Compétitivité internationale des industries françaises des filières animales



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Transcription:

Compétitivité internationale des industries françaises des filières animales Carl Gaigné Directeur de Recherche INRA RMT Economie des filières animales Compétitivité des filières animales françaises 10/12/13 Paris 1

Constats Export/CA Import/Cons. Solde hors hors Industries CA HT UE Total UE Total Comm. UE UE Viandes 21% 11% 4% 14% 14% 2% 16% -751(UE) Laits 16% 17% 6% 24% 11% 1% 13% 3432 FAB 7% 11% 4% 15% 6% 1% 7% 1067 IA A 170 Mds 17% 9% 26% 16% 6% 22% Source Insee 2012 2

Des parts de marché des IAA françaises à l exportation qui diminue depuis 90 s De 1997 à 2009 : 12,7% à 9,6% au sein de l UE : 3,5% à 2,9% dans le monde : Diminution dans la plupart des sous-secteurs France Allemagne Industries 2002 2011 2002 2011 Viandes 6% 4,3% 6,9% 9,2% Laits 13,4% 10,8% 14,58% 14% FAB 8,8% 7,9% 8,8% 9,7% 3

Des dynamiques différentes selon les secteurs Nb exportateurs Nb de destinations Industries 2002 2011 2002 2011 Viandes 1941 1555 172 177 Laits 1099 1137 182 186 FAB 251 424 99 151 Evolution du solde commercial Ratio prix unit. export./prix unit. import. Prix courant 4

Facteurs de compétitivité d une industrie : Environnement socio-économique (coût du travail (?), fiscalité, réglementation OGM, protéine d origine animale, ) Stratégies industrielles des firmes (choix de technologies, produits, gammes, de marchés, spécialisation vs diversification ) Structuration de l industrie (Nombre, taille et localisation des entreprises, niveau d intégration verticale, ) 5

La structuration des industries des filières animales est-elle satisfaisante? 6

Très forte concentration des profits et des exportations sur quelques grandes firmes Industries «animales»(viandes + Laits + Fab) Tranche nombre Export. EBE Emploi entreprise Tot. (M ) (M ) 20> effectif >50 746 54% 424500 5% 247270 12% 22151 12% 50> effectif>100 243 18% 423000 5% 178883 8% 17473 9% 100>effectif>250 214 16% 1030000 14% 409604 19% 32419 18% 250>effectif>500 95 7% 1345500 18% 360417 17% 32271 17% effectif>500 69 5% 4442000 58% 941825 44% 80518 44% 1367 100% 100% 100% 100% source EAE 5% des entreprises assurent près de 60% des exportations 7

Comparaison France-Allemagne Démographie des entreprises Source Eurostat (2005) Pays Total <10 sal. 10-249 >250 sal. Industrie des viandes France 11216 85% 14% 1% Allemagne 12615 49% 50.5% 0.5% Industrie du lait France 1462 71% 25.5% 3.5% Allemagne 453 57% 34.5% 8.5% Pologne 723 62% 31% 7% IAA France 67995 89% 10.5% 0.5% Allemagne 32742 50% 48.5% 1.5% 8

Cette structuration peut être un problème pour la performance globale du secteur Les entreprises de petite taille sont très sensibles aux effets de conjonctures Hausse des charges fixes (Mises aux normes, ) Hausse des couts variables (prix de l énergie et matières premières) Baisse des parts de marché due à la concurrence Freins à l investissement pour les PMEs : les bénéfices d un investissement arrivent après les coûts moins d exportation, moins d innovation, pouvoir de négociation plus faible, Voire arrêt des exportations 9

Entre 1996 et 2012 (17 ans), près de la moitié des 12300 exportateurs n ont exporté qu une seule année [très forte rotation] Le plus dur : pérenniser l activité d exportation 10

La taille de l entreprise est un facteur important Industries «animales»(viandes + laits + fab) source EAE Tranche % Export Export. CA CAEXP exportateur /CA moy. (M ) /eff /eff 20> effectif >50 45% 8% 1200 10917 54,046 50> effectif>100 60% 10% 2700 23714 38,598 100>effectif>250 70% 11% 7050 53758 46,279 250>effectif>500 77% 14% 18180 110496 53,678 effectif>500 89% 16% 48623 402726 63,337 non seulement, pour accroire les performances à l exportation (probabilité d exporter et niveau d exportation) 11

mais aussi pour atteindre les marchés lointains et en croissance Jusqu ici la croissance des exportations a été permise par la croissance du marché européen. Aujourd hui, le marché européen est «saturé» avec une concurrence plus vive. Or, du fait de leur taille, Les PME parviennent très peu souvent à s implanter dans des marchés en forte croissance (Asie, marchés éloignés géographiquement, incertitude plus forte). Renforcé par la multiplication des standards par pays fixés par les autorités publiques et la grande distribution PMEs dans les IAA se concentrent sur quelques marchés 12

Plus de 40% des entreprises exportent vers un seul pays (massivement des entreprises de petite taille et exportant principalement dans l UE) 13

Poids des exportateurs mono-destination [filières animales] Industrie Quelle soit la taille de la firme Nb exportateurs Part des firmes mono-destination Poids des firmes monodestination dans export Viandes 1561 44% 2% Lait 1137 48% 2% FAB 446 55% 2% Selon la taille de la firme (sources EAE et Douane) Tranche nombre % de exportateurs % de exportateurs Nb moyen entreprise mono-destination au trois pays destination 20> effectif >50 746 54% 33% 45% 4 50> effectif>100 243 18% 20% 61% 6 250>effectif>500 214 16% 18% 75% 9 500>effectif>250 95 7% 7% 83% 11 effectif>500 69 5% 1.5% 97% 22 14

Enjeu 1: Favoriser l agrandissement des firmes de taille moyenne Pérenniser l activité d exportation Accroitre les exportations, Augmenter le nombre de destinations Atteindre les marchés éloignés en croissance 15

Or, L environnement économique en France ne semble pas favorable au développement des PMEs deux exemples 16

Exemple 1. Crédit d impôt Recherche (déduction fiscale de 30% des dép. de R&D) Aides de 5 Milliards favorables aux GE (tous secteurs) Taille Nb. de Montant Montant Répartition de l entreprise bénéficiaires millions d moyen emploi 2005 2010 2005 2010 2005 2010 par taille <250 salariés 4407 10971 445 1454 0.1 0.13 60% dt 50 à 250 sal 815 2365 129 628 0.15 0.26 dt 50 à 250 sal ind 733 1336 94 394 0.12 0.29 >5000 salariés 56 86 143 1620 2.5 19 20% Source : MESR En 2010, 1% des bénéficiaires (>5000 sal.) : 32 % des aides CIR 6% des bénéficiaires (>500 sal.) : 64% des aides CIR 17

Aides CIR pour les IAA : 40 Millions Aide %RD Nb entre Aide moy. Ind Viandes 2500000 7.7% 77 35000 Ind Laits 6000000 16.7% 67 90000 FAB 2600000 13% 38 70000 18

Exemple 2 : Coût du Crédit Bancaire (source BdF) Faits En 2009 : baisse des taux directeurs baisse des taux effectifs plus importantes pour les GE que les PME indépendantes (hors EI, tous secteurs). Taux moyen 2009/2010 : 2% pour les GE, 3.7% pour les PME indep Taux moyen crédits pour découvert : GE : 1,8% - PME indep. : 6,5% Accentué par des «frais de dossier» bcq plus élevés des PME independ (hors EI) (50 pds contre 6 pds pour les GE) 2009/2010, PME indépendante: 70% des lignes de crédits mais 25% des montants (essentiellement montants inférieurs à 1 million) tandis que les GE et holding (crédit de trésorie et sup à 1 million) Toutefois, montants agrégés de Crédit d investissement plus élevés pour PME indep que GE et holding 19

Enjeu 2 Mettre en réseau les PME Part des firmes «indépendantes» France Allemagne Viandes 75% 32% Laits 68% 41% FAB 39% 30% Performances à l exportation sont plus élevées pour les entreprises appartenant à un groupe possédant des intermédiaires (grossistes et détaillants) 20

Enjeu 3: Améliorer l efficacité de la R&D Enjeu pas qu en termes de niveau d effort pour le R&D Les dépenses et les effectifs de R&D par les IAA ont augmenté Effectif de R&D (ETP) 3868 en 2001 à 4627 en 2005 Dép intérieure de R&D : 351 Millions en 2001 à 475 millions en 2005, soit 90000 /ETP à 102000 /ETP ALORS QUE LA PRODUCTIVITE DES IAA STAGNE (EN MOYENNE) 21

ENJEU 4 SECURISER LES ACCES AUX FOURNISSEURS Maintenir un niveau de productions agricoles locales suffisamment élevé pour ne pas limiter les possibilités d expansion des IAA Mutations importantes dans les secteurs agricoles Secteur avicole : crise Industrie du Lait : fin des quotas et contractualisation Secteur du porc : Mise aux normes des bâtiments Dans un contexte de prix élevé des céréales contraintes environnementales fortes 22

EN GUISE DE CONCLUSION Politique industrielle : Améliorer la performance globale des différentes industries animales par une restructuration industrielle Favoriser la croissance des entreprises de taille moyenne (fusions, ) avec une meilleure maitrise de leurs intermédiaires pour : des industries plus résistantes en cas de crise des industries plus performantes en termes d innovation et exportation Soutenir les petites entreprises à forte valeur ajoutée Faire co-exister différents types de filières (filières avec production de masse / filières avec produits à plus forte VA) 23