La variation vocalique dans l arabe parlé formel à Damas, un essai de modélisation



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Transcription:

La variation vocalique dans l arabe parlé formel à Damas, un essai de modélisation Jean-Michel Tarrier * Cette étude poursuit l exploration de la grammaire variationniste du système vocalique de l APF à Damas. L utilisation de représentations non totalement spécifiées s inscrit ici dans le cadre du modèle hiérarchique de l aperture vocalique proposé par Clements (1993 b), de sorte qu il est possible d articuler pleinement les notions de sous-spécification et de flottement afin de modéliser les variations appréhendées. La cooccurrence de contrôles linguistiques identiques permet d expliquer que certaines réalisations susceptibles d être engendrées ne soient pas attestées chez les locuteurs. The present paper is part of an ongoing development of a «variationist» grammar of the vowel system of formal spoken Arabic (APF) in Damascus. The use of underspecified segments within the theoretical framework of the hierarchical representation of vowel height proposed by Clements (1993 b) makes it possible to link the two notions of underspecification and floating segment and, so, to account for the variation in question. The co-occurrence of the same mechanisms of «linguistic control» enables us to explain that certain realisations, which are expected to occur, are not in fact produced by speakers. * ERSS (UMR 5610, CNRS / Université Toulouse II).et Université Toulouse II., «Phonologie : théorie et variation», pp. 221-235

J e a n - M i c h e l Tarrier 0. Introduction Le domaine de la langue arabe se caractérise par une situation «sociolinguistique» particulièrement sensible. Traditionnellement, celle-ci est décrite comme la coexistence de deux niveaux de langue très différenciés (arabe «classique» / arabe «dialectal»). Or, on sait que la réalité de cette situation s avère infiniment plus complexe, et tout particulièrement en ce qui concerne la connaissance de la grammaire intériorisée par le locuteur/auditeur arabophone. Le propos de cet article, la variation vocalique dans l arabe parlé formel à Damas (désormais APF) s inscrit dans la suite de Tarrier (1991, 1993 a et b) dont l objectif était de contribuer précisément à connaître cette grammaire intériorisée. En se fondant sur une enquête sociologiquement et interactionnellement contrôlée, Tarrier (1993 a et b) a procédé à une analyse systématique des productions de professionnels de la parole publique (professeurs et médecins) à Damas. Il a pu être montré que le locuteur arabophone, loin de recourir à plusieurs systèmes cohérents, différenciés et autonomes (comme le laissent entendre les conceptions liées à la notion de diglossie), ne recourt en fait qu à une seule grammaire susceptible d engendrer toutes les variations observables. Un des problèmes majeurs alors rencontrés était de comprendre comment les modèles linguistiques conçus en termes de «principes et paramètres», et qui sont censés répondre au souci de prendre en compte les caractères «variants» et «invariants» des phénomènes linguistiques, pouvaient rendre compte des variations dégagées dans l étude de l APF à Damas. Le présent travail se propose d étudier comment l articulation des notions de «sous-spécification» et de «flottement» permet, dans le cadre d une phonologie autosegmentale, d appréhender et de modéliser les variations vocaliques rencontrées. 222 1. Variabilité vocalique et formalisation linguistique On ne saurait trop rappeler, tout d abord, que la variance et l invariance dont se préoccupent les concepteurs des modèles «principes et paramètres», Chomsky le premier, sont la variance et l invariance d un système linguistique vis-à-vis d un autre système linguistique. À cet égard le locuteur, dans la plupart de ces conceptions, est présumé disposer d une grammaire homogène devant engendrer un discours «invariant», la variance n étant que le résultat de phénomènes extra-linguistiques : erreur, fatigue, facteurs sociologiques, stylistiques, contextuels etc. La variabilité observée dans l APF à Damas n est donc, pour ces modèles, jamais envisagée, en termes linguistiques, au sein de la grammaire du locuteur lui-même mais toujours en dehors de cette dernière. Il est cependant nécessaire de souligner que la démarche de Tarrier (1993 a et b) consiste

L a v a r ia t io n v o ca l i q u e d a n s l a r a b e p a r l é formel à D a m a s précisément à unir la conception chomskienne comprenant la notion de grammaire comme compétence d un locuteur spécifique, à la conception sociolinguistique de langue comme un produit de ces grammaires, grammaires que le sujet rencontre et intègre ne serait-ce qu en tant qu auditeur (en cela, ce travail reprend les positions exprimées par les études variationnistes de Labov et d Encrevé). Ce problème a été posé concrètement à propos de la variation vocalique. Rappelons tout d abord que le «système classique» possède trois voyelles brèves phonétiques : [i, u, a], alors que le «système damascène» en comprend six : [i, u, e, o, a, ]. Trois variables ont pu être dégagées quant à ces voyelles brèves : [i, u] / [ ] ; [i, u] / [e, o] ; [a] / [ ] 1. Il était montré, du reste, que ces variables manifestent peut-être encore plus que les autres une variation de type inhérent, à savoir une variation régulière, interne que l on peut attribuer au système du locuteur. En outre, ces trois variables vocaliques constituent des traits dominants communs damascènes, et, pour deux des variables 2, les deux «classes» de locuteurs présentent des contrôles quasiment identiques. Dans le cadre de cet article, seule sera abordée la discussion des deux variables [i, u] / [ ] et [i, u] / [e, o] ; celles-ci intéressent en effet crucialement l articulation des notions de flottement et de sous-spécification alors que la troisième variable ne fait, a priori, intervenir que celle de flottement 3. La variable [i, u] / [ ] se manifeste essentiellement en début de mot, comme dans les exemples suivants 4 : 223 1 2 3 4 Les formes classiques sont situées à gauche de la barre, les formes damascènes à droite. [i, u] / [ ] et [i, u] / [e, o]. Pour une description et une analyse approfondie de chacune de ces variables, le lecteur se reportera à Tarrier (1993 b) (particulièrement pp. 148 à 174 et 196 à 248). Il ne saurait être trop souligné que les exemples exposés ci-après ne sont donnés qu à simple titre «illustratif» et ne constituent nullement une base d analyse.

J e a n - M i c h e l Tarrier Occurrences [ ] [ nsa n] être humain [s tti n] soixante [m kila] difficulté [m tafa i] répandu [ mma l] travailleurs [ mu r] affaires [n sbe] rapport [m n] de Occurrences [i, u] [nisbe] rapport [ illa] excepté [mumken] possible [ umu r] affaires [ umma l] travailleurs [min] de Elle intéresse également les «épenthèses» vocaliques : Occurrences [ ] [ aq l] esprit ; [mis l] comme ; [naql lqalb] transplantation cardiaque 224 Occurrences [i] [ awilfiransi ya] ou française ; [ttanbi hit a ni] la seconde stimulation ; [ alji lilyo m] la génération aujourd hui Les alternances [i,u] / [e, o] sont essentiellement réalisées «en fin de mot» : [mumken] [na em] [t mol] [t a lib] [mawa lid] [wasa il] possible fin, délicat comprend étudiant naissances moyens De prime abord, il semblerait que les modèles génératifs soient dans l incapacité de prendre en compte les variations observées.

L a v a r ia t io n v o ca l i q u e d a n s l a r a b e p a r l é formel à D a m a s Il faut observer, en premier, qu aucun modèle ne semble autoriser une alternance de type «code-switching» au sein d un même mot, notamment au sein d une même mélodie vocalique. Ce qui, d une certaine manière, va précisément dans le sens de l analyse de Tarrier (1993 a et b). Par exemple, si nous prenons le modèle de Kaye, Lowenstamm et Vergnaud (1985) en termes d «éléments phonologiques», et que nous considérons que la différence entre une grammaire classique et une grammaire damascène concerne la présence dans cette dernière de voyelles caractérisées par le trait [-haut], et l absence de ces voyelles dans la grammaire classique, la différence entre le premier système et le second sera décrite par le passage d une grammaire où les lignes arrière/arrondi/haut seront fusionnées, à une grammaire où la ligne «haut» sera distincte ; il reste que cette alternance n est concevable que pour deux systèmes cohérents et indépendants ; les auteurs excluent toute possibilité d une alternance au sein d un même mot, au sein d une même mélodie vocalique. Maintenant, compte tenu de ce que l analyse de l APF à Damas observe à propos de la plus grande cohésion du système damascène par rapport au système classique chez le locuteur, il serait possible d adopter une hypothèse de type lexicaliste et considérer que le locuteur possède un système vocalique damascène dans lequel les règles et données classiques se seraient intégrées. Ainsi, dans le lexique du locuteur, certains mots pourraient posséder une mélodie vocalique où des voyelles différemment «marquées» seraient «au choix». Afin d appuyer cette hypothèse, il pourrait être remarqué que la présence de voyelles différemment marquées (classiques et damascènes) au sein d une même mélodie vocalique, montre bien que s est produit un processus d intégration de règles et données «classiques» dans le système damascène «initial» de ces locuteurs. La nature et la direction de cette intégration seraient confirmées, pour les variables analysées, par les fréquences élevées des réalisations damascènes. Ce processus d intégration serait d autant facilité que l inventaire des voyelles classiques est plus petit que celui des voyelles damascènes, de même qu il ne contredit pas ce dernier. Cette hypothèse ne s impose pourtant pas aussi facilement. Une hypothèse lexicaliste fait inévitablement intervenir le problème du stockage des données et, d un point de vue cognitif, du problème de la mémoire. La mémoire humaine n étant pas celle d une machine, ont pourrait s attendre à ce que tant dans l «enregistrement» que dans la «restitution» celle-ci puisse parfois donner lieu à certaines «erreurs». Or, s il est une classe de faits où l on peut voir apparaître de tels «troubles» (les réalisations concernant la 225

J e a n - M i c h e l Tarrier 226 variable [i, u] / [ ]) certes de manière exceptionnelle 5, il est une autre qui ne souffre d aucune exception, les réalisations relevant de la variable [i, u] / [e, o], comme si l alternance renvoyait à un mécanisme plus «automatique», comme si le locuteur faisait clairement le lien d équivalence entre les deux voyelles antérieures non basses (l une haute, l autre pas), de même entre les deux voyelles arrondies. Cet «automatisme» pourrait laisser évoquer un phénomène différent et plus général que celui du simple stockage lexical. La problématique ici évoquée pour l APF n est pas sans faire écho, dans certains de ses aspects, à l opposition de deux hypothèses qui ont pu être précisément avancées à propos du système vocalique du parler de Damas. Il a été rappelé que, dans le parler de Damas, six voyelles brèves apparaissent phonétiquement : [i, u, e, o, a, ]. Angoujard (1981) a pu ainsi défendre une position postulant l existence d un système avec cinq voyelles périphériques sous-jacentes. Différemment, Bohas (1978) et Bohas et Kouloughli (1981) ont pu poser un système comprenant trois voyelles périphériques [e, o, a] et un schwa (hypothèse motivée par le fait que dans les formes phonétiques «purement» damascènes, en position non-finales, on ne rencontre que les quatre voyelles brèves [e, o, a, ]). Les arguments présentés par chacune de ces deux positions ne seront pas ici exposés (on se reportera pour cela aux travaux cités). Il est cependant nécessaire de souligner un aspect immédiatement pertinent pour notre propos. Un des points de discussion concernait la prise en compte de formes comme [difa ] ou [su a d] où les i et u brefs sont maintenus parce que ces formes restent senties comme des formes classiques. Or, cette classe de faits concerne précisément une grammaire susceptible de variation. En effet, pourquoi le parler de Damas permet-il la présence de voyelle brèves i et u là où il ne les autorise habituellement pas. La réponse susceptible d être apportée par les deux hypothèses était de faire jouer le stockage lexical, ce qui constituait un net handicap pour la seconde hypothèse puisqu elle conduisait à devoir reconnaître la présence de i et u brefs sous-jacents dans les formes phonologiques, ce, afin de rendre compte des formes empruntées au classique. La réponse afin de remédier à ce handicap (et à d autres objections qui lui étaient adressées) a été de développer un système vocalique sous-spécifié présentant trois unités périphériques non-entièrement spécifiées 5 Ainsi, à l occasion de l étude d un jeu de langage oriental (la langue des oiseaux) nous avons pu constater des alternances révélant de tels «troubles», par exemple, pour le mot [ it r] / [ t r] parfum, la locutrice produit une alternance [u] / [ ], et pour le mot [ unq] / [ nq] cou, une alternance [i] et [u] / [ ], (cf. Tarrier, J.-M., en préparation, La langue des oiseaux, contribution à la description d un «zavanais» oriental).

L a v a r ia t io n v o ca l i q u e d a n s l a r a b e p a r l é formel à D a m a s + syll + antérieur - bas + syll - antérieur ( + rond) - bas + syll + bas plus l unité non-entièrement spécifiée + syll - haut - bas Ce modèle mettait un terme à l ensemble des inconvénients qui avaient pu être observés 6. Bien que conçu dans le cadre de SPE, un des éléments pertinents de ce modèle est de présenter une grammaire capable d assumer la prise en compte de la variation vocalique et de pouvoir engendrer des voyelles appartenant respectivement au classique et au damascène. De plus, ce type de grammaire semble conforme à l idée que l on peut se faire de la grammaire d un locuteur de ce parler : un locuteur qui a d abord assimilé une grammaire damascène, puis appris un ensemble de règles et de données classiques, ces dernières, «greffées» sur la grammaire initiale du locuteur, ayant pu éventuellement amener ce locuteur à «recomposer» sa grammaire. Ainsi, dans les voyelles de certains mots, plutôt que d appliquer la composante interprétative damascène, il appliquera les conventions universelles d interprétation des segments vocaliques. Une des caractéristiques majeures de ce modèle est donc, pour la variation vocalique classique / damascène, non pas de se préoccuper comment et sous quelle forme les voyelles peuvent être stockées (et varier) lexicalement (contrairement à l hypothèse lexicaliste proposée), mais d expliquer cette variation selon l application variable de la composante interprétative vocalique. Toutefois, les développements théoriques ayant rendu obsolète le cadre général de SPE, ce modèle n a été ni repris ni développé ultérieurement. 227 2. La sous-spécification vocalique Tarrier (1993 b) montrait qu une piste de réflexion est offerte par l hypothèse de la sous-spécification vocalique présentée par Bohas et Kouloughli (1981). Ce travail a mis en évidence les avantages ainsi que les difficultés de cette 6 Pour une présentation et une discussion plus étendue de ce modèle, on se reportera à Bohas et Kouloughli (1981).

J e a n - M i c h e l Tarrier 228 approche, aussi le lecteur est invité à s y reporter pour une discussion détaillée. Nous rappellerons simplement ici que le problème majeur de ce modèle de sous-spécification était lié à son ancrage dans le cadre général de SPE. Au delà des critiques que l on connaît de ce cadre, il était regrettable de ne pas pouvoir articuler les deux notions de flottement et de sous-spécification qui, bien que relevant de modèles théoriques différents, semblaient pouvoir former un couple aussi utile que pertinent dans l approche de la variation vocalique. Certes, on sait que la notion de sous-spécification a pu être également développée dans des analyses s inscrivant dans une perspective autosegmentale, ainsi Archangeli (1984) et Pulleyblank (1988). Mais il reste que la conception qui y est proposée pour la sous-spécification se distingue assez sensiblement de celle exposée, notamment, dans Bohas et Kouloughli (1981). En effet, elle y répond à des motivations d une toute autre nature, particulièrement celle d exprimer la «transparence» de segments à l égard d un certain nombre de processus phonologiques. Nous pensons, cependant, qu il est possible d exprimer dans une perspective autosegmentale une approche spécifique de la variation en termes de sous-spécification. L analyse qui sera exposée adoptera le formalisme proposé dans les travaux de G. N. Clements 7. Les segments vocaliques y sont définis, entre autres, par un «nœud» vocalique dominant deux types de nœuds (cf. 1 a). L un concerne le lieu d articulation, celui-ci peut lui-même dominer les traits [labial], [coronal] et [dorsal] ; l autre intéresse l importance plus ou moins grande de l ouverture de la bouche et domine le trait [ouvert] ; ce dernier peut recevoir plusieurs spécifications sur différentes lignes autosegmentales susceptibles de lui être attribuées en fonction du degré de complexité du système, ainsi que le montre (1 b). Précisons enfin que les traits du premier type sont privatifs (i.e. les traits relatifs au lieu ne peuvent être spécifiés que de manière alternative : positivement afin de spécifier le caractère effectif de l articulation qui y est opérée ; sans «marque» pour exprimer qu il n est pas «concerné» par l articulation considérée). (1) G. N. Clements (1993 a et b), (1995) (a) Voyelles [ouvert] aperture vocalique [labial] V-place [coronal] [dorsal] 7 Plus particulièrement, ici, Clements (1993 a et b) et Clements et Hume (1995).

L a v a r ia t io n v o ca l i q u e d a n s l a r a b e p a r l é formel à D a m a s (b) i, u e, o a aperture aperture aperture ouvert : tire1: tire 2 : - - - + + + Il est possible de décrire contrastivement l ensemble des six voyelles [i, u, e, o, a, ] par le tableau suivant : (2) i u e o a coronal + + dorsal + + labial + + ouvert 1 - - - - + - ouvert 2 - - + + + + Si l on examine les termes de (2), on remarque aisément que c est le deuxième degré du trait [ouvert] qui distingue [i, u] de [e, o], de sorte que l on peut considérer que c est à ce niveau que doit être établie la sous-spécification. Par conséquent, on peut poser (3) qui représentera les quatre unités phonologiques vocaliques dont «disposeraient» les locuteurs étudiés dans Tarrier (1993 a et b) (les symboles conventionnels I et U serviront à désigner les unités «non basses» sous-spécifiées). (3) I U a coronal + dorsal + labial + ouvert 1 - - + - ouvert 2 229 L application des conventions universelles relatives à l économie des systèmes vocaliques permettra d obtenir respectivement pour /I/ et /U/ les

J e a n - M i c h e l Tarrier réalisations [i] et [u] caractérisées toutes deux par le trait [-ouvert 2]. Schématiquement, nous poserons la règle de défaut suivante : (4) Règle universelle de défaut [-ouvert 1] [-ouvert 2] En revanche, les réalisations damascènes [e] et [o] seront comprises comme l intervention d une convention spécifique à ce parler, celle-ci pouvant être glosée de la façon suivante : les unités /I, U/ sous-spécifiées pour le deuxième degré du trait [ouvert] seront «remplies» à ce niveau par une valeur positive. Plus schématiquement, nous poserons la règle de défaut (5) : (5) Règle de défaut particulière au parler de Damas [-ouvert 1] [+ouvert 2] 230 Dès lors, les alternances [i, u] / [e, o] seront décrites comme le «remplissage» par une valeur négative ou positive du trait [ouvert 2] pour les unités concernées, le «choix» de la valeur répondant à des différences de conventions. Maintenant, pour ce qui concerne le segment /a/, rappelons, d une manière générale, que les valeurs redondantes de son trait d aperture sont systématiquement sous-spécifiées. Reste enfin le segment / / qui s avère interprétable, formellement, tant par (4) que par (5), ce qui n est pas sans poser certaines difficultés puisque l on se trouve, de fait, en présence d une grammaire vocalique capable d engendrer un nombre de formes supérieur à celui des formes effectivement produites par les locuteurs. Une première réponse serait de formuler que ce segment est pleinement spécifié au niveau 2 du trait d aperture ; toutefois, nous verrons à l issue de la section suivante qu une autre réponse peut être avancée. 3. Flottement vocalique et sous-spécification, l articulation des deux hypothèses Il reste qu il est intenable de pouvoir expliquer toute la variation vocalique par la seule variation de l application de la composante interprétative. Si un choix entre deux conventions interprétatives permet de décrire les alternances [i, u] / [e, o], cette différence dans l application des conventions telle qu elle est décrite ci-dessus n est évidemment pas en mesure de rendre compte de la variation [i, u] / [ ]. En fait, comme le suggérait Tarrier (1993 b), ces alternances (à l instar de la variable [a] / [ ]) pourraient être décrites comme la conséquence de l ancrage, ou du non-ancrage, des segments

L a v a r ia t io n v o ca l i q u e d a n s l a r a b e p a r l é formel à D a m a s concernés et de l épenthèse [ ] susceptible d en résulter 8. Ainsi, dans un mot comme /mumkin/, le /U/ serait un segment flottant lexicalisé par le locuteur, alors que /I/ serait un segment fixe, soit la représentation (très simplifiée) (6) suivante : (6) /mumkin/ C V C C V C m Um k I n En (6), l éventuel non-ancrage de /U/ engendrera l insertion d un segment épenthétique (on notera donc ici l alternative VIRTUELLEMENT possible entre une épenthèse /I/ ou / /, cf. infra pour la discussion de cette question). Cependant, l articulation de la notion de flottement segmental (cf. Encrevé 1988) à celle de sous-spécification n est pas sans soulever certaines interrogations. On ne peut en effet manquer de s interroger sur la nature et l éventuelle interprétation du segment flottant. Si, par exemple, l on examine le mot /min/ où le segment /I/ sous-spécifié serait considéré comme un segment flottant, deux possibilités d interprétation devraient être envisagées dans l éventualité où ce segment s ancrerait dans le «squelette» : - être interprété comme [i] conformément aux conventions universelles, soit ici la règle de défaut (4) ; - être interprété comme [e] conformément aux conventions spécifiques au parler de Damas, soit la règle de défaut (5). Or, si les occurrences [min] sont bien attestées, les occurrences de type * [men] ne le sont pas, du moins chez les locuteurs étudiés dans Tarrier (1993 a et b). De même pour le mot /mumkin/ (où le /U/ est, rappelons-le, un segment flottant) si l on observe bien, par exemple, les réalisations [mumkin], [mumken] ou [m mken], une réalisation comme * [momken] semble exclue. De manière générale, l absence d alternance [i, u] / [e, o] en dehors des situations de fin de mots plurisyllabiques pourrait être de nature à suggérer que ces segments flottants soient systématiquement interprétés selon (4) et jamais selon (5). Il serait possible d expliquer cette hypothèse en précisant que le caractère invariant de l interprétation de ces voyelles flottantes résulterait de ce que le locuteur/auditeur enregistre et intègre, en tant qu auditeur, un phénomène de variation entre une réalisation «classique» ([i] ou [u]) et une réalisation «damascène» ([ ]) et reproduit ce phénomène en tant que locuteur. 231 8 C est précisément à ce niveau, où est introduite une hypothèse lexicale, qu il est possible de rencontrer des «erreurs» de performances.

J e a n - M i c h e l Tarrier De sorte que, pour le mot considéré, la voyelle flottante serait interprétée de manière univoque. Mais cette «explication» reste cependant peu convaincante dans la mesure où elle demeure prisonnière de sa circularité. En fait, la question pourrait s éclairer de façon plus explicite si l on tenait compte du contrôle linguistique exercé par le locuteur/auditeur puisque l ancrage et l interprétation de la voyelle flottante sont nécessairement associés à l exercice de ce contrôle 9. Rappelons tout d abord que, selon les termes de notre analyse, les deux variables vocaliques évoquées impliquent formellement des dimensions structurelles distinctes : 232 - la variable [i, u] / [e, o] met en jeu la sous-spécification de la composante vocalique et son interprétation ; - la variable [i, u] / [ ] concernerait la variation d ancrage d un segment flottant. Rappelons également que l enquête menée pour l APF à Damas a précisément montré que les deux variables [i, u] / [e, o] et [i, u] / [ ] sont sujettes à des contrôles identiques de la part des locuteurs (ces deux variables sont caractérisées par des contrôles très faibles). Ces précisions étant préalablement posées, il serait alors possible d envisager l hypothèse d un phénomène de cooccurrence entre l ancrage de la voyelle et l interprétation de celle-ci. En effet, si l ancrage de la voyelle flottante correspond à une «stratégie» de classicisation de la part du locuteur, il serait étonnant que cette stratégie n intervienne pas dans la réalisation intégrale de ce segment, surtout si l on considère que l ancrage et l interprétation sont simultanés. Aussi, on peut comprendre que des réalisations comme * [men] ou * [momken] puissent apparaître agrammaticales puisqu elles supposeraient l application conjointe de contrôles linguistiques opposés. L hypothèse, ici, d une cooccurrence des réalisations «classiques» pour les deux variables considérées (cooccurrence liée à celle de contrôles linguistiques semblables) n est nullement spécifique au cas étudié mais est, au contraire, susceptible de s appliquer à d autres situations similaires et possède, par conséquent, une portée de nature très générale. Toujours dans l alternance [i, u] / [ ] et dans l éventualité où la voyelle flottante ne s ancrerait pas, si l on envisage le processus de remplissage 9 On retrouve ici un type de question et d explication déjà rencontré dans Tarrier (1993 b), et l on remarquera que l argumentation développée n est pas sans rappeler celle proposée afin d écarter l interprétation de certaines réalisations [ ] comme résultant d hypothétiques centralisations de la désinence /i/ du cas indirect.

L a v a r ia t io n v o ca l i q u e d a n s l a r a b e p a r l é formel à D a m a s segmental de la position vide («fausse épenthèse»), les données de Tarrier (1993 b) montrent clairement que l on ne rencontre jamais de réalisation [i] que l on pourrait attribuer à ce processus. Si des occurrences comme [mumken] ou [m mken] sont parfaitement attestées, une occurrence comme * [mimken] ne l est jamais 10. Nous ne pensons pas que cette absence invalide l hypothèse de «fausse épenthèse» et de flottement vocalique, mais qu elle souligne au contraire celle d une cooccurrence des contrôles linguistiques : le non-ancrage de la voyelle flottante et la réalisation [i] de l épenthèse supposeraient, là encore, l application conjointe de contrôles linguistiques opposés. Pareillement, sur l ensemble des phénomènes d épenthèse, seules n ont été relevées que des occurrences [ ] ou [i] mais jamais * [e]. Il est possible, ici aussi, d estimer que l interprétation de /I/ comme un segment [+ouvert 2] supposerait un contrôle linguistique contradictoire en regard de celui privilégiant l insertion de ce segment épenthétique au détriment de / /. Enfin, pour revenir à la question de la double possibilité d interprétation segmentale de / / (selon (4) ou (5)) évoquée dans la section précédente, on remarquera, là encore, la possible «nécessité» de la cooccurrence des réalisations damascènes si l on tient compte de ce que le segment / / est «intégré» et «lexicalisé» par le locuteur comme un segment proprement «damascène». Là encore, l application de (3) dans l interprétation de / / supposerait l application inattendue de contrôles opposés. 4. Conclusion Au terme, provisoire, de cette étude de la variation vocalique dans l APF à Damas, on aura remarqué que, contrairement aux théories analysant la composition segmentale en termes d éléments, il semble que l utilisation de la notion de sous-spécification et le recours à une «composante interprétative vocalique» permettent de proposer concrètement une modélisation de la variation vocalique étudiée dans Tarrier (1993 b). Cependant, à notre niveau d analyse, nous ne pensons nullement avoir apporté une argumentation décisive qui permette de dégager la supériorité d un 233 10 Sauf, en de rares occasions, pour des mots susceptibles de poser des «difficultés» de lexicalisation, de sorte que les occurrences alors constatées ne sembleraient pas concerner l épenthèse mais seraient plutôt attribuables à une question de lexicalisation ; cette question ne concernerait pas, de fait, des mots qui comme [mumken] sont on ne peut plus courants et ne posent donc pas de tels problèmes. À cet égard, il n est pas inintéressant de constater que, selon les statistiques relatives au Lexique fondamental de l arabe standard moderne (Kouloughli 1991) des mots comme [mu kila] problème ou [mumkin] possible appartiennent effectivement aux mots les plus courants et que des mots comme [ it r] parfum ou [ unq] cou (voir note 5) en soient absents.

J e a n - M i c h e l Tarrier modèle théorique sur un autre, cette question dépassant de beaucoup le champ de notre étude. Parallèlement, sans oublier le débat critique portant sur la notion même de sous-spécification ainsi que son utilisation, notre hypothèse nécessite d être évaluée, non-seulement en fonction de l adéquation de son intégration dans l ensemble de la grammaire du locuteur/auditeur, mais également selon sa pertinence et son éventuelle supériorité en regard d une hypothèse purement «lexicale». En ce qui concerne cette partition entre une position attachée à une conception en termes de sous-spécification et une autre qui adopterait une hypothèse simplement lexicale, le débat doit répondre à (au minimum!) deux remarques. L une, adressée à la première position, doit retenir l attention sur le fait que des réalisations manifestées par les variables vocaliques sont souvent (mais pas exclusivement) attachées à certains sites lexicalement spécifiques (ce que montre à plusieurs reprises Tarrier (1993 b)). La seconde, adressée à l autre position, fera observer que les alternances relevées sont en relation avec des principes assez généraux de l économie des systèmes vocaliques, et que les réalisations produites ne sont nullement aléatoires, de sorte que l hypothèse de la lexicalisation ne peut se suffire à elle-même mais renvoie à des principes qui la dépassent. Références bibliographiques 234 Angoujard, J.-P. (1981), «Marqueur du féminin et système vocalique dans l arabe de Damas», in Arabica 3, pp. 345-357. Archangeli, D. (1984), Underspecification in Yawelmani phonology and morphology, Doctoral dissertation, MIT, New York, Garland Press, 1988. Bohas, G. & Kouloughli, D. E (1981), «Sur le système vocalique du damascène», in Analyse Théorie 3, pp. 36-46. Clements, G. N. (1993a), «Lieu d articulation des consonnes et des voyelles : une théorie unifiée», in B. Laks et A. Rialland (éds), L Architecture et la géométrie des représentations phonologiques, Paris, Éditions du CNRS, pp. 101-146. Clements, G. N. (1993b), «Un modèle hiérarchique de l aperture vocalique : le cas bantou», in B. Laks et M. Plénat (éds), De natura sonorum, Paris, Presses Universitaires de Vincennes, pp. 23-64. Clements, G. N. & Hume, E. V. (1995), «The Internal Organization of Speech Sounds», in J. Goldstmith (éd), A Handbook of Phonological Theory, Oxford, Basil Blackwell, pp. 245-306.

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