LA DETTE, LE DON Philippe COLLINET 25 AVRIL 2012



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Transcription:

1 LA DETTE, LE DON Philippe COLLINET 25 AVRIL 2012 Une réflexion sur le don et la dette a-t-elle place dans un séminaire sur «Angoisse et Culpabilité»? Une dialectique proposée par les anthropologues peutelle nous aider à mieux articuler les rapports qu'entretiennent angoisse et culpabilité, tant ces concepts sont mis en actes, en actes de parole dans la pratique du divan par les psychanalystes. La mère donne de la vie, le père donne le nom, la nation l'identité. La race donne la couleur, l'espèce le langage, le genre le sexe. Tous ces cadeaux de naissance sont vite plongés dans le bain de l'autre des signifiants pour en faire un sujet originel, original, unique, irremplaçable non échangeable. Un sujet, qui au regard de l'autre dans le miroir, déballera tous ces cadeaux, intégrera tous ces dons. Très vite au travers des trois registres imaginaire, symbolique, et réel, il se construira dans le désir de l'autre, au principe du plaisir de ce qui est reçu et au-delà de ce qui reste du, au cours du développement oral, anal, phallique. Voici donc que s'installent par le langage et la culture les droits et les devoirs - la dette et le don du sujet. Une parenthèse sur le signifiant «devoir» L'origine du verbe devoir est le verbe avoir : habere en latin, qui signifie aussi habiter (la passion m habite) mais aussi habitus (us et coutumes). C'est la même racine pour le verbe debere : devoir-dette Le verbe devoir a un triple sens : à la forme active, devoir, c est avoir une dette. à la forme moyenne, devoir, c est s'obliger à. à la forme passive : ce qui est du, est ce qui est à rembourser. Le verbe devoir comporte deux notions : - un manque (économique) - une obligation (morale) qui renvoie au substantif : le devoir Tout ceci pour souligner toute la portée signifiante d'une phrase aussi banale que : «Je dois téléphoner à ma mère» C'est qu'elle ne l'a pas fait : un manque à combler C'est qu'elle témoigne d'un report, une procrastination, signes d'angoisse et d'appréhension à le faire. C'est qu'elle considère ce coup de fil comme une obligation morale et se sent coupable de ne pas l'avoir donné. Encore 1 repère étymologique : l'origine du don-donner est issue de la racine indoeuropéenne : -do- qui veut dire transmettre, transmettre la possession de ; - didomai - en grec - dosis- en latin représente à la fois l'action de donner et le présent. Les anthropologues et les sociologues se sont intéressés, par fonction, aux échanges entre humains, échanges qui sont aux fondements de l'organisation sociale des humains. La logique qui les structure peut-elle s'appliquer par analogie à la logique de l'inconscient? Chaque science à son propre dictionnaire quand l'écoute clinique des anthropologues et des psychanalystes pointent les mêmes signifiants, les uns et les autres peuvent s'enrichir de leurs concepts : échange-autredésir-parenté-reconnaissance-don-identité-estime de soi : ces mots sont partagés dans le vocabulaire de Marcel Mauss et de Jacques Lacan.

2 «C'est sur le terrain de la découverte du rôle central et conjoint du don et du symbolisme dans l'ordre de la culture que nous avons des choses en commun» Alain Caillé Marcel Mauss est considéré comme l'un des pères de l'anthropologie. Né en 1872 décédé en 1950. Agrégé de philosophie à Bordeaux. Il a pour oncle Durkheim. Pour lui, un fait social est pluridimensionnel économique, culturel, religieux, symbolique ou juridique. Il tente de placer l'être humain dans sa réalité concrète du point de vue physiologique, psychologique et sociologique. Il montre et interprète les économies des sociétés primitives en se démarquant des idéologies dominantes du modèle libéral où les échanges se font sur le - mode étatique fondé sur l'homo équalis qui tente vers l'égalité des conditions de vie - mode marchand fondé sur l'homo économicus qui a tendance à échanger. Idée développée par Adam Smith (1723-1790) ancêtre du libéralisme de la globalisation des échanges et donc précurseur de la mondialisation. Pour Marcel Mauss, les échanges entre les humains ne sont pas tous dictés uniquement par des besoins utilitaires comme - le troc : échange sans garantie de valeur. - la vente : échange d'une marchandise appréciée au regard d'une valeur étalon. - le don chrétien de charité, gratuit, sans possibilité de contre don. Selon Marcel Mauss les échanges se font entre les sujets ou les sociétés par le donner-recevoir-rendre : «La règle sociale fondamentale, celle qui préside à la construction de notre société moderne, ce n'est pas celle de l'échange marchand ou du contrat mais du don. Les échanges obéissent à la triple obligation de donner recevoir et rendre». C'est un type d'échange qu'on appelle le potlatch. Le potlatch est une cérémonie culturelle pratiquée chez les amérindiens certaines tribus de l'océan Pacifique et aux Indes, qui est fondée sur le don. C'est un don qui fait parti des échanges agonistiques : un don de rivalité en opposition aux échanges non antagonistes que qui ne provoque pas de rivalité comme les échanges marchands d objets ou la charité du pur amour gratuit. Il y a trois types d'objets : - les objets que l'on vend qui sont aliénables et aliénés - les objets qu'on donne qui peuvent être aliénés et in aliénés - les objets que l'on ne vend pas, que l'on ne donne pas mais que l'on garde en réserve pour une transmission, une tradition, un patrimoine (les sacra pour M.Godelier). Il s'agit d'une guerre de générosité ou chacun doit s'afficher le plus généraux possibles pour «aplatir» son rival dit Marcel Mauss ; montrer que l'on est supérieur à lui en générosité, en puissance donatrice et l'humilier. Le cadeau est tellement important que l'autre ne pourra jamais rendre l'équivalent ; il tombe sous son pouvoir et se retrouve à «l'ombre de celui qui a donné». Ceci crée un climat d'hostilité et d'ambivalence dans une guerre des richesses. C est une guerre froide qui met à l'abri de la guerre réelle.

3 Je ne peux ici entrer dans la critique de cette théorie laissant la parole à de nombreux auteurs qui l ont discuté et commenté : Lévi-Strauss-Marcel Gauchet- Maurice Godelier-Georges Bataille-Bourdieu-Derrida, pour ne citer que les plus lus. Je retiendrai trois théories qui interpellent les psychanalystes. Théorie de l'incomplétude du don (Maurice Godelier) Il y a des choses plus fondamentales que le don. Avant le don, il y a le sacré, la religion, le sacrifice, la dette. Il y a des choses qui ne s'échangent pas : le corps (habeas corpus), le patrimoine. Théorie symbolique. Ce qui fait le don c'est l'intention qu il manifeste. Nous le savons bien, le ce qui compte c'est l'intention : les dons n'ont donc une valeur que principalement symbolique : «valeur de liens plus que valeur de biens» (Jacques Godbout). Le signifiant précède le signifié, le symbolique précède l'imaginaire. Théorie du sujet identifié par le don. Certes il entre dans nos actions de l'intérêt, de l'intérêt personnel, matériel, économique, mais il n'entre pas que cela Marcel Mauss montre dans essai sur le don que le don archaïque (le potlatch) est à la fois obligatoire (données-recevoir-rendre) et libre. Il entre dans toutes nos actions une dimension d'obligation, de compulsion, même parfois venue de l'extérieur, et une part de liberté. Pour que le don existe réellement il faut qu'il mêle à la fois l'obligation et la liberté à la fois l'intérêt pour soi et l'intérêt pour autrui ; si chacun des pôles n'est pas tempéré par son contraire, il tend vers la folie. DONNER Pour combler Le désir et le manque Dans l AUTRE RENDRE Pour assurer l autre que ce qu il lui donne n est pas ce qu il veut RECEVOIR Pour rassurer, identifier Faire exister l autre Si j ai longuement insisté sur les différentes modalités des échanges entre humains entre autres, c est pour les situer comme points de repères, comme échos à ce qui s entend parfois très clairement «ma mère me bouffe»parfois de façon voilé.

4 Jacques Lacan parle à trois reprises du potlatch : (J.L. Chassaing ) - Séminaire la Relation d'objet : «ce qui fait le don, que le sujet sacrifie au-delà de ce qu'il a» «Autrement dit, pour autant qu'un sujet donne quelque chose d'une façon gratuite, que pour autant derrière ce qu il donne, il y a tout ce qui lui manque, que le don primitif tel qu'il s exerce effectivement à l'origine des échanges humains la forme du potlatch. - Séminaire l'éthique de la psychanalyse. Met le don en parallèle avec le monde moderne où l accumulation et la consommation des biens organise un nouveau rapport différent de l'homme à son désir. - Séminaire ou Pire «Le potlatch, c est ce qui noie, c est ce qui déborde l impossible qu il y a dans l offrir ce n est pas étonnant que dans notre nostalgie nous en faisons ce que supporte l'impossible à savoir le c'est justement le réel comme impossible.» - Ecrits avant le chapitre sur «la dette symbolique» : «La parole est un don de langage, et le langage n est pas immatériel. Il est corps subtil, mais il est corps. Les mots sont pris dans les toutes images corporelles qui captivent le sujet «(Chomsky : le langage est un organe.) - Dans Fonction et champ de la parole et du langage «La dette inviolable est la garantie de la perpétuation du cycle des échanges» il retient surtout la logique du don et celle de la réciprocité de la dette ainsi engagée. Charles Melman livre un article «Le Lacadon» qui se termine par le commentaire du don que Lacan fait à ses élèves : «un enseignement qui s organise comme un trou dans le savoir ( je sais que ne sais pas )et jamais comme un système, chacun tissant son apport différemment. C est ce qui fait la faiblesse de cet enseignement, c est qu il n invite pas à boucher ce trou du savoir par un phallus imaginaire dans la liquidation du transfert. C est une faiblesse parce que du même coup, il se prive d une référence à l autorité et laisse à chacun s interroger. Qu Est ce que je peux me permettre? Qu est ce que je dis? Puis-je m autoriser de moi même.» Que seraient des psychanalystes assujettis eux mêmes à un maître quand la pratique de l analyse a pour objectif l émergence du sujet dans la reconnaissance de son désir, en regard de ceux qui feraient de la psychanalyse une doctrine, une philosophie, une secte, une religion? Je citerai l article de C.Melman pour bien autre chose, pour boucler notre propos et revenir au lien entre dette-don et angoisse- culpabilité. «C'est le moment d'illuminations de son intelligence où il se saisit que le champ de la réalité est organisé en fonction du désir» Ceci au moment du stade du miroir où l'autre dans le miroir lui permet de remembrer, d'unifier tout ce qu'il a reçu en naissant. La découverte du monde réel dans son rapport à l'autre (la mère ou celle ou celui qui lui en tient lieu) s'organise et se construit par rapport à la demande et au désir. Le désir, c'est le désir de l'autre au sens objectif et au sens génitif. Le désir c'est ce qui manque. «Le désir est lié à ce qui manque dans l'autre et dès lors, le signifiant s'organise comme symbole de ce rien.» Ce manque (et c'est ce qui fait l'originalité de la psychanalyse par rapport à l'anthropologie) sera comblé dans l'imaginaire par la forme phallique : un signifiant qui n'aura jamais de signifié car il n'y a pas d'autre de l'autre.

5 C'est là que surgit l'angoisse, une angoisse qui survient si cette forme disparaît ou par crainte qu'elle ne réapparaisse pas. Cette angoisse se teinte de culpabilité quand survient le sentiment de l'incapacité à combler le manque dans l'autre. Une dette impossible à combler «d'où à ce don suprême, et pour corriger l'angoisse, cette réponse par les dons que nous-mêmes allons engager vis-à-vis de cet Autre afin d'assurer notre propre jouissance en cherchant à le faire jouir, lui, à le combler par des prières, des sacrifices, des offrandes et suprême don, lui donner en extrême cadeau son propre manque : sa vie par le martyr ou le renoncement à sa propre jouissance dans la chasteté. Ce don est inégalement réparti entre les sexes, les hommes et les femmes. La pathologie du don se manifeste dans les deux grandes névroses «La générosité hystérique qui abouti à transformer ces dons en autant de boulets en autant de poids, en autant de charges, dans une visée qui peut paraître justement celle du comblement. L avarice de l obsessionnel qui veut garder l objet habituel d échange ( objet petit a) avec l Autre pour un plus de jouir croyant que jouir comme des dieux serait la jouissance suprême» Lacan montre bien qu il existe une différence entre le phallus qui est un signifiant qui ne peut s échanger, (il est inaliénable puisqu il représente le sujet pour un autre signifiant) et l objet a, qui est un objet, qui non seulement peut s échanger mais qui organise l échange comme cause de l objet du désir. Melman propose deux dimensions à l échange : - une dimension horizontale où le sujet échangerait les objets avec les autres ses semblables. - une dimension verticale «par rapport au grand Autre qui nous fait ce don suprême, d être soutenu par un manque que nous allons nous exténuer à satisfaire, à réparer, à combler» un cadeau empoisonné. A Φ S a S a S