Entre hier et demain, écrire l'histoire sociale du Val-de-Marne aujourd'hui. Janvier 2001 Numéro 3 Bureau de l'association Président : Claude Pennetier, chercheur au CNRS, directeur du Maitron. Secrétaire : Françoise Bosman, directrice des Archives du Val-de- Marne. Secrétaire adjointe : Stéphanie Rivoire, Archives du Val-de- Marne. Trésorier : André Jondeau, ancien éditeur. Guy Krivopissko, conservateur du Musée de la Résistance nationale. Albert Broder, Professeur à l Université de Paris XII Gilles Morin, chercheur, Université Paris I. Michèle Rault, conservatrice du patrimoine, archives d'ivry-sur- Seine. Nathalie Viet-Depaule, chercheuse au CNRS. IHOVAM Archives départementales 10 rue des Archives 94000 Créteil tél. : 01.53.79.29.81 E-mail:maitron@univ-paris1.fr Compte rendu de l Assemblée générale de l association du 26 octobre 2000 Les Objectifs : * Aider aux recherches du Maitron sur le Val-de-Marne et à la réalisation d un dictionnaire biographique des militants du Val-de-Marne en utilisant tous les supports disponibles (films, interviews, Internet et CD-Rom) et une participation active des Archives départementales de Créteil. Trois emplois-jeunes (rédacteurs multimédia) sont en place depuis 1999 pour aider à l aboutissement de ce projet. * Réalisation d un dictionnaire biographique des cheminots par Marie-Louise Georgen : mise en place d une base cheminot comprenant environ 5 000 noms. * Projet d un guide des sources en Val-de-Marne sur l histoire ouvrière, sociale et industrielle financé par la DRAC, placé sur le modèle du guide de Michel Dreyfus du même nom, publié en 1987. Le président de l association, a d ailleurs fait un appel à la collaboration des adhérents, afin que ces derniers indiquent des pistes de recherches. * Le site Internet maitron.org fait une place au Val-de-Marne. Il faut renforcer celle-ci, la diversifier en multipliant les notices sur les lieux de recherche, les informations bibliographiques, les notices biographiques val-demarnaises * Rappel de la nécessité de la formation des trois salariés de l association ( Internet et outils informatiques, Archives départementales et CNRS) Décisions prises durant l Assemblée générale : * Adoption du bilan financier * Reconduction du bureau de l Association : Président : Claude Pennetier Secrétaire : Françoise Bosman Secrétaire adjointe : Stéphanie Rivoire Trésorier : André Jondeau * Le bureau est chargé de choisir un thème de conférence pour la prochaine assemblée générale, sans doute les Brigades internationales dans le Val-de- Marne, archives, histoire et mémoire. Dossier Les combattants volontaires des brigades internationales en Espagne républicaine : L apport du Val-de-Marne En raison de l importance de l apport de la banlieue Sud-est à la mobilisation des brigadistes internationaux, le Val-de-Marne est tout naturellement au cœur de diverses initiatives historiques sur l Espagne républicaine. Ce dossier propose plusieurs biographies extraites du Maitron et signale des fonds documentaires qui permettent de retracer l histoire de la mobilisation anti-fasciste de 1936-1938.
Du nouveau sur les archives des Brigades internationales conservées à Moscou. En travaillant sur sa thèse consacrée aux combattants de Brigades internationales, Rémi Skoutelsky avait été, au début des années quatre-vingt-dix, un des premiers à signaler la richesse des fonds sur les Brigades internationales conservés au CRCEDHC de Moscou (Centre russe de conservation et d étude des documents en histoire contemporaine qui devient Archives d État russe d histoire sociale et politique). Les Amis des combattants en Espagne républicaine (l ACER) ont eu l heureuse initiative d entreprendre un microfilmage de grande ampleur des documents concernant les brigadistes partis de France. Depuis 1998, un Comité français de pilotage pour la création d un fonds d archives sur les Brigades internationales fonctionne. Il comprend des représentants de l ancienne AVER (Association des volontaires en Espagne républicaine), de l ACER, des Archives de France, du Conseil international des archives (qui par ailleurs inclut les Brigades dans son grand projet d informatisation du CRCEDHC), du CNRS (équipe prosopographie des militants ), du secrétariat d État aux anciens combattants et de la BDIC (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine). Sous l impulsion de Jean-Claude Lefort, co-président de l ACER, député d Ivry-sur-Seine, des contacts ont été pris à Moscou avec Cyril Anderson et une mission de repérage pour microfilmage a été confiée à Madame Marina Smolina qui travaille par ailleurs sur les fonds biographiques pour le Maitron. Geneviève Dreyfus-Armand, directrice de la BDIC, a trouvé une part des ressources qui ont permis cette importante opération et a accueilli les microfilms dans ses locaux. Il s agit de 1090 dossiers, 118 695 pièces et 639 photos. D autres fonds personnels vont progressivement rejoindre cet ensemble documentaire. Par ailleurs, le Musée de la Résistance nationale situé à Champigny-sur-Marne a accueilli récemment des séries de photos et d objets sur la solidarité avec l Espagne républicaine et a organisé une exposition à l occasion de l inauguration d une stèle aux combattants. N oublions pas le fonds André Marty du Centre d histoire sociale du XXe siècle, bibliothèque Jean Maitron (9 rue Malher 75004 Paris) très riche sur les Brigades internationales. Parmi les notices de brigadistes, nous avons retenu trois personnages dont le destin est lié au Val-de-Marne. (Avec l autorisation des Editions de l Atelier) CATONNÉ Michel. Le docteur Michel Catonné était le fils d'amédée Catonné, connu dans l'histoire du socialisme sous le nom d'amédée Dunois. Il naquit à Paris le 19 avril 1906, fit toutes ses études à Paris, études secondaires au lycée Louis le Grand (où, en classe de philosophie, il connut Pierre Mendés-France), études de médecine à la Faculté de Paris d'où il sortit interne provisoire des Hôpitaux. Après avoir accompli son service militaire dans les unités alpines par amour du ski et de la Savoie où il passa ses vacances de jeunesse s'adonnant à des études géologiques qui étaient pour lui, plus qu'un violon d'ingres, Michel Catonné s'installa comme médecin le 1er mai 1933 à Boissy-Saint- Léger, alors en Seine-et-Oise, aujourd'hui dans le Val-de- Marne. Il y exerça pendant plus de quarante ans, jusqu'au 31 décembre 1973, y élevant ses quatre fils, le premier, orphelin de sa mère à sa naissance, les trois autres issus d'un second mariage avec Suzanne Labrousse, fille de l historien Ernest Labrousse. Pour ainsi dire socialiste de naissance, Michel Catonné adhéra au Parti socialiste SFIO, en 1935, au lendemain d'une victoire qui, en mai, le porta au conseil municipal de Boissy- Saint-Léger. Depuis il a été constamment réélu sauf sous l'occupation allemande où il refusa de figurer sur la liste proposée au préfet. En fait de lutte contre le fascisme, Michel Catonné avait déjà ses lettres de noblesse. Du 9 janvier au 1er avril 1937, il fut volontaire au service de l'espagne républicaine. Affecté comme capitaine médecin dans la 13e Brigade internationale, il combattit sur les fronts de Teruel et de Malaga. L'efficacité de sa résistance sous l'occupation le porta en 1944 à la présidence du Comité de Libération de Boissy- Saint-Léger
et il fut élu maire de la ville de mai 1945 en octobre 1947, puis réélu en 1953, en 1959 et en 1965. Depuis 1977 il n'a plus voulu que du poste de 4e adjoint. Hostile à la guerre menée pour maintenir le colonialisme en Algérie - l'oas l'enregistra en plastiquant sa demeure - Michel Catonné quitta la SFIO en 1958, créa à Boissy la section du PSA (Parti socialiste autonome), puis du PSU (Parti socialiste unifié). Parce que ce dernier s'opposait à une liste municipale d'union de la gauche, Michel Catonné s'en sépara et, depuis, sans rien renier de son passé et de ses convictions, il se tint en dehors des partis. Il mourut le 30 mars 1981 dans une clinique de Parly 2, commune du Chesnay (Yvelines) ; il fut enterré à Boissy-Saint-Léger le 3 avril. J. Raymond HOFMAN Maurice, Désiré. Né le 30 avril 1907 à Lille (Nord), enfant naturel reconnu d'une mère tricoteuse originaire de Termonde (Belgique), Maurice Hofman, ébéniste, fut de bonne heure un militant politique. Échaudé par le spectacle et les conséquences de la Grande Guerre qui l'empêchèrent notamment de passer son CEP, il prit position, en 1925, contre la guerre du Maroc. Il participa à la formation d'une amicale de conscrits qui fut poursuivie devant les tribunaux puis adhéra à la Jeunesse communiste où il devint membre du secrétariat du comité fédéral Nord-Pas-de- Calais. En 1928, à son retour du service militaire, Maurice Hofman rejoignit le Parti communiste et fit partie du bureau du comité fédéral. En 1929, il donna son adhésion à la CGTU où il fut rapidement élu à la commission exécutive Nord-Pas-de-Calais. Dès lors, militant ardent, il participa aux luttes contre la guerre et le fascisme qui lui firent connaître pendant plusieurs mois la prison cellulaire de Loos-lez-Lille. Il fut délégué à la conférence de Bruxelles (Amsterdam-Pleyel). Le 10 octobre 1936, Maurice Hofman, combattant volontaire, partit pour l'espagne républicaine et débarqua à Alicante. Il appartint à la 11e Brigade internationale, bataillon Thaelman, franco-belge, puis à la 14e jusqu'au retrait des volontaires, le 11 novembre 1938. Commissaire politique de compagnie, il fut cité à l'ordre de la 45e division pour services rendus à la République espagnole. Mobilisé le 2 septembre 1939, il se battit jusqu'à la capitulation de Chatel-sur-Moselle (Vosges). Détenu à la cristallerie de Baccarat (Meurthe-et-Moselle), il fut ensuite déporté en Allemagne en raison de son passé politique. Il y demeura cinq ans ayant tenté plusieurs fois de s'évader. Après quelques mois de soins à Paris à l'hôpital du Val de Grâce, il reprit le chemin de l'usine et habita quelques temps à Ivry-sur-Seine (Seine) avant de s'installer à Arcueil. Délégué au comité d'entreprise, délégué du personnel, tantôt renvoyé, tantôt chômeur. Il finit par trouver un emploi stable comme rectifieur. En 1975, il appartenait à l'aver, section du sud-est. Retraité, Maurice Hofman vivait à la fin des années quatre-vingts à Callian (Var) avec Malvina Vermeersch (sœur de Jeannette Vermeersch-Thorez) qu'il a épousée à Arcueil (Seine) le 23 juillet 1966. Nathalie Viet-Depaule JÉLAMUS Jean, Félix, Charles. Né le 11 avril 1908 à Cognac (Charente), Jean Jélamus vint avec sa famille, après la Première Guerre mondiale, s'installer à Ivry-sur-Seine. Son père, ouvrier verrier, trouva un emploi d'électricien. Lui-même fut d'abord manœuvre chez Dupuis, une entreprise ivryenne de gravure chimique, puis plombier chez Mieder. Déclaré chômeur au recensement de 1936, il fut volontaire en Espagne républicaine. Il était le beaufrère d'alphonse Chevrier, capitaine des Brigades internationales qui fut tué à Pozoblanco. Jean Jélamus retrouva son emploi de plombier. Il se maria à Ivry le 19 septembre 1942 avec Sophie Hivet, chiffonnière et le 4 juin 1966 avec Léonie Verdez, corsetière. Il fit partie de l'aver. Il finit ses jours dans la commune et mourut au Kremlin- Bicêtre le 5 octobre 1984. Michèle Rault et Nathalie Viet- Depaule
Nous vous présentons d autres références sur les brigades internationales * Michèle Rault, Volontaires en Espagne républicaine, les notices biographiques Ivryen, Archives communales d Ivry, 1987. *Rémi Skoutelsky, L espoir guidait leurs pas. Les volontaires français dans les Brigades Internationales, 1936-1939, Grasset, Paris, 1996. * L émission Passé/Present sur Canalweb du 18 novembre 1999 consacrée aux brigades internationales. www.canalweb.net/vers/passprestv.asp 18 juillet 1936. En Espagne, des centaines de milliers de travailleurs font échouer un coup d'état visant à renverser la jeune République et le Front populaire sorti des urnes six mois plus tôt. La guerre civile commence. Tandis que Mussolini et Hitler soutiennent les factieux, en sous-main puis ouvertement, la solidarité avec les républicains s'organise dans le monde entier. Pendant plusieurs mois, la France vit à l'heure espagnole. On connaît ainsi l'engagement d André Malraux, et son escadrille España. Ce sont en fait des dizaines, puis des centaines de volontaires qui passent les Pyrénées pour combattre les fascistes. Après la création des Brigades internationales par le Komintern - l'internationale communiste -, des milliers d'autres leur emboîtent le pas. Parmi eux, un tiers sont français. Ainsi commencent les combats et le mythe des Brigades internationales. Mais qui sontils, ces volontaires français qui partent risquer leur vie? Pourquoi s'engagent-ils? Est-ce par idéologie? Par goût de l'aventure? Et que laissent-ils dans leur pays? Comment ces hommes et ces femmes vivent-ils à Madrid et sur l'èbre, dans les tranchées ou à l'arrière? C'est leur vie quotidienne, au-delà des légendes, que nous conte Rémi Skoutelsky. Pour la première fois, on découvre le contingent français dans ses idéaux et ses combats. Grâce à des dizaines de témoignages, d entretiens, et grâce à la consultation d'archives soviétiques inédites, Rémi Skoutelsky révèle une figure courageuse et méconnue, le brigadiste au destin anonyme. Ce sont des personnages inoubliables qu il évoque au fil des pages, sans jamais cacher la part d'ombre et de cruauté d'une aventure fondatrice. Un essai qui date, au cœur des débats sur le communisme et sur l'engagement politique. * Myriam Wasselinck prépare actuellement un mémoire de maîtrise où elle étudie les volontaires des Brigades internationales et le Val-de- Marne avant sa création administrative en 1964. Sa recherche s oriente particulièrement sur l image de ces hommes. C est un sujet très vaste et pour comprendre cette vision, il est nécessaire de connaître parfaitement ces brigadistes. En outre, l image de ces volontaires varie selon les hommes et les époques. Si vous avez des informations à lui communiquer vous pouvez la joindre aux coordonnées suivantes : 1 Résidence du Prieuré Rue Katherine Marsfield 77200 Avon Tel : 01.60.72.28.65 Initiatives de ce semestre Poursuite des travaux de recensement des lieux d archives pour la réalisation du Guide des sources du Val-de- Marne (subventionné par la DRAC-Ile-de- France) sur le site Internet Maitron.org Vous pouvez retrouver sur le site Internet des archives départementales du Valde-Marne (www. archives94.fr), le guide des sources des fonds privés.