Augmentation du taux d électricité en Afrique par l utilisation des énergies renouvelables Par Jean Pierre BEYOKO LOKU, Secrétaire Permanent CNE/Ministère de l Energie/RDC
Sommaire I. Introduction II. Etat des lieux énergétique en Afrique subsaharienne III. Amélioration du taux de desserte d électricité Impacts des énergies renouvelables Stratégies Cas de la RDC IV. Conclusion
I. Introduction L énergie électrique est porteuse de confort et de commodités pour les personnes qui en bénéficient; En effet, la facilité d accès à une énergie électrique fiable est, tant pour les populations que pour les activités productrices, une impulsion pour le développement socioéconomique et une condition sine qua non pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).Cette affirmation apporte un lien incontestable entre Energie et Développement
I. Introduction (suite) Lorsque nous parlons de développement et de confort, cet accès à l énergie électrique est, pour les ménages, la capacité d obtenir des services énergétiques. Problématique: cet accès est fonction du niveau de disponibilité et «d abordabilité» qui supposent une proximité au réseau électrique (source de production) d une part et, d autre part, la capacité financière des populations bénéficiaires à payer les coûts d utilisation de l énergie électrique(qui est un luxe).
I. Introduction (suite) Ainsi, lors de la planification de politiques et stratégies de développement énergétique, il est nécessaire, pour nos décideurs, désireux de s attaquer au problème d accès des populations à l énergie électrique (amélioration du taux de desserte), de se poser la question de savoir :
I. Introduction (suite) L électrification tant urbaine que rurale : quelles sources d énergie capables de faciliter l accès à l électricité à un plus grand nombre des populations et favoriser le développement socio-économique? Quels projets et stratégies susceptibles d avoir l impact le plus bénéfique et le plus durable? Contexte africain:- Populations nombreuses dans les campagnes - Exode rural (Bidonvilles) - Villages disseminés et peu peuplés - Etendue des pays
I. Introduction (suite) Répondre à ces questions cruciales consiste : D abord à considérer les atouts majeurs dont disposent les pays d Afrique et qui soient susceptibles d entraîner un développement socio-économique (inventaire des ressources disponibles); Ensuite, à mettre en place des politiques et des stratégies visant l exploitation de ces atouts (éviter d emblée des solutions calquées); Et enfin, à chercher les mécanismes devant aboutir à la matérialisation sur terrain des projets y afférents.
II. Etat des lieux énergétique en Afrique subsaharienne 1 Potentialités énergétiques Immenses ressources énergétiques aussi variées que diverses, constituées essentiellement des énergies renouvelables (l hydraulique, les gisements solaire et éolien, la biomasse, la géothermie, le gaz naturel ) Plus singulièrement, le potentiel hydroélectrique africain techniquement exploitable est évalué à 1.888.000 GWh/an dont près de 42% sont concentrés en RDC (774.000 GWh/an). Quant à la biomasse, 42% des forêts africaines se trouvent en RDC (possibilités de valorisation des déchets des plantations et de développement de cette source d énergie) Donc le potentiel africain en Energies Renouvelables est énorme.
Etat des lieux énergétique (suite) 2 Taux de desserte d électricité Avec un tel potentiel, on dénombre près de 35,5 % de la population qui a accès à l électricité dont 8,4 % pour les populations rurales. L Afrique présente donc des taux d électrification les plus faibles du monde. Pour la RDC, ce taux est de 6 % (30% en villes et 1% dans les milieux ruraux)
Etat des lieux énergétique (suite) Taux d électrification en 2005 de quelques pays d Afrique subsaharienne (A titre d exemple) - Afrique du Sud : 55% - Bénin :22% - Côte d Ivoire : 40% - Mali : 8% - Sénégal : 32% - RDC : 6% - Ghana : 24% - Burkina : 5% Conclusion: L état des lieux énergétique africain nous montre clairement que les ressources énergétiques sont énormes et les taux d électrification sont faibles. Ainsi donc, il y a problème.
III. Amélioration du taux de desserte d électricité 1 Impact des énergies renouvelables En raison de l abondance et de la pérennité des ressources, de la dispersion de l habitat, de la possibilité d une production décentralisée avec des technologies qui sont à l heure actuelle éprouvées, de faibles coûts de maintenance et entretien des installations, l utilisation des énergies renouvelables constitue une alternative face aux problèmes d accès à l énergie fiable, de développement social et de croissance économique ainsi que de réduction de la pauvreté, tout en mettant un frein à la dépendance en énergies traditionnelles (bois de chauffe). Leur valorisation est une nécessité impérieuse.
Amélioration du taux de desserte d électricité(suite) Il est fort malheureux d observer, qu à l aube du 3e millénaire, la majorité des pays d Afrique subsaharienne ne sont pas encore engagés dans la bataille de la conquête des sources d énergies renouvelables. Bien entendu, il y a quelques obstacles qui entravent l accès des populations et communautés tant urbaines que rurales aux services énergétiques modernes (notamment les coûts très élevés d investissement et de raccordement au réseau, la pauvreté des états ). Mais des options claires et volontaristes sont recommandées pour leur valorisation. Cela veut dire, le crédit dont bénéficient ces énergies modernes sur le développement socio économique des milieux qui en disposent (par exemple la préservation de l environnement et l augmentation des activités dans les contrées de leur implantation) est d une importance telle que les décideurs doivent mettre en place des mécanismes d atténuation des obstacles ci-haut signalés.
Amélioration du taux de desserte 2 Stratégies d électricité (suite) Nécessité, pour nos décideurs, de mettre en place des options d électrification visant l exploitation des sources d énergie disponibles (et dans leur diversité) pour faciliter l accès d un grand nombre de populations au confort lié à l électricité et de rassurer les partenaires.
Stratégies (suite) Pour ce faire, les conditions ci-après seraient nécessaires pour améliorer le taux de desserte: - Adoption des reformes nationales visant la rationalisation des activités des opérateurs dans le secteur, l ouverture du marché de l électricité favorisant la concurrence; - Mise à la disposition des populations rurales des sources d énergies fiables et efficientes (choix technologiques judicieux, leur implication dans les projets ); - Mise en place d une réglementation fiable, claire et compréhensible et la présence d une autorité de régulation en guise d arbritage entre différents acteurs.
Stratégies(suite) Toutefois, le succès de cette approche exige la mise en place par les décideurs d une politique cohérente en matière de l énergie favorisant à la fois la réhabilitation et le renforcement des structures et infrastructures existantes, la promotion de nouvelles initiatives en faveur des populations défavorisées, la coopération régionale pour des projets à grande échelle et le recours aux initiatives privées.
Amélioration du taux de desserte d électricité (suite) 3. Cas de la RDC a. Place des énergies renouvelables Les énergies renouvelables occupent une place de choix dans la stratégie nationale d électrification du pays qui tient compte de l indépendance énergétique, au regard des préoccupations mondiales telles que: - La prise de conscience de la dégradation de l environnement par l utilisation massive des combustibles fossiles ; Le souci d être moins dépendant des sources d énergies traditionnelles (bois et déforestation) ; L impact sur l amélioration des conditions de vie des populations (OMD); La maîtrise du prix de l énergie (technologies appropriées); La mise en œuvre d un développement durable (politique soutenue sur plusieurs années).
Amélioration du taux de desserte d électricité (suite) b. Potentialités énergétiques La RDC regorge d immenses ressources en énergies renouvelables susceptibles d être exploitées pour un développement durable. Ces potentialités se résument à : Energie hydraulique : un potentiel hydroélectrique de 774.000 GWh/an ; Energie solaire : un ensoleillement compris entre 3,3 et 6 kwh/m2/j ; Energie éolienne : des vitesses de vent comprises entre 2,5 et 6,5 km/h ;
Potentialités énergétiques (suite) Energie de la biomasse : 125 millions d hectares de forêts ; Biogaz et biocarburant : beaucoup de déchets végétaux et animaux non évalués et une importante réserve en gaz méthane du lac Kivu estimée à 50 millions de Nm3 ; Energie géothermale : existence des sites géothermiques dans la partie Est du pays (activités volcaniques).
Amélioration du taux de desserte d électricité (suite) c. Taux de desserte Avec un taux moyen de desserte nationale en électricité de 6% (30 % en villes et 1 % dans les milieux ruraux), la RDC est parmi les pays du monde les moins électrifiés. Donc, des efforts sont à déployer pour le développement du secteur.
Amélioration du taux de desserte d. Stratégies d électricité (suite) Poursuivre la voie des réformes engagées où une nouvelle politique globalisante du secteur devrait être définie (code de l électricité); Intensifier l électrification rurale à partir des technologies des énergies renouvelables, notamment celles ayant trait à l hydroélectricité au moyen des pico, mini et micro centrales hydroélectriques, des technologies solaires ou celles de valorisation de la biomasse ; Encourager, dans le cadre de cette politique, des investissements privés pour l installation des pools de développement; Favoriser les échanges énergétiques aux niveaux sous régional et régional, notamment par la réalisation des projets communs et la promotion des exportations (électrification transfrontalière par exemple).
Stratégies (suite) Dans le cadre de cette politique, la Société Nationale de l Electricité (SNEl) a mené quelques actions visant la mise à l état de son outil de production existant, l électrification de quelques milieux ruraux et le développement des projets aux niveaux sous régional et régional (notamment, les autoroutes énergétiques au départ du site d Inga...). Nous saluons l existence au sein de cette entreprise d une Cellule d Electrification Rurale (CER).
Stratégies (suite) Quant à la Commission Nationale de l Energie (CNE), Organe Conseil et d Etudes du Gouvernement en matières énergétiques, elle ne cesse de stigmatiser l importance de l exploitation des énergies renouvelables pour augmenter le taux de desserte nationale. Dans ce cadre, elle a, par exemple, mis en place un Centre de Démonstration de ces Energies dans la périphérie de Kinshasa en vue d expérimenter les nouvelles technologies dans le but de les examiner comme alternative à l électrification des milieux périurbains et ruraux face aux groupes thermiques diesel par exemple.
Amélioration du taux de desserte e. Les attentes d électricité (suite) - Dans un premier temps, le Plan Quinquennal 2007-2011 englobe en son sein des actions qui pourront améliorer sensiblement le taux de desserte nationale en électricité de 6 % à 20 %. - L exécution à terme de toutes les stratégies à mettre en place pourra amener ce taux à un niveau beaucoup plus élevé dans un horizon temporel de plus de 15 ans ( 2020 à 2030).
Conclusion Pour des raisons de sécurité et de diversification de l approvisionnement en énergie, de protection de l environnement et des motifs liés à la cohésion économique et sociale, l utilisation de l électricité produite à partir des sources d énergies renouvelables (SER) doit être au premier rang des priorités de nos Gouvernements. Des politiques et stratégies cohérentes doivent être mises en place pour disponibiliser cette énergie électrique et favoriser son accès à un plus grand nombre des populations. Beaucoup de pays d Afrique subsaharienne ont déjà amorcé des programmes d électrification soutenue qui pourront améliorer sensiblement leur taux d électrification (cas de la Côte d Ivoire, Caméroun ).
Conclusion (suite) Quant à la RDC, avec ses ressources énergétiques gigantesques, nous reconnaissons que des efforts sont accomplis pour l exploitation desdites ressources en vue du développement du secteur. Mais,au lieu d agir de manière ponctuelle et disparate, c est une politique nationale continue (à long terme) qui s avère indispensable pour atteindre un meilleur taux d électrification. Dans le cadre de cette politique, tout partenariat devrait être encouragé afin de concrétiser les politiques et stratégies à mettre en place. Ainsi, à côté du rôle international que devra jouer Inga, des opportunités d investissement s offrent aux niveaux national et local à tout opérateur intéressé.
merci de votre attention