LES BIOCARBURANTS Définition Les biocarburants, ou agrocarburants, sont des carburants liquides produits à partir de matières premières végétales. Il existe deux types de biocarburants : L'Union Européenne s'est fixée comme objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20%, réduire sa consommation d énergie de 20%, et porter la part des énergies renouvelables dans sa consommation à 20% de 1990 à 2020. Issus de la biomasse, les biocarburants font donc partie du bouquet énergétique des énergies renouvelables qui seront amenées à prendre de l'ampleur dans les années à venir. Quelques données - 1 ha blé = 7 T blé = 25 hectolitres bioéthanol + 2.5 T drêche - 1 ha de céréales transformé en bioéthanol annule les émissions de gaz à effet de serre de 3 voitures roulant exclusivement à l essence. - Produire des biocarburants c est aussi produire pour l alimentaire : pour chaque litre de biodiesel produit en France, 1,5 kg de tourteaux de colza ou tournesol est produit. - Une étude menée par PricewaterhouseCoopers en 2004, a évalué à 20 000 le nombre d emplois créés ou maintenus en Europe par les objectifs de 5,75% d incorporation. - réduction des émissions de gaz à effet de serre de trois quarts par l utilisation du biodiesel (EMHV) ou de l éthanol pur (1) ; - ratio entre l énergie restituée et l énergie non renouvelable mobilisée : o 3,7 pour le biodiesel issu de colza, o 2 pour le bioéthanol (issu de céréales ou de betteraves), o 0,873 pour l essence (1). (1) étude réalisée par l ADEME/DIREM en 2002 et mise à jour en 2007 sur le biodiesel, analyse du cycle de vie du champ à la roue réalisée en France pour chaque filière. Voir annexe.
Informations clés en France (2010) Bioéthanol Production 18 millions d hectolitres : 9 millions à base de betterave 9 millions à base de céréales + 500 000 T pulpes de betterave + 700 000 T drêches de céréales Débouchés 11, 5 millions pour les carburants avec un taux d incorporation dans les essences d environ 6% + 6, 5 millions pour usage traditionnel (alimentation, pharmacie ) Biodiesel En Europe : 28 millions de tonnes de graines oléagineuses : 19 de colza et 8 de tournesol + 25 millions tonnes de tourteaux oléagineux 1,9 million de tonnes de biodiesel avec un taux d incorporation de 7% Emploi (maintenu ou 5 000 6 300 créé) Chiffre d affaires 600 millions d 9,6 milliards d Compatibilité véhicules 75% parc de véhicules à essence 100% parc de véhicules diesel Gain émissions de CO2 (tonnes) 1 million 5 millions Bilan environnemental des biocarburants : Etude réalisée par l Ademe 2010 ACV biocarburants
ANNEXE 1 Le bioéthanol (source : Passion Céréales) En Europe, le bioéthanol de première génération est produit à partir de betteraves ou de céréales (blé, maïs...). Au Brésil, il est produit à partir de canne à sucre et aux Etats-Unis, à partir de maïs. Cette 1 ère génération est encore en évolution grâce à l'amélioration quotidienne des processus de production qui permet d'atteindre des gains significatifs en termes d'efficacité énergétique. L'intérêt économique et environnemental du bioéthanol de 1 ère génération dynamise fortement la recherche sur les biocarburants dits de «2 nde génération». Ce terme définit tous les produits issus de la biomasse lignocellulosique (bois et résidus forestiers ou agricoles, pailles, betterave entière...) qui peuvent être utilisés comme combustibles liquides. Le bioéthanol de 2 nde génération fait l'objet de nombreux travaux de recherche à travers le monde et devrait ainsi devenir une réalité économique et industrielle à échelle significative d'ici 2015-2020. Il sera alors un complément au bioéthanol de 1 ère génération. Sous quelle forme utilise-t-on le bioéthanol? - Incorporé directement à l'essence Il peut être incorporé pur, directement à l'essence, dans une proportion pouvant aller jusqu'à 10%, sans qu'il soit nécessaire dans la plupart des cas de modifier les moteurs, ni les installations de stockage, de transport et de distribution de l'essence. Depuis avril 2009, le SP95-E10 a remplacé le SP95. Ce nouveau carburant est une essence sans plomb qui peut contenir jusqu'à 10% de bioéthanol (d'où son nom d'e10). Ce sera l'essence standard européenne dès 2013. La plupart des véhicules vendus après le 1 er janvier 2000, sont adaptés à ce type de carburant. Pour savoir si votre véhicule peut rouler au SP95 - E10 : http://ltalcool.actu.com/pages/espaceinformation/engins.php. - Sous forme de Superéthanol E85 Le Superéthanol, ou E85, est un carburant composé de 65 à 85% de bioéthanol, complété avec du SP95. En 2011, plus de 300 stations, réparties dans 81 départements distribuent du Superéthanol. Seuls les véhicules flex-fuel (ou VCM, Véhicule à Carburant Modulable) sont capables de rouler avec ce type de carburant. Néanmoins, leur moteur intelligent' peut fonctionner indifféremment avec toutes les concentrations de bioéthanol comprises entre 0 et 85%, voire 100% pour certains constructeurs. Pour le moment, les véhicules flex-fuel circulent principalement au Brésil, aux Etats-Unis et en Suède. Fin 2010, 15 000 véhicules flex-fuel étaient immatriculés en France.
La production en quelques chiffres Répartition de la production en 2011 Production d éthanol agricole de l UE par origine Quintuplement en 10 ans Production d éthanol en France Développement de la production à base de céréales Plafonnement de la production d alcool agricole
ANNEXE 2 Le diester (source Prolea) Le Diester, c'est quoi? Premier «biodiesel» français, le Diester est un biocarburant pour moteur Diesel issu essentiellement de la transformation des huiles végétales de colza et de tournesol cultivés en France. En France, 100 % des véhicules Diesel roulent déjà avec du Diester (en mélange banalisé jusqu 5 % dans le gazole). Le Diester (ester méthylique d huiles végétales) est obtenu par trans-estérification des huiles végétales et du méthanol. Le mot Diester provient de la contraction des mots diesel et ester. Il ne faut pas confondre le Diester avec : l éthanol-carburant issu du blé, du maïs ou de la betterave et mélangé à l essence pour donner, par exemple, l E85. l huile végétale brute dont l utilisation comme carburant pour les véhicules des particuliers est interdite. L'expérimentation est néanmoins accordée pour les véhicules de certaines collectivités. L huile de palme (solide en dessous de 16 C) et l huile de soja (trop sensible à l'oxygénation) ne sont pas adaptées à une utilisation directe pour la fabrication du biocarburant Diester. Produire du Diester, c est produire pour l alimentaire A partir de la graine de colza ou de tournesol, on obtient simultanément l huile, qui servira à la production de Diester, et le co-produit, appelé tourteau. Riches en protéines, les tourteaux sont utilisés pour nourrir les animaux d élevage qui produisent de la viande, du lait, des œufs... pour nourrir les hommes. Par extrapolation : un hectare de colza permet de produire 10 000 litres de lait! Produire du Diester, c est réduire les importations de soja : L'Union européenne doit importer plus de 70 % des protéines végétales que consomment ses élevages (la France 45 %). Elle importe principalement du soja du Brésil et d'argentine où la culture de variétés OGM est autorisée. Ces importations pèsent sur la balance commerciale de l'europe et sont fortement consommatrices d'énergie fossile (transport). Or, en adaptant les formules des aliments, on peut remplacer le tourteau de soja importé par des tourteaux de colza ou de tournesol liés à la production locale de Diester. Ainsi : (1 tonne de tourteau de colza équivaut, pour l alimentation animale, à 0,8 tonne de tourteau de soja) Produire du Diester, c est faciliter la traçabilité en alimentation Aujourd hui, la forte dépendance de l Union européenne envers les importations de protéines rend difficile la traçabilité des produits alimentaires. Le suivi des produits du champ à l assiette est en revanche facilité par le développement du Diester, qui génère une quantité importante de tourteaux produits localement.
Biocarburants européens : un développement raisonné et encadré En France, les biocarburants de première génération devraient occuper moins de 7% des surfaces agricoles à l'horizon 2010, soit moins de surfaces que celles qui ont été mises en jachère par le passé. Comme dans le reste de l'europe, ce développement se fait de manière progressive, encadrée et contrôlée par l'etat, si bien que l'impact sur le cours des matières premières agricoles au niveau mondial est limité au regard des autres facteurs (demande alimentaire croissante, augmentation du cours du baril de pétrole, aléas climatiques, crise et spéculation financières). Diester et agronomie Le développement de la filière diester dans la région a permis le développement de surfaces de colza. Cela se traduit par une diversification des cultures d hiver. Le colza est un bon valorisateur de matière organique. Ses capacités de compensation remarquables permettent d assurer des rendements corrects même si des problèmes ont été rencontrés au semis ou en hiver. Des programmes de recherche développement s attachent à développer des moyens de protection économes en intrants (semis de graminées pour éviter le désherbage, plantes pièges pour les insectes, variétés tolérantes aux maladies et à l élongation ). Diester et Environnement Un bilan énergétique en constante amélioration Le Diester restitue 3,7 fois plus d énergie que ce qui est utilisé pour sa production, selon le bilan énergétique réactualisé en 2007. Ceci revient à dire que pour produire 3,7 tonnes (équivalent pétrole) d énergie renouvelable Diester, on ne consomme qu'une tonne d'énergie fossile du champ à la roue. Ce résultat tient compte de l'énergie consommée depuis la fabrication des semences, produits phytosanitaires, engrais, jusqu'à l'utilisation du Diester dans les véhicules. Ce bilan s est sensiblement amélioré en 5 ans grâce à la réduction des quantités d'engrais utilisés et des changements réalisés dans les process industriels. Désormais, l objectif est d obtenir à court terme un bilan égal à 5 grâce à l optimisation de la culture (fertilisation azotée, travail du sol ) et des étapes de la transformation (économies d énergie, co-génération, évolution des process ). Un bilan des gaz à effet de serre toujours plus favorable Le Diester émet 75 % de gaz à effet de serre de moins que le gazole. Ce bilan du champ à la roue tient compte de l ensemble des gaz à effet de serre, y compris le protoxyde d azote (N2O) et le méthane. Le biocarburant Diester, issu de cultures renouvelables recyclant le dioxyde de carbone (CO2) de l'air, participe donc à la lutte contre le réchauffement climatique. Les travaux menés par la filière doivent permettre d améliorer encore ce bilan tant en amont (maîtrise des dégagements de protoxyde d azote et stockage du carbone dans les sols agricoles ) qu en aval (substitution du méthanol par du bio-éthanol lors de la transestérification ). Avec le Diester, zéro déforestation! Dans l'union européenne, le colza et le tournesol destinés au Diester sont uniquement cultivés sur des terres destinées aux cultures arables ou des terres anciennement mises en jachère. La mise en place de critères de durabilité des biocarburants au sein de l'union Européenne devrait par ailleurs éviter que soient importés en europe des biocarburants issus de zones déforestées.
Diester et Société Produire du Diester, c est créer des emplois 6 emplois sont maintenus ou créés pour la production de 1000 tonnes de Diester, dont 46 % dans les secteurs de la production et de la collecte agricoles et 54 % dans les secteurs connexes (agrofourniture, transformation, etc). Avec 2 millions de tonnes de Diester produites en 2010, plus de 12 000 emplois seront donc maintenus ou créés sur notre territoire grâce à cette activité non délocalisable. La filière Diester génère donc des emplois directs et indirects, en agriculture et dans l industrie. Elle participe à l aménagement du territoire, à l équilibre ville-campagne ainsi qu au maintien des liens sociaux en zones rurales. Diester, 2ème génération et chimie du végétal Produire du Diester, c est produire de la glycérine En plus des tourteaux, la production de Diester génère un autre co-produit, la glycérine. La glycérine végétale est très recherchée par les industriels qui l utilisent en pharmacie (médicaments, crèmes ) ou dans les cosmétiques (rouge à lèvres, dentifrice ). Plus de 2000 valorisations de la glycérine sont déjà recensées et de nombreuses autres utilisations sont en développement dans la chimie. Aujourd hui le Diester, demain la chimie du végétal Le Diester est la première étape d une stratégie globale de développement durable à l échelon national. C est pour créer la chimie du végétal de demain, aussi appelée chimie verte, que la filière s est investie, depuis 20 ans, dans la recherche sur l utilisation des huiles végétales dans l ensemble des domaines industriels. La filière a déjà mis au point une panoplie complète de produits biodégradables et renouvelables issus d huiles végétales pour les peintures, les cosmétiques, la pharmacie, les lubrifiants, les revêtements de routes ou encore les encres d imprimerie. Aujourd hui le Diester, demain les biodiesels de 2ème génération Parallèlement au développement de la chimie du végétal, la filière Diester a poursuivi ses efforts d innovation dans le secteur de l énergie et investit dans la recherche sur les biocarburants de 2ème génération. C'est en s'appuyant sur les investissements et le succès de la première génération, notamment en ce qui concerne la logistique d'approvisionnement et la construction d'une filière, que la deuxième génération verra le jour. L'une des voies les plus prometteuses consiste à valoriser la ligno-cellulose de sous produits de la sylviculture et de l'agriculture, voire de plantes entières, pour produire une huile d'origine renouvelable. Ce procédé, baptisé Biomass To Liquid (BTL), permettra de produire des hydrocarbures substituables au gazole ou au kérosene. Il fait l'objet de nombreuses recherches afin de le rendre performant d'un point de vue énergétique.