Les pouvoirs publics ont-ils le droit de forcer les hôpitaux à publier leurs indicateurs de qualité basés sur les données de routine?

Documents pareils
le réseau des systèmes locaux de déclaration des erreurs

La CCM vous remercie de lui offrir la possibilité de donner son avis sur la révision partielle de la LA Mal.

Plan de mise en œuvre du concept national maladies rares

Développement de la pratique infirmière avancée en Romandie

WHITE PAPER Une revue de solution par Talend & Infosense

Convention nationale sur les modalités d application complémentaires dans le cadre de l introduction de la structure tarifaire SwissDRG

Programme de formation continue en Chirurgie Orthopédique et Traumatologie de l Appareil Moteur

Le point de vue d une administration hospitalière Inka Moritz, Secrétaire générale

L INSEE EN BREF. L Insee en bref. La mesure du chômage par l Insee. N 4 Septembre Combien y a t il de chômeurs en France?

LA SIMULATION: INTERETS EN FORMATIION MEDICALE CONTINUE. C Assouline

Révision partielle de l ordonnance du 14 février 2007 sur l analyse génétique humaine (OAGH ; RS ) Rapport explicatif

LES SOINS DE SANTÉ POUR LES MIGRANTS SANS PAPIERS EN SUISSE SERVICES

R E G L E M E N T G E N E R I Q U E DES F O R M A T I O N S E P D E S S P E C I A L I S E E S E N S O I N S

LES RÉFÉRENTIELS RELATIFS AUX ÉDUCATEURS SPÉCIALISÉS

A toutes les sociétés de logiciels partenaires contractuels de careindex, drogindex, firmindex, hospindex, insureindex, logindex, medindex, pharmindex

Une protection d assurance de premier choix et de qualité suisse. Notre offre pour les expatriés

I. Généralités. l Assurance-hospitalisation Franchise à option 18 Choix restreint de l hôpital 19 Extension du choix de l hôpital 20

ASPECT ECHOGRAPHIQUE NORMAL DE LA CAVITE UTERINE APRES IVG. Dr D. Tasias Département de gynécologie, d'obstétrique et de stérilité

Première prise de position du Conseil d Etat sur le rapport final de la Commission d enquête parlementaire sur le Réseau Santé Valais (CEP-RSV)

Quelle place pour e-toile au cabinet du médecin?

Evaluation du Réseau Santé Psychique Suisse

Qualité des soins Campagne de sensibilisation

L IMPACT DU NOUVEAU FINANCEMENT

Observatoire Valaisan de la Santé

Programme de formation continue de la Société Suisse de Neurochirurgie (SSNC) pour les médecins ayant une activité professionnelle en neurochirurgie

Section des Formations et des diplômes

Tarif et modifications tarifaires dans la loi sur l assurance-maladie (LAMal)

Efficacité et risques des médicaments : le rôle du pharmacien

Programme «maladie» - Partie II «Objectifs / Résultats» Objectif n 2 : développer la prévention

Le bilan comparatif des médicaments (BCM): où en sommes-nous?

Valeur ajoutée relative basée sur les comparaisons indirectes Giens 2008, TR 5

Cherté des génériques : nécessité d agir sur le marché des substances qui ne sont plus sous brevet

La qualité des services mobiles en France métropolitaine

Nouvelle structure des tarifs médicaux suisses:

Activité des programmes de médicaments

ACCOMPAGNEMENT A LA CERTIFICATION ISO 9001 DE L AGENCE POUR LA RECHERCHE ET L INNOVATION EN CHAMPAGNE-ARDENNE - CARINNA

Règlement interne de la Société suisse de crédit hôtelier

LA PROCEDURE D'EVALUATION A.NA.PSY.p.e. EST LE RESULTAT D'UNE RECHERCHE

Les contrats informatiques Qualification juridique et typologie

UE 4 Comptabilité et Audit. Le programme

MESDAMES ET MESSIEURS LES DIRECTEURS ET CHEFS DE SERVICE

Modèle de projection du recours aux soins comme outil d aide à la planification hospitalière

DÉFINITION ET INSCRIPTION DE LA PRATIQUE AVANCÉE DANS LE PAYSAGE SUISSE DES SOINS INFIRMIERS

Perspectives sur les Politiques Voyages en Europe

d évaluation de la toux chez l enfant

FORMATION SELON LE SYSTEME DUAL L APPRENTISAGE CFC DE GESTIONNAIRE EN INTENDANCE L APPRENTISAGE AFP D EMPLOYÉ-E EN INTENDANCE

Assurance obligatoire des soins

Building Competence. Crossing Borders. Prof. Dr. Andreas Bergmann. Institut für Verwaltungs-Management. Président du Conseil IPSAS Board

BERTHIER E, CHRISTIANO M, PHILIPPE M O, IEHL J, TATARU N, DECAVEL P, VUILLIER F, ELISEEF A, MOULIN T. Introduction (1). Contexte de l étude

Table des matières. I. Nom et siège 3. II. But - Généralités 3. III. Affiliations 4. IV. Droits et obligations des membres 6. V.

Organisation de l administration des biens dans le cadre d une curatelle

Expertis. Étude Stress. Stress. sur le Éléments statistiques. Dr Brigitte Lanusse-Cazalé. Production : Le Laussat.

QUALITÉ DE L APPRENTISSAGE DE L INTUBATION ORO-TRACHÉALE EN LABORATOIRE DE SIMULATION, SON INTÉRÊT POUR LES PATIENTS.

UEMS - OB/GYN SECTION LA FORMATION DU SPECIALISTE EN GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE PROPOSITIONS DU GROUPE DE TRAVAIL DE L' EBCOG 1.

Ordonnance du 27 juin 1995 sur l'assurance-maladie (OAMal)

LES PRESTATIONS D ASSURANCE TRAITEMENT (Pour une invalidité de 104 semaines et moins)

Comparaison des coûts de gestion des Assureurs Santé et de l Assurance Maladie. Annexe méthodologique

Observatoire 2009 des directeurs informatiques. Spécial "Réduction des coûts du poste de travail et virtualisation" Avril 2009

«Quick-Check Asset Management»

Gestion réussie d un portefeuille de projets

Prise de position sur les biosimilaires. Résumé

L assurance-maladie pour les sportifs.

23. Interprétation clinique des mesures de l effet traitement

Aperçu des 37 principes directeurs

"TELEMEDECINE, ETHIQUE ET DROIT "

Conditions gagnantes pour démarrer sa transition Agile

CGA. Assurance des soins. (Conditions générales d assurance) Visana SA, sana24 SA, vivacare SA. Med Call (LAMal) Valable dès 2014

Depuis l'an 2000, le Ministère de la Santé Publique (MSP) a mis en place une procédure d accréditation pour améliorer la qualité des services

Conditions générales d assurance (CGA)

Relier l apprentissage à la pratique Comment faire un exercice de réflexion sur la pratique pour obtenir des crédits MAINPRO-C

Le Data Excellence Management Gouverner par la valeur. Dr. Walid el Abed Founder & CEO Global Data Excellence Ltd

ENTENTE DE PRINCIPE INTERVENUE ENTRE LA FMOQ ET LE MSSS AFIN D ACCROÎTRE ET D AMÉLIORER L ACCESSIBILITÉ AUX SERVICES MÉDICAUX DE PREMIÈRE LIGNE

Offre pour la liste hospitalière Nom de l'établissement

Rapport d évaluation de la licence professionnelle

EDUCATEUR SPECIALISE ANNEXE 1 : REFERENTIEL PROFESSIONNEL

Etat des lieux du prélèvement et de la greffe d organes, de tissus et de cellules MAROC

L infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne (IPSPL) : Portrait des pratiques en UMF sur le territoire Abitibi-Témiscamingue

DEES COMMUNICATION DEESCOM

4. L assurance maladie

Guide du concours d'admission au programme de formation et bourses

Certificat SSO de formation postgrade en médecine dentaire générale

«Quelle information aux patients en recherche biomédicale? Quels enseignements en retirer pour la pratique quotidienne?»

DES SUPERVISEURS DES SERVICES A BASE COMMUNAUTAIRE (AC/SBC) EN GESTION DES INFORMATIONS DE LA PLANIFICATION FAMILIALE ET DE LA SANTE MATERNELLE

Assurance-maladie complémentaire (LCA)

André Perny. Chef d exploitation Ambulancier diplômé ES Ambulance Région Bienne SA. Instructeur Sim Code P Instructeur cours EFÜ2 / ELG

{ Introduction. Proposition GIHP 05/12/2014

Moyens et limites du masseur kinésithérapeute d équipes

Pascal LACHAISE Paul TORNER. Matthieu PICARD

Séquence 1 : La place du MSP et de l ISP

Résultats du Sondage sur la meilleure exécution. Avis sur les règles Avis technique RUIM et Règles des courtiers membres

Réseau sur. Médicaments. l Innocuité et l Efficacité des. Document d orientation pour la présentation de requêtes au RIEM

Indemniser équitablement les autrices et auteurs

Les soins de santé se sont les services de la part des médecins et des hôpitaux

Démonstration des économies et des avantages Le pilote

myflex. La ligne de produits qui s adapte à vos besoins spécifiques et vous offre des possibilités flexibles de choix et de changement.

Statistiques des bibliothèques publiques du Québec : reflet actualisé d un réseau en constante évolution

M a s t e r Mention «Information et communication dans les organisations»

Journée internationale de la recherche clinique

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

Le logiciel M4R (Monitoring for Results)

Transcription:

Les pouvoirs publics ont-ils le droit de forcer les hôpitaux à publier leurs indicateurs de qualité basés sur les données de routine? Une discussion confédérale Congrès sur l assurance qualité 10 février 2010 Luxembourg Dr. med. Peter Indra MPH Vice-directeur de l office fédéral de la santé publique OFSP Responsable de l unité de direction Assurance-maladie et accident 2 1

Qualité 3 * *LAMal = Loi sur l assurance-maladie 4 2

Les rôles selon la LAMal Confédération (Régulateur) Régulation Surveillance Pas de surveillance Régulation Régulation p.ex. des conditions générales pour projets d hôpitaux p.ex. autorisations, données, tarifs Cantons Assureur Mise en oeuvre Fournisseur de prestations Régulation, p.ex. projet d hôpital Contrôle 5 La qualité dans la LAMal Garantir des soins médicaux d un haut niveau de qualité est l objectif principal de la LAMal, entrée en vigueur en 1996 La LAMal ne définit pas la qualité uniquement par rapport au résultat d un traitement et à la satisfaction des patientes et patients, elle précise aussi que la garantie de la qualité médicale se doit de contribuer à amortir les coûts, car grâce à l amélioration de la qualité des structures, des processus et des résultats obtenus par les fournisseurs des prestations, les activités et prestations à long terme qui sont inutiles et inappropriées peuvent être économisées (Conseil fédéral 1991). 6 3

Où veut aller la Suisse? 7 Objectif : Ansicht: Bild 8 4

Transparence dans la «nouvelle LAMal» depuis 1.1.2009 Art. 22a Données des fournisseurs de prestations 1 Les fournisseurs de prestations doivent communiquer aux autorités fédérales compétentes les données qui sont nécessaires pour surveiller l application des dispositions de la présente loi relatives au caractère économique et à la qualité des prestations. Les indications suivantes doivent notamment être communiquées : a. le genre d activité, l infrastructure et l équipement, la forme juridique; b. l effectif du personnel et le nombre de places de formation ainsi que leur structure; c. le nombre de patients et la structure de leur effectif, sous une forme anonyme; d. le genre, l ampleur et les coûts des prestations fournies; e. les charges, les produits et le résultat d exploitation; f. les indicateurs de qualité médicaux. 4 Le Conseil fédéral édicte des dispositions détaillées sur la collecte, le traitement, la transmission et la publication des données, dans le respect du principe de la proportionnalité. 9 Mise en œuvre dans l Ordonnance sur l assurancemaladie (OAMal) Art. 31 Publication des données des fournisseurs de prestations L OFSP publie la synthèse des données recueillies par l Office fédéral de la statistique en vertu de l art. 22a de la loi et par l OFSP selon l art. 51 de la loi fédérale du 26 juin 2006 sur les professions médicales universitaires, de façon à ce qu apparaissent clairement, notamment, les informations ou les chiffres suivants de l assurance-maladie sociale, par fournisseur de prestations ou par catégorie de fournisseurs de prestations : a. offre de prestations des fournisseurs de prestations; b. diplômes et titres postgrades des fournisseurs de prestations; c. indicateurs de qualité médicaux; d. étendue et genre des prestations fournies; e. évolution des coûts. 10 5

Mandat du département fédéral de l intérieur : Mesures d urgence : calcul du nombre de cas et de la mortalité basé sur les statistiques médicales de l OFS Référence en matière de conception et de contenu au système de gestion de la qualité des cliniques HELIOS (Allemagne); collaboration étroite avec l OFS Utilisation du savoir-faire interne de l OFSP, validation à grande échelle et autorisation de publication, publication facultative Par la suite consolidation du projet et développement du concept d «indicateurs de qualité» Inscription dans la stratégie Qualité de la confédération Ce n est pas la hiérarchisation mais la durabilité qui est recherchée 11 12 6

Base de données Données de routine de la statistique médicale des hôpitaux; diagnostics classés avec ICD-10, traitements codés avec CHOP Les chiffres de la mortalité sont ajustés aux risques selon l âge et le sexe; impossibilité d un ajustement aux risques en fonction des comorbidités à cause d un codage encore incomplet, un ajustement aux risques selon l âge est une bonne alternative au niveau qualitatif. 13 Un dossier individuel par hôpital En premier lieu il a été nécessaire de définir une spécification pour les indicateurs adaptée aux systèmes de classification habituellement utilisés en Suisse. Suite aux données des statistiques médicales chronologiquement disponibles de 1998 à 2006 un dossier de 150 pages a été réalisé pour chacun des 180 hôpitaux de soins aigus suisses. Celui-ci donnent pour chaque indicateur, au-delà des taux de mortalité indirects standardisés, une vue d ensemble du codage médical des groupes de patients ainsi que d autres caractéristiques importantes. 14 7

Plausibilisation / Possibilité de réaction L'objectif était de donner aux hôpitaux la possibilité de faire part à l OFSP de leurs réactions sur l évaluation pilote réalisée. Ce feed-back doit permettre d obtenir des informations sur la plausibilisation des évaluations, permettre une prise de position des hôpitaux quant à la qualité des données relatives à leur activité, permettre de témoigner de l utilité des évaluations quant à leur contribution à une amélioration interne et de donner au hôpitaux la possibilité de faire des propositions relatives à l'amélioration du système. 15 Principaux résultats du feed-back Tous les hôpitaux universitaires approuvent, dans l ensemble 26% des hôpitaux ayant répondus autorisent la publication. Nouveauté du taux de mortalité dans les discussions en Suisse. Remise en question de la relation entre la mortalité et la qualité Réserves méthodologiques : qualité des données, question de fiabilité des résultats pour les cas faiblement représentés et question de l ajustement aux risques en fonction des comorbidités Réalisation stratégique : une culture de comparaison doit d abord être instaurée, tout comme l acceptation de la méthode des «Peer- Reviews» et de discussions sur les cas de décès en tant que «critical incidendes» dans les hôpitaux 16 8

Publication (2/2009) Adaptation du concept HELIOS aux conditions présentes en Suisse Coordination avec les hôpitaux universitaires Envoi à 180 hôpitaux de soins aigus : dossier très complet avec des évaluations individuelles Feed-back structuré, autorisation de publication des résultats des différents hôpitaux 17 Exemple : infarctus du myocarde 18 9

Exemple : obstétrique et gynécologie 19 Réactions OFSP 20 10

21 Pour La transparence imposée par l OFSP mène à la prise de mesures au sein des hôpitaux et sociétés spécialisées Grâce à la publication (du processus en cours) le thème devient présent et ainsi plus familier ; la mesure de la qualité devient normale; Objectif : uniformisation, établissement d un niveau standard 22 11

Contre Une crainte existe : afin de faire baisser la mortalité, des patients pourraient se voir refuser ou réorienter vers d autres hôpitaux, on empêcherait les gens de mourir à l hôpital. 23 Contre La signifiance des taux de mortalité publiés est limitée à cause des raisons suivantes : la qualité du codage diverge d'hôpital en hôpital et influence fortement les résultats La qualité du codage augmente avec l expérience et la sensibilisation dans les hôpitaux Seule la mortalité durant l hospitalisation est prise en compte, les cas de décès intervenant 30 à 90 jours après l hospitalisation ne seront pas indiqués Ces chiffres ne sont pas indiqués à l heure actuelle pour des raisons de protection des données nominatives La publication des taux de mortalité pour les cas faiblement représentés n est pas que statistiquement douteux cela pose aussi un problème au niveau de la protection des données nominatives 24 12

Évaluation (1) En principe cette initiative est jugée dans presque toutes les réponses de manière positive (l initiative est bien accueillie, rendre les résultats disponibles aussi, permettre une comparaison, type de présentation, calcul central, méthode neutre standardisée pour tous identique, le choix des indicateurs est jugé au niveau médical de manière positive). 25 Évaluation (2) Mais dans l ensemble les réticences dominent (ce qui est compréhensible étant donné la manière «autoritaire» utilisée). Seul dans certains cas, les cas de décès ont été dévoilés mais uniquement de manière à les justifier, leur dénominateur commun ayant inclus encore plus de cas, ainsi les pourcentages restent bas. 26 13

27 28 14

Prochaines étapes La 2ème édition chiffrée jusqu en 2007 est en préparation, son volume reste inchangé Les spécifications pour le calcul des indicateurs de qualité seront adaptées/retravaillées en collaboration avec des experts Publication prévue pour le deuxième trimestre 2010; ici aussi selon le principe d «autorisation de publication» À partir de 2011 : tous les hôpitaux! 29 Merci de votre attention! www.bag.admin.ch 30 15