Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur 301, rue Carillon, Québec, Qc G1K 5B3, Tél.:529-6158 courriel: cccqss@globetrotter.net MÉMOIRE Présenté à la Ville de Québec Dans le cadre de la consultation sur l avenir du transport en commun Février 2004
Préambule Pour un réseau amélioré et durable mais à quel prix pour les utilisateurs? Le Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur désire, par le présent document, faire connaître son opinion quant à l avenir du transport en commun à Québec. De cette façon, nous sommes fiers de participer entre citoyens et citoyennes interpellés par ce sujet soulevant des passions, certains y voyant un avenir prometteur avec une perspective de développement durable; d autres: qu un éternel trou noir financier ne servant qu à une mince tranche de la population. Par le passé, le Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur a travaillé sporadiquement sur le dossier du transport en commun. Les rues du quartier ont vu passer différents parcours, certains disparaître, d autres bonifier, alors que d autres ont donné du fil à retordre aux utilisateurs car leur trajet ou horaire étaient modifiés, suscitant ainsi plus de mécontentement chez les usagers qu'une meilleure efficience dans le service donné. À certains moments, le Comité avait à intervenir. Comme il s agit d un épineux dossier, nous devions intervenir de façon diplomate en sachant que l une ou l autre de nos décisions ne plairaient pas à certains citoyens du quartier. Dans le présent mémoire, nous répondrons aux trois questions présentées dans la brochure explicative. Nous questionnerons les propositions retenues par la Ville de Québec, de manière à envisager des solutions, voire des bonifications afin de rendre ce service essentiel plus accessible. 2
Est-il souhaitable de développer davantage le transport en commun à Québec? Que ce soit pour des raisons écologiques, soit diminuer les gaz à effet de serre, des raisons économiques, soit la construction et la rénovation d autoroutes, et ça coûte cher, ou tout simplement des raisons pratiques, nommons ici la congestion des axes routiers, il est très évident qu il est souhaitable de développer davantage le transport en commun à Québec. La question principale ne situe pas à ce niveau. Nous nous posons plutôt des questions sur la volonté réelle de développer le transport en commun et sur la cohérence des politiques de la Ville. Les deux éléments suivants illustrent bien le problème : Les dernières données statistiques nous informent que, pour la même période de temps, celle en 1991 et 2001, la population de la Ville de Québec a augmenté de 18 880 individus alors que le parc automobile a vu son nombre augmenter de 27 000 voitures. Dans la brochure explicative, la Commission consultative sur le transport, la circulation et le stationnement fait état de la situation en mentionnant que «le pourcentage de déplacements motorisés par transport en commun est passé de 16% à 10%, pour cette même période, une baisse significative qui bénéficie presque exclusivement à l usage de l automobile individuelle». Nous nous demandons alors : comment peut-on vouloir améliorer le service du transport en commun, alors que la Ville de Québec prend des décisions telle celle de donner son aval pour le prolongement de l autoroute Du Vallon? Il semble contradictoire de vouloir, d un côté, rendre les gens dépendants de leur voiture, puis d un autre côté exiger un meilleur système structurant pour le transport en commun. Il semble régner, à Québec, depuis l avènement des autoroutes et des banlieues de première et de seconde couronne, une mentalité de promotion des autoroutes. Notre quartier ne se remettra jamais de cette mentalité, car la profonde entaille qu est le boulevard Charest divise le quartier en deux permettant aux travailleurs et travailleuses du centre-ville de pouvoir s extirper le plus rapidement possible de la basse ville en direction de leur résidence. Une étude comparative de plusieurs villes nord-américaines réalisé par M. Marc Boutin, relève que la Ville de Québec possède le plus grand nombre de kilomètres d autoroute par habitants, soit 20km d autoroute par 100 000 habitants. La Ville de Québec, avec l appui de son Service de l environnement, désire appliquer un règlement afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, mais d un autre côté, elle ne voit pas à diminuer le nombre d utilisateurs de voitures!!! Alors comment améliorer le transport en commun si, depuis près d un demi-siècle, nous privilégions la voiture et faisons la promotion des autoroutes? Le Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur se questionne fortement quant à cette contradiction flagrante. Une récente étude 1 du Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD) de l Université Laval vient appuyer notre questionnement en faisant ressortir les observations suivantes concernant la région de Québec : 1 Guéricolas, Pascal, le Fil des événements, extrait paru dans le Soleil du 24 janvier 2004, p. D-7 3
«Depuis vingt ans, le temps consacré aux déplacements pour se rendre au travail avait peu augmenté, il est relativement aisé d accéder à son lieu de travail quel que soit le lieu de sa résidence à Québec. L étude révèle aussi qu on emprunte de plus en plus sa voiture pour aller travailler puisque les femmes qui circulaient autrefois en autobus, renoncent de plus en plus à celui-ci.» Il est entendu que le Comité s inscrit dans une logique pour le développement durable des quartiers centraux, ce qui inclut le développement du transport en commun. Nous nous opposons à l augmentation du transport automobile en direction des quartiers centraux. Nous sommes par contre conscients que la Ville de Québec a un territoire pouvant accueillir des millions de gens et que la population s est étalée en banlieue, loin du centre-ville, laissant les administrateurs municipaux et provinciaux pris avec la facture des coûts de construction, du maintien et de la rénovation des infrastructures. Un virage «radical» pour le transport en commun est plus que souhaitable, c est même vital!!! Le tramway est-il la solution d avenir? Le Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur n a pas de position de principe pour ou contre le développement d un tramway. Ce qui est essentiel selon nous, c est de mieux desservir la population par le développement de trajets qui pénètrent à l intérieur des quartiers. En développant une stratégie qui repose uniquement sur les grands axes, où passent actuellement les métrobus, le Comité considère que l on passe à côté de l essentiel. De plus, nous nous posons la question à savoir comment augmenter l affluence de population utilisant ces axes centraux si on ne dessert pas bien les quartiers comme celui de Saint- Sauveur? C est pourtant avec les personnes habitant à l intérieur des quartiers que le tramway sera alimenté! Dans cette optique, il faudrait aussi revoir la fréquence de passage des parcours tels que le 1, le 10 et le 18, par exemple, car ils sont très difficiles d accès hors des heures de pointe et parfois même carrément arrêtés la fin de semaine. Encore pire, certains secteurs, comme le quartier industriel Saint-Malo, ne sont desservis que le matin et en fin d après midi. En bref, un projet de tramway, ou tout autre projet de même envergure, ne peut être une solution d avenir que si nous l imbriquons dans un projet de révision majeure de la trame urbaine et du système de transport en commun en général. Un système léger sur rail ne peut à lui seul faire changer la mentalité «tout automobile». Tout projet d envergure doit se marier dans un projet où les autoroutes seraient transformées en boulevards urbains. Ces derniers permettraient l implantation de grandes entreprises aux abords des boulevards et inviteraient peut-être les citoyens à utiliser le transport en commun. Le président du RTC, M. Paul Shoiry, parle de ne pas «partir en guerre contre l automobile», mais comment envisageons-nous expliquer aux utilisateurs de l automobile d utiliser des grands parcs de stationnements aux abords des terminus de tramway? Comment les travailleurs du centre-ville accepteront de laisser leurs voitures dans des stationnements à aire ouverte face aux grands vents de l hiver alors qu actuellement leur voitures sont situés dans des stationnements souterrains, chauffés, du centre-ville? Nous croyons sincèrement que, pour favoriser le transport en commun, il faudra probablement partir «un peu» en guerre contre l automobile. 4
Qui doit assumer les coûts du transport en commun? Qui utilise le transport en commun? Voilà la question! Pour le Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur, il est très important que, peu importe l option choisie, le financement n incombe pas uniquement aux personnes qui utilisent le transport en commun. Nous nous opposons à ce que les usagers paient toutes les améliorations apportées. Les utilisateurs du transport en commun sont dans la grande majorité les personnes sans emploi, les travailleurs et travailleuses à faible revenu, puis les personnes aux études ou âgées. La tâche d assumer les coûts pour un réseau plus structurant ne doit pas retomber sur leurs épaules. Bien avant de se déplacer, ces gens doivent penser à se loger et se nourrir. La Ville de Québec connaît une grave pénurie de logements faisant en sorte que les propriétaires ont le beau jeu d augmenter à leur guise les loyers. Ce qui fait qu en seulement trois ans, le coût des loyers a augmenté à près de 10%. Le salaire minimum et les prestations gouvernementales, ne suivant pas l inflation, font que les gens n ont pas les moyens de se payer une «passe mensuelle» d autobus. Un projet de tramway ou tout autre projet d envergure coûtera très cher. D un autre côté, l appui financier du gouvernement provincial atteignait un creux historique alors que c était le gouvernement du Parti québécois qui était au pouvoir. Comment penser que le parti actuel, et ceux à venir, dépenseront plus d argent pour le transport en commun des grandes agglomérations? Il devra y avoir un immense travail de représentation de la part des dirigeants du Réseau de transport de la Capitale ainsi que de la Ville pour convaincre les paliers supérieurs d investir des sommes dans un projet structurant. Une vaste mobilisation citoyenne devra voir le jour pour appuyer ses représentations. 5