Économie et territoire Structure productive et marché du travail Les défis du tourisme dans la région méditerranéenne Maxime Weigert Chargé de recherche Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed), Paris Doctorant en géographie Institut de recherches et d études sur le tourisme (IREST), Paris 1-Panthéon Sorbonne Les révolutions arabes ont durement éprouvé le secteur touristique des pays des rives sud et est de la Méditerranée 1 (PSEM), qui tous ont été confrontés à des baisses de fréquentation plus de 20 % de pertes en moyenne pour l ensemble de la sous-région 2. Ces mouvements inédits, qui se sont combinés à d autres épisodes régionaux très préoccupants (attentat de Marrakech, guerre de Libye, crise syrienne), n ont pas manqué d alarmer les touristes européens, qui ont été nombreux à se replier sur la rive nord de la Méditerranée pour leurs vacances. La persistance des troubles au Proche-Orient et les incertitudes quant à la capacité des nouveaux gouvernements égyptiens, tunisiens et libyens à sécuriser la transition démocratique risquent de prolonger la désertion des destinations sud-méditerranéennes. Dans des pays où le tourisme compte en moyenne pour 10 % du PIB et de l emploi, cette crise s annonce hautement périlleuse, et fait du retour des touristes un enjeu économique de premier ordre. Mais la reprise de l activité n est pas une fin en soi. Les révolutions sont venues révéler les défaillances structurelles de secteurs touristiques fragilisés par plusieurs années de gouvernance inadaptée et incapable d offrir des opportunités de développement renouvelées dans le domaine de l emploi et de l investissement. Certes, la croissance des arrivées touristiques a battu son plein dans les dernières années, mais c est bien le modèle touristique lui-même qui est remis en cause par la révolution : prédominance du tourisme balnéaire de masse, dépendance envers le marché européen, inégalités territoriales de développement touristique constituent les faiblesses d un tourisme sud-méditerranéen mal équilibré. À l heure où la plupart des PSEM amorcent un mouvement de démocratisation, ces faiblesses déterminent les principaux défis sectoriels que ces pays ont à relever. Le poids du tourisme dans les économies du Sud Avec près de 300 millions d arrivées internationales en 2010, soit le tiers environ du total mondial des flux de touristes internationaux, la Méditerranée est la première région touristique du monde. Du fait de la présence des géants touristiques de la rive nord (France, Espagne et Italie), les PSEM comptent pour une part mineure du total (50 millions). En revanche, leur place dans le tourisme régional est autrement significative sur le plan de la croissance. Entre 2005 et 2010, ces pays ont connu une croissance annuelle moyenne du nombre d arrivées de 8 %. Par comparaison, les pays d Europe méditerranéenne, Turquie non comprise, ont enregistré un taux moyen de 1 % sur la même période. Le Sud s est imposé dans les années 2000 comme le principal pôle de croissance du tourisme méditerranéen (Voir le tableau 8). Les niveaux de développement touristique des PSEM demeurent toutefois très inégaux. La rive sud réunit aussi bien des grands pays touristiques pour lesquels 231 Med.2012 Bilan 1 On entend par PSEM l ensemble des pays non européens bordiers de la Méditerranée, Turquie non incluse : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Jordanie, Israël, territoires palestiniens, Liban et Syrie. 2 Source : Baromètre OMT du Tourisme Mondial, volume 10, janvier 2012. Calculs de l auteur
232 Med.2012 Bilan TABLEAU 8 Le secteur du tourisme dans les pays sud-méditerranéens Arrivées internationales 1 (en milliers) Recettes du tourisme international 1 (en millions de dollars) le tourisme constitue depuis longtemps un secteur stratégique (Tunisie, Maroc, Égypte, Jordanie) que des pays fermés au tourisme (Algérie, Libye). Par ailleurs, la fréquentation des pays du Proche-Orient (Syrie, Liban, Israël, territoires palestiniens) varie en cycles alternatifs, au gré des crises politiques que traverse la région, bien que la tendance soit à la croissance dans l ensemble de ces pays. Dans les dernières années, ce sont le Maroc, l Égypte et la Jordanie qui ont fait figure de champions de la rive sud, avec, sur la période 2005-2010, un taux de croissance annuelle moyen de plus de 9 % pour les arrivées et de plus de 10 % pour les recettes du tourisme international. La Tunisie, pionnière du développement touristique de la rive sud, est quant à elle devenue le pays le moins performant de la zone. Emplois touristiques 2 (en milliers, en 2010) Pertes touristiques 1 en 2011 Nombre emplois directs Nombre d emplois indirects Baisse de fréquentation en 2011 2005 2010 TCAM 2005-2010 2005 2010 TCAM 2005-2010 Algérie 1 443 1 912 5,79 477 n.d. n.d. 354 698 n.d. n.d. Égypte 8 608 14 051 10,3 7 206 12 528 11,7 1 677 3 683-33,2-25,7 Jordanie 3 200 4 557 7,33 2 004 3 413 11,24 130 321-15,7-17,7 Israël 1 916 2 803 7,91 3 427 4 768 6,83 85 259 0,6 n.d. Liban 1 140 2 168 13,72 5 531 8 012 7,69 119 426-24,4 n.d. Libye n.d. 34 n.d. 250 60 n.d. 27 51 n.d. n.d. Maroc 6 077 9 288 8,85 4 610 6 720 7,83 815 1 806 1,6 4,6 Syrie 5 859 8 546 7,84 1 944 6 190 24,92 305 772-40,7 n.d. Tunisie 6 378 6 902 1,59 2 143 2 645 4,3 256 531-30,7-50,7 88 522 n.d. 119 522 n.d. n.d. n.d. -11,7 n.d. Territoires palestiniens comptent en moyenne pour 60 % des arrivées internationales. Ces flux alimentent une économie qui partout représente un important poste d emploi et d investissements, que le tourisme fasse on non l objet de stratégies économiques. À la veille du printemps arabe, le secteur pourvoyait 3,8 millions d emplois directs dans les PSEM, soit 7 % de l emploi total, et 8,5 millions d emplois indirects, soit 15 % de l emploi total 3. Les révolutions, en entraînant une chute drastique de l activité touristique dans la région, ont donc mis en péril l une des économies les plus dynamiques et les plus stratégiques de la rive sud. L impact des révolutions arabes sur le tourisme Baisse des recettes touristiques en 2011 Total 34 709 50 783 7,91% 27 711 44 858 10,60% 3 768 8 547-22% n.d. 1 Organisation mondiale du tourisme (OMT) ; 2 World Travel and TourismCompany et TSAResearch (Tourism Satellite Account). TCAM : Taux de croissance annuelle moyen. n/d : not available. Avec près de 300 millions d arrivées internationales en 2010, soit le tiers environ du total mondial des flux de touristes internationaux, la Méditerranée est la première région touristique du monde Le tourisme sud-méditerranéen est caractérisé par une forte dépendance envers les flux européens, qui Compte tenu de la nature transversale de l activité touristique et de ses effets d entraînement sur les autres secteurs, l impact du printemps arabe sur le tourisme sud-méditerranéen sera difficile à évaluer avec précision. Néanmoins, le premier chiffrage de la baisse de fréquentation et de recettes touristiques en 2011 laisse entrevoir l ampleur des pertes liées aux révolutions. Par rapport à 2010, les deux pays révolutionnaires, la Tunisie et l Égypte, ont enregistré une baisse des arrivées internationales de 31 % et 33 % et une baisse des recettes du tourisme international de 51 % et de 26 %, respectivement. À l est, le Proche-Orient a subi les conséquences de 3 Source : TSA Research, World Travel and Tourism Company (WTTC).
la révolution égyptienne et de la crise syrienne, avec une chute des arrivées internationales de 41 % en Syrie, de 24 % au Liban et de 16 % en Jordanie. Israël et le Maroc sont les seuls PSEM ayant poursuivi une croissance, très ralentie, de leurs entrées internationales (0,6 % et 1,6 %, respectivement). Outre le déficit de ressources financières qu elles ont causé, ces pertes se sont accompagnées de la destruction de plusieurs milliers d emplois. À court terme, le printemps arabe a donc eu pour effet d aggraver la situation socio-économique qui l a motivé. Mais l impact profond des événements se mesurera à travers la relance du tourisme dans les pays révoltés. À cet égard, il apparaît que la reprise de l activité se joue plus sur la rive nord que sur la rive sud. En effet, non seulement les pays ayant connu des troubles ont entrepris les actions nécessaires, comme le renforcement de la sécurité dans les zones touristiques et l organisation de campagnes de communication destinées à rassurer les touristes européens, mais surtout, aucun acte hostile contre des touristes n a été recensé dans la haute saison qui a suivi les révolutions. L hésitation des tour-opérateurs et des touristes individuels à retourner sur la rive sud s explique probablement mieux par le fait que les révolutions arabes, plutôt que d avoir suscité l empathie et la bienveillance des pays européens, se sont rapidement inscrites dans le débat sur la menace islamiste qui pèse supposément sur le monde arabe. La crise économique globale et la victoire des partis islamistes aux élections tunisienne, marocaine et égyptienne ont entretenu vis-à-vis du Sud une certaine défiance, qui a été vivement étayée par les médias européens et par certains faits divers locaux, comme l enlèvement de touristes dans le Sinaï à l hiver 2012. L impact imaginaire des révolutions fait du retour de la confiance l un des enjeux majeurs de la transition. Les révolutions, révélatrices des défaillances d un modèle touristique Bien avant les révolutions, de nombreux diagnostics sectoriels avaient conclu à la défaillance structurelle du tourisme sud-méditerranéen. En dépit de l hétérogénéité des situations et des niveaux de développement touristique des PSEM, tous présentent effectivement une déficience comparable : la faible diversité de l offre touristique. Cette lacune, qui concerne aussi bien la nature de l offre (types et gammes de produits) que sa répartition géographique, est liée non seulement à la forme de tourisme qui a été favorisée par ces pays, mais aussi à la manière dont se sont structurés leurs territoires touristiques. Après les décolonisations, la plupart des PSEM ont mis le tourisme au service d une stratégie de développement économique. Dans le contexte de l essor du tourisme international des années 1970, leur objectif était de favoriser la création d emplois de service et d accroître l entrée de devises et d investissements sur leur sol. Cette approche macroéconomique a déterminé le modèle de développement touristique de ces pays, dans lequel la préférence a été donnée à la création de grandes stations touristiques, à l offre balnéaire et à la commercialisation par les voyages à forfait. L orientation vers le tourisme de masse a été un succès pour les pays qui l ont suivie, dans la mesure où elle leur a permis de capter d importantes parts de marché dans le tourisme balnéaire européen, et qu elle a contribué au développement socio-économique de grandes régions littorales (Sahel tunisien, Agadir, mer Rouge, etc.). Mais la constitution d une offre aussi spécialisée a également entraîné des conséquences négatives sur le plan structurel. Tout d abord, la forte saisonnalité du tourisme s est payée d une précarisation des emplois touristiques, d une faible rentabilité des investissements et d une difficulté à développer de véritables filières touristiques (formation, élargissement de l offre de services). Deuxièmement, étant donnée l absence de différenciation de l offre, la concurrence régionale a entraîné une guerre des prix entre les destinations sud-méditerranéennes, qui, sous la pression des tour-opérateurs, ont cherché à diminuer toujours plus le prix de vente des séjours balnéaires. Enfin, les produits correspondant à cette forme de tourisme se sont révélés de moins en moins en phase avec les évolutions du tourisme international, où la demande d authenticité prend progressivement le pas sur les séjours en «enclaves touristiques» 4. Cette inadaptation a fini par limiter les performances et le potentiel de croissance du 233 Med.2012 Bilan 4 L expression «enclave touristique» désigne les espaces clos, comme certains hôtel-clubs, qui sont placés sous surveillance dans un environnement sécurisé et consacrés exclusivement aux touristes et aux employés qui les servent. Cf. Freitag Tilman G. «Enclave tourism Development: For Whom the Benefits Roll?, Annals of Tourism Research 21, 538-554 (1994)
234 Med.2012 Bilan secteur touristique (baisse en gamme, accroissement des fuites touristiques, etc.). La structure territoriale du tourisme sud-méditerranéen est également problématique. La polarisation de l activité touristique sur le littoral n a fait qu aggraver les inégalités de développement au détriment des arrière-pays. Par ailleurs, la nécessité de capter la clientèle européenne a conduit les pays de la rive sud à privilégier une structuration par «points d entrée» de leur territoire touristique, dans laquelle le développement aéroportuaire a joué un rôle primordial. Le tourisme sud-méditerranéen s est bâti autour de grands pôles dédiés à un tourisme de séjour sédentaire (Marrakech, Djerba, Sharm el-sheikh), qui pendant longtemps ont concentré la quasi-totalité des flux et des investissements touristiques. Cette circonscription de l activité, confinée à quelques grandes destinations, n a pas permis aux pays de tirer profit de la fonction d aménagement du tourisme, car en l absence d une offre intégrée au niveau national, les interstices des grands pôles et les arrière-pays sont demeurés des espaces mal aménagés, déconnectés des points d acheminement des touristes, et donc impuissants à les attirer à eux. À de rares exceptions près, les PSEM n ont donc pas mis en œuvre les politiques de reconversion, de segmentation et de montée en gamme qui leur aurait permis de renforcer leur attractivité touristique. Les changements politiques leur donneront certainement l occasion d adopter de nouvelles stratégies. Quel tourisme après les révolutions arabes? La transition touristique des PSEM implique en premier lieu une transformation et une modernisation de leur économie touristique. Si l on fait l hypothèse que les transitions démocratiques favorisent les libéralisations économiques et l adoption de grandes réformes macro-économiques 5, les révolutions arabes ouvrent des perspectives très positives quant à l avènement, à moyen et à long termes, d un développement touristique durable dans ces pays. Ce changement nécessite une refonte de la gouvernance touristique, un bannissement des pratiques anticoncurrentielles (corruption, népotisme) et un meilleur partage d influence entre les acteurs du développement touristique (secteur privé et public, société civile, populations locales). Dans certaines configurations (en Tunisie et au Maroc par exemple), la décentralisation administrative peut constituer un objectif prioritaire. La poursuite de la libéralisation de certains secteurs stratégiques paraît également incontournable. C est le cas notamment pour le transport aérien, dont la dérégulation est devenue indispensable à l accroissement des flux touristiques, du fait de l essor du transport lowcost dans le monde. L expérience du Maroc, signataire d un accord Open Sky avec l Union européenne en 2006, fait à cet égard figure de modèle de réussite. La crise du printemps arabe a révélé l obsolescence de modèles touristiques fondés à la fois sur l autoritarisme social et sur une offre déconnectée des territoires La crise du printemps arabe a révélé l obsolescence de modèles touristiques fondés à la fois sur l autoritarisme social et sur une offre déconnectée des territoires, où les touristes n étaient pas confrontés aux conditions socio-économiques et politiques dans lesquelles évoluaient les populations locales. La libéralisation des forces sociales et culturelles des pays sud-méditerranéens laisse présager que ce modèle ne survivra pas au processus de démocratisation. Le principal défi des PSEM dans le secteur du tourisme réside donc dans la capacité qu auront ces pays à coupler transition démocratique et transition touristique. La volonté d émancipation qu ont manifesté les classes moyennes à travers les révolutions témoigne probablement de la capacité de ces populations à entrer dans la société des loisirs. C est pourquoi la transition démocratique rend inéluctable le développement du tourisme domestique dans ces pays. Cette évolution leur permettrait de stabiliser et de consolider leur économie touristique, car le tourisme domestique, moins sensible aux crises endogènes ou exogènes, est bien moins volatil que le tourisme international. Les flux domestiques sont mieux diffusés dans le temps (moindre saisonnalité) et dans 5 À ce sujet, voir Galal Ahmed et Reiffers Jean-Louis (dir.). Les pays méditerranéens au seuil d une transition fondamentale, Rapport du FEMISE sur le partenariat euro-méditerranéen, octobre 2011
l espace (retour des urbains dans leurs régions d origine), et les touristes nationaux sont généralement de forts consommateurs de l offre locale, à laquelle ils accèdent plus aisément (langue, culture, bouche à oreille). En outre, le tourisme domestique sert le projet national, dans la mesure où il favorise l appropriation de l espace touristique par les populations locales et atténue les tensions liées à l occupation foncière du tourisme étranger. Les mêmes arguments peuvent être invoqués pour la promotion du tourisme Sud-Sud, qui permettrait de diversifier les flux et de renforcer l intégration sous-régionale, au Maghreb notamment, où plusieurs millions de touristes algériens et libyens passent déjà leurs vacances en Tunisie. Le tourisme domestique, moins sensible aux crises endogènes ou exogènes, est bien moins volatil que le tourisme international Enfin, l urgence sociale et économique résultant du printemps arabe et la nécessité de soutenir coûte que coûte la création d emplois risquent de reléguer à l arrière-plan les enjeux environnementaux du développement touristique. La contrainte écologique demeure pourtant impérieuse dans ces pays, où le tourisme de masse a des incidences préoccupantes sur l environnement, en particulier sur le littoral (déchets, bétonnage, surconsommation des ressources en eau, péril des écosystèmes). Par ailleurs, le changement climatique entraînera dans le siècle à venir de graves conséquences dans l espace méditerranéen, avec une hausse importante des températures, une baisse des précipitations et une augmentation du niveau de la mer. Ces évolutions influeront sur la localisation et le volume des flux touristiques, à mesure que s amplifieront les vagues de chaleur et que se raréfieront les ressources en eau, en Égypte et en Libye notamment. Dans ces conditions, la prise en compte des technologies vertes d adaptation au changement climatique peut difficilement être éludée par les PSEM. Mais en pleine crise de l investissement touristique, la priorité des enjeux de courtterme risque de limiter la capacité des décideurs à opter pour ces stratégies d anticipation, souvent coûteuses. Conclusion La situation découlant du printemps arabe exige des pays sud-méditerranéens qu ils développent des stratégies sectorielles innovantes visant à diversifier l investissement, l offre et l emploi touristiques, et à mieux segmenter leur marché du tourisme. À moins que l éclatement et l attentisme l emportent, la chute des régimes autocratiques devrait être l occasion pour les nouveaux gouvernements de mettre à niveau et de démocratiser le secteur touristique de leur pays, en favorisant l instauration de bonnes pratiques institutionnelles et en permettant à tous les acteurs (secteurs privé et public, populations locales, société civile) de faire entendre leurs voix et de défendre leurs intérêts. Compte tenu des revendications formulées par les populations arabes et de la délicatesse des changements structurels à initier, seul ce type d orientation, fondée sur le consensus et l appropriation, semble devoir permettre au développement touristique d accompagner la transition démocratique de ces pays, et réciproquement. 235 Med.2012 Bilan