RÉSOLUTION EUROPÉENNE



Documents pareils
RÉSOLUTION EUROPÉENNE

Favoriser la croissance verte à l aide des brevets

Propriété intellectuelle en informatique

Savoirs traditionnels et indications géographiques

LE MONITORING DE LA BIODIVERSITE EN SUISSE. Hervé LETHIER, EMC2I

Prise de position du CNUE concernant la proposition de directive horizontale relative aux droits des consommateurs

Normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMPs)

1st International Workshop on Harmonization of GMO Detection and Analysis in the Middle East and North Africa (MENA) Region

des sûretés Jean-Jacques LECAT Avocat Associé jean-jacques.lecat@cms-bfl.com Pierre Marly Avocat Associé pierre.marly@cms-bfl.

Rapport de certification

Certificat d Etudes Spécialisées 2015 PROPRIETE INTELLECTUELLE ET NOUVELLES TECHNOLOGIES

MARKETING INTERNATIONALES DES PRODUITS AGRICOLES

SYSTEMES DES SEMENCES DE L OCDE

Rapport de certification

Prise de position du CNUE concernant la proposition de directive horizontale relative aux droits des consommateurs

2.2 Objet du contrôle Il y a lieu de vérifier les points suivants de manière individuelle ou combinée.

La production de Semences potagères

N 1020 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE RÉSOLUTION EUROPÉENNE

Via Volontariat International en Entreprise (V.I.E Pays de la Loire)

Cadre légal des CLD. Au Canada le développement socioéconomique relève de la juridiction des provinces

E 5095 TREIZIÈME LÉGISLATURE SESSION ORDINAIRE DE

DÉCLARATION SUR LES PROBLEMES ET ENJEUX FONCIERS EN AFRIQUE

Réf. : Normes : ST.10/C page : NORME ST.10/C PRÉSENTATION DES ÉLÉMENTS DE DONNÉES BIBLIOGRAPHIQUES. Note du Bureau international

Les obstacles : Solutions envisageables :

REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS. LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu l arrêt suivant :

La circulation agricole

D où viennent nos semences. Visite virtuelle d un site de production de semences de maïs Monsanto

MARCHE PUBLIC DE TRAVAUX ACTE D ENGAGEMENT. Maître d ouvrage : Commune de GARNERANS , chemin du Centre

TRACABILITE DANS LE SECTEUR AGROALIMENTAIRE, J-4 mois : ÊTES-VOUS PRÊTS?

Communication. Mardi 4 novembre h 30. Commission des affaires européennes. X I V e L É G I S L A T U R E

NOTE D OPERATION. relative à l émission et l admission de

I- Echanges ou ventes pour une «exploitation non commerciale» :

Les diplômes. Session 2012

Les protections du médicament : la lutte des laboratoires pharmaceutiques contre la pression des génériques.

Rapport de certification

Digital DNA Server. Serveur d authentification multi-facteurs par ADN du Numérique. L authentification de confiance

ASSISTANCE ET RENFORCEMENT DES CAPACITÉS OFFERTS DANS D AUTRES INSTANCES INTERNATIONALES. Document soumis par l Unité d appui à l application *

Procédure relative à la protection juridique des majeurs vulnérables

Les dossiers de l enseignement scolaire. l Éducation nationale et la formation professionnelle en France

réglementation bio Partie générale bio, reconnaissable et contrôlé

LE DON : UN MODELE DE MANAGEMENT AU SERVICE DE LA COOPERATION

DÉCLARATION D INTENTION

Convention de stage. Entre. d une part, Et, d autre part, Concernant le stage effectué par l étudiant(e) :

Vérifier avant de lancer l'impression que le nombre et les libellés retenus pour l'impression sont bien ceux qui sont demandés.

Conditions générales d utilisation du portail web de FranceAgriMer et de ses e-services (téléservices)

34-Internationalisation des entreprises 166- Fonds Régional d Appui à l Exportation Annexe 2 VIE PAYS DE LA LOIRE

Regional Seminar for Certain African Countries on the Implementation and Use of Several Patent-Related Flexibilities

PROTECTION DE PRODUITS EN IG

Evolution des normes d échanges bancaires. Laurent Cantereau Marie Laure Demarquay

Le contrôle et la certification en agriculture biologique

Rapport de certification

Convention d utilisation de «e-services des AP»

Chaîne de Traçabilité UTZ Certified. Pour le Cacao Version 3.1 Juin 2012

TO BE RENAMED BEFORE PRINTING

Négociation ministérielle pour un prêt de la Banque mondiale

TUV Certification Maroc

Convention d utilisation de «Belfius Insurance Net»

N 110 S É N A T. 7 mai 2014 PROPOSITION DE LOI. relative aux comptes bancaires inactifs et aux contrats d assurance vie en déshérence.

Convention de stage. Entre. d une part, Et, d autre part, Concernant le stage effectué par l étudiant(e) :

Loi concernant l inspection environnementale des véhicules automobiles

LA TRANSFORMATION DE BUREAUX EN LOGEMENTS

industrielle Institut national de la propriété Protections des innovations de logiciels Stéphanie LEPARMENTIER

Cour d appel de Lyon 8ème chambre. Arrêt du 11 février Euriware/ Haulotte Group

Organisation actuellement en constitution

Comment protéger vos idées?

Rapport de certification

MYRIAD. l ADN isolé n est à présent plus brevetable!

REFERENTIEL DE CERTIFICATION


Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle revisée à Stockholm le 14 juillet 1967

E-Commerce Tutoriels TABLE DES MATIÈRES. Tutoriel 1 EC 1.01 Qu est-ce que le commerce électronique

Exigences internationales harmonisées pour la certification d un lot

«De l authentification à la signature électronique : quel cadre juridique pour la confiance dans les communications électroniques internationales?

PRÉPARER LA PREMIÈRE ÉPREUVE ORALE D ADMISSION OPTION EPS. DEVOIRS SUPPLÉMENTAIRES 1 et 2

S T A T U T S de L A S S O C I A T I O N R O M A N D E P O U R L A C E R T I F I C A T I O N D E S F O R ÊTS

PROTOCOLE RELATIF À L ARRANGEMENT DE MADRID CONCERNANT L ENREGISTREMENT INTERNATIONAL DES MARQUES

Rapport de certification

La saisie-contrefaçon Présentation générale

Validation des acquis de l expérience. Quelles démarches pour les agents publics? collection. Ressources humaines

Le Protocole de Nagoya sur l accès et le partage des avantages

PARLEMENT WALLON SESSION DÉCEMBRE 2007 PROJET DE DÉCRET

Michel Fortin 1 er Vice-président FTPF 26 janvier 2011

NOP: Organic System Plan (OSP) / EOS: Description de l Unité Information et documents requis

Lignes directrices pour l accès aux ressources génétiques et leur transfert

Agence Régionale des Territoires d'auvergne. Gérard Lombardi Marketing Territorial Relations entreprises Emploi

Six innovations technologiques anti-nsa qui pourraient bien

Fertiliser le maïs autrement

Le droit d auteur dans un environnement numérique : les positions de l IFLA et de l UNESCO 1

SÉNAT PROPOSITION DE LOI

LIGNES DIRECTRICES À L USAGE DES ORGANISMES RÉALISANT LA CERTIFICATION DE SYSTÈMES DE QUALITÉ POUR LES PROGRAMMES DE CONTRÔLE DU DOPAGE

Gestion Participative Territoriale :

MUNICIPALITÉ DE SAINT-CHARLES-DE-BELLECHASSE

Présentation du rapport d activité 2012 du Pôle commun ACP/AMF

CERTIFICAT DE SITUATION RELATIVE AUX COTISATIONS

Pour pouvoir fréquenter le restaurant scolaire, l inscription préalable est obligatoire.

ÉCOLE DES BEAUX ARTS DEMANDE D ADMISSIBILITÉ POUR L ANNÉE 2015/2016

Xi Ingénierie. La performance technologique au service de votre e-commerce. Comment exploiter les cookies sur vos applications web en toute légalité?

Délibération n du 27 septembre 2010

REPUBLIQUE TUNISIENNE. Ecole Supérieure d Agriculture de Mograne


Transcription:

N 63 S É N A T SESSION ORDINAIRE DE 2013-2014 17 janvier 2014 RÉSOLUTION EUROPÉENNE sur la mise sur le marché et la brevetabilité des semences et obtentions végétales (E 8314). Est devenue résolution du Sénat, conformément à l article 73 quinquies, alinéas 4 et 5, du Règlement du Sénat, la résolution adoptée par la commission des affaires économiques dont la teneur suit : Voir les numéros : Sénat : 218 et 272 (2013-2014).

Le Sénat, 2 Vu l article 88-4 de la Constitution, Vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la production et à la mise à disposition sur le marché de matériel de reproduction des végétaux (règlement sur le matériel de reproduction des végétaux) [COM (2013) 262 - E 8314], Sur les règles relatives à la production et à la mise à disposition sur le marché de matériel de reproduction : Accueille favorablement le regroupement des différents textes en vigueur dans un texte horizontal qui conserve les grands principes du droit en vigueur ; Souligne, en particulier, que l enregistrement des variétés et matériels permet à la fois de disposer d un référentiel pour les semences et matériels de reproduction autorisés, et de servir de base pour la protection intellectuelle des nouvelles variétés créées ; que la certification des lots donne la garantie que les matériels de reproduction mis sur le marché et échangés au sein de l Union européenne respectent les exigences de la réglementation européenne en matière d identité variétale et de qualité des semences ; et demande que la mise sur le marché des semences repose sur un service public de l enregistrement et de la certification, garantissant la confiance des utilisateurs ; Prend acte des aménagements prévus pour certaines situations particulières (échanges en nature, matériels hétérogènes, marchés de niche, variétés traditionnelles) ; souligne toutefois que le texte devra prévoir des dispositions destinées à prévenir un contournement du régime général ; est favorable aux dérogations pour les opérateurs non professionnels car celles-ci sont indispensables à la conservation de la biodiversité ;

3 S oppose à une définition au niveau européen des critères pour l évaluation des performances et des règles de décision ; considère, en effet, que les États membres sont les mieux placés pour prendre en compte les caractéristiques qui leur sont propres, même s il convient d encourager parallèlement l harmonisation des protocoles ; Juge excessif le nombre des actes délégués ou des actes d exécution qui relèveraient de la Commission européenne ; considère que le texte doit prévoir directement toutes les dispositions essentielles comme la liste des espèces visées par les obligations liées à la certification obligatoire ; Constatant qu il existe très peu de définitions et de règles communes entre l agriculture et la forêt, considère qu il est préférable d exclure les matériels forestiers du dispositif proposé ; Sur les règles de protection de la propriété intellectuelle : Rappelle que les semences et obtentions végétales relèvent d un régime particulier de protection, le certificat d obtention végétale (COV), qui est un régime ouvert encourageant la création variétale et la diversité végétale, en évitant l appropriation privée du vivant ; Souligne que la Convention sur la délivrance de brevets européens (CBE) exclut les variétés végétales de la brevetabilité ; que sont aussi exclus de la brevetabilité les procédés essentiellement biologiques d obtention de végétaux, c est-à-dire les méthodes d obtention de végétaux consistant en des phénomènes naturels tels que le croisement ou la sélection ; que ne peuvent non plus être brevetées les techniques modernes d assistance à l amélioration des plantes comme par exemple l utilisation de marqueurs moléculaires génétiques ;

4 S inquiète, en conséquence, de la délivrance de brevets dont l étendue est parfois incertaine, du manque d informations des sélectionneurs et des agriculteurs leur permettant de vérifier si des éléments brevetés sont présents dans les variétés qu ils manipulent ou produisent, et du coût qui peut en résulter pour les programmes de sélection ; Fait valoir les risques de blocage de l innovation qui sont d autant plus forts lorsque les brevets portent sur des gènes dits natifs, c est-à-dire ceux qui sont naturellement présents dans une variété exploitée par le sélectionneur, la variété étant susceptible d être considérée comme dépendante du brevet ; Considère qu une évolution qui privilégierait le brevet comme outil de protection en matière d innovation semencière serait lourde de risques ; qu elle renforcerait la concentration de l industrie semencière autour de quelques grandes entreprises ; qu elle ferait aussi peser une menace sur l indépendance des États ; Soutient des règles de propriété intellectuelle qui permettent de préserver un tissu dense et diversifié de sélectionneurs et, ce faisant, d encourager l innovation ; rappelle, en conséquence, la priorité qui doit être accordée à une protection par le certificat d obtention végétale (COV) et à limiter les possibilités de protection par le brevet ; Affirme son attachement au caractère non brevetable des plantes issues de la sélection génétique, tout particulièrement dans le cas de plantes obtenues par des procédés d amélioration classique et exclut en conséquence les plantes comme les variétés du domaine de la brevetabilité ; Demande que l accès des sélectionneurs et des agriculteurs à l information pertinente sur les brevets déposés et délivrés soit mieux assurée ; relève que cette information devrait leur permettre de vérifier si des éléments brevetés sont présents dans le matériel végétal qu ils manipulent ou produisent ; qu elle devrait conditionner la recevabilité d une action en contrefaçon ; et souhaite que la notion de contrefaçon en matière de semences et plants soit définie de manière plus circonscrite ;

5 Réaffirme que, conformément aux principes fondamentaux du droit des brevets, ne peuvent être brevetables que les inventions décrites de manière complète et compréhensible, qui satisfont aux conditions de la brevetabilité en particulier la nouveauté et l activité inventive ; que la brevetabilité des procédés ne devrait pouvoir être admise que dans les seuls cas où l intervention humaine a un impact déterminant sur l objet obtenu et où le procédé intervient directement au niveau du génome ; que devraient être exclus de la brevetabilité les plantes issues de procédés essentiellement biologiques et les gènes natifs ; Estime que ces principes devraient clairement figurer dans les lignes directrices de l Office européen des brevets (OEB), qui devraient être modifiées dans ce sens, voire donner lieu à des modifications de la directive 98/44/CE du Parlement européen et du Conseil, du 6 juillet 1998, relative à la protection juridique des inventions biotechnologiques ; Demande au Gouvernement de défendre ces orientations au sein du Conseil. Devenue résolution du Sénat le 17 janvier 2014. Le Président, Signé : Jean-Pierre BEL