MÉMOIRE ASSOCIATION DES CITOYENS DE MONT-SAINT-HILAIRE (ACMSH) PROJET DE SCHÉMA MÉTROPOLITAIN D AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT (PSMAD)

MÉMOIRE ASSOCIATION DES CITOYENS DE MONT-SAINT-HILAIRE (ACMSH) PROJET DE SCHÉMA MÉTROPOLITAIN D AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT (PSMAD)

PRÉAMBULE : Le territoire de la ville de Mont-Saint-Hilaire, son organisation spatiale, son occupation du sol, sa montagne (seule réserve mondiale de la Biosphère dans le territoire couvert par la CMM), son histoire, sa culture vibrante et vivante et l attachement particulièrement intense de sa population à son patrimoine naturel et culturel incitent l ACMSH à s assurer que le schéma de la CMM tient compte des particularismes spatiaux, naturels et culturels du territoire hilairemontais. Les dernières années auront été témoin d une prise de conscience collective envers les menaces s exerçant sur la biodiversité et la beauté du territoire de Mont-Saint-Hilaire. Il en a résulté une vie municipale plus démocratique dans laquelle l ACMSH a eu et a toujours son mot à dire. Les acquis en ce qui a trait à l établissement du refuge faunique, la création de la première réserve naturelle en milieu privé (suite à la loi 129 promulguée par le ministre de l environnement du Québec), la définition et l application de nouvelles normes de lotissement dans la zone tampon à la zone protégée (réserve mondiale de la biosphère) et de nouvelles normes de coupe d arbres sont autant de manifestations de l importance de l action citoyenne et son apport à la démocratie municipale. Sachez que cette préoccupation de préserver la beauté des paysages, l améliorer et la rendre accessible aux visiteurs ne date pas d hier. Notre célèbre peintre Ozias Leduc dès 1924 faisait déjà la promotion d une commission d embellissement de Saint-Hilaire (Re : Cahier d histoire No 49, Ozias Leduc, l homme public). Il citait même Ruskin, ce grand penseur et esthète anglais, qui disait : Une nation n est digne du sol et des paysages dont elle a hérité que lorsque, par tous ses actes et ses arts, elle les rend plus beaux encore pour ses enfants.. C est en référence à ce contexte historique que les membres de l ACMSH désirent poursuivre le travail de ceux qui ont œuvré à faire de Mont-Saint-Hilaire un lieu de nature et de culture auquel sa population a toujours été attachée. La beauté naturelle du territoire hilairemontais et son patrimoine culturel (pomiculteur, pomoculture, cadre bâti, chemins champêtres, vie artistique, etc.) constituent plusieurs ensembles patrimoniaux à protéger autour desquels le développement urbain doit s articuler avec respect. Notre lecture du PSMAD nous indique que : Plusieurs acquis obtenus au cours des décennies et approuvés tant au niveau politique municipal qu au niveau provincial sont menacés par des éléments contenus dans ce projet de document de planification du développement du territoire. L ACMSH ne peut passer sous silence ces menaces puisqu elle est déterminée à ce que le patrimoine naturel et culturel hilairementais soient respectés et davantage mis en valeur et non pas le contraire. Elle compte donc vous transmettre la nature de ses préoccupations dans un premier temps. 2

CHAPITRE 2 DU PSMAD : LES CARACTÉRISTIQUES DU TERRITOIRE 1- Le territoire agricole hilairemontais. 2- Le patrimoine hilairemontais 3- Le conflit conservation et mise en valeur 1- LE TERRITOIRE AGRICOLE HILAIREMONTAIS L agriculture à Mont-Saint-Hilaire, par la culture des fruits, constitue une caractéristique sociale identitaire très forte compte tenu de la relation qu a développée la population avec les gens, les paysages et les espaces de la zone verte. Nous croyons que le premier enjeu touchant le développement de l agriculture identifié au paragraphe 2081 (page 58) du PSMAD, soit la mise en valeur du territoire agricole, doit considérer de façon directe d autres valeurs que la seule valeur économique des sols. Elle doit regarder le rôle de l agriculture dans l activité humaine, en tablant sur : a) Les nouvelles façons de cultiver la terre (celles préconisées entre autre par l Union Paysanne); b) L association, art et culture conférant une dimension artistique aux espaces où s exercent les cultures, ceci accentuant l accessibilité aux fermes et consolidant leur rôle éducatif et social. c) Les nouvelles cultures (lire pomoculture) que permettent maintenant les changements climatiques que nous vivons. La présence récente de vignobles, bleuetières (bleuets en corymbe) à Mont Saint Hilaire en sont des exemples d) éloquents. Ces trois aspects de l agriculture méritent que vous considériez la vitalité de ce secteur économique non seulement du point de vue des recettes par hectare, mais aussi en fonction du rôle social qu il joue dans notre société. À cet égard, le fort potentiel de pomoculture dans la zone agricole de Mont-Saint-Hilaire mérite qu il soit bien identifié au plan 10 tout comme le territoire agricole de Deux-Montagnes. Comment ces sols limon-graveleux profonds peuvent ils être évalués à faible potentiel agricole dans leur contexte géospatial? Quant au second enjeu identifié au paragraphe 2082 (page 58) du PSMAD, nous croyons qu il doit absolument faire aussi allusion au concept de corridors forestiers, si essentiel au maintien de la biodiversité. 3

2- Le patrimoine hilairemontais À la section 2.5 du PSMAD Un patrimoine bâti et naturel vulnérable les critères retenus pour qu une zone soit identifiée ensemble patrimonial (voir page 59) nous permettent de mieux analyser les plans 22 et 24 où sont cartographiés ces dits ensembles. Nous noterons que la définition restrictive du patrimoine bâti et du patrimoine naturel donne une lecture déformée du patrimoine à protéger. Le mont Saint-Hilaire, avec les montérégiennes ne constituent pas seulement une particularité géographique ou paysagère mais bien la source du développement de notre territoire et de sa structure actuelle. Il faudrait consulter l évolution de la notion de patrimoine telle que véhiculée par l UNESCO à cet effet. Les plans 22 et 24 préoccupent donc au plus haut point les membres de l ACMSH en ce sens qu il y manque plusieurs ensembles patrimoniaux auxquels tant la population locale que métropolitaine sont attachées. En effet, l ensemble patrimonial constitué par le chemin de la Montagne et le chemin des Moulins n est pas cartographié. On notera aussi que les frontières du Village autour de la fameuse église de Saint-Hilaire (classée monument historique) semble avoir rapetissée. Finalement, on aurait pu mentionner à la fin de la page 59 que la Réserve mondiale de la Biosphère du mont Saint-Hilaire (ce vocable n apparaît même pas dans votre document alors qu il devrait y être et traité comme il se doit puisqu elle est la seule sur le territoire de la CMM) a un caractère tout autant exceptionnel que les trois ensembles urbains mentionnés dans le PSMAD. La dernière phrase de la page 60 nous laisse songeur. Comment protéger les vrais ensembles patrimoniaux de Mont-Saint-Hilaire à portée métropolitaine, dans un contexte nécessitant de respecter une densité résidentielle (minimum de 24 résidences /ha) source de menace pour leur survie? Comment alors définir des objectifs de protection si les mesures de densification du territoire risquent de produire un miroir dans lequel la société ne se reconnaît plus, ne retrouve plus son identité culturelle? La ville de Mont-Saint-Hilaire, suite à un processus de consultation publique, en arrivait récemment à définir des normes de lotissement différentes dans le piedmont et ce, à la demande des citoyens désireux que la ville protège mieux l intégrité des écosystèmes s étendant au-delà du territoire de la réserve mondiale de la biosphère du Mont-Saint-Hilaire (RMBMSH). Comment concilier une densité minimum d occupation résidentielle de 24 unités/ha dans un contexte ou nous avons des densités nettement inférieures à prescrire dans la zone tampon de la RMBMSH? 4

3 Le conflit conservation et mise en valeur Quelles doivent être les balises de protection auxquelles vous faites allusion à la page 60, outre celles que la ville a déjà définie pour la dite zone tampon et ce, sans changer l organisation spatiale caractérisant l intégrité du territoire de Mont-Saint-Hilaire (terrains plus grands avec paysagement mature - arbres ornementaux indigènes - utilitaires et identitaires - pommiers, poiriers - pruniers)? À quoi ressemblera Mont-Saint -Hilaire après 50 ans d application de la densité minimale de 24 unités d habitation/ha? En tout cas on peut dire que ce projet de norme ferait en sorte que la communauté aurait perdu toute trace de sa mémoire collective à titre d organisation spatiale et environnementale. Que voulez vous faire au juste avec notre territoire en voulant y appliquer une densité qui n est pas le reflet de notre relation avec le territoire et l environnement, mais vraisemblablement le reflet de l organisation spatiale d un territoire plus densément urbanisé? À ce titre, rappelons ce passage du mémoire de l Ordre des Urbanistes du Québec présenté au Groupe Conseil sur la Politique du Patrimoine Culturel (organisme mis sur pied par le Ministère de la Culture) en mars 2000 : La sauvegarde du patrimoine architectural, urbanistique, urbain ou rural ne peut être réalisée qu à partir d une opération globale visant l amélioration de l habitat. Elle ne peut se faire qu au niveau de l urbanisme et de l aménagement du territoire. Elle doit reposer sur une VISION CULTURELLE du territoire. L ACMSH vous réitère que : Les citoyens de Mont-Saint-Hilaire connaissent la VISION CULTURELLE qui les lie à leur territoire et qu ils désirent la maintenir et l améliorer dans ce sens. Ils sauront se mobiliser en temps et lieu s il en est autrement. Nous croyons qu avant de définir les mesures réglementaires auxquelles vous faites allusion à la page 64 de votre document (fin du deuxième paragraphe) il faut retirer des aires de densification et de la zone blanche, les ensembles patrimoniaux incluant ceux qui ne s y retrouvent pas pour le moment. Si non, les mécanismes réglementaires seront trop lourds d application. Dans le cas ou le retrait de ces ensembles patrimoniaux de ces aires serait impossible, il faudrait au moins des règles permettant d exclure ces ensembles patrimoniaux des aires de densification à même le règlement d urbanisme. De toute façon, nous croyons que la solution de densité de 24 unités d habitation/ha ne peut s appliquer à la ville de Mont-Saint-Hilaire pour les raisons citées précédemment. Au niveau des carrières brisant le paysage (page 66, paragraphe 1) comment envisagez-vous de remettre en question de telles pratiques? Par exemple, est ce que tout projet d agrandissement de leur périmètre d exploitation sur des terrains en zone verte, peu importe la municipalité concernée, serait interdit? 5

CHAPITRE 3 DU PSMAD LA VISION STRATÉGIQUE Nous notons plusieurs irritants majeurs dans la vision stratégique présentée 1- Densification uniforme de la zone d affectation urbaine 2- L absence de zones tampons non agricole. À la page 71, vous référez au document Cadre d aménagement et orientations gouvernementales pour la région métropolitaine de Montréal pour justifier le besoin de densifier l occupation du sol et redévelopper les zones urbaines existantes. Mais comment atteindre cet objectif sans abattre les arbres, la forêt et les bosquets matures qui caractérisent le territoire de Mont-Saint-Hilaire? Comment le faire si la protection des ensembles patrimoniaux requiert des zones tampon et qu il en résulte une nécessité de densité accrue pour le reste du territoire? À cet égard, nous croyons que cet objectif de densification est atteignable dans le grand terrain vacant entourant la gare de Saint Hilaire. Par contre, il doit en être autrement pour le reste du territoire hilairemontais, sinon la vision 2025 (voir page 74) que vous donnez quant aux lieux naturels ou la population peut se recréer et observer la nature risque de ne plus être tant les menaces sur l intégrité écologique du mont Saint-Hilaire sont grandes. Comme vous devez le savoir le Centre de la Nature de la Réserve Mondiale de la Biosphère de Mont-Saint-Hilaire est très bien documenté sur ces risques et menaces dont l objet est la biodiversité de ces lieux. 6

CHAPITRE 5 DU PSMAD- LES ORIENTATIONS, LES DÉFIS ET L AFFECTATION DU SOL Nous sommes d accord que le développement durable nécessite en contre parti la consolidation du tissu urbain afin que nous cessions de diminuer la zone agricole et le couvert forestier. Par contre, nous comprenons mal pourquoi cet appariement n est pas lié à une grille de densités résidentielles hiérarchique s appliquant en gradué (de la plus forte à la plus basse) pour le centreville de Montréal, les pôles économiques multifonctionnels de l île de Montréal, de Laval et Longueuil, les centres multifonctionnels (Ex : Chambly) et les villes de deuxième et troisième couronnes. Nous croyons que cela serait mieux apparié aux impératifs de séquentialité et d ordonnément auxquels vous faites allusion au dernier paragraphe de la page 81 du PSMAD. Au plan 17, nous comprenons mal pourquoi la montagne Saint Hilaire fait partie d un espace urbain structuré. SVP expliquez l inclusion de la montagne tant pour ce concept territorial que pour le concept d aire de densification (plan 18). Les défis posés à sa protection militent en faveur qu elle ne fasse pas partie de ces concepts. Au plan 21, portant sur les aires déstructurées en zone agricole, nous croyons opportun de souligner qu à Mont-Saint-Hilaire ces aires ont une connotation identitaire sociale auxquelles les gens ont un vécu relationnel historique relié au divertissement (équitation, cueillette de petits fruits, etc.) et qu à cet égard, nous demandons que ces zones soit soustraites à l objectif de densification de 24 résidences /ha. Ce serait là une nécessité si on veut préserver la sémantique des lieux et la relation qu a développée la population avec ces espaces. Autrement on ouvre la porte à défigurer ces espaces et renier leur rôle social. Mettre en valeur les espaces verts et bleus (page 96) devrait tenir compte, pour le cas de Réserve mondiale de la Biosphère de Mont-Saint-Hilaire (RMBMSH), des règles auxquelles le Centre de la Nature est soumis afin de préserver leur assignation de réserve mondiale de la biosphère. Vous verrez qu on y traite du concept de Zone de Coopération, un concept s apparentant à celui de la zone tampon. Nous croyons que le schéma métropolitain doit intégrer les mesures de coopération que la RMBMSH doit définir et maintenir afin de protéger la biodiversité des lieux. 7

CONCLUSION La vie urbaine à Mont Saint Hilaire doit prendre en compte la fragilité du patrimoine naturel et culturel de même que leur rôle social. Au cours des dernières années, les citoyens de l endroit ont su faire comprendre ce message aux autorités municipales puisqu il s agit-là d identifiants spatiaux forts de portée locale et métropolitaine. L ACMSH souhaite que des changements et des modulations soient apportés au projet de schéma de la CMM afin de prendre en compte les éléments mentionnés dans ce bref mémoire. L ACMSH souhaite donc, que : 1. 2. 3. 4. 5. 6. Le mont Saint-Hilaire, incluant le chemin de la Montagne et le chemin des Moulins, soit considéré comme un ensemble patrimonial à portée métropolitaine. Nous croyons que la seule réserve mondiale de la biosphère du territoire mérite ce titre et cette protection et qu à ce titre, il doit être retiré de la zone d affectation urbaine. La densification du territoire urbain soit modulée en partant de la ville centrale vers les couronnes afin d offrir une diversité d offre en terme de milieu de vie. La notion de zone tampon soit intégrée au plan et modulée en terme de densité afin d assurer la protection du patrimoine naturel et du patrimoine bâti. Il en est de même en bordure des zones agricoles afin d assurer la coexistence des fonctions. Le PSMAD ne tient absolument pas compte du territoire périphérique lorsqu il fait des recommandations touchant les corridors forestiers. Le mont Saint-Hilaire a besoin de s intégrer au corridor forestier des MRC voisines. Il doit être indiqué à ce titre. L organisation spatiale à Mont-Saint-Hilaire et la relation qu a ses résidents à son territoire soient reconnues et servent d assise à une politique de développement du territoire cohérente et respectueuse. Le palier politique des MRC demeure et qu il ne soit pas aboli puisque des éléments et des enjeux de développement du territoire risquent de ne pas être traités par le palier suprarégional (lire CMM), le plus bel exemple étant que les chemins des Moulins et de la Montagne à Mont-Saint-Hilaire ne soient pas considérés des ensembles patrimoniaux par la CMM, quoique de portée métropolitaine. La disparition de ce palier nous parait illogique compte tenu de l omniprésence de problématiques et enjeux ayant des portées régionales et locales. Déposer : Par le conseil d administration de l ACMSH 625, rue de l Atlantique Mont Saint Hilaire (Qc) J3H 6K1 Tél. : 450 467 1477 télec. : 450 467 1512 site. : www.acmsh.org Jean François Gilbert, président Denis Bouthillette, vice-président Daniel Campbell, secrétaire Mary Pennefather, horticulture François Deschêsne, trésorier Nicole Geoffrion, communication Jean Savard, diffusion Internet 8