École des arts visuels et médiatiques Université du Québec à Montréal Document synthèse Par Éliane D Anjou Dumas Présenté à Madame Moniques Richard Dans le cadre du cours AVM 4000-40 Création et enseignement des arts visuels et médiatiques 17 décembre 2009
Mon projet de création, tant le volet artistique que le volet pédagogique est à caractère très sociologique et le thème principal, ce à quoi j accorde le plus d importance, est la communication. À notre époque, nous avons divers moyens de communication technologiques tous plus variés les uns que les autres et je trouve que nous oublions souvent les vieilles méthodes de communication tels que les envois postaux. Nous oublions même quelquefois de simplement parler, de vive voix, avec les gens qui nous entourent. J ai toujours trouvé plus empreintes d émotions, de présence humaine les lettres et les cartes postales plutôt que les messages textes ou le clavardage. Pour mon volet artistique, j ai voulu mettre en parallèle le genre des paysages urbains et des cartes postales. Je trouve intéressant le paradoxe que créent mes cartes postales entre présence et vide. Sur mes photographies, on voit des lieux urbains empruntés tous les jours par différentes personnes, mais aussi on constate l absence de présence de ces dites personnes. Ces personnes, absentes sur mes photographies, sont aussi les auteurs de mes cartes puisqu elles les ont ramassées sur ces mêmes lieux. Par leur réponse, elles font actes de présence dans ces lieux vacants, à l instant de la prise de vue. Je collecte un instant de leur vie puisqu elles ont pris le temps de me répondre. Sans poser de questions, elles ont répondu aux miennes. Mon projet détourne les codes de la carte postale puisque, généralement, on adresse notre carte à quelqu un d autre. Hors, pour ma part, je me l adresse directement mais je ne peux deviner le contenu à l avance. Pour finir, le volet artistique de mon projet joue aussi sur l anonymat et l ostensible : puisque je signe de mon vrai nom, mais l adresse est une boîte postale tout ce qu il y a de plus anonyme. De plus, les gens qui répondent signent ou non leur nom, me laissent ou pas leur adresse 1
En ce qui concerne le volet pédagogique, je suis restée autour du thème de la communication. J ai décidé de le faire avec ma famille, parce que lors de la réalisation du volet artistique de mon projet, où je tentais d entrer en contact avec des inconnus qui empruntent les mêmes lieux que moi, je me suis rendue compte que je n entrais même pas tous les jours en contact avec les personnes qui habitent avec moi, c est-à-dire avec les membres de ma famille. Au départ, mon projet se basait sur les lacunes de communication dans la société dues aux nouvelles technologies, mais je passais outre le fait qu il y a des lacunes de communication au sein de ma propre famille. J ai gardé l idée de boîte postale en installant dans ma demeure une boîte pour chaque membre de ma famille. Chaque boîte reste confidentielle, à l image des vraies boîtes postales, sans toute fois être verrouillée. Seul le propriétaire de la boîte, où son nom est inscrit, peut y prendre le contenu. Ces boîtes, comme je l ai expliqué à ma famille, servent à y déposer des lettres qui parlent de choses que nous n avons pas le courage d aborder de vive voix. Nous pouvons parler de ce qui nous dérange, de comment nous nous sentons face à différents problèmes que nous vivons, etc. Pour alléger un peu le tout et parce que je savais que c était un processus qui prendrait du temps, cela ne se fait pas du jour au lendemain de se vider le cœur et de remettre de l ordre dans nos vies, j ai donc installé un petit babillard, autre moyen de communication, sur lequel nous pouvons inscrire, presque chaque jour, de petites notes à caractère plus léger; non pas de l ordre de corvées, de commissions ou de listes de choses à faire, nous avons déjà notre tableau vert à craie pour cela, mais plutôt sous forme de petites pensées du jour. 2
J ai aussi réfléchi à une autre forme pour pouvoir exploiter mon projet dans un contexte scolaire. J ai pensé à un mur à graffitis. L art visuel est aussi un moyen de communication et les graffitis servent à la fois à se défouler qu à montrer ses couleurs. Mon projet consisterait à installer sur un mur ou sur tous les murs de la classe, dépendant de l ampleur qu il prendrait, une toile vierge qui resterait là en permanence (toute une année scolaire) et où les jeunes pourraient s y exprimer librement par des graffitis. Ce ne serait pas un projet qui serait évalué mais plutôt un moyen pour gérer la tension que vivent certains jeunes. Cela serait un exutoire pour un jeune qui ne serait pas en état de participer à la classe d arts plastiques cette journée là. Bien sùr, il devra y avoir des consignes claires, du genre : Rien de discriminant ou à caractère raciste ne devra se retrouver sur le mur sinon il pourrait y avoir des sanctions, etc. Voici l ébauche de ce à quoi j ai pensé. Je ne sais pas si c est réalisable sans qu il y ait trop de débordements et je ne sais pas si cela serait pertinent et utile dans la vie d un jeune mais j aimerais bien l expérimenter un jour. 3
Documentation d artistes qui font de l art dit social : Véronique Aubouy Proust lu «Je fais lire «A la Recherche du Temps perdu» devant ma caméra depuis le 20 octobre 1993. C'est une action et une situation propre à ma vie. Tous les mots de La Recherche sont lus à voix haute devant ma caméra. Il faudra des dizaines d'années pour tous les enregistrer. Un engagement pour la vie. Je filme des personnes de tous horizons, de toutes générations. En tous lieux et à toutes saisons. Les lecteurs lisent dans l'ordre. Le choix des lecteurs se fait au gré de rencontres, de voyages, de recommandations. Et il y a mes proches. Ce film est aussi une autobiographie. Chaque lecteur est libre de se mettre en scène. Chaque lecture (environ deux pages) est un portrait. Celui que je filme prête son visage et sa voix au narrateur qui n'en a pas. Un télescopage entre l'écrit et l'oral. Par le rythme de sa lecture, par les pauses qu'il marque, il dévoile un temps qui lui est propre. Un temps qui le définit comme personne. «Proust Lu» est une somme d'actions et de mémoire. Dans la répétition «ad vitam» de ce geste (appuyer sur le bouton record, geste fait à ce jour 805 fois), se trouve mon temps à moi. Je décline cette action comme on respire, comme on mange. C'est plus une liberté qu'une utopie, c'est me prouver que cette œuvre est une oeuvre impossible. Ce qui anime ce travail, comme ce qui animait Proust, c'est la conscience d'une aliénation. Encore 30 ans pour en avoir fini. Je rêve du jour où je n'y arriverai pas...» Véronique Aubouy, 2007 http://www.veroniqueaubouy.fr/index.html 4
Mes cartes postales 5
Liste d idées pour d autres cartes postales : LIEUX QUESTIONS Arrêt de bus Où allez-vous? Église Pour qui ou quoi priez-vous? Cimetière Qui pleurez-vous? Banc de parc Que regardez-vous? " " " À quoi rêvez-vous? Restaurant MC Donald Êtes-vous bien dans votre peau? Centre de mise en forme " " " " " " Boutique érotique Sur quoi fantasmez-vous? 6
Ma position en tant que future enseignante : On n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir : on n'enseigne et on ne peut enseigner que ce que l'on est. Jean Jaurès Incarne ce que tu enseignes, et n enseigne que ce que tu incarnes. Dan Millman Qui ne continue pas à apprendre est indigne d'enseigner Gaston Bachelard J apprends chaque jour pour enseigner le lendemain. Émile Faguet L identité professionnelle se développe par des allers-retours entre la connaissance de soi et le rapport à l autre. Gérald Boutin On ne peut rien enseigner à autrui. On ne peut que l aider à le découvrir lui-même. Galilée Enseigner c est : répéter différemment. Richard Cordeau (chargé de cours à l UQAM) Tu me dis, j oublie. Tu m enseignes, je me souviens. Tu m impliques, j apprends. Benjamin Franklin Un bon maître a ce souci constant : enseigner à se passer de lui André Gide Ne croyez-vous pas que nous avons à enseigner une foule de choses auxquelles nous ne croyons pas nous-mêmes? Henrik Ibsen On le voit, les qualités humaines doivent être nombreuses pour prétendre porter le titre d enseignant. Jean Pierre Guiotat Un véritable artiste est un artiste qui touche tout le monde Bernard Werber 7