Lexique : Petit glossaire de terminologie épileptique et neurologique



Documents pareils
7- Les Antiépileptiques

La migraine : quelle prise de tête!

La prise en charge de votre épilepsie

Qu est-ce que la maladie de Huntington?

Info. Ligue contre l Epilepsie. Epilepsie. Qu est-ce que c est une crise épileptique ou une épilepsie?

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

Le cavernome cérébral

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

LA MÉTHAMPHÉTAMINE LE CRYSTAL C EST QUOI

MIEUX COMPRENDRE CE QU EST UN ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL AVC

Migraine et mal de tête : des "casse-tête"

A healthy decision LA DOULEUR

Les troubles non moteurs de la maladie de Parkinson. Comprendre la maladie de Parkinson

Pseudotumor cerebri. Anatomie Le cerveau et la moelle épinière baignent dans un liquide clair, appelé le liquide céphalo-rachidien (LCR).

La maladie de Huntington, une maladie du cerveau

La prise en charge de votre insuffisance cardiaque

Qu est-ce que la fibrillation auriculaire? (FA)

Diabète Type 2. Épidémiologie Aspects physiques Aspects physiologiques

troubles comportementaux aigus et/ou cognitifs tous les intervenants de l entreprise Prise en charge immédiate sur le lieu de travail.

Certaines situations de trafic peuvent-elles provoquer un risque accru d hypoglycémie?

La drépanocytose. Sikkelcelziekte (Frans)

L agénésie isolée du corps calleux

LES ACCIDENTS DUS A L ELECTRICITE. Comité pédagogique SAP SDIS 43

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

admission aux urgences

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

L APS ET LE DIABETE. Le diabète se caractérise par un taux de glucose ( sucre ) trop élevé dans le sang : c est l hyperglycémie.

Comprendre la mort cérébrale

Carnet de suivi Lithium

Le tremblement orthostatique primaire TOP

Contenu de la formation PSE1et PSE2 (Horaires à titre indicatif)

Diabète de type 1: Informations destinées aux enseignants

Bien vous soigner. avec des médicaments disponibles sans ordonnance. juin Douleur. de l adulte

Traumatisme crânien ou traumatisme cranio-cérébral Trouble de santé neurologique Aide-mémoire

Conseils pour le traitement des douleurs persistantes

o Anxiété o Dépression o Trouble de stress post-traumatique (TSPT) o Autre

Classifier le handicap épileptique avec ou sans autres déficiences associées. Réponses médico-sociales.

phase de destruction et d'élimination de débris

Chapitre 1 : Introduction à la rééducation périnéale

Les troubles mentaux dans le contexte de l Assurance de Personne. SCOR inform - Septembre 2012

Le diagnostic de la sclérose en plaques

Marie Lébely. Le large dans les poubelles

Les drogues POUR EN SAVOIR PLUS. 1. L avis du psychologue. 2. Les risques et leur prévention. Quelques chiffres

Leucémies de l enfant et de l adolescent

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

La prise en charge de votre maladie, l accident vasculaire cérébral

La prise en charge de votre maladie de Parkinson

admission directe du patient en UNV ou en USINV

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

BILAN D ACTIVITE DU PÔLE DE SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE Année 2010

Le psoriasis est une maladie qui touche environ 2 à 3 % de la population et qui se

1ST2S Biophysiopathologie : Motricité et système nerveux La physiologie neuro-musculaire :

Tableau récapitulatif : composition nutritionnelle de la spiruline

J aimerais garder les hypoglycémies sous contrôle - Que puis-je faire?

La planification familiale

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence

Sport et traumatisme crânien

«Première journée franco-marocaine de médecine du travail» Organisée :

Semaine de la sécurité des patients: novembre 2012

TITRE : «Information et consentement du patient en réadaptation cardiovasculaire»

Assistance médicale à la procréation. Informations pour les couples donneurs. Le don. d embryons

Quand le stress nous rend malade

Céphalées. 1- Mise au point sur la migraine 2- Quand s inquiéter face à une céphalée. APP du DENAISIS

«Tout le monde devrait faire une psychothérapie.»

«Je suis diabétique» Informations sur la prise en charge d enfants diabétiques à l école. Pour les parents et les enseignants

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

Carte de soins et d urgence

La schizophrénie est une maladie évolutive; elle comporte 5 phases, qui se succèdent souvent dans l ordre 2 :

Calendrier des formations INTER en 2011

Vivez votre féminité sans souffrir.

MIGRAINES. Diagnostic. A rechercher aussi. Critères IHS de la migraine. Type d aura. Particularités chez l enfant. Paraclinique.

Se libérer de la drogue

prise en charge paramédicale dans une unité de soins


La prise en charge de votre artérite des membres inférieurs

Le guide. Don d organes. Donneur ou pas. Pourquoi et comment je le dis. à mes proches.

Note de recommandation Médecins du Monde. Concertation sur la Réforme de l Asile. Octobre 2013

Mieux informé sur la maladie de reflux

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

La fibrillation auriculaire : au cœur du problème

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

Comportements addictifs

LES AINÉ(E)S ET. L épilepsie COLLECTION ÉDUCATIVE SUR L ÉPILEPSIE

Le test de dépistage qui a été pratiqué à la

Infection par le VIH/sida et travail

SOUFFREZ-VOUS D UN TROUBLE BIPOLAIRE?

Séquence maladie: insuffisance cardiaque. Mieux connaître l insuffisance cardiaque Vivre avec un DAI

Document unique d évaluation des risques professionnels

les DOULEURS INEXPLIQUÉES

ANAMNÈSE Création : Dre Josée Douaire, psychologue

Guide. d ivresse. de gestion de la crise. en entreprise

Droits des patients et indemnisation des accidents médicaux

Droits des patients et indemnisation des accidents médicaux

ANNEXE IIIB NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

Migraine : une maladie qui se soigne

La Greffe de Cellules Souches Hématopoïétiques

NOTICE: INFORMATION DE L UTILISATEUR. Immukine 100 microgrammes/0,5 ml solution injectable (Interféron gamma-1b recombinant humain)

CONVULSIONS DE L ENFANT Item 190 JP. CARRIERE

Transcription:

Lexique : Petit glossaire de terminologie épileptique et neurologique Asthénie : fatigue Céphalée : mal de tête Comitialité : épilepsie Co-morbidité : association de deux maladies Cortex : partie du cerveau située en en périphérie, correspond à la substance grise contenant les corps cellulaires des neurones Crise partielle simple : crise d épilepsie ayant un point de départ focal (crise partielle) et ne s accompagnant pas d une rupture de contact (crise «simple») Crise partielle complexe : crise d épilepsie ayant un point de départ focal (crise partielle) et s accompagnant d une rupture de contact (crise «complexe») Diplopie : vision double Étiologie : cause d une maladie GABA : principal neuromédiateur inhibiteur Glutamate : principal neuromédiateur excitateur Grand mal : crise d épilepsie généralisée, encore appelée crise tonicoclonique («convulsive»), le terme grand mal est à proscrire car en soit très péjoratif Ictal : pendant la crise, on dit aussi critique Idiopathique : sans cause lésionnelle, témoigne d un terrain génétique prédisposé à l épilepsie (cf. question 9) Interictal : entre les crises, on dit aussi intercritique 9

Neurone : cellule cérébrale dont l activité anormale est le point de départ de la crise d épilepsie, possède un corps cellulaire et des prolongements (dendrites et axones) Métabolique : ensemble des réactions se produisant dans les cellules de l organisme, exemples : métabolisme énergétique qui fournit l énergie aux cellules, métabolisme glucidique qui fournit du sucre aux cellules nécessaire à leur bon fonctionnement Un défaut du métabolisme peut entraîner un mauvais fonctionnement de toutes les cellules de l organisme et donc des neurones et être ainsi à l origine de crises d épilepsie Petit mal : crise d épilepsie généralisée, encore appelée absence, le terme petit mal est à proscrire car en soit très péjoratif par rapport à l épilepsie Postictal : après les crises, on dit aussi postcritique Prodrome : sensation précédant la survenue de la crise, parfois de plusieurs minutes à plusieurs heures Structurel : lésion cérébrale retrouvée à l imagerie Symptomatique : se dit d une épilepsie avec cause retrouvée, synonyme : métabolique-structurel Stéréotypé : manifestations toujours identiques d une crise à l autre Système nerveux central : ensemble constitué par le cerveau et la moelle spinale (ou moelle épinière) 10

Qu est-ce qu une crise d épilepsie? 1 Les crises d épilepsie sont la traduction d un fonctionnement excessif des cellules du cerveau appelées neurones. Pour que les signes cliniques de la crise apparaissent, il faut qu un nombre important de neurones se mette à dysfonctionner (mal fonctionner) au même moment. En fonction de la localisation et du nombre de neurones qui vont dysfonctionner, les signes cliniques de la crise pourront différer : signes psychiques (fausse impression de déjà-vu, angoisse, peur ), végétatifs (palpitations, chaleur, froid, sueurs ), sensitifs (fourmillements d un bras ou d une jambe ), moteurs (contractions saccadiques d un bras ou d une jambe ) (cf. question 23). La crise d épilepsie est toujours de début et fi n brutaux et de durée brève (une à deux minutes en moyenne) et est ensuite suivie d un retour à l état normal, cependant certains patients peuvent garder une gêne longtemps après la crise (dans les minutes, les heures voire les jours suivant une crise) : désorientation, maux de tête, fatigue inhabituelle, courbatures Définitions 11

2 Qu est-ce que l épilepsie? Définitions L épilepsie est classiquement défi nie par la répétition d au moins deux crises d épilepsie spontanées, à plus de 24 heures d intervalle. Spontané signifi e que les crises ne sont pas provoquées et ne surviennent pas dans un contexte particulier déclenchant comme un trouble métabolique (par exemple un taux excessivement bas ou haut de sucre dans le sang), une hyperthermie (c est-à-dire une fi èvre), ou encore une agression brutale du cerveau (par exemple un accident vasculaire cérébral ou un grave traumatisme crânien). Néanmoins, il existe des cas où on peut porter le diagnostic d épilepsie en présence d une crise unique spontanée, à condition qu il y ait alors, lors du bilan, des signes sur l électroencéphalogramme ou l IRM laissant présager à court terme une deuxième crise. Derrière cette défi nition généraliste, se cachent en fait des situations cliniques et pronostiques très diverses. Une épilepsie comporte par défi nition des crises d épilepsie qui peuvent être soit généralisées (les deux parties du cerveau ou hémisphères sont impliqués d emblée) ou partielles (il existe un point de départ focal c est-àdire unique et identifi able dans une région du cerveau avec une éventuelle extension secondaire à d autres régions cérébrales). Même si les chiffres varient selon les sources, on estime qu il existe environ 60 % d épilepsies partielles et 30 % d épilepsies généralisées et 10 % d épilepsies indéterminées. Les causes, on le reverra (question 10) peuvent être très variées de même que le pronostic. Mais, on retiendra tout de même que dans la grande majorité des cas, le pronostic est bon voire excellent. 12

Existe-t-il des crises d épilepsie en dehors de l épilepsie? 3 Lorsque les crises d épilepsies sont dites provoquées ou aiguës, on ne parle alors pas d épilepsie et on considère que la crise d épilepsie est occasionnelle et réactionnelle soit au facteur provoquant, soit à l agression du cerveau. Les principaux facteurs provoquant retenus à l origine de crises d épilepsie provoquées occasionnelles (n entrant donc pas dans la défi nition d une maladie épileptique) sont : le sevrage en alcool ou l alcoolisation massive ; des facteurs dits métaboliques, à savoir principalement : un taux anormalement bas ou élevé de sodium (sel), calcium, ou sucre dans le sang. Ces troubles métaboliques peuvent se rencontrer dans diverses situations : déshydratation, hyperhydratation ou révéler une autre maladie comme par exemple un diabète ; la fi èvre chez le nourrisson qui peut provoquer des convulsions dites fébriles qui ne présagent en rien d une épilepsie ultérieure. Les crises dites aiguës surviennent par défi nition dans les sept jours qui suivent une agression brutale du cerveau, c est-à-dire essentiellement un accident vasculaire cérébral ou un grave traumatisme crânien. Ces crises dites provoquées ou aiguës n imposent pas la mise en route d un traitement anti-épileptique de fond mais bien entendu la correction ou l éviction ou la stabilisation des facteurs considérés comme ayant provoqué la crise. Définitions 13

4 L épilepsie est-elle une maladie fréquente? Généralités L épilepsie est l une des affections neurologiques les plus fréquentes. L incidence moyenne de l épilepsie (c est-à-dire le nombre de nouveaux cas d épilepsie observés sur une période donnée, ici un an) est de 50 pour 100 0000 habitants par an : cela signifi e que tous les ans pour chaque tranche de 100 000 habitants, on recense 50 nouveaux cas d épilepsie. Les chiffres d incidence varient en fait entre 20 et 130 nouveaux cas pour 100 0000 habitants par an, le chiffre le plus haut de 130 cas d épilepsie pour 100 000 habitants correspondant aux âges plus extrêmes de la vie (avant un an et après 65 ans) plus à risque d épilepsie). La prévalence de l épilepsie (c est-à-dire le nombre de patients recensés comme souffrant d épilepsie à un moment donné) oscille entre 0,5 et 0,8 % de la population. Ainsi, en France, près de 500 000 personnes sont affectées par cette maladie. Dans le monde, on estime qu il y a cinquante millions d épileptiques. L épilepsie est plus fréquente dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés du fait d une plus forte fréquence de maladies infectieuses responsables d épilepsie dans ces pays (exemple : paludisme, cysticercose) mais aussi de taux élevés de malnutrition et d un système sanitaire moins développé d où de plus fréquentes complications à l accouchement (complications dites obstétricales) pourvoyeuses d épilepsie. Une crise isolée (provoquée ou aiguë) peut se produire au cours de toute la vie chez une personne sur vingt. On estime ainsi en France que près de trois millions de personnes sont susceptibles de faire une crise isolée de ce type (qui ne constituera pas en soit une épilepsie, cf. question 3). 14

L épilepsie est-elle une maladie psychiatrique? 5 Non, l épilepsie est une maladie neurologique liée à un dysfonctionnement transitoire du cerveau. Sa prise en charge est du ressort du neurologue et non du psychiatre. Les signes rencontrés au cours des crises d épilepsie ont pu parfois faire évoquer des maladies mentales, notamment en cas d hallucinations ou d agitation ou par exemple de phénomènes de déjà vu-déjà vécu. Mais contrairement aux maladies psychiatriques ces phénomènes hallucinatoires ou d agitation sont très brefs (n existent que le temps de la crise, c est-à-dire au maximum une à deux minutes), n infl uencent pas le comportement du sujet épileptique en dehors des crises et sont reconnus comme anormaux (pathologiques) par la personne épileptique qui en souffre. Il peut cependant parfois y avoir une co-existence entre l épilepsie et une pathologie psychiatrique : soit lorsque l épilepsie rentre dans le cadre d une maladie plus globale et plus grave donnant à la fois des troubles épileptiques et psychiatriques (situation clinique rare), soit parce que le vécu douloureux de sa maladie par le patient épileptique va entraîner des répercussions psychiatriques à type essentiellement d anxiété ou de dépression, situation malheureusement beaucoup plus fréquente. Pour optimiser la prise en charge de son patient épileptique et améliorer sa qualité de vie, le neurologue sera alors amené à proposer au patient un suivi conjoint et momentané avec un psychiatre et/ou un psychologue. Généralités 15

6 L épilepsie est-elle une maladie grave? Oui et non Oui car certaines crises peuvent parfois avoir des conséquences graves voire catastrophiques : chutes (avec traumatismes, fractures, hématomes ), brûlures, accidents imprévus si la personne épileptique manipulait un objet dangereux au moment de la crise (scie électrique, couteau ) ou se trouvait dans une situation ou une position potentiellement dangereuses (sur une échelle, en train de nager, de prendre un bain, sur le bord d un quai de métro ), le risque ultime étant le décès au cours d une crise (cf. question 78). Non, car dans l immense majorité des cas, l épilepsie va être bien équilibrée par le traitement antiépileptique et le patient n aura alors plus de crises et donc plus à redouter les conséquences potentiellement fâcheuses des crises. Non, car même en cas d épilepsie non équilibrée, dans certains cas (épilepsies partielles), le patient sent arriver ses crises et peut se mettre en sécurité ou reste conscient pendant toute sa crise qui s avère alors désagréable mais pas dangereuse. Généralités 16