ETUDE SUR LES CONDITIONS DE PENETRATION DES PRODUITS PETROLIERS EN TANT QUE SUBSTITUTS AUX COMBUSTIBLES LIGNEUX AU TCHAD



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Transcription:

COMITE INTERETATS DE LUTTE CONTRE LA SECHERESSE AU SAHEL ( CILSS ) PROGRAMME REGIONAL DE PROMOTION DES ENERGIES DOMESTIQUES ET ALTERNATIVES AU SAHEL (PREDAS) ETUDE SUR LES CONDITIONS DE PENETRATION DES PRODUITS PETROLIERS EN TANT QUE SUBSTITUTS AUX COMBUSTIBLES LIGNEUX AU TCHAD (RAPPORT FINAL) HAMAT HAFFADINE Ingénieur énergéticien N Djaména - Tchad TCHAD-sept.-04

Table de matières 1. INTRODUCTION...10 2. CONTEXTE...11 2.1 Contexte géographique.. 11 2.2 Contexte socio-économique.11 2.3 Contexte énergétique 12 3. OBJECTIFS DE L ETUDE.. 13 4. INVENTAIRE DES PRODUITS PETROLIERS UTILISES EN TANT QUE SUBSTITUTS AUX COMBUSTIBLES LIGNEUX.. 13 5. LE PETROLE LAMPANT 14 5.1 Généralités...14 5.1.1 prix actuels du pétrole lampant sur le marché.14 5.1.2 gamme des équipements ménagers utilisant le pétrole lampant.15 5.2 Evaluation de la demande.16 5.3 Conditions à un accès plus large à la consommation du pétrole...19 5.4 Tchad pays producteur de pétrole...21 5.5 Priorités spatiales en matière de pénétration du pétrole lampant ( Ndjaména, autres villes, zones rurales etc. ) 22 5.6 Stratégie et mesures qui pourraient inciter à la pénétration à l accès à la consommation du pétrole lampant 22 5.7 Recommandations et propositions ( suggestions ) 24 6.GAZ BUTANE 25 6.1 Historique du développement de l utilisation du gaz....25 6.2 Evaluation de la demande du gaz....26 6.3 Conditions d accès..27 6.3.1 compétitivité du gaz. 28 6.3.1.1 disponibilité du gaz... 28 6.3.1.2 prix et coût d utilisation du gaz 28 6.3.2 disponibilité des ressources forestières 31 6.3.3 capacités de la filières gaz.. 32 6.3.4 existence des réchauds à gaz et leur adaptation aux habitudes culinaires et leurs coûts..33 6.3.5 pouvoir d achat de la population...35 6.3.6 image du gaz dans l esprit des consommateurs.35 7. MODE ACTUEL D APPROVISIONNEMENT..36 8. PERSPECTIVES DE L EXPLOITATION DU PETROLE...37 1

9. STRATEGIES ET MESURES QUI POURRAIENT INCITER A LA PENETRATION DU GAZ. 37 9.1 Actions en cours..37 9.1.1 subvention des prix du gaz et des équipements 38 9.1.2 tests de performance et de cuisine contrôlée.38 9.1.3 campagne d animation et de sensibilisation 38 9.2 Actions futures....41 9.2.1 offre de gaz...41 9.2.2 amélioration de la compétitivité.41 9.2.3 réduction du coût de l investissement initial...42 9.2.4 introduction des réchauds stables...42 9.2.5 campagne d information et de sensibilisation. 42 10. CONCLUSION.44 11. BIBLIOGRAPHIE...45 12. ANNEXES ANNEXE 1 : Termes de référence ANNEXE 2 : Structure de prix du gaz pendant le prg( 1990-1993 ) ANNEXE 3 : Structure de prix du gaz pendant le PNG 2000-2004 ) ANNEXE 4 : Structure de prix des supports marmite ANNEXE 5 : Structure de prix des bouteilles ANNEXE 6 : Structure de prix des brûleurs ANNEXE 7 : Structure de prix des foyers à gaz ANNEXE 8 : Ordonnance N 016/PR/CAB/90 portant suspension des droits et taxes d importation sur le gaz butane et accordant le bénéfice du taux global réduit à 5% sur l importation des emballages et équipement des dépôts. ANNEXE 9 : Arrêté N 034/PM/MMEP/2000 portant création du «fo nds gaz» pour le soutient du programme de substitution du bois énergie par le gaz Arrêté N 021/PM/MMEP/2001 portant modification des dispositions de l arrêté portant création du «fonds gaz» pour le soutient du programme de substitution du bois énergie par le gaz ANNEXE 10 : Arrêté N 011/MICA/DG/DC/2000 fixant les prix de vente maxima de gaz-butane au Tchad. ANNEXE 11 : Loi 36/PR/94 Portant organisation de la Commercialisation et du transport de bois dans les grandes agglomérations et la fiscalité qui lui est applicable. Décret Nº.107/MTE/DG/97 Portant application de la Loi 36/PR/94, relative à l organisation de la Commercialisation et du transport de bois dans les grandes agglomérations et la fiscalité qui lui est applicable. 2

SIGLES AEDE : CILSS : DE : DP : DPF : ECOSIT : ERPD : ESMAP : FEM : GPP : GPL : INSEED : NNPC: PREDAS : PRG : PNG : Agence pour l Energie Domestique et l Environnement; Comité Inter-états de Lutte Contre la Sécheresse; Direction de l Energie; Direction du Pétrole; Direction de la Promotion de la Femme; Enquête sur la Consommation du Secteur Informel au Tchad; Electrification Rurale Périurbaine Décentralisée; Energy Sector Management Assistance Programme; Fonds pour l Environnement Mondial; Groupement des Professionnels du Pétrole; Gaz de Pétrole Liquéfié; Institut des Sciences Economiques et Etudes Démographiques; Nigerian National Petrolium Company; Programme Régional de promotion des Energies Domestiques et Alternatives au Sahel; Programme Régional de promotion de l utilisation du Gaz; Programme National de promotion de l utilisation du Gaz; PIB : Produit Intérieur Brut ; PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement ; PPTE : Pays Pauvres Très Endettés ; SED : Stratégie de l Energie Domestique ; TEP : Tonnes Equivalent Pétrole.. 3

LISTE DES TABLEAUX Tableau N 1 : Evolution des importations du pétrole lampant de la filière formelle Tableau N 2 : Evolution de la consommation du pétrole lampant Tableau N 3 : Estimation de la consommation du pétrole pour l éclairage par préfecture Tableau N 4 : Répartition des ménages selon le milieu de résidence et l utilisation du pétrole lampant pour l éclairage Tableau N 5 :Estimation de la consommation du pétrole pour la cuisson Tableau N 6 : Répartition des ménages par milieu de résidence selon l utilisation du pétrole lampant pour la cuisson Tableau N 7 : Répartition de la consommation du pétrole par ville Tableau Nº8: Prix sortie raffinerie des différents produits (hors taxes) Tableau N 9 : Evolution de la consommation du gaz de 1990 à 2003 Tableau N 10 :Consommation de gaz par types d emballages Tableau N 11 : Nombre de ménages équipés de réchauds à gaz Tableau N 12 : Prix de vente actuels des recharges de gaz dans les différentes villes Tableau N 13 :Evolution des prix de vente de gaz et des montants de la subvention Tableau N 14 : Prix actuels des différents combustibles à N djaména Tableau N 15 :Coût d utilisation des différents combustibles Tableau N 16 :Capacités de la filière gaz Tableau N 17 : Evolution des prix des réchauds et montant de la subvention appliquée (1990-2 003) Tableau N 18 :Prévision de production de gaz par la mini-raffinerie Tableau N 19 :Scénario de développement de l utilisation du gaz (2000-2005) Tableau N 20 : Nouveau scénario de développement du gaz ( 2004-2009) 4

FACTEURS DE CONVERSION tep tec m3 Gcal Gj 1t de bois 0,4 0,6 0,8 4 167,2 1t de charbon 0,7 1 6,92 7,1 296,8 de bois 1t de GPL 1,1 1,57 11 459,8 1t de Kéroséne 1,03 1,46 0,8 10,3 430,54 NB : 1 tonne équivalent pétrole (tep) = 41,8 Gj 1 kwh = 3,6 Mj 5

RESUME Au Tchad, la consommation d énergie finale, en 2002, est évaluée à 1,83 millions de tep. La consommation d énergie moderne (produits pétroliers et électricité) par habitant est la plus faible de tous les pays du Sahel. Le bois-énergie est de loin la seule source d énergie locale disponible et facilement accessible à tout le monde. D une manière générale, le secteur de l énergie est caractérisé par une forte prédominance des combustibles ligneux due à une demande de plus en plus accrue des ménages urbains pour les besoins culinaires. Ceci a pour conséquence une dégradation rapide des ressources forestières autour des grands centres. Suite aux sollicitations du Gouvernement, le CILSS, à travers le PREDAS, a diligenté la présente étude «conditions de pénétration des produits pétroliers en tant que substituts aux combustibles ligneux au Tchad» afin de proposer des solutions à cette situation. Dans les conditions actuelles, les produits pétroliers susceptibles d être utilisés comme substituts aux combustibles ligneux sont : le pétrole lampant et le gaz de pétrole liquéfié (GPL). Le gaz a fait et continue de faire l objet d une vulgarisation par le PRG puis le PNG. Quant au pétrole lampant, par manque d une politique de promotion de son utilisation à des fins culinaires et faute d équipements de cuisson adaptés, n a pas été vulgarisé. L électricité n est pas accessible à la majorité de la population car son utilisation, pour la cuisson, est très coûteuse. A / Le Pétrole lampant: Le pétrole lampant est utilisé dans sa plus grande partie pour l éclairage. Il est la principale source d éclairage dans les centres urbains (9 ménages sur 10 soit 89,9%); en milieu rural, cela représente 46,4 %. Pour la cuisson, en milieu urbain, il existe des réchauds à mèches de différents calibres d origine asiatique. Ils sont importés du Nigeria ou du Cameroun et sont, en général, mal adaptés aux habitudes culinaires des tchadiens; ils servent le plus souvent à la préparation du petit déjeuner (café, thé etc..). L utilisation du pétrole lampant, pour la cuisson, reste conditionnée par la recherche et la vulgarisation des réchauds mieux adaptés à la cuisine tchadienne, à l instar du «TCHIP» réchaud à mèches diffusé au Niger. D autres contraintes empêchent également l utilisation du pétrole, à grande échelle, pour la cuisson. Ces contraintes sont entre autres: - le prix prohibitif (environ 450 F.CFA/litre); - l unicité de la source d approvisionnement; - faible pouvoir d achat des populations; - approvisionnement irrégulier et non sécurisé; Des ébauches de solutions ont été proposés: - signature des accords entre pays; - défiscalisation du pétrole lampant et subvention de son prix - vulgarisation des réchauds adaptés ( Tchip et autres). 6

Les éléments de stratégie par étapes, pour l exécution d un Programme de vulgarisation du pétrole lampant, ont été définis. Recommandations et propositions (suggestions ) 1. Pour une meilleure sécurisation de l approvisionnement, le Groupement des Professionnels du Pétrole et les sociétés nationales pétrolières avec l appui de l Etat tchadien devraient engager des négociations avec le NNPC et d autres opérateurs nigérians afin que les prix de reprise soient indexés sur les prix internationaux; au mieux, bénéficier de prix préférentiels qui rendraient l importation à partir du Nigeria compétitif. Ces négociations porteront aussi sur la garantie de fourniture, les termes de paiement et la mise en place des modalités de paiement, des enlèvements réguliers par les opérateurs nigérians et tchadiens et sur une base de référence pour la fixation des prix qui soit équitable à la fois pour le NNPC et aussi pour les acheteurs tchadiens; 2 Bien qu il ne soit pas une condition suffisante à une baisse substantielle du prix du pétrole lampant, on recommandera, la défiscalisation du pétrole lampant; 3 Dans la perspective du projet pétrolier de Sédigui, on recommandera de: a. pratiquer une politique de prix qui rendra le prix du pétrole compétitif à celui du bois et du charbon de bois; b. fournir des facilités de crédit aux distributeurs agrées pour l installation, le plus tôt possible, de mini-centres de stockage de pétrole lampant. 4 mener une campagne d information et de sensibilisation à l égard des potentiels consommateurs. B/ Le gaz butane: Le marché du gaz au Tchad reste très embryonnaire. Ce marché a connu une progression normale jusqu au milieu des années 80 puis a commencé à baisser jusqu à atteindre son plus bas niveau en 1990, à cause des effets de la guerre qui ont entraîné le départ massif des expatriés et la baisse du pouvoir d achat des ménages tchadiens. Actuellement, le gaz provient exclusivement du Cameroun. Une grande partie (88%) est importée et distribuée par les sociétés membres du GPP. Cependant, les importations des distributeurs nationaux sont estimées à 9 %. Les importations des particuliers qui s approvisionnent à Kousseri (ville camerounaise voisine de N Djaména), pour leurs propres besoins, sont estimées à 3%. 92 à 93% des importations sont consommées dans la capitale et le reste va pour la satisfaction des besoins des autres agglomérations. Aujourd hui, la consommation du gaz est d environ 600 tonnes par an. 7

L évolution de la consommation du gaz est fonction de sa disponibilité et de son coût d utilisation. L approvisionnement du Tchad en gaz est actuellement tributaire de l unicité de sa source. Le gaz consommé au Tchad est l un des plus chers de la sous région. Les prix de reprise sont excessivement élevés; à cela s ajoute les coûts exorbitants du transport (extérieur et intérieur) et divers autres frais qui grèvent les prix de vente aux consommateurs. Le manque de compétitivité du prix de gaz représente un frein à sa consommation. Il est renforcé par l inconvénient qu il est nécessairement conditionné au minimum 2,75kg, et vendu par quantité et prix fixes et non en fonction de l argent dont dispose l acheteur, comme c est le cas pour le bois et le charbon de bois. Le choix du combustible ne dépend pas, uniquement, des considérations strictement économiques. La sécurisation de l approvisionnement est également un facteur clé de succès qui doit être assurée. Le confort joue aussi un rôle non négligeable qui doit être pris en compte lors des campagnes de sensibilisation. L analyse des coûts d utilisation des différents combustibles fait ressortir que le gaz subventionné est presque compétitif par rapport au charbon de bois. Si malgré cela, les réticences à la pénétration du gaz persistent, ce n est pas seulement à cause du prix du premier équipement ni du coût d utilisation du gaz mais c est à cause de l ignorance, de la méconnaissance de ce produit, des préjugés, des habitudes culinaires et de la peur du danger que représente l utilisation de ce combustible non encore familier pour bon nombre de ménages. Le projet d exportation du brut de Doba, le développement des gisements pétrolifères du Lac-Tchad( Sédigui) et la mise en oeuvre du projet de mini-raffinérie de Farcha permettront à terme de relever le niveau de revenus des ménages tchadiens d une part; et d assurer la production de gaz pour l autoconsommation, d autre part. Malgré les actions déjà réalisées, le niveau de pénétration du gaz dans les ménages montre que ces dernières étaient insuffisantes et timides. La nécessité de changer l évolution du marché du bois-énergie par une action vigoureuse de substitution se fait de plus en plus pressante. Pour favoriser un accès plus large à la consommation du gaz, les actions suivantes doivent être réalisées à court et moyen terme: 1) améliorer l offre de gaz; 2) améliorer la compétitivité du gaz; 3) introduire des réchauds stables et adaptés aux habitudes culinaires des tchadiens; 4) réduire le coût de l investissement initial de l équipement; 5) mener des campagnes d information et de sensibilisation. 8

Pour la réalisation, toutes les parties prenantes doivent mettre en synergie leurs forces pour la création d une situation favorable à la pénétration du gaz. a) Etat L Etat doit intervenir dans le domaine: - de la détaxation des investissements; - de la recherche des fonds à la subvention des prix du gaz et des équipements; - la mise en place des textes réglementaires; - des accords bilatéraux de fourniture de gaz; - d étude et de la réactualisation de la structure de prix de gaz; - de la conduite des actions d animation et de sensibilisation; - de révision des textes d abattage de bois et de la mise en place des mesures réglementaires pour le commerce du bois-énergie. b) le secteur privé Les pétroliers doivent fournir des efforts dans les domaines suivants: - consentir les investissements nécessaires pour l augmentation du parc de transport, renforcer les capacités de stockage, l entretien et la mise en fonction des centres remplisseurs et la création des mini-centres dans les provinces; - assurer la régularité de l approvisionnement et de la distribution; - réaliser des campagnes de promotion de leurs produits (réchauds à gaz et à pétrole à rendements améliorés); - apporter une assistance technique à la réalisation des émissions à la télé et à la radio, confectionner des spots et réaliser des campagnes de sensibilisation et de promotion de leur produit. c) CILSS Le CILSS doit continuer à apporter son appui à l ancrage du processus de butanisation au Tchad, à travers le PREDAS. Pour ce faire, il est sollicité qu il puisse: - apporter son appui à la recherche d autres sources de financement en complément au «Fonds Gaz»; - fournir une expertise dans l analyse des structures des prix; - apporter un appui technique à la formation des animatrices et la réalisation des campagnes de promotion; - appuyer la coordination dans des campagnes de sensibilisation des administrations; - fournir une expertise pour la définition des normes de sécurité; - fournir une expertise pour la définition d une méthodologie de tests de performance des réchauds; - organiser des rencontres pour un échange d expérience au niveau régional pour les pays engagés dans ce processus. 9

1. INTRODUCTION Le bois-énergie (bois de feu et charbon de bois) est la source d énergie quasi exclusive des ménages tchadiens tant en milieu rural qu urbain. Cependant, sous l effet conjugué de plusieurs facteurs parmi lesquels le prélèvement abusif du bois pour la satisfaction des besoins énergétiques domestiques culinaires des ménages, ces ressources ligneuses s épuisent à un rythme croissant. Ce phénomène a pour conséquences: - la disparition des ressources végétales qui conduit à la dégradation progressive du milieu naturel; - la modification du cycle biologique; - la réduction de l offre des combustibles ligneux et l augmentation des prix des combustibles de substitution; - etc. C est la consommation urbaine du bois-énergie qui a les conséquences les plus néfastes sur l environnement surtout autour des grands centres de consommation. Cette consommation accrue constitue une réelle menace pour l environnement des pays sahéliens déjà marqué par plusieurs sécheresses cycliques. Pour faire face à cette situation, le Comité Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) a initié et exécuté plusieurs programmes, dans le domaine de l énergie; entre autres: - le Programme de vulgarisation des Foyers Améliorés; - le Programme Régional Gaz (PRG); - le Programme Régional Solaire; - le Programme Régional des Energies Domestiques Alternatives au Sahel(PREDAS) auteur de la présente étude. Dans la même lancée et dans le cadre du PREDAS, en réponse à l intérêt qu a porté le Tchad au problème de substitution des combustibles ligneux, le CILSS a initié des termes de référence et lancé un appel à candidature pour la réalisation d une étude sur la pénétration des produits pétroliers utilisés en tant que substituts aux combustibles ligneux au Tchad. Le présent rapport prend appui sur ces termes de référence; il est le résultat des informations recueillies dans des documents de programmes et projets passés et /ou en cours, et auprès des différents acteurs concernés par la question. Le rapport présente entres autres: l inventaire des produits pétroliers utilisés en tant que substituts aux combustibles ligneux; puis pour chacun de produits inventoriés l évaluation des conditions de pénétration, de la demande et des conditions à un accès plus large et enfin des propositions d éléments de stratégie pouvant permettre d améliorer la pénétration et l accès à la consommation des énergies de substitution. 10

2. CONTEXTE 2.1 Contexte géographique Situé entre le 14 ème et le 24 ème parallèle de la latitude nord et le 8 ème et 14 ème parallèle de la longitude est, le Tchad est un pays sahélien totalement enclavé ( port Douala 2 060 km, port Harcourt 1 765 km, Lagos-Appapa 2 100 km, Pointe Noire 2 975 km ). Il s étend du nord au sud sur 1 800 km; de l est à l ouest sur 1 000 km et occupe une superficie de 1 284 000 km2. Sur la base du recensement général de la population de 1993 et selon la Banque Mondiale, la population est estimée à 7,9 millions en 2001. Le taux de croissance démographique de cette population dont 76% vit en milieu rural est de l ordre de 3,3 %. Trois grandes zones géographiques et climatiques se succèdent du nord au sud: Au nord, la zone saharienne, avec moins de 200 mm de précipitations par an, est la zone de l élevage nomade et transhumant. L agriculture est possible dans les ouadis et les oasis, la végétation est de type steppique. Le climat est de type saharien ou désertique. Au centre, la zone sahélienne s étend autour de Ndjaména, du Lac- Fitri et dans le Ouadaï. La pluviométrie varie entre 200 600 mm et subit de variations extrêmes. C est la zone où coexistent les élevages transhumant et sédentaire ainsi que l agriculture. La savane arbustive et la steppe représentent deux formations végétales existantes. Le climat est de type sahélien. Au sud, la zone soudanienne, avec une pluviométrie de 600 à 1 500 mm, représente le quart du pays et comprend les formations végétales de la forêt claire, de la savane arborée et soudanienne. C est la zone de la culture du coton. Le climat est de type tropical sec. Les isohyètes ont tendance à s avancer vers le sud dont l effet visible est la désertification qui s étend vers le sud. En effet, le système écologique du pays est fragile surtout dans sa partie sahélienne où l équilibre est sans cesse menacé par le déboisement, la dégradation des sols et l assèchement de la nappe phréatique. D une manière générale, le surpâturage, les systèmes de productions agricoles inappropriés sur les sols fragiles, l exploitation abusive, anarchique et incontrôlée de la couverture arborée etc. constituent les principales causes de l avancée du désert. 2.2 Contexte socio-économique L économie du Tchad est essentiellement agricole et pastorale; elle est tributaire des aléas climatiques et des chutes vertigineuses des prix mondiaux du coton, principal produit de rente du pays. Selon l indicateur du développement humain du PNUD 2003, le Tchad occupe le 165 ème rang sur 175 pays. Selon la même source, il occupe le 88 ème rang sur 94 pays en développement quant à l indice de pauvreté humaine. Le Produit Intérieur Brut ( PIB ) par habitant est très inférieur à celui de l ensemble des pays d Afrique subsaharienne ( 202 dollars US contre 470 dollars US pour les 11

autres). L indice de développement humain positionne le Tchad parmi les 10 pays les plus pauvres du monde. L Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad (ECOSIT 1995 1996) indique que plus de la moitié de la population ( 50 à 60 % ) vit en dessous du seuil de la pauvreté et 80 % de cette population subsistent avec moins d un dollar/jour. Mais, avec l exportation effective du Pétrole de Doba et le projet d exploitation des champs pétrolifères de Sidigui, l espoir d une amélioration des conditions de vie des citoyens est permis. 2.3 Contexte énergétique Le secteur de l énergie au Tchad est caractérisé par une forte prédominance des combustibles ligneux due à la demande des ménages. La consommation d énergie moderne (produits pétroliers et électricité) par habitant est considérée comme la plus faible de tous les pays du Sahel. L offre de l énergie primaire est estimée, en 2002, à 1,88 millions de tonnes équivalent pétrole ( tep ) soit 0,24 tep /habitant. La consommation d énergie finale, en 2002, est évaluée à 1,83 millions de tep et se répartit de la façon suivante : - produits pétroliers importés (transport terrestre, aérien, pétrole lampant et gaz de pétrole liquéfié pour les ménages): 57 523 tep (3% ); - électricité: 109 GWh soit 9 334 tep ( 0,5% ) ( ce chiffre ne prend pas en compte la consommation des auto producteurs ); - bois et charbon de bois et autres biomasses ( ménages ruraux et urbains pour l essentiel): 1 763 000 tep ( 96,5 % ). Eu égard à ce constat, le bois-énergie est de loin la seule source d énergie locale, actuellement exploitée et accessible à tout le monde. Les caractéristiques actuelles du secteur de l énergie conduisent à la conclusion selon laquelle le bois restera encore pour longtemps la principale source d énergie au Tchad. Pour les besoins des ménages, le bois est utilisé, soit directement, surtout en milieu rural; soit après transformation (pour les besoins de stockage, de transport et de confort), avec un faible rendement, en charbon de bois, pour la cuisson. Ainsi, l exploitation anarchique et incontrôlée des ressources ligneuses pour l approvisionnement des grands centres conduit à une surexploitation des zones péri urbaines les plus proches ou facilement accessibles. Le cas de Ndjaména, Moundou, Sarh et Abéché en sont des parfaites illustrations. Ce mode d exploitation est non seulement dommageable pour l environnement mais risque de compromettre à terme la satisfaction en combustibles domestiques urbains. Pour enrayer ce phénomène, une stratégie de substitution des combustibles ligneux s avère nécessaire. Dans le secteur de l énergie, d importantes perspectives s ouvrent au pays avec l exportation du brut des champs pétrolifères de Doba et l exploitation future du gisement de SEDIGUI. Si ce dernier projet se réalise, il présenterait à moyen terme, une réponse au problème général d approvisionnement en hydrocarbures et produits de substitution aux combustibles ligneux. 12

3. OBJECTIFS DE L ETUDE L objectif de l étude est d inventorier les principaux produits pétroliers utilisés au Tchad comme énergies domestiques de substitution et étudier leurs conditions de pénétration. Puis, analyser chacun des produits inventoriés et les équipements correspondants. 4. INVENTAIRE DES PRODUITS PETROLIERS UTILISES EN TANT QUE SUBSTITUTS AUX COMBUSTIBLES LIGNEUX En effet, de 1 991 à nos jours, plusieurs enquêtes et études ont été réalisées. Ces études ont d une manière ou d une autre touché le secteur de l énergie. On peut citer entre autres: - l enquête de la Stratégie pour l Energie Domestique Urbaine (SEDU) en 1991; - le Recensement Général de la Population en 1993; - l enquête de l ECOSIT I de 1995-1996; - l enquête démographique et de la santé en 1997; - l enquête des migrations en 1998; - l enquête de l Electrification Rurale et Périurbaine Décentralisée (ERPD) en 2000; - etc. Toutes les études et enquêtes ci-dessus citées ont cherché des réponses aux questions relatives au mode d éclairage et sur le type de combustibles utilisés généralement pour la cuisson des aliments. Les résultats ont révélé que, dans les conditions actuelles du Tchad, le gaz de pétrole liquéfié (GPL) et le pétrole lampant sont les seuls produits pétroliers qui pourraient valablement se substituer aux combustibles ligneux destinés à la cuisson des aliments et qui représentent 96,5% de l énergie finale consommée et 98% de la consommation totale d énergie domestique. Le gaz a fait et continue de faire l objet d une vulgarisation par le PRG et le PNG. Le pétrole lampant, par manque d une politique de promotion de son utilisation à des fins culinaires et faute d équipements de cuisson adaptés, n a pas été vulgarisé. L électricité n est pas accessible à la majorité de la population. Le taux d électrification ( rapport du nombre de ménages desservis par le réseau au nombre total des ménages ) est de l ordre de 12 % à Ndjaména et 2% en zone rurale. Son utilisation pour la cuisson est très coûteuse. Produite exclusivement à base du gasoil importé, elle est non seulement inaccessible à la majorité des ménages mais également quasi indisponible à cause des délestages et coupures intempestives et prolongées. Le pétrole lampant est actuellement utilisé comme la principale source d éclairage des ménages, même par ceux qui sont raccordés au réseau électrique, du fait de l irrégularité de l approvisionnement en électricité. Son utilisation pour la cuisson est encore insignifiante avec 0.3% des ménages. L utilisation du gaz butane est également très réduite avec moins de 3% des ménages 13

5. LE PETROLE LAMPANT 5.1 Généralités Le pétrole lampant est importé soit du Cameroun soit du Nigeria; il est fourni par deux canaux : 1. le canal officiel ( la filière formelle ) composé: a) du Groupement des Professionnels du Pétrole (GPP) qui regroupe TOTAL- FINA- ELF, TAMOIL et MOBIL avec 3% des importations officielles. Il s approvisionne exclusivement du Cameroun et leur produit est destiné à l industrie cotonnière du Tchad; b) des sociétés nationales d importations des produits pétroliers, au nombre d une trentaine, totalisent les 97% des importations officielles. 2. Le canal non officiel ( filière informelle ): La filière informelle est une chaîne constituée d une multitude d importateurs et de distributeurs qui font sortir frauduleusement les produits du Nigeria pour les faire entrer, au Tchad en traversant le Cameroun, soit par la voie légale, soit par la voie de la fraude. La fraude du pétrole lampant est quasi totale. à titre d exemple: au Cameroun, le pétrole lampant est un produit dont le transport est subventionné au moyen d une péréquation à l échelon national. Le prix du pétrole lampant à la pompe, dans les villes de Kousséri et de Douala, est de 360 F.CFA/L; alors que le prix hors réseau de distribution formelle à Kousseri est aussi de 360 F.CFA/L, mais pour un produit de qualité nettement supérieure provenant du Nigeria. D une manière générale, les sociétés pétrolières nationales et la filière informelle se partagent presque la totalité des importations du pétrole lampant. Les importations des sociétés pétrolières nationales et du GPP se font par des camions citernes de 33 000 litres, tandis que celles du secteur informel dans des bidons en plastique (en isomère ) de 10 à 40 litres. Tableau N 1: Evolution des importations du pétrole lampant de la filière formelle ( m 3 ) Années 1 995 1 996 1 997 1 998 1999 2 000 2 001 2 002 2 003 Pétrole 7 142 10 642 12 975 15 052 17 463 7 497 5 889 4 576 3 537 lampant Source : Bureau de la Fiscalité pétrolière De 1 995 à 1999, le pétrole lampant a été défiscalisé pour encourager son utilisation à des fins culinaires. Il a été constaté une augmentation des importations du pétrole lampant, pendant cette période, due aux fausses déclarations des importateurs qui déclarent pour du pétrole lampant les autres produits pétroliers importés. Cet état de chose a conduit le Ministère de l Economie et des Finances, dans la loi de finance 2000, à soumettre le pétrole lampant au régime général des produits pétroliers importés au Tchad. 14

La fiscalité prélevée sur le pétrole lampant, pour l année 2 003, était de l ordre de: 3 537 000 litres x 86 FCFA = 304 182 000 F. CFA. Le pétrole lampant est distribué, en grande partie, à travers le circuit informel; mais aussi par des distributeurs nationaux des produits pétroliers. Le pétrole est livré, dans des bidons en plastique de 10 à 40 litres pour le premier cas et dans des fûts de 200 litres pour le second cas. Des boutiquiers et des revendeurs ambulants assurent la vente en détail. Cette pratique est généralisée dans tout le pays. 5.1.1 prix actuel du pétrole lampant sur le marché : Au Tchad, à l heure actuelle, les prix des produits pétroliers sont libéralisés. Néanmoins le Ministère du Commerce et de l Industrie et celui du Pétrole assurent leur suivi. Le prix du pétrole lampant sur le marché de Ndjaména est, en moyenne aujourd hui, de 450 FCFA le litre, contre 225 FCFA avant 2 000. Il est à noter que pour les autres villes du pays le coût de transport se greffe sur le prix de vente de Ndjaména. La fiscalisation du pétrole lampant et la libéralisation des prix des produits pétroliers ont eu pour conséquence l augmentation vertigineuse du prix de ce produit. 5.1.2 gamme des équipements ménagers utilisant du pétrole lampant : Au Tchad, c est généralement les lampes tempêtes de différents calibres qui sont utilisées pour l éclairage. Pour la cuisson, en milieu urbain, on rencontre des réchauds à pétrole à mèches de différents calibres d origine asiatique. Ils sont importés du Nigeria ou du Cameroun et sont, en général, mal adaptés aux habitudes culinaires des tchadiens; ils servent le plus souvent à la préparation du petit déjeuner (café, thé etc..). Lors des démonstrations et tests d acceptabilité réalisés dans le cadre de l étude ESMAP, l enthousiasme était témoigné au «TCHIP» réchaud à mèches diffusé au Niger qui est apparu comme le foyer préféré du groupe modeste. Il constitue, aux yeux du groupe moyen, le meilleur choix après le foyer amélioré mixte, développé dans le cadre du projet PNUD. Le TCHIP allie, aux yeux des consommateurs, l esthétisme à la fonctionnalité. De forme moderne, il permet une cuisine sans effort, tant à l extérieur qu à l intérieur. Jugé facile à allumer, les ménagères pensent qu il permet une cuisine rapide, et sans risque d accidents. Le TCHIP est de loin considéré comme le foyer offrant le plus de confort, par les classes moyennes. Aussi, dans le cadre de l étude ESMAP, une enquête a été réalisée pour identifier les capacités des menuiseries métalliques à fabriquer des supports de réchauds à pétrole TCHIP. En effet, si toutes les menuiseries métalliques sont capables de fabriquer les supports du dit réchaud, toutes ne remplissent pas les conditions nécessaires pour une production importante et assez rapide qu exigerait une vulgarisation massive des foyers. Ainsi quatre(4) menuiseries métalliques tchadiennes susceptibles de reproduire ce support dans des conditions techniques et économiques acceptables étaient identifiées; mais l une d entre elles, l atelier Etoile, présente le rapport qualité/prix meilleur et demeure compétitif par rapport aux autres (13 000FCFA contre 15 000 à 21 000 FCFA le support). Ce dernier emploie huit ( 8 ) 15

ouvriers en permanence, sa capacité de production était de l ordre de 15 à 20 supports par jour mais en cas de commandes importantes, l atelier pourrait embaucher jusqu à 20 personnes. Photo N 1 : le réchaud à pétrole Tchip Photo N 3: Réchaud à pétrole à pression Photo N 2 : Les différentes composantes du Tchip Photo N 4: Réchaud à pression vue de haut 5.2 Evaluation de la demande 5.2 Evaluation de la demande Tableau N 2 : Evolution de la consommation du pétrole lampant (m3) Années 1 999 2 000 2 001 2 002 2 003 Groupement des professionnels Du Pétrole SHELL/TAM-OIL 0 34 0 0 0 TOTAL-FINA-ELF 0 130 0 0 485 MOBIL 0 0 0 0 0 Sociétés nationales pétrolières 16 134 7 274 6 177 5 244 3 052 TOTAL 16 134 7 438 6 177 5 244 3 537 Source: GPP MOBIL n a pratiquement pas vendu de pétrole lampant depuis cinq ans. SHELL a vendu, en 2 002, 34 m3. TOTAL-FINA-ELF a vendu 130 m3 en 2 000, et 485 m3 en 2003. 16

Seulement une petite partie de la distribution du pétrole lampant se fait par le canal des sociétés multinationales. Elle est destinée à couvrir les besoins des industries. Les statistiques montrent que la consommation totale de pétrole est de 3 537 m3 en 2 003. La fraude étant quasi totale dans ce secteur et les statistiques n ayant pas pris en compte ce paramètre, les estimations de la consommation sont en deçà de la réalité. Si l on part de l hypothèse selon laquelle chaque ménage consomme 10 centilitres/jour pour s éclairer, chaque ménage en consommerait 3 litres de pétrole par mois. La quantité du pétrole lampant consommée, annuellement au Tchad pour l éclairage, serait de: Q p.l = 3l/mois x 12 mois x 643 103 ménages = 23 152 m3. Tableau N 3 : Estimation de la consommation du pétrole pour l éclairage par préfecture Zones ou Préfectures Population en 2 003 Nbre de ménages en 2 003 Ménages utilisant Le pl en 2 003 Consommation du pétrole. ( m3) Batha 293 887 48 981 15 673 564 Biltine 237196 39 204 6 350 228 BET 85 224 14 204 8 096 291 Chari Baguirmi 1 699 195 283 199 131 995 4 752 Guera 345 669 57 611 14 460 520 Kanem 288 742 48 123 36 092 1 299 Lac 305 565 50 927 38 857 1 399 Logone occident 582 637 97 102 52 435 1 887 Logone orientale 516 092 86 015 39 996 1 440 Mayo kebbi 1 070 656 178 442 130 800 4 709 Moyen chari 953 331 158 888 84 525 3 043 Ouaddai 650 906 108 484 20 502 738 Salamat 249 942 41 657 8 706 313 Tandjilé 569 641 94 940 54 616 1 966 Total 7 848 663 1 308 110 643 103 23 152 Source: INSEED L utilisation du pétrole lampant pour l éclairage est dominante au Lac (76,1 % des ménages du Lac), au Kanem (75 %), au Mayo Kebbi (73,2 %), au Chari Baguirmi (69,8 %) et du Tandjilé (64,3 %) Tableau N 4 : Répartition des ménages selon le milieu de résidence et l utilisation du pétrole lampant pour l éclairage Mode d éclairage Milieu de résidence Ensemble Urbain Rural Pétrole lampant 89,9% 46,4% 55,6% Source: INSEED Au Tchad, le pétrole lampant est utilisé dans sa plus grande partie pour l éclairage, aussi bien dans les milieux urbains que ruraux. Il est la principale source d éclairage 17

dans les centres urbains (9 ménages sur 10 soit 89,9 %); en milieu rural, cela représente 46,4 %. Quantité de pétrole lampant utilisée pour la cuisson des aliments: Si l on considère la consommation spécifique du pétrole qui est de 0,03 kg/pers /jour, et qu un ménage moyen est constitué de six (6 ) personnes, pour 1 034 ménages tchadiens utilisant du pétrole pour la cuisson des aliments, la quantité de pétrole consommée serait de: Q p.l cuisson = 0,03 x 6 x 365 jours x 1 034 = 85, 992 m3, soit environ 86 m3. Tableau N 5 : Estimation de la consommation du pétrole pour la cuisson par préfecture Préfectures Nbre de ménages en 2003 Ménages utilisant le pétrole pour la cuisson Consommation du pétrole Pour la cuisson Batha 48 981 0 0 BET 39 204 0 0 Biltine 14 204 39 3 Chari Baguirmi 283 199 189 16 Guera 57 611 0 0 Kanem 48123 0 0 Lac 50 927 102 8,402 Logone Occidental 97 102 87 7,235 Logone Oriental 86 015 181 15,052 Mayo Kebbi 178 442 178 14,803 Moyen Chari 158 888 159 13,223 Ouaddai 108 484 108 8,981 Salamat 41 657 0 0 Tandjilé 94 940 0 0 Total 1 308 110 1 034 85,992 Source: INSEED En ce qui concerne la cuisson des aliments, le pétrole lampant reste le privilège des familles nanties et des célibataires, vu le bas niveau des revenus de la population et la cherté du produit. Tableau N 6 : Répartition des ménages par milieu de résidence selon le pétrole lampant utilisé pour la cuisson des aliments ( %.) Type d énergie Milieu de résidence Ensemble Urbain Rural Pétrole 1 0 0,3 Source: INSEED Pour la cuisson des aliments, le pétrole n est utilisé que par 1% des ménages urbains. Importation par filière formelle ( Nigeria Cameroun ) = 15% Importation par filière informelle ( Nigeria ) = 85 % Consommation totale 2003=23152 m 3 18

Tableau Nº 7: Répartition de la consommation du pétrole par ville Villes Nbre d hbts Nbre des ménages Taux d intr. Nbre de ménages Consommation En 2003 En 2003 Du PL (%) Utilisant le P L Par villes (m3) N jd 874 461 145 743 86,5 125 484 10 436 Ati 180 84 3 014 79 2 399 199 Biltine 10 267 1 711 86,6 1 481 123 Mongo 25 165 4 194 82,2 3 447 286 Faya 11 910 1 985 88,8 1 762 146 Mao 12 501 2 083 98,4 2 049 170 Bol 10 099 1 683 96,7 1 627 135 Moundou 129 389 21 564 90,5 19 515 1 623 Doba 21 002 3 500 91,3 3 195 266 Bongor 26 690 4 448 94,8 4 216 350 Sarh 98 144 16 357 86,4 14 132 1 174 Abéché 73 415 12 235 87,7 10 730 892 Laï 17 741 2 956 95,3 2 817 234 Amtimane 28 500 4 750 76,2 3 619 301 Total 133 9627 218 956 89,9 196 841 16 370 Source: INSEED Conclusion: le pétrole lampant est un combustible familier, combustible principal d éclairage pour 80% des ménages des villes, il est dans une moindre mesure, connu comme combustible de cuisson, surtout des hommes célibataires, mais également des familles pour la préparation du thé ou du petit déjeuner. L utilisation du pétrole lampant reste sujette aux performances des réchauds que l on trouve sur le marché et qui ne sont pas adaptés à la cuisine tchadienne. La solution se trouve dans l introduction sur le marché et la vulgarisation du TCHIP, seul réchaud adapté pour l heure à la cuisine tchadienne mais qui reste méconnu par la quasi totalité des ménagères tchadiennes. 5.3 CONDITIONS A UN ACCES PLUS LARGE A LA CONSOMMATION DU PETROLE a) Contraintes à un accès plus large à la consommation: 1. le prix du pétrole lampant est très prohibitif (450 F.CFA/L); il n est pas compétitif par rapport à celui du bois ( combustible principal ) qui reste très bas. 2. Les réchauds à pétrole que l on trouve sur le marché tchadien sont non seulement mal adaptés à la cuisine tchadienne mais ils ont également l inconvénient de fumer, de salir les marmites et en plus, selon certains consommateurs, imprègnent les plats de l odeur du combustible. Par contre, le réchaud à pétrole Tchip ne présentant pas les inconvénients cités serait adapté à la cuisine tchadienne. Cependant, il n a pas fait l objet d une vulgarisation et est indisponible sur le marché. 3. le pouvoir d achat de la population est très faible. 19

b) Solutions: 1 sécurisation de l approvisionnement : L approvisionnement en pétrole lampant du Tchad à partir du Nigeria et du Cameroun se fait à l heure actuelle sans réels accords bilatéraux tchado - nigérian et tchado - camerounais. Si pour les importations à partir du Cameroun, il ne se pose pas de problème particulier; par contre, le Nigeria n autorise les exportations qu en devises internationales et aussi il fixe le prix export vers le Tchad en se basant sur le prix de revient ex-port Harcourt et non sur celui ex-kaduna répercutant ainsi sur le prix de reprise la totalité du coût de transport par camion entre la côte et Kaduna. Ces conditions posées par le Nigeria font qu aucune société ne peut importer légalement et être compétitif sur le marché. C est pourquoi les multinationales se sont tournées vers le Cameroun alors que les importateurs nationaux s approvisionnent frauduleusement à partir des stocks destinés à la consommation intérieure de la partie nord du Nigeria. Ainsi les produits sortent frauduleusement du Nigeria mais rentrent au Tchad soit officiellement soit aussi frauduleusement via le Cameroun. Bien que le phénomène de la fraude permet aux consommateurs tchadiens d avoir accès à des produits moins chers, il fragilise le système d approvisionnement et favorise des crises périodiques des produits pétroliers importés: absence de stock de sécurité, rupture d approvisionnement, Spéculation et brutale hausse de prix 600 à 700 FCFA/l. D une manière générale, les expériences passées ont montré que les programmes de substitution n atteignent, pour la plupart du temps, qu une petite partie de la population aisée. Une politique de substitution qui profiterait également aux couches sociales de la population les plus modestes ne sera réalisable que si le pays dispose des sources d énergie de substitution peu coûteuses. En temps normale, le litre de tout produit pétrolier est vendu officiellement entre 450 à 500 FCFA, en se fondant sur le PIB en parité de pouvoir d achat par habitant; on comprend l intérêt qu il y a à disposer d une source d approvisionnement nationale puisque le pays a la chance d avoir un gisement pétrolier exploitable (SEDIGUI). 2. défiscalisation du pétrole lampant et subvention de son prix; 3. il importe d étudier les possibilités de rendre le réchaud TCHIP disponible sur le marché. Deux possibilités s offrent: a) Importation du TCHIP à partir du Niger; Au Niger, le brûleurs et les réservoirs de ce réchaud sont de fabrication indonésienne mais le support est de fabrication locale. Le Tchad, tout comme le Niger étant enclavé, leurs capitales respectives sont à équidistance du port de Lagos. Les réchauds importés du Niger reviendraient probablement plus chers que ceux montés au Tchad à cause du coût de transport Niamey N Djaména. 20

b) la création d une unité de montage du TCHIP, importation des brûleurs et réservoirs et fabrication locale des supports; Afin de ne pas greffer sur le prix de revient le coût de transport Niger Tchad, permettre au tchadien d acquérir le réchaud au même prix que le nigérien, créer des emplois et augmenter les chiffres d affaire des entreprises contractantes, la création d une unité de montage avec importation des brûleurs et réservoirs d Indonésie et fabrication de supports localement se justifie. L Etat, par des mesures incitatives, doit encourager le secteur privé à s investir dans le domaine de la production des supports, l importation des pièces et le montage des foyers. 5.4 Tchad pays producteur de pétrole Avec le projet d exportation de brut tchadien dont les premiers barils ont vu le jour depuis octobre 2003, le Tchad est entré dans le club des pays producteurs et exportateurs de pétrole. Aussi, les revenus pétroliers sont attendus incessamment. Mais, aucune étude d impact socio-économique de la réalisation de ces projets n a été effectuée. On ne pourrait donc mesurer l impact de l exploitation du pétrole sur les revenus de la population. Le projet de mise en valeur du gisement de Sidigui est à un stade avancé; l oléoduc long de 360 km pour l acheminement du pétrole brut jusqu à Farcha (faubourg de Ndjaména) est déjà construit. Il s en suivra la construction de la raffinerie qui a tant du mal à voir le jour, faute de financement. Cette raffinerie aura une capacité nominale de 3300 barils/j et produira des produits blancs qui seront destinés à satisfaire les besoins du marché intérieur ( 130 000 à 150000 m3 ). Le projet de Sedigui est un projet qui intègre plusieurs composantes: la miniraffinerie, le pipeline, les installations de surface et la centrale électrique. La construction de la mini-raffinerie est rentable en soi même, selon les études de faisabilité faites antérieurement. Les Coûts des ouvrages sont estimés à: - raffinerie 20 000 000 USD; - pipeline 18 000 000 USD; - installations de surface 7 à 8 000 000 USD;. Les investissements sont envisagés à un pourcentage à définir de commun accord avec les intervenants. Selon les données dont dispose la Direction du Pétrole, les prix de reprise (sortie raffinerie) des différents produits, à titre indicatif, sont donnés au tableau ci-dessous. Tableau Nº8: Prix sortie raffinerie des différents produits (hors taxes) Produits Prix Production Pourcentage F. C. F. A./l Tonnes/an Litres/an % Butane 80 8 624 16 584 615 10,1 Essence 147,65 44 696 59 754 011 36,2 Jet A1 180 5 040 6 300 000 3,8 Pétrole lampant 80 6 000 7 500 000 4,5 Gasoil 137,56 42 608 50 723 810 30,8 Fuel-oil 150 23 488 24 090 256 14,6 Pertes fuel gaz 596 Source: DP 21

En atteignant le consommateur, ces prix seront majorés des différents taxes et impôts, des frais de stockage et de transport ainsi que des marges bénéficiaires des différents intervenants qui seront définis de manière à rendre le produit non seulement concurrentiel sur le marché national mais accessible à une grande partie de la population. 5.5 Priorités spatiales en matière de pénétration du pétrole lampant ( Ndjaména, autres villes, zones rurales etc. ) : L étude axe son action sur des grands centres urbains : - aux alentours desquelles, la déforestation due à l approvisionnement en combustible ligneux ( bois et charbon de bois ) pour la cuisson des aliments se fait cruellement sentir; - où l intégration des nouvelles technologies ( TCHIP ) dans le contexte socio - culturel ne demande qu une petite période d accoutumance; - où la classe modeste est majoritaire. C est ainsi que N Djamena, Moundou, Abéché et Sarh sont à retenir pour la stratégie à court terme tant pour le pétrole que pour le gaz. 5.6 Stratégies et mesures qui pourraient inciter à la pénétration et l accès à la consommation du pétrole lampant Le TCHIP réchaud à pétrole déjà diffusé au Niger, est le mieux adapté aux habitudes culinaires tchadiennes; son acquisition en une petite quantité ( série ) afin de le tester ne serait ce qu avec la méthode sahélienne de test de cuisine contrôlée, l adapter pour le rendre conforme aux exigences locales s avère nécessaire pour une première étape. La deuxième étape: une fois adapté, le réchaud TCHIP est présenté à des groupes de consommateurs représentatifs ( panels ) pour tester leur intérêt, l améliorer, le finaliser ( couleur, forme, nom, prix etc ). La troisième étape: l étape de vente pilote; un nombre limité de réchauds TCHIP est mis en vente sur le marché à travers un réseau restreint de distributeurs. Ceci permet de tester différents profils de vente, de cerner comment le produit s insère dans le circuits habituels de vente ( prix, crédit au client, etc ) et de tester les réactions des consommateurs au niveau d abord de l achat, et au niveau de l utilisation ensuite. Après évaluation de vente pilote et en fonction des résultats, il faut procéder à : - la préparation des dossiers promotionnels; - l identification de partenaires privés et la signature d accords d importation, de fabrication et de distribution. Une quatrième étape de communication et de promotion de réchaud TCHIP, cette étape visera, une fois les dossiers promotionnels préparés, à apporter un appui à la diffusion du TCHIP. Cet appui prendra la forme d un soutien publicitaire à travers les canaux classiques ( radio, télévision, presse ) mené en collaboration avec des 22

professionnels de la communication, d une popularisation à travers les canaux institutionnels ( DPF/MASF, etc.) et associatifs ( groupements, quartiers, etc..) et les ONGs en organisant les sessions de présentation des produits ainsi qu en élaborant des brochures pédagogiques et des matériels de démonstration spécifiques et d un soutien aux réseaux commerciaux classiques et au développement de réseaux décentralisés de distribution, notamment par la conclusion d accords entre les opérateurs, une formation à la vente et au service après vente. - La composante micro-crédit à l équipement concernera les opérateurs ( petits et moyens en priorité ) impliqués ou pouvant le devenir, dans l importation, la production et la distribution des réchauds à pétrole, d une part ; et les consommateurs d autre part. Elle comprendra la conception, le test puis la mise en place des formules du type crédit équipement productif, crédit fournisseur, crédit à la consommation, adaptés aux conditions locales. Elle contribuera également à l organisation du secteur, en soutenant la création d organismes professionnels, et en appuyant la constitution et la gestion de fonds de garantie administrés par les professionnels eux-mêmes. - Définir et mettre en œuvre une politique de prix du pétrole lampant et de TCHIP, tout en tenant compte des évolutions du projet pétrolier ; - Elaborer des propositions de révision de la réglementation et de la fiscalité sur l importation et la distribution du pétrole lampant afin que le secteur formel trouve son compte. L exécution de chacun de ces éléments de la stratégie doit s effectuer dans un cadre institutionnel coordonné impliquant à la fois le secteur public, le secteur privé et les ONGs. Les fonctions premières du Ministère des Mines et de l Energie qui assure la tutelle, se situent au niveau d ordre politique législation, cadre économique et politique et la coordination ; Pour éviter de créer des structures nouvelles dont le fonctionnement entraînerait des charges récurrentes, il paraît plus sage de maintenir les structures du Programme National Gaz (PNG) et de les renforcer pour les rendre compatibles avec la nouvelle donne et cela pour les raisons suivantes 1. les structures du PNG ( la coordination et le comité de suivi et de contrôle), ont l avantage d être des structures déjà fonctionnelles 2. elles ont l habitude de travailler ensemble; 3. le comité de suivi et de contrôle reste représentatif En se basant sur l expérience du Niger: Plusieurs étapes de négociations au préalable s avèrent nécessaire avec les producteurs importateurs de brûleurs et réservoirs de réchauds TCHIP en Indonésie afin de bien déterminer les clauses des contrats liant les parties. La filière devrait s organiser autour de plusieurs segments : - un producteur de brûleurs et réservoirs indonésien 23