Témoignages du Togo APETCHO Yaura Yaura APETCHO est gérante de fufu-bar à Agomé-Yoh, un village proche de la ville de Kpalimé au Togo. Mariée avec 5 enfants, elle a au total 11 personnes à charge, dont son mari. Heureusement, son bar marche bien : elle y prépare le fufu, plat traditionnel togolais fait à partir de manioc pilé. «Avec mon dernier crédit de 400 000 FCFA (environ 610 Euros) j ai ravitaillé les stocks de chèvres, de maïs, d ignam et de boissons fraîches. Avec ce qu il reste, je garde un fonds de roulement pour le bar» explique Yaura. Ce ravitaillement réfléchi a permis à l activité du bar de fleurir : «cela a beaucoup augmenté mes bénéfices car maintenant je peux acheter en gros : une quinzaine de chèvres au lieu de 2 ou 3 avant, avec mes fonds personnels.» Le succès de Yaura s explique aussi par son remboursement soigné, qu elle effectue en cotisant par la tontine : elle verse 2 000 FCFA tous les jours, afin d être sûre de pouvoir rembourser l échéance mensuelle de 60 000 FCFA. Mais alors qu elle avait accumulé des fonds avec les fêtes de fin d année, Yaura s est faite cambriolée en décembre. Elle a perdue 800 000 FCFA (soit 1220 Euros) et est tombée malade suite au choc. «Ca a tout bouleversé, raconte-t-elle, et maintenant je dois rééchelonner mon remboursement pour continuer à gérer le bar. Je m apprêtais pourtant à déposer cet argent sur mon compte.» Si aujourd hui Yaura est en voie de retrouver ces fonds, cette mésaventure aura rappelé d elle même l incontournable nécessité des versements fréquents sur le compte d épargne.
KPAKE Afi Aféfa Afi Aféfa KPAKE vit à Akplolo, un petit village à une trentaine de kilomètres de Kpalimé au Togo. Pour joindre les deux bouts, Aféfa combine quatre activités : la fabrication de savon, la fabrication de pâtes pour vendre à l école, le batik et le stockage de denrées alimentaires (maïs, haricot). «J ai divisé mon microcrédit de 150 000 FCFA (230 Euros) en 3 parties : un tiers pour acheter du maïs et le stocker jusqu à la remontée des prix, un tiers pour acheter les ingrédients du savon et un tiers pour le batik et les ingrédients des pâtes.» Aféfa a bénéficié de 3 crédits d une valeur totale de 300 000 FCFA (460 Euros). «Avant d avoir accès au microcrédit, je faisais les mêmes activités mais dans des quantités beaucoup plus petites. Ma vie a beaucoup, beaucoup changé. Je peux maintenant soutenir mes 3 enfants, notamment les deux au lycée pour qui cela aurait été très difficile.» Voyant la réussite de sa femme, le mari d Aféfa a lui aussi demandé un crédit de 40 000 FCFA (60 Euros) à SEBADERS pour fabriquer une clôture qui protégera son champ de palmiers en cas d incendie. «J ai pris un crédit pour ne pas utiliser toute mon épargne» explique-t-il - une bonne stratégie. Ce qu Aféfa préfère dans le microcrédit? «Les agents sont compréhensifs face à notre situation, alors que les usuriers nous menaçaient pour un remboursement rapide. Aussi, je n ai maintenant plus besoin d aller demander des petits prêts à mes amies : je me débrouille seule».
ADJAHO Kokou Jean Kokou ADJAHO est menusier-tourneur dans un petit stand au bord de la route de Missahoe à Kpalimé au Togo. Il a eu deux crédits avec SEBADERS d un total de 200 000 FCFA (environ 300 Euros). «Mon dernier crédit de 150 000 FCFA (230 Euros) m a permis d acheter assez de bois pour 2 mois d activité et de régler les factures d électricité pour la menuiserie», raconte Kokou. «Avant le microcrédit, je ne pouvais pas acheter du bois moi-même, cela coûte trop cher. J attendais donc que des clients viennent me demander un travail en emmenant leurs propres matériaux.» Dans ce contexte, Kokou ne faisait quasiment aucun bénéfice et ne pouvait rien économiser. Alors que maintenant, «je fais entre 18 000 et 30 000 FCFA (entre 27 et 45 Euros) de bénéfices et verse 15 000 FCFA (23 Euros) sur mon compte tous les mois en cotisant 500 FCFA (80 cents d Euro) par jour» témoigne Kokou. «Cela sert en cas de besoin pour ma famille. Tout récemment j ai dû retirer de l argent sur mon compte pour que mon fils puisse se faire soigner. Le microcrédit a beaucoup impacté mon activité, et par là ma famille».
AKPAWU Aku Aku AKPAWU est coiffeuse à Akplolo, un petit village non loin de Kpalimé au Togo. Elle a récemment bénéficié d un crédit de 50 000 FCFA (75 Euros), son deuxième crédit avec SEBADERS. «J ai acheté des mèches, des pommades et des huiles pour mes clientes», raconte-t-elle. Alors qu avant le microcrédit, elle avait des bénéfices dérisoires, elle réussit maintenant à dégager entre 5 000 et 8 000 FCFA par mois (entre 8 et 12 Euros). «Avec les bénéfices j ai pris en charge la scolarité de mon enfant et les soins de mon mari qui a été gravement blessé. Je n aurai jamais pu faire face à ces charges avant.» Malheureusement Aku accuse aujourd hui trois mois de retard dans son remboursement suite à l accident de son mari. «Pour l instant j ai dû dépenser 20 000 FCFA (30 Euros) pour ses soins. En plus, avec le contexte actuel il n y a plus assez de clients. C est une période très difficile». Mais malgré ces difficultés Aku n hésite pas à donner son avis sur le microcrédit : «cela a beaucoup aidé ma famille, surtout grâce aux faible taux d intérêt de 1,5% par mois. Je n y vois aucun inconvénient». Et dans le village? «Je ne connais personne que cela n a pas avantagé», affirme Aku.
KOVE Marie Marie KOVE a diversifié ses activités grâce aux 7 microcrédits qu elle a reçus avec les fonds d ALDEFI à Akplolo, au Togo. Jusqu à 2008, elle vendait les friperies et vendait des plats aux passants devant sa maison. «Je n avais pas de fonds, alors mon mari me faisait des petits prêts avec l argent qu il gagne de son activité de menuiserie», explique Marie. Mais 7 crédits plus tard d un total de 320 000 FCFA (490 Euros), Marie cumule 4 activités de commerce : le poisson fumé, le solabi (boisson locale préparée à base de vin de palme), les friperies et les plats préparés de chèvre et d agouti. «Les services de microcrédit m ont beaucoup apportée», raconte Marie. «Non seulement mes bénéfices ont doublés, j ai appris à gérer mon argent. Avant, je faisais des dépenses inutiles avec mon argent. Maintenant j ai l impression que ces fonds proviennent d une institution, cela m incite à faire plus attention et je fais beaucoup d épargne.» Marie a en effet 200 000 FCFA (300 Euros) sur son compte d épargne SEBADERS. Son projet d avenir : continuer la diversification en commençant la vente de pagnes. Marie ne considère pas son cas comme unique «dans le village, beaucoup de femmes avaient envie de se lancer dans le commerce mais n en avaient pas les moyens. Aujourd hui, ces difficultés ont été surmontées».