités financières 18 969 18 221-748 -3,9-4,7 Activités immobilières 9 700 5 958-3 742-38,6-33,1 Services aux entreprises 58 484 76 581 18 097 30,9 24,0 Services aux particuliers 35 992 45 990 9 998 27,8 17,9 Éducation, santé, action sociale 97 105 122 540 25 435 26,2 20,4 Administration 56 115 67 034 10 919 19,5 18,6 Source : Insee, recensement de la population de 1999 9

Fonctions métropolitaines supérieures Jean-Patrick JOUHAUD - Sgare L analyse de la localisation des emplois de cadres et de professions intellectuelles supérieures, au travers de onze fonctions dites "métropolitaines supérieures" 1, illustre la prééminence de Paris et la position relativement favorable de quelques métropoles régionales. Strasbourg soutient la comparaison avec des villes comme Lyon, Montpellier ou Toulouse et occupe une place prépondérante dans la France du Nord-Est. Concentration dans l agglomération parisienne La concentration urbaine de ces emplois peut se mesurer de deux manières. Sur l ensemble du territoire métropolitain, la part des fonctions supérieures dans l emploi total s élève à 7,9 % en 1999 et passe à 10,6 % pour les unités urbaines de plus de 50 000 habitants. Ces agglomérations, qui regroupent un peu plus de la moitié de la population, rassemblent 61 % de l emploi et 82 % des emplois métropolitains supérieurs. La concentration des pouvoirs de décision est particulièrement forte dans l agglomération parisienne : 43,5 % de ces emplois se localisent dans la capitale, alors que celle-ci ne regroupe que 16,5 % de la population et un cinquième des emplois. En excluant l agglomération parisienne, la part des emplois métropolitains supérieurs dans les principales villes retombe à 7,5 %. Strasbourg au 6 e rang national et 1 ère métropole de l Est Avec un taux d emplois métropolitains supérieurs de 10,5 %, Strasbourg se situe au 6e rang des agglomérations de plus de 50 000 habitants, derrière les villes de Grenoble, Toulouse, Montpellier et Lyon. La métropole alsacienne apparaît ainsi en bonne position dans le contexte national et plus singulièrement par rapport aux agglomérations des cinq régions du Grand Est. (1)voirp.11 Les emplois métropolitains supérieurs en 1999 Charleville- Mézières Sedan Longwy Thionville Epernay Reims Champagne Châlons-en- Champagne Vitry-le- François Verdun Bar-le-Duc Saint-Dizier Pont-à- Mousson Toul Metz Nancy Saint-Avold Lunéville Sarrebourg Forbach Sarreguemines Saverne Haguenau Wissembourg Strasbourg Sens Nevers Auxerre -Ardenne Troyes Bourgogne Le Creusot Montceaules-Mines Mâcon Dijon Beaune Chalon/ Saône Chaumont Dôle Lons-le- Saunier Lorraine Vesoul Épinal Franche - Comté Remiremont Besançon Pontarlier Saint-Dié Belfort Montbéliard Alsace Colmar Mulhouse Saint-Louis Fonctions les mieux représentées Transports Télécommunications Commerce Gestion dans l industrie Recherche Emplois métropolitains supérieurs 22 600 12 400 5 100 1 000 50 Régions Départements Réalisation : SGARE Alsace 2003 Source : Insee, recensement de la population de 1999 IGN - GEOFLA - 2001 10

Seules les agglomérations de Nancy, Belfort et Dijon présentent des taux d emploi légèrement supérieurs ou équivalents à la moyenne du territoire métropolitain. Que ce soit au plan régional ou au niveau de l ensemble Grand Est, le poids des fonctions supérieures de Strasbourg est nettement plus élevé que celui de ses emplois ou de sa population. C est ainsi que la capitale alsacienne regroupe la moitié de ces fonctions localisées en Alsace, contre un tiers des emplois et un quart de la population. Au niveau des régions de l Est, Strasbourg concentre près de 15 % des emplois supérieurs, contre7%del emploi total et 5,3 % de la population. Aucune autre métropole de l Est français n affiche une telle prépondérance en termes d emplois métropolitains supérieurs. Des fonctions liées à la recherche dans les métropoles du Grand Est Parmi les principales unités urbaines du Grand Est, qui rassemblent les poids d emplois métropolitains supérieurs les plus importants, les capitales régionales, ainsi que Nancy et l aire urbaine de Belfort-Monbéliard se caractérisent par les fonctions associées à la recherche, ainsi qu aux activités bancaires et financières pour certaines. Mulhouse ne figure pas dans ce groupe. L agglomération de Haute Alsace, comme Colmar et certaines villes présentant des taux d emplois métropolitains supérieurs faibles (villes du Bassin Houiller de Lorraine, Sens, Saint-Dié-des-Vosges) se singularisent, quant à elles, par les fonctions de commerce de gros et interindustriel. Les emplois dans les télécommunications forment un troisième groupe, constitué essentiellement de chefs-lieux de départements, mise à part la ville de Châlons-en-Champagne. Ces villes sont essentiellement localisées en Champagne-Ardenne et dans l ouest de la Bourgogne. Thionville, Mâcon et Saint-Louis ont une spécificité associée aux transports. Une dernière catégorie, bien représentée par les petites villes alsaciennes comme Thann ou Molsheim, est surtout spécialisée dans des emplois liés à la gestion de l industrie. Fonctions métropolitaines supérieures Répartition de l emploi métropolitain supérieur par fonction (en %) Emplois supérieurs France métropolitaine Grand Est Ensemble Unités urbaines d au moins 50 000 habitants Unités urbaines d au moins 50 000 habitants Unités urbaines d au moins 5 000 emplois Art Artistes et emplois supérieurs artistiques, artisans d art 7,2 6,4 5,9 6,1 Banque-Assurances Cadres des banques et assurances 8,1 8,9 9,1 8,6 Commerce Cadres des commerces de gros et interindustriel 11,9 10,6 10,6 11,6 Commercial dans l industrie Ingénieurs et cadres commerciaux, technique-commerciaux dans les établissements industriels 4,5 4,0 4,5 5,2 Gestion dans l industrie Cadres de direction, d administration et de finance des établissements industriels 7,1 5,5 7,2 9,4 Information Cadres et emplois supérieurs de l information 3,2 3,5 3,0 2,8 Informatique Ingénieurs et cadres de l informatique des établissements industriels 1,9 2,0 1,3 1,4 Recherche Ingénieurs et cadres techniques de recherche, études ou développement dans les établissements industriels ; chercheurs de la recherche publique, emplois supérieurs des établissements de recherche et d enseignement supérieur 15,2 15,9 22,1 19,9 Services aux entreprises Cadres des services aux entreprises 30,6 32,9 25,3 24,1 Télécommunications Ingénieurs et cadres des postes et télécommunications 4,2 4,4 4,8 4,6 Transports Ingénieurs et cadres des transports 5,9 5,8 6,1 6,2 Part de l emploi métropolitain supérieur dans l emploi total en 1999 7,9 10,6 6,8 5,7 Source : INSEE, recensement de la population de 1999 et Insee Première n 840, Mars 2002. Des fonctions urbaines industrielles et tertiaires L analyse fonctionnelle de l emploi métropolitain supérieur repose sur une grille qui transcende les analyses sectorielles ou par profession. Trois critères interviennent dans l identification de ces fonctions : elles sont à la fois repérables dans la nouvelle nomenclature d activités françaises (NAF), davantage présentes dans les villes et correspondent essentiellement au plus haut niveau de qualification, de type cadre ou ingénieur. Elles permettent d appréhender le rayonnement, les forces et les faiblesses des grandes villes. Parmi les onze fonctions ainsi définies, plusieurs regroupent à la fois des emplois industriels et tertiaires comme, par exemple, le commerce ou la recherche. 11

villes moyennes bénéficient plutôt d une forte présence de tertiaire administré, grâce à l implantation de nombreux établissements éducatifs, sanitaires ou administratifs. Les activités liées au tourisme ou aux loisirs, ainsi que les services à la personne (coiffure, soins de beauté, teintureries ou pompes funèbres), en raison de leur clientèle de particuliers, sont beaucoup mieux réparties sur le territoire régional, même si l essentiel des emplois reste concentré dans les grands centres. Si l on compte près de 2 700 emplois tertiaires pour 10 000 habitants en Alsace, cette densité approche les 5 000 à Strasbourg, dont un quart dans les services aux entreprises. Dans la proche périphérie strasbourgeoise, cette densité reste élevée : elle dépasse les 3 000 emplois pour 10 000 habitants dans les cantons d Illkirch-Graffenstaden et de Schiltigheim, où le poids des services aux entreprises est également important. À Colmar, chef-lieu du département du Haut-Rhin, elle atteint 4 700 emplois pour 10 000 habitants ; elle passe à 4 000 à Mulhouse. Dans tous ces territoires, le secteur tertiaire concentre de 75 % à 85 % des emplois. Valeur ajoutée des administrations D une manière générale, la valeur ajoutée est égale à la différence entre la valeur de la production des biens et services produits, et celle des consommations nécessaires pour réaliser cette production. Pour les administrations, la production est constituée principalement de services dits "non marchands", dans la mesure où ils sont fournis gratuitement ou à un prix inférieur à la moitié de leur coût de production. La valeur totale de cette production est mesurée par l ensemble des coûts de production, à savoir la somme des rémunérations versées, des consommations intermédiaires (loyers, énergie, consommables divers,...), de la consommation de capital fixe (en quelque sorte, l amortissement du capital investi) et de certains impôts sur la production (par exemple, recherche ou gestion propre des ordures ménagères), moins les subventions reçues. La valeur ajoutée des administrations, essentiellement non marchande 1, correspond donc au total des rémunérations, des consommations intermédiaires plus l amortissement du capital, plus le solde impôts - subventions sur la production. (1) Il existe, de manière tout à fait marginale, une valeur ajouté "marchande" des administrations, générée par l activité de vente de certains produits à leur coût réel de production. Des emplois liés au tourisme dans les cantons vosgiens Si l on exclut les trois grandes villes, la densité d emplois tertiaires de la région diminue de moitié et passe à 2 000 emplois pour 10 000 habitants, et le secteur ne représente plus que 58 % de l emploi total. Les cantons des sous-préfectures se caractérisent en général par une densité élevée, entre 2 500 et 3 000, et un poids du tertiaire supérieur à 60 % de l emploi total. Les sous-préfectures bénéficient en effet de la présence de services administratifs et d équipements scolaires ou de santé : services fiscaux, lycées, hôpitaux Dans quelques cantons de la Montagne Vosgienne ou du Piémont des Vosges, ce sont également les activités tertiaires qui offrent l essentiel des emplois, notamment grâce au tourisme (hôtellerie, restauration) ou à des installations sanitaires et sociales (établissements de long séjour ou de cure ). 12