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Transcription:

SOMMAIRE INTRODUCTION... 2 I. QU'EST-CE QUE LE CANCER?... 3 1. Une pathologie complexe et multifactorielle... 3 2. Les étapes de la cancérogénèse... 3 3. Les différents types de cancer... 5 II. ALIMENTATION, ACTIVITE PHYSIQUE ET CANCER... 5 1. Les facteurs délétères... 5 2. Les facteurs de protection... 10 3. Les éléments entretenant le débat... 15 III. L'INFLUENCE DU POIDS SUR LES RISQUES D'APPARITION DES CANCERS... 16 1. Les cancers hormono-dépendants... 16 2. Le cancer du côlon... 17 3. Les autres types de cancer sur lesquels le poids a un rôle néfaste... 17 4. Les recommandations... 17 CONCLUSION... 18 BIBLIOGRAPHIE... 19 1

INTRODUCTION Le cancer est un problème majeur de santé publique. Dans le monde, il est à l origine de 8,2 millions de décès en 2012, dont 70 % sur le continent Africain, en Asie et en Amérique du Sud. Chaque année en France, 350 000 nouveaux diagnostics sont établis et 148 000 personnes meurent d un cancer. C est la première cause de mortalité dans notre pays. On estime que cinq facteurs de risque comportementaux sont à l origine de 30 % des décès par cancer : il s agit en premier lieu du tabagisme (22 % des décès), puis viennent dans le désordre, la sédentarité, l obésité, l insuffisance de consommation de fruits et légumes et l alcool. Le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l homme (53 465 nouveaux cas pour l année 2012), pour la femme il s agit du cancer du sein (48 763 nouveaux cas en 2012). Viennent ensuite pour les deux sexes les cancers colorectaux (42 153 cas) et du poumon (39 495 cas). Les conséquences humaines et économiques sont importantes et ce, même en rémission : difficultés d insertion dans la société (emploi, regard d autrui ), perte de confiance en soi, impact sur le moral L évolution des politiques de prévention s avère donc nécessaire. Les autorités sanitaires françaises ont conscience de l importance du sujet et depuis dix ans environ sont élaborés des «Plan Cancer». La troisième édition a été lancée en janvier 2014. Plusieurs mesures phares sont annoncées comme la gratuité du dépistage et des examens complémentaires, le développement de la recherche, l accession plus rapide à une IRM, un plan de lutte antitabac, la généralisation du frottis de dépistage pour le cancer du col de l utérus L aspect protecteur ou délétère des facteurs nutritionnels est discuté depuis bon nombre d années. Cette conférence vise ainsi dans un premier temps à clarifier les données sur ce sujet très délicat. Il est aussi bon de rappeler que l alimentation ne fait que contribuer à diminuer ou augmenter les risques d apparition des cancers. Elle ne peut donc l éviter, ni le soigner. D autre part, la corrélation entre le surpoids, l obésité et certains cancers est établie. Or en France, le surpoids est l obésité touchent respectivement 32.3 % et 15 % des plus de 18 ans. Ce constat nous amènera à étudier dans un deuxième temps l influence du poids sur les risques d apparition de cancers. 2

I. QU EST-CE QUE LE CANCER? 1. Une pathologie complexe et multifactorielle «Le cancer est une maladie multifactorielle très complexe faisant intervenir des déterminants individuels (patrimoine génétique, statut hormonal ), comportementaux (tabac, nutrition ) et environnementaux». 1 Sa genèse se déroule bien souvent sur plusieurs années et la probabilité d apparition d un cancer augmente statistiquement avec l âge. On remarque la présence de caractéristiques communes à tous les cancers, et d autres spécifiques, liées aux tissus et/ou organes concernés ou encore avec des facteurs de risques associés (c est le cas des cancers hormonodépendants). 2. Les étapes de la cancérogénèse (voir page suivante) 1 Rapport de l ANSES, Nutrition et Cancer 3

Schéma des étapes de la cancérogénès 4

Lexique du schéma o Apoptose Mort cellulaire programmée. o Modifications épigénétiques Changements de l activité des gènes, transmissibles d une cellule à ses descendantes sans modifications de l ADN. o Génotoxique Elément capable d altérer l ADN. o Expansion clonale Multiplication cellulaire par divisions successives. Les nouvelles cellules sont identiques à la cellule initiale. o Métastase Foyer tumoral secondaire. La propagation des cellules cancéreuses se fait par voie lymphatique et sanguine. 5

La cancérogénèse se déroule en trois phases : a. L initiation Cette étape correspond à la modification du génome d une cellule sous l action d un ou plusieurs éléments : erreurs lors de la réplication de l ADN, radicaux libres, substances présentes dans l organisme mais étrangères à ce dernier (pesticides par exemple), produit du métabolisme de l alcool La cellule échappe alors aux systèmes de protection : l apoptose, les processus de réparation de l ADN, les mécanismes de lutte contre l oxydation cellulaire. Il est nécessaire que plusieurs gènes soient déréglés pour que le processus s'enclenche. Les activités métaboliques cellulaires nécessitent la présence d oxygène, ce qui est un phénomène naturel, mais qui génère la production de radicaux libres. Ce sont des composés instables entraînant l altération d éléments importants de la cellule : ADN, membrane lipidique, protéines enzymatiques. Plusieurs systèmes de défense sont employés pour neutraliser ces radicaux et protéger les cellules : Des enzymes spécifiques : système glutathion-peroxydase, superoxydedismutase, catalase Des molécules antioxydantes présentes dans de notre alimentation : - les vitamines A, C et E - des minéraux (zinc, sélénium) - les polyphénols et les caroténoïdes b. La promotion Cette phase est longue, elle peut durer plusieurs années. La cellule initiée va progressivement proliférer, entraînant la multiplication des cellules mutées. De nombreux facteurs, par leur action répétée, favorisent ou prolongent la promotion : Facteurs exogènes : toxiques chimiques, facteurs alimentaires Facteurs endogènes : métaboliques, hormonaux. 6

Sans phase d initiation, l action d agents promoteurs n aboutira pas à la formation de tumeurs. Idem s il y a initiation sans promotion. c. L extension Durant cette phase, de nouvelles anomalies du génome se déclarent, la tumeur se vascularise et devient invasive, conduisant à la formation de métastases. Il est très difficile de distinguer parfaitement ces différentes étapes chez l homme car on dénombre plusieurs facteurs d exposition. Sur le plan clinique, on utilisera le terme de «progression tumorale» pour parler de la croissance de la tumeur et de sa diffusion, et ainsi établir un pronostic favorable ou défavorable. 3. Les différents types de cancer On distingue plusieurs types de cancers : a. Les cancers sporadiques Ils sont favorisés par des facteurs endogènes et exogènes : substances chimiques, produits issus des réactions physicochimiques de l organisme mal éliminés, virus L initiation peut donc avoir lieu n importe quand. b. Les cancers à composantes héréditaires : Ils représentent environ 5 à 10 % des cancers. Le sujet est porteur d une ou plusieurs anomalies génétiques transmises à la naissance. L initiation peut survenir à tout moment sans facteur exogène. 7

II. ALIMENTATION, ACTIVITE PHYSIQUE ET CANCER Les données scientifiques dont nous disposons aujourd hui attestent (avec plus ou moins de certitudes) que certains facteurs alimentaires jouent un rôle dans l initiation et l évolution des cancers. Au contraire, certains aliments ont une action protectrice. Il faut toutefois rester prudent et ne pas oublier qu aucun aliment ne peut être seul mis en cause. C est bien l effet synergique de plusieurs facteurs qui aura une incidence. 1. Les facteurs délétères a. Les boissons alcoolisées La consommation de boissons alcoolisées en France est très importante (6 e rang mondial). 13.7 % des Français entre 12 et 75 ans prennent des boissons alcoolisées chaque jour 1. 91 % des hommes entre 55 et 79 ans consomment en moyenne 25.4 g d alcool/jour, l équivalent de deux verres et demi de vin 2. Des études montrent de façon très convaincante le lien entre consommation de boissons alcoolisées et augmentation du risque de développer certains cancers : Cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, pharynx, larynx, œsophage) Cancers du côlon-rectum (chez l homme) Cancers du sein (pré ou postménopause) Il est probable qu elles jouent aussi un rôle dans l apparition de cancers du foie et du côlon-rectum chez la femme. Il est important de noter qu il n existe aucun seuil minimal pour l exclusion des risques. 13 g d alcool par jour (soit l équivalent d un peu plus d un verre de vin) suffisent. L augmentation des risques est dose-dépendante, le type de boisson n a donc aucune incidence. Il n est ainsi pas mieux de consommer de la bière plutôt que du whisky. En quantité d alcool, un «demi» de bière est l équivalent de 4 cl de whisky. 1 Beck et al., 2007 2 Afssa, 2009 8

A noter L action synergique entre alcool et tabac multiplie les risques de cancers des voies aérodigestives. Les mécanismes identifiés sont : l effet toxique pour le génome d un produit du métabolisme de l alcool, l acétaldéhyde. la production de radicaux libres. les déficits nutritionnels générés, surtout au niveau des éléments protecteurs : folates (vitamine B9), vitamine C Recommandations Par rapport au risque de cancer, la consommation d alcool est déconseillée, tous types de boissons alcoolisées confondues. Une personne abstinente doit le rester. Pour les consommateurs réguliers, essayer de diminuer autant que possible les apports. Et bien sûr, pas d alcool pour les enfants, les femmes enceintes et allaitantes. b. Les viandes de boucherie et les charcuteries La consommation excessive de viandes de boucherie et de charcuteries majorerait le risque des cancers colorectaux. La plupart des études penchent aussi en faveur d un lien avec les cancers du sein, du pancréas, de la prostate et du poumon. Les Français sont de gros consommateurs de viande : ¼ de la population mange 500 g de viandes rouges (bœuf, mouton, cheval) au minimum par semaine et plus d ¼ de la population consomme au moins 50 g de charcuteries par jour. L augmentation du risque de cancer colorectal est de 29 % pour une consommation quotidienne de 100 g de viandes rouges et de 21 % pour une consommation quotidienne de 50 g de charcuteries 1. 1 Rapport WCRF/AICR 2007 9

Plusieurs explications sont évoquées : - Sous l effet des graisses animales, la production d acides biliaires augmente. Les acides biliaires secondaires altèrent les cellules de la muqueuse colique et favorisent une hyperprolifération compensatoire. - Le fer héminique Présent dans les aliments d origine animale, il participe à la synthèse de l hémoglobine du sang et de la myoglobine des muscles (protéines de transport de l oxygène). Des apports excessifs induisent une production de radicaux libres et de molécules favorisant l inflammation (cytokines). - La formation de composés N-nitrosés Une consommation importante de viandes de boucherie (riches en protéines) et/ou de charcuteries (riches en sels nitrités) augmente la synthèse de composés N-nitrosés, agents cancérogènes. - Mais surtout, les modes de cuisson sont en cause : production d amines hétérocycliques lors de cuisson à haute température, d hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) avec la cuisson au barbecue Recommandations Consommer moins de 500 g de viandes de boucherie (bœuf, veau, agneau, mouton, porc, cheval) par personne et par semaine. Pour réduire les portions veiller à maîtriser les quantités à l achat. Alterner les sources de protéines : œufs, poissons, volailles (dinde, poulet), légumineuses associées à des céréales. Réduire la consommation de charcuterie. 10

c. Les modes de cuisson La cuisson des aliments n est pas un acte anodin. Si elle est importante pour améliorer l assimilation des nutriments, notamment les protéines, elle entraîne aussi la production des composés potentiellement mutagènes que plusieurs travaux scientifiques mettent en lumière. On distingue 4 grandes catégories : Les produits de la réaction de Maillard Cette réaction chimique a lieu entre les sucres et les protéines au cours de la cuisson. Elle concerne principalement les végétaux. Elle entraîne une modification des caractéristiques de l aliment : couleur (brunissement), odeur, saveur. L acrylamide En 1994, l acrylamide a été reconnue par le Centre International de Recherche sur le Cancer comme cancérogène avéré pour l animal et potentiel pour l homme. A l époque, on parlait de l exposition directe de travailleurs à cette substance et du danger lié à la fumée de cigarette. Depuis, les scientifiques ont constaté que la cuisson à haute température d un aliment riche en amidon et en asparagine (acide aminé) générait aussi de l acrylamide. On la retrouve ainsi dans les produits de panification, les biscuits, les pommes de terre (frites), les chips, les céréales, le café. Les études les plus récentes ont montré que l acrylamide et plus généralement les composés de Maillard ne sont pas cancérogènes mais ils augmentent le stress oxydatif et sont impliqués dans les microangiopathies des diabétiques. De plus, les produits de Maillard peuvent interagir avec une autre molécule pour donner des amines hétérocycliques, cancérogènes. Depuis 2011 la Commission Européenne a établi des valeurs «seuil» pour les aliments particulièrement touchés. Si elles sont dépassées, les industriels doivent mettre en place des actions correctives au niveau de leur chaîne de fabrication. 11

Recommandations A la maison, évitez de surchauffer l huile de cuisson et de friture. Alternez les aliments crus et cuits. Veillez à ne pas consommer les parties des aliments trop brunies par la cuisson. Achetez du pain peu cuit. Evitez de consommer chaque jour des céréales pour petit déjeuner. Préférez-leur le pain, qui contient moins d acrylamide. Les amines hétérocycliques Elles se forment lorsque l on grille une viande ou un poisson. Leur production est proportionnelle à la température de cuisson, et ce, même si la saisie est rapide. La durée de cuisson et la teneur en graisses de l aliment (bonne conduction de la chaleur) sont également des facteurs déterminants. On retrouve aussi ces composés dans les fonds de sauces, les extraits et arômes de viande, ainsi qu au niveau des résidus présents dans la poêle. En prévention, plusieurs éléments permettent de diminuer les taux d amines hétérocycliques : Recommandations Ajoutez des épices, ail, tomates lors de la cuisson, Cuisinez à l huile d olive, mangez des agrumes, N hésitez pas à faire des marinades (vin, jus d agrumes), Variez les cuissons : vapeur, à l étouffée, papillote, court-bouillon. Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) Ils résultent de la combustion incomplète de substances organiques (bois, charbon) et se forment aussi au contact de la flamme. 12

Les modes de cuisson visés sont les grillades (surtout au charbon et au feu de bois), le rôtissage et le fumage. Il est donc important de les limiter. Les produits concernés sont principalement les viandes et poissons. Cependant, compte tenu de la proportion de céréales consommées par rapport aux viandes, les premières contribuent davantage à l ingestion d HAP que les secondes. L EFSA (Agence Européenne de Sécurité des Aliments) considère que huit hydrocarbures présents au sein de l alimentation présentent un risque dont le benzo(a)pyrène, le dibenzo(a)pyrène et le dibenzo(a)anthracene Ces hydrocarbures sont aussi présents dans l eau, dans l air, surtout via la fumée de cigarette. L exposition professionnelle pour les ouvriers de certaines industries est importante (traitement du goudron, de la houille). Recommandations Préférez les barbecues au gaz ou électriques Evitez de cuisiner trop souvent au barbecue (1 à 2 fois par mois maxi) Evitez de consommer trop souvent des aliments fumés Epicez vos plats, faites des marinades Consommez des légumes en même temps, notamment les choux, les oignons, les tomates Les produits issus de la thermo-oxydation des lipides Ils proviennent de la dégradation des lipides avec la chaleur. Une cuisson appuyée, excessive des viandes ou poissons peut aboutir à la formation d oxystérols (oxydation du cholestérol), potentiellement mutagènes. La cuisson d huiles végétales à forte température produit des acides gras trans. Ces derniers sont d ailleurs surtout obtenus par un processus industriel appelé hydrogénation partielle des acides gras polyinsaturés, présents dans les huiles végétales. Ce procédé, destiné à donner une texture plus épaisse aux huiles, est de moins en moins utilisé, au profit de matières grasses naturellement saturées (huile de palme). 13

Un lien entre acides gras trans et cancer du sein semblerait se dessiner, mais aucune confirmation ou infirmation n est possible actuellement 1. Il est important de distinguer les acides gras trans produits artificiellement et ceux présents naturellement dans les aliments. Ces derniers sont au contraire bénéfiques. C est le cas des CLA (acide linoléique conjugué), présents dans le lait et les produits laitiers. Ils permettent en effet de limiter la croissance vasculaire dans le cadre des cancers colorectaux. Recommandations Préférez les cuissons à la poêle où la matière grasse ne dépasse pas 140 C. Privilégiez les huiles d olive et de colza, plus stables à la chaleur que les huiles de noix de soja. Evitez les fritures profondes (1 à 2 fois par mois maxi) et faites-les plutôt à l huile d arachide. d. Le sel et les aliments salés Une relation existe entre la consommation de sel, d aliments salés et l augmentation du risque de cancer de l estomac. Les mécanismes engagés seraient : - une altération de la muqueuse gastrique - la synergie avec des composés nitrosés ou une infection à Helicobacterpylori. De nouvelles études démentent par contre l implication seule des nitrates et nitrites vis-à-vis du risque de cancer de l estomac 2. 1 Résultats de la Cohorte E3N 2 BRYAN N., Ingested nitrates & nitrite and stomach cancer risk 14

Recommandation Respecter les apports nutritionnels conseillés de 6 à 8 g de sel par jour. Limiter le sel d ajout, privilégier les épices et les aromates pour donner du goût. Réduire la consommation des aliments les plus salés : fromage, charcuteries et ne pas oublier que le pain est aussi un aliment à surveiller (une baguette contient 8 g de sel). TENEUR EN SODIUM DES FROMAGES Teneur en sel (g) = teneur en sodium (g) x 2.5 Produit (pour 100 g) Sodium (g) Sel (g) Emmental / Comté 0.300 0.75 Camembert 0.802 2 Cantal / Parmesan 0.940 2.35 Fromage bleu au lait de vache 1.280 3.2 Sainte Maure (chèvre) 1.440 3.6 Roquefort (brebis) 1.600 1.92 Fromage fondu 0.650 1.63 e. Les compléments à base de β-carotène La consommation de doses élevées de compléments alimentaires sources de β-carotène (compléments activateurs de bronzage) s avère dangereuse pour les fumeurs, mais aussi pour les anciens fumeurs. Les résultats convaincants de plusieurs études attestent de l augmentation du risque de cancer du poumon pour cette population. Sans compter qu aucune étude de grande ampleur ne démontre les effets positifs de ce type de complément sur la protection de la peau 15

2. Les facteurs de protection a. Les éléments antioxydants Un antioxydant est une molécule capable de stabiliser les radicaux libres produits lors de l oxydation cellulaire, évitant ainsi leurs effets indésirables. Les caroténoïdes β-carotène : carottes, épinards, poivron rouge, potiron, mangue, pêche, abricots Lycopène : tomate, pastèque, pamplemousse Lutéine : légumes verts à feuilles Des apports raisonnables en β-carotène constitueraient un facteur de protection. Les compléments alimentaires entraînent un risque de surdosage, avéré nocif en cas de tabagisme associé. Il est donc conseillé de privilégier les sources alimentaires. Les polyphénols Les flavonoïdes : oignon, pomme, choux, persil, herbes aromatiques, agrumes, cacao, fruits rouges, épices (curcuma, curry) Les composés phénoliques : tanins (raisin, vin, thé), hydroxytyrosol (huile d olive) Les lignanes : molécules présentes dans les céréales (lin) Les stilbènes dont le resvératrol : raisin, vin. Au-delà de leurs effets antioxydants, les polyphénols permettent de limiter le processus de vascularisation tumorale en inhibant certains facteurs de croissance. La vitamine C Les principales sources sont : les agrumes, le cassis, le kiwi, la pomme de terre, le chou. Elle est aussi nécessaire aux défenses immunitaires et permet l absorption de fer. 16

Extrêmement sensible, elle est vite dégradée à la cuisson. La consommation de produits crus est donc vivement conseillée, en alternance avec les aliments cuits. La vitamine E On la retrouve essentiellement dans les huiles végétales (olive, colza, arachide, soja, germe de blé ), dans les fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes) et les céréales complètes. Elle est également présente, dans une moindre mesure, dans le foie, le lait, le beurre, les œufs, les poissons gras, dans certains légumes verts (épinards, cresson, brocolis, choux de Bruxelles ). Une supplémentation pourrait être associée à une augmentation du risque de cancer du sein 1 et probablement de la prostate 2. Le sélénium Moules, saumon fumé, foie de veau, carottes, ail Le zinc Huîtres, foie de veau et porc, pain complet, germe de blé, jaune d œuf, soja, poissons gras, légumes secs Les cofacteurs enzymatiques Le cuivre : foie, fruits de mer, volaille Le manganèse : céréales, légumes secs, oléagineux Le soufre : ail, choux Le magnésium : fruits secs et oléagineux, légumes secs, chocolat En conclusion, les apports en antioxydants sont positifs dans le cadre d une alimentation équilibrée. Les supplémentations semblent présenter des risques concernant plusieurs cancers ; elles ne doivent être prises que sur conseil médical, dans le cas d une carence avérée. Les fumeurs sont tout particulièrement concernés par ce risque. 1 Gerber et al. 1989, 1996 ; Saintot et al, 2002 2 Etude d intervention SELEC 17

Recommandations Augmenter sa consommation de fruits et légumes sous toutes ses formes : frais, surgelés, en conserve. Alterner produits crus et produits cuits. Manger des légumes à chaque repas. Consommer 3 portions de fruits par jour. POUR RAPPEL Un fruit = 2 kiwis = 3 abricots moyens = 2 petits brugnons = 20 cerises = 15 fraises moyennes = 2 mandarines moyennes = 3 clémentines = 1 orange = 1 poire moyenne = 1 pomme moyenne = 1 pamplemousse = 1 petite grappe de raisin (15 grains) = 1/2 banane = 1/4 ananas = 4 prunes = 1/2 gros melon Un fruit = 1 fruit sec = 1 fruit cuit = 3 à 4 cuillères à soupe de compote sans sucre (100 g) = 2 oranges ou 1 pamplemousse pressé sans sucre ajouté = 1 verre de pur jus de fruits b. La vitamine B9 (acide folique ou folates) La vitamine B9 est indispensable pour la division et le maintien cellulaire. Les apports doivent être particulièrement surveillés en prévision ou au moment de la grossesse pour assurer la bonne croissance du fœtus. On la retrouve dans les légumes à feuilles (épinards, cresson, mâche, laitue romaine), la levure, les fèves, les lentilles, le foie, le jaune d œuf cru, les brocolis Plusieurs études ont suggéré l effet protecteur de l acide folique vis-à-vis des cancers du sein et du côlon. Mais d autres travaux ont démontré qu une supplémentation pourrait être à l origine d une augmentation du risque de tumeurs coliques multiples et de cancer du sein. En effet même si le métabolisme des folates permet une stabilité de l ADN (facteur positif en soi), il pourrait aussi favoriser la croissance des lésions prénéoplasiques en les protégeant de l apoptose. 18

Là encore, des apports alimentaires raisonnés sont à maintenir. Une supplémentation est uniquement proposée pour la femme enceinte ou en cas de carence. c. Les fibres Les fibres alimentaires sont souvent évoquées dans la prévention du cancer colorectal. Plusieurs mécanismes semblent impliqués : Les fibres réduisent le temps de contact entre la muqueuse intestinale et d éventuels éléments mutagènes. La fermentation des fibres provoque la production d acides gras à chaîne courte (acides propionique et butyrique) qui protègent la muqueuse colique. Les fibres diminuent la réabsorption des œstrogènes, fait intéressant dans la prévention des cancers hormono-dépendants du sein et de l endomètre. Ainsi les œstrogènes ne peuvent être déconjugués et sont éliminés. Cette donnée n est cependant valable que si la flore intestinale est dépourvue de β-glucuronidase (enzyme permettant une déconjugaison). A noter L excès de fibres est cependant délétère lors de la première phase du cancer colorectal. Un lien est aussi établi entre la consommation de fruits et légumes et la réduction du risque de cancer du pharynx, du larynx, de l œsophage, de l estomac et du poumon (fruits seulement). Les fruits et légumes présentent bon nombre de constituants qui agissent en synergie. Beaucoup d éléments ne sont pas stockés par l organisme, une consommation régulière est donc requise pour maintenir les effets bénéfiques au long terme. 19

Recommandations Augmenter la consommation de fibres, sans en abuser Consommer 2 à 3 fruits par jour, en les variant. Consommer des légumes à chaque repas (une portion : 150 à 250 g) Préférer les céréales complètes : riz complet, pâtes complètes Privilégier les pains riches en fibres : son, seigle, céréales, complet d. Les produits laitiers Le lait et les produits laitiers offrent des constituants jugés protecteurs vis-à-vis des cancers coliques et du sein : Le calcium et la vitamine D, par leur action antiproliférative (ils empêchent la multiplication des cellules cancéreuses) La lactoferrine par diminution de la carcinogénèse, Les CLA déjà évoqués précédemment : ce sont des facteurs antiangiogéniques (ils empêchent la vascularisation de la tumeur) Le rapport du Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer de 2007 établit cependant la probabilité d un lien entre régime riche en calcium et augmentation du risque de cancer de la prostate. Recommandations Pour la femme : consommation de 3 à 4 produits laitiers par jour, dont une portion maxi de fromage affiné Pour les hommes : 2 produits laitiers par jour sont suffisants, d autant qu ils sont moins sujets à l ostéoporose que les femmes. Equivalences pour une portion de produit laitier 1 portion = 1 yaourt nature demi-écrémé = 100 g de fromage blanc à 3.2 % de MG = 250 ml de lait demi-écrémé (1 bol) = 30 g de fromage 20

e. L allaitement maternel L allaitement maternel réduirait le risque de cancer du sein chez la mère. Les conclusions sur ce phénomène sont jugées convaincantes par les autorités de santé. Comment? Il limite le temps d exposition hormonale au cours de la vie. En effet, l allaitement provoque une aménorrhée diminuant les concentrations sanguines d hormones sexuelles. La perte de densité de la glande mammaire à la suite de l allaitement aide de plus à éliminer les cellules modifiées. Il est donc conseillé (lorsque cela s avère possible) d allaiter son enfant de manière exclusive durant les 6 premiers mois de la vie. f. L activité physique L activité physique diminue le risque de surpoids, elle a un effet positif visà-vis des cancers présentant un lien avec la surcharge pondérale. Des mécanismes plus précis sont aussi évoqués : accélération du transit réduisant le temps de contact entre la muqueuse intestinale et les éléments cancérogènes possibles (cancers coliques), baisse des taux d œstrogènes et renforcement de l immunité (cancer du sein post-ménopause et cancer de l endomètre). L étude de divers travaux scientifiques portant sur le sujet s avère convaincante 1 : diminution du risque de cancer du côlon de 17 % pour les personnes actives par rapport au non-actives. diminution du risque de cancer du sein de 20 % pour les femmes les plus actives, par rapport au moins actives. diminution du risque de cancer de l endomètre de 21 % pour les femmes les plus actives, par rapport au moins actives. 1 Rapport de l ANSES 2011 21

On évoque aussi l intérêt de l activité physique pendant et après les soins dispensés en cancérologie : Ainsi plusieurs essais ont démontré le rôle de l activité physique sur l amélioration de la qualité de vie des patients (bien-être, image de soi, qualité de sommeil). Une méta-analyse (synthèse de plusieurs études indépendantes) publiée en 2011 va plus loin en concluant qu une activité physique pratiquée avant et après le diagnostic de cancer du sein réduirait le risque de mortalité. La réduction du risque établie est de 18 à 41 % pour la pratique respective d une activité avant et après le diagnostic, 34 % si la pratique est uniquement ultérieure au diagnostic. 3. Les éléments entretenant le débat a. Le soja Le point de vue de la communauté scientifique sur le soja a beaucoup évolué depuis ces dernières années. Les isoflavones sont des œstrogènes naturels présents dans le soja. Leurs effets plus ou moins bien établis par le passé sur notre système endocrinien, ont semé le doute quant à leur innocuité, surtout vis-à-vis des cancers hormono-dépendants, du sein principalement. Les données actuelles se veulent rassurantes à ce sujet. Elles indiquent que les aliments à base de soja participeraient à améliorer le pronostic de patientes touchées par un cancer du sein et réduiraient les risques d en être atteinte. Un seul bémol : la plupart des études portent sur des populations asiatiques ou d origine asiatique, qui consomment régulièrement du soja, notamment durant l adolescence et dont la flore intestinale et l équipement enzymatique permettent une utilisation optimale de ces phyto-œstrogènes. En Occident, seuls 30 % de la population présente les caractéristiques métaboliques permettant d utiliser les composés présents dans le soja. Les preuves scientifiques montrent qu il n y a donc pas de contreindications à consommer du soja pour les patientes jugées à risque ou atteintes d un cancer du sein. On ne peut qu en encourager la consommation, d autant qu elle permet parallèlement de réduire celle de viande. 22

Il faudrait toutefois plus de travaux portant sur les populations caucasiennes pour avancer de réels bénéfices. b. Les facteurs de croissance du lait et des produits laitiers Des liens sont décrits entre la concentration sanguine en IGF-1, un des facteurs de croissance présent dans le lait, et le risque de cancers du sein, de la prostate, colorectal. De là à dire que les produits laitiers augmentent le risque de cancer, il n y a qu un pas, que certains n hésitent pas à franchir. En réalité, il faut rester très prudent car plusieurs éléments démontrent que ces résultats sont très relatifs. Ainsi l augmentation de la concentration d IGF-1 de notre sang n est pas due aux IGF-1 du lait (d autant que le lait UHT, qui représente 90% de la consommation actuelle en France, en est pratiquement dépourvu), mais à une stimulation de notre propre production, corrélée aux apports énergétiques et en protéines. Ce phénomène est donc normal et pas réservé la consommation de lait et de laitages. c. Les acides gras OMEGA-3 Les acides gras OMEGA-3 contribueraient à la réduction du risque de cancer du sein. Toutefois ces études asiatiques portent sur les OMEGA-3 (DHA et EPA) issus des poissons gras (saumon et thon essentiellement). Les consommations moins importantes en Occident ne permettent vraisemblablement pas d observer une diminution du risque. Certains travaux évoquent au contraire leur rôle défavorable vis-à-vis du cancer de la prostate. Aucune confirmation n a été apportée sur le sujet. d. Le jeûne thérapeutique Des études suggèrent que le jeûne en amont d une chimiothérapie augmenterait l efficacité du traitement et limiterait les effets secondaires. Il n est pas à conseiller pour autant car c est une pratique risquée. Les patients en oncologie sont souvent dénutris, une restriction calorique ne ferait qu aggraver une situation déjà critique. 23

III. L INFLUENCE DU POIDS SUR LES RISQUES D APPARITION DES CANCERS 1. Les cancers hormono-dépendants a. Définition Un cancer est hormono-dépendant lorsque la croissance des cellules cancéreuses est favorisée par l action d hormones sexuelles (hormones stéroïdiennes) au niveau de tissus sensibles à ces dernières : le sein, l endomètre (paroi du corps de l utérus) : action des œstrogènes la prostate : action de la testostérone b. Poids et cancer du sein, de l endomètre L excès de poids engendre diverses modifications métaboliques : le développement du tissu graisseux, capable de produire des œstrogènes à partir des androgènes surrénaliens. l inflammation chronique : augmentation de la concentration sanguine de certains facteurs favorisant la prolifération cellulaire. l insulinorésistance : le pancréas produit de l insuline pour permettre à nos cellules d utiliser le glucose. La présence de graisse viscérale empêche le bon fonctionnement de l insuline, entraînant une surproduction de cette hormone en compensation. cette dérégulation favorise la surproduction de facteurs de croissance impliqués dans la phase de promotion. Le rapport du WCRF (World Cancer Research Fund) établit ainsi qu une augmentation de l IMC de 5 kg/m² (quel que soit le poids de départ) majore les risques de cancer de 12-13 % pour les cancers du sein (postménopause) et de 60 % pour le cancer de l endomètre. Concernant le cancer du sein, la prise de poids à l âge adulte apparaît comme un facteur de risque plus important qu un IMC élevé durant l enfance. 24

2. Les cancers du côlon Selon toute vraisemblance, la surcharge pondérale est associée à augmentation du risque de cancers colorectaux. une Pour une hausse de 5 kg/m² de l IMC, le risque de cancer est augmenté de : 24 % chez l homme et 9 % chez la femme pour le cancer du côlon 9 % chez l homme et 2 % chez la femme pour le cancer du rectum Les mécanismes impliqués sont à nouveau l insulinorésistance et l inflammation chronique. On peut de plus supposer qu une alimentation déséquilibrée à l origine de la prise de poids contribue en parallèle à minimiser l apport d aliments riches en éléments protecteurs (fibres, antioxydants ). 3. Les autres types de cancer Un lien entre surcharge pondérale et risque de cancer est aussi évoqué concernant d autres localisations (l augmentation du risque est évaluée pour une hausse de l IMC de 5 kg/m²) du rein : + 24 % (homme), + 34 % (femme) du pancréas : + 10 % (femme), + 14 % (homme) de la vésicule biliaire : + 9 % (homme), + 59 % (femme) de l œsophage (adénocarcinome) : + 51 à 55 % 4. Les recommandations La surcharge pondérale étant majoritairement causée par un déséquilibre de la balance énergétique (apports énergétiques supérieurs aux dépenses), il est nécessaire d adopter une alimentation équilibrée, adaptée aux besoins de chacun, mais aussi d augmenter ses dépenses énergétiques. Les principales recommandations peuvent être résumées ainsi : Manger des légumes à chaque repas. Consommer 3 portions de fruits par jour. Optimiser sa consommation de produits laitiers pour les femmes, limiter les apports à deux portions par jour pour les hommes. 25

Diminuer ses apports de viandes de boucherie, de charcuteries et d aliments fumés. Eviter les cuissons excessives des viandes et poissons. Limiter les grillades au barbecue. Préférer les cuissons à la vapeur, à l étouffée. Remplacer le sel par des épices et aromates. Eviter les boissons alcoolisées. Ne pas abuser des compléments alimentaires. Réduire les comportements sédentaires : télévision, ordinateur. Pratiquer une activité physique régulière, soit l équivalent de 30 minutes de marche rapide au quotidien. 26

CONCLUSION Malgré la complexité des mécanismes de genèse et de développement des cancers, les éléments que nous avons étudiés nous permettent d'évaluer l'intérêt d'une logique préventive. Il est important de rappeler que cette dernière contribue à réduire les risques. Elle n'empêche pas pour autant l'apparition d'un cancer et n'est en aucun cas curative. Elle s'articule autour de plusieurs axes : l'instauration ou le maintien d'une alimentation variée et équilibrée. l attention particulière portée aux modes de cuisson la promotion de l'activité physique. Tout cela favorise l'apport optimal et synergique de facteurs protecteurs, mais contribue aussi à éviter l'installation d'une surcharge pondérale. La réduction des comportements à risque joue également un rôle prépondérant : consommation d'alcool et de tabac notamment. Et bien sûr, la recherche poursuit et avance. D autres études sont encore nécessaires pour affiner nos connaissances et conclure sur les sujets faisant actuellement débat. 27

BIBLIOGRAPHIE www.wcrf.org : site du Fond mondial de recherche sur le cancer Rapport 2007: Food, nutrition, physical activity, and the prevention of cancer: a global perspective www.anses.fr Rapport d expertise collective Anses (Mai 2011) : Nutrition et cancer Dossier Surpoids, obésité et risques de cancers (Janvier 2013) L acrylamide dans les aliments (01/2014) www.e-cancer.fr : site officiel Institut national du cancer Surpoids, obésité et risque de cancers (2013) Le rôle de l alimentation Activité physique Alcool : repérer les consommateurs à risque www.inserm.fr (Cohorte E3N) Fibres, viande et poisson : le lien avec le cancer colorectal Vitamine D et risque de cancer du sein www.arc-cancer.net Eviter le surpoids et l obésité www.inra.fr Revue systématique de la littérature sur les facteurs nutritionnels et le risque de seconds cancers primitifs www.who.int : site de l Organisation Mondiale de la Santé Aide mémoire n 297 (Février 2014) OMS Enquête Obépi 2012 (enquête nationale sur l obésité et le surpoids) Pratiques en Nutrition n 34 (Avril 2013) Aliments à base de soja et cancer du sein, M.MESSINA, N.DELZENNE, G.JOUBREL, A.ARNOLDI, J-M. LECERF, I.ROWLAND, K. WIDHALM 28

Pratiques en Nutrition n 37 (Janvier 2014) La place de l alimentation dans la prévention du cancer, S.PINEAU, E.AMAR, A.NAUD, E.PROVENZANO Recommandations pour la prévention primaire des cancers, Plan National Nutrition Santé Lettre scientifique n 10 Fonds Français Alimentation et Santé : La réaction de Maillard Formation J-M. LECERF (Juillet 2013) 29

NOTES - Edition 2014 - Ce petit guide a été conçu par l Equipe du Centre Nutritionnel des Thermes de Brides-les-Bains pour vous aider à préparer votre retour en toute sérénité. 30