Note conceptuelle pour la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle



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Transcription:

Note conceptuelle pour la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle Investir dans le Commerce intra-afrique pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle 30 octobre 2011

Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle Note conceptuelle 2011 PRÉAMBULE / RÉSUMÉ Le but principal de ce document est de faire un plaidoyer en faveur de et de sensibiliser les Dirigeants Africains au rôle essentiel que le Commerce Intra-africain peut jouer pour faciliter et maintenir la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle, et par conséquent le développement socio-économique du continent, dans le cadre de la prochaine Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (AFNSD). Il souligne l importance des politiques, plans et programmes alimentaires et nutritionnels ainsi que l interdépendance entre le Commerce et la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle. Cette note conceptuelle décrit les plans pour la commémoration continentale de la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (AFNSD), dont le thème cette année est "Investir dans le Commerce intra-afrique pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle". Elle servira aussi de source d information et de document de travail pour les gestionnaires de programmes, les personnes chargées de leur mise en oeuvre et les comités organisateurs locaux au sein des Ministères de l Agriculture, de la Santé, du Commerce et de l Industrie, de l Éducation, du Genre, de l Aide et de la Protection Sociale, des Sciences et de la Technologie, du Développement Économique et des Finances, ainsi que pour les Bureaux Gouvernementaux Locaux, toutes les autres Agences Gouvernementales, les Organisations du Secteur Privé, les Partenaires de Développement et les Organisations de la Société Civile (OSC) qui participent l organisation de la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (AFNSD). Elle apporte des idées concrètes et des mesures stratégiques qui éclairent la commémoration de l AFNSD pour les États Membres. Cette note conceptuelle souligne l importance pour l Afrique de trouver des solutions qui lui sont propres à la question de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. En outre, elle met en avant le rôle essentiel des femmes dans l agriculture et la sécurité alimentaire et nutritionnelle sur le continent. CONTEXTE La faim et la malnutrition sont à la fois chroniques et très répandues, et à l heure actuelle, on dénombre environ 240 millions de personnes sous-alimentées en Afrique (c-à-d. qui consomment moins de 2 100 Kilocalories par jour). La malnutrition est la cause principale de décès et d invalidité. Toutes les six secondes, un enfant meurt de faim et de causes associées. Plus de 50 millions d enfants africains souffrent de malnutrition chronique et 40 % des femmes sont mal nourries. Soixante pourcent des mortalités d enfants de moins de cinq ans et 50 % des mortalités maternelles sont dues à la malnutrition. En outre, une large proportion de la population africaine n a pas accès à une alimentation appropriée contenant les vitamines et minéraux essentiels pour une santé et une productivité optimales.

La faim et la malnutrition sont toutes deux une cause et un effet de la pauvreté. Les enfants qui ont faim ne peuvent pas se développer et apprendre correctement et les adultes qui ont faim ne peuvent pas être productifs, ce qui freine la croissance économique. On estime que la faim conduit à des pertes de PIB comprises en 6 et 10 % en raison de la faible productivité de la main d œuvre. Les causes de la faim et de la malnutrition sont multiples, complexes et interdépendantes, et nécessitent par conséquent des approches multidimensionnelles et multisectorielles pour les éradiquer. La Banque Mondiale estime que les enfants mal nourris encourent le risque de perdre plus de 10% des gains potentiels au cours de leur vie, soit un coût pour les pays pauvres de près de 3% de leur PIB annuel. En tant que telle, la malnutrition conduit à une perte significative à la fois du potentiel humain et économique. Par conséquent, l amélioration de l état nutritif est un domaine prioritaire pour lequel il est urgent d élaborer des politiques en vue d accélérer le progrès et le développement socioéconomiques en Afrique. La faim peut se manifester sous des formes différentes; elle peut être chronique, aiguë ou insoupçonnée. La faim chronique est caractérisée par une privation à long terme qui inclut une consommation inférieure aux besoins minima, en particulier lors de la période critique de début de vie, c-à-d de la conception jusqu à l âge de 2 ans (Les premiers 1000 jours de la vie). La faim aiguë se manifeste lorsque des chocs affectent l approvisionnement alimentaire. La faim insoupçonnée fait référence à des situations dans lesquelles les gens consomment une alimentation de qualité inappropriée, qui conduit à des carences en micronutriments. Les carences en vitamines et minéraux (CVM) constituent un problème nutritionnel majeur en Afrique. L iode, la vitamine A, le fer, le zinc et l acide folique sont cinq des principales CVM préoccupantes pour la santé publique en Afrique. Les CVM provoquent des malformations congénitales, des décès maternels, une mortalité de l enfant, la cécité, l anémie et une susceptibilité accrue aux infections. Les CVM font également baisser le QI, entraînant ainsi une mauvaise performance scolaire et une productivité réduite. Au bout du compte, les dommages causés par la malnutrition compromettent sensiblement le progrès des communautés et nations africaines, en réduisant leur productivité et croissance économiques. Le manque de solutions au problème de la faim et de la malnutrition peut avoir un coût significatif. Par exemple, on a estimé que les pertes de productivité dues à une anémie ferriprive sur une année dans la région se situaient entre 2.7 et 4.2 % du PIB. Il existe des preuves solides et irréfutables des conséquences graves et des coûts élevés des carences nutritionnelles à court terme sur la survie, la croissance et le développement et à long terme sur le développement économique et social national. Malgré la rhétorique sur la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle, l engagement et les actions ont été limités et par conséquent, elle demeure un domaine faiblement prioritaire dans le programme de

développement national de nombreux pays et son financement est insuffisant. Ceci se reflète dans les progrès limités enregistrés dans le cadre de la réalisation du premier objectif du millénaire pour le développement MDG1 en Afrique. Pourtant, il est bien connu que les avantages procurés par un investissement dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle sont significatifs. La Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle est la base de la survie, de la santé ainsi que de la croissance et du développement économiques et sa mise en œuvre requiert une approche multisectorielle. La sécurité alimentaire et nutritionnelle est une condition préalable à la réalisation de tous les objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Ainsi, investir dans l alimentation et la nutrition semble logique sur le plan politique, économique et social. L Afrique dépense tous les ans quelques 30 milliards US$ pour les importations de produits agricoles, dont la majorité est constituée de produits alimentaires. Cette dépense est un sous-ensemble du commerce africain des denrées de base global qui est actuellement estimé à environ 50 milliards $ par an; on prévoit que ce niveau dépassera les 100 milliards $ d ici 2020. Même si seule une fraction des dépenses associées aux importations et à la logistique de l aide alimentaire était réinvestie dans la production de l Afrique, le commerce interne émergent pourrait soutenir une économie rurale dynamique qui pourrait sortir des millions de personnes de la pauvreté. Le commerce intra-africain pourrait ainsi être le vrai moteur de la capacité développementale de l agriculture qui contribuerait à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. L amélioration de la nutrition nécessite l intervention de plusieurs filières et les contributions des secteurs public et privé, afin de créer un assortiment stratégique de produits alimentaires, de soins de santé, d eau potable et d assainissement, d éducation et d autres facilitateurs d une bonne nutrition. LA RÉPONSE DE L AFRIQUE En réponse à la situation de faim et de malnutrition inacceptable, les Chefs d État et de Gouvernement Africains ont adopté la Déclaration de Maputo en 2003 destinée à réduire la faim, la pauvreté et la malnutrition sur le Continent dans le cadre du Programme Détaillé pour le Développement de l Agriculture en Afrique (PDDAA). En avril 2004, une Conférence Panafricaine s est tenue à Kampala sous le thème "Garantir la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle en Afrique d ici 2020: classer les actions par ordre de priorité, renforcer les acteurs et faciliter les partenariats" qui, entre autres choses, a proposé la tenue d une Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle annuelle. Cette conférence s est fondée sur le travail entrepris précédemment par le Groupe de Travail Africain sur le Développement Alimentaire et Nutritionnel. En décembre 2006, les résolutions et déclarations du Sommet sur la Sécurité Alimentaire d Abuja ont fait état de l engagement des parties prenantes à mettre un terme à la faim et à la malnutrition. De plus, parallèlement au 15e Sommet de l UA à Kampala, un évènement s est tenu sous le thème "L Afrique doit se nourrir. Aucun enfant ne devrait aller se coucher en ayant faim. Réduire le retard de croissance de l enfant de

50 % au cours des cinq prochaines années et au-delà" au cours duquel la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle a été adoptée (Assembly/AU/Dec.327 (XV) par les Chefs d État et de Gouvernement. En octobre 2010 la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle a été lancée au Malawi lors de la Conférence des Ministres Africains de l Agriculture et est commémorée tous les ans le 30 Octobre. Les Ministres Africains de la Santé se sont également engagés à commémorer cette journée lors de la 5 e Conférence des Ministres Africains de la Santé à Windhoek, en Namibie. Après le lancement, l UA/le NEPAD ont mis en place un Comité Directeur présidé par l UA et soutenu par un groupe de travail/comité technique d experts issus de tout le continent, dans le but de prodiguer des conseils d ordre général sur le processus de commémoration pour s assurer que les activités convenues sont alignées sur les objectifs de la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle, et d évaluer les progrès en matière de mise en œuvre. Cette année, la Commission de l Union Africaine propose de célébrer la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle sous le thème "Investir dans le Commerce Intra-Afrique pour la Sécurité alimentaire et Nutritionnelle" le 30 octobre 2011. Ce thème a été choisi en fonction du 18e sommet de l UA (Janvier ou février) dont le thème principal sera "Stimuler le commerce Intra-africian". Un État Membre africain accueillera cette année la commémoration à l échelon continental, alors que tous les autres États Membres organiseront des activités à l échelon national. POURQUOI EST-IL NÉCESSAIRE DE STIMULER LE COMMERCE INTRA- AFRIQUE L investissement dans le commerce intra-africain, dans le contexte du PDDAA, est une intervention à fort impact nécessaire pour améliorer la transformation agricole et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) visant à Réduire de moitié la Faim et la Pauvreté en Afrique d ici 2015. Le commerce agricole est le pilier de la croissance et du développement économiques et contribue, plus que tout autre secteur, à l augmentation du revenu, en particulier pour la majorité des gens pauvres et vulnérables qui vivent dans les communautés rurales. À cet égard, le commerce agricole réduit la pauvreté, la faim et la malnutrition en augmentant l approvisionnement alimentaire et son accès grâce à des revenus accrus. Les résultats de recherches menées dans de nombreux pays au cours de plusieurs décennies montrent qu une augmentation de 1 pourcent du taux de croissance des exportations agricoles fait augmenter le taux de croissance économique de 0.04 à 1.83 %. Les conclusions d une étude menée par le NEPAD en 2000 montrent que la demande étrangère en produits de base africains ainsi que les exportations de grande qualité augmenteront de manière significatives au cours des 10 prochaines années. On prévoit

que la demande dans les marchés alimentaires urbains locaux et régionaux à travers l Afrique passera de 50 à 150 milliards USD au cours de la même période. D ici 2030, les agriculteurs pourraient tirer un revenu totalisant 4.5 milliards USD sur les marchés d exportation et de près de 30 milliards USD sur les marchés domestiques et transfrontaliers. La montée en flèche du prix du café est un exemple typique. Les agriculteurs de café en 2004 ont perçu 16 milliards USD alors que le prix total payé par les consommateurs était de 80 milliards USD. L impact du commerce agricole sur la croissance économique potentielle ne s est pas traduit par un impact similaire sur l amélioration de l état nutritionnel. Les taux d insécurité alimentaire et de malnutrition continuent à augmenter chez les groupes vulnérables. La perte de parts de marché dans les marchés régionaux et internationaux impose des coûts significatifs sur les économies africaines en terme de croissance manquée. Les pays africains ne peuvent pas réaliser les objectifs de croissance et de réduction de la pauvreté fixés dans le cadre du Programme Détaillé pour le Développement de l Agriculture en Afrique (PDDAA), à moins d améliorer leur performance commerciale et d inverser le déclin de leurs parts de marché. Défis Les pays africains ne sont pas compétitifs sur les marchés domestiques, régionaux et internationaux en raison d un certain nombre de défis, parmi lesquels: Le manque d infrastructure et de processus de soutien qui conduit à un coût unitaire élevé pour alimenter les marchés régionaux et étrangers; Dans de nombreux pays africains, la création d entreprise demeure une activité difficile et chronophage; La contribution des femmes n est pas reconnue comme il se doit dans l économie. Lorsque les femmes cultivent des fruits et légumes, on parle de cultures potagères, alors que lorsque les hommes cultivent les mêmes produits, ils sont mis commercialisés; Les obstacles au commerce; Le manque de capacités agro-industrielles pour ajuster l offre des produits de base agricoles en fonction des goûts et préférences en constante évolution des consommateurs; Le manque d accès au financement des agriculteurs, des industries agricoles et des entreprises de transformation à petite échelle; Le manque d installations de laboratoire (équipement et produits consommables) et de compétences analytiques; Les normes de qualité de produit inadéquates qui ne sont pas harmonisées, un contrôle de la qualité et un étiquetage inappropriés; Le manque de systèmes d information sur les marchés Les obstacles associés aux politiques et à l administration, ainsi que les tarifs sur les exportateurs africains et les exportations subventionnées.

Par le passé, l Afrique n a pas réussi à faciliter le commerce intra-africain en raison de l absence d un cadre conceptuel directeur d appropriation africaine, ce qui s est traduit par des activités commerciales ponctuelles. Le PDDAA propose un cadre conceptuel d appropriation africaine qui cherche à améliorer l engagement et l action de l Afrique en vue de: i) augmenter la compétitivité et saisir les opportunités dans les marchés domestiques, régionaux et internationaux; ii) investir dans l infrastructure commerciale pour faire baisser le coût de l offre sur les marchés nationaux, régionaux et internationaux; iii) renforcer les capacités commerciales et techniques des entreprises de transformation et des négociants à petite échelle, des organisations d agriculteurs et des associations commerciales; iv) Aider les femmes rurales à cultiver de manière plus productive pour améliorer la nutrition des ménages tout en contribuant au commerce; v) Promouvoir les partenariats stratégiques au-delà des frontières nationales, avec des partenariats entre les secteurs privé et public, ainsi que les liens entre les différents acteurs de la chaîne de valeur dans le but de capturer les économies d échelle et les complémentarités des diverses richesses des ressources. En explorant les avantages comparatifs et compétitifs de leurs produits de base stratégiques à travers de tels partenariats stratégiques, les pays peuvent acquérir et conserver des avantages concurrentiels leur garantissant un accès aux marchés nationaux, régionaux et internationaux et leur permettant de répondre à la demande croissante de produits de base alimentaires de grande valeur. Comme souligné dans le Rapport Économique de 2009 de la Commission Économique des Nations Unies pour l Afrique, l agriculture africaine doit être développée à travers le commerce intra-africain compte tenu des potentiels que cette approche offre pour: Réduire la pauvreté et générer des revenus ruraux à travers une augmentation de la production et productivité des cultures, du bétail et de la pisciculture, et une amélioration de la disponibilité, de l utilisation et de la stabilité alimentaire; Une offre durable de produits alimentaires diversifiés à des prix compétitifs abordables pour les consommateurs africains; Maximiser les rendements des dépenses d investissement; Renforcer les complémentarités sectorielles et régionales; et Répondre rapidement aux besoins alimentaires et nutritionnels des groupes de population vulnérables au cours des périodes de chocs économiques grâce à des réserves alimentaires nationales, au renforcement de la Capacité Africaine en

matière de Gestion des Risque et à la circulation efficace des denrées alimentaires entre les zones excédentaires et déficitaires. OBJECTIFS DE LA COMMÉMORATION CONTINENTALE DE LA JOURNÉE AFRICAINE DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE Le thème général de la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle est "Investir dans le Commerce Intra-Afrique pour la Sécurité alimentaire et Nutritionnelle". Ce thème est lié à cinq sous-thèmes majeurs se rapportant aux programmes alimentaires et nutritionnels pilotes de l UA/du NEPAD, à savoir les programmes de sécurité alimentaire tels que les repas scolaires/l alimentation scolaire, l enrichissement alimentaire et d autres programmes visant à réduire les carences en vitamines et minéraux, la diversité alimentaire, les programmes ciblant la santé et la nutrition des femmes et des enfants et l interdépendance entre le commerce et la sécurité alimentaire et nutritionnelle. L objectif global de l AFNSD 2011 est de fournir une plateforme aux parties prenantes et un leadership à tous les échelons, dans le but de faciliter les discussions entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé, la communauté scientifique, les agriculteurs et les partenaires de développement sur l importance du Commerce Intra-Afrique pour faciliter la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle. LES OBJECTIFS SPÉCIFIQUES INCLUENT: Sensibiliser le plus grand nombre de gens sur l importance d investir dans le Commerce Intra-africain des produits de base alimentaires et agricoles stratégiques dans le but de promouvoir la sécurité alimentaire et nutritionnelle sur le Continent ainsi que l effet qui en résulte sur la croissance sociale et économique; Souligner les conditions requises en matière de politique, de réglementation et d investissement pour promouvoir et développer le commerce intra-africain des produits de base alimentaires et agricoles stratégiques, en mettant l accent sur l accélération de la mise en œuvre des programmes d investissement agricoles et commerciaux nationaux qui incluent le développement de l infrastructure, les cadres institutionnels et juridiques, l harmonisation de la production et des normes de qualité relatives à la libre circulation des personnes et des marchandises. Faciliter un dialogue fondé sur des principes entre toute une variété de parties prenantes de haut niveau ainsi que d autres acteurs étatiques et non étatiques (y compris les organisations d agriculteurs, les entités commerciales privées et les institutions académiques et de recherche africaines) pour qu ils délibèrent sur un plan d action de développement du Commerce Intra-africain/des Marchés Communs pour les Produits de Base Stratégiques dans le contexte de l Approche des Chaînes de Valeur Régionales;

ACTIONS Partager les pratiques d excellence, les innovations, les défis et les contraintes associées à la coordination entre les différents acteurs et secteurs (création de liens verticaux et horizontaux); Créer une sensibilisation aux opportunités commerciales pour les produits alimentaires traditionnels locaux et africains et à l importance qu ils revêtent pour faciliter la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers l augmentation de la diversification alimentaire; Améliorer l accès aux marchés et aux opportunités commerciales en promouvant la production et la consommation de produits alimentaires de grande qualité tels que les produits alimentaires enrichis en micronutriments, les différents fruits et légumes riches en nutriments et les produits alimentaires de source animale; Diffuser les preuves des progrès enregistrés et faciliter le passage à l échelle supérieur de l horticulture vivrière locale pour l alimentation scolaire et son rôle dans l amélioration de la production et des marchés locaux; Promouvoir, en priorité, un accès durable à des interventions en matière de nutrition maternelle et infantile intégrées, essentielles et fondées sur des preuves probantes à travers une approche multisectorielle. Le but principal de l AFNSD est de servir de point de ralliement pour intensifier les engagements à tous les échelons et en tout temps en vue de relever les défis en matière d insécurité alimentaire et nutritionnelle et de malnutrition. L AFNSD fournit une plate-forme aux échelons national, régional et international permettant le partage des expériences, des connaissances et de l apprentissage mutuel et la mesure des progrès accomplis pour garantir une sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous, par les Gouvernements et les partenaires multilatéraux. Après avoir avalisé l AFNSD, il est maintenant temps d entreprendre une action soutenue et efficace pour éradiquer la faim et la malnutrition sur le continent. Nous devons tirer parti de la volonté politique pour promouvoir et stimuler une planification et une mise en oeuvre plus cohérentes et efficaces des stratégies et interventions avérées en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans tous les États Membres de l Union Africaine. Les actions mentionnées ont pour but d opérationnaliser le thème de la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle. Dans le cadre des 4 domaines thématiques, un appel est lancé aux États Membres et aux Régions pour qu ils prennent des mesures spécifiques afin d améliorer la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans le contexte du commerce intra-africain.

1. Augmenter le volume de la production locale de produits alimentaires nutritifs et de grande qualité à travers: Un accès accru au financement et la rentabilité des technologies; Augmenter la quantité d eau pour la production (irrigation, bétail et pisciculture) pour accroître la production pendant la saison morte, augmenter la productivité et réduire la variabilité de la production; La promotion des partenariats entre les secteurs privé et public et les alliances interentreprises pour améliorer les chaînes de valeur; La formulation de politiques intentionnelles qui promouvront l achat de produits alimentaires locaux ("Acheter Afrique"); Le renforcement des capacités techniques et technologiques des producteurs, négociants et entreprises de transformation à petite échelle et leur mise en relation avec les marchés, par ex. Purchase for Progress (P4P) (Achat au service du progrès), l horticulture vivrière locale pour l alimentation scolaire, etc. La mise en place de programmes interdisciplinaires pour que les agents de vulgarisation traduisent efficacement les liens entre les secteurs et se focalisent sur le commerce pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle; La mise en place d un système d assurance, de filets de sécurité ou d un soutien aux petits agriculteurs dans les périodes d urgences afin de garantir une durabilité. 2. Améliorer les marchés nationaux et régionaux et le commerce transfrontalier à travers: La modernisation et l harmonisation des normes et classes sur les marchés nationaux et régionaux; La promotion de systèmes commerciaux modernes, y compris le développement de bourses de marchandises régionales et nationales; L élimination des obstacles au commerce associés aux politiques et politiques administratives, tels que l exonération fiscale pour les produits alimentaires à forte valeur nutritionnelle; La mise en place d un cadre de réglementation et de politique institutionnel qui facilitera la surveillance des politiques commerciales et promouvra la circulation transfrontalière des marchandises; La prestation de services de gestion et de certification de la qualité en développant des systèmes pour gérer la qualité et certifier le produits en vue de faciliter la conformité avec les accords commerciaux nationaux, régionaux et internationaux, et de surmonter tout obstacle technique affectant le commerce intra-africain, en particulier pour les produits alimentaires à forte valeur nutritionnelle; Le renforcement des capacités en matière de compétences en plaidoyer et en négociation, de façon à mieux articuler les intérêts africains lors des

négociations commerciales bilatérales et multilatérales afin d éviter les distorsions des politiques étrangères qui limitent l accès au marché des produits alimentaires nutritifs de grande qualité; L établissement des priorités en matière de production et de commercialisation des produits horticoles. 3. Améliorer les capacités d intervention d urgence régionales et locales pour éviter la destruction des systèmes et des gains réalisés par les communautés, les pays et les régions en: CONCLUSION Établissant des réserves de produits de base régionaux stratégiques qui sont produits et achetés au niveau régional; Établissant un fonds de réserve pour l achat de produits alimentaires hautement nutritifs pour une intervention d urgence. La commémoration de la Journée Africaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle est destinée à attirer l attention sur et à susciter l engagement envers l alimentation et la nutrition au plus haut niveau. Elle fournira une plate-forme et un leadership permettant de partager les résultats des recherches, les expériences/pratiques d excellence, les leçons tirées et les connaissances provenant des mesures prises pour concrétiser les recommandations susmentionnées. Les leçons tirées en matière d amélioration de la production alimentaire et de l ajout de valeur sur le continent africain seront partagées de la même façon entre les parties prenantes lors de cette journée. Il est prévu que les pays organisent des évènements abordant les thèmes et sous-thèmes de cette année. Bien qu une ligne directrice des activités ait été fournie, les pays sont libres d initier leurs propres activités à partir du moment où elles sont conformes au thème.