Problématiques de la fiscalité pétrolière aval en Afrique : exemple du Cameroun. Par Stéphane Essaga*



Documents pareils
Office National des Produits Pétroliers ******** NOT AN OFFICIAL UNCTAD RECORD APPROVISIONNEMENT ET DISTRIBUTION DES PRODUITS PETROLIERS AU MALI

ANNEXE B2 TRADUCTION NON OFFICIELLE (TRADUCTION NON OFFICIELLE) Seuil de recettes extracôtières

NOTE CIRCULAIRE N 723 RELATIVE AU REMBOURSEMENT DU CREDIT DE TAXE CUMULE

HOTEL IBIS VENDREDI 24 JANVIER 2014 AUDITEC- FOIRIER CONSULTING SA. Membre BKR INTERNATIONAL

Examen décembre 1994

Institut National de la Statistique - Annuaire Statistique du Cameroun Chapitre 26 : LE CAMEROUN DANS LA ZONE CEMAC

Argumentaires Contre

L INDUSTRIE PÉTROLIÈRE FRANÇAISE EN 2014 ET PERSPECTIVES 2015 CONFÉRENCE DE PRESSE DU 10 MARS 2015

Actualité Juridique & Fiscale

Bordereau de renseignements OG B.I.C. Millésime 2015

CARACTERISTIQUES DU SYSTEME FISCAL NIGERIEN :

Note commune N 3 / 2014

Marco Wagener. Prix de l énergie et impôts indirects. Dialogue social

ARRETE N 023/MINMEE du 28 sep 2001

ETUDE SUR LA FISCALITÉ SUPPORTÉE PAR

INVESTIR AU TCHAD. Le Tchad est un pays d agriculture et d élevage, un pays dont le peuple est laborieux, un pays dont le sous sol est promoteur.

FINANCEMENT DE LA STRATEGIE LIEE AU VIH: L EXEMPLE DU REGIME OBLIGATOIRE D ASSURANCE MALADIE AU GABON. Par la Direction Générale de la CNAMGS

IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS ET IMPÔT SUR LE REVENU DES PERSONNES PHYSIQUES

Compagnie nationale des biologistes et analystes experts assemblée générale du 19 janvier 2012

Rapport sur. Le système de compensation au Maroc. Diagnostic et propositions de réforme

TABLEAU SYNOPTIQUE DES INCITATIONS FISCALES

GOUVERNEMENT WALLON Conseil de la Fiscalité et des Finances de Wallonie

Énergie et Mondialisation

Le FMI conclut les consultations de 2008 au titre de l article IV avec le Maroc

concessionnaire, le permissionnaire ou l amodiataire déclare avoir produites au cours du mois précédent.

Note sur la simplification de l instruction budgétaire et comptable M14

Augmentation de la TVA à Luxembourg Exercice de boule de cristal?

ACTUASSURANCE LA REVUE NUMERIQUE EN DROIT DES ASSURANCES Publication n 22 SEPT-OCT 2011

CAMEROUN, QUELLE POLITIQUE FISCALE

CONVENTIONS D HONORAIRES EN MATIERE DE DIVORCE MODÈLES

Aspects fiscaux des placements en société

ANALYSE FINANCIÈRE ET COMPTABILITÉ DE GESTION DUT - GEA

DISPOSITIONS FISCALES DE LA LOI DE FINANCES 2015

Sciences de Gestion Spécialité : GESTION ET FINANCE

Norme comptable internationale 33 Résultat par action

relatif aux règles comptables applicables aux fonds communs de créances

PACTE DE RESPONSABILITÉ

Initiation à la Comptabilité

LES MATINALES DU CRA

> Guide 28 juillet 2008

LE REGIME FISCAL DES LOCATIONS MEUBLEES

Initiative socialiste pour des impôts équitables Commentaires Bernard Dafflon 1

Circulaire du directeur des contributions L.I.R. n 104/1 1 du 20 novembre L.I.R. n 104/1

Programme de stabilité Quel impact sur l investissement local?

LA TAXE SUR LA VALEUR AJOUTEE - T. V. A. et Traitements comptables. Découvrir les principes des traitements comptables de la TVA.

1. Lois de Finances rectificatives LFR 2011 adoptée le 6 juillet 2011 : Fiscalité du Patrimoine Réforme de l ISF...

Les exploitations de grandes cultures face à la variabilité de leurs revenus : quels outils de gestion des risques pour pérenniser les structures?

les chiffres clés de l énergie en Guadeloupe Publication 2013

La société interprofessionnelle de soins ambulatoires 12 /2012. Jean VILANOVA Juriste

Propositions de réforme du MR en matière de droits de succession et donation

Table des matières. A. Les opérations susceptibles d entrer en compte 23 B. Convention de remboursement de compte et conflits d intérêts 24

Journal Officiel - Numéro Spécial - 18 août ème année OFFICIEL. de la République Démocratique du Congo. Cabinet du Président de la République

AUTORITE DES NORMES COMPTABLES NOTE DE PRESENTATION DU REGLEMENT DE l ANC n DU 3 JUIN 2010

«Offensive du Québec contre la dette»

Réunions patrimoniales Janvier Février 2013

Besoin d approfondissement des méthodologies d évaluation Le cas de la voiture électrique

Investissements et R & D

la Contribution Climat Energie

DIRECTION GÉNÉRALE DES FINANCES PUBLIQUES CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE TERRITORIALE 2012

Réunions publiques janvier Présentation du Débat d Orientation Budgétaire

Profils-pays de la fiscalité des produits du tabac dans la CEDEAO : SYNTHÈSE RÉGIONALE. Abidjan, Côte d Ivoire, 12 Février 2014

LES VALEURS MOBILIERES LA FISCALITE DES PLACEMENTS A LONG TERME

PRINCIPES DIRECTEURS INTERNATIONAUX DE L OCDE POUR L APPLICATION DE LA TVA/TPS

DIRECTION GÉNÉRALE DES FINANCES PUBLIQUES TAXE SUR LA VALEUR AJOUTÉE ET TAXES ASSIMILEES NOTICE POUR REMPLIR LA DÉCLARATION N 3517-S CA12/CA12 E

La Fiscalité de l Épargne Salariale

PETRO-CANADA ÉTATS FINANCIERS CONSOLIDÉS

réforme fiscalité indirecte de la Avant-projet Avril 06 1/14

ASSEMBLÉE NATIONALE 11 octobre 2013 AMENDEMENT

Les principales dispositions de la loi de finances pour 2013 du 20 décembre 2012

- Abrogation de la TVA «sociale» : La hausse de 1,6% de la TVA, qui devait entrer en vigueur le 1 er octobre 2012 devrait être abrogée.

COMMENT GÉRER UN CONTRÔLE FISCAL?

III.2 Rapport du Président du Conseil

Proposition en vue de la préparation du budget (2015)

LES FICHES ARGU DU GROUPE SOCIALISTE, RÉPUBLICAIN ET CITOYEN LE COLLECTIF BUDGÉTAIRE 12 JUILLET 2012

Royaume du Maroc. La masse salariale et ses impacts sur les équilibres économiques et financiers

G I E AG R I C A G E S T I O N

Projet de Loi de Finances Les principales réformes

RENTABILITE IMMOBILIERE ET PRESSION FISCALE

TERMES DE REFERENCE DE L AUDIT DU PROGRAMME DE VENTES ANTICIPEES A LA MOYENNE

Pacte de responsabilité et de solidarité. Réunion du 17/06/2014 Angoulême

N / /02/2014

Planification de la relève Troisième partie : La vente de l entreprise à un tiers

Association suisse des experts fiscaux diplômés Conférence du 25 novembre 2010 relative à la LTVA du 12 juin 2009

Actualité et devenir de l'isf et des droits de mutation à titre gratuit. Aspects internes & internationaux. Faculté de Droit Le 13 décembre 2011

Décret n XXX du XX relatif aux effacements de consommation d électricité

Les ratios financiers de l industrie alimentaire : définitions et évolution comparative à long terme

Code du Travail, Art. L à L

CONSEIL D'ETAT statuant au contentieux N RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS DE SANTÉ A DOMICILE et autre

Alerte. «Les Organisations Syndicales doivent établir des comptes annuels pour 2009 ainsi que des comptes consolidés»

Site portail des Urssaf Employeurs > Dossiers réglementaires > Dossiers réglementaires > Avantages en nature

Nouveaux enjeux du mandat. Vincent AUBELLE, professeur associé à l Université Paris Est Marne la Vallée

REFORME DE LA FISCALITE DU PATRIMOINE (communication du 18/07/2011)

LETTRE CIRCULAIRE N

DIMINUTION DU DÉFICIT PUBLIC : LES REFORMES ENVISAGEES. 26 Août 2011.

FICHE D IMPACT PROJET DE TEXTE REGLEMENTAIRE

Norme comptable internationale 20 Comptabilisation des subventions publiques et informations à fournir sur l aide publique 1

Audit financier & budgétaire de la Ville de Clamart

Circulaire du 12 mars 2014

DEBAT D ORIENTATIONS BUDGETAIRES 2015

Transcription:

Problématiques de la fiscalité pétrolière aval en Afrique : exemple du Cameroun Par Stéphane Essaga* La fiscalité pétrolière aval au Cameroun comme dans beaucoup d autres, s entendant l ensemble des prélèvements de droits et taxes dans la chaîne de la production et de la distribution des produits pétroliers, est caractérisée par l adjonction d une fiscalité spécifique (taxe assise sur les volumes produits) avec la taxe spéciale sur les produits pétroliers (TSPP) d une part instituée par la Loi des Finances 1984/1985, mais aussi par une fiscalité de droit commun intégrant la taxe sur le chiffre d affaires devenue taxe sur la valeur ajoutée d autre part (TCA/TVA). Le mécanisme de la TSPP ne pose aucun problème particulier d application, malgré la forte implication de la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures d une part, et l évolution fluctuante des affectations de ces recettes depuis la Loi des Finances 1998/1999. Toutefois c est le régime de la TCA/ TVA des produits pétroliers qui est source de complexité, de spécificité et de contentieux. HISTORIQUE DE LA TAXATION DES PRODUITS PETROLIERS AU CAMEROUN A l origine, les textes semblent clairs : seuls le supercarburant et le gasoil sont taxables à la TCA (ordonnance N 94/004du 16 février 1994 portant fiscalité des produits pétroliers). La loi des finances 1998/1999 exonère quant à elle le pétrole lampant et le gaz domestique à titre de produits de première nécessité, tous les autres produits ( fuel, bitumes, jet A1 ) étant explicitement taxables à la TVA suivant les dispositions de la loi de finances 2000/2001. Toutefois, malgré le principe de fixation libre des prix édicté par la loi N 90/031 du 10 août 1990 régissant l activité commerciale au Cameroun (article 12), l arrêté N 65/MINDIC/DPFC du 8 juin 1994, en conformité avec la loi sus visée qui donne cette possibilité, énonce que le super, le gasoil, le pétrole lampant et le gaz domestique font l objet de fixation homologuée de prix. En 1995, un autre arrêté (N 0078/MINEFI/CSPH du 4 juillet 1995), exclu les bitumes, les cuts backs et le fuel 180 de la procédure d homologation administrative. Conformément à son objet (article 2 du décret 74/458 du 10 mai portant création et organisation d une caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures), la CSPH a alors produit une circulaire (N 2344/MINEFI/SG/CSPH du 31 décembre 1997) relative à la détermination des éléments constitutifs des prix des produits pétroliers.

En tout état de cause, l origine des problèmes de taxation de ces produits (1) conduit à dégager les problématiques à élucider dans le cadre de cette réflexion (2). ORIGINE DES PROBLEMES RENCONTRES A la suite de la vérification générale de comptabilités des distributeurs professionnels des produits pétroliers pour les années allant de 1997/1998 à 1999/2000, l Administration fiscale a considéré que seuls sont imposables à la TCA/TVA le super et le gas-oil, les autres étant exonérés. Dès lors, elle a envisagé l application du prorata de déduction, ce que les compagnies pétrolières concernées ont contesté en arguant qu en fait l intégralité des produits pétroliers est taxable à la TCA/TVA. Les arguments de ces derniers ont essentiellement été articulés autour de la composition des prix considérés comme exonérés par l Administration, qui à certains postes était grevé de TVA d une part. D autre part, ils ont fait valoir que la stricte application du prorata de déduction revenait à appliquer une des articulations fortes certes de son régime, mais partiellement, du moment où ils ne pouvaient collecter de TVA «normalement» sur les ventes des produits prétendument taxables, car homologués. Par souci d équité, les parties litigantes assistées de la Caisse stabilisation des Prix des Hydrocarbures (CSPH) sont arrivées à un compromis, mettant entre parenthèses la stricte application du prorata de déduction. Cette exception a continué lors des deux saisons suivantes de contrôles de ces compagnies, où le redressement sur le prorata n a plus jamais été retenu dans les conditions légales. Entre-temps, la lettre circulaire N 8560/MINFIDI du 4 mars 1994 du Ministre des Finances adressée aux sociétés pétrolières, certaines mesures particulières et isolées ont exigé à celles-ci de faire figurer distinctement la TVA acquittée auprès de la SONARA lors de leurs facturations aux industriels, pour leur permettre une déduction de la TVA facturée par la SONARA aux marketers, et alléger le coût de cet approvisionnement. Il est clair de ce qui précède que le régime de la TVA des produits pétroliers homologués est donc spécifique, fortement «administrativé», et il importe, dans une dynamique de normalisation du secteur, de clairement identifier la problématique centrale à résoudre. COMMENT CONTROLER LES PRIX DES CARBURANTS SANS ALTERER LE REGIME FISCAL DE DROIT COMMUN? La TVA incorporée dans la structure de prix souffre d une coexistence contre-nature d éléments régulièrement taxés (prix sortie SONARA, cabotage, redevance portuaire et passage SCDP par exemple) et de prestation faussement taxée (TVA sur distribution) compte tenu de la contrainte de contrôle de prix. Dans la pratique, cette situation entraîne deux problèmes majeurs : - les produits domestiques que sont le super et le gazole ne peuvent être considérés comme effectivement taxés à la TVA tel qu édicté par l ordonnance N 94/002, alors que quand bien même c est le cas, c est à partir d un tarif fixe (3,6 par litre en 2002, 1,5 de janvier à

juillet 2005, 2,5 d août à décembre 2005, 2,50 aujourd hui en 2008), ne correspondant pas aux règles classiques de TVA; - L agrégation de toutes ces taxes au coût global du produit aggrave les coûts d exploitation des marketers, qui les comptabilisent en charge et ne déduisent que la TVA sur frais généraux, investissements et biens et services autres que les produits pétroliers. En d autres termes, la structure des prix des produits pétroliers met en échec l application des règles classiques de la TVA tant en ce qui concerne la TVA collectée, que des règles relatives à la déductibilité de celle-ci. Partant de cette spécificité, les marketers ont opposé une résistance à se voir appliquer la règle du prorata de déduction lors des vérifications générales de comptabilité diligentées par la Direction des Impôts d alors, estimant que cela revient à chercher à appliquer une des règles essentielles de la TVA à l exclusion d autres autant importantes. Cela conduit à une incertitude en matière de fiscalité des produits pétroliers, notamment en matière de TVA. Ces incertitudes conduisent à appliquer un système non conforme aux textes en vigueur et sont source d insécurité juridique pour les compagnies de distribution de produits pétroliers. ESQUISSES DE SOLUTIONS En ce qui concerne l Administration fiscale, ses propositions doivent viser une normalisation du régime de taxation autant que faire se peut avec les règles de droit commun, mais aussi tendre vers une sécurisation des recettes relatives à cette activité. Les solutions possibles à la résolution de ces problématiques sont largement tributaires de la volonté des pouvoirs publics et de l ingiénerie adoptée dans la gestion de la structure des prix En l état actuel des choses, la logique de réglementation des prix des produits pétroliers domestiques semble maintenue par les pouvoirs publics même dans un contexte de libéralisation généralisée de l activité économique. Dès lors, une libéralisation totale des prix avec une fiscalité inhérente classique n est pas envisageable. Or il est également constant que la fiscalité des produits pétroliers elle-même constitue plus de 65% de la structure du prix, ce qui conduit à penser que c est cette mannette que l Etat doit activer pour contenir les coûts, ceci d autant plus que certains intervenants importants de la chaîne estiment que les coûts de leurs prestations sont sous-évalués (SCDP), et devraient faire l objet d une hausse pour assurer la pérennité de leur activité. L instrumentalisation de la fiscalité aux fins de modulation des prix pétroliers est au demeurant ce qui est fait actuellement par le biais de trois actions récurrentes : - l institution d une TSPP négative sur le pétrole lampant, consistant pour l Etat à abandonner une partie de sa créance de TSPP sur le super et le gasoil à concurrence de cette taxe négative, en contrepartie du différentiel négatif de prix qu il impose sur le pétrole lampant ;

Il s agit par ce biais d une véritable subvention d équilibre ou d exploitation née de l insuffisance de prix administré sur ce produit de première nécessité. -La modulation des TVA sur distribution, qui sont fixées de façon spécifique, par litre vendu de produit et non ad valorem d une part, et ajusté suivant le prix définitif souhaité par les pouvoirs publics. - L exonération de TVA du pétrole lampant et du gaz domestique. Toutefois, ce mode de régulation a des conséquences négatives sur le système fiscal camerounais pour la raison essentielle que la nature de la taxe jouant le rôle de modulateur, la TVA, relève de tout un régime abouti dont les articulations sont nouées entre elles, contrairement à la TSPP, à gestion plutôt aisée. Fausser le taux de TVA à titre de contrôle de prix résout donc un problème ponctuel et en cause un autre, en limitant la capacité de récupération de la taxe d amont des marketers. De ce constat se dégage une proposition tendant à fédérer les préoccupations tant économiques que fiscales, largement influencée par l ancien système français de taxation des produits pétroliers. En France, il existe également une forte taxation des produits pétroliers, représentants 75% environ de la structure (droits de douanes et fiscaux compris). La taxe intérieure de consommation (article 265 du code des Douanes) coexiste avec la taxe sur la valeur ajoutée, avec l institution par la loi de finances 2001 d une modulation de cette TIPP pour le super, le gas-oil, le fuel-oil ainsi que des carburéacteurs autres, le pétrole lampant à usage de carburant ou de combustible et du white-spirit à usage de combustible. Les taux de la TIPP sont modifiés à la hausse ou à la baisse lorsqu il est constaté une variation cumulée du cours du pétrole brut «Brent daté» sur une période de deux mois (janvier, février, mars-avril.) supérieure à 10% par rapport à la période de cotation ayant entraîné la dernière modification intérieure. Les tarifs de la taxe intérieure frappant les produits concernés sont corrigés d un montant égal à la variation, en valeur absolue, de la moyenne des prix hors taxes de ces produits, multipliée par le coefficient de 0,16388 représentatif de l incidence de la TVA. Les périodes considérées pour effectuer les comparaisons sont identiques à celles retenues pour le calcul du pétrole brut. Les corrections de TIPP sont effectuées tant à la baisse qu à la hausse, sans jamais pouvoir dépasser le taux légal. S agissant de l amorce d une réflexion de fond sur la réforme de la fiscalité des produits pétroliers, il convient au préalable de définir une orientation réaliste et réalisable de réforme, qui ne peut que s appuyer sur les constantes incompressibles du système en vigueur, à savoir la logique du contrôle des prix d une part, et celle de modulation des éléments fiscaux dans cette dynamique d autre part. Dès lors et au regard du système français, il importe de réguler les prix à partir de la TSPP, taxe spécifique à régime simplifié, et garder une taxation à la TVA dans les conditions de droit commun, pour éviter une complexification de son suivi. Il est clair que dans cette

hypothèse, les scenarii de modulations des prix ne peuvent qu être envisagés conjointement qu avec la CSPH, pour la double raison que le niveau d aggravation des cours du brut ces dernières années est maîtrisé par cette structure, ainsi que les autres éléments fixes des structures de prix. Il s agirait alors d envisager une déductibilité intégrale des TVA d amont figurant dans la structure de prix, une taxation par les marketers au taux normal de la TVA sur une base intégrant entre autres la TSPP liquidée avec modulation dans des conditions à déterminer conjointement. La démarche devrait pouvoir aboutir en une TVA normalisée, en la sécurisation d un seuil de recettes en matière de TSPP et même en un allègement des comptes des entreprises et du prix à la pompe. C est au demeurant l orientation partiellement prise par les pouvoirs publics en cette année 2008 vue l augmentation de la facture énergétique, avec une réduction substantielle notamment de la TSPP (- 20 FCFA sur le super, fixée désormais à 100 FCFA, et 5 FCFA sur le Gasoil, pour une TSPP de 60 FCFA désormais contre 65 FCFA. Malheureusement, le régime de TVA demeure baroque et spécifique, ce qui conduit à constater juste la résolution du problème des consommateurs sans encore celui des intervenants principaux dans la chaîne de distribution. *Membre du Comité de rédaction d Afritaxes Membre de l Association Internationale des Négociateurs Pétroliers de Houston Membre de l Energy Institute de Londres