Blogue / Philips Éclairage Date : 19 novembre, 2013 Auteur : Monique Cousineau Catégorie : Innovation Entrevue avec Sabine De Schutter, lauréate du 1 er prix du concours de la fondation CLU 2013 Le mois dernier nous avons annoncé les gagnants de l édition 2013 du concours de la fondation CLU qui a pour but d encourager les jeunes designers à développer des concepts d éclairage innovateurs pour des endroits publics. Au cours des prochaines semaines nous afficherons des entrevues avec les trois lauréats. Aujourd hui j ai le plaisir de vous présenter l entrevue avec la lauréate du 1er prix, Sabine De Schutter, originaire de la Belgique et son équipe originaire de l Allemagne qui ont reçu le prix pour leur projet Crowd Darkening. Le projet a été choisi comme gagnant par le jury pour ses interventions à l échelle humaine. Il prend en considération la sécurité des usagers tout en apportant une dimension poétique et intime à l éclairage. Tout d abord, nous désirons féliciter Sabine De Schutter et son équipe qui se mérite le premier prix du concours Socialight de la Fondation CLU. Parlez-nous de vous, de votre carrière et de votre formation Nous sommes un groupe multidisciplinaire qui se réunit parfois sous le nom de «What Would Harry Do?» afin de travailler sur des projets de design motivés par notre passion et axés sur l utilisateur. Nous cherchons à transmettre à d autres nos méthodes et notre esprit créatif. Page 1 sur 5
Sabine De Schutter (Belgique) est cofondatrice du studio de conception d éclairage jack be nimble et conférencière à la Hochschule Wismar. Elle est titulaire d une maîtrise en architecture intérieure et d une maîtrise en conception d éclairage architectural. En 2012, elle a été nommée Young Lighter of the Year pour son étude «Shadow designing Space». Thuy Chinh Duong (Allemagne) travaille comme coach et conseillère indépendante en idéation conceptuelle (Design Thinking) et fait partie de l équipe pédagogique de la HPI School of Design Thinking de Potsdam. Elle s intéresse à l innovation appliquée au transport et à la planification des infrastructures, à la durabilité environnementale et à l éducation. Elle a étudié à Berlin, Montréal et Londres et possède une maîtrise en mathématiques appliquées. Hanna Martus (Allemagne) participe à différents projets coopératifs transdisciplinaires dans le domaine de la durabilité sociale et environnementale et se passionne pour l éducation, la mobilité et les soins de santé. Elle a vécu et étudié à Barcelone durant sept ans et travaille aujourd hui comme conceptrice graphique et conseillère en design responsable sous l égide de sa propre entreprise, BEWUSST-SIGN. Sebastian Krapp (Allemagne) œuvre comme médecin en Suisse et a étudié l idéation conceptuelle. À l occasion, il troque ses tâches hospitalières pour des projets au sein d équipes multidisciplinaires portant sur des sujets tels que l innovation dans les soins de santé, la mobilité et l éducation. Il rêve de créer un système de santé plus centré sur le patient et plus convivial dans l avenir. Birte Schaper (Allemagne) est associée de recherche à la Hochschule für Wirtschaft und Recht de Berlin. Titulaire d une maîtrise en économie de l Université Humboldt, ses recherches actuelles portent sur la création de modèles d affaires, les écosystèmes des entreprises en démarrage et la dynamique des réseaux sociaux. Mia-Alina Schauf (Allemagne) mène des recherches dans les domaines de la gestion des affaires et de la culture des entreprises afin de trouver des solutions pour amener les entreprises à innover. Titulaire d une maîtrise en sociologie des affaires, elle est conseillère indépendante en idéation conceptuelle. Page 2 sur 5
Florian Strenge (Allemagne) s intéresse particulièrement aux questions liées au design et au transport urbain. Il a travaillé dans les domaines de la mobilité électrique et des énergies renouvelables et possède un diplôme en psychologie économique. En 2012, son équipe «What Would Harry Do?» et lui ont remporté un concours international d aménagement urbain visant à réorganiser le transport public informel à Vientiane, au Laos. D où vous vient votre intérêt pour la conception d éclairage? Sabine De Schutter : Il a sans doute été nourri par mes parents, qui étaient photographes. Grâce à eux, j ai appris à observer la lumière. Cependant, je voulais travailler avec l espace, où, selon moi, l atmosphère est l élément prédominant. Or, comme la lumière est la composante qui influence le plus l ambiance, je m y suis intéressée de près et c est ainsi que j ai découvert le métier de concepteur d éclairage. Chacun des membres de l équipe a développé un intérêt pour l éclairage dans le cadre de son parcours professionnel ou personnel. Le fait que nous soyons constamment environnés par la lumière naturelle ou artificielle est une évidence. Toutefois, c est en l absence de lumière ou lorsque la lumière ne convient pas à la situation que nous y prêtons le plus attention. Il a été très intéressant d échanger sur de telles expériences entre nous. Pourquoi avez-vous participé au projet Socialight? Nous avons trouvé très intéressante l idée d associer l éclairage et la composante sociale. Nous aimons remettre en question les idées reçues dans ce cas l éclairage des rues et le paysage urbain nocturne et créer des solutions inspirées des besoins des usagers. Pouvez-vous nous expliquer l idée de départ du concept Crowd Darkening et la dimension sociale de ce projet? Au terme de discussions intenses sur les structures sociales et en nous appuyant sur nos idées à propos de l évolution possible de notre société, nous avons voulu intégrer certains aspects de cette réflexion collective à notre concept par exemple, faire en sorte que l éclairage des rues améliore le bien-être des usagers. Il est rapidement devenu clair que nous ne souhaitions pas inventer de nouvelles sources de lumière ni de nouveaux luminaires, mais plutôt créer un processus social visant à déterminer la lumière! Pensez-vous que votre proposition pourrait devenir réalité? Notre proposition pourrait se réaliser aujourd hui. Nous avons conçu Crowd Darkening uniquement à partir de technologies disponibles sur le marché, notre objectif étant de créer un nouveau système d éclairage social. Page 3 sur 5
Nous espérons que ce concept saura persuader les gouvernements de voir au-delà du coût initial et d apprécier la valeur ajoutée d un projet d éclairage social. Lorsque nous entrons en mode «conception», nous cherchons à définir notre sujet le plus précisément possible. Dans le cas présent, nous avions quelques personnes (des usagers) et un parc de Berlin en tête. Nous serions ravis que notre projet prenne forme à cet endroit. Quelles étaient vos motivations pour Crowd Darkening? Nous voulions que notre concept intègre différentes valeurs. Pour commencer, nous avons cherché à concevoir un système d éclairage qui s adapte à l usage social qui en est fait dans la sphère publique afin de créer une atmosphère agréable à l endroit où cet éclairage est nécessaire. Ainsi, nous offrons des espaces publics auxquels l usager peut s identifier et par conséquent, à l égard desquels il peut développer un sentiment d appartenance. Nous avons constaté que l identification à un espace public est essentielle à l heure où les gens sont de plus en plus déracinés et où la vie devient de plus en plus virtuelle. Nous avions aussi des motivations environnementales. Illuminer uniquement les zones où l éclairage est nécessaire au moment opportun est un moyen efficace de réduire la consommation d énergie et les dépenses en électricité tout en diminuant la pollution lumineuse. Tous ces éléments ont joué un rôle dans la conception d une atmosphère localement réactive pour les parcs et les espaces publics qui améliorent le bien-être de leurs usagers et du voisinage dans son ensemble. Pouvez-vous nous en dire plus sur l aspect opérationnel de votre installation? Comment fonctionne-t-elle? L intensité de l éclairage ainsi que la hauteur de la source de lumière correspondent au moment de la journée, au nombre de personnes présentes dans le parc et au lieu où elles se trouvent. Lorsqu une personne pénètre dans le parc, elle modifie l intensité lumineuse. Moins il y a de personnes présentes, plus le niveau d éclairage augmente, ce qui apporte un sentiment de sécurité grâce à une visibilité optimale de l espace environnant. À l inverse, un groupe a besoin de moins de lumière. Un éclairage tamisé crée un environnement propice à la socialisation. Nous avons voulu que l éclairage soit présent là où il est nécessaire et que l activité humaine génère de l énergie. Tout contact du visiteur avec le sol du parc produit un courant électrique grâce à l énergie cinétique. Ainsi, les usagers du parc génèrent leur propre lumière, ce qui rend l éclairage public plus durable en ce qui concerne l environnement. Page 4 sur 5
Comment voyez-vous l évolution de l éclairage à long terme? Avec l évolution des technologies, la lumière devient de plus en plus complexe. On est passé de l ampoule incandescente à tout un choix de lampes et de luminaires. L importance de la conception d éclairage en architecture et dans les espaces publics est de plus en plus reconnue, car les gens, comme les planificateurs, y prêtent de plus en plus attention. Je crois qu à long terme, la conception d éclairage sera aussi connue et reconnue que l architecture l est aujourd hui. Comment voyez-vous évoluer votre carrière dans l avenir? Nous continuerons de remettre en question le statu quo et nous espérons, en tant qu équipe, avoir l occasion de développer de nombreux concepts innovants susceptibles de changer et d améliorer ce qui existe actuellement. Nous continuerons de créer des concepts axés sur les gens. Nous espérons trouver des clients ouverts aux idées neuves et originales et les aider en leur faisant profiter de notre expertise multidisciplinaire. Page 5 sur 5