L'ENSEIGNEMENT ET L'APPRENTISSAGE DU LEXIQUE INTRODUCTION



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L'ENSEIGNEMENT ET L'APPRENTISSAGE DU LEXIQUE INTRODUCTION - Dans les années 60 on pensait que l'acquisition du lexique était facile, qu'il suffisait d'apprendre par cœur, pourtant c'était ce dont les apprenants avaient le plus peur. L'apprentissage du vocabulaire était décontextualisé, et s'effectuait sous forme de listes lexicales à apprendre. Comme le précisent M. Quivy et C. Tardieu : «Ces listes reflètent une conception des mots comme des sujets existant en eux-mêmes, indépendamment de toute relation à un sujet. Les mots ont une sorte de valeur absolue, et vivent sur la page sous forme de liste comme un monde d'idées préexistant». L'apprentissage est souvent extensif, le lexique étant pointu, peu utile à la communication, et s'adresse à des élèves très privilégiés (approche littéraire). - Dans les années 70 / 80, les structures langagières sont privilégiées le lexique se retrouve le parent pauvre au plan linguistique (le système langagier > mots isolés). On a alors conscience que des systèmes linguistiques sont spécifiques à chaque langue, sans équivalence apprendre une L2 ou une L3 revient à repenser le monde petit à petit. L'approche communicative et cognitive ne donnent pas à priori une part importante au lexique (wordbanks distribués, footnotes traduits). Pourtant le travail sur la dérivation ou la composition permet d'étendre les champs sémantiques et de conceptualiser. - Depuis la fin des années 70 il y a un renouveau d'intérêt pour l'enseignement et l'apprentissage du lexique. Les progrès en linguistique, la réflexion didactique présentent désormais une langue comme un ensemble indissociable [syntaxe + mots]. - J. Sinclair (1988): "It is exceptionally difficult to teach an organised syllabus of both grammar and lexis at the same time". - J. Harmer (1991): "There is a way of looking at vocabulary learning which suggests that students should go home every evening and learn a list of fifty words by heart. Such a practice may have beneficial results but it avoids some of the central features of vocabulary use, namely that words occur in context. Words do not just exist on their own: they live with other words and they depend upon each other. We need our students to be aware of this". 1/14

- Widdowson: "Communication begins with words. Sentences are not essential for communication, as child speech, foreigner speech, public notices, single word texts demonstrate: drink, warning, stop, exit, ladies are communicative events. So communication, text, and thus discourse start with the word." (Stage British Council, nov. 1991) - Le développement de l'informatique a révolutionné l'étude du lexique et la constitution de corpus à partir desquels ont été élaborés des dictionnaires pour l'apprentissage des langues (Collins Cobuild English Dictionary for Advanced Learners = dictionnaire unilingue) et des manuels pour l'enseignement de l'anglais langue étrangère basés sur une approche plus lexicale que grammaticale (le projet COBUILD de l'université de Birmingham = traitement informatique de 20 millions de mots de l'anglais contemporain oral et écrit et sur leurs contextes d'utilisation les plus courants) A. DEFINITONS ET FONCTIONNEMENT 1) Lexique = la somme des mots d'une langue. Ensemble de tous les mots d'une langue qui à un moment donné sont à la disposition du locuteur. D'après Danielle Bailly, le lexique est l'ensemble des mots de contenu ( mots grammaticaux) Définition du Robert : "ensemble indéterminé des éléments signifiants stables (mots, locutions) d'une langue, considéré abstraitement comme une des composantes formant le code de cette langue" les mots ont une valeur et caractéristique syntaxique, sémantique et phonologique. Les mots que le locuteur peut employer et comprendre constituent son lexique individuel (il est estimé en français à 24 000 mots). Il existe un nombre indéterminé de mots "extérieurs", soit tous les mots que le locuteur n'a pas encore rencontrés dans l'usage quotidien de sa langue Le lexique global ou général serait l'inventaire de tous les mots dont une société dispose à un moment donné de son histoire. Ex: Le Petit Larousse = 50 000 mots. 2) Vocabulaire = les items que l'on prélève dans le lexique pour s'exprimer. C'est l'ensemble des mots effectivement employés par le locuteur dans un acte de parole précis. C'est l'actualisation d'un certain nombre de mots appartenant au lexique individuel du locuteur. 2/14

Pour Danielle Bailly, le vocabulaire constitue les "mots d'une langue considérés dans leur histoire, leur formation, leur sens". Le vocabulaire est souvent perçu comme un ensemble d'étiquettes mortes, figées, indécomposables et justifiables par un apprentissage par cœur. Intérêt pour la formation du lexique : morphosyntaxe + sémantique analyse des caractéristiques grammaticales de certains items lexicaux + analyse des valeurs ou sens de ces formules grammaticales. L'usage pédagogique privilégie le terme de lexique plutôt que celui de vocabulaire (connotation + scientifique et didactique) Les deux termes sont souvent utilisés l'un pour l'autre, mais vocabulaire et lexique sont en rapport d'inclusion : le vocabulaire est toujours une partie du lexique individuel qui est luimême une partie du lexique global. L'apprentissage du vocabulaire s'avère souvent difficile car ne présentant pas de systématisation possible. Pour Kathleen Julié, il s'agit avant de donner du temps à l'apprenant, et de lui permettre de se forger un certain nombre de méthodologies. Elle distingue deux stades : la phase de réception et celle de production. Un élève comprend plus qu'il n'est capable de dire. En phase de production: comment compenser? Par reformulation et recours au dictionnaire. En phase de réception : l'élève dispose du contexte, les mots sont donnés il s'agit pour lui de faire un tri pour saisir l'essentiel, puis de procéder à un travail d'inférence, tenant compte du contexte et de ses capacités de déduction. Notion du top down langage processing. Pour accéder à la recherche du sens, il faut dépasser le stade du mot. Situation et contexte sont importants, de même que la nature du document (article journal, texte littéraire ) Il s'agit d'activer des schémas mentaux pour accéder au sens (para texte, typographie, sources..) Le statut grammatical des mots, la notion de mot transparent, les procédés de dérivation, de composition sont des savoirs, et des savoir-faire qui aident l'élève à découvrir le sens. En conclusion, pour produire, il faut un bagage lexical minimum. Pour comprendre, il faut les outils nécessaires. 3/14

B. LE LEXIQUE ET LES INSTRUCTIONS OFFICIELLES. Au stade de l'école primaire, le programme lexical est défini en rapport avec des fonctions langagières : présentation de soi (description physique, vêtements, couleurs, âge) expression de ses goûts (nourriture, loisirs), repères spatiaux (maison, lieux, ville, objets usuels) 1. Premier cycle : Les I.O. proposent un apprentissage du lexique par : - Association (mots / idées, sons, gestes, classés par champ lexical) - Collocation (mots appris dans le cadre d'un énoncé, dans l'environnement d'autres mots) - Réflexion sur la morphologie (lien forme sens, dérivation, composition) L'élève doit être amené à inférer le sens d'après le contexte et par des rapprochements avec les mots transparents - Mémorisation (+/- long terme, rebrassage) - Organisation (tenue du cahier de l'élève) - Recours à la traduction D'après les I.O. de 1985 (point reconduit dans les I.O. de 1996), listes de mots fournies pour chacun des 4 niveaux (seuil maximum) 550 mots en 6 ème et 5 ème 450 en 4 ème + 298 en reconnaissance 350 en 3 ème + 370 en reconnaissance Le lexique se trouve en adéquation avec le tableau à orientation fonctionnelle (l'individu, son environnement, ses activités). Les items sont proposés à titre d'exemple, et sont non exhaustifs : l'accent est mis sur la communication. L'avantage des structures thématiques permet d'affiner et de compléter au fur et à mesure de l'apprentissage. Les documents d'accompagnement soulignent par ailleurs l'importance du lexique au plan de l'apprentissage d'une langue. Selon David Wilkins, "l'expérience montre qu'apprendre un certain nombre de mots sans apprendre à construire des phrases n'a pas grande valeur pratique. On n'a pas prêté assez grande attention au point de vue inverse, à savoir que cela 4/14

ne sert pas à grand chose non plus d'être capable de produire des phrases grammaticales si on ne possède pas le vocabulaire nécessaire pour exprimer ce que l'on veut dire." Une distinction est faite entre mots actifs (vocabulaire de production) et mots "de reconnaissance" (passif). Pas de regroupement thématique ni syntaxique et le regroupement par niveau est très aléatoire (Mr et Mrs en 6 ème et Miss en 5 ème et pas de Ms). L'élève doit peu à peu apprendre à consulter un bon dictionnaire. En outre, il faut amorcer une initiation à la lecture de textes de qualité. 2. Second cycle : Depuis les I.O. de 1987, l'étude lexicale a pour champ virtuel le domaine entier des mots à sémantisme plein. Les Instructions Officielles ne proposent pas de liste établie. Cette composante est laissée à l'appréciation du professeur, en fonction des thèmes abordés. Les nouvelles I.O. de 2002 recadrent le programme lexical en suivant deux axes complémentaires et cohérents: Renforcement du programme lexical de collège Enrichissement du lexique en fonction du programme culturel de chaque niveau. Remarque sur la réflexion linguistique : on insiste sur l'entraînement au travail de dérivation / composition améliorer l'inférence. M. Quivy et C. Tardieu définissent ainsi 3 types de besoins lexicaux, en fonction des besoins d'utilisation au plan de la communication : Pour comprendre les documents étudiés Pour prendre en compte et donner un point de vue Pour s'intégrer dans le déroulement du cours d'anglais. en 2 nde : consolider, approfondir et étendre les acquis du collège. Développer le lexique en fonction du contenu culturel. Distinction entre vocabulaire de simple reconnaissance (mots rares et peu utiles) et le vocabulaire actif que les élèves doivent produire spontanément en 1 ère et terminale : aucune mention du lexique, pas de listes, mais prise en compte du contenu culturel. Sensibilisation à la nuance et à la création lexicale (dérivation / composition). Entraînement à la traduction sensibilisation à la représentation L1 / L2 utilisation raisonnée de dictionnaires unilingues et bilingues. 5/14

C. L'APPRENTISSAGE DU LEXIQUE 1) Difficultés : Comme l'explique Janine Courtillon, il est difficile de séparer l'apprentissage lexical de la syntaxe, car c'est à partir du lexique que s'organise la syntaxe. Il n'y a pas de règles pour apprendre le lexique comme en grammaire, règles qui permettent de généraliser. Il faut apprendre item par item. Toutefois, d'après Kathleen Julié, une classification en catégories est possible. Elle peut être d'ordre sémantique ou syntaxique. On établit ainsi des micro systèmes ou champs sémantiques (animals, colours ). Le locuteur opère ainsi des choix : - sur l'axe syntagmatique (= la phrase) (contraste cat / dog) - sur l'axe paradigmatique (renseigne, qualifie, sélectionne et précise les choix de l'autre axe). A la tête de chaque micro système, se trouve un mot noyau, supérieur aux autres (animal englobe loup, renard, chat ). Autour de chaque mot gravitent des associations d'idées plus ou moins libres. Apprendre le lexique peut ainsi s'axer sur une forme de hiérarchisation et sur un réseau d'associations. Toutefois, parfois certaines occurrences sont cohérentes et acceptables au plan syntaxique, mais incompatibles avec le sens (* She has drunk a slice of water) Le lien qui unit le signifiant et le signifié est arbitraire et conventionnel, sauf dans le cas des onomatopées. Exemple : Kartoffel / potato / pomme de terre. 2) L'apprentissage du lexique en langue maternelle Un locuteur natif connaît le mot "heart" par exemple mais comprend aussi la phrase "he wears his heart on his sleeve", il connaît la différence entre "slim", "thin", "skinny", "emaciated", il ne confond pas "interested" et "interesting" et il sait que le mot "awesome" a changé de sens (surtout aux USA) ces dernières années et il devine immédiatement le sens d'un néologisme comme "snail mail" par exemple. Le locuteur natif connaît donc le sens litéral d'un mot comme son sens métaphorique, il sait aussi comment le mot fonctionne au niveau syntaxique et comment le sens des mots change dans le temps. L'acquisition du lexique est liée au développement cognitif. Il est inachevé en raison du manque de maîtrise par rapport à la conceptualisation et l'abstrait (jugement de valeur, 6/14

qualification d'un comportement sont des notions non familières à l'enfant qui compense à l'aide d'expressions telles que "c'est", "il y a " Certains savoir-faire ne sont pas encore acquis (savoir qualifier un objet, caractériser une situation, utiliser des substantifs abstraits). Pour gagner en efficacité selon Janine Courtillon, il faudrait partir de ce que sait l'enfant et complexifier en partant de ce qui est lié au verbe (action + ses modalités), et au sujet (vision d'un objet et sa qualification) 3) Quels sont les processus cognitifs en jeu? Selon Janine Courtillon, le lexique prime sur la morpho syntaxe. L'apprentissage du lexique passe par 3 étapes successives : Acquisition lexicale naturelle. L'apprentissage s'effectue en fonction des tâches. Recours à la mémoire et à l'intention de communiquer créer des phrases non entendues. Liberté et créativité sont fondamentaux, car le lexique est le pivot de l'acquisition de la syntaxe, puis de la morpho syntaxe. Lexique + intonation communication. Plaisir à imiter (poèmes, rimes, associations libres de mots) Acquisition lexicale donner des équivalences de sens (nécessité de reformuler). Etape qui apparaît après environ 200 heures d'apprentissage. Rapprocher les termes du lexique les comparer. Etape finale, qui exige une intervention de l'enseignant. Les réseaux lexicaux ou regroupements thématiques sont des processus cognitifs qui permettent de mieux mémoriser le lexique Il existe en fait une grammaire des mots : les mots sont classifiés en catégories syntaxiques telles que noms, adjectifs, verbes adverbes etc et sémantiques. Les champs sémantiques : ou micro systèmes de sens (ex flowers : daffodils, gladiolas, peony roses, wisteria : ces noms de la classe "fleurs" ont des traits sémantiques communs et d'autres variables). Le mot flower est un mot noyau, il définit la classe à laquelle appartient le mot daffodil par ex. Les champs sémantiques regroupent des mots qui entrent dans une classe donnée définie par une propriété particulière que tous ces mots vérifient. Au-delà des traits sémantiques obligatoires et variables d'un mot, celui-ci active chez le locuteur tout un réseau d'associations plus ou moins libres (Voir les exemples donnés par K Julié (1994) p106-107) Les psychologues ont montré que les associations de mots par couple sont les plus courantes, ex : young and old, small and tall, rich and poor etc. 7/14

Même si dans le premier cycle, l'apprentissage lexical se fait de manière plus ou moins éclatée, il n'en demeure pas moins que cet apprentissage se fait par paliers. Il ne faut pas oublier qu'en apprenant, on structure, et qu'on classe. il faut proposer des micro systèmes minimaux, à étoffer par la suite. Par exemple, en 6 ème et 5 ème, on apprend davantage de noms ou de verbes, en 4 ème et 3 ème on développe l'apprentissage des adjectifs et adverbes. Ce processus est normal : d'abord on nomme, puis on qualifie. 4) Lexique et grammaire - Lewis (1993): "Language consists of grammaticalised lexis, not lexicalised grammar. Therefore lexis must be the organising principle affecting content and methodology". - En morphologie on distingue le morphème lexical du morphème grammatical. Les morphèmes lexicaux appartiennent à des ensembles vastes ou séries ouvertes, les morphèmes grammaticaux à des ensembles restreints ou séries fermées. La sensibilisation à la technique de dérivation, de composition ou de suffixation permet d'ajouter une valeur linguistique (usually : valeur d'itération; car / rice / freedom représentent de notions discrètes, dense, continues des valeurs d'un nom) - Le lexique d'une langue est le lieu des plus grandes variations : des mots disparaissent et d'autres sont créés selon les besoins socioculturels du milieu. La grammaire se modifie beaucoup plus lentement, le nombre de pronoms personnels, d'articles de possessifs ne varie pas. 5) La formation des mots : 2 procédés = la dérivation et la composition a) La dérivation : affixation de préfixes ou suffixes à une base : happy, unhappy, happiness, happily etc. Ces suffixes et affixes portent un sens (privatif, négatif etc) Des règles existent mais elles ne sont pas généralisables : *unexcellent = not possible b) La composition : procédé qui consiste à associer deux mots pour en former un troisième (le sens est + ou - déductible de la somme des parties du mot. Procédé caractéristique des langues germaniques ex: mountain bike (N+N), snail mail (id), washing machine (V+N), blackboard (adj+n), take-away food (V+adv+N), fast food (adj+n). Il est facile d'entraîner les élèves à reconnaître ce type de construction et à faire l'opération mentale de décryptage Les néologismes et les "blends" : très courant en anglais: "brunch, "smog" : mots qui associent le sens et le son de deux mots. "Bollywood" = hollywood+ Bombay, "Netiquette", "Himbo" (him +Bimbo). 8/14

c) La collocation = word partners. Ex = "make a mistake", "the gap widened", "highly desirable", "give a good impression" soit la façon dont les mots se combinent entre eux de façon prévisible. On ne peut donc plus considérer l'apprentissage du lexique comme l'apprentissage de mots isolés. On parle de lexique mental qui n'est pas composé uniquement de mots isolés. On ne connaît pas vraiment un mot si on ne connaît pas ses collocations. 6) L'apprentissage du lexique en L2 Le savoir lexical est nécessaire dans la maîtrise des 5 activités langagières. L'apprentissage des mots impose que le sens des mots soit perçu qu'il soit retenu, récupérable et mobilisable à bon escient (pour éviter l'oubli). En L2, l'apprenant a souvent une impression d'arbitraire alors qu'en L1 le sens se saisit en situation et dans un contexte précis. En L2 en classe, la signification se construit plus de manière métalinguistique. Différentes conceptions d'apprentissage s'offrent aux élèves : -apprentissage ponctuel au fil des besoins. Conception étroite et réductrice. Peut être utile dans la pratique, mais limitée en terme d'autonomie. -apprentissage raisonné et rationalisé structuration clarification et conceptualisation de l'apprentissage où l'élève est conscient de ses démarches. L'enseignant doit avoir une vision claire du système lexical et des sous systèmes, ainsi que des composantes grammaticales pour proposer aides, démarches, réinvestissement successifs (rebrassages) et harmoniser ainsi la continuité entre le collège et le lycée, par exemple -apprentissage gradué. Commencer par des paires de mots (synonymes, antonymes, familles [jours semaine, nombres], séries); Apprentissage par cœur; Puis affiner (sens propre, sens figuré, thématique élargie, concepts). Entamer ensuite la construction du lexique (dérivation, contexte grammatical [les mots grammaticaux réflexion catégorielle qui lie nature morphologique et fonction syntaxique]) En L2 l'apprentissage du lexique est dépendant de la mémorisation, qui est un processus qui semble plus mécanique et peu reconstituable par le raisonnement. Quels sont les facteurs de mémorisation lexicale en LE? Les facteurs perceptifs : les facilitations visuelles ou auditives jouent au niveau de l'"engrangement" (Bailly) et de la solidité du stockage mémoriel. Il faut donc faire appel à des approches multimodales, à différentes démarches et prendre en compte les styles cognitifs préférentiels des élèves. L'image, très présente dans la méthode audiovisuelle, est utile au début mais tout ne peut pas se représenter. 9/14

Les facteurs grammaticaux : la classe grammaticale du mot influe sur le degré de facilité avec lequel les mots sont mémorisés en L1 comme en L2. Par ex. les noms en début d'apprentissage semblent plus aisés à retenir que les verbes, leur référence est plus concrète Les facteurs situationnels : la situation d'utilisation elle-même constitue le moteur déterminant de l'approche lexicale. Il s'agit de partir de ce qui est connu inférer vers l'inconnu. Pour autant peut-on tout contextualiser? Les facteurs culturels : les relations qui unissent la dimension lexico-sémantique et culturelle sont tout à fait pertinentes pour la compréhension du sens et la référence exacte des termes lexicaux. Les facteurs culturels contextualisent le lexique et aident la mémoire à l' "engranger" (Danielle Bailly). Un certain nombre de mots prennent sens dans la réalité socioculturelle dans laquelle ils s'inscrivent. Un recours à la traduction peut parfois permettre une réflexion sur la profondeur et la portée des mots. À éviter : les listes de mots ou recueils de vocabulaire : ces listes reflètent une conception du lexique comme un ensemble de mots existant en eux-mêmes indépendamment de toute relation à un sujet, elles sont décontextualisées, souvent peu utiles au quotidien, sans relations de tri ou de différentiation. Elles reflètent une conception de l'apprentissage de la L2 comme une somme de savoirs à connaître plutôt que des savoir-faire à mobiliser en situation. La distinction entre vocabulaire actif et passif : reflète distinction entre production et réception. Le vocabulaire actif est mobilisable de façon souple et libre, activable avec aisance en production autonome. Même en L1 notre vocabulaire de production est plus restreint que notre vocabulaire de réception. A. Doff (1988): "Students should understand far more words than they can produce, so we should not try to treat all new words as active vocabulary". Dans un texte jusqu'à 20% des mots peuvent être inconnus : ce sont les mots les moins fréquents Danielle Bailly (1998) critique cette distinction. En L2 aucune acquisition n'est "passive" (contrairement aux situations en L1 et immersion). Pour elle, le vocabulaire "passif" n'est sollicitable que par une situation forte provoquée par l'enseignant (ou 10/14

l'interlocuteur). Parallèlement elle distingue également le vocabulaire de reconnaissance, non mémorisé, mais immédiatement identifiable en situation de communication. On peut aussi distinguer entre vocabulaire explicite (qui apparaît dans un document) et implicite (dont on a besoin pour le commentaire du document). Le vocabulaire transparent : similitude orthographique / langue source, valable uniquement à l'écrit. Il n'est pas audible. Les mots pédagogiques sont importants également. Ils permettent la mise en œuvre en anglais (classroom English) et la gestion des activités. 7) Quelques pratiques de classe. Importance des liens entre mécanisation / automatisation lors des phases d'apprentissage organisation bien structurée des éléments à mémoriser Pour travailler le lexique, il convient de sélectionner des textes lexicalement denses, mais linguistiquement + souples. Réfléchir au traitement du lexique en amont : champ lexical à exploiter, mots en reconnaissance, vocabulaire actif La lecture cursive, l'écoute radio ou de la TV peuvent stimuler l'apprentissage du lexique, de même que le recours au dictionnaire unilingue. Associer travail d'analyse et de mémorisation (repérages par champ sémantique ou notion, parasynomymes, collocations ) Mise en figuration (métaphore : langage perception figuratif). Découverte de rapports nouveaux développement de l'esprit et créativité Evocation et faculté d'association. Travail sur des éléments déclencheurs (recherche titres, définitions à réécrire, production notionnelle, isosémie visuelle) Association de termes pour cerner un champ sémantique (headache toothache, have a sore throat, a temperature ) Regroupement visuel de micro classes Travail sur la famille de mots et séries Réseau lexical associatif, présenté sous forme de tableau (à faire par les élèves) 11/14

D. LEXICOLOGIE ET LEXICOGRAPHIE - La lexicographie est l'étude scientifique des lexiques (le recensement et l'étude des mots d'une langue) et des dictionnaires: Littré Larousse principaux dictionnaires français de la fin du XIXème siècle par ex, Oxford Longman Collins pour l'anglais - La lexicologie est l'étude scientifique des ensembles formés par les mots du lexique ; science récente qui vise à prendre en comprendre les structures formées par le lexique d'une langue et à étudier les conditions dans lesquelles elles se forment. - La lexicométrie ou lexicostatistique : partie de la lexicologie qui se préoccupe des relations statistiques et des déterminations quantitatives dans l'étude du vocabulaire - Les dictionnaires : Unilingues : ils construisent des définitions e s'appuyant sur des mots génériques, des synonymes et antonymes, des paraphrases. Il explique la langue par la langue elle même en utilisant des mots connus pour expliquer ceux que l'on ne connaît pas. Il y a deux sortes de dictionnaires unilingues : pour les locuteurs natifs (Concise oxford Dictionary) pour les apprenants de LE : Oxford Advanced Learners Dictionary (1974) ou pour le mot "work" par exemple il est indiqué "noun, uncountable" qui prévient l'apprenant que "it was a *hard work " n'est pas possible. Le dictionnaire bilingue : Baxter (1980) a montré qu'une utilisation prolongée du dictionnaire bilingue empêche ou retarde le développement de l'acquisition du vocabulaire. Par contre Grabe et Stoller (1997) ont montré que l'utilisation du dictionnaire bilingue de manière régulière et appropriée était bénéfique à l'acquisition du vocabulaire et au développement de la lecture. CONCLUSION L'apprentissage du lexique est plus itémique que systémique et dépend plus de l'apprentissage par cœur, mais apprendre à apprendre est vital dans le domaine de l'apprentissage du lexique. Comment faire avec les mots nouveaux? - La traduction = elle subit différents effets de modes didactiques. Il faut réfléchir à son efficacité et aux mauvaises habitudes qu'elle risque d'engendrer. En effet, les limites de la traduction apparaissent lors de l'association signifiant en L1 et L2 sans changer le signifié. Problème : que veut dire "bread" pour nous? Pour un Anglo saxon? Un Indien? 12/14

Différences phoniques, syntaxiques (dénombrable / indénombrable) et socioculturelles à prendre en compte. En outre, la traduction ne développe pas de mise en réseau et ne guide pas vers l'autonomie en L2. - Apprentissage par thématique. Mots à sémantisme plein, évocateurs et faisant sens pour l'élève. Ces mots font partie de l'apprentissage contextualisé. Leur mémorisation se fait par épisodes selon des techniques précises et des pratiques pédagogiques spécifiques (voir Annie Herrenberger & al). Ce type d'apprentissage peut convenir aux deux cycles, en fonction des dosages. Exemples : le lexique du corps (matching exercise numbers / words sur une image distribuée); combinaison d'adjectifs, repérages spatiaux (description document iconographique); transfert sur l'idée et les notions (homelessness) - Toutes sortes d'exercices de réemploi du vocabulaire existent dans les manuels récents (voir la série English Vocabulary in Use publiée chez Cambridge University Press) - Partir d'activités d'écoute ou de lecture permet de présenter le vocabulaire inconnu en contexte - Faire des exercices de réflexion sur la forme et le sens des mots et sur son propre apprentissage du lexique. - Ne pas oublier de travailler sur l'évolution de la langue et les nombreux néologismes qui reflètent la créativité du langage humain - La plupart des recherches dans le domaine de l'apprentissage des L2 montrent qu'un enseignement explicite de différentes stratégies pour apprendre le vocabulaire est nécessaire et ceci pour toutes sortes d'apprenants (d'âges et de niveaux différents). - Les recherches sur la lecture et l'acquisition du vocabulaire montrent que les apprenants ont besoin d'acquérir rapidement un vocabulaire de base pour comprendre lorsqu'ils lisent et que ce vocabulaire sera acquis de façon plus efficace s'il est enseigné de façon explicite. Les chercheurs pensent qu'un seuil de 50000 mots est nécessaire pour la compréhension écrite. - Reste le problème du débutant qui doit lire pour apprendre du vocabulaire mais qui en même temps ne possède pas un vocabulaire suffisant pour pouvoir lire avec succès, c'està-dire comprendre. POUR COMPLETER : Lire Bailly D (1998) Les Mots de la didactique des langues Ophrys, pp : 146-153 : Le lexique 13/14

BIBLIOGRAPHIE : BAILLY D, (1997) Didactique de l'anglais, volumes I et IINathan, BOGAARDS P (1994) Le vocabulaire dans l'apprentissage des langues étrangères. PARIS, CREDIF-HATIER GAIRNS R AND REDMAN S (1996) Working with words: a guide to teaching and learning vocabulary; CUP GALISSON R (1991) De la langue à la culture par les mots. Paris. CLE International HENRY-BOSSONNEY E & LACHEZE M (2002) l'anglais au lycée, Belin JULIE K (1994) Enseigner l'anglais, Hachette MC CARTHY M (1991) Vocabulary. London Oxford University Press MC CARTHY M and O'DELL F (2002) English Vocabulary in Use. Elementary Upper Intermediate. Advanced CUP MC CARTHY M and O'DELL F (2002) English Idioms in Use (Self Study). CUP QUIVY /TARDIEU, Glossaire de Didactique de l'anglais, ellipses READ J, (1998) Assessing Vocabulary.CUP REDMAN S (2002) English Vocabulary in Use: Pre intermediate and Intermediate. CUP SCHMITT N (1995) Vocabulary in Language Teaching, CUP SCHMITT N AND MC CARTHY M (EDS) (1992) Vocabulary: description, acquisition and pedagogy. CUP SINCLAIR J (ed.) (1984) Collins COBUILD English Language Dictionary. London: Collins TAYLOR L (1990) Teaching and learning Vocabulary. Prentice Hall. TREVILLE M.C (1996) Enseigner le vocabulaire en classe de langue Paris: Hachette 14/14