Chambre Régionale d Agriculture Chambre d Agriculture Haute Corse



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Chambre Régionale d Agriculture Chambre d Agriculture Haute Corse www.chambragri2b.fr Porto Vecchio Le Coût des Transports pour l élevage en Corse

S O M M A I R E INTRODUCTION I. L'ÉLEVAGE, UN SECTEUR FORTEMENT DÉPENDANT DE L'EXTÉRIEUR A. La nécessité des importations d'aliment concentré et de céréales B. Les importations fourragères II. LE COÛT LIÉ AU TRANSPORT POUR LA RÉGION CORSE A. Les différents moyens de transport et leurs caractéristiques B. Les coûts liés à l'acheminement C. Le coût pour l'année 2007 III. RATIONALISATION ET COMPARAISON A. Exemple d'une exploitation bovine Corse B. Cas d'une région agricole sur le Continent C. Comparaison Corse-Continent CONCLUSION

INTRODUCTION «La Corse, une montagne dans la mer». Ce commentaire géographique imagé stigmatisant la situation de l'île placée au centre de la Méditerranée, trouve tout son sens lorsqu'il s'agit d'évoquer la problématique des transports. En effet, la Corse ne reste accessible que par le biais des airs et de la mer pour l'acheminement d'individus, le transport maritime étant la seule possibilité pour les marchandises et le fret. Dans un contexte économique international plutôt morose, marqué par de nombreuses craintes liées à l'augmentation constante du prix de baril de brut qui a dépassé les 130 dollars le 22 mai dernier, l'insularité se paie au prix fort. Pour preuve, le prix du litre du gasoil dépasse les 1,50 euros le litre sur l'ensemble de l'ile alors qu'il est de 1,45 euros en moyenne sur le continent, ou encore l'augmentation de près de 10% du prix du fret maritime entre 2007 et 2008. Si la tendance est la rationalisation des coûts et à la maîtrise des dépenses, gage de compétitivité et avant tout de survie, la Corse, elle, subit une pression supplémentaire liée à un coût du transport imposé et surtout immuable. Ce handicap structurel majeur induit des coûts de mise en valeur et de structuration (investissements), des charges d'exploitation et des coûts d'accès aux marchés, supérieurs à ceux des produits concurrents d'origine continentale. Ces surcoûts débouchent inéluctablement sur une perte de compétitivité de nos exploitations agricoles. La présente étude a pour objectif de démontrer que, sans un dispositif pérenne de compensation des surcoûts de transport à l'importation des biens de production, l'agriculture corse ne peut raisonnablement aspirer à la rentabilité lui permettant de se placer dans une dynamique de développement durable. Nous avons dans un premier temps, volontairement limité le périmètre de cette étude aux filières d'élevage, qui sont les seules à être exclues des différents dispositifs d'aides proposés aujourd'hui par l'office des Transports de la Corse, sur les produits importés. Les aides existantes, qui permettent une prise en compte jusqu'à 90% du prix du fret maritime, ne concernent que les intrants nécessaires aux productions vouées à l'exportation (Système de péréquation intrant/sortant très peu mobilisé par l'élevage, qui demeure une activité faiblement exportatrice).

I. L'ÉLEVAGE : UN SECTEUR FORTEMENT DÉPENDANT DE L'EXTÉRIEUR A. La nécessité des importations d'aliment concentré et de céréales Hormis la coopérative de Vadina qui dispose d'une capacité de production marginale à l'échelle de la consommation locale et qui s'est spécialisée essentiellement dans la production et la distribution de céréales, la Corse ne possède pas les structures et le potentiel de production pouvant répondre aux besoins alimentaires de son élevage. De fait, la totalité des approvisionnements extérieurs réalisés pour pallier ce déficit est entièrement consommée. Le tableau qui suit a été élaboré grâce à la collaboration de l'ensemble des structures coopératives de l'ile et autres distributeurs privés du secteur agricole. Il représente de manière synthétique les quantités globales d'aliment concentré, de céréales, de foin et de luzerne que ces professionnels commandent pour les besoins des agriculteurs insulaires. La totalité de ces intrants est absorbée par le marché local sans qu'il n'y ait de volonté de la part des grossistes de travailler en flux tendu. La quantité d'intrants, toutes catégories confondues a augmenté de 25% entre 2006 et 2007. Une évolution qui s'explique par une augmentation importante des volumes d'aliments concentrés qui se sont accrus de 25 %. Cette hausse trouve son explication dans la polyvalence du produit, à fort potentiel nutritif et consommable par tout type d'élevage ; Produit alliant meilleure aptitude au stockage et plus grande facilité de distribution, comparativement aux fourrages. L'augmentation des volumes importés est à imputer également aux sécheresses qui ont frappé notre région ces dernières années.

Une hausse d'autant plus notable qu'elle correspond paradoxalement à une période de forte augmentation du prix de l'aliment, de l'ordre de 25 % pour l'année 2006-2007, s'expliquant en partie par la hausse mondiale des cours des céréales 2. L'augmentation des besoins en luzerne déshydratée, qui a été multiplié par 2,5 est le second facteur explicatif de cette croissance. L'analyse rapide des éléments qui précèdent nous montre que l'élevage corse a subi ces dernières années des contraintes structurelles cumulées. En effet, les sècheresses sévères qui frappent la région depuis de nombreuses années ont accentué la perte d'autonomie alimentaire des exploitations et conduit les éleveurs à sécuriser davantage leur système d'alimentation par une complémentation plus soutenue, basée en grande partie sur des achats extérieurs (concentrés, fourrages). La profession a de fait cumulé : augmentation des apports complémentaires, surcoût habituel du transport maritime et hausse mondiale du prix des céréales. Inutile de préciser que la transposition à l'échelle nationale d'une telle situation aurait fait l'effet d'une crise sans précédent. Cette crise a malheureusement été traversée par les éleveurs corses dans la plus grande indifférence. B. Les importations fourragères La production fourragère insulaire reste marginale malgré l'importance de la demande locale. Elle est difficilement chiffrable dans la mesure où l'essentiel de la commercialisation se fait de manière directe entre le producteur et l'éleveur, évitant les procédures de «commercialisation traditionnelles». De fait, la quasi-totalité des besoins fourragers de l'ile est comblée par des importations. Grâce au concours des principaux négociants en foin du Sud-Est de la France, il nous a été possible d'évaluer approximativement le tonnage de fourrage importé en Corse pour l'année 2007. Un chiffre qui avoisine les 14 000 tonnes, en provenance essentiellement des fourrages de la Crau. Malgré tout, une part variable de l'ordre de 15 à 20% échappe à nos estimations. Elle représente principalement les importations en provenance de Sardaigne. Ces importations n'ont pas été prises en compte car elles transitent via des compagnies différentes de la Société Nationale Corse Maritime (SNCM) ou de la Compagnie Méridionale de Navigation (CMN), qui sont les deux seules compagnies qui perçoivent les aides de la continuité territoriale entre Corse et Continent. 2 Source : Coopérative SICANICO de la région Corse.

II. LE COÛT LIÉ AU TRANSPORT POUR LA RÉGION CORSE A. Les différents moyens de transport et leurs caractéristiques Les concentrés et céréales : L'aliment concentré ainsi que les céréales sont conditionnés en sacs et transportés par semi-remorques. Dans le seul objectif d'optimisation des coûts, les producteurs d'aliments utilisent des véhicules permettant d'avoir un chargement le plus compact possible. Concrètement, cela impose que les véhicules utilisés soient le plus court possible, tout en acceptant un tonnage élevé. C'est pourquoi, les semi-remorques de 10,30 mètres linéaires ayant une capacité de chargement de 22 tonnes, sont les plus fréquemment utilisés par les importateurs. Le fourrage : La quasi-totalité du fourrage destiné à la Corse est conditionné en petites bottes rectangulaires. Ce foin est transporté essentiellement sur des camions plateaux disposant d'une remorque et plus rarement par semi-remorque. Cependant, la masse volumique d'une balle de foin est plus faible que celle d'un sac d'aliment concentré. Il faut également prendre en compte la taille variable d'un camion qui oscille entre 8 et 18 mètre linéaires, avec des tonnages allant de 8 tonnes à 26 tonnes (en fonction aussi de la qualité du fourrage). En faisant une moyenne des tailles et des poids de chargements, une semiremorque d'une taille de 10,3 mètres linéaires et d'une capacité de chargement de 22 tonnes de foin sera considérée comme «unité de valeur», pour la réalisation des calculs concernant l'aliment concentré et les céréales. De même, un camion d'une longueur de 13 mètres linéaires et d'une capacité de chargement de 17 tonnes sera considéré comme «unité de valeur» pour le foin.

B. Les coûts liés à l'acheminement Pour chiffrer le coût du transport, il est important de préciser que celui-ci comprend deux composantes : - le transport maritime - le transport routier Le transport maritime est facturé au mètre linéaire. Les tarifs appliqués par les compagnies sont les suivants : - 53,58 euros par mètre linéaire pour la SNCM dans le sens Continent Corse, auxquels viennent s'ajouter 4,30 euros de frais de dossier. - 35,48 euros par mètre linéaire pour la Compagnie Méridionale de Navigation (CMN) dans le sens Corse - Continent auxquels viennent s'ajouter 13 euros de frais de dossier. Le sens du trajet en fonction de la compagnie importe peu, les tarifs étant identiques. Cependant, sur le principe, lorsqu'un véhicule débarque et repart le lendemain, il y a un changement dû à une alternance dans la fréquence des bateaux. Le transport routier quant à lui comporte deux phases : - une première phase dans le sens Continent - Corse, avec un premier trajet entre l'usine de fabrication de l'aliment (ou le producteur de fourrage) et le port de Marseille - une seconde phase entre l'un des différents ports de Corse et les coopératives agricoles. Le retour ne comprend que la distance parcourue entre l'acheteur et l'un des ports corses, le trajet à partir du port de Commerce de Marseille est comptabilisé dans une autre transaction. L'aliment concentré et les céréales : Pour le transport de l'aliment concentré et des céréales, le coût du transport routier a été évalué de la manière suivante : - le montant du coût lié au transport entre l'usine de fabrication d'aliment concentré Bermond et le port de Commerce de Marseille est de 297 euros par véhicule.

- Le montant du coût lié au transport entre l'un des ports de l'ile et la coopérative, a été calculé sur une distance moyenne de 21 kilomètres. Ont été pris en compte une consommation moyenne de 40 litres pour 100 kilomètres du véhicule et un chauffeur payé au SMIC horaire de la profession, soit 21 euros. Le trajet retour jusqu'au port ayant la même valeur. Cet exemple peut s'illustrer de la manière suivante : Exemple de transport d'aliment concentré en sacs pour un semi de 10,3 mètres linéaires Pour une semi-remorque d'une longueur de 10,3 mètres linéaires, transportant une cargaison d'aliment concentré ou de céréales de 22 tonnes, le coût lié au transport atteint 1 269,32 pour un aller - retour entre le Continent et la Corse. Le transport maritime s'élève à 930,32 euros soit 73% du coût du transport entre le Continent et la Corse.

Le fourrage : Le coût du transport routier concernant le fourrage est évalué de la même manière, la distance moyenne de 68 kilomètres (distance entre Bastia et Corte) étant choisie pour référence. Un choix qui s'explique de deux façons : - la distance qui sépare les villes de Bastia et d'ajaccio de la ville de Corte ne varie sensiblement que d'une dizaine kilomètres. - la ville de Corte, située au centre de la Corse a été choisie comme destination médiane, car la majeure partie des éleveurs insulaires se situe dans le centre.. Schématiquement, cela donne la représentation suivante : Exemple de transport de fourrage pour une semi de 13 métres linéaires Pour une semi-remorque d'une longueur de 13 mètres linéaires, transportant une cargaison de foin de 17 tonnes, le coût lié au transport sera de 1 399,08 pour un aller - retour entre le Continent et la Corse. Le transport maritime s'élève ici à 1 175,08 euros soit 84% du coût du transport entre le Continent et la Corse.

C. LE COÛT POUR L'ANNÉE 2007 En 2007, le tonnage total confondu d'aliment concentré et de céréales importé en Corse représentait 33 560,5 tonnes, transportées dans 1 526 véhicules. Le coût du transport de ces denrées a été évalué à 1 936 982,30 euros, dont 1 419 668,30 euros de transport maritime, soit 73,3% du coût de transport global. 14 000 tonnes de fourrage ont été importées, nécessitant l'utilisation de 824 véhicules pour un montant de 1 152 841,90 euros. La part du transport maritime s'élève à 968 265,92 euros soit 84% du coût total. Pour la seule année 2007, ce ne sont pas moins de 47 560,5 tonnes d'intrants (fourrage, aliment concentré et céréale sans distinction) qui ont débarqué en Corse. La somme correspondant au coût du transport dont se sont acquittés les exploitants insulaires s'élevait à 3 089 824,2 euros, dont 2 387 934,2 euros pour le seul transport maritime (soit 77% du coût global). Dans le contexte économique actuel, entaché par un prix élevé et particulièrement instable du baril de pétrole, il est difficilement envisageable d'espérer une révision de ces coûts à la baisse. D'autant plus que les compagnies maritimes qui n'augmentent de manière générale leur prix qu'en fin d'année sur le fret, n'ont pas encore répercuté les dernières hausses.

III. RATIONALISATION ET COMPARAISON A. Exemple d'une exploitation bovine Corse. Une exploitation bovine moyenne corse comprend généralement : - 40 vaches - 1 taureau reproducteur - 15 veaux - 15 manzi L'alimentation est basée sur le pâturage (parcours+prairies) durant une grande partie de l'année avec une complémentation à base de foin et/ou de concentrés durant l'hivernage (6mois). Le régime alimentaire hivernal est basé sur l'apport d'aliment concentré, de céréale et de fourrage selon le plan de rationnement suivant : - Vaches : 2 kg d'aliments concentrés et 3 kg de foin par jour et par tête - Taureau : 3 kg d'aliment concentré et 4 kg de foin par jour et par tête - Manzi : 4 kg d'aliments concentrés et 4 kg de foin par jour et par tête - Veaux : 2 kg d'aliments concentrés et 2 kg de foin par jour et par tête mais pendant 4 mois uniquement Le tableau qui suit représente les besoins alimentaires nécessaires à cette exploitation et le prix à payer pour acheminer ces aliments du continent, en considérant que l'exploitant en importe la totalité. L'éleveur paiera (sur le prix des sacs et des ballots) 4 064,79 de transport/an, dont 3 254 de transport maritime.

B. Cas d'une région agricole située sur le continent Prenons le cas d'une région agricole fictive, ayant les mêmes besoins en tonnage que la Corse, et éloignée de 400 Km des fabricants d'aliments les plus proches. Afin d'établir une comparaison, il est supposé que le transport se fait uniquement par le biais du réseau routier et sur les critères précédemment considérés.

C. Comparaison Corse / Continent La comparaison des données traduisant le coût correspondant à l'acheminement des matières entre les producteurs et les acheteurs est représentée par le tableau suivant : Le coût de transport en Corse est 2,3 fois plus élevé que sur le continent à quantités et à distances équivalentes. Le transport routier pour la Corse représentant 701 890 - le coût du transport maritime, pour un équivalent transport " continent " soit 1 333 412, devrait être de 631 522. Le coût global du transport pour les exploitants agricoles de Corse, s'articulerait alors comme suit : - Transport routier 701 890 (prise charge totale par l'exploitant, sans soutien public) - Transport maritime 631 522. L'OTC devrait alors prendre à sa charge le différentiel du coût du transport maritime, soit un soutien financier à 75% du transport maritime des intrants agricoles de la filière élevage.

CONCLUSION Au vu des constatations établies dans ce rapport, une participation financière du secteur public apparaît primordiale pour différentes raisons : - Dans un premier temps pour assurer de manière homogène (passagers et fret) le principe de la continuité territoriale entre Corse et Continent. - D'autre part en raison du fait que les compensations actuellement instaurées par la Collectivité Territoriale de Corse ne sont pas applicables sur les intrants qui sont directement consommés dans l'ile. - Enfin, cette intervention doit permettre une concurrence saine et juste entre la production locale et l'ensemble des productions européennes (intégration de la Corse dans le marché européen) et gommer les disparités économiques qui existent. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui puisque les producteurs ont à surmonter l'obstacle majeur au développement de leurs exploitations que constitue 'insularité (compétitivité réduite). La Corse doit à ce titre faire l'objet d'un traitement différencié qui ne remettrait nullement en cause, bien au contraire, le principe de nondistorsion de concurrence qui est à la base même du fondement de l'union Européenne. Pour ce faire, une prise en compte à hauteur de 80% du coût du transport maritime pour les intrants agricoles de type fourrage, luzerne, aliments concentrés et céréales permettrait de ramener le coût lié au transport entre Corse et Continent (dans ce sens) à un coût comparable à celui payé par les éleveurs de l'hexagone. Cependant, il apparaît primordial que les aides allouées soient directement versées aux éleveurs, sur présentation de justificatifs (factures, bon de transport etc ). En aucun cas celles-ci ne doit être versée aux compagnies maritimes. Les entreprises privées et coopératives devront, faire apparaître distinctement sur leurs factures le coût du transport maritime de manière à ce que l'aide soit précisément répercutée sur le coût d'achat facturé aux exploitants locaux. Dans l'hypothèse ou les coopératives devraient faire une avance afin de se faire rembourser le coût du transport, le délai de remboursement par l'office ne devra pas excéder 30 jours sous peine de causer des problèmes de trésorerie et d'entraver le bon fonctionnement de la structure. Si les productions d'aliments, de fourrage et d'engrais sont encore peu développées sur l'ile, dans le cadre du développement de l'une d'entre elle, l'aide à l'import devra être réajustée afin de ne pas déstabiliser la mise en place de la production locale.