JURISTES D ENTREPRISE : QUELLE FORMATION CONTINUE?



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Transcription:

10 Juillet 2011 ASSOCIATION FRANÇAISE DES JURISTES D ENTREPRISE DOSSIER SPÉCIAL : JURISTES D ENTREPRISE : QUELLE FORMATION CONTINUE? LANCEMENT CAMPUS AFJE 2011 LE RENDEZ-VOUS ANNUEL DE FORMATION DES JURISTES D ENTREPRISE Soyez au rendez-vous de la compétence le 14 octobre 2011 POINT DE VUE AFJE Rapport PRADA : les commentaires de l AFJE ENTRETIEN «Une activité juridique au cœur des grands projets internationaux d infrastructures énergétiques» Pierrick Le Goff, Directeur Juridique au sein d Alstom Power

ÉDITORIAL Pour nous, juristes d entreprise, la formation est la base et la clé de tout. C est elle qui, lors de notre entrée dans la vie professionnelle, nous ouvre les portes de l entreprise. C est encore elle qui conduit nos entreprises à nous offrir, une fois entrés dans cette profession, les carrières que nous connaissons. Sans doute cela est-il vrai de la plupart des professions. Mais c est encore plus vrai de la nôtre. Au moins deux raisons à cela. La première tient au fait que, à la différence des autres métiers du droit, l accès à notre profession ne se fait pas par une voie unique. A la voie classique des universités de droit, que caractérise déjà en soi une impressionnante palette de possibilités, viennent s ajouter aujourd hui des formules extrêmement diversifiées de filières juridiques, en particulier chez les écoles de commerce. Vient en outre se greffer le très large éventail de formations additionnelles que beaucoup d entre nous choisissent de suivre, à l étranger ou dans des cursus extra juridiques. Ainsi, chez les juristes d entreprise, le point de départ de tout est le choix qu ils ont fait eux-mêmes de leur formation initiale. La seconde raison tient c est presque un lieu commun de le mentionner à l évolution de la matière juridique. La rapidité de cette évolution suit une courbe exponentielle, au point que l on peut dire aujourd hui que l un des principaux défis du juriste est de trouver le temps et les moyens de maintenir et développer ses connaissances, sous peine de se retrouver hors circuit. Les offres de formation affluent de toutes parts. L AFJE participe à ce mouvement avec ses Ateliers mensuels, au succès jamais démenti, ses JRM avec MARSH, ses Commissions thématiques, et ses très nombreux partenariats avec les écoles, universités et organismes de formation qui tous, proposent et dispensent des programmes de qualité. Le CAMPUS AFJE prévu le 14 octobre prochain, témoigne de l engagement de notre Association dans la voie de la formation continue, conformément à la ligne de développement stratégique décidée par le Conseil d administration en début d année. 3 Le rapport Prada, sur lequel l AFJE s est prononcée formellement le 25 mai dernier, vient nous rappeler que notre profession doit encore se développer et se doter des outils mettant nos entreprises à égalité d armes avec leurs homologues étrangères. Les conclusions de ce rapport viennent confirmer, s il en était besoin, le bien fondé de notre combat pour la confidentialité de nos avis. Restons mobilisés sur ce thème majeur, derrière lequel se profile la question plus générale du statut règlementaire de notre profession. Si, comme le recommande le rapport Prada, le statut d Avocat en entreprise devait voir le jour, il importerait que l accès en soit exclusivement fondé sur des critères objectifs, au premier rang desquels viennent se placer la compétence et l expérience. C est tout l enjeu du thème de la formation continue auquel nous avons décidé de consacrer le présent numéro de Juriste d Entreprise Magazine. Jean-Charles Savouré Président de l AFJE

En formation, pas de 1/2 mesure Améliorez les performances de vos équipes en entreprise par la maîtrise de savoir-faire pointus, le développement d expertises techniques ou pays, ou tout simplement l actualisation des connaissances. Les avocats d Ernst & Young Société d Avocats s engagent à vos côtés pour concevoir des programmes de formation dédiés aux entreprises qui permettront à vos équipes de s adapter plus facilement aux changements professionnels, aux nouvelles responsabilités, et plus généralement aux nouveaux marchés de votre entreprise. Vous avez un projet? Parlons-en! Vous n avez pas de projet? Ré échissons ensemble! www.ey-avocats.com/formation Contact Stéphane Baller + 33 1 55 61 13 19 2011 Ernst & Young Société d Avocats Tous droits réservés 1106SG276

SOMMAIRE P. 3 ÉDITORIAL Jean-Charles Savouré P. 6 ENTRETIEN «Une activité juridique au cœur des grands projets internationaux d infrastructures énergétiques» Entretien avec Pierrick Le Goff N 10 Juillet 2011 3 e Année P. 10 JURISTES D ENTREPRISE : QUELLE FORMATION CONTINUE? Publication trimestrielle Numéro tiré à 5 000 exemplaires Editeur : Association Française des Juristes d Entreprise Association Loi 1901 9, rue du Faubourg Poissonnière 75009 Paris Tél. : 01 42 61 53 59 fax : 01 42 61 01 61 www.afje.org Directeur de la publication : Jean-Charles Savouré Rédactrice en chef : Anne Laure Paulet Secrétaire de rédaction : Gaëlle Touffette Journaliste : Éloïse Rigenbach Responsable technique : Sophie Rigal Ont collaboré à ce numéro : Philippe Coen Rémy Sainte Fare Garnot Hervé Delannoy Vincent Timothée Catherine Sponchiado Catherine Roux Maquette : Laetitia Langlois Photographie : Gettyimages Laurent Blossier Edition et Régie Publicitaire : FFE 18 av. Parmentier 75011 Paris Isabelle De La Redonda Tél. : 01 53 36 20 42 i.redonda@ffe.fr Imprimeur : Chirat-42 Dans ce numéro, encart «à jeter» : Campus AFJE 2011. P. 56 POINT DE VUE Lourde sanction infligée pour non-respect des règles applicables en matière de sondage de marché Victoria Mauriès, Lamy droit du fi nancement P. 58 POINT DE VUE AFJE Rapport PRADA : réponse de l AFJE à la consultation La chambre internationale du Tribunal de Commerce de Paris Bernard Auberger, Président de Chambre auprès du Tribunal de Commerce de Paris P. 62 CULTURE JURIDIQUE La culture juridique de Rexel Benoît Dutour Rubrique suivie par Christophe Roquilly, professeur à EDHEC Business School et Rémy Sainte Fare Garnot P. 64 LA PAROLE EST DONNÉE À Assemblée Générale de l ECLA à Paris P. 68 L ACTUALITÉ EN RÉGION : PACA Échanger sur des thèmes d actualité juridique Nous luttons contre la contrefaçon Entretien avec Ingo Dauer, directeur juridique du groupe L Occitane CMA-CGM, troisième groupe mondial de transport maritime en conteneurs Philippe Blanchet, directeur juridique du groupe CMA-CGM Eurocopter, une direction juridique tournée vers l international Yann Guermonprez, directeur juridique d Eurocopter Le Centre de droit économique Professeur Jacques MESTRE, directeur du Centre de Droit Économique d Aix-Marseille P. 75 CULTURE Livres Exposition P. 77 ART & DROIT Cycle de formation professionnelle «L œuvre d art et le droit» Entretien avec Gérard Sousi, Président Art & Droit P. 78 ACTUALITÉS DE L AFJE P. 62 AGENDA Programme des ateliers AFJE Les évènements que l AFJE organise pour vous! 5

ENTRETIEN «Une activité juridique au cœur des grands projets internationaux d infrastructures énergétiques» Entretien avec Pierrick Le Goff, directeur juridique au sein d Alstom Power 6 Pierrick Le Goff Juriste de formation française, allemande et américaine ayant exercé la plus grande partie de sa carrière à l étranger, auteur de plusieurs publications et intervenant régulier dans les milieux académiques et les conférences internationales, Pierrick Le Goff n a pas nécessairement le profil classique du juriste d entreprise. Nous sommes allés à sa rencontre pour mieux comprendre ses activités, l intervention des services juridiques au sein d un grand Groupe industriel et, plus généralement, avoir ses vues «de l étranger» sur l évolution de la profession. Pouvez-vous nous décrire votre poste au sein d Alstom? Pour ce faire, permettez-moi en guise d introduction de dire quelques mots sur le groupe Alstom. Nous sommes l un des leaders mondiaux dans les infrastructures de transport ferroviaire, de production et de transmission d électricité. Nous employons 93 000 personnes réparties sur plus de 70 pays avec un chiffre d affaires 2009/2010 de 23 milliards d euros. Les activités du groupe sont organisées autour de 3 secteurs : Power, Transport et Grid. Après un passage à la Direction juridique du groupe à Paris et plusieurs postes de Directeur Juridique d entités opérationnelles en Angleterre et Allemagne, j exerce désormais mes fonctions en Suisse au sein d Alstom Power en intervenant sur des dossiers d envergure particulière pour notre développement stratégique. Par exemple, j ai suivi ces dernières semaines les aspects juridiques et contractuels du partenariat avec Shanghai Electric en Chine en vue de créer le leader mondial des chaudières pour centrales électriques au charbon, une opération largement relayée par la presse économique fin avril. Pour Alstom Power, nous regroupons actuellement 350 juristes et «contract managers» répartis sur nos principales unités et sites de production. Le secteur ayant son siège en Suisse, une grande partie de nos effectifs y est domiciliée mais nous disposons également de larges équipes dans toute la zone Europe, les Amériques et plus récemment en Asie en raison de la forte croissance économique dans cette région. A titre d illustration, nous avons 34 juristes et «contract managers» en Chine et 22 en Inde. Il convient également de noter que notre département à l échelle mondiale représente 32 nationalités, ce qui témoigne de notre diversité culturelle et de la forte dimension internationale de nos activités. Quelles sont les principaux domaines dans lesquels vous intervenez? Nos domaines d intervention sont très diversifiés aussi bien au niveau de l implantation géographique que de l approche juridique. Alstom Power regroupe 52 000 salariés dans plus de 70 pays avec une gamme de produits couvrant les principales sources d énergie (charbon, gaz, nucléaire, renouvelable ) et des activités d ensemblier pour les grands projets de construction de centrales clé en main. De ce fait, nos juristes ont une activité principale de rédaction et négociation des contrats internationaux servant de base à la réalisation de nos projets d infrastructures énergétiques. Cette activité est multidisciplinaire

ENTRETIEN car elle implique l intervention sur des contrats très différents (vente, ingénierie, construction, maintenance, soustraitance, financement, etc.) avec une composante réglementaire non négligeable (appels d offres, urbanisme, environnement). Nos juristes continuent le suivi de ces projets en cours de réalisation, mais le cœur de métier pour l appui contractuel lors de cette phase revient à nos «contract managers», une communauté importante de la Direction juridique & Contrats pleinement intégrée au sein de nos équipes de projets. Par ailleurs, compte tenu de la haute technicité de nos produits, nous avons une activité juridique importante sur les transferts de technologie et accords de partenariats industriels. Enfin, nous couvrons toutes les activités juridiques traditionnelles dérivant de nos activités commerciales, notamment Fusions & Acquisitions, droit des sociétés, contentieux et arbitrage, droit de la concurrence, appui juridique des activités de contrôle des risques et de la «compliance». Quelles sont les qualités que vous attendez de vos équipes pour réussir dans ces missions? Quels profils ont vos juristes? La qualité première est le sens pratique et opérationnel, en d autres termes une tête bien faite plutôt qu une tête bien pleine. Nos juristes sont au cœur de l action et accompagnent nos équipes commerciales dans toutes les négociations importantes. La Direction Juridique & Contrats est partie prenante dans les prises de décision et le suivi des questions opérationnelles. En contrepartie, nos juristes se doivent d être très concrets dans leur approche en prenant le leadership des négociations contractuelles, en travaillant en osmose avec les chargés d affaires, en adaptant leur pratique à l environnement culturel et géopolitique, en trouvant les solutions adéquates permettant de mener à bien nos projets. Bien entendu, nous exigeons une solide formation juridique en mettant l accent sur la formation internationale. En règle générale, nos juristes ont un bagage académique de niveau 3ème cycle dans leur pays d origine souvent complété par un diplôme étranger de type LL.M. Une partie importante de nos effectifs dispose d une formation d avocat et a exercé plusieurs années en cabinet avant de nous rejoindre. Nous avons un bon mélange de juristes de droit civil et juristes des pays de Common Law. Au-delà de la formation académique et de l expérience professionnelle, il ne faut pas oublier les autres critères de réussite dans un grand groupe international, à savoir le sens cognitif, la discipline de travail, la précision, la capacité à communiquer et s affirmer, l intégrité et le sens des valeurs. Comment sensibilisez-vous les salariés aux aspects juridiques? La sensibilisation commence par notre système d organisation. Les directeurs juridiques de nos branches d activités sont systématiquement membres des comités de direction. Ceci permet la représentation juridique au sein des organes de gestion de l entreprise et favorise l approche «top down» des messages clés. Par ailleurs, nous organisons régulièrement des séances de formation spécifiquement adaptées à nos différents clients internes. Il existe ainsi des sessions de formation sur les aspects juridiques de la gestion de projets, les aspects contractuels de la sous-traitance, la gestion des documents en phase pré-contentieuse ou contentieuse, les obligations découlant du droit de la concurrence, etc. Ces démarches de formation encouragent nos salariés à consulter la direction juridique très en amont de leurs préoccupations, d autant que nos juristes pratiquent une politique de la porte ouverte. Vous avez un DEA de droit français, un doctorat de droit allemand et un LL.M. de l université de Pennsylvanie. Quelles différences voyez-vous dans les formations juridiques de ces trois pays? Quels sont leurs points forts respectifs? Les formations juridiques de ces trois pays sont en fait très différentes. L approche académique en France se focalise beaucoup sur la rigueur dans la forme. Le célèbre plan en deux parties est un modèle de pensée juridique que beaucoup de juristes étrangers nous envient car il débouche sur des présentations très fluides, logiques et bien ordonnées. J ai constaté un peu plus de flexibilité en Allemagne pour l ordonnancement de ses idées (ma thèse de doctorat contient 5 parties!). Par ailleurs, alors que la France met très tôt l accent sur la spécialisation, les Allemands prônent le modèle du «Volljurist», c est-à-dire une formation juridique la plus générale et complète possible afin de permettre au jeune diplômé de s orienter indifféremment sur les principales professions juridiques existantes (avocat, juge, procureur, juriste d entreprise). C est une voie plus longue mais qui présente l avantage de ne négliger aucune matière. Quant aux Etats-Unis, les grandes Law Schools insistent sur la formation pratique, les études de cas, le sens de l argumentation et de la plaidoirie, le débat intellectuel. Il faut d ailleurs avoir à l esprit qu elles n ont pas pour vocation unique de former des juristes mais de produire aussi les futurs leaders dans les instances gouvernementales, politiques et économiques. Enfin, les universités américaines disposent d énormes moyens financiers permettant une offre extrêmement 7

ENTRETIEN 8 large de cours et des infrastructures exemplaires. A titre d anecdote, je me rappelle le privilège d avoir un bureau attitré dans la bibliothèque de l université de Pennsylvanie lors de mon LL.M. avec un accès illimité aux serveurs de recherche Lexis & West Law ainsi qu un service de taxi universitaire me ramenant gratuitement à mon appartement en cas de sortie un peu tardive de la bibliothèque Comment voyez-vous la fonction juridique évoluer en entreprise? Vous qui avez exercé en cabinet d avocats d affaires à Paris et êtes inscrit au Barreau de New York, que pensez-vous, au regard de votre pratique d entreprise, de l octroi de la confidentialité aux juristes d entreprise? En abordant la question de manière rétrospective, je pense qu il convient dans un premier temps de constater que le positionnement du juriste d entreprise a beaucoup évolué dans la dernière décennie. Les services juridiques sont de plus en plus souvent rattachés à la Direction Générale, modèle d organisation d ailleurs retenu par le groupe Alstom. De plus, avec le processus de globalisation et l influence croissante des cadres réglementaires, la fonction juridique prend maintenant pleinement sa place au sein des organes de décision de l entreprise. Le processus de juridicisation de la pratique contractuelle internationale devrait accentuer ce phénomène dans les années à venir. Dans ce contexte, la question du statut du juriste d entreprise prend à mon sens une nouvelle dimension. Le récent rapport Prada conduit à cet égard vers une réflexion qui me paraît absolument nécessaire. Pratiquant depuis 18 années dont 12 en dehors de la France au sein d un groupe aux implantations géographiques très diversifiées, je partage substantiellement les analyses de ce rapport soulignant notamment que le juriste d entreprise français se trouve désavantagé à l égard de nombreux homologues étrangers. Nos collègues suisses, allemands, anglais ou américains, parmi d autres, peuvent maintenir leur appartenance au Barreau tout en pratiquant en entreprise. Cela ne semble pas poser de problèmes particuliers dans ces juridictions et favorise le renforcement du statut du juriste dans l entreprise. Dans mon cas personnel, je trouve un peu paradoxal que tout en ayant les diplômes requis pour l inscription en qualité d avocat en France, je suis en fait obligé de m appuyer sur mon appartenance à un Barreau étranger pour améliorer la protection de mes écrits. J ai conscience du fait qu il y a encore beaucoup de discordances au sein des cercles professionnels sur la meilleure approche à retenir. Le rapport Prada me semble à cet égard offrir des propositions intéressantes et pragmatiques. De plus, il a le mérite de faire une analyse objective de la situation avec le souci de renforcer le positionnement de la profession dans un contexte international. C est ce point précis qui a retenu toute mon attention car vu de l étranger, je pense que les communautés juridiques en France doivent s efforcer de trouver un terrain d entente afin de dégager collectivement et solidairement des solutions permettant une plus grande unicité des professions et, par voie de conséquence, un meilleur rayonnement international. Lorsque je suis en déplacement aux Etats-Unis, mes interlocuteurs ne se posent pas la question de mon statut professionnel, à leurs yeux je suis un «lawyer» et c est la seule qualité qui compte. Mon souhait personnel serait que nous puissions parvenir à une reconnaissance similaire en France, à savoir une évolution allant dans le sens d une plus grande harmonisation des statuts professionnels, ce qui permettrait de renforcer la «L octroi de la confidentialité des correspondances est un sujet important mais je pense que c est plus globalement à la question du statut du juriste d entreprise qu il faut s atteler.» communauté juridique française dans son ensemble. Je mesure pleinement à cet égard les nombreux efforts déployés par l AFJE pour contribuer avec tact et diligence à l élaboration d un statut adapté et valorisant pour la profession de juriste d entreprise. C est une action qu il faut saluer et encourager. Propos recueillis par Hervé Delannoy

LexisNexis Formations Conférences - Séminaires - Formations sur mesure Poser la question «A quoi cela sert de se former?», c est poser la question «A quoi cela sert d être performant?» Dmitriy Shironosov - istockphoto.com 552 029 431 RCS Paris 11C165-05/2011 Les professionnels du droit et du chiffre doivent en effet intégrer dans leur emploi du temps la mise à jour de leurs connaissances et l intégration de nouveaux savoirs. C est une nécessité pour rester efficace. C est aussi un devoir pour mieux conseiller leurs clients. LexisNexis Formations est spécialisé dans la formation juridique et fiscale grâce à une forte synergie avec les rédactions du JurisClasseur et l irremplaçable réseau d auteurs du groupe. Pour vous, c est la garantie de conserver un temps d avance en restant à la pointe de l actualité ; de rencontrer d éminents professionnels en partageant avec eux les meilleures pratiques ; et de gagner immédiatement en efficacité sur vos dossiers. Pour découvrir nos prochains programmes http://formations.lexisnexis.fr Tél. 01 45 58 90 36

FORMATION CONTINUE JURISTES D ENTREPRISE : QUELLE FORMATION CONTINUE? 10 I REGARDS ET RETOURS D EXPÉRIENCE P. 11 A t-on un jour fini de se former? Rémy Sainte Fare Garnot P. 13 Le témoignage d un directeur général Entretien avec Francis Cordelette P. 15 L autoformation est fondamentale Entretien avec Jean-François Guillemin P. 18 Une mise à jour des connaissances juridiques, primordiale! Entretien avec Pascal Cesbron-Lavau, Virginie Delpech et Stéphanie Coffe P. 22 Point de vue de 3 juristes d entreprise de PME Entretien avec Philippe Rouet, Béatrice Mortun et Stéphane Canepa P. 25 La formation continue, un révélateur de votre détermination Séverine Bierré II FORMATIONS CONTINUES JURIDIQUES P. 28 Une fac pionnière de formation durant toute la vie! Entretien avec Sophie Schiller P. 29 Des formations continues diplômantes compatibles avec une activité professionnelle Le savoir faire de l IDEA Lyon (Université Lyon 3) Interview du Professeur Blanche Sousi P. 33 Le savoir-faire de l IDA Aix-Marseille Didier Poracchia P. 36 La formation des fiscalistes au rythme des lois de finance Laure Casimir P. 38 Acquérir de nouveaux outils et de nouveaux réflexes Entretien avec Olivier Laffaille P. 42 Les atouts d un juriste français exerçant en Angleterre Stephan Grynwajc P. 43 La formation continue des juristes d entreprise en Allemagne Bénédicte Querenet-Hahn III FORMATIONS CONTINUES NON JURIDIQUES P. 44 Soft Skills juridiques au cœur des évolutions organisationnelles Nathalie Estellat-Guilhot, Market GDF SUEZ P. 45 L intérêt du bilan de compétences dans un parcours professionnel Bernard Rousselet P. 47 Une initiative de Paris 2 Panthéon-Assas en partenariat avec l AFJE : Executive MBA P. 48 Un professionnel de la formation qui met l accent sur le développement personnel Catherine Godfroy P. 49 Etre acteur de son parcours professionnel! Entretien avec Catherine Sponchiado P. 50 L IAE, un des diplômes les plus adaptés à la formation continue des juristes d entreprise IV- CONCLUSION P. 51 Glossaire P. 52 Vous avez pensé «Employabilité»... Marc Bartel P. 53 Votre campus AFJE : l autre grand évènement annuel de l AFJE Hervé Delannoy

Regards et retours d expérience FORMATION CONTINUE A t-on un jour fini de se former? Rémy Sainte Fare Garnot, Administrateur de l AFJE, conseil de direction générale et chercheur associé à l EDHEC Dans un monde de plus en plus exigeant et soucieux de résultats immédiats, pourquoi consacrer une partie de notre «précieux temps» à la formation? prioritaire, d accessoire, ou encore de dépassé. pour que ce type d investissement produise les résultats attendus. Rémy Sainte Fare Garnot En 2011 peut-on et doit-on encore, former et se former? Divers facteurs expliquent, en tous cas le débat. Il existe, on le sait, des interrogations, parfois des réticences vis à vis de l idée même de «transmission» de la part de pédagogues, ou de sociologues, et il est facile de constater qu au-delà de l indiscutable valeur de l expérience qui s acquiert avec le temps, certains juristes ont un désir d échapper aux cadres imposés et de «s auto-éduquer». De même, l évolution de nos sociétés, rapidité, manque de disponibilité, le boom des technologies et l abondance de l information disponible, etc., pourraient créer un doute sur la formation permanente telle qu elle se pratique depuis des décennies. Cette distanciation s explique : pression du quotidien, multiplication des sollicitations une fois que l on est en activité, parfois même difficulté à faire financer le programme sélectionné, mais aussi le profil psychologique personnel. Autant de raisons qui pourraient donc inciter à considérer la formation continue comme quelque chose de non- Pourtant l offre de formation est abondante et elle constitue un marché qui suscite des convoitises. Ainsi a t-on relevé que la formation continue est devenue un pilier du développement des business schools (1). N y a-t-il donc pas là une sorte de paradoxe? Et, au final, qu est-ce qui légitime la formation permanente? Evidemment, les attentes des employeurs qu il s agisse d entreprises ou de cabinets. Dans un opuscule consacré aux métiers du droit (2), l auteur, J.P. Meyronneinc, journaliste, évoquant «les trois péchés des juristes», soulignait que «si les connaissances techniques du droit sont généralement reconnues aux étudiants, tous les recruteurs déplorent trois carences majeures : les langues étrangères, l ouverture à d autres disciplines et l informatique». L analyse pourrait être actualisée, elle n en reste pas moins juste. Les motivations des intéressés comptent tout autant. Si pour celui ou celle qui est en poste et qui cherche une bonne réponse à un désir de progression, ou plus simplement pour consolider son «employabilité», le ciblage de l option la meilleure se révèle parfois un exercice délicat, il n en demeure pas moins que cette envie, cette soif de combler des lacunes, ou d être plus efficace, est une condition essentielle Bien entendu comptent tout autant la qualité des contenus des formations comme les méthodes pédagogiques. L enseignement destiné aux professionnels en activité peut difficilement n être que théorique. Peut-il, à l inverse, se réduire simplement à des mises en situations et à des exercices pratiques? Quel est le bon moment ou le bon tempo pour assimiler de nouveaux éléments, vrai break ou cours du soir, que privilégier? Autant de vraies questions. Nous avons tenté d y répondre puisque ce sujet de la formation constitue l un des axes stratégiques de l action menée depuis des années par l AFJE (voir encart). Et, plutôt que de s en tenir à une approche théorique, nous avons souhaité illustrer ce thème de la formation des juristes en activité en recueillant divers points de vue. En présentant ce dossier spécial «formation continue» venant après le dossier la Formation initiale (JEM N 7), l AFJE souhaite actualiser la réflexion sur les voies offertes aux juristes en activité. Ce dossier, sans prétendre à l exhaustivité, s articule donc autour de divers témoignages. Nous les avons recueillis à la fois auprès de ceux qui ont pu tirer parti de solutions qu ils ont su trouver ou faire valider, mais aussi auprès de ceux qui, dans l entreprise, à un niveau ou à un autre, 11 (1) Ginibrière G., «Formation continue : les cadres expérimentés montent en gamme», Le Figaro Réussir, 22 juin 2009 ; (2) Les métiers du droit, Le Monde de l éducation Marabout, octobre 1994, p.144.

FORMATION CONTINUE Regards et retours d expérience travaillent avec les juristes d entreprise et qui ont, eux-mêmes, des attentes à leur égard. Enfin, nous avons interrogé divers spécialistes, formateurs ou prescripteurs de formation, universitaire ou autres. Tous ces témoignages concordent pour attester des bénéfices à attendre d une mise à niveau régulière des connaissances comme des savoirfaire. Plaisir d apprendre ou de réapprendre, assurance sur l avenir, aptitude à mieux contribuer à la réussite d une aventure entrepreneuriale, la formation continue a de nombreux atouts. Puisse ce dossier vous aider à cibler la ou les prochaines étapes de votre propre stratégie. Qu ils en soient ici tous chaleureusement remerciés. Ainsi pourrez-vous découvrir leurs contributions regroupées autour de trois axes : 1. Regards et retours d expériences, attentes et champs de progression pour les juristes. 2. Les formations continues à dominante juridique. 3.Les formations continues sur des thèmes non-juridiques (Autres disciplines, Management). L AFJE s est depuis de longues années investie sur ce thème de la Formation et l une des manifestations les plus récentes de cet engagement continu a été la manifestation organisée en partenariat avec Paris I et la Mairie de Paris le colloque à la Sorbonne «Juristes d entreprise Formation et Emploi». Tout récemment encore, son président, Jean Charles Savouré, déclarait à l occasion de l assemblée générale 2010 : «Parmi tous les services que l AFJE propose à ses adhérents, les services de formation arrivent en tête qu il s agisse de nos Ateliers, organisés avec nos partenaires avocats, ou de nos activités au sein de nos Commissions thématiques. Le contexte s y prête : avec la complexité croissante de la matière juridique, l acquisition et le perfectionnement des compétences sont aujourd hui des nécessités quotidiennes pour les juristes d entreprise que nous sommes.». Découvrez à la fin de ce dossier, la présentation de la nouvelle initiative de l AFJE : CAMPUS AFJE 12

Regards et retours d expérience FORMATION CONTINUE Le témoignage d un directeur général «Les juristes doivent se former et former» Entretien avec Francis Cordelette, directeur général de Boulanger Francis Cordelette Pouvez-vous nous présenter votre entreprise? Boulanger regroupe 6000 personnes, 97 magasins et a réalisé en 2010 un chiffre d affaires HT de 1,368 milliards d euros dans son activité de vente d appareils électroménagers, le tout en France. Sa holding HTM groupe dont je suis également Directeur Général, développe par ses filiales d autres activités : Electro dépôt pour le hard discount (40 magasins,400 millions de CA), HTM Pro pour l activité de grossiste, Web distribution pour la vente par Internet, et 3 start up B for Pro pour l assistance informatique aux TPE, Clictel pour la télé assistance électro-domestique, Lokéo pour la location, et enfin une activité de sourcing pour la marque propre. Toutes ces activités fonctionnent sur la base d un projet, un patron et un conseil de surveillance propre. Le CA HT cumulé de ces activités a atteint 1,785 milliards d euros en 2010 et poursuit sa progression. Nous sommes également en cours de croissance externe avec le projet de rachat de Saturn France en attente d obtention des validations des autorités de la concurrence. Comment sont organisés vos juristes? PARCOURS La holding HTM groupe n a pas d activité autre que la détention des titres. Le service juridique de Boulanger est dirigé par Christophe Beyret qui avec ses deux collaboratrices s occupent essentiellement du droit des sociétés, immobilier et concurrence distribution. Ce service est rattaché à la direction financière tandis que les 3 juristes en droit social de Boulanger sont rattachés à la DRH. Electro-dépôt dispose également de 3 juristes traitant l immobilier, la concurrence et le droit social. Le service juridique de Boulanger fournit des prestations juridiques aux autres sociétés du groupe n ayant pas de juristes. Comment voyez-vous la formation des juristes? Tout d abord nos juristes sont en charge de la formation interne des directeurs de magasins et de nos responsables commerciaux, chefs de produits, notamment en droit de la concurrence et de la distribution. Ils interviennent par exemple dans le cursus des jeunes directeurs de magasins et sont en première ligne pour former et former en continu également. Il n y a pas de meilleure formation en droit de la concurrence que celle des juristes de l entreprise. Cette école interne, l Ecole des Métiers ne peut pas former par contre nos juristes qui ne sont pas assez nombreux pour cela. Ils se forment donc à l extérieur de l entreprise auprès de différents organismes de formation. Pour eux la meilleure formation est à l extérieur. C est donc à eux de se prendre en charge. Nous sommes bien évidemment ouverts à la forma- Francis Cordelette a une double formation d ingénieur alimentaire et en économie d entreprise. Entré chez Auchan après ses études, il a exercé successivement les responsabilités de chef de rayon, directeur d hypermarché et directeur régional pour prendre ensuite pendant 9 ans la direction générale d Auchan France puis la présidence d Auchan France. En 2003, il devient directeur général de Boulanger et de HTM qui ont le même actionnaire familial qu Auchan. 13

FORMATION CONTINUE Regards et retours d expérience 14 tion directement en relation avec leur expertise métier. Y compris pour des formations non juridiques? Tout est ouvert pour renforcer leur compétence et leur expertise. Comme dit le dicton, il faut former pour plus tard ne pas réformer. Le problème pour nos juristes est plutôt pour eux de libérer du temps pour se former. Vos juristes forment vos équipes de vente. Sont-ils formés à vos métiers? A l entrée dans l entreprise ils suivent comme les autres nouveaux embauchés le parcours d intégration d une durée de l ordre de trois mois où ils découvriront les grands métiers de l entreprise. Une particularité à ce sujet : Boulanger est une entreprise de vente pas de distribution; Plus que d aligner des linéaires c est du conseil à la vente qu il faut fournir. Quand nos juristes forment nos équipes ils se forment aussi aux métiers de l entreprise. Voyez-vous une différence entre la formation des juristes et celles des autres collaborateurs? Le droit est quelque chose qui évolue très vite et à ce titre les juristes doivent être en formation continue et perpétuelle. Nous avons besoin d experts pointus, pas forcément nombreux mais pointus. Il est clair que la formation fait partie de leur expertise. Les sujets évoluent aussi, et les domaines juridiquement sensibles changent avec le temps. Ce ne sont pas toujours les mêmes. Mais de façon générale la société est de plus en plus sensible au juridique. Comment travaillez-vous avec vos juristes? Mon directeur juridique est mon bras droit dans les négociations. En ce moment par exemple nous travaillons ensemble pour notre dossier auprès des autorités de la concurrence. Il est effectivement rattaché au directeur financier mais j ai de larges plages de travail avec lui directement. Notre mode de travail est très fluide et non protocolaire. Le juriste est là pour éclairer, mettre les garde-fous, allumer les feux vert, orange ou rouge. Mais ce n est pas le juriste ou le droit qui doivent diriger l entreprise. L entreprise ne peut pas être dirigée que par le droit.

Regards et retours d expérience FORMATION CONTINUE L autoformation est fondamentale Entretien avec Jean-François Guillemin, secrétaire général du Groupe Bouygues Face à des matières juridiques de plus en plus complexes et abondantes, le juriste d entreprise, qui a un rôle de régulateur dans la société dans laquelle il travaille, se doit de se former en permanence par le biais de lectures mais aussi de l université. Jean-François Guillemin, longtemps directeur juridique du groupe Bouygues et aujourd hui Secrétaire Général du groupe en charge des questions juridiques, nous explique les enjeux de cette autoformation et de la formation universitaire. Jean-François Guillemin Quelle est votre formation initiale? Avez-vous complété vos bases et eu recours, en cours de carrière, à la formation permanente? Ma formation initiale est tout à fait classique. J ai été étudiant à Paris II et j y ai obtenu un Doctorat d État en droit privé. Pendant que je préparais ma thèse, j ai exercé la mission d assistant auprès de professeurs auxquels je dois beaucoup. Je ne regrette absolument pas cette période. Bien au contraire, elle m a beaucoup apporté. Certes elle me préparait à mener une carrière universitaire, alors que j ai un jour pris une orientation différente. Mais je n hésite pas à affirmer que cette période m a bien préparé à exercer mes fonctions actuelles : le contact permanent avec ces professeurs, l enseignement, la recherche, ce lourd travail de rédaction sous l autorité de mon directeur de thèse c est cela, me semble-t-il, qui m a appris à être clair et à approfondir les sujets. Avec la patience et la rigueur, la thèse apprend à maîtriser un sujet complexe et de grande ampleur. On mesure l apport d une telle expérience lorsqu on est en charge d un arbitrage important ou d une grande opération de croissance externe. Après avoir quitté l université, découvrant l activité de juriste d entreprise, j ai bien sûr compris très vite la nécessité de toujours poursuivre sa formation. La pratique est certes une dure école, elle nous met dans des situations incroyablement variées et souvent inédites. Mais l accumulation des expériences ne suffit pas. Il faut se former! Enseigner est un moyen particulièrement efficace. J ai eu la chance d être maître de conférences à Sciences Po sous l autorité de Bruno Oppetit. Il n y a rien de tel que de se retrouver devant des étudiants pour moderniser et approfondir ses connaissances! Malheureusement je n ai pu continuer car les dossiers s accumulaient et je n avais plus assez de temps. Comme tous, j assiste à des séminaires ou à des colloques, auxquels parfois «Le premier objectif me semble-t-il est la circulation des compétences et expériences au sein même du groupe.» j apporte une contribution. Mais le plus important sans aucun doute est l autoformation, cette discipline indispensable à laquelle doit s astreindre le juriste : la curiosité quotidienne, toujours lire la doctrine en sélectionnant les bons auteurs, enrichir sa base de données ou sa documentation personnelle, se donner toujours le temps de lire les textes et la jurisprudence tout cela est élémentaire et fondamental. Comment se déroule la formation dans le groupe Bouygues pour l ensemble des collaborateurs? L une des responsabilités essentielles des directeurs juridiques est d aider leurs juristes à se former. Les grandes entreprises ont des moyens mais il faut s en occuper. Le risque est que les semaines, les mois passent sans que suffisamment de temps ne soit consacré à la formation. Il faut se méfier du sentiment rassurant que procure l intense activité du service 15

FORMATION CONTINUE Regards et retours d expérience 16 juridique. Les dossiers, voyages, négociations, audiences, se multiplient donnant à chacun la satisfaction de répondre pleinement aux attentes de clients internes. L action est une drogue dure et le juriste d entreprise est au fil des ans en risque de se transformer en homme d affaires exclusivement tourné vers le résultat alors que son rôle est aussi et surtout celui d un expert, certes de plus en plus immergé dans l action, mais un expert qui gère des risques et apporte des solutions solides. Les outils de formation sont très divers dans le groupe Bouygues. La formation se fait plutôt métier par métier pour se rapprocher du terrain et des activités : le BTP, la route, la promotion immobilière, la téléphonie mobile et la télévision. Ce sont des métiers très différents. La formation d un juriste de la construction n est pas celle dont a besoin TF1. Le premier objectif me semble-t-il est la circulation des compétences et expériences au sein même du groupe : il faut que les directeurs juridiques veillent à ce que celui qui a bâti une compétence solide dans une matière ou qui a vécu une expérience particulièrement intéressante dans un dossier la transmette aux autres juristes au moyen d une formation, d une note, ou lors des réunions de service. Il existe aussi beaucoup de formations assurées par les juristes pour les non juristes au sein du groupe. La mission du juriste est de diffuser le droit dans l entreprise et ce n est pas seulement en intervenant dans les dossiers. Nous le faisons beaucoup par exemple en droit de la concurrence ou en droit social. Dans ce groupe, nous aimons aussi être formés par les professeurs de droit car ils sont tout simplement des formateurs professionnels qui cherchent, qui écrivent et qui souvent ont l occasion de se «Dans ce groupe, nous aimons aussi être formés par les professeurs de droit» frotter à des situations originales et très variées. Nous leur demandons d assurer régulièrement des formations, par exemple sous forme d un panorama de l actualité de l année. Il existe aussi quelques organismes que les directeurs juridiques utilisent pour des formations de base sur des sujets récurrents et incontournables. Et bien sûr nos conseils, nos avocats, sont aussi des formateurs. Nous les sollicitons non pas seulement pour nous doter de moyens supplémentaires mais aussi pour acquérir des connaissances que nous n avons pas. Quel rôle doit jouer, selon vous, l université dans la formation continue des juristes, sachant que c est un univers dont vous êtes très proche? Votre question est très importante et pertinente. En France, lorsqu on quitte l université diplôme en poche, on a le sentiment de franchir une porte qui se ferme définitivement derrière vous. Le seul moyen d y revenir est d enseigner, mais bien sûr un tel retour ne peut être offert qu à quelquesuns. J ai une idée simple qui je crois serait très utile. Il n est pas possible, ou du moins extrêmement difficile, pour un professionnel de suivre, en étant en activité, un cursus universitaire classique complet, par exemple un Master 2. En revanche, suivre un enseignement, ou même deux cours, tout au long d une année universitaire, rentre dans le domaine du possible. Par exemple si j ai besoin que l un de mes collaborateurs fraichement arrivé acquiert une compétence en droit boursier, je souhaiterais que cette personne puisse suivre un cours de Master 2 et passe un examen à l issue de cette formation. Pourquoi réserver ces cours de grande qualité aux seuls étudiants? Pourquoi ne pas les ouvrir aux professionnels en cours de carrière? Les universités pourraient ainsi délivrer ce qui pourrait s appeler un «certificat de spécialité». Ce serait aussi pour elles un moyen de collecter cet argent dont elles ont tant besoin. La présence au sein des Masters 2 de quelques professionnels «La performance juridique est désormais sans aucun doute l un des facteurs de compétitivité de l entreprise» sélectionnés par l université elle-même serait également très positive pour les étudiants mais aussi pour les enseignants. Voici une façon efficace et utile de rapprocher les universitaires et les étudiants, des entreprises. Vous avez compris que je suis particulièrement attaché à l université et que je regrette beaucoup que ses enseignements ne soient pas plus ouverts aux professionnels. C est une déperdition de richesse très regrettable! Pensez-vous que l université est loin de l entreprise? J ai déjà répondu en partie. L enseignement universitaire est-il éloi-

Regards et retours d expérience FORMATION CONTINUE gné des besoins des entreprises? Je vais peut-être vous surprendre mais pour moi ce n est pas le cas. Et j en rajoute! L enseignement du droit est pour moi dans un premier temps nécessairement académique, magistral! Il faut appendre un langage, pénétrer dans un univers particulier, se structurer l esprit. Il faut disposer d une technique. La théorie juridique est fondamentale. Il y a également un noyau dur de matières que les universités doivent absolument enseigner. Je ne recruterai pas un juriste qui a obtenu par équivalence un diplôme de droit sans avoir suivi la première et la deuxième année. Je sais que cela lui manquera et qu il ne rattrapera pas ce retard. L université propose ensuite des diplômes spécialisés et ouverts sur la pratique dont les entreprises ont besoin ; elles ont conclu des accords avec beaucoup d universités étrangères d énormes progrès ont été réalisés. Des progrès qu il faut d autant plus remarquer et saluer que nos universités sont encore très peu autonomes et sont toujours aussi pauvres. Le profil des professeurs change aussi. L évolution actuelle est positive. Certes ma vision est sans aucun doute celle d un professionnel qui connaît essentiellement les universités parisiennes, particulièrement Paris II dont je suis administrateur. Mais les DJCE «Je suis particulièrement attaché à l université et que je regrette beaucoup que ses enseignements ne soient pas plus ouverts aux professionnels» sont aussi un exemple. Je me pose cependant une question. Le Master 1 n est-il pas trop long? Ne faudrait-il pas ramener à trois ans cette formation de base pour permettre aux étudiants de bouger et d obtenir deux Masters 2, ces cursus essentiels où ils mettent tout en place et commencent à bâtir de solides compétences dans un domaine de spécialité. Il est vrai aussi que beaucoup reste à faire. Il existe encore un grand fossé entre les universités et les entreprises. Il existe aussi de grandes carences dans l enseignement des langues et dans la pluridisciplinarité, les juristes ont vraiment besoin d une acculturation aux domaines de la comptabilité et de la finance par exemple. Mais je sais qu il ne faut pas tout attendre d un cursus universitaire. Ce serait une erreur grave. La formation est aussi l affaire des professionnels. C est aux professionnels de faire de l étudiant un professionnel, nous seuls sommes en situation de leur apporter cette nouvelle dimension! Et c est un devoir que nous avons aussi visà-vis de notre entreprise : ceux qui connaissent la richesse et la complexité de chaque activité industrielle, l originalité de chaque entreprise me comprendront. La performance juridique est désormais sans aucun doute l un des facteurs de compétitivité de l entreprise, c est un savoir-faire que le directeur juridique doit bâtir au sein de l entreprise, notamment en formant ses collaborateurs. Propos recueillis par Catherine Sponchiado et Éloïse Ringenbach 17

FORMATION CONTINUE Regards et retours d expérience Une mise à jour des connaissances juridiques, primordiale! Et qu en pensent leurs pairs? Entretien avec Pascal Cesbron-Lavau, DAF du groupe IPH (distribution de fournitures industrielles), Stéphanie Coffe, DRH de Lacoste SA, Valérie Delpech, spécialiste Enseignes, Innovation et Accompagnement au changement de Go Sport et Sandrine Roger, DRH de Sitour Merchandising (fournisseur de la grande distribution) Stéphanie Coffe Archibald&Abraham 2011 18 Quelles sont les qualités que vous attendez d un juriste d entreprise? PCL : j attends d un juriste d entreprise qu il ait le sens des affaires, qu il soit disponible et qu il ait un esprit pragmatique. Le juriste d entreprise, pour la signature de tous types de contrats, est un support vital. Il doit être extrêmement disponible, c est important aussi pour moi qu il sache recourir à des compétences externes, qu il en connaisse les limites ; s il ne connait rien au domaine informatique, il aura recours à des avocats spécialisés. Diplomate et fin négociateur, il doit allier solidité dans ses choix et sens du business. réalité économique de son entreprise et de son environnement lui permettront également d appréhender au mieux ses missions et être force de proposition. VD : Le juriste d entreprise a un véritable poste clé dans l entreprise ce qui d une certaine façon rassure les collaborateurs, souvent peu armés pour traiter les éventuels problèmes juridiques. Chez nous, il est principalement de trois ordres : les droits liés à la protection des marques et aux relations avec les distributeurs, les problèmes de qualité et de normes et enfin le droit de la concurrence. Les questions les plus récurrentes sont liées aux sujets de propriété intellectuelle, de réglementations de prix. Nous attendons du juriste des avis courts et compréhensibles pour un commercial, en langage le moins technique possible et qui défendent au mieux les intérêts de notre enseigne. Par exemple, avant les périodes de soldes ou promotionnelles, le juriste doit faire un rappel des principes-clés. Avant les rounds de négociations, il doit remémorer les droits et devoirs, les conditions générales de vente et leurs limites. Que pensez-vous de la formation continue dans le domaine juridique? SR : Nous avons un juriste social. SC : l activité juridique de Lacoste SA requiert trois types de profils de juristes d entreprise ; expert en propriété intellectuelle (lutte anti-contrefaçon) en contrats (licences, sponsorings, ) et en distribution sélective. Connaissance et expertise technique sont essentielles mais l ouverture d esprit et la créativité sont de réelles qualités pour un juriste d entreprise. Sa capacité à intégrer et à comprendre la PARCOURS : STÉPHANIE COFFE Stéphanie Coffe, diplômée de l École Supérieure de Commerce et d Administration de Paris, a commencé sa carrière en 1997 en tant que responsable administrative des visiteurs médicaux dans le groupe Cider Santé. Entrée en 1999 dans le groupe Daimler Chrysler Services France en tant que responsable paie et gestion administrative du personnel, elle est nommée en 2002 responsable gestion des carrières puis Directrice des Ressources Humaines. Elle entre au même poste chez Lacoste S.A. en 2008. Aujourd hui, elle y est Directrice des Ressources Humaines et des Services Généraux.

Regards et retours d expérience FORMATION CONTINUE Pascal Cesbron-Lavau d adaptation et à prendre du recul, l autoformation permanente et un bon relationnel aussi bien avec les salariés, les RH et la Direction, il doit savoir donner confiance. PCL : Le droit est en perpétuelle évolution ; le droit fiscal et le droit de la distribution changent beaucoup, des nouvelles lois et règlements apparaissent successivement lors de ces dernières années. SC : Cela me semble indispensable afin de suivre au plus près l évolution des lois et de la jurisprudence. Cette PCL : Le juriste peut être amené à gérer une équipe, c est pourquoi les deux grands domaines dans lesquels je les conseillerai de suivre une formation, serait le Management et la Négociation. Les études de juriste ne préparent pas à cela, la négociation n est pas forcément dans son cursus initial. Il faut aussi qu il s imprègne du milieu et qu il soit ancré dans la réalité économique de l entreprise. J ai pour ma part, fait suivre une formation interne de Management à mon juriste. Après avoir sécurisé les process courants de l entreprise liés à la législation du travail (mise en place de trames type : contrats de travail, avenants, divers courriers ), il nous apporte au quotidien tous les éléments clés en matière de jurisprudence. Cet apport est précieux dans la mise en place de projets stratégiques de changement (évolution de la législation ou de la Convention Collective, restructuration de l entreprise) et dans le traitement des procédures disciplinaires. Il traite également les contentieux prud homaux et représentent notre entreprise devant les juridictions. Depuis l année dernière, notre juriste social assure un mandat de conseiller prud homal dans le Val d Oise, ce qui lui a permis d avoir une ouverture d esprit encore plus importante sur la diversité des contextes d entreprise. Les qualités et les aptitudes essentielles du métier de juriste social sont l écoute, la curiosité, la capacité PARCOURS : VALÉRIE DELPECH PARCOURS : PASCAL CESBRON-LAVAU mise à jour régulière des connaissances juridiques est une valeur ajoutée incontestable pour le juriste. VD : Un juriste devrait avoir une formation continue une fois par trimestre. J ai peu d informations sur la manière dont nos juristes s alimentent sur les derniers textes en vigueur. Si vous deviez faire suivre des formations autres que juridiques à votre juriste d entreprise, lesquelles et pour quelle raison? Valérie Delpech a obtenu un doctorat en littérature américaine de l université de Sorbonne- Paris IV. Elle a commencé sa carrière comme Directrice des achats lingerie chez Marks & Spencer au Royaume-Uni puis comme Directrice des achats lingerie et chaussants balnéaires aux Galeries Lafayette. En 2004, elle est nommée Directrice des Achats au BHV en charge du développement du concept Rivoli. En 2007, elle devient Directrice Commerciale Maison du groupe Galeries Lafayette. Depuis le premier septembre 2010, elle est Directrice de l Offre, Merchandising et Concepts chez GO Sport. Pascal Cesbron-Lavau, diplômé d HEC, a débuté sa carrière chez Arthur Andersen comme auditeur. Entré en 1997 chez PPR en tant que Secrétaire Général adjoint de Redcats, il est nommé en 2000 directeur Administratif et Financier de Redcats USA, puis, quatre ans plus tard, directeur Général de CFAO Technologies. En septembre 2007, il est nommé directeur Administratif et Financier du groupe Bonduelle. Depuis mai 2009, il est directeur Administratif et Financier du groupe IPH. SC : Outre les connaissances techniques juridiques nécessaires à un juriste d entreprise, il est important qu il puisse acquérir aisance relationnelle, capacité d écoute afin de cerner au mieux les problématiques liées à ses missions. L ouverture aux techniques de management (aussi bien hiérarchiques que transversales) est également essentielle. VD : Plus que des formations autres que juridiques, j insisterai d avantage sur l acquisition de compétences en communication et en compréhension des éventuels changements stratégiques. Propos recueillis par Éloïse Rigenbach 19

PUBLI-RÉDACTIONNEL «Made in client» : un regard différent sur la formation Entretien avec Anne Colmet Daâge, Avocate Associée, Responsable Formation et Stéphane Baller, Associé en charge du Développement d Ernst & Young Société d Avocats. Que ce soit dans le domaine fiscal, juridique ou social, votre catalogue de formations est impressionnant pour un cabinet d avocats. Comment l avez-vous conçu et à qui sont-elles destinées? Pour construire ce catalogue, un seul objectif : répondre aux demandes exprimées par nos clients depuis quelques années, aux enseignements de notre Observatoire des Formations Fiscales, et permettre à terme de proposer une plate-forme pédagogique des questions de droit social. Les organismes de formation spécialisés suivent un modèle commercial: vendre un maximum de obligations de formation de nos confrères avocats, experts-comptables et celui des professionnels du droit en entreprise et trouver un sponsoring le coût de formation est principalement lié au national comme international nous proposons nos clients et de leurs équipes; les moyens marketing besoins. Vos formations sont-elles sur mesure? Le sur mesure a un coût, et force est de constater lourdement dans la formation, notamment des jeunes collaborateurs. Pour proposer un cadre actuels, nous misons dans un premier temps sur des de formations internes nous dispensons 40 000 adaptées aux entreprises de tous secteurs suivant les besoins exprimés. proposer à des entreprises de satisfaire uniquement à leurs obligations légales de formation mais avant tout, que ces formations aident les participants à skills 1 Parmi nos récentes réalisations sur mesure originales, 2, la création de rencontres annuelles grandes entreprises internationales, ou bien encore Risques commercial, pénal, ou de réputation, crises de liquidités Les entreprises sont confrontées à de nombreuses évolutions économiques. Comment vos formations les préparent-elles à répondre à ces enjeux?