THEME 6 : INTERNATIONALISATION DES ECHANGES ET MONDIALISATION INTRODUCTION



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Transcription:

THEME 6 : INTERNATIONALISATION DES ECHANGES ET MONDIALISATION INTRODUCTION En 1958, six pays européens (France, Allemagne, Italie, Belgique, Luxembourg et les Pays-Bas) signent un accord créateur d une zone de libreéchange, le traité de Rome. Au fil du temps, ces pays fondateurs créeront une union douanière, un marché commun, une union économique puis monétaire tout en élargissant cette intégration à de nouveaux pays membres. Le développement de cette intégration s insère dans un processus de mondialisation des échanges. Ce dernier est souvent utilisé par les agents économiques pour encenser les bienfaits du libre-échange. Certains pensent que «La croissance économique passe par le développement des échanges, des marchés et de l investissement. Que les échanges s arrêtent, c est le recul économique. Qu ils repartent, c est l expansion et l augmentation du niveau de vie.» (Michel Didier). Ces réflexions sont porteuses d interrogations : Pourquoi un pays décidet-il d ouvrir son marché intérieur que ce soit au sein d une union ou d une manière générale? Quels sont les enjeux d une ouverture internationale? Pour essayer de répondre à ces questions, nous commencerons par nous interroger sur la réalité du libre-échange. Ensuite nous verrons qu elles sont les causes de la mondialisation des échanges. Enfin nous nous interrogerons sur les conséquences de la mondialisation. 1. LE CONSTAT D UNE MONDIALISATION DES ECHANGES. Nous verrons dans un premier point que la mondialisation des échanges est surtout une mondialisation économique et financière. Puis dans un deuxième point, nous constaterons qu il existe aussi une certaine mondialisation culturelle. 1.1. UNE MONDIALISATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE VISIBLE. Notions essentielles Avantages comparatifs Division internationale du travail Protectionnisme Libre-échange Firmes transnationales Compétitivité Différenciation des produits Acculturation Différenciation culturelle Notions complémentaires Balance des paiements Termes de l échange Barrières tarifaires et non tarifaires Taux de change Régimes de change OMC FMI Banque mondiale Compétitivité prix et produit Commerce intra-firme Investissement direct à l étranger Investissement de portefeuille Délocalisation Normes sociales Normes environnementales Prénotions de 1ère Représentation de l activité économique Entreprise et marché Défaillances du marché Q1. Qu est-ce que la mondialisation? R1. Le mot mondialisation désigne à la fois une situation et un processus. Il est donc nécessaire d analyser les outils qui permettent de dire si les échanges mondiaux, les relations économiques entre les pays, croissent rapidement, notamment plus rapidement que la production mondiale (voir cours de première). Par la suite, nous pourrons analyser le processus de développement des relations économiques entre nations, notamment à travers la construction de l OMC et les stratégies des FMN, qui aboutit à cette «mondialisation». 1.1.1. LA MONDIALISATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE : UNE SITUATION DE FAIT. Document A : Fiche outil 1, La balance des paiements, p. 500-501. Balance des paiements 2003 (http://www.banque-france.fr) millions d'euros 1999 2000 2001 2002 2003 Compte de transactions courantes 39 406 21 024 26 768 15 366 4 841 Biens 1 16 543-518 4 542 7 964 1 568 Services 17 463 21 491 21 299 18 169 13 044 Revenus 17 780 14 990 15 875 4 229 6 920 Transferts courants - 12 380-14 939-14 948-14 996-16 691 Compte de capital 1 362 1 478-269 -186-7 671 Compte financier - 37 473-30 566-26 746-20 603-2 399 Investissements directs - 75 381-139 167-32 622-561 -9 124 Français à l étranger - 119 069-185 879-87 890-52 526-50 751 Étrangers en France 43 688 46 712 55 268 51 965 41 627 Investissements de portefeuille - 7 132 41 088 27 696-20 166-9 256 Avoirs -117 776-104 315-79 845-92 502-130 670 Engagements 110 644 145 403 107 541 72 336 121 414 Autres investissements 45 267 59 799-28 777-9 584 24 220 Avoirs -20 065 135-57 251 Engagements 65 332 59 664 28 474 Produits financiers dérivés -1 314 5 050 1 193 5 507-6 068 Avoirs de réserve 1 087 2 664 5 764 4 201-2 171 Erreurs et omissions nettes -3 295 8 064 247 5 423 5 229 1

Q1. Qu est-ce que la balance des paiements courants ou balance courante? R1. Document comptable qui récapitule, généralement sur une année, les échanges extérieurs de la France avec le reste du monde en ce qui concerne les biens, les services, les revenus et les autres transferts (sorties et entrées ou exportations et importations). Q2. Quelle est sa structure? R2. Elle est composée de plusieurs autres balances ou documents comptables. On lit les importations ou les exportations dans les balances qui sont des documents enregistrant les échanges entre un pays et le reste du monde, en particulier la balance des transactions courantes qui enregistre les échanges de marchandises, c est à dire les échanges sur biens et services (revoyez votre cours de 1 ère!). BALANCE DES TRANSACTIONS COURANTES : C est le solde des échanges de biens, de services et de revenus et de transferts entre la nation et l étranger. 1. Balance commerciale : X M de biens. Ex : Renault, IBM => Solde de la balance commerciale! Elle concerne les opérations sur marchandises et prend en compte les échanges de matériels militaires et ceux avec les DOM-TOM. 2. Balance des invisibles : Elle concerne toutes les opérations hors marchandises (biens immatériels). - Balance des services : X M de services. Ex : gestion de la comptabilité d un groupe étranger, service de phoning, redevances et licences, tourisme. C est le solde des échanges de services divisés en onze catégories : transports, voyages, services de communication, services de BTP, assurances, services financiers, services d informatique et d information, redevances et droits de licence, services aux administrations publiques, services relatifs aux spectacles, cultures et loisirs. - Balance des revenus : X- M de revenus. Ex : rémunération des salariés temporairement expatriés, intérêts d un placement effectué aux Etats-Unis (investissement de portefeuille), IDE. C est le solde des transferts de revenus de capitaux (intérêts et dividendes) et du travail (salaires) comptabilisés à part depuis 1995 (SECN). - Balance des transferts courants : transferts privés (salaire d un résident marocain vers le Maroc où sa famille est restée) et publics (contribution à l ONU ou au budget de l UE, subventions agricoles venant de l UE). C est le solde entre les contreparties de biens, services ou capitaux exportés sans rétributions. BALANCE DES OPERATIONS DE CAPITAL : C est le solde des transferts de capitaux non monétaires => transferts de propriété de capitaux fixes, remise sans contrepartie d une dette, transfert de patrimoine des migrants résultant d un changement de résidence, acquisitions et cessions d actifs non financiers non produits (brevets...). BALANCE DES OPERATIONS FINANCIERES : C est le solde des transferts de capitaux monétaires => Flux financiers (investissements directs, investissements en portefeuille ou opérations sur titres [titres de propriété, titres de créances ou obligations, titres du marché monétaire et des produits dérivés]) et avoirs de réserve : avoirs à la disposition des autorités monétaires (or monétaire, Droits de Tirage Spéciaux, avoirs en devises étrangères ou autres créances) Toute opération donne lieu à deux écritures : L une en compte de transactions courantes ou de capital et l autre en compte financier. La balance des paiements est donc toujours en équilibre. Par contre, les soldes partiels peuvent être déséquilibrés. La balance des paiements a subi des transformations dans sa composition : Montée des flux financiers et notamment des IDE qui équivalent maintenant au solde du compte de transaction courante! Q3. Quels sont les outils que nous utilisons pour appréhender les relations entre un Etat et le reste du monde? R3. Un certain nombre d outils, qu il faut connaître, permettent de mesurer l ouverture d une économie nationale : le taux d ouverture (ou degré d ouverture) est défini par le rapport : ( (X +M)/2 / PIB ) x 100. Il correspond à la moyenne de la part des échanges extérieurs dans le PIB. Il est très variable selon les pays (faible aux Etats-Unis, très élevé en Belgique, par exemple). Pour la France en 2001, nous avions : X = 408,6 mds et M = 385,6 mds avec PIB = 1463,7 mds => degré d ouverture de 27,13% => en 2001 Sur 100 euros produits par les agents résidants en France, 27,13 était orientés vers le commerce extérieur. Attention, ce n est pas parce que le volume de marchandises exportées ou importées (en milliards de dollars, par exemple) est élevé que le degré d ouverture l est. Tout dépend du montant du PIB! 2

Le taux de couverture des importations de marchandises : X marchandises / M marchandises. La balance commerciale (X M) est excédentaire quand le taux est de plus de 100% ou 1, si X et M sont évaluées de la même manière. Pour la France en 2001, en biens et services, nous avions : X = 408,6 mds et M = 385,6 mds (Evaluation en FAB) => 1,0596 soit 105,96% => pour 100 euros de biens et services importés par la France en 2001, ce pays en exportait 105,96. Effort à l X ou taux d exportation : X / PIB. C est la part des exportations dans le PIB. Ce rapport, mesure donc l importance de la production intérieure qui est destinée à alimenter la consommation finale et intermédiaire étrangère. Taux de pénétration des M ou taux de pénétration étrangère : M / PIB. C est la part des importations dans le PIB => quelle est l importance des biens et services importés relativement à la production des agents résidants. En France en 2001, en biens et services, nous avions (en FAB) : 26,34% => en 2001 Sur 100 euros produits par les agents résidants en France, 26,34 était importés pour satisfaire la demande intérieure insatisfaite par la production intérieure. Ce calcul peut être fait pour une activité particulière (automobiles par exemple => M automobiles / productions automobile en France). Part de marché est en général ciblé sur un marché précis (par exemple, le marché de l automobile). On peut calculer la part de marché des entreprises automobiles françaises sur le marché mondial (= montant des exportations françaises d automobiles / demande mondiale mesurée par la somme des importations mondiales d automobiles en %), ou dans un pays précis. La part de marché sur le marché extérieur est définie par le rapport : ( X / demande mondiale ) x 100, avec demande mondiale = somme des importations mondiales La part de marché sur le marché intérieur ou marché domestique est le complément du taux de pénétration étrangère sur ce marché particulier (1 (X activité / production activité)). Remarque : les évaluations des importations et des exportations peuvent être différentes. Les exportations sont évaluées en FAB ou FOB (coût jusqu à notre frontière. Elles sont sous évaluées par rapport aux importations. Les importations sont évaluées en CAF ou CIF (coût jusqu à notre frontière). Elles sont surévaluées par rapport aux exportations. La balance commerciale est donc excédentaire quand le taux est supérieur à 96-98% (0,96-0,98). Pour la France en 2001, en biens et services, nous avions : X (FAB) = 408,6 mds et M (CAF) = 390,9 mds => 1,0453 soit 104,53% => en 2001, sur 100 euros de biens et services importés par la France (valeur CAF), ce pays exportait 104,53 (valeur FAB). Afin de simplifier les interprétations, les douanes françaises corrigent la surévaluation des M de marchandises [Surévaluations des M de 3-4% par rapport aux X dues au différentiel de coût de transport entre les frontières] Cette surévaluation a été revue à la baisse (2% au lieu des 3-4% prévus) amenant une rectification des données jusqu en 1994. Document B : Dossier 7, lire une matrice du commerce international, p. 439-441. Q1. Les échanges se sont-ils mondialisés? R1. La croissance des échanges mondiaux est toujours supérieure à celle de la production mondiale et de manière importante sur la période la plus récente (entre 1950 et 1997, les échanges mondiaux de biens ont été multipliés par plus de 16 alors que la production mondiale en volume a été multipliée par à peine 6) => Une part croissante de la production est échangée au niveau international (une part croissante des actifs travaille pour l exportation). Ce phénomène n est pas récent (19è siècle) mais s est intensifiée depuis 1945. Les échanges internationaux tiennent une place de plus en plus grande dans les économies nationales (ouverture internationale accrue). Les économies sont de plus en plus intégrées (le niveau d action est plus l espace mondial que l espace national). Q2. Le développement du commerce mondial touche-t-il de la même manière toutes les activités productives? R2. Ce développement n est pas la même pour tous les produits : 1. La croissance des échanges de produits primaires est bien plus faible que celle des produits manufacturés. Entre 1963 et 1997, la part des produits manufacturés passe de 52 à 73% des échanges mondiaux de biens (les prix des matières premières n ont pas augmenté aussi vite que les prix des produits manufacturés, sauf exception) => risque de marginalisation des pays exportateurs de biens primaires. 3

2. Les services sont encore relativement peu échangés sur la scène internationale mais les échanges progressent très vite pour certains types de services (services bancaires, services rendus aux entreprises, etc ) 4 fois plus vite que pour les biens dans les années 70. Cependant une part importante des services reste relativement difficilement exportable (services non marchands, services aux personnes, etc ) car ils sont non stockables et leur consommation est souvent liée à des habitudes culturelles => ce secteur d activité reste abrité de la concurrence internationale et peut être considéré comme un gisement d emplois pour lesquels le coût salarial a peu d importance puisqu il n y a pas de concurrence (secteur abrité). 3. Depuis les années 80, le montant des transactions financières internationales (opérations sur titres ou valeurs mobilières à travers les marchés financiers, sur monnaies à travers le marché monétaires et notamment le marché des changes) est nettement plus important que les échanges de biens et de services [50 fois selon la Banque des Règlements Internationaux en 95] (spéculation) => déconnection de l évolution des échanges monétaires et financiers / échanges de biens et de services. Aujourd hui, 90% des échanges mondiaux totaux (marchandises et capitaux) sont des échanges de capitaux, les biens et services n en représentant que 10%. Ce phénomène est accentué par la globalisation financière. La mondialisation des échanges de biens, de services et de capitaux a impliqué un processus de libéralisation quasi complète des échanges de capitaux depuis le début des années 80, débouchant sur la réalisation d un marché mondial des capitaux très peu contrôlé. Ce processus s est réalisé au travers de : La déréglementation des mouvements de capitaux : il n y a plus de contrôle, Le décloisonnement des marchés : les différents marchés des capitaux ne sont plus séparés les uns des autres et tous les acteurs peuvent intervenir sur tous les marchés, La désintermédiation : aujourd hui, de plus en plus, les entreprises ont un accès direct aux marchés des capitaux sans passer par les intermédiaires traditionnels que sont les banques. La dématérialisation des moyens de paiement : Les capitaux circulent par simple jeu d écritures informatiques, ce qui est très facile, bien plus facile et rapide que l échange des biens ou des services. Q3. Quelles sont les principales zones géographiques maîtresses des échanges internationaux? R3. On a trois pôles essentiels d échange (triade) : Amérique (20%), Europe (40%) et Asie (25%), dont les caractéristiques sont les suivantes : Le commerce intra-zone est important : 75% pour l Europe (UE+AELE), 50% pour l Asie, 40% pour l Amérique du Nord. Cette importance du commerce intra-zone est souvent couplée à une organisation interne régionale de libre-échange : Alena (association de libre-échange nord-américain entre le Canada, les EU et le Mexique), l UE (15), l AELE (association européenne de libre-échange = Islande, Liechtenstein, Suisse, Norvège), l APEC (coopération économique en asie-pacifique de l Australie à la Corée du sud en passant par les EU et la Russie, sans la Chine) Cependant, il y a une hiérarchie à l intérieur de la zone avec au moins un pays dominant les autres : Japon pour l Asie (Chine?), les Etats-Unis pour l Amérique, l Allemagne et la France pour l Europe. Ces zones ont des zones d échanges de proximité qui captent une partie non négligeable des échanges hors-zone (satellites extérieurs) : Europe de l Est pour l Europe, Amérique centrale et du Sud pour l Amérique. Certaines zones géographiques semblent exclues du commerce mondial : Afrique (3%), Moyen-Orient (3%) Europe de l Est (4%), Amérique Latine (5%). Leur part dans le commerce mondial chute parce que : 1. Les volumes échangés et les prix relatifs n augmentent pas assez vite. 2. Ils exportent des produits dont l élasticité-revenu est faible : quand les revenus augmentent, la demande de ces produits n augmente pas ou faiblement. Synthèse intermédiaire : La mondialisation se caractérise principalement par l ouverture croissante des économies, notamment développées de l hémisphère Nord, ainsi que leur interdépendance. Quel est le processus qui a abouti à cette situation? 1.1.2. LA MONDIALISATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE : UN PROCESSUS. La mondialisation est aussi un processus, un mouvement inachevé. D une part, la mondialisation s institutionnalisme. D autre part, les entreprises prennent une dimension internationale. 4

1.1.2.1. L INSTITUTIONNALISATION DE LA MONDIALISATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE. Document C : Fiche outil 2, les négociations commerciales multilatérales, p.445-446. Dossier 1, Le commerce international, p. 424-426. Nom du round du GATT Date des négociations Nb de pays participants Tarifs moyens avant le round % Genève 1947 23 40,0 35,0 Annecy 1949 13 26 2,0 Torquay 1950-1951 38 23,9 25,0 Genève 1955-1956 26 17,9 3,5 Dillon 1961-1962 26 16,5 7,0 Kennedy 1964 62 15,2 35,0 Tokyo 1973-1979 102 9,9 34,0 Uruguay 1986-1993 117 6,5 39,0 Réduction moyenne des tarifs (en %) Conférences ministérielles de l OMC Singapour Sept. 1996 Genève Mai 1998 Seattle (Etats-Unis) Déc. 1999 Doha (Qatar) Nov. 2001 Cancun (Mexique) Sept. 2003 Hong-Kong Déc. 2005 Q1. Que sont le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) et l Organisation Mondiale du Commerce (OMC)? R1. La conférence de Bretton Woods de 1944 qui devait lancer le Système Monétaire International basé sur l étalon-or à travers le dollar, prévoyait la constitution de l OIC (Organisation Internationale du Commerce). L objectif de cette dernière était de développer le commerce entre les pays, notamment en abaissant les entraves protectionnistes inutiles (maintenir les autres) => Le GATT est un simple accord provisoire (Accord général sur les tarifs douaniers) mis en application en octobre 1947 (conférence de la Havane) jusqu à la création de cette OIC. Cependant, la création de l OIC ne s est jamais faite et le GATT perdura jusqu en 1995, date de création de l OMC suite à la fin de l Uruguay Round. L OMC est un organisme international qui est entré en fonction le 1 er janvier 1995, suite à la mise en application des décisions prises pendant l Uruguay Round (accords de Marrakech). Il est établi à Genève et concerne 148 pays en octobre 2004 (125 en septembre 1996), soit plus de 90% du commerce mondial. Il a pour principales fonctions : 1. D administrer les accords commerciaux signés dans le cadre de l O.M.C. ; 2. De gérer les différends commerciaux existants entre les pays membres grâce à un conseil spécialisé (l office de règlement des différends) ; 3. De contrôler les politiques nationales sur le commerce des pays membres ; 4. D apporter une aide technique et une formation aux P.V.D. ; 5. De coopérer avec les autres organisations internationales ; 6. De veiller à l aménagement des barrières tarifaires (droits de douane) et non tarifaires (quotas, normes techniques et sanitaires, etc.). L O.M.C. est : Gouvernée par trois structures, un peu sur le modèle de l O.N.U. : 1. Des conférences ministérielles (tous les 2 ans) qui ressemblent fortement aux rounds du G.A.T.T. 2. Un conseil général qui gère les affaires courantes ; 3. Des conseils spécialisés. l Office de Règlement des Différends (ORD), par exemple, a pour but de faire respecter les accords signés par les Etats membre par l octroi d amende ou de mesures de représailles (droits de douane ). Dirigée par un directeur général (Supatchai Panitchpakdi, thaïlandais, de septembre 2002 à septembre 2005). Q2. Quels sont les objectifs de ces structures à propos du commerce international? R2. L objectif est de diminuer les tarifs douaniers et d améliorer le commerce mondial => libéralisation du commerce afin de développer les échanges mondiaux (augmentation de la croissance économique mondiale) et de sécuriser l environnement économique mondial (stabiliser l environnement commercial) au cours des rounds informels (GATT) puis des conférences ministérielles périodiques (OMC). L objectif de l O.M.C. n est pas d aboutir à un commerce mondial sauvage, sans aucune barrière, mais plutôt de donner naissance à un commerce mondial régulé équitablement, comportant des barrières dont le poids et l influence sont contrôlé : Présence de barrières dans le cas de secteurs économiques en déclin, désavantagés ou lorsque la balance des transactions courantes est déficitaire (Clause de sauvegarde, article 19). La cinquième Conférence ministérielle de l'omc (Cancún, Mexique) avait pour objectif principal de dresser un bilan de l'avancement des négociations et des autres travaux requis par le Programme de Doha pour le développement, accepté en 2001 lors de la quatrième conférence. Ces négociations et travaux portent sur 21 sujets et concernent aussi bien l agriculture 5

(subventions à l exportation), les services, la propriété intellectuelle 1 (facilitation de l importation de médicaments génériques pour les pays les plus pauvres, août 2003), la concurrence, les mesures antidumping (subventions et mesures compensatoires), l environnement, les investissements, les marchés publics (transparence), les accords commerciaux régionaux ou ACR (clarification), l électronique La Conférence ministérielle de Cancún s est soldée par une impasse. Une nouvelle échéance a été fixée à la fin du mois de juillet 2004, pour parvenir à un accord sur un ensemble d'accords-cadres. Au 1 er janvier 2005, les membres de l OMC devaient avoir fait des propositions sur chacun de ces sujets, ce qui a aboutit au démantèlement de l accord multi-fibre (AMF 2 ) en janvier 2005 par exemple. Q3. Quels sont les principes du GATT repris par l OMC? R3. Les pays signant l accord du GATT s engagent à respecter quelques principes : 1. Le principe de non-discrimination avec la clause de la nation la plus favorisée : le pays signataire s engage à appliquer à l ensemble des pays adhérant au GATT le tarif douanier le plus bas qu il pratique déjà avec un de ses partenaires économique (Consentir les mêmes concessions douanières ou commerciales à toutes les nations signataires de l accord, lorsqu elles sont accordées à une nation). Si un pays (France) abaisse ses droits de douane sur les produits agricoles provenant d un autre pays (Côte d Ivoire) pour n importe quelles raisons (commerciale, géopolitique, sociale ), il doit automatiquement répercuter cette baisse sur les produits agricoles provenant des autres pays signataires du GATT Exceptions : Cas d unions régionales => des pays peuvent s unir dans une union économique régionale (Union européenne) et pratiquer entre eux des tarifs plus bas que ceux convenus avec les autres pays du GATT. 1. L interdiction des barrières non tarifaires : les pays ne peuvent pas substituer des barrières non tarifaires (contingentement ou quotas comme pour l importation de magnétoscopes en France dans les années 90 à Poitiers ; normes techniques ; normes sanitaires ). Le GATT préfère ne pas réussir à abaisser les barrières tarifaires si dans le même temps les barrières non tarifaires n augmentent pas. En fait les barrières non tarifaires ne sont pas forcément visibles et sont donc plus difficiles à supprimer une fois mises en place. 2. L interdiction du dumping (c est à dire de la vente à un prix inférieur au coût de production) et des subventions à la production : ces deux règles visent à tenter d établir une certaine égalité entre les entreprises sur le marché mondial et à imposer ce que certains appellent une saine concurrence. Q4. Quelles sont les différences majeures de l OMC par rapport au GATT? R4. L O.M.C. a pour objectif de diminuer les barrières au commerce international afin de rendre l économie mondiale plus prospère, paisible et rentable aussi bien pour les producteurs, exportateurs et importateurs, que pour les consommateurs : 1. Les Etats membres doivent adhérer à l ensemble des obligations résultant des accords passés au sein de l O.M.C. C est la fin du GATT à la carte. 2. L O.M.C. est une structure permanente de négociation, ce qui permet d évoluer aussi rapidement que le commerce. C est la fin des rounds ou cycles de négociations dont l organisation était lourde. 3. Les Etats membres doivent mettre leurs législations en conformité avec les dispositions prises au sein de l O.M.C. (obligation). 4. Les Etats membres ne peuvent pas se soustraire aux mesures répressives décidées après l O.M.C. lorsqu une plainte déposée auprès de l O.R.D. (organisme de règlement des différends) aboutit. En effet, si un pays signataire pense qu un autre pays signataire ne respecte pas l accord dans un échange multilatéral, alors il peut porter plainte auprès de l ORD, qui va se charger de régler le différend entre les deux parties de autoritaire. C est la fin des négociations et des compromis qui existait avec le GATT lors de différends commerciaux (consensus négocié par le secrétariat du GATT). En effet, le GATT n avait aucun pouvoir de coercition sur les pays signataires => les conflits naissant entre les Etats trouvaient difficilement à se résoudre dans la mesure où il n y avait pas d autorité établie. Notons à ce sujet qu entre 1995 et 2005 (mars), 329 plaintes ont été déposées auprès de l O.R.D., ce qui est supérieur à toutes les plaintes déposées en 50 ans auprès des instances du GATT (efficacité). Les pays émergents n hésitent plus à attaquer les puissances commerciales. Exemples : Plainte 325 (10 janvier 2005) : Recours du Mexique contre les Etats-Unis pour des droits antidumping appliqués à l acier inoxydable en provenance du Mexique. 1 ADPIC : Aspects des Droits de Propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce. 2 Restriction volontaire des exportations du textile et de l habillement des pays du Sud vers ceux du Nord. 6

Plainte 326 (14 février 2005) : Recours du Chili contre la CE et la mesure de sauvegarde définitive appliquée au saumon. Plainte 327 (24 février 2005) : Recours du Pakistan contre l Egypte pour des droits antidumping sur les allumettes importées du Pakistan. Plainte 328 (3 mars 2005) : Recours de la Norvège contre la CE et la mesure de sauvegarde définitive appliquée au saumon. Plainte 329 : (16 mars 2005) : Recours du Mexique contre le Panama concernant la classification de certains produits laitiers. Q5. Quels sont les résultats du GATT et de l OMC? R5. Libéralisation des échanges : 1. Nous sommes passés de 23 à 117 (x5,09 en 46 ans) puis 146 pays signataires (x 1,25 en 10 ans) 2. Les tarifs douaniers ont baissé de 83,75% entre 1947 et 1993. On voit donc que le tarif moyen a été divisé par 10 en une cinquantaine d années. Aujourd hui, près de 40% des marchandises circulant dans le monde le font en franchise totale (c est à dire sans aucun droit de douane à payer). L OMC poursuit cette action, les droits de douane nuls sont plus nombreux tout comme le nombre de droits consolidé (qui ne peuvent être accru que très difficilement). 3. Le programme de Doha pour le développement (2001-2005) cadre des négociations afin : D aménager les barrières non tarifaires (règlements techniques et normes ; régime de licences d'importation ; règles d'évaluation en douane des marchandises ; inspection avant expédition: un autre contrôle des importations ; règles d'origine: fabriqué à/en... ; mesures concernant les investissements). De libéraliser les secteurs d activité agricoles (suppression des subventions) et du textile (suppression des contingents d importation, notamment l AMF négocié dans le cadre du GATT en 1973). De libéraliser progressivement les services : L'Accord général sur le commerce et les services (AGCS) est le tout premier ensemble de règles multilatérales, juridiquement contraignantes, qui régissent le commerce international des services (technologies de l information en 1996, télécommunications de base et services financiers en 1997). De réduire la portée des accords plurilatéraux aux aéronefs civils et aux marchés publics. Il a été mis fin aux Accords sur le secteur laitier et sur la viande bovine à la fin de 1997. Protection des droits de propriété intellectuelle : Le Cycle d'uruguay a permis d'intégrer pour la première fois dans le système du GATT les droits de propriété intellectuelle: droits d'auteur, marques de fabrique ou de commerce, brevets, etc. L OMC poursuit cette démarche. Examen des politiques commerciales: transparence et retour d'informations : L'OMC examine régulièrement la politique commerciale des différents pays en partie pour garantir aux personnes et sociétés s'occupant de commerce des réglementations et des politiques transparentes. Q6. Quelles sont les limites de l OMC? R6. 1. Dans de nombreux domaines, aucun accord n a pu être trouvé (aéronautique, transports maritimes). La difficulté est toujours aussi grande pour approfondir le libre-échange sur les produits encore peu concernés (produits agricoles, services, par exemple) 2. Les conditions de production ne peuvent pas être réglementées par l O.M.C. mais peuvent entraver le commerce international (normes sociales, règles de concurrence pour les marchés publics, normes environnementales, fluctuations de change ) ; 3. L O.M.C. a du mal à réglementer les barrières non tarifaires (normes techniques, entraves administratives notamment) à cause d une opacité de ce système de protection ; 4. Certaines mesures de rétorsions unilatérales (section 301 du trade act américain) survivent. 5. les négociations butent sur la volonté d un nombre grandissant d Etats d encourager les Unions régionales plutôt que de développer le multilatéralisme (voir le dernier thème sur l Union Européenne). 6. Problème de la place des pays les plus pauvres dans ce type d organisation : Problème d accession à la chambre qui prend les décision (Green room, bureau du directeur général, 30 membres clefs). 7. Problème de la prise en compte des petits producteurs agricoles et industriels (présence forte des lobbies). 7

Synthèse intermédiaire : La mondialisation économique et financière est un processus historique qui s est installé en tant que situation de fait. Le libre-échange s est donc accru fortement, notamment après 1945 et entre pays développés. Cet état de fait touche-t-il aussi le domaine culturel? 1.2. UNE UNIFORMISATION CULTURELLE NOTABLE. Document D : Mondialisation et acculturation, p. 506-507. Encadré B, AOL-Time Warner, premier groupe mondial de communication, p. 510. Dossier 1, vers l uniformisation culturelle, p. 519-521. Fiche outil 1, cultures et acculturation, p. 530-532. Q1. Pourquoi pouvons-nous penser empiriquement qu il existe une mondialisation culturelle? R1. Tout d abord la mondialisation économique, couplée aux méthodes fordistes de production, implique forcément l extension de la consommation des mêmes biens et services à travers le monde et ce au détriment des spécificités socioculturelles nationales, voire locales. Que ce soit les séries télévisées, les chansons, les publicités, les biens de consommation courante (Coca-Cola, jeans, kiwi, voitures ), un espagnol, un américain, un japonais, un égyptien auront tendance à consommer globalement des produits similaires. En fait, l extension du système capitaliste, modèle d organisation de la production émanant des pays développés, notamment depuis la chute du mur de Berlin en 1989, l effondrement du modèle communiste en URSS (Glasnot et Prestroïka de M. Gorbatchev dans les années 80-90) et la transition de la Chine communiste vers le socialisme de marché depuis les années 90, a entraîné une certaine mondialisation culturelle via la mondialisation des échanges. Ensuite, cette mondialisation économique, via le mode de production et d échange, véhicule l idée que l allocation des ressources n est optimale qu à travers un recours aux lois de marché, c est-à-dire aux lois de l offre et de la demande. Ceci implique une extension de la spécialisation de la production (division du travail entre pays à forte intensité capitalistique et pays à forte intensité de main d œuvre), de la relation salariale marchande (85%de la population active française) Aussi, les firmes transnationales américaines contribuent à l expansion de leurs modes d organisation et de leurs méthodes de gestion grâce à leur puissance économique. Au niveau mondial, parmi les dix premières grandes entreprises classées par chiffre d affaires en 2004, cinq sont des groupes américains : Wall-Mart Stores (1 er ; 227 milliards d euros), Exxon Mobil (3 ème ; 197 milliards d euros), General motors (5 ème ; 173 milliards d euros), Ford Motor (6 ème ; 145 milliards), General electric (9 ème ; 119 milliards d euros). Il est donc logique de penser que la diffusion de leurs produits s accompagne d une diffusion de leurs valeurs, notamment auprès des producteurs et partenaires locaux => Les relations de travail, fondamentales dans une société, sont de plus en plus souvent les mêmes, sous l influence des firmes multinationales. Cependant, d autres entreprises font partie de ces 10 premiers mondiaux : BP (2 ème ; 206 milliards d euros) et Royal Dutch Shell group (4 ème ; 178 milliards d euros ; mixte RU Pays-Bas), groupes anglais. Daimler-Chrysler (7 ème ; 138 milliards d euros ; mixte Allemagne - USA), allemand. Toyota Motor (8 ème ; 135 milliards d euros), japonais Total (10 ème ; 105 milliards d euros), français. Remarque : Le chiffre d affaires des 50 premiers groupes français représente en 2004 1 150 milliards d euros les dix premiers mondiaux représentent, en 2004, 1 623 milliards d euros. Remarque : «On assiste, depuis une quinzaine d'années, à un retournement de situation : la puissance écrasante des Etats-Unis dans le domaine des industries de la communication est contrée par l'émergence de groupes très puissants en Amérique Latine. Trois des plus grands groupes de communication au monde sont Vénézuéliens, Mexicains et Brésiliens» (Olivier-René Veillon, Délégué Général de TV France International, cité par le Centre Régional d'education Permanente et d'action Culturelle, ou CREPAC, d'aquitaine). De plus, l urbanisme et l architecture semblent même s uniformiser, à travers des normes de sécurité, de coût mais aussi d esthétisme qui s appliquent dans plusieurs pays, grâce à l implication de firmes multinationales (FMN) dans le domaine du bâtiment. Enfin, certaines valeurs politiques apparaissent comme étant naturelles de part leur rationalité affirmée par les pays occidentaux développés. D une part, les pays développés semblent vouloir étendre le modèle démocratique (élections libres) à l ensemble des pays (Afrique du Sud, Chili, Irak, Côte d Ivoire ). D autre part, les gouvernements de pays développés démocratiques mais aussi les ONG provenant de es pays souhaitent affirmer les droits fondamentaux des êtres humains : Libertés individuelles (# peine de mort aux 8

Etats-Unis), émancipation des femmes notamment dans les pays islamistes fondamentalistes (Libye, Afghanistan ), abolition du travail des enfants (Moyen-Orient, Asie ) Synthèse intermédiaire : L internationalisation des échanges a conduit à un certain universalisme, tant économique que financier ou culturel. Quelles sont les causes de cette internationalisation? 2. LES CAUSES DE LA MONDIALISATION DES ECHANGES. Dans un premier point, nous verrons quelles sont les justification théoriques à la base du processus de mondialisation des échanges. Puis, nous parlerons des justifications empiriques. 2.1. DES JUSTIFICATIONS THEORIQUES. Document E : II, p. 635, de «Pour comprendre» à «payer leurs importations.». Q1. Quelle est la théorie exposée par Adam Smith en 1776 en ce qui concerne les échanges internationaux? R1. Un pays se spécialise dans la production du bien pour lequel le coût de production est le plus faible (il le fabrique le plus efficacement). Il cesse donc de produire les autres biens trop coûteux en termes d heures de travail car il est préférable des les échanger contre les biens qu il arrive mieux à produire (théorie des avantages absolus). La spécialisation dans la production du bien pour lequel un pays a un avantage absolu permet d économiser des heures de travail qui vont être transférées des usines fermées (bien trop coûteux en heures de travail) vers la production sélectionnée. Le pays va donc produire plus à un coût moindre. Ceci va donc être favorable à la croissance et chacun pourra toujours se procurer le bien qu il ne produit plus grâce au commerce. Aussi, le commerce international crée une spécialisation internationale de production qui est favorable à la croissance => Ceci aboutit à une division internationale du travail (DIT), chaque pays se spécialisant dans le ou les biens les moins coûteux en termes de temps de travail et proposant ainsi des biens et services particuliers. Selon A. Smith, la DIT internationale est favorable à la croissance mondiale puisqu elle est favorable à chaque croissance nationale. Exemple fictif (mesure des coûts de production en heures de travail pour une unité 3 ) Cas n 1 Cas n 2 Angleterre Allemagne Angleterre Allemagne Production d ordinateurs 100 120 100 90 Production de voitures 105 95 80 105 Spécialisation maintenue tant que la production de voitures > 100 ET < 120 < 100 ET > 90 CAS N 1 : L Angleterre se spécialisera dans la production d ordinateurs. Elle gagne 10 heures de travail par unité produite en important des voitures d Allemagne (95 heures par voiture) par rapport à la situation où elle aurait produit ces voitures (105 heures par voiture). Elle se spécialisera dans cette production d ordinateurs tant que le coût de production unitaire sera inférieur à 105 heures (coût de production interne des voitures). L Allemagne, quant à elle, se spécialisera dans la production des voitures. Elle gagne 20 heures de travail par unité produite en important des ordinateurs d Angleterre (100 heures par ordinateur) par rapport à la situation où elle aurait produit ces ordinateurs (120 heures par ordinateur). Elle se spécialisera dans la production de voiture tant que le coût de production sera inférieur à 120 heures (coût de production interne des ordinateurs). CAS N 2 : L Angleterre se spécialisera dans la production de voitures. Elle gagne 10 heures de travail par unité produite en important des ordinateurs d Allemagne (90 heures par ordinateur) par rapport à la situation où elle aurait produit ces ordinateurs (100 heures par ordinateur). Elle se spécialisera dans cette production de voitures tant que le coût de production unitaire sera inférieur à 100 heures (coût de production interne des ordinateurs). L Allemagne, quant à elle, se spécialisera dans la production des ordinateurs. Elle gagne 25 heures de travail par unité produite en important des voitures d Angleterre (80 heures par voiture) par rapport à la situation où elle aurait produit ces voitures (105 heures par voiture). Elle se spécialisera dans la production d ordinateur tant que le coût de production sera inférieur à 105 heures (coût de production interne des voitures). 3 Selon la théorie de la valeur travail, le prix d une marchandise dépend de la quantité de travail qu elle contient. 9

Q2. Quelle est la limite de cette théorie? R2. Lorsqu un pays produit mieux les biens qui peuvent s échanger sur des marchés, il n a apparemment pas intérêt à se spécialiser puisqu il n y gagne rien, selon la théorie des avantages absolus. Exemple fictif Angleterre Allemagne Production d ordinateurs 100 heures 120 heures Production de voitures 90 heures 100 heures Dans ce cas l Angleterre a un avantage absolu dans la production des voitures. Cependant, la spécialisation de ce type de production ne lui fait économiser aucune heure puisqu elle échangera des voitures contre des ordinateurs produits en Allemagne avec 20 heures de plus par unité que s ils avaient été produits en Angleterre (120 heures par voiture allemande contre 100 heures par voiture anglaise). Pourquoi des pays qui n on pas d avantages absolus à l échange commercent-ils toujours avec d autres pays? Document F : la théorie ricardienne, p. 412-413. Q1. Quelle est la théorie de David Ricardo exposée en 1817 en ce qui concerne les échanges internationaux? R1. Un pays qui n a pas d avantage absolu dans la production de biens a tout de même un intérêt à se spécialiser dans la production du bien pour lequel son handicap de coût de production est le plus faible (théorie des avantages comparatifs). Exemple fictif (mesure des coûts de production en heures de travail pour une unité 4 ) France Italie Chapeaux 6 5 Souliers 4 3 Pour une unité produite de chapeaux, la France dépense 6 heures de travail, alors l Italie n en dépensera que 5 heures. La France a donc un désavantage par rapport à l Italie dans la production de chapeaux de 20%. Autrement dit, son coût de production est de 20% supérieur à celui de l Italie (6 / 5 = 1,20, soit +20%). Nous pouvons opérer le calcul inverse en partant de l Italie. Celle-ci aurait un avantage par rapport à la France dans la production de chapeaux de 16,67%. Autrement dit, son coût de production est de 16,67% inférieur à celui de la France (5 / 6 = 0,8333, soit -16,67%). Pour une unité produite de souliers, la France dépense 4 heures, alors l Italie n en dépensera que 3 heures. La France a donc un désavantage par rapport à l Italie dans la production des souliers de 33,33%. Autrement dit, son coût de production est de 33,33% supérieur à celui de l Italie (4 / 3 = 1,33, soit +33,33%). Nous pouvons opérer le calcul inverse en partant de l Italie. Celle-ci aurait un avantage par rapport à la France dans la production de souliers de 25%. Autrement dit, son coût de production est de 25% inférieur à celui de la France (3 / 4 = 0,75 soit -25%). Si nous nous en tenions aux coûts absolus d Adam Smith, l Italie n aura aucun intérêt à se spécialiser dans les souliers car elle arrive aussi à produire mieux les chapeaux et les souliers que la France. Pourquoi l Italie se spécialiserait-elle dans ces conditions? L Italie va se spécialiser là où elle a le meilleur avantage par rapport à la France, c est-à-dire les souliers (25% de supériorité contre 16,67 pour les chapeaux). La France se spécialisera donc là où elle a le moins mauvais désavantage par rapport à l Italie, c est-à-dire les chapeaux (20% d infériorité contre 33,33% pour les souliers). Les heures économisées dans la production abandonnée seront alors utilisées dans la production retenue. 4 Selon la théorie de la valeur travail, le prix d une marchandise dépend de la quantité de travail qu elle contient. 10

Pour aller plus loin Nous pouvons alors nous demander, à partir de quand, l Italie et la France, dans notre exemple, vont-ils échanger en en retirant un gain bilatéral? Avant que la France ne se spécialise dans les chapeaux, sur le marché intérieur français, une unité de chapeaux vaut 1,5 unité de souliers, prix relatif intérieur des chapeaux en souliers 5 (6 / 4 = 1,5). Autrement dit, sur le marché intérieur français, nous pouvons échanger 100 chapeaux contre 150 souliers. Nous aurions aussi déterminer le prix relatif intérieur des souliers en chapeaux, soit une unité de souliers vaut 0,67 unité de chapeaux (4 / 6 = 0,67). Autrement dit, sur le marché intérieur français, nous pouvons échanger 100 souliers contre 67 chapeaux. Avant que l Italie ne se spécialise dans les souliers, sur le marché intérieur italien, une unité de chapeaux vaut 1,67 unité de souliers, prix relatif intérieur des chapeaux en souliers (5 / 3 = 1,67). Autrement dit, sur le marché intérieur italien, nous pouvons échanger 100 chapeaux contre 167 souliers. Nous aurions aussi déterminer le prix relatif intérieur des souliers en chapeaux, soit une unité de souliers vaut 0,6 unité de chapeaux (3 / 5 = 0,6). Autrement dit, sur le marché intérieur italien, nous pouvons échanger 100 souliers contre 60 chapeaux. Par conséquent, la France se spécialise dans la production de chapeaux tant qu elle peut avoir en échange à travers le commerce international plus de 150 souliers contre 100 chapeaux (plus de 1,5 soulier contre 1 chapeau). L Italie se spécialise dans la production de souliers tant qu elle peut avoir en échange à travers le commerce international 100 chapeaux contre moins de 167 souliers. Il y aura donc spécialisation et échange, tant que les deux partenaires pourront échanger 100 chapeaux contre une quantité de souliers comprise entre 150 et 167. Chacun économisera alors des heures de travail qu il pourra rediriger vers le secteur productif retenu. Il y aura un gain à l échange à travers la spécialisation productive. Exemple : si le rapport d échange est fixé à 159 souliers contre 100 chapeaux, alors : La France gagnera 9 souliers (159-150) par centaine de chapeaux échangés par rapport à l état de son marché intérieur, soit en l occurrence 9 heures de travail. L Italie économisera (167-159) 8 souliers par centaine de souliers échangés, soit en l occurrence 8 heures. Exercice : Le modèle de Ricardo (h de travail par unité produite) Grande Bretagne Portugal Vin 120 80 Drap 100 90 1. Dans quelles productions vont se spécialiser la Grande Bretagne et le Portugal? 2. Indiquez la fourchette de quantités échangées de drap pou 100 unités de vin qui permettront l échange international et le gain pour chacun des partenaires. Q2. Quelles sont les hypothèses de la théorie ricardienne de l échange international à un seul facteur de production (le travail)? R2. Les coûts de production son mesurés en heures de travail (théorie de la valeur travail). Les prix en quantité de travail varient donc suivant les différences de productivité entre les pays. Par conséquent, les techniques de production sont données et la productivité est stable à moyen terme (rendements d échelle constants). Les FP sont mobiles au sein d un pays mais immobiles entre les pays. Si le capital et le travail étaient mobiles, comme ils le sont dans un pays, ils iraient se placer là où ils sont le mieux rémunérés et la démonstration chiffrée telle que l a faite Ricardo n est plus possible. Les marchandises sont mobiles entre les pays et au sein des pays. Q3. Quelles sont les limites de ce modèle? R3. Les facteurs de production, capital et travail, sont immobiles entre les pays, ce qui devient fortement gênant lorsque l économie mondiale se compose de FTN (mobilité internationale des FP). 5 Rappelons que, selon la théorie de la valeur travail, le prix d une marchandise dépend de la quantité de travail qu elle contient. 11

Ricardo n envisage guère la dynamique de l échange et de la spécialisation puisque les coûts de production et la productivité sont stables dans le temps. Cependant, avec l industrialisation, nous avons vu que la productivité augmentait, ce qui paraît logique aussi lorsqu un pays se spécialise et gênant par rapport au modèle. De surcroît, cette productivité n augmente pas de la même manière dans toutes les productions => la spécialisation peut déboucher sur des gains importants pour un pays, faibles pour l autre. Tous ne sont pas gagnants de la même façon, notamment si un pays connaît des rendements croissants dans sa production (variation de la production > variation des FP) alors que son partenaire connaît des rendements décroissants (variation de la production < variation des FP) [paradoxe de Graham, 1923]. Globalement, au niveau international, on produit effectivement plus, il y a bien un gain. Mais la fixation du prix reste indéterminée et variable. De plus, c est d elle que dépend le gain respectif de chaque pays. L un des pays va sans doute gagner plus que l autre à l échange international (voir dans notre exemple si on passe de 159 à 165 souliers pour 100 chapeaux). A la limite, par exemple en cas de rapports de force, on peut envisager qu un pays ne gagne rien (167 souliers pour 100 chapeaux => l Italie ne gagne rien), voire y perde si la spécialisation a abouti à une dépendance d un pays envers un autre (170 souliers pour chapeaux => l Italie y perd). Document G : la théorie Heckscher-Ohlin, p. 413-414. Q1. Quel est l apport de la théorie HOS à la théorie ricardienne de l échange international? R1. Eli Heckscher (en 1919), Bertil Ohlin (en 1933) et Paul Samuelson (en 1941 avec W. Stolper et seul en 1948, 1949 et 1953) vont expliquer, à travers un modèle d échange internationaux à deux facteurs de production (le travail et le capital) et un raisonnement en prix monétaires, ce qu avait remarqué David Ricardo, c est-à-dire l existence des avantages comparatifs : Les pays exportent les produits dont la production requiert l utilisation intensive du facteur de production abondant et importent ceux qui utilisent intensivement les facteurs rares. En effet, l abondance d un facteur de production dans un pays conduit à un prix plus bas lorsque l on utilise abondamment ce facteur dans la production (avantage en termes de coût de production) => l échange international équivaut à un échange de facteurs de production abondants contre des facteurs rares. Ce sont donc les différences de dotations factorielles qui expliquent les différences de coûts de production d un pays à un autre et ce même si les techniques de production sont identiques. Les trois auteurs posent les hypothèses suivantes : 1. Concurrence parfaite et mobilité internationale des produits. 2. Immobilité internationale des facteurs de production => dotation fixe des FP dans chaque pays. 3. Même fonction de production (même technique de production, même productivité). 4. Rendement d échelle constant Q2. Quelles sont les conséquences de l apport de la théorie HOS à la théorie ricardienne de l échange international? R2. Dans chaque pays, le facteur de production abondant est relativement le moins cher. Cependant, le fait d augmenter la production utilisatrice de ce facteur abondant va faire augmenter la demande de ce facteur de production (terre par exemple). Son prix (sa rémunération) va donc augmenter. L inverse se produit pour le facteur de production le moins demandé. Le processus à l œuvre entre les pays partenaires va aboutir à une égalisation internationale (Heckscher et Samuelson) ou à une tendance à l égalisation (Ohlin) du prix des facteurs de production => le pouvoir d achat des salaires a tendance à devenir le même partout (idem pour les taux de profits) => le libre-échange joue donc sur la répartition des revenus entre salaire et profit. Q2. Quelles sont les limites de ces apports théoriques? R2. 1. Selon le théorème HOS, les économies échangent des biens selon leurs dotations factorielles => le commerce mondial devrait donc être essentiellement inter-branches => ce théorème n explique ni le commerce intra-branche (échange de produits similaires entre pays : voitures d une même gamme, HIFI haut de gamme ), ni le commerce intra-firme (entre entreprises composant une FMN), commerces qui forment pourtant actuellement un partie non négligeable des échanges mondiaux. 2. Paradoxe de Léontieff (1953, vérification empirique du théorème HOS). W. Leontieff a étudié dans les années 50 les échanges extérieurs des USA et montré que ceux-ci exportaient davantage de produits contenant beaucoup de travail, alors que ce facteur de 12

production est relativement rare aux Etats-Unis et donc cher. Les statistiques semblent donc invalider le théorème. Cependant deux remarques viennent lever le paradoxe : On observe que les USA exportaient surtout des produits contenant du travail qualifié, or les Etats-Unis disposaient relativement de beaucoup de travail qualifié (comparativement aux autres pays). On observe que la productivité des travailleurs était plus élevée que dans les autres pays. 3. Toutes les spécialisations sont-elles également avantageuses? Est-ce réellement la même chose d être spécialisé, pour un pays, dans la production de produits primaires nécessitant essentiellement du travail non qualifié et répondant à une demande déclinante dont l élasticité-revenu est faible, ou d être spécialisé dans des produits manufacturés sophistiqués dont la demande est fortement élastique? C est bien évident que non et que ces inégalités vont en générer d autres, avec un effet boule de neige. Au niveau international, peut-on accepter que la division internationale du travail débouche sur ce type d inégalités dynamiques? Document H : II. La nouvelle théorie du commerce international, p. 415-417, le paragraphe sur la politique commerciale est exclu. Q1. Quelles sont les analyses récentes des échanges internationaux? R1. Prise en compte des importations incompressibles liées à une dépendance naturelle (pétrole) ou technologique (nucléaire). De nouvelles analyses tendent à insérer ces contraintes dans l étude du commerce international et de la spécialisation. Un pays peut vouloir exporter le produit pour lequel il a une demande intérieure relativement forte, même si cela va à l encontre de la théorie des avantages relatifs et de HOS (Demande représentative de C. Linder en 1961), et ce pour diverses raisons. 1- Les structures de production sont déjà en place et non construites spécialement pour l exportation (économies d échelle). 2- La concurrence sur le marché intérieur pousse les entreprises à être innovantes pour créer un avantage concurrentiel avant de se tourner vers l exportation. 3- L accès aux informations relatives au prix, à la demande, à l offre peut s être déjà engagé sur le marché intérieur (habitude du traitement de l information) avant d affronter l exportation. Comme les pays similaires économiquement ont des niveaux de vie très proches et des demandes similaires en termes de types de biens (loi d Engel), les échanges intrabranches vont se développer (exemples : Mercedes, BMW, Safrane ). Les consommateurs peuvent désirer des biens semblables mais non identiques à ceux de leur partenaires dont le niveau de vie est proche (Demande de différence de Lassudrie Duchêne en 1971) => la différenciation des produits impulse un commerce intra-branche en dehors des théories précédentes (concurrence monopolistique). Synthèse intermédiaire : La mondialisation des échanges se justifie donc d un point de vue théorique. Qu en est-il dans les faits? 2.2. DES JUSTIFICATIONS EMPIRIQUES A L INTERNATIONALISATION DES ECHANGES. Document I : I. Les multinationales, p. 452-456. Dossier 1, la compétitivité, p. 465-467. Fiche outil 1, Les stratégies des multinationales, p. 477-478. Q1. En quoi les FTN peuvent-elles être une des causes du développement de la mondialisation? R1. Les FTN à stratégie productive peuvent s organiser en DIPP (Décomposition Internationale du Processus de Production). Elles créent des filiales ateliers en délocalisant. Ces filiales sont spécialisées dans la fabrication d une partie du produit final ou dans le montage des composants fournis par les unités productives des firmes multinationales. Cette délocalisation peut concerner seulement une partie de la production, celle qui profitera d une main d œuvre bon marché Nous parlons de délocalisation quand une entreprise décide de fermer un de ses établissements de production dans un pays pour aller en ouvrir un autre, à peu près équivalent, dans un autre pays, ou quand une entreprise abandonne un sous-traitant dans le pays en s adressant à un sous-traitant étranger. 13

Q2. Quel est l intérêt pour ce vecteur d encourager la mondialisation des échanges et donc de la culture? R2. Extension des marchés ou des débouchés => économies d échelle, surtout si le pouvoir d achat augmente dans le même temps. Standardisation des méthodes de production et de l organisation => Baisse relative des coûts de production (matières premières, organisation, publicité, masse salariale ) => accentuation de l effet des économies d échelle, notamment si le produit lui-même est banalisé. Utilisation d une main d œuvre moins coûteuse grâce à la délocalisation Baisse des coûts de production amélioration de la rentabilité des exploitations. L entreprise va décider de délocaliser pour maximiser son profit en diminuant ses coûts de production (coût du travail, coût du capital) ou ses coûts d accès au marché étranger (pour vendre des automobiles aux Etats-Unis, les entreprises japonaises auront moins de frais en les fabriquant sur place qu en les exportant et ne subiront pas les décisions politiques concernant les importations [effet tête de pont de Paul R. Krugman). Par conséquent, la standardisation et la délocalisation accentuent l amélioration de la compétitivité prix des produits fabriqués par rapport à une situation où le commerce ne serait que national. Document J : II. Les Etats, p. 456-460. Encadré B, LTCM, p. 457. Encadré C, Les paradis fiscaux, p.459. Dossier 4, Les investissements directs à l étranger, p. 472-474. Q1. En quoi les Etats et les institutions internationales peuvent être des causes de la mondialisation du commerce international? R1. Stratégie de développement extravertie : ce sont des stratégies de développement tournées vers l extérieur. Nous avons deux types de stratégies d industrialisation propres à la stratégie de développement extravertie : 1. Les stratégies d extraversion fondées sur l exportation de produits primaires : Le pays se spécialise dans la production de un ou quelques produits primaires pour lesquels il est bien doté, soit sur le plan des ressources naturelles (matières premières), soit sur le plan du climat (Haute-Volta et haricots verts). Les produits sont relativement peu (voire pas du tout) transformés avant d être exportés. Ces exportations vont générer des revenus et des devises qui seront utilisés pour contribuer au développement économique du pays : Via la consommation et l investissement ; Via le commerce extérieur (financement des importations de biens d équipement). L idée d un transfert (effet d entraînement) entre le secteur primaire et le secteur secondaire est sous-entendue. Quelques succès : Chili, pays membres de l OPEP. Quelques échecs : Afrique. (en 1996, 47,5% des exportations des pays d Afrique correspondaient à des produits d extraction contre 9,6% pour le monde). 2. Les stratégies de développement fondées sur l extraversion par la promotion des exportations de produits manufacturés. C est une stratégie qui vise le marché extérieur : Substituer aux exportations de produits primaires des exportations de produits manufacturés ; «Remonter les filières» après avoir effectuer cette substitution. Exemple : Textile => fabriquer des vêtements de sport en important le tissu, le fil, les accessoires, les machines, la conception, etc => fabriquer le tissu, puis maîtriser le filage, construire des machines textiles (et les exporter). On part donc d un produit de grande consommation, utilisant beaucoup de main d œuvre, et on remonte la filière jusqu à fabriquer les machines-outils nécessaires à la production, quitte à laisser la fabrication des vêtements à des pays moins avancés, donc à délocaliser la production. En fabriquant des produits manufacturés et en distribuant des revenus à l occasion de cette production, on développe le marché intérieur par l accession au marché extérieur. C est ici que les succès sont les plus criants avec le degré d ouverture le plus élevé des stratégies de développement => Expérience des NPIA (Taiwan et Hong-Kong dans les années 50, Corée du Sud et Singapour dans les années 60 6 ) ne disposant pas de matières premières (spécialisation dans des productions industrielles nécessitant de la main d œuvre peu qualifiée nombreuse => textile ou électronique) => le pays peut passer d industries à forte intensité de travail à des industries de plus en plus sophistiquées, nécessitant de plus en plus de capital et de travail qualifié, en remontant les filières et même en s attaquant à la 6 Quatre dragons : Corée du sud, Hongkong, Taiwan, Singapour. Trois tigres : Malaisie, Indonésie, Thaïlande (les Philippines ont rejoint ces trois pays). 14

production de services haut de gamme => La Corée du Sud est aujourd hui un concurrent très sérieux sur la scène internationale en ce qui concerne la fourniture d usines clefs en mains (en 1996, 82,4% des exportations des pays d Asie correspondaient à des produits manufacturés contre 28,8% pour les exportations mondiales). L Etat a joué un rôle majeur dans le processus : Il a initié et dirigé cette stratégie (sauf à Hong- Kong), tout en laissant une place grandissante à l initiative privée (FTN) => Dès le milieu des années 70, il aide au développement des industries à forte intensité de travail pouvant concurrencer celles des pays occidentaux du fait du très bas coût relatif de la main d œuvre (en 1975, le salaire moyen d un ouvrier du textile sud-coréen ne représentait que 8% de celui d un ouvrier français, par exemple) => Ceci a participé à l essor des IDE. L IDE est une opération par laquelle un investisseur étranger acquiert un actif dans un pays d accueil avec l intention de le gérer. On distingue : 1. La participation suffisante au capital (fusion acquisition ou création de nouvelles installations) [plus de 10% selon les normes du FMI, sinon investissement de portefeuille]. 2. Le réinvestissement sur place des bénéfices de filiales implantées à l étranger. 3. Les prêts à court ou long terme réalisés entre la société mère et sa filiale. Les IDE se sont fortement développé dans les années 80 notamment vers les NPI et l Amérique latine. Il protége le marché intérieur de manière sélective pour assurer le développement de certaines branches. Il maîtrise l évolution du taux de change pour ne pas handicaper la compétitivité prix de ses biens. Il maîtrise l évolution des salaires réels par rapport à celle des gains de productivité. Il a recours aux capitaux étrangers pour l industrialisation mais incite fortement les résidants à épargner. Il mène un effort de constitution des infrastructures matérielles et immatérielles nécessaires au développement (bâtiment, réseau de communications, formation de la main d œuvre). Il faut aussi une forte mobilisation de la population autour et pour l industrialisation (rôle de minorités actives, rôle des valeurs du confucianisme) : Les résidants doivent accepter certains sacrifices (maintien d un faible pouvoir d achat pendant longtemps) => C est seulement aujourd hui que les salaires coréens ont quasiment rattrapé le niveau de ceux des britanniques => Leur spécialisation repose désormais plus sur la qualité des produits que sur le coût de la MO. Le modèle de développement par insertion dans les échanges mondiaux en promouvant les exportations de biens manufacturés et en remontant les filières semble donc avoir prouvé son efficacité. La Corée appartient depuis 1996 à l OCDE (organisation qui regroupe l ensemble des pays développés), la croissance économique des pays d Asie est fortement supérieure à celle des pays industrialisés sur la période 1989-1997. Cependant, cette ouverture et ce développement n ont pas résolu tous les problèmes (démocratisation de la vie politique). Document K : III. La société civile en mouvement, p. 460-461. Q1. En quoi les mouvements sociaux internationaux entretiennent-ils l idée du processus de mondialisation? R1. Les mouvements sociaux internationaux existent depuis le 18 ème siècle mais ont gagné leurs lettres de noblesse dans les années 20 (abolition de l esclavage, développement des droits des femmes et des minorités ). Un nouveau dynamisme a eu lieu à partir des années 90 (annulation de la dette des pays pauvres, réforme du FMI, modération de l OMC et du Forum Economique Mondial ). Ces ONG (World Wilde Fund for Nature ou WWF ; Friends of the Earth ; Greenpeace ), principalement américaines et assises sur des fonds publics (80% des ressources financières), participent à la construction de la mondialisation à travers l ouverture de débats critiques. Plus que cela, ils sont passés d un rôle contestataire à un rôle d interlocuteur, notamment en participant à la régulation de la mondiale. La Fédération internationale des droits de l homme s allie au groupe de distribution Carrefour, le WWF conseille le cimentier Lafarge Document L : IV. Les réseaux informels et les réseaux mafieux, p. 461-463. Conclusion : une gouvernance hybride, p 463-464. Q1. En quoi les réseaux informels et mafieux participent-ils à entretenir le processus de mondialisation? 15

R1. Tout d abord, les réseaux informels participent à la mondialisation des échanges. La circulation de biens de consommation courante (tapis, chaussures, voitures, électronique ) vers les pays du Sud, est facilitée par des réseaux commerçants structurés mais non intégrés : Maghreb et Europe, Amérique latine et Miami, Turquie et Allemagne, Liban et Afrique, Aise mineur et Grande Bretagne (Alain Tarrius, La mondialisation par le bas, 2002). Ensuite, les réseaux mafieux sont transnationaux dans le sens où ils prospèrent en même temps que l économie se développe et mute même (développement de la criminalité en col blanc : Scandale d Enron aux Etats-Unis en 2002 ou des ventes de frégates à Taiwan par France en 1998 ). Le développement parallèle d une finance internationale en état de non gouvernance est propice à cette situation (secret bancaire en Suisse à partir de 1934 ; invention de la résidence fictive pour les entreprises résidants en Grande Bretagne en 1929 ; Paradis fiscaux dans les Bahamas, la principauté de Monaco ). Le G7 économique (Etats-Unis, Canada, France, Grande Bretagne, Italie, Japon, Allemagne) se doublerait d un G7 du crime (Etats-Unis, Japon, Italie, Russie, Colombie, Chine, Nigeria). Cependant, la structure interne de cette transnationalité reste basée sur des petites ou moyennes entités (fantasme relatif de l existence des familles) dont il est difficile de savoir qu elle est le PIB illicite (2 à 5% du PIB mondial selon Michel Camdessus, ancien dirigeant du FMI), puisque aucune étude sérieuse n a été faite. Synthèse intermédiaire : La mondialisation des échanges est justifiée par des assertions théoriques mais aussi par des causes empiriques (faire référence à la conclusion p.463-464). 3. LES CONSEQUENCES DE LA MONDIALISATION DES ECHANGES. Nous verrons dans un premier point les conséquences économiques de la mondialisation des échanges. Puis, dans un deuxième point, nous analyserons les conséquences culturelles de cette mondialisation. 3.1. DES CONSEQUENCES ECONOMIQUES SIGNIFICATIVES. Document M : dossier 2, Les OGM, les multinationales et le tiers monde : dépendance économique et technologique, p. 468-470. Dossier 3, Chronique ordinaire de la mondialisation, p. 470-471. Dossier 3, Faut-il craindre la concurrence des pays du Sud et de l Est, p. 430-433. Dossier 4, Faut-il imposer des normes sociales dans le commerce international, p. 434-436. Dossier 5, l évolution des termes de l échange, p. 436-438. Fiche outil 3, les termes de l échange, p. 446-447. Q1. Quelles sont les conséquences économiques de cette mondialisation? R1. Tout d abord en ce qui concerne les FTN, nous pouvons mettre en évidence deux grandes conséquences : 1. Interdépendances des entreprises : Comme les échanges de marchandises et de capitaux se réalisent avec de moins en moins d entraves (réductions des droits de douane), les firmes transnationales développent de plus en plus une stratégie mondiale et non plus nationale (délocalisations entre autres). Les conditions de la production dépendent alors de celles d entreprises partenaires, voire même des filiales (grèves ; qualité médiocre ). Les délocalisations peuvent avoir des conséquences : Négatives dans le pays duquel la firme part (montée du chômage, pression à la baisse sur le coût du travail, et en particulier sur la protection sociale, effets indirects sur la demande ) mais aussi dans celui dans lequel elle s implante (domination sur les normes socio-économiques). Positives dans le pays dans lequel elle s implante (distribution de pouvoir d achat, ouverture de marchés plus sophistiqués) mais aussi dans celui duquel elle part (création d emplois plus qualifiés et plus porteur de VAB). Remarquons que les gains macroéconomiques ne compense pas forcément les pertes microéconomiques, notamment lorsque les pays semblent subir la délocalisation (contrainte économique). Ces délocalisations peuvent s appréhender en partie à travers les IDE, conditionnés par des calculs de rentabilité (pas de hasard) et par la stabilité politique, économique et social que le pays receveur a (fuite du continent africain avec de faibles flux d IDE). Les IDE revêtent plusieurs formes : créations de succursales, achats de biens immobiliers, prêts à une filiale par la société mère, achats d actions pour contrôler plus de 10% de l entreprise (sinon nous parlons d investissement de portefeuille et non d IDE). Les IDE ne correspondent pas entièrement à des délocalisations. 16

2. Accroissement de la concurrence entre les firmes au sein de marchés de plus en plus oligopolistiques : afin de maintenir une certaine rente de monopole, les FTN vont essayer de différencier leurs produits soit de manière intrinsèque (débanalisation réelle du produit), soit de manière extrinsèque (débanalisation apparente du produit), afin de créer un marché de concurrence monopolistique (marché du livre ou du disque par exemple). Ensuite, la mondialisation a des conséquences sur les nations : 1. Interdépendance des économies : Au niveau des économies nationales, comme une part significative de la production nationale est exportée (un travailleur sur trois ou quatre travaille pour l exportation), la situation économique du pays dépend en partie de la conjoncture ou des décisions prises dans les pays clients ou fournisseurs. Exemple : Si la consommation américaine fléchit nettement dans les mois à venir, les travailleurs allemands travaillant dans les entreprises vendant des produits aux américains risquent de connaître des réductions d horaires, voire des licenciements (la restructuration de Helwett Packard a des incidences sur l emploi en France en 2003-2004). 2. Incitation stratégique en termes de développement : seules les stratégies de développement fondées sur l extraversion par la promotion des exportations de produits manufacturés ont eu des impacts positif sur le long terme (Corée du Sud). Cependant, les conditions du succès sont contraignantes : L Etat a pesé de tout son poids sur l économie, organisant la croissance, la planifiant et réglementant l action de chacun. L intervention de l Etat s est révélée incontournable au risque d un certain dirigisme qui peut bloquer le processus (éviction des investisseurs étrangers, diminution du dynamisme issu de l entrepreneur privé via l innovation ). Ensuite, les FTN, nécessaires dans ce processus, ont été «encadrées» pour être au service du développement sur le long terme (éviter la dépendance, orienter les IDE vers les secteurs permettant le dynamisme) tout en permettant des revenus intéressants pour les multinationales (développement des joint-venture). Tous les pays ne peuvent pas organiser un développement de ce type, au risque de créer des problèmes de débouchés sur les marchés internationaux. 3. Domination entre nations : Les pays qui ont développé des stratégies d extraversion fondées sur l exportation de produits primaires ont acquis des recettes qui n ont souvent profité qu à une nomenklatura qui les utilisent pour consommer des biens étrangers importés. Les revenus distribués à l occasion de la production n ont pas servi à constituer un marché intérieur. De plus, l évolution du prix des produits primaires est à la fois plus fluctuante dans le temps et plus faible que celle des produits manufacturés à cause de gains de productivité inférieurs et d un contrôle des cours par les pays développés, clients de ces pays en développement. Aussi, le pouvoir d achat des produits primaire par rapport aux produits manufacturés diminue en général sur le long terme avec la même quantité d un produit primaire, on achète de moins en moins de produits transformés détérioration des termes de l échange, nets (évolution d un indice synthétique des prix des produits exportés par un pays / évolution d un indice synthétique des prix des produits importés par ce même pays) ou bruts (évolution d un indice synthétique des volumes importés / évolution d un indice synthétique des volumes exportés) On peut alors parler de croissance appauvrissante à l instar de Jagdish Bhagwati : L accroissement des exportations du bien dans lequel le pays s est spécialisé est source de croissance économique mais entraîne une dégradation des termes de l échange et une baisse du revenu par tête par rapport aux exportations nécessaires pour avoir la même quantité de biens importés. Relative transférabilité des modèles de développement entre le Nord et le Sud. Soit : X : exportations M : importations QX : quantités exportées QM : quantités importées PX : prix des exportations PM : prix des importations PAX : Pouvoir d'achat des exportations. Explication des termes de l échange X / M = (QX x PX) / (QM x PM) = (QX / QM) x (PX / PM) A l équilibre des échanges : X / M = 1 (QX / QM) x (PX / PM) = 1 PX / PM = QM / QX QM = (PX / PM) x QX En eux-mêmes, les termes de l échange n ont pas beaucoup d intérêt. Le plus important est leur évolution au cours du temps : si l on observe une «dégradation des termes de l échange», cela signifie que le rapport a diminué. Le prix des produits exportés a moins augmenté que le prix des importations il va falloir exporter de plus grandes quantités de produits pour importer la même quantité qu auparavant (dégradation des termes bruts). Termes de l'échange nets (en prix) Termes de l'échange bruts (en volumes) PAX ou volume d importations permises par les exportations 17

Empiriquement, on observe bien la grande variabilité des prix puisque les termes de l échange varie fortement au cours du temps. Si l on ne considère que les pays non exportateurs de pétrole, le plus grand nombre, on observe que leurs termes de l échange se sont améliorés pendant la décennie 70, mais depuis, leur situation relative se dégrade : entre 1976/1978 et 1989/1991, les termes de l échange ont perdu 21 points d indice, ce qui représente une baisse de l ordre de plus de 15% => Pour importer la même chose et parce que les prix des produits exportés par les pays du tiers-monde non pétroliers ont augmenté beaucoup moins vite que le prix des produits qu ils importent, il faut désormais exporter de plus grandes quantités de produits. Cette domination se retrouve en ce qui concerne les pays en développement ayant souscrit à une stratégie de développement autocentré. Celle-ci est une stratégie de développement introvertie, tournée vers le marché intérieur et utilisée dans les années 50-60. Elle visait : Soit à satisfaire le marché intérieur par des produits locaux (stratégie de développement par substitution d importations ou industrialisation par substitution d importations ou ISI), en substituant l industrie avale de biens de consommation aux importations afin de dégager des profits réinvestis dans l industrie lourde en amont (fermeture des frontières, aides publiques à la production). Exemples : Mexique (succès), Brésil (échec). Soit à développer l industrie lourde en amont dans l espoir d avoir un effet d entraînement (effet d agglomération) sur les industries avales de biens de consommation (industrialisation industrialisante). Exemples : Inde (succès), Algérie (échec). Les pays qui l ont utilisée se retrouvent en difficulté pour : S approvisionner en matières premières provenant des pays développés en ce qui concerne les industrialisations par substitution d importations. Concurrencer les FTN à l international dans le cas d une ISI. Écouler les produits issus des industries industrialisantes (marchés trop étroits). Les économies d'échelle nécessaires au développement économique n ont pas été au rendez-vous. Globalement, les entreprises nationales, à l abri des barrières douanières, n ont pas été stimulées par la concurrence internationale et se sont révélées peu compétitives et sans beaucoup de dynamisme. L ouverture et la mondialisation ne semblent donc pas profiter à tous les pays en développement également. La CNUCED a créé plusieurs catégories au sein des pays en développement suivant leur niveau de développement : Pays les moins avancés (PMA) : De 25 pays en 1971, nous sommes passés à 49 en 2001. Les critères sont variés : Très faibles revenus par habitant (<900$), part de la production industrielle dans le PNB (<10%), taux d alphabétisation, espérance de vie, rations caloriques Le poids de la dette dans le PNB est de plus de 90% pour ces pays. Ces pays sont principalement africains mais aussi asiatiques. Ils regroupent de plus des pays du Pacifique et des Caraïbes. Pays émergents (référence à W.W. Rostow) : Pays qui suivent les traces des NPI (Chine, Inde, Maroc, Argentine, Brésil, Mexique ) NPI : Pays qui ont connu un essor de l industrie manufacturière (textile, sidérurgie, chantiers navals ) et de l exportation de produits industriels. On retrouve : Les quatre Dragons : Hong-Kong, Taiwan, Singapour, Corée du sud (années 70) ; Les quatre Tigres : Malaisie, Philippines, Thaïlande, Indonésie (années 80). Le poids de la dette dans le PNB pour les pays d Asie de l Est est de 22%. Pays en transition : Anciens pays du bloc communistes qui restructurent leurs économies afin d intégrer une économie de marché. En Europe, nous avons l'ex-rda (unifiée à la RFA), la République tchèque, la Slovaquie, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, l'albanie, la Serbie-Monténégro, la Croatie, la Slovénie, la Bosnie, la Macédoine, la Russie, l Ukraine, la Belarus, la Moldavie, l Estonie, la Lettonie et la Lituanie. En Asie, nous retrouvons le Kazakstan, l'ouzbékistan, le Kirghizstan, le Turkménistan et le Tadjikistan ainsi que l'azerbaïdjan, l'arménie et la Géorgie. Ces économies subissent des chocs économiques (souvent en récession depuis 1997). Document N : La globalisation financière, p.482-492. Dossier 2, la dette des pays en développement, p. 496-499. Dossier 3, fiche de TD, Crédit crunch, p. 499-500. Q1. Quelles sont les conséquences financières de cette mondialisation? 18

R1. 1. Globalisation des taux d intérêt : Aujourd hui, les entreprises et les autres acteurs de l économie (banques, sociétés d assurance, Etats) vont emprunter, ou prêter, sur un marché des capitaux unique, mondial, suivant un taux d intérêt qui ne se fixe plus sur le marché national. Ce n est donc plus l offre et la demande intérieures de monnaie qui déterminent le montant du taux d intérêt mais la situation internationale du marché des capitaux. Les taux vont donc monter ou baisser sans que cela ne corresponde forcément aux nécessités économiques intérieures. Les conditions du financement des investissements, à l intérieur du pays, vont dépendre de considérations internationales => accentuation des interdépendances des économies, ce qui peut poser un problème lors des crises économiques localisées vis-à-vis de leur extension. Exemple : Si le taux d intérêt s élève aux Etats-Unis (besoin de capitaux étrangers pour financer des dépenses, militaires par exemple). Le taux d intérêt va s élever aussi en France sans qu il y ait de raison objective à cette élévation, simplement parce que si ce n était pas le cas, les capitaux disponibles en France iraient se placer sur le marché américain => les entreprises françaises vont devoir financer leurs investissements de manière plus coûteuse => ralentissement de la progression de l investissement, voire baisse de celui-ci si la rentabilité ou la profitabilité devenait trop faible, compte tenu du niveau des taux d intérêt réels. 2. Développement de l importance du marché des changes : depuis le début des années 70, le cours des monnaies les unes par rapport aux autres ne se fixent plus autoritairement par décision étatique ou des banques centrales. Nous sommes passés d un système monétaire international (SMI) de changes fixes à un SMI de changes flottants, sachant qu un SMI est un corps de règles, d institutions, d accords et de pratiques qui organisent les modalités de règlement monétaire des opération internationales portant sur les marchandises, les services ou les capitaux. Petit historique Jusqu en 1971 officieusement (inconvertibilité du dollar en or sur décision présidentielle de Richard Nixon) et 1976 officiellement (accords de la Jamaïque), les relations internationales monétaires étaient basés sur des SMI de change fixe. Les Etats fixaient eux-mêmes la valeur de leur monnaie en référence à un étalon, lequel pouvait être, selon les époques : L or (Etalon de change or ou Gold exchange standard ou GES) : Une ou plusieurs devises (devises clés) sont utilisées comme monnaies internationales en complément de voire en substitut à l or. Seules ces devises clés sont convertibles en or selon une parité fixée. Exemples : SMI entre 1922 et 1939 suite à la conférence de Gênes (le dollar, le franc français, la livre anglaise sont notamment les devises clefs convertibles en or), SMI de Bretton Woods de 1944 à 1971 (le dollar est seul convertible en or sur la base de un dollar l once d or). Une autre monnaie : Depuis le 15 août 1971, le dollar est l étalon du SMI. Le yen et actuellement l euro peuvent aussi être considérés comme des compléments à cet étalon dans les échanges internationaux. Entre 1979 et 1999, le SME a eu pour devise clé l ECU 7 (European Curerncy Unit), panier des monnaies de la CEE (cours pivot, marges de fluctuations de +/-2,25%). Le SME s est transformé en SME bis à partir de 1999. Seule la Couronne Danoise en fait partie actuellement. L euro est alors la devise clé. En dehors du SME bis, l ensemble des relations internationales est actuellement concerné par un SMI de change flottant. Le taux de change des monnaies se fixe au jour le jour sur le marché des changes en fonction de l offre et de la demande de chaque monnaie => Fluctuation constante, en fonction des évènements internationaux et/ou nationaux. Actuellement, les fluctuations sur le marché des changes vont avoir des conséquences, parfois non négligeables, sur l activité économique intérieure (risque de taux, accentuation des incertitudes). 1. Si le cours du dollar s élève et que nous payons notre facture pétrolière en dollars, nous allons devoir payer davantage, alors même que le prix du pétrole lui-même n a pas bougé. 2. Si le cours du dollar baisse, le montant en euros correspondant à nos ventes d Airbus, qui se font toujours en dollars (pas seulement quand on vend à une entreprise américaine), va diminuer, ce qui va affecter d une part le montant de nos exportations, d autre part les recettes de l entreprise fabriquant les Airbus, ce qui risque peut-être de 7 L ECU n avait pourtant pas d existence physique. Un agent ne pouvait pas acheter ou vendre des ECU ou s en servir comme moyen de paiement. 19

la mettre en péril (l entreprise pourra-t-elle payer les salaires, par exemple, qui, eux, sont payés en francs, pas en dollars?). Ces risques ont impliqué la création d outils monétaires afin de couvrir les risques de fluctuations de taux pour les Etats et pour les entreprises (contrats d achat ou de vente de devises à terme par exemple). 4. Difficulté à financer les importations incompressibles liées à la dépendance technologique dans le cas des stratégies de développement autocentré, abordée plus haut. Il a donc fallu abandonner ces stratégies, lorsqu elles s avéraient dangereuses, volontairement ou discrètement poussé par les organismes internationaux qui conditionnaient leur aide à cet abandon et au choix de stratégies de développement fondées sur l extraversion des économies. La gestion du développement, notamment avec l endettement des pays en développement, est de plus en plus traitée par le FMI et la Banque mondiale. Le Fond Monétaire International Le Fonds monétaire international (FMI) a été créé en 1944 lors des accords de Bretton Woods. Il est chargé de veiller au bon fonctionnement du SMI et d'accorder des crédits aux pays membres. L'objectif est d'éviter les dévaluations trop fréquentes et d'aider les pays ayant un déficit de leurs balances des paiements courants. Pour alimenter le FMI en ressources monétaires, chaque pays doit apporter une contribution dont le montant est proportionnel à son PIB. Ces pays peuvent obtenir des crédits (droits de tirage ordinaire ou DTO). Le droit de tirage spécial (DTS) est créé en 1969 par le FMI, en complément des DTO en cas de crise économique, en tant que monnaie panier (le dollar, l euro, le yen et la livre sterling forme sa composition actuelle). Ces DTS sont conditionnés à des réformes sectorielles et structurelles initiées par les politiques d ajustement structurel (PAS) imposées par le FMI. La Banque Mondiale La Banque mondiale est créée en 1944 en même temps que le FMI. Elle a pour objectif initial de financer des projets permettant le développement des Etats. Elle inclut dans son organisation la BIRD (Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement) en 1945, la Société Financière Internationale (SFI) en 1956, l Association Internationale pour le Développement (AID) en 1960 et l agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI) en 1988. Progressivement, la banque mondiale aux réformes sectorielles et structurelles initiées par le FMI. En effet, à travers les stratégies d industries industrialisantes et les stratégies d extraversion fondées sur l exportation de produits primaires, les pouvoirs publics des pays en développement se sont endettés afin de construire le tissu industriel désiré. Ces pays se sont donc mis à emprunter de quoi payer la charge ou service de la dette (remboursement du capital et intérêts) => accroissement de la charge future de remboursement (d autant que les taux d intérêt consentis par les banques internationales sont élevés compte tenu du risque encouru par les créanciers) => spirale sans fin (ratio 8 du service de la dette supérieur à 15% pour les PED). Ces pays finissent par ne plus trouver de banques qui acceptent de leur prêter de l argent pour se développer et pour rembourser les créanciers (cessation de paiement : en 1982, le Mexique s est déclaré incapable de payer ses dettes aux banques américaines, essentiellement. Le résultat a été une crise financière qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques si les hautes autorités politiques et monétaires mondiales n étaient intervenues pour sauver le Mexique et surtout les banques américaines qui, sinon, auraient fait faillite, entraînant sans doute avec elles beaucoup d autres entreprises). => Besoin de l intervention : D organismes internationaux pour imposer aux pays en développement lourdement endettés une politique visant à l assainissement économique des pays endettés (plans d ajustement structurel du FMI ou de la Banque Mondiale). Ces plans visent à réduire les déficits publics (réduction des dépenses publiques) et commerciaux (ouverture des frontières et réduction de la demande intérieure) et l inflation (diminution du déficit budgétaire, gel des salaires, hausse des taux d intérêt) en échange d un refinancement de la dette (prêts nouveaux et/ou rééchelonnement de la dette). Bien souvent, cela a conduit à une chute du pouvoir d achat de la population, une récession très sévère (montée du chômage, contrainte sur les dépenses publiques d infrastructure, de scolarisation, de formation et/ou de santé). Des pays développés : allègement ou suppression de dettes pour certains PED (Accords de Yaoundé de 1968 à 1974, puis de Lomé entre 1975 et 1999 et enfin de Cotonou de 2000 à 2020, entre la Communauté Européenne et les pays d Afrique, du Pacifique et des Caraïbes ou ACP). Cependant, l aide au développement fixée par 8 (intérêts + capital) / exportations 20